La voie romaine de la Matheysine
Moins connue que la voie de l’Oisans, cette
voie romaine a, selon toutes probabilités, succédé à une voie protohistorique
avant de devenir, à l’époque romaine et jusqu’au moyen-âge, la
« Grande Route », par opposition à la « Petite Route de
l’Oisans ».
En effet, dans la majorité des cas, les
chaussées romaines se sont superposées à des tracés beaucoup plus anciens
qu’elles ont aménagés et rectifiés afin de les rendre plus rationnels et plus
efficaces. Rectilignes chaque fois que cela était possible, comme ici sur le
long plateau matheysin, les voies étaient aménagées et pavées dans les sections
les plus délicates et pour le franchissement à gué dès que la faible profondeur
de l’eau le permettait. Lorsque cela s’avérait impossible, comme pour le
franchissement de la Bonne à Souville ou du Drac à Cognet, des ponts
solides en pierre, faits pour défier le temps étaient construits. Les voies ont
généralement été dotées de milliaires, ces ancêtres des bornes kilométriques,
placés tous les miles romains, c’est-à-dire tous les double pas soit 1478,50
mètres.
Facilement repérables dans le paysage, les
milliaires ont de tout temps suscité la convoitise des récupérateurs de
matériaux et cela, dès l’époque antique. Certains ont été surmontés d’une croix
ou remplacés par elle, d’autres ont été réutilisés comme colonnes dans des
édifices religieux, retaillés en oratoires et parfois encore comme rouleau
agricole.
On connait aujourd’hui plus de 4000 milliaires
dont 676 pour les Gaules.
Elément structurant du paysage, les voies
romaines servent encore en maints endroits de limites communales comme c’est le
cas ici sur le plateau Matheysin.Elles tissaient une toile, joignant
principalement tous les chefs-lieux de civitas
ou vici entre eux. Ainsi, pour notre
région, Grenoble était relié à Gap, à Briançon, à Sisteron, à Die, à Vienne et
Lyon ou encore à Annecy et à Genève.
Bien carrossées car soigneusement édifiées
etintelligemment drainées, les voies romaines permettaient aux courriers
postaux de l’administration impériale de parcourir environ 75 km par jour. 14
siècles plus tard, sous la Renaissance, les courriers du roi n’en effectuaient
que 40 à 50 dans le même temps.
Tous les 10 ou 20 km, selon la topographie, on
pouvait se rafraichir, se reposer et changer de monture dans une mutatio. A intervalles plus grands, de
30 à 50 km selon les difficultés, on rencontrait une mansio, gîte d’étape de nuit avec possibilité de se restaurer, de
nourrir les chevaux, de faire procéder à des réparations à la forge ou encore
de se laver.
La voie de la Matheysine est aujourd’hui aisée
à reconnaitre dans certaines parties mais devient aléatoire une fois passée la
Mure. Mais c’est assurément l’une de ces nombreuses voies romaines localisées
en Gaule et qui totalisent près de de 34 000 km de longueur cumulée,
c’est-à-dire, à peu de choses près, le réseau actuel de voies nationales et
départementales.
De
Grenoble à Laffrey :
La voie prenait son origine à Grenoble d’où
elle sortait par la Porte Jovia, située à peu près à l’emplacement de l’actuelle
fontaine de la place Grenette, au bout de la Grande Rue et se dirigeait par la
rue Saint Jacques et par le chemin du même nom vers Saint Jacques d’Echirolles,
siège d’une importante commanderie de templiers au moyen âge et qui possède de
l’époque antique un autel à Mercure qui, selon toutes probabilités était
surmonté d’une statue ou statuette du dieu et était situé au bord de la voie
romaine avant d’être déplacé à une époque récente sur la terrasse du château de
Saint Jacques. Cet autel, voué au dieu des voyageurs par Lucius Manlius
Silanus, pouvait remonter à l’époque augustéenne.
D’Echirolles, la voie gagnait par un tracé
rectiligne l’oratoire de Bresson, situé exactement à la limite de trois
communes (Echirolles, Bresson et Jarrie). Il aurait pu succéder à un milliaire
en cet endroit où la vue est remarquable sur le bassin grenoblois et la
Bastille. De ce site, la voie rejoint rapidement par le chemin ferré, c’est-à-dire pavé à l’origine, le plateau de Haute
Jarrie, gagnant environ en quelques courbes 100 mètres de hauteur. La voie est
encore bien marquée jusqu’au Plâtre.
