CHATTE

 

(Canton Sud-Grésivaudan, ex canton de Saint-Marcellin).

Forme ancienne : Casta au XIe siècle.

Gentilé : Chattois.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3135 SB

 

Superficie de la commune : 2281 hectares.

 

Population (2015) : 2496 habitants.

 

Hagiographie : Vincent, martyr en 304 sous Dioclétien. Patron des vignerons.

Ferréol, tribun des armées à Vienne, martyr pour avoir accueilli Julien de Brioude.

Philomène, vierge et martyre du IVe siècle. Son culte fut favorisé par le curé d’Ars avant d’être retiré par Jean XXIII en 1961.

 

Protohistoire : selon une tradition rapportée par A. FAVOT le Château des Pauvres aurait été édifié sur un oppidum gaulois.

 

Epoque gallo-romaine : passage de la voie romaine de Grenoble à Valence et d’une autre voie antique (voie de Vienne à Die ?).

De nombreux vestiges sont connus sur le territoire de la commune dont le nom pourrait provenir du patronyme Castus (domaine de) :

 

Ø  à Puvelin on aurait exhumé en 1832 les restes d’une sépulture avec deux vases, des lacrymatoires et un fragment de poignard,

Ø  ce hameau est situé sur le tracé proposé par C. FILHOL pour la voie de Vienne à Die,

Ø  avant 1843, PILOT a signalé la mise à jour d’une mosaïque, d’un tombeau, de deux amphores et de vases à parfums,

Ø  également avant 1843 on signale au Pré de la Balme (la Barme ?) la découverte d’une mosaïque ; de nombreuses tesselles ont été mises au jour jusqu’au début du 20ème siècle. S’agit-il