ESTRABLIN
Canton de Vienne 2, ex canton de Vienne-Sud
Formes anciennes : Stabililiacensi, Stabliano, Estabiliacense au Xe siècle.
Gentilé : Estrablinois.
Carte IGN au 1/25000ème : 3033
E
Superficie : 2069 hectares.
Population (2015) : 3296 habitants.
Hagiographie :
Martin, évangélisateur des Gaules, évêque de
Tours en 371. Près de 300 communes françaises portent son nom. C’est l’un des
saints patrons de la France.
Pierre, premier des apôtres et premier pape.
Crucifié en 67 à Rome à l’emplacement de la basilique qui porte son nom.
Protohistoire : tradition de temple gaulois (!).
Epoque gallo-romaine : passage de la
voie romaine de Grenoble à Vienne dont des traces ont été localisées au lieudit
« la Rosière ». Dans le nom de la commune on a vu le patronyme Stabilius
(domaine de) mais J. FILLEAU et A. PLANK pensent à un relais : Stabulum. De nombreux vestiges sont
connus :
Ø
en
1749, on a découvert à Gemens des tuyaux en plomb estampillés SPQV (Senatus Populus Que Viennensis ?) (Perdus),
Ø
au
XIXe siècle dans le cimetière on a découvert des blocs de granit, aujourd’hui
remployés dans l’église, dans lesquels la tradition voit les restes d’un temple
dédié à Sylvain ou à Esus et qui aurait été détruit au Xe siècle,
Ø
au
lieudit la Coupe on a découvert en avril 1837 un vase en argile
contenant 1000 à 1200 antoniniani de
Gordien III à Galère,
Ø
au
Château Guerre des « éléments de tuyau » en terre cuite
auraient été découverts,
Ø
au
lieudit l’Abbaye on a repéré les vestiges d’une voie de 5 à 6 mètres de
large perpendiculaire à un aqueduc et à une conduite d’eau,
Ø
sur
les hauteurs des Paulières on a découvert des tegulae estampillées CLARIANVS et des urnes,
Ø
au
Gonon et à la Rousselière, des sarcophages monolithes
anépigraphes sont remployés comme bassins ou abreuvoirs dans des fermes. Ils
proviendraient d’une nécropole repérée le long du château de la Feyta,
Ø
dans
l’autel de l’église de Gemens était jadis encastrée une épitaphe romaine :
« D(is) M(anibus) / ET M(emoriae) AE(ternae) / C(aii) TERENTIVS C(aii)
F(ilii) / VO(ltinia tribu) VIATORIS / IIVR(i) AER(ii) / POR©IA TVTELA / HER(es)
/ AMICO OPTIMO » : « aux dieux manes et à la mémoire éternelle
de Caius Terentius Viator, fils de Caius (Terentius) de la tribu Voltinia,
duumvir trésorier, Porcia Tutela, héritière, à son excellent ami »
(inscription perdue),
Ø
dans
le parc de Gemens ont été repérés deux des aqueducs approvisionnant en
eau la ville de Vienne. L’aqueduc principal, haut de 1,65 m et large de 1,30 m,
a été dégagé au XIXe siècle sur 186 mètres de longueur. Un autre aqueduc a été
aperçu en 1822 puis en 1966,
Ø
en
1894 à Gémens, lors du dégagement de l’aqueduc, on a trouvé des débris
de statues, des monnaies, des tessons de sigillée figurant des Amours, des
lames de couteaux et une partie de hachette en bronze (provenant d’un
sanctuaire ?),
Ø
à
la sortie du Pont de l’Octroi, on a trouvé en 1933 les restes d’une
culée d’un pont antique qui permettait à l’aqueduc de Gemens de traverser la
Suze,
Ø
sur
la rive droite de la Vezonne on a mis au jour deux grands aqueducs de captage
provenant de la Gabetière ou de la Tabourette,
Ø
sur
la rive gauche de la Vezonne, traces d’un autre aqueduc,
Ø
le
barrage réservoir de la Suze, en amont du confluent de la Gère, conserve un
ensemble de maçonneries antiques longues de 18,5 mètres et épaisses de 4
mètres, recouvertes d’un pavement en opus
incertum,
Ø
deux
autres aqueducs sont mentionnés près du confluent de la Gère et de la Suze,
Ø
à
Gemens, au captage de l’un des aqueducs, emplacement possible de petit
sanctuaire de source,
Ø
à
l’Abbaye, une voie romaine pavée perpendiculaire à un aqueduc, a été dégagée
sur quelques mètres en 1983,
Ø
à
la Merlière en 1991 on a localisé un regard maçonné de l’un des aqueducs
Ø
en
1997 on a mis au jour une culée d’un pont romain qui traversait la Gère sur la
voie des Alpes à la sortie de Vienne. Ce pont est à mettre en relation avec le
tronçon de voie dallée découvert en 1983 en face du Pont de l’Octroi et
à proximité d’une maison romaine construite un peu à l’ouest de la vallée de la
Gère. Cette voie, inconnue auparavant, apparait comme un important axe de
circulation qui pourrait correspondre à la grande voie des Alpes en direction
de l’Italie.
