DE GRENOBLE A LA CROIX HAUTE PAR ROISSARD, MENS ET PREBOIS

 

 

 

 

Un réseau dense de voies pré romaines et romaines semblent avoir existé dans le Trièves dont le nom, par une évidence toponymique, paraît provenir de « tres viae », les « trois voies ».

 

L’une de ces voies pourrait correspondre à un dédoublement de la voie principale de Cularo à Forum Julii.

 

 

DE GRENOBLE AU COL DU FAU

 

Décrit en détail dans la « voie de Grenoble à Fréjus », le tracé de la voie, dans ce segment, sera simplement résumé ici.

 

De Grenoble à Lachar, la voie était parallèle à l’ancien cours du Drac qui pouvait être franchi à hauteur du Pont de Claix. Mais, en période de crues importantes, Lachar pouvait également être rejoint par Cossey, Claix, Allières et Pontcharra.

 

A Lachar existait une agglomération secondaire, peut-être vicus frontière entre les Allobroges et les Vocontii au Haut Empire.

 

La voie tendait ensuite sur Vif, parallèlement à la Gresse mais sans avoir à la franchir avant le Genevrey puisque son cours se situait beaucoup plus à l’Est qu’aujourd’hui.

 

Du Genevrey, la voie passait ensuite à Lanceteyre, à Chaudemeyre, au Groin et tendait sur « la Pierre » (milliaire ?) avant d’atteindre « Bayanne », emplacement possible d’une mutatio à seize milles de Cularo.

 

De là, elle passait à Lanchâtre (camp de haute époque ?) puis descendait sur la Gresse qu’elle franchissait à gué à hauteur du « Moulin Colombat ».

 

Elle remontait ensuite sur Caillatère  et gagnait Sagnebatu puis Bonnotaire et Rivoiranche. Elle est ensuite identifiée à « Pré la Croix » et « Croix de Gruère » à un mille du col du Fau, remarquable carrefour de voies antique

 

DU COL DU FAU AU COL DE LA CROIX HAUTE

 

Au Col du Fau, limite remarquable de trois communes (Monestier de Clermont, Saint Paul les Monestier et Roissard), la voie divergeait de celle de Fréjus, passant à l’Est de celle ci puis entre « les Hôpitaux », site d’un hôpital de Saint Jean de Jérusalem fondé vers 1230 et la « Grande Côte », emplacement d’un habitat du Haut Moyen Age et d’une grande nécropole de même époque (sans doute le « Riaciosco » du testament d’Abbon de 739).

 

De là, la voie se dirigeait sur Maissenas (habitat des 2ème et 3ème siècles) et tendait sur Brion où existe encore l’emplacement d’un château appartenant à la génération des châteaux issus de la « révolution castrale » de l’an Mil, époque à laquelle il aurait pu succéder à un ouvrage beaucoup plus ancien.

 

Ce château avait une fonction principale de surveillance de la voie franchissant l’Ebron en contrebas : un gué étant impossible, un pont était donc nécessaire, lequel pouvait remonter à l’époque romaine.

 

En effet, à bien y regarder, on aperçoit encore quelques traces fossiles de la voie romaine, serpentant en courbes serrées, mais de déclivité raisonnable, pour parvenir jusqu’aux restes du pont médiéval. La partie inférieure de la culée Sud paraît présenter une maçonnerie de type antique, sous l’appareillage médiéval, trace possible du pont romain conjecturé.

 

L’Ebron franchi, la voie se poursuivait, soit par l’actuel village de Lavars (« Lavarnosco » en 739), la Veyrié, Chantelouve sur Cornillon – où des vestiges d’un habitat romain ont été repérés – soit, plus probablement, à l’Est du « Bois de Saint Martin » par un tracé correspondant à l’actuelle route Départementale 34 ou parallèle à celui ci jusqu’à Cornillon ou on peut l’envisager légèrement à l’Est du site de l’ancien château delphinal.

 

De Cornillon, par le col du Thaud, la voie gagnait alors Mens.

 

Pour la problématique que pose l’origine de Mens on renverra à l’étude faite dans les voies de la Matheysine.

 

Quittant Mens par le Sud, la voie passait au Beaumet, au Flachet et à « Mas Martinène » (ou « Mas Martinet ») où des traces de voie romaine sont, depuis longtemps, signalées.

 

La voie, par la Condamine, entre Agnès et le Perrier, où une nécropole du Bas Empire a été explorée, pouvait gagner le secteur de l’ancienne « église Sainte Eugénie », sur Prébois, aujourd’hui difficile à localiser.

 

Terras dit y avoir vu des vestiges antiques, qu’il attribue à un temple. Ne s’agirait-il pas plutôt d’une mansio ou d’une mutatio ?

 

Par un gué, depuis longtemps signalé, l’Ebron était franchi à Toucheboeuf. De là, par Avers, la voie atteignait Lalley.

 

Un autre tracé peut être suggéré entre Mens et Lalley. De Mas Martinet, la voie aurait pu tendre sur Prébois et franchir l’Ebron plus au Nord, à hauteur de l’actuel « Pont de Recourt », associé à des moulins connus de haute origine et emplacement de nombreux ponts successifs en bois à même le lit du torrent.

 

Cette voie conjecturée aurait alors abouti sur la voie de Fréjus à hauteur de la Commanderie de Saint Maurice en Trièves.

 

De Lalley, la voie longeait le ruisseau de la Croix Haute qu’elle franchissait (gué ?) au « Pont de Ruelle » situé à deux milles en contrebas du col de la Croix Haute qui était atteint par « les Murailles » et « Châtelet ».