(VOIE DE LA RIVE GAUCHE DE L’ISERE,
DITE
D’HANNIBAL)
Non
portée sur les itinéraires antiques mais attestée par de nombreux indices,
cette voie est celle qu’aurait suivi Hannibal en 218 avant notre ère, venant de
Pont de l’Isère et remontant l’Isère « sur huit cents stades » (
Sans
doute à l’état de piste du temps d’Hannibal, la voie fut ensuite aménagée
probablement dès l’époque Augustéenne. Elle semble avoir eu une certaine
importance si l’on en juge par le nombre élevé de trésors qui la
jalonnent : Noyarey, Veurey,
Saint Quentin, la Rivière…
Serge Lancel est de ceux qui pensent que Cularo
n’existait pas encore lorsque Hannibal aurait parcouru la région. De fait, se
tenant depuis Valence sur la rive gauche de l’Isère, l’armée punique n’avait
point besoin de la franchir et, seul le Drac, représentait un obstacle pour
gagner le Graisivaudan.
Toutefois,
à cette période de l’année (la fin de l’été) le Drac ne devait pas constituer une
difficulté considérable – à la différence de l’Isère – compte tenu de son
faible débit et de ses nombreux bras qui occupaient toute la plaine de Grenoble
à Echirolles.
Hannibal,
venant de Fontaine et Seyssins, a donc pu – comme le pense S. Lancel – franchir le Drac à gué, à hauteur de Comboire puis, Cularo ne
nécessitant aucun arrêt, gagner le Grésivaudan par Eybens et Domène.
A
l’époque romaine cette voie fut sans doute matérialisée depuis Cularo : sortant de l’agglomération par la
« Porta Romana » il semble bien que,
jusqu’à Echirolles il y ait eu une sorte de tronc commun à plusieurs voies
romaines : celle de l’Oisans, celle de la Matheysine,
celle du Trièves, celle du Grésivaudan et, sans
doute, celle de Valence.
D’après
F. de Villenoisy, cette dernière franchissait le Drac
près de Comboire, traversait Seyssins, Seyssinet et Fontaine puis parvenait à Sassenage. Cette
localité a livré de nombreux vestiges antiques et notamment des ex voto ophtalmologiques et une inscription à Viama. La voie semble devoir être localisée au lieudit
« le Gua » (gué sur le ruisseau du Gua) et près de l’ancienne maladrerie de la Clarière, chemin des Maladières.
Sur
Noyarey, la voie devait suivre un tracé voisin de
l’actuelle Nationale 532, passer à Saint Jean, puis à l’actuel village de Noyarey.
En
un lieu non précisé, A. Blanchet indique qu’on y a trouvé un trésor de
monnaies, d’environ 250 antoniniani de Gordien III à Volusien ; mais X. Loriot le considère comme douteux
et pense qu’il peut y avoir confusion avec celui de Veurey.
De
nombreux vestiges sont connus sur cette dernière localité et la voie romaine
est bien jalonnée, du moins jusqu’au chef lieu : nécropole de l’Eygalem (au lieudit « les Jayères »),
trésor du 3ème siècle (Valérien, Posthume, Claude II…) découvert sous
l’escalier du cimetière, nécropole du Béril. La voie
elle même a été repérée dans le secteur actuel de l’église.
De
cet endroit, deux tracés devaient exister ; l’un, au plus près de l’Isère,
sous le Bec de l’Echaillon, comme le fait
actuellement la route nationale et l’autre, servant en période de crues de la
rivière, par le « Petit Port » et Saint Ours. C’est ainsi qu’Hannibal
aurait franchi le Bec de l’Echaillon.
Cette
piste primitive semble avoir été aménagée avec soin à l’époque romaine :
il en subsiste le très beau chemin pavé permettant d’accéder au plateau et au
site de la basilique funéraire paléochrétienne de Saint Ours.
A
n’en point douter, cette voie était celle qui fut utilisée durant de très
nombreux siècles lorsque l’Isère rendait impraticable la voie côtière.
Ainsi,
soit par l’Echaillon lorsque cela était possible,
soit par le plateau de Saint Ours la voie atteignait Saint Quentin où un trésor
d’antoniniani aurait été trouvé en 1857 ; il
semblerait toutefois qu’il y ait confusion avec le trésor de plusieurs milliers
d’antoniniani de la première moitié du 3ème
siècle trouvé en 1857 sur la commune de la Rivière contiguë à celle de Saint
Quentin.
On
notera, au Sud de la commune de la Rivière, un lieudit « l’Escale »
au bord du tracé supposé de la voie.
Au
delà, sur les communes de Saint Gervais et de Rovon
qui n’ont pas livré à ce jour de traces archéologiques, on peut supposer le
tracé de la voie au voisinage ou à l'emplacement de l'actuelle Nationale 532.
Il
en va de même sur les communes d’Izeron, Saint Pierre
de Chérennes et Beauvoir.
Sur
Saint Romans, la voie est mieux jalonnée tant par la toponymie – lieudit
« Ladrière » - que par l’archéologie :
trésor de monnaies de Marseille du 2ème siècle avant notre ère
découvert aux « Dragonnières » et trésor de
la seconde moitié du 3ème siècle découvert en 1854 en un lieu non
précisé. Saint Romans a, par ailleurs, révélé un riche et important habitat
dans le secteur de l’église et celle ci conserve, en réemploi, une inscription
romaine.
Sur
Saint Just de Claix il est difficile de savoir si la
voie longeait l’Isère jusqu’à son confluent avec la Bourne
ou si elle inclinait sur Auberives en Royans.
En
faveur du premier tracé on évoquera le site dit des « Quatre Têtes »
que l’on a parfois assimilé à « Ventia »
l’une des dernières places fortes Allobroges prise en 62 avant J. C. De
nombreux vestiges ont été découverts en ce lieu où une source ancienne
mentionnait l’existence de « forts romains ».
En
faveur du second tracé on notera les importants vestiges antiques découverts à
« Mane » : bâtiment, cippe, trésor de
monnaies du Bas Empire…
En
l’absence de Carte Archéologique pour le Département de la Drome, la suite de
cet itinéraire, jusqu’à Valence, n’a pu être étudiée.