Haut Moyen Âge : au Mas de
Baluf on a découvert une nécropole d’époque burgonde.
La charte VII de 830 du cartulaire A de Saint
Hugues mentionne le lieu de Rosaria,
la Rosière.
Un acte de décembre 890 fait état de la mise en
gage de deux champs à Stabiliacens.
Au Xe siècle la localité est citée dans de
nombreux actes sur les noms de Stabililiacensi
Ager villa qua Geminis nominatur et villa
Belna.
Au lieudit les Matives, on a repéré en
2013 un site de la fin du Haut Moyen Âge (Xe siècle).
Edifices
religieux :
Ancienne paroisse de Massonee : elle s’étendait
« vers Estrablin ». Ce territoire avait été annexé par Hugues de
Châteauneuf, abbé de Bonnevaux, au XIIe siècle. La paroisse, qui était
antérieure à cette époque, survécut jusqu’au XIIIe siècle. Il subsisterait au
lieudit actuel les Marsonnées un amas de pierres qui, d’après la
tradition, marquait l’emplacement de l’ancienne église.
Ancienne église Notre Dame : érigée en 1272
par l’abbé Adam de Bonnevaux. Elle devint peu à peu paroissiale en absorbant
l’ancienne paroisse de Massonee.
Ancienne église Saint Martin de Gemens dont
l’origine n’est pas connue.
A la limite communale d’Estrablin et de Pont-Evêque,
ferme dite l’Abbaye qui doit sans
doute ce nom à une grange possédée en ce lieu au XIIe siècle par l’abbaye de
Bonnevaux.
Eglise Saint Pierre élevée au XIXe siècle
sur l’emplacement d’un édifice plus ancien mentionné en 1083 et fouillé en 2013.
Elle conserve une cloche de 1765.
Chapelle du cimetière du XIXe siècle.
Lieudit la Croix de Pierre.
Châteaux :
L’enquête papale de 1339 attribue 80 feux à la
localité composée de Gemens et des Plantières.
Maison forte d’Aiguebelle, conservant une tour
d’époque médiévale et des demi meneaux.
Château de Logis Neuf : gentilhommière
flanquée d’une tour et possédant encore des mâchicoulis et des escaliers
tournants du Moyen Âge. Pendant les guerres de religion, le château servit de
repaire aux Huguenots.
Château Grillet mentionné dès le XVIe siècle :
castrum Grilleti.
Manoir de la Gabetière du XVIIIe siècle avec
tour.
Château Guerre du XVIIIe siècle avec une tour.
Château de Gemens du XIXe siècle.
Château de la Craz du XIXe siècle.
Château Plantier.
Château Montplaisir.
Château de la Feyta.
Lieudit le Grand Logis.
Lieux
anciens :
Aquabella, XIIe siècle,
Aiguebelle.
Domus voc les Baboliers, XVe siècle, la
Papeterie.
Les Borgeysieres, XVe siècle,
Bourgeoysières.
Cutianum, XIe siècle, la Cuissate.
Macconeya, XIIe siècle, Maconnay.
Pkania, Xe siècle, la Plaine.
Roanel, XVe siècle, Ruinet.
Autres
indications :
Une meulière est attestée en 1402 au lieudit la
Merlière (ADI B 309 f° 176).
En 1575, une papeterie est signalée sur la Gère
à Gemens.
Moulins de Baboulières mentionnés au XVIIe
siècle.
Citerne de 1885.
En 2013 au lieudit les Matives on a
découvert une occupation médiévale des Xe et XIe siècles.
Espace Naturel Sensible de la zone humide de la
Merlière.
ZNIEFF de la Gère.
Bibliographie :
Regeste Dauphinois : n° 889, 1008, 1287,
1292, 1303, 1339, 1362, 1392, 1393, 1394, 1426, 1427, 1469, 1516, 1650, 2360, 2361,
4106, 4136, 4241, 5018, 7119, 8275,
MERMET (A) : histoire de la ville de
Vienne, T 2, 1837, pages 195 et 196
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C. CHARVET : Fastes de la ville de Vienne,
1869, pages 147 et 178
J. MARION : cartulaires de la cathédrale
de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, charte VII, page 12
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l’Isère, canton de Vienne Sud, 1870, page 21
C. BROUCHOUD : Vienne souterraine, 1874,
pages 4 et 5
A. ALLMER et A. de TERREBASSE :
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J. MAYOUD : Estrablin et ses environs,
1883, pages 15, 16 et 30
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XII, 1888, n° 324 et 1901
U. CHEVALIER : cartulaire de Bonnevaux,
1889, charte n° 432
A. BLANCHET : les trésors de monnaies romaines
et les invasions germaniques, 1900, n° 196
C. FAURE : un projet de cession du
Dauphiné à l’église romaine (1338-1340), Mélanges d’archéologie et d’histoire,
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E. PILOT de THOREY : dictionnaire
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