SAINT-JUST-DE-CLAIX

 

Canton Sud-Grésivaudan, ex canton de Pont-en-Royans.

Formes anciennes : Sancti Justi au Xe siècle, Sancti Justi de Mane au XIe siècle.

Gentilé : Clajussiens ou Saint-Justois.   

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3135 SB

 

Superficie de la commune : 1159 hectares.

 

Population (2015) : 1178 habitants.

 

Hagiographie : Juste, évêque de Lyon vers 374

 

Protohistoire : au confluent de l’Isère et de la Bourne, au lieudit Quatre Têtes, emplacement d’oppidum du bronze final à la Tène. De nombreux auteurs anciens (LACOUR, COURBASSIER, GUILLEMAUD, PEROSSIER…) y ont vu l’oppidum de Ventia et de la bataille qui opposa en 62 avant notre ère Allobroges et Romains, connue par Dion CASSIUS qui, faisant le récit de l’ultime soulèvement des Allobroges indique : « Manius Lentinus marcha sur la ville de Ventia ». Quelques tessons du Bronze final y ont été recueillis.

 

Epoque gallo-romaine : passage de la voie romaine de Grenoble à Valence par la rive gauche de l’Isère. Cette commune a livré de nombreux vestiges :

 

Ø  au lieudit Mane, on a mis au jour en 1868 dans les restes d’un mausolée, un cippe couronné d’un fronton avec inscription : « G(aio) CONTESSIO / VOL(tinia) LAEVINO / F(amini ?) IIVIR(o) IVR(e) DIC(undo) / T(estamento) F(ieri) I(ussit) » : « à Gaius Contessius Laevinus de la tribu Voltinia, flamine, duumvir chargé de dire le droit. Il a ordonné par testament (la réalisation de ce monument) ». Celui est conservé près du portail de la propriété Glénat,

Ø  également à Mane, on aurait découvert avant 1860 un dépôt monétaire antique de 4 kg de monnaies en bronze (non décrites), des petits bronzes du IIIe siècle selon le Corpus, ainsi qu’une pointe de lance et une épée,

Ø  toujours à Mane, dans une noyeraie on repéré un site à tegulae et une conduite d’eau qui passe pour être antique,

Ø  à la Bibliothèque Nationale est conservée une plaque en bronze qui aurait été découverte à Saint Just au XIXe siècle : « … / … (q)VAE INFRA… / … UERIT NON … / … TVM SIT QV»,

Ø  pouvant provenir des maisons de Saint-Nazaire-en-Royans rattachées à Saint Just de Claix au XIXe siècle on aurait découvert en 1845 la partie supérieure d’un autel : « SVCESA MINER / VAE U(t) / V(it) V(ouvera) S(oluit) L(ibens) M(erito) » : « Sucesa a élevé ce monument à Minerve avec reconnaissance, en accomplissement d’un vœu » (aujourd’hui en collection privée),

Ø  de même provenance (selon J. SAUTET, mais de Saint-Nazaire-en-Royans selon ALLMER) on signale en 1868 un fragment de patère en bronze avec une inscription semblable à celle de Mane : « CONTESSIO L(ucii) FIL(io) VOL(tinia) / … / … / IVRIS DICVNDI / Q(uintus) CASTRICIVS HERMES CLIENS » : « à… Contessius… fils de Lucius de la tribu Voltinia… chargé de dire le droit, Quintus Castricius Hermès, son client » (à la BNF n° 2311) ; le personnage indiqué sur les deux inscriptions est vraisemblablement le même,

Ø  également près de Saint Nazaire on aurait trouvé vers 1877 des monnaies et une statuette en bronze représentant un personnage nu assis, la main droite levée,

Ø  au lieudit Quatre Têtes (supra) des auteurs ont vu un camp romain. De fait, le site s’étend sur 500 mètres de longueur pour une largeur de 250 mètres. Une levée de terre de plus de 300 mètres barre l’éperon au nord. Un rempart domine le « camp » de 4 à 5 mètres. Le nom de Quatre Têtes viendrait de ce que l’on y aurait trouvé quatre sépultures qui, dans l’esprit local, devaient être celles de « quatre empereurs romains ». Sur toute la surface du site H. MULLER a recueilli de nombreux débris de « tuiles à crochet » (tegulae) et d’amphores,

