SAINT-PIERRE-DE-CHERENNES

 

(Canton Sud-Grésivaudan, ex canton de Pont-en-Royans).

Formes anciennes : Eschenera, Eschonera et Nacone au XIe siècle.

Gentilé : Saint Pierrois.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3135 SB

 

Superficie de la commune : 1203 hectares.

 

Population (2015) : 477 habitants.

 

Hagiographie : Pierre premier des apôtres et premier pape, crucifié en 67 à Rome à l’emplacement de la basilique qui porte son nom. 

Etienne d’Alexandrie, premier martyr chrétien en 35 sous les murs de Jérusalem. Il est représenté avec une pierre.

Michel, l’Archange, chef de la milice céleste dans l’Ancien Testament qui terrasse le dragon de l’Apocalypse. Patron de l’église romaine et des hauteurs.

Jean, l’Evangéliste, disciple préféré de Jésus. Martyr sous Domitien à Rome devant la Porte Latine.

 

Préhistoire : le lieudit Marignat a livré en 1981 3 silex moustériens (paléolithique moyen).

Un bloc mégalithique avec 2 cupules certaines est signalé par A. BOCQUET.

 

Protohistoire : la Grotte de la Bête a livré en 1988 et 1989 de la céramique protohistorique (99 tessons aujourd’hui à la mairie de la commune) et les restes de sept personnes dont deux enfants. Il s’agissait d’une grotte à vocation sépulcrale.

 

Epoque gallo romaine : divers vestiges sont connus :

 

Ø  H. MULLER a rapporté la découverte d’« une grotte sous les ruines de l’abbaye » (prieuré de Nacon) qui a livré des « objets » gallo-romains, notamment une inscription aujourd’hui encastrée dans la façade de l’église moderne (il s’agit selon toute vraisemblance de l’une des inscriptions paléochrétiennes (infra),

Ø  dans les ruines du prieuré, W. MEYER a observé des fragments épars de tegulae,

Ø  dans la Grotte de la Bête on a trouvé des céramiques communes et claires et  un antoninianus de Tetricus,

Ø  au lieudit le Pater, on a découvert en 1991 des tegulae et des tessons de céramique claire et sigillée sur un demi hectare marquant l’emplacement d’un habitat gallo-romain important,

Ø  lieudit le Fa (se prolongeant sur la commune de Presles) ; ce toponyme, très rare en France, est unique dans l’Isère. Il peut être issu de fanum et rappeler l’emplacement d’un site cultuel.

 

Haut Moyen Âge : au XIXe siècle, dans les ruines du prieuré de Nacon on a découvert deux fragments d’inscriptions paléochrétiennes, aujourd’hui encastrées dans la façade et l’église et classées monuments historiques au titre des objets mobiliers en 1992 :

 

Ø  « + IN HOC TVMOLVM / REQVESCIT IN PACEM / BONE MEMORIA VR / BICIVS ABBA NOBE / LIS NATALEBVS SED / BEATVS EX OPERE / BVS CASTVS SV / BRIVS BENIGNVS » : « dans ce tombeau repose en paix Urbicius de bonne mémoire, abbé noble par sa naissance mais bienheureux par ses œuvres, pur, sobre, bienveillant (VIe ou VIIe siècles),

Ø  « … / QVI (vixit annos plus minus ?) / LXV (obiit in pace) / VIII K(alendas)… P(ost) C(onsulatum) / BASIL(i) V(iri) C(larissimi) C(onsulis) » : « … qui vécut 65 ans (plus ou moins) ?). Il est mort en paix le 8 des calendes de l’année (ou du consulat de la Nième année) du consulat de Basile » (VIe siècle).

Selon B. BLIGNY une église existait à cet endroit dès l’époque mérovingienne avec son cimetière.

 

Edifices religieux :

 

Eglise et prieuré Saint Etienne de Nacon : l’église est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues :  ecclesia Sancti Stephani de Nacone. Elle était à la fois paroissiale et prieurale mais le prieuré n’apparaît que dans les premières années du XIIe siècle. C’était une fondation bénédictine de l’abbaye de Montmajour. La charte supplémentaire du cartulaire du XIVe siècle le cite : prioratus de Nascone.  Bien que peu florissant, ce prieuré subsista jusqu’à la fin du XVe siècle, époque où il fut uni à l’abbaye dont il dépendait. Le pouillé de 1497 le mentionne encore : ecclesia prioratur et cure Sancti Stephani de Nascone. Mais cette union de fait n’eut jamais lieu et fut reportée. Par la suite, l’église Saint Etienne disparut également et le culte fut transféré dans celle de Saint Pierre de Chérennes, Nacon ne devenant plus qu’un simple hameau.

 

Ancienne église Saint Pierre : elle est également citée dans le même cartulaire : ecclesia de Eschenera. Le pouillé de 1497 la mentionne ainsi : ecclesia Sancti Petri des Eschereria et la déclare unie à Saint Etienne de Nacon.

 

Prieuré Saint Michel de Chérennes : édifié au début du XIIe siècle. Comme celui de Nacon, il dépendait de l’abbaye de Montmajour avant de devenir possession de Saint Antoine.

