VOIE DE CVLARO A LEMINCO

 

Cette voie, conjecturée par de nombreux vestiges, semble avoir constitué une voie secondaire permettant, par le Voironnais, de joindre les deux localités antiques.

 

Seront proposés deux axes : l’un, par Voiron, Saint Nicolas de Macherin, Merlas et Saint Béron et l’autre par Saint Etienne de Crossey, Miribel les Echelles et Entre deux Guiers.

 

AXE GRENOBLE, VOIRON, MERLAS ET SAINT BERON

 

De Grenoble jusqu’à la commanderie de Saint Jean de Moirans, cette voie ne devait pas être distincte de la grande voie de Cularo à Vigenna. Elle devait diverger peu avant la commanderie et tendre sur Paviot où, en 1902, a été découverte une rare hipposandale, abandonnée, selon toute vraisemblance, au voisinage de la voie.

 

La colline de Sermorens, à Voiron, a livré une colonne romaine, des céramiques et, surtout, sur un site occupé dès avant la période romaine, les restes d’un grand habitat – probablement vicus – qui deviendra le « Salmorigam Villam » carolingien, emplacement, en 858, d’une assemblée des provinces de Vienne, Lyon et Arles et celui, en 1107, de l’assemblée dite « de Sermorens » qui partagera les dépendances de l’archevêque de Vienne et celles de l’évêque de Grenoble.

 

Au delà de Sermorens, le tracé de cette voie est imprécis : passait-elle par Orgeoise, Vir Fourche et le Pâris sur Saint Etienne de Crossey ou par les terres de Tolvon où le lieudit « la Tavernière » pourrait rappeler l’emplacement d’une « taberna » antique ?

 

Sur Saint Nicolas de Macherin on a découvert, en 1857, lors de l’élargissement du « chemin de Saint Sixte à Voiron », au « Mas du Plan », le « pavé noirci d’une voie romaine ». Il en subsistait alors un bon tronçon, pavé en dalles, sur 150 mètres de long. Cette voie est également identifiée par le lieudit « le grand chemin ».

 

On notera également, dans le même secteur, à un site de carrefour, le lieudit « la Croix Blanche ».

 

Sur la commune de Merlas, le hameau de Saint Sixte, situé très vraisemblablement au bord de cette voie romaine, à livré de nombreux vestiges antiques, découverts à l’emplacement même du hameau (vers l’église, le presbytère et le cimetière) et dans les champs environnants : fragments de colonnes, substructions, tuiles, fragments de mosaïques, monnaies…

 

Ces vestiges témoignent de l’emplacement d’un établissement, sans doute luxueux, dans lequel on a vu soit un temple, soit une riche villa.

 

La crypte dite de Saint Sixte est, quant à elle, ce qu’il subsiste d’un petit monastère d’époque Burgonde ayant livré trois inscriptions paléochrétiennes du 6ème siècle.

 

La voie peut ensuite être localisée à la Chapelle de Merlas et au Mas de Chantre ou de la Culletière où des sépultures antiques ont été découvertes au 19ème siècle.

 

Sur Voissant, la voie a été repérée au Mas de Bellegarde. A cet endroit, une maladrerie – dite de Crollard – est également signalée au moyen âge.

 

De là, elle aurait rejoint Saint Béron puis la voie principale de Vienne à l’Italie à hauteur des « Echelles » (station de Labisco).

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AXE GRENOBLE, SAINT AUPRE, ENTRE DEUX GUIERS

 

Une variante à la voie de Saint Sixte a pu exister : en effet, de nombreux indices jalonnent le tracé proposé ci-après.

 

Quittant Voiron par l’Est, cette voie devait gagner la Tivolière puis atteindre le territoire de Saint Etienne de Crossey en passant non loin du lieudit « la Tavernière » (taberna ?). Du chef lieu de cette commune, cette paraît avoir gagné, par le Charat, le territoire de Saint Aupré où de nombreux indices sont présents : maladrerie (lieudit « la Maladière »), lieudit « la Croix Rouge » à un carrefour de chemins, inscription romaine, lieudit « le Grand Chemin ».

 

Cette voie pouvait ensuite aborder la commune de Miribel les Echelles par Pierre Chave où, dans l’axe du défilé, près d’un moulin abandonné, se voient encore des vestiges de voie ; au bord de celle ci subsiste une pierre taillée à angles droits en forme de bassin avec creusement interne sur une vingtaine de centimètres, d’origine et de destination inconnues.

 

On notera la présence, au Nord de ce site, d’une voie pré romaine qui suivait la ligne des hauteurs et, au Nord du col de la croix des Mille Martyrs, d’une longue prairie dite  camp de Pompée ou de Saint Roch.

 

De là, on inclinera à penser que la voie pouvait passer à Saint Roch, au Moulin et à Saint Anthelme, avant de gagner Entre Deux Guiers où une maladrerie est citée au XIV° siècle.

 

Puis, par les Millioz, elle gagnait Saint Christophe sur Guiers où une commanderie de Saint Jean de Jérusalem est attestée au XIII° siècle et où subsiste un bon tronçon de voie romaine, taillée dans le roc, aboutissant à un pont sur le Guiers, antique selon certains, refait au XIX° siècle, selon d’autres.

 

Ce passage étroit, remarquablement conservé, constituait un embranchement local de la voie consulaire de Vienne à Milan qui passait plus au Nord, dans le défilé des Echelles, où la voie Sarde a succédé à la voie Romaine.