Ø  au lieudit les Loyes, emplacement présumé de villa gallo-romaine,

Ø  au lieudit Piné, emplacement d’un habitat gallo-romain sur un demi hectare,

Ø  au Village Vieux, on a découvert une nécropole antique,

Ø  au même endroit, présence de remplois antiques,

Ø  au lieudit Villevert ou Villevet, tradition de villa,

Ø  à Mane en 1996, un agriculteur a découvert dans un champ 19 monnaies en mauvais état (Vespasien, Domitien, Hadrien, Marc Aurèle, Sévère Alexandre, Aurélien, Tetricus, Constance II, Constantin, Valentinien II, Théodose ou Arcadius),

Ø  non loin de là on a localisé un atelier de plombier qui a livré 7 poids en plomb, un fragment de tôle circulaire et un fragment de plaque en marbre (au Musée Dauphinois).

 

Haut Moyen Âge : au Village Vieux, emplacement de motte castrale.

Le lieu est cité sous la forme : Sancti Justi in pago Roianensis au Xe siècle.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Just : elle est citée au Xe siècle : parrochia Sancti Justi in pago Rolanensi puis dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sancti Justi de Mana et dans le pouillé de 1497 : ecclesia prioratus et cure Sancti Justi.

 

Prieuré Saint Just : il remontait aux dernières années du XIe siècle et dépendait de l’abbaye de Montmajour. Il est cité dans la charte supplémentaire au cartulaire de Saint Hugues du XIVe siècle : prioratus Sancti Justi et dans le pouillé de 1497.  Il fut vendu comme bien national le 17 février 1791 et démonté.

 

Le même pouillé cite la capella Beate Marie Clausi Hosti.

 

Abbaye Notre-Dame-des-Anges : elle fut fondée en 1349 par Humbert II pour servir de retraite à sa mère Béatrix de Hongrie. Elle est mentionnée dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 :  infra parrochiam est monasterium monialium Sancti Justis. L’abbaye, de l’ordre cistercien, fut transférée à Romans au cours de la seconde moitié du XVIe siècle. Elle conserve surtout des éléments évoquant la maison forte qu’elle fut. La tour quadrangulaire aurait accueilli le chœur de l’église des religieuses.

 

Châteaux :

 

Maison forte citée au XIVe siècle : domus fortis Sancti Justi.

 

Château de Saint Just : c’est un important édifice composite élevé en 1850 à la place de l’abbaye. L’ensemble se compose d’un bâtiment de plan rectangulaire cantonné à l’est de la tour quadrangulaire.

 

Lieux anciens :

 

Collineria, XIVe siècle, les Salinières.

Feugeriis, XIVe siècle, Fugier.

En Loyras, XVe siècle, les Loyes.

Mana, XIe siècle, Mane.

Moraya, XIVe siècle, Moraye.

Les Oles, XIVe siècle, Ollat.

Lo Rovol, XIIIe siècle, Revol.

Villa Sancti Justi, XIIIe siècle, le Village Vieux.

 

Autres indications :

 

Ancienne magnanerie.

Ancienne tuilerie.

Grande demeure de Côte Rouge.

FAVOT a relevé six cadrans solaires :

-      deux de 1762 à Bluvinaye avec devise evanescit,

-      un de 1762 à la maison Format avec devise : « c’est l’heure de servir Dieu »,

-      un troisième de 1762 à la maison Reys à la Dardenne,

-      deux encore de 1816, également à la Dardenne avec devise : « l’An 2 de la restauration du throne » (?).

Grotte de Pabro.

 

Commune du Parc Naturel Régional du Vercors.

Site Natura 2000 de la Bourne (arrêté du 1er janvier 2017).

ZNIEFF du Royans et de la vallée de la Bourne.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.

ZNIEFF de la ripisylve de la Lyonne et de la Bourne.

ZNIEFF des marais des Sagnes.

ZNIEFF de l’Isère du pont d’Izeron à la confluence de la Bourne.