 

Ancienne église Saint Jean des Essarts : cette troisième église est également mentionnée dans le cartulaire de Saint Hugues : ecclesia Sancti Johannis de Exartis mais le cartulaire ajoute qui est juxta castrum Isironis (?). Le pouillé de 1497 indique : ecclesia Sancti Johannis de Eyssartis, dépendance du prieuré de Nacon.

 

Eglise Saint Pierre de 1891. Elle conserve :

-       un tableau de Saint Pierre et Saint Blaise du XVIIe siècle, inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 1990,

-       un calice de 1789 (même inscription),

-       une croix d’autel et six chandeliers du XIXe siècle (même inscription).

 

Châteaux :

 

Au lieudit Capaversa ou Château Vieux, quelques aménagements subsistent au sommet d’une butte.

On notera également un lieudit le Châtelar à 840 mètres d’altitude, au sud de la commune.

 

Lieux anciens :

 

Boysseu, XIVe siècle, Boissieu.

In Carteriis, XVe siècle, Carier.

La Motona, XIVe siècle, Saint Mouton.

Magnum Nemus, XIVe siècle, le Grand Bois.

De Rocha, XIIIe siècle, le Rochas.

De Ruplio, XIVe siècle, le Roux.

Ruyson, XIVe siècle, Ruzan.

 

Autres indications :

 

Auguste FAVOT mentionne quatre cadrans solaires :

-       à l’Isle de 1765 avec devise ut flos vita transit evanescit ora ne te fallat hora (la vie passe comme la fleur, il disparait, prie afin que l’heure ne te surprenne pas),

-       au Roux de 1782,

-       à l’Isle de 1782, cadran de Pascalis avec devise umbre redit homo nunquam (l’ombre reviendra, l’homme jamais »,

-       de Pascalis de 1787 au Bouvet avec inscription : « qui travaille prie ».

L’Atelier Tournesol en a recensé quatre autres.

Commune du Parc Naturel Régional du Vercors.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.

ZNIEFF des chainons septentrionaux du Vercors.

ZNIEFF de l’Isère du pont d’Izeron à la confluence de la Bourne.

 

Bibliographie :

 

Regeste Dauphinois n° 96, 24712

J. J. A. PILOT : précis statistique des antiquités du département de l’Isère, 1843, pages 155 et 156

E. LE BLANT : inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIe siècle, 1856-1865, II, n° 471

C. LORY : gisements de phosphates minéraux en Dauphiné, BSSI 1860, page 130

C. LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, pages 159 et 163

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, cartulaire C pages 193 et 197, charte supplémentaire du XIVe siècle, page 278, pouillé de 1497, pages 291, 292, 358 et 395

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton de Pont en Royans, 1870, page 10

E. PILOT de THOREY : les prieurés de l’ancien diocèse de Grenoble compris dans les limites du Dauphiné, 1884

O. HIRSCHFELD : Corpus Inscriptionum Latinarum XII, 1888, n° 1553

Abbé FILLET : colonies dauphinoises de l’abbaye de Montmajour, 1891, pages 16 et 32 à 34

A. FAVOT : notes historiques sur Beauvoir-en-Royans, 1912, page 15

E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages 46, 62, 207, 244, 252, 299, 307 et 308

A. FAVOT : les cadrans solaires à Grenoble et dans le Bas Grésivaudan, BSSI, 1920, page 421

C. FILHOL : le prieuré de Nacon, BSDEA, 15, 1928

E. ESPERANDIEU : ILGN, 1929, n° 336, pages 103 et 104

J. B. LANFREY : chez nous, 1930, pages 123 et 124

Anonyme : à propos d’une inscription de basse latinité conservée à Saint-Pierre-de-Chérennes, BSDEA 1932-1935, pages 63 et 64

P. COURTIEU : si Saint-Marcellin nous était conté, 1959 à 1961, réédité en 2009, pages 53 à 56

B. BLIGNY : le diocèse de Grenoble, 1979, page 18

M. COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècle après J. C. dans les campagnes des Alpes françaises du nord, 1983, page 208

J. C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, page 104

F. DESCOMBES : recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la renaissance carolingienne, XV, Viennoise du nord, 1985, n° 228 et 229

M. DUPONT : le guide du Vercors, la Manufacture, 1987, pages 284 et 285

E. ROUSSET : grotte de la Bête, rapports de sondages 1989 et 1990

W. MEYER : l’ancien arrondissement de Saint-Marcellin à l’époque gallo-romaine, inventaire d’archéologie rurale, 1992, pages 17 et 18

Carte archéologique de la Gaule, l’Isère 38/1, 1994, page 107

Vercors, terre monastique et canoniale, les Cahiers de Léoncel, n° 11, 1995, page 87

GALLIA Informations Rhône Alpes, 1996, page 125

Atelier Tournesol : inventaire des cadrans solaires de l’Isère, 1996-1998

Atlas du patrimoine de l’Isère, 1998, page 75

CANDIAGO (A) : l’occupation en grotte autour de Grenoble 1er siècle avant J. C. Ve siècle après J. C. 2001, pages 92 à 95

P. O. ELLIOTT : Vercors, safari patrimoine, 2010, pages 22, 23 et 122

BOCQUET (A) : Inventaire 0 en ligne

C. MAZARD : cadrans solaires en Isère, 2013, pages 14 et 90

Carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, pages 317 et 318

Site Internet pierres à cupules, gravures et néolithique dans les Alpes