DE GRENOBLE A DIE PAR MENEE

 

 

Le col de Menée est un passage de très haute origine, au moins aussi ancien que celui du col de la Croix Haute.

 

A l’époque romaine c’était l’un des principaux axes Nord Sud.

 

De Grenoble aux environs du Percy cette voie était commune avec la grande voie Grenoble – Fréjus connue dès 43 avant notre ère.

 

A partir du Percy, deux tracés dont on ne sait s’ils se sont succédés dans le temps ou si, contemporains, ils étaient indistinctement utilisés, conduisent au col de Menée :

 

-          le premier qui, du Percy à Casseyre, suivait le cours du Fanjat jusqu’à la source du même nom puis gagnait le col de Menée : ce serait celui emprunté par les « Grandes Compagnies » à la fin du moyen âge,

-          le second qui, de Monestier du Percy, passait aux Combes, à Oddolaye, aux Daveys avant de rejoindre l’axe précédent au niveau de la source du Fanjat : ce serait celui des pèlerins de Saint Jacques de Compostelle.

 

DE GRENOBLE AU PERCY :

 

Décrit de manière détaillée dans l’étude de la voie romaine de Grenoble à Fréjus, le tracé de la voie, dans ce segment, sera ici très synthétisé.

 

De Grenoble à Lachar, la voie était parallèle au cours du Drac qui pouvait être franchi à hauteur du Pont de Claix. Mais, en période de crue, Lachar pouvait également être rejoint par Cossey, Claix, Allières et Pontcharra.

 

A Lachar existait une agglomération secondaire, peut-être vicus frontière entre les Allobroges et les Voconces au Haut Empire.

 

La voie tendait ensuite sur Vif, parallèlement à la Gresse, mais sans avoir à la franchir puisque son cours se situait beaucoup plus à l’Est qu’aujourd’hui.

 

Au Genevrey devait exister le point immémorial du gué sur la Gresse. La voie devait ensuite probablement passer à Lanceteyre, à Chaudemeyre, au Groin, puis tendre sur « la Pierre » (ancien milliaire ?) et atteindre Bayanne emplacement possible d’un village ou, du moins, d’une mutatio à quinze milles de Grenoble.

 

De là elle passait à Lanchâtre (camp romain ?) puis descendait sur la Gresse par un tracé encore particulièrement bien marqué.

 

La Gresse franchie à gué à hauteur du « Moulin Colombat » la voie remontait sur Caillatère et gagnait Sagnebatu puis Bonnotaire et Rivoiranche. Elle est ensuite identifiée à « Pré la Croix » et « Croix de Gruère » à un mille du col du Fau, carrefour remarquable de voies antiques.

 

De là elle passait aux « Hôpitaux », aux « Peyrouses » et à « Martine » où le ruisseau de Riffol était franchi à gué. Puis, bien tracée, elle atteignait « le Gerbaud », « Vicaire » (vicus ?) et descendait jusqu’au torrent de « Grosse Riffol » qui était sans doute franchi par un pont à l’emplacement de l’actuel « pont Saint Michel ».

 

Passant au « Babe », elle remontait à la « croix de Bouland », emplacement possible d’un milliaire et se poursuivait sur Saint Martin de Clelles qu’elle traversait avant de franchir l’Orbanne par un pont.

 

La voie remontait ensuite jusqu’à la « croix de Malverger », site de carrefoir bien marqué, puis traversait Clelles et tendait sur Longefond par Teyssonnières et Pontou.

 

De la « fourche de Longefond », encore bien tracée et soulignée par des lignes d’arbres, la voie gagnait le Bachat et le Percy.

 

 

DU PERCY A DIE :

 

Jusqu’à la « source du Fanjat » deux tracés sont envisageables :

 

1° du Percy :

 

du Percy à Casseyre le tracé est incertain ; deux axes peuvent être proposés : le premier, à partir du Bachat par les Blancs et le second, plus au Sud, par le chemin actuel qui, de la Départementale 252 conduit au château de Casseyre.

 

De là, par des pentes douces, la voie pouvait s’élever jusqu’à la ferme d’Esparron puis gagner la source du Fanjat.

 

2° du Monestier du Percy :

 

une voie, encore bien tracée, passe aux Combes, à Odolaye et remonte aux Aigues puis à la source du Fanjat. Selon un témoignage oral recueilli dans l’été 2000 à la ferme d’Odolaye il s’agirait bien de la « voie romaine ».

 

 

De la source du Fanjat, la col de Menée est à 1500 mètres.

 

Pendant des siècles, peut-être même des millénaires, le col de Menée fut la voie des échanges entre Diois et Trièves. Ce col, le plus bas de toute la chaîne, était sans doute le plus praticable de toute la « froide montagne » du Vercors.

 

Près du col, versant Diois, se trouvait une maison de templiers située, selon la tradition locale encore vive, à l’emplacement de la « ferme du col ».

 

Cette possession hospitalière est bien attestée par un texte du 10 Juillet 1330 du Dauphin Guigues. Au XV° siècle elle servait encore de péage. De cette fondation – peut-être mansio originellement – subsisterait la salle semi enterrée encore nommée « cave des Templiers » et le champ dit « du cimetière » non fouillé à ce jour.

 

Il y aurait quelque hardiesse à se prononcer sur l’origine et sur la destination de cette curieuse salle souterraine mais il convient de remarquer que la technique de construction peut s’apparenter à celle des temps évoqués.

 

La croix actuelle du col de Menée remplace une croix érigée au début du XVI° siècle. Y avait-il primitivement un milliaire ?

 

Du col, la voie passait aux « Nonnières » village qui semble être en relation directe avec le monastère du Combeau, fondé selon la tradition par Meltride, moniale de Sainte Croix de Poitiers dotée par Sainte Radegonde et détruit au début du VIII° siècle (731, 734 ou 735) par les Sarrasins.

 

La voie passait ensuite, selon toute vraisemblance, à Aix en Diois (sanctuaire et thermes gallo romains), à « Pont du Bez », à Quint (Ad Quintum), à « Pont du Quart » (Ad Quartem) et à « la Maladrerie » avant d’atteindre Die.