SAINT-ROMANS

 

(Canton Grésivaudan-Sud, ex de Pont-en-Royans).

Forme ancienne : Granenco au XIe siècle.

Gravan puis Romans Libre sous la Révolution.

Gentilé : Saint-Romanais.

Héraldique : d’azur à deux épis d’or passés en sautoir surmontés d’un dauphin d’argent à une rose posée en pointe.    

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3135 SB

 

Superficie de la commune : 1704 hectares.

 

Population (2015) : 1736 habitants.

 

Hagiographie : Roman ou Romain de Condat, fondateur du monastère Saint Claude en Jura, devenu Saint Claude, mort en 463.

Michel, l’Archange, chef de la milice céleste dans l’Ancien Testament qui terrasse le dragon de l’Apocalypse. Patron de l’église romaine et des hauteurs.

Catherine, d’Alexandrie qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée. Martyre sous Maximin Daïa en 305. Patronne des filles à marier.

 

Préhistoire : divers vestiges sont connus :

 

Ø  de 1919 à 1923, le creusement d’une série de caveaux au cimetière a permis de mettre au jour des silex taillés (grattoirs, burins, perçoirs, lames, lamelles), des ossements, des pierres de foyer et des déchets alimentaires du paléolithique supérieur,

Ø  à l’ abri du calvaire, on a découvert une pointe de flèche en silex blond à retouches bifaces d’époque magdalénienne (au Musée Dauphinois n° 69.1.27),

Ø  en 1971, sur un site non précisé, on a trouvé un gisement chalcolithique(silex, pointe de flèche, biface),

Ø  au lieudit les Cautes, on a découvert de nombreux éclats et des pointes de flèche à pédoncule et aileron d’époque néolithique.

 

Protohistoire : au barrage des Dragonnières on a découvert en avril 1960 un trésor monétaire de l’époque gauloise constitué de plus de 6000 oboles de Marseille du IIe siècle avant notre ère, dont la plupart présentaient au droit la tête d’Apollon et, au revers, la roue à quatre rayons cantonnée des lettres MA. Une centaine de pièces est conservée au Musée Dauphinois.

 

Epoque gallo-romaine : passage de la voie romaine de Grenoble à Valence par la rive gauche de l’Isère. De nombreux vestiges sont connus :

 

Ø  dans la façade nord ouest de l’église, inscription gallo romaine remployée : « MEMORIAE / T(iti) AELLI LVCONIANI / T(itus) AELIVS NORBANVS / FILIO PIISSIMO / POSTERISQ(ue) SVIS » : « à la mémoire de Titus Aelius Lucanionus, Titus Aelius Norbanus à son excellent fils et à ses descendants »,

Ø  dans les murs de soutènement du parvis de l’église des blocs antiques sont remployés,

Ø  au-delà de l’église, une base de colonne en calcaire est visible au pied d’une maison,

Ø  entre l’église et le calvaire, au lieudit Champ Brun, emplacement d’une demeure qui a livré au début du XXe siècle, des monnaies, de la céramique sigillée, des tesselles de mosaïques, du marbre, des briques de dallage, des tubuli d’hypocauste (une partie de ce matériel est aujourd’hui conserve au musée de Beauvoir-en-Royans),

Ø  en 1854, dans des circonstances non précisées, on aurait découvert un trésor monétaire du XIIIe siècle, les pièces les plus récentes étant de l’époque de Gallien,

Ø  au hameau des Dragonnières, des remplois antiques sont visibles dans les murs de certaines constructions,

Ø  au lieudit Férié, vestiges d’un habitat antique (tegulae, céramiques),

Ø  au lieudit les Chirouses, des vestiges gallo-romains sont signalés,

Ø  au lieudit les Cantes Ouest, vers 1960, on a mis au jour des tegulae, des tessons de céramiques et un fragment de dolium. Sur cette parcelle des tuiles antiques demeurent visibles,

Ø  au lieudit Aris, emplacement d’un site à tegulae,

Ø  en 2003, au Village on a découvert à proximité de la villa trois grandes fosses de la fin de l’antiquité.

 

Haut Moyen Âge : des poteries de type burgonde ont été trouvées au début du XXe  siècle près du calvaire.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Roman, Romans ou Romain : elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia de Granenco et dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Romani de Granenco. Le pouillé indique : « église du prieuré de l’ordre de Saint Benoît dépendant de l’abbaye de Montmajour, unie à l’ecclesia Sancti Johannis Baptiste loci Bellis Visus » (Beauvoir). Il y a une chapelle (capella Beate Marie) fondée dans l’église par le seigneur d’Allières.  Elle conserve de son premier état des lignes pures et sobres, le chevet, la travée du chœur, le clocher et les amorces de la nef.

Celle-ci a été refaite en 1827 et elle offre une arcade percée d’un portail en plein cintre couronné par la sculpture en rond de bosse d’un personnage en prière.

 

Le pouillé de 1497 mentionne également la capella Beati Michaelis » annexée à la cure et la capella Beate Catherine.

 

Prieuré de Gravoine eou de Gramenc : prieuré bénédictin connu dès 1080 sous le nom de Saint Romain de Gramenos. D’abord dépendant de l’abbaye de Montmajour, il devint ensuite prieuré bénédictin et fut rattaché à l’abbaye de Saint Antoine. Il possédait un cloitre mentionné dans un acte du 3 mai 1306.