Sur ce segment, Ferrand dit avoir vu « des dalles avec des rainures »
et, selon Pilot de Thorey le dédoublement de la voie se faisait en cet endroit.
Un embranchement se dirigeait sur la Croix de la Vue, amorce de la voie de
l’Italie par l’Oisans. La voie de la Matheysinepassait, quant à elle, par les
Charbonnaux où a été trouvé il y a quelques années un as d’Auguste frappé à
Lyon entre 10 et 7 avant notre ère. Des Charbonnaux, elle est localisable vers
l’actuel château Jouvin d’où elle gagne la Romanche.
L’ancien pont de Champ, maintenant disparu,
était d’origine très ancienne, probablement antique car la Romanche ne pouvait
être traversée à gué. C’est ce pont qui fut emporté par la débâcle du lac Saint
Laurent en 1219. Il était vraisemblablement situé à l’emplacement de l’actuel
pont du chemin de fer. Au bord de la voie, là où s’appuyait le pont primitif,
fut édifiée une maladrerie citée dès le 12ème siècle. L’abside de
cette construction, dédiée selon l’usage à Sainte Madeleine, est encore bien
visible de la route actuelle, aujourd’hui accolée à une villa moderne. Le site
était jadis « un lieu d’asile et de sauvegarde pour les voyageurs et les
pèlerins », ce qui démontre qu’il y avait alors une intense circulation.
Du Pont de Champ, la voie montait au Touvier et, de là, gagnait Saint
Sauveur de Mésage, terre de haute origine : sous le nom de Mesatico elle appartenait en 739, au
patrice d’Abbon. Un habitat gallo-romain a en outre été découvert au lieudit Chambord en 2001-2002, assorti d’un
petit atelier de ferronnerie (scories, déchets de foyers). De plus, la
proximité de l’importante commanderie de templiers de Saint Firmin est un
élément notable supplémentaire, bien que dans ce secteur la voie médiévale ait
pu légèrement diverger par rapport à la voie antique.
De Saint Sauveur, la voie est bien matérialisée
jusqu’à la nationale actuelle et, sur près de 500 mètres, celle-ci semble
recouvrir la voie primitive jusqu’à une stèle à l’altitude de 498 mètres.
A partir des Ecouts, la voie est de nouveau matérialisée jusqu’aux environs de
l’ancien hameau des Traverses, détruit par un incendie en 1928. Vers ce hameau
existe un carrefour de voies et il semble qu’il y ait eu jadis une voie
directe venant du Pont de Champ : en effet, il n’est pas impossible que du
Péage de Vizille une branche de la voie de l’Oisans ait pu rejoindre celle de
la Matheysine. Ce compendium pouvait
prendre naissance vers les sources de la Dhuy à Vizille pour traverser la
Romanche, peut-être à gué, et, de là, par la Croix et les Pérauds, rejoindre le hameau des Traverses.
Nous touchons là un point sensible et, sans
doute, n’est-il pas inutile de rappeler que la domination romaine dans nos
contrées a duré près de sept siècles (très précisément de – 121 avant notre
ère, défaite des Allobroges, jusqu’à la chute de l’empire en 476), c’est-à-dire
un gros tiers de notre histoire, ce qui est considérable et qui explique
aisément que sur une aussi longue période les tracés aient pu fluctuer.
Des Traverses, la voie la plus probable gagnait
Saint Pierre de Mésage. Du reste, dans ce secteur l’appellation voie romaine a été conservée. Elle
gagnait ensuite, par un tracé utilisé jusqu’à une époque récente les environs
de l’Oula, le passage utilisé par le
verrou rocheux qui suit la nationale n’ayant été forcé qu’à l’occasion de la
création de celle-ci. Le pont de l’Oulla, sur le ruisseau du même nom, et la
belle voie dallée qui y conduit peuvent sembler antiques mais ils ne datent que
du 19ème siècle mais celle-ci aurait pu succéder à une voie plus
ancienne.
