SAINT-GERVAIS
(Canton
Sud-Grésivaudan, ex canton de Vinay).
Commune
créée en 1790 par réunion d’Armieu et de Saint-Gervais.
Forme
ancienne : Sancti Gervasii au XIe
siècle.
Armieu sous la Révolution.
Gentilé :
Saint-Gervaisiens.
Cartes
IGN au 1/25000ème : 3234 O et Vercors nord
Superficie
de la commune : 1315 hectares.
Population
(2015) : 557 habitants.
Hagiographie : Gervais, martyr avec son frère
Protais à Milan sous Néron.
Dicton :
quand il pleut à la Saint Gervais (19 juin), il pleut 40 jours après.
Restitut,
évêque de Saint Paul Trois Châteaux au Ve siècle.
Sébastien,
martyr à Rome en 288. Patron des archers, il est représenté le corps criblé de
flèches.
Catherine,
d’Alexandrie, qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée.
Martyre sous Maximin Daïa en 305. Patronne des filles à marier.
Préhistoire : aux Ecouges, au
lieudit le Grand Tournant site épipaléolithique, mésolithique et
néolithique découvert en 2013 (119 éléments lithiques : lamelles, nucleus,
grattoirs).
Protohistoire : le site du Grand Tournant
a également révélé une occupation de l’âge du Fer (céramique).
Epoque
gallo-romaine :
passage de la voie de Grenoble à Valence par la rive gauche de l’Isère.
Haut
Moyen Âge :
emplacement de motte castrale à Armieu.
Edifices religieux :
Chartreuse
des Ecouges : elle
fut fondée en 1116 par Saint Hugues, évêque de Grenoble, Raymond et Guigues de
Lemps, Reynald de Lanz et son épouse Amaldrada. Ces derniers donnèrent à
l’ordre de Saint Benoît la vallée et la montagne désignée sous le nom d’Exquogarium entre Saint Gervais et
Autrans. Jean de Sassenage avant de devenir évêque de Grenoble fut l’un des
premiers prieurs de la chartreuse. Guillaume de Sassenage, son frère, donna
diverses possessions au couvent. Celui-ci fut supprimé au cours du XIVe siècle
« en raison de la méchanceté des hommes et des injures du climat ».
Peu après, il fut transféré à Revesti sur la commune de la Rivière. La
charte sans date (XIVe siècle) des cartulaires de Saint Hugues mentionne encore
le prior Cartusie. Les
chartreusines de Parménie s’y installèrent en 1396 avant de rejoindre Prémol
peu après. Ce qui restait de l’église servit de ferme au XIXe siècle avant
d’être brûlé par les allemands en 1944.
Les
fouilles de 2005 et 2006 ont révélé les soubassements de l’église comportant
une nef unique avec abside plus étroite flanquée d’un coté des la sacristie et
de l’autre de la bibliothèque, de deux cloîtres (un grand servant de cimetière
et un petit jouxtant l’église) et de cellules monacales sous forme de petites
maisons avec leur jardinet selon les règles cartusiennes.
Par
analogie au « Grand Couvent » (la chartreuse), existait
Ancienne
église Saint Gervais :
elle est mentionnée par le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sanctorum Gervasii, par la
charte supplémentaire du XIXe siècle : capellanus
Sancti Gervasii et par le pouillé de 1497 : ecclesia Sanctorum Gervasii et Prothasii.
Le
cartulaire C (vers 1100) mentionne également deux autres édifices : l’ecclesia de Castruscia (chartreuse des Ecouges) et l’ecclesia alia.
Le
pouillé de 1497 mentionne, outre l’église Saint Gervais et Prothais trois
chapelles sans que l’on sache pour trois d’entre elles si elles étaient dans
l’église ou à l’extérieur :
-
la capella Beate Marie et Sancti
Restituti ,
-
la capella Beati Sebastiani
-
la capella Sancte Catherine prope
castrum Armein (château d’Armieux).
Prieuré
des Ecouges : le
14 juillet 1422, le pape prononça la désunion des lieux des Ecouges et de
Revesti et les érigea en un prieuré de l’ordre de Saint Augustin où
s’installèrent quelques chanoines de Saint Martin de Miséré. Le 23 décembre
1442 ce prieuré fut annexé à l’église cathédrale de Grenoble. Au milieu du 15ème
siècle, le monastère était déjà entièrement ruiné et le chapitre cathédral
albergea les Ecouges et Revesti à divers habitants des paroisses voisines. Ce
qui restait des bâtiments fut vendu à la révolution.
Il
subsiste aujourd’hui la partie basse de l’église, notamment l’abside, et un
autel en gros blocs de pierres. Les cellules et le petit cloître ont laissé des
traces indiquées par des substructions de murs et des tumuli.
Le
moulin de la Correrie, du XIIe siècle, a été étudié par le SRA Rhône Alpes en
2007.