La charte supplémentaire aux cartulaires de Saint Hugues du XIVe siècle le mentionne : prioratus Sancti Romani de même que le pouillé de 1497 : ecclesia prioratus Sancti Romani de Granenco. Il disparut en 1791.

 

Maladrerie : il n’en subsiste que le lieudit « la Driere » (Ladriere au XIVe siècle).

 

Dans l’ancien cimetière croix de 1603.

 

Au château, chapelle du XVIIe siècle.

 

Calvaire et chapelle du Saint-Sépulcre : en 1724, un chemin de croix fut érigé avec des stations creusées dans le roc. Six ans plus tard on éleva une chapelle sous le vocable du Saint Sépulcre. Le chemin de croix a été restauré en 1853 et la chapelle en 1875.

 

Châteaux :

 

Maison forte de la Grange dite aussi château de Saint-Romans : le plus ancien document qui le mentionne est un acte d’inféodation de la dauphine Anne, épouse de Humbert Ier de 1280. Il conserve des éléments architecturaux de la fin du XVe au XVIIIe siècles.

 

Maison forte de la Girardière du XIVe siècle, détruite au début du XXe siècle. Il en subsiste une baie à coussièges.

 

Maison forte des Cantes, disparue, qui était située au sud du village.

 

Château des Canel dit aussi de Grimaldi : il domine la plaine au pied de collines boisées qui lui font un cadre de verdure. Les tours flanquées aux extrémités avec leurs voûtes à ogives et la tour d’entrée avec son escalier en vis témoignent d’une construction au début du XVIe siècle. En 1640, la terre de Saint Romans appartenait à Jacques Canel, maître des comptes. Cette famille, qui fut représentée aux Etats Généraux de Romans de 1788, avait pour armes d’or au chevron d’azur, au chef de gueules chargé de trois besants d’argent.

Il fut profondément transformé par les Canel au début du XVIIIe siècle. Au début du 19ème siècle, le château fut occupé par la famille du général marquis de Grimaldi de la famille de Monaco.

 

Maison forte de Ferie au sud du village du XVIe siècle, d’époque renaissance avec une chapelle et un pigeonnier rond.

 

Maison forte des Malot au nord des Bouffardières.

 

Manoir de Calet ou Calais : gentilhommière construite au milieu du XVIIe siècle sur l’emplacement d’une maison forte antérieure.

 

Lieudit le Châtelar au sud-est du village, mentionné dès le XIVe siècle.

 

Mas et lieux anciens :

 

Barrilhat, XVIIIe siècle, les Barillats.  

Bavornias, XIVe siècle, les Bazornes.

Brueria, XVe siècle, les Bruyères.

En Combeta, XVe siècle, la Combette.

La Draera, XIVe siècle, la Druère.

Dragonerii, XIVe siècle, les Dragonières.

Ad Fornellum, XIIIe siècle, le Fournet.

Les Girardieres, XIIIe siècle, la Girardière.

Loiras, XIVe siècle, Mesloisirs.

Maloc, XIIIe siècle, Malot.

Les Meyaries, XIVe siècle, les Méaries.

Rabeerie, XIVe siècle, Rabeyere.

La Sagnis, XIIIe siècle, les Sagnes.

 

Autres indications :

 

Auguste FAVOT a recensé 24 cadrans solaires :

-      à Juillet, à la maison de l’Arnaude, deux cadrans avec MDCLXXXVI au levant et « Dieu maintient dans l’éternité toute la famille de M… »,

-      au Vernas, de 1707 avec devise « c’est l’heure de servir »,

-      au Châtelard, deux cadrans de 1725, avec inscription : le 4 thermidor de l’An 4 de la République,  

-      à Gérin à la maison Vivier de 1756,

-      à la maison Perriolat de 1770, de style Louis XV avec des animaux fabuleux,

-      à la Robeyère, de Pascalis de 1778,

-      aux Contes, deux cadrans de 1782 et de 1789,

-      à ma maison Buisson de 1782,

-      à Malot de 1784,

-      aux Gaillardonnières, deux cadrans de 1786,

-      à Monteux de 1788 avec devise « ainsi passe la vie »,

-      aux Dragonnières de 1788,

-      aux Maisons Neuves de 1821 avec devise « l’heure est courte avecque les amis » (sic),

-      à Pertuzol, avec devise « naître, vivre, mourir »,

-      à la maison Debresse avec devises amicis quaelibet hora (à n’importe quelle heure pour les amis »,

-      à la Galanchère, deux cadrans avec devises sine pede curro sine lingua dico (sans pied je cours, sans langue je parle) et salus pendet ab una (notre salut dépend d’une heure),

-      deux cadrans à la Bruyère,

-      un cadran à Capitan.      

Tombeau des Grimaldi avec inscription « à la mémoire du marquis Charles Philippe Auguste de Grimaldi, maréchal de camp en retraite, ancien aide de camp de Mgr le prince de Condé, chevalier de l’ordre royal et militaire de Saint Louis, officier de la légion d’honneur, décédé à Saint Romans le 26 janvier 1846 dans la 71ème année de son âge ».

Ancienne magnanerie.

Commune du Parc National Régional du Vercors.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.

ZNIEFF des marais des Sagnes.

ZNIEFF du ruisseau du Taize.

ZNIEFF des chainons septentrionaux du Vercors.

ZNIEFF de l’Isère du pont d’Izeron à la confluence de la Bourne.

 

Bibliographie :

 

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