Comme j’ai souvent eu l’occasion de la
souligner toutes les voies romaines ne sont pas pavées et toutes les voies
pavées ne sont pas antiques, loin de là. Ce qui en fait souvent la différence
est la stratigraphie de la voie, les voies romaines étant généralement créées
pour durer un siècle sans réparations notables ce qui ne fut guère le cas
ensuite. En l’occurrence, De l’Oulla, ou de ses environs, la voie est encore
bien discernable, montant aux Buissoniers,
à l’altitude de 690 mètres, coupant à peu près l’actuelle D 113 puis gagnait le
hameau du Pey situé un peu en dessous
de Laffrey, qui était vraisemblablement un lieu d’étape, nécessaire après la
montée effectuée. Peu avant le Pey, la
voie antique, remarquablement tracée à flanc de coteau, est encore très
apparente. De cet endroit, on se rend parfaitement compte que la voie moderne
n’a pas su tenir compte de la géologie locale cependant que la voie antique
avait su trouver le bon tracé et il faut avoir vu cette voie au printemps,
alors même que la neige n’a pas totalement disparu pour comprendre toute
l’évidence du tracé.
Laffrey a livré une monnaie en or d’Honorius et
possède des carrières de calcaire rose, improprement dites romaines mais dont l’exploitation ne date que du 19ème
siècle.
De
Laffrey à la Mure :
Longeant au levant le grand lac de Laffrey, la
voie traversait les hameaux des Josserands
et de la Bergogne sur Cholonge puis
de la Fayolle sur Saint Théoffrey. Dans cette partie, elle est aujourd’hui
recouverte par une voie carrossable. Après avoir traversé un ruisseau à gué, sa
trace se retrouve longeant le lac de Petichet jusqu’aux Théneaux.
Par les Grandes
Sagnes, elle se poursuit sur l’actuel territoire de Pierre Chatel, à l’est
du lac du même nom et passe notamment aux Bruneaux,
à Pérouzat et à Sersigaud où un très important trésor de monnaies romaines,
malheureusement conservé très partiellement a été découvert en 1813. Ce trésor,
contenu dans quatre vases d’argile, d’un poids total de 37,5 kg comprenait
entre 25 000 et 30 000 antoninanii
(Macrin, Elagabal, Gordien III, Trajan Dèce, Claude II). On pense aujourd’hui
qu’il s’agissait sans doute de la solde des armées de Iulius Placidianus
cantonnées à Grenoble en 269-270, enfouie peut-être par suite d’une insécurité
locale importante.
Par ailleurs, en 2000 à l’occasion des travaux
préalables à la déviation routière on a découvert plusieurs sites gallo-romains
et en 2003, au lieudit la Thibanne on
a découvert une grande fosse de 3 mètres sur 2 mètres du 2ème siècle
avec de nombreux fragments de céramique sigillée et des clous. Il s’agit
vraisemblablement d’un bûcher funéraire qui pouvait faire partie d’un petit
ensemble sépulcral le long de la voie romaine, en relation avec un
établissement rural.
De Sersigaud, la voie se continuait sur Saint
Honoré par le hameau de Tord où elle
marquait un angle droit et Pontcharra où une aumônerie avec sa chapelle vouée à
Sainte Catherine fut fondée au début du 12ème siècle au bord de la
voie romaine. Sans doute fondée par les Guigues, elle est citée en 1228 dans le
testament de la Dauphine Béatrix. Vers la fin du 13ème siècle
l’établissement perdit de son importance. Vers 1425 elle tombait déjà en
ruines. Il n’en subsiste que les lieudits Pré
de l’Aumône et Pré de l’Hôpital.
A proximité on voit encore l’ancienne chapelle médiévale Sainte Madeleine de
Tord. Un revenu fort important lui était affecté (100 livres en 1655). Elle fut
utilisée comme dépendance rurale jusqu’au 17ème siècle. C’est
aujourd’hui une propriété privée.
Puis, après avoir parcouru dans toute sa
longueur le plateau du Païon la voie,
encore très discernable, parvenait à la Mure. Près de la croix de Fayollat, on
a exhumé un coffret de petits bronzes du bas Empire dont un antoninianus inédit de Claude II.
Un diagnostic archéologique a amené des
fouilles fin 2014 sur le tracé du dernier tronçon de contournement de la
ville ; celles-ci ont livré les restes d’une fréquentation mésolithique
(8800 avant J. C.) puis au néolithique et, enfin, un petit bâtiment de 10
mètres sur 3,50 mètres du bronze ancien (- 2000 avant J. C.) et huit structures
fossoyées ayant livré 483 tessons céramiques, périodes jusqu’alors inconnues en
Matheysine.
La voie qui nous intéresse ici devait être
fréquentée dès la fin de la protohistoire car on y a découvert des pendeloques
italiques du Piscenum des 7ème ou 6ème siècle avant notre
ère ainsi qu’un tumulus renfermant des bracelets en bronze du Hallstatt final
mais on ignore tout de ce matériel et des conditions de découverte du gisement.
Mais la Mure a surtout livré en 1985 au Clos Chalon, en contrebas de la colline
du Calvaire, les restes d’une petite agglomération gallo-romaine occupée de la
seconde moitié du 1er siècle avant notre ère jusqu’à la fin du 3ème
siècle, comprenant plusieurs bâtiments étagés dont un avec une vocation
publique du 2ème siècle possédant des enduits peints
(auberge ?). L’habitat s’étendait en terrasses et une rue, orientée
est-ouest, séparait la zone basse des terrasses. Trois ensembles ont été
repérés ou fouillés dont un possible horreum.
Les fouilles, conduites par Michèle Giffault, ont livré un important mobilier,
versé au Musée Dauphinois et aujourd’hui en partie au musée de la Matheysine
dans la salle archéologique. Parmi les pièces découvertes, on peut citer :
des fragments d’amphores, des céramiques communes et sigillées de Lezoux, une
lampe à huile estampillée, des pierres ollaires, du verre, une intaille de Mars
Ultor, des fibules, une belle bague en argent ornée d’une intaille en cornaline
ovale représentant un gladiateur Thrace, des plaques de plomb et de bronze et
des monnaies du 1er siècle avant notre ère (denier de Titus
Carisius, demi as de Nîmes) au 2ème siècle (Trajan, Faustine II,
Commode) et au 3ème siècle, dernière période d’occupation de la
bourgade (Maximin, Gordien III, Philippe l’Arabe, Claude II, Tetricus II).
Le site a également livré des objets en os
(étui en bois de cerf, épingles en os) provenantd’un atelier de tabletterie.
Abandonnée pour des raisons qu’on ignore
(absence de traces d’incendie), la petite agglomération semble avoir été
reconstruite partiellement aux 5ème et 6ème siècles mais
il faut attendre le début du 11ème siècle pour que celle-ci entre de
nouveau dans l’histoire avec ses trois églises, Notre Dame, Saint Maurice et
Saint Jean dont seule la première subsiste aujourd’hui.
S’agissait-il de la capitale des Tricorii dont le nom aurait pu être Mura ? On le pense de plus en plus.
Strabon nomme par deux fois les Tricorii
parmi les populations montagnardes établies entre les Vocontii et les Ucennii.
Selon Barruol, ils devaient peupler l’immense région que constitue le bassin du
Drac, Champsaur, Valgaudemar, Valjouffrey, Beaumont, Valbonnais, Devoluy,
Matheysine et peut être Trièves en partie. Les Tricorii durent être soumis selon toute vraisemblance par Rome en
même temps que les Allobroges et les Voconces en 121 avant J. C. ou peu après
car, contrairement aux Ucennii, ils
ne figurent pas sur le trophée de la Turbie. Leur territoire fut rattaché selon
toute vraisemblance à la province Narbonnaise sans qu’aucune de leur ville ne
soit élevée au rang de civitas.
Quatre voies antiques semblent s’être rejointes
à la Mure :
-
La
voie principale dont nous parlons,
-
Une
voie qui, par le pont de Cognet rejoignait le Trièves et le col de la Croix
Haute,
-
Celle
qui par Siévoz, Valbonnais et le col d’Ornon rejoignait l’Oisans,
-
Celle
qui, venant du Trièves par le pont de Savel, rejoignait Grenoble par les
thermes de la Motte et la rive gauche du Drac.
De la
Mure à Corps :
La voie quittait la Mure par le Pré Sabot et Champagne et tirait droit ainsi que l’on peut en juger sur Susville
où des vestiges romains auraient été découverts, peut-être un atelier de
tuilier ; de la Tuilerie, la
voie se poursuivait par les Rampes où
subsiste un bon tronçon pavé. Elle rejoignait ensuite l’actuelle N 85 et
plongeait ensuite vers le Pont Haut où la rivière de la Bonne était franchie
par un pont romain, sans doute à deux niveaux, qui était intégralement conservé
jusqu’à son dynamitage en 1957. Toutefois, une partie de la culée nord est
encore discernable.
La voie remontait ensuite sur la rive opposée
sur la commune de Saint Laurent en Beaumont où elle a été localisée au lieudit les terrasses.
De là, son tracé est malheureusement incertain,
faute de découvertes archéologiques. Deux hypothèses peuvent être
avancées :
-
l’une
par les communes de la Salle en Beaumont, peut-être le Salliaris Curtis du testament d’Abbon de 739, Quet en Beaumont,
peut-être le Laquaticum du même
testament, où l’on a découvert un oppidum du Bronze final et des Cotes de
Corps,
-
l’autre,
plus au sud, par les Meartotz, Quet et les Cotes de Corps.
Sur ce segment, les indices sont ténus :
outre l’oppidum de Quet en Beaumont, des traces supposées de voie sur Saint
Pierre de Méarotz, une tradition de voie romaine aux Cotes de Corps.
Corps, dont on pensait que le nom était issu de
campus corvus, le camp du Corbeau,
avait livré peu de vestiges antiques (des tombeaux au Clos et un vase contenant des petits bronzes du 3ème
siècle) avant 2003 où, près du centre nautique du Sautet, on a découvert un
habitat du 1er au 3ème siècle, peut-être une mansio au bord de la voie, avec de la céramique sigillée de la
Graufesenque identiques à ceux du Clos
Chalon de la Mure.
La voie, au sortir de Corps, devait emprunter
un tracé voisin de l’actuelle nationale 85. Sur Aspres les Corps, des
sépultures gallo-romaines sont connues, notamment au chef-lieu et au lieudit Champ la Place.
La plaine de Bannes sur Chauffayer recèle des
sites d’habitats antiques. On notera également au lieudit l’Hôpital l’importante commanderie de Bannes. Or, l’on sait que
dans la plupart des cas, les commanderies templières étaient situées au
voisinage d’une voie romaine.
J. Roman fait ensuite passer cette voie à Aubassagne, les Cotes, Saint Eusèbe
enChampsaur où existait encore il y a peu, sur la Sévereissette, le pont romieu, d’origine antique,
Bénévent, Saint Bonnet puis au Forest Saint Julien, site probable d’une mansio, peut-être de l’une des deux
énigmatiques stations Geminae de la
Table de Peutinger, qui a notamment livré une inscription à Mars.
Entre Saint Bonnet et Saint Julien, la voie
longeait le Drac et traversait le torrent puis se dirigeait vers le col de
Manse, dont le nom dérive évidemment du mot mansio.
La voie pouvait également passer à Saint
Laurent du Cros, site de sanctuaire et de mansio,
et lieu de cantonnement d’une unité de cavalerie recrutée en Egypte ou en
Cyrénaïque (buste de Jupiter Ammon).
Gap :
Le Vappincum
des Gobelets de Vicarello (vérifier), capitale des Avancii, ne devait être au 1er siècle de notre ère
qu’une station routière du pays des Voconces avant de devenir chef-lieu de
cité, la civitas Vappincensium citée
par les itinéraires antiques, Table de Peutinger, Itinéraire d’Antonin puis par
l’itinéraire de Bordeaux à Jérusalem de 333-334sous la forme Vappinco.
L’agglomération semble née lors de la création
de la Via Domitia dont le tracé est
bien reconnu dans la partie orientale de la commune aux quartiers de la Justice
et des Fauvins mais le site de
carrefour entre la Via Domitia et la Voie de la Matheysine n’est pas connu avec
certitude. Au demeurant, la connaissance du Gap gallo-romain est assez
limitée :
-
une
petite enceinte de deux hectares seulement au bas Empire,
-
quelques
structures d’habitat, notamment place Saint Arnoux,
-
un
fanum d’époque augustéenne,
-
une
nécropole, des monnaies et quelques inscriptions.
Si la voie romaine de la Matheysine n’est pas
une voie majeure, elle fait néanmoins partie de ces chaussées romaines de
grande circulation qui ont structuré et façonné le paysage et dont les traces
sont toujours parlantes près de vingt siècles plus tard.