 

Bibliographie :

 

Archives départementales de l’Isère : B 2607 f° 459, B 3243, f° 20, B 3978, B 4203

Regeste dauphinois n° 8788, 34123, 36634, 36675

Regeste complémentaire n° 1065, 3922

Dion CASSIUS : histoire romaine, 37, 48, 1, 2, traduction E. GROS, 1845-1870

N. CHORIER : Histoire générale de Dauphiné, 1661-1672, T II, pages 350 et 351

G. ALLARD : Dictionnaire historique du Dauphiné, ms 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 1, page 295

De VALBONNAIS : Histoire de Dauphiné, 1721-1722, T I, pages 1, 352 et 357 et TII, pages 179 et 611 à 613

A. VINCENT : lettres historiques sur le Royans, 1850, pages 8 et 9

E. LACOUR : Ventia et Solonion, RA 1860, 2, page 406

Dr COURBASSIER : Ventia, BSAD, II, 1867, page 199 à 201

J. GUILLEMAUD : Ventia et Solonium, 1869

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, pages 193 et 197, charte du XIVe siècle, page 278, pouillé de 1497, pages 292, 359, 360 et 395

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton de Pont en Royans, 1870, page 11

A. LACROIX : chronique, bulletin de la société archéologique de la Drôme, 11, 1867, page 366 et 1878, page 99

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, pouillé de 1497, pages 291 et 393

U. CHEVALIER : notice historique sur l’abbaye de Saint Just, 1874

E. PILOT de THOREY : les prieurés de l’ancien diocèse de Grenoble compris dans les limites du Dauphiné, 1884

A. ALLMER et A. de TERREBASSE : inscriptions antiques et du Moyen Âge de Vienne, 1876, n° 153, 154 et 780

ALLMER : plusieurs inscriptions antiques, notamment du Royans, BSAD III, 1888, pages 229 et 230

O. HIRCHFELD : Corpus Inscriptionum Latinarum XII, 1888, n° 2206, 2207, 2208 et 2209

Abbé FILLET : colonies dauphinoises de l’abbaye de Montmajour, 1891, pages 18, 37 et 38

J. H. ALBANES : Gallia Christiana novissima, 1898, XVI, 212

C. PEROSSIER, bulletin de la société archéologique de la Drôme, 35, 1901, pages 337 à 340

H. MULLER : un camp présumé romain près de Saint-Nazaire-en-Royans, AFAS, 1907, pages 1058 à 1062

Abbé L. MAILLET-GUY : les paroisses antoniennes de l’ancien diocèse de Vienne, bulletin de l’Académie Delphinale 1909, pages 312 et 313

Dom BESSE : abbayes et prieurés de l’ancienne France, 1912, IX, 33

E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages 25, 57, 148, 198, 211, 242, 256, 305, 322 et 369

A. FAVOT : les cadrans solaires à Grenoble et dans le Bas Grésivaudan, BSSI, 1920, pages 419 et 420

PAYAN Du MOULIN : BSDEA 22, 1922, pages 78 sq

J. B. LANFREY : chez nous, 1930, pages 123 à 125

Dom L. H. COTTINEAU : répertoire topo-bibliographique des abbayes et des prieurés, T II, 1939, page 2754

G. BARRUOL : les peuples préromains du sud-est de la Gaule, 1969, page 297

H. DESAYE : l’épigraphie romaine du Royans, revue Drômoise, 1981, pages 334 à 336

M. COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècle après J. C. dans les campagnes des Alpes françaises du nord, 1983, page 207

J. C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, pages 103 et 104

X. LORIOT et B. REMY : corpus des trésors monétaires antiques de la France, V 2, 1988, page 53

W. MEYER : l’ancien arrondissement de Saint-Marcellin à l’époque gallo-romaine, inventaire d’archéologie rurale, 1992, pages 11 à 17

Carte archéologique de la Gaule, l’Isère 38/1, 1994, pages 106 et 107

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ILN V 2, 2004-2005, n° 330, 331, 332 et 338

Aimé BOCQUET : l’Allobrogie après Hannibal, 2004, page 33

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Carte archéologique de la Drôme, 26, 2010, pages 552 et 553

P. O. ELLIOTT : Vercors, safari patrimoine, 2010, pages 106 à 108

Carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, pages 304 à 306