Oratoire
de Verson : ce
petit oratoire se cache sous la verdure à l’endroit supposé où deux prieures de
la chartreuse, Agnès et Victoire, mortes en odeur de sainteté, avaient souvent
prié. Les empreintes de leurs genoux figureraient dans le roc.
Chapelle
Notre-Dame-d’Armieu :
cette petite chapelle, accrochée à la roche d’Armieu, perpétue le souvenir d’un
pèlerinage dont l’origine remonterait avant l’an Mil.
Selon
la tradition, la population aurait placé en cet endroit au VIIIe siècle une
statue de la Vierge après le passage des sarrasins. Une autre source en
attribue l’origine à un miracle survenu au début du Xe siècle : des
bateliers en perdition sur l’Isère auraient eu la vie sauve après avoir invoqué
la Vierge. Une statue mariale aurait alors été placée dans une grotte située à
une cinquantaine de mètres au dessus de la rivière. En 1793 des
révolutionnaires brisèrent la statue et la jetèrent. En 1840 on remplaça la
statue et le pèlerinage reprit. En 1873 on édifia la chapelle actuelle sur une
étroite plate forme à
Eglise
Saint Gervais et Saint Protais :
édifiée au XIXe siècle, elle conserve une cloche de 1660 classée monument
historique au titre des objets mobiliers en 1963.
Châteaux :
Château
d’Armieu : château
féodal dont l’origine semble remonter au XIIe siècle sur la motte de l’an Mil
(supra). Le plus ancien acte qui le mentionne est une donation faite le 15 août
1279 par Eynard de la Tour. En 1577, de Gordes vint mettre le siège devant le
château alors occupé par les protestants. De cette époque date sa ruine. Il en
subsiste une plateforme aménagée, un pan de donjon bien appareillé et diverses
substructions.
Fonderie royale :
créée en 1679 par la
marquise de Virieu, dame de Saint Gervais à l’initiative de Colbert, elle fut
vendue au roi en 1713. De 1680 à 1690 la production annuelle est de près de 200
pièces en moyenne par an. Le pic est atteint en 1683 avec 272 canons fournis à
la marine. C’est alors la première fonderie de canons de fer de France.
Détruite en partie en 1793 elle fut rebâtie en 1798 avant d’être saccagée par
les Autrichiens. Elle reprit son activité en 1816. C’était alors l’une des plus
complètes et des mieux fortifiées de France. Elle fut exploitée jusqu’à la fin
du XIXe siècle. Ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments
historiques en 1986 : l’ensemble des bâtiments, y compris la roue
subsistante de la fonderie, la poudrière, le réservoir, les vestiges de la
réserve de charbon, les murs de soutènement, le grand escalier et l’entrée
nord.
Mas et lieux anciens :
Deuz Adreytz, XIVe siècle, les Adrets.
Amevi, XIIIe siècle, Armieu.
Armiel,
XIVe siècle, Armieu.
La Bouduyneyri, XIVe siècle, la Boudonnière.
In
Bruelis, XIVe siècle,
les Brosses.
Mas de Combis, XIIe siècle, les Combes.
Fons
Jacerant, XIIIe siècle,
Josserand.
La Moleyrati, XIVe siècle, le Moleron.
Paschaleira, XIIIe siècle, Pachot.
Porcharesas, XIIIe siècle, les Porchiers.
Portis de Binon, XIVe siècle, le Port.
Rappa Calda, XIIe siècle, la Chaux.
Le Soeyl, XIVe siècle, le Soullet.
Soffreyeriam, XIVe siècle, les Souffrières.
Voutor, XIIe siècle, Voutoux.
Autres indications :
La
terrasse fluvio-glaciaire du Seuil de Rovon est un site géologique remarque
classé 2 étoiles à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014.
Au
lieudit les Molières, à
A
l’entrée du village, tour médiévale qui est peut-être un ancien colombier.
G.
VALLIER mentionne la présence d’un péage.
Au
Port, canon en fonte de 1843 inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets
mobiliers en 1995.
Deux
séchoirs à noix.
Cadrans
solaires du presbytère avec inscriptions oriente oriens cadente cadens et
ultima latet.
Travail
ou détré.
Cascade
des Ecouges.
Commune
du Parc Naturel Régional du Vercors.
Site
Natura 2000 des Tuffières du Vercors (arrêté du 17 octobre 2008).
Espace
Naturel Sensible des Ecouges (2002).
A
l’ancienne chartreuse, hêtre de 20 mètres de hauteur, vieux de 150 à 200 ans,
classé arbre remarquable.
Réserve
biologique intégrale des Ecouges (arrêté du 31 octobre 2010).
ZNIEFF
de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.
ZNIEFF
des chainons septentrionaux du Vercors.
ZNIEFF
des falaises du canyon des Ecouges.
Bibliographie :
Archives
départementales de l’Isère : B 3258
Regeste
dauphinois n° 3598, 3605, 3606, 4044, 5297, 7375, 8597, 10400, 10401, 16363,
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De
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