Au
moyen âge il existait, entre Grenoble et Valence, un itinéraire important par
la rive droite de l’Isère ; au XI° siècle il est nommé, dans le cartulaire
de Romans, « voie Valentinienne » (via quae dicitur Valentiana ») et au XV° siècle cette voie
porte le nom de « voie Meyanne » ou « chemin Ferrat ».
A
Romans, le pont qui permettait de franchir l’Isère est qualifié de « Pons Antiquus » dans un acte
daté de 1189 et cet ouvrage, durant la Révolution, prendra le nom de
« pont romain ».
A
cela il faut ajouter l’existence d’un milliaire de Quintille – frère de Claude
II – dont on ignore le lieu de découverte, mais qui était autrefois déposé dans
la chapelle Saint Didier à Charpey, non loin de Romans.
Tout
ceci plaide évidemment pour une voie romaine sur la rive droite de l’Isère
nonobstant son absence de mention dans les grands itinéraires antiques.
Cette
voie ne devait, au demeurant, guère s’écarter du trajet que suivra, à la fin du
18ème siècle, la route de Grenoble à Valence, telle que la figure la
« carte de Cassini ».
Il
est vrai que la topographie impose ici un tracé particulier ; en effet,
les nombreuses vallées transversales ont entaillé profondément les plus hautes
terrasses de la vallée de sorte que le seul passage possible, à ces endroits,
se situe au contact des terrasses et des coteaux.
C’est
le cas, par exemple, à Saint Marcellin où les gorges de la Cumane, trop larges
en aval pour permettre d’y jeter un pont, ont fixé la voie au pied du coteau de
Joud. A Têche, à proximité d’un gué utilisé de haute époque, sont signalés les
vestiges d’un habitat romain.
La
présence de la voie semble également corroborée par les découvertes
archéologiques qui suivent le même tracé, au contact des premiers reliefs
(Saint Hilaire du Rosier, Chatte…).
Enfin,
on notera que, comme sur la rive gauche de l’Isère, les dépôts monétaires sont
nombreux (Vinay, Saint Marcellin…) et semblent suivre de près le tracé supposé
de la voie.
Il
paraît très vraisemblable de considérer que, de Cularo jusqu’à Morginno, il n’y
avait qu’un seul itinéraire, commun à la voie de Vienne et à celle de Valence.
La
séparation en deux tronçons distincts devait se faire, semble t-il, à Champlong
où les fouilles de 1996-1997 ont exhumé la voie sur
On
notera, sur l’exacte limite des communes de Moirans et de Vourey, le lieudit
« la Pierre Blanche » qui pourrait rappeler le souvenir d’un
milliaire disparu.
La
voie devait traverser la commune de Vourey d’Est en Ouest selon un tracé que
semble avoir repris l’actuelle route nationale 92. Plusieurs indices
historiques et toponymiques la jalonnent : l’emplacement d’une commanderie
de templiers au XII° siècle et les lieudits « Croix Pagnon » et
« le Pavé ».
A
Tullins, divers vestiges romains sont connus et un habitat a été fouillé en 1987.
L’église paraît avoir été construite sur un temple antique (colonnes en
remploi) et une nécropole a été découverte au lieudit « Paradis ». On
notera également, au Nord de la commune, le lieudit « Grand Maison »
souvent significatif de l’emplacement d’une mansio et, au Sud de la commune, le
lieudit « Malatras » rappelant le souvenir d’une maladrerie citée en
1281.
Poliénas
a livré de très nombreux vestiges antiques et notamment un important complexe
gallo romain au lieudit « la Ville » (probable vicus routier).
La
voie romaine pourrait avoir succédé à un axe de circulation plus ancien :
un trésor gaulois de 600 monnaies, de l’époque de la conquête (121 avant notre
ère) vient, en effet, d’y être récemment découvert (1999). A proximité du
village, le lieudit « Lotaret » mérite également d’être signalé.
L’Albenc
a livré de nombreux vestiges romains (Pacalière, Bivan Faverge) même si le
trésor dit « de l’Albenc » doit être rattaché à Vinay. On notera
également une maladrerie connue au moyen âge et un carrefour routier encore
nommé « la Croix Rouge ».
Sur
Vinay, le tracé de la voie romaine est particulièrement bien jalonné par trois
trésors de monnaies romaines du Bas Empire :
-
celui de la
Cordière, comprenant plus de 25 000 antoniniani de Valérien à Victorinus,
découvert en 1882,
-
celui des
« Gallissières » de 148
monnaies s’échelonnant de Domitien à Philippe II, découvert en 1855,
-
celui des
« Buissonnières », comprenant,
en deux lots, 240 monnaies de la première moitié du 3ème siècle et
1400 antoniniani, surtout de Gordien III et de Philippe, découvert en 1895.
On
rappellera également l’ « hospitalia de Vinayci », citée en
1219.
A
Têche et Beaulieu la voie a été identifiée au lieudit « le Gua » où
des substructions de mansio pourraient avoir été découvertes au début du XX°
siècle.
Des
« Maisons Neuves » jusqu’à « la Maladière », la voie sert
ensuite toujours de limites communales entre Saint Vérand et Saint Sauveur.
Outre une maladrerie, une commanderie de l’ordre de Saint Jean de Jérusalem est
également connue sur cette dernière commune.
A
Saint Marcellin le « trésor des Rochilles », connu sans détails,
pourrait avoir été enfoui au bord de la voie romaine ou dans ses proches
parages.
Chatte
a livré de nombreux vestiges antiques : habitat de Galicière, nécropole de
Puvelin, site du « château des Pauvres », inscriptions à Maïa et à
Mercure, blocs romains dans le village même et sous l’église…
La
voie peut-être localisée à la « Croisée », carrefour probable de
voies situé à l’exacte limite communale de Chatte et de la Sône ainsi qu’aux
lieudits « Saint Féréol » et « Saint Ferrieux ».
Elle
doit ensuite correspondre, selon toutes probabilités et sur près de deux
kilomètres, aux limites communales de la Sône et de Saint Bonnet de Chavagne
puis de Saint Bonnet de Chavagne et de Saint Hilaire du Rosier.
On
notera, tout particulièrement, sur cette dernière commune les lieudits
« Paillette » (où un établissement gallo romain a été identifié),
« Champ de la Croix » et « Mas de l’Auberge ».
De
Saint Hilaire du Rosier on peut imaginer un dédoublement de la voie :
-
l’axe principal
continuant sur Saint Lattier par le lieudit « les Fauries » où la
voie romaine, nommée de manière caractéristique « chemin du Pavé », a
été retrouvée en 1957,
-
un axe secondaire
tendant sur le lieudit « la Gare », où un trésor antique du Haut
Empire a été découvert en 1888, puis
rejoignant à hauteur des « Quatre Têtes », la voie de la rive gauche
de l’Isère.
En
raison de l’absence de Carte Archéologique pour le Département de la Drome, la suite
de l’itinéraire n’a pu être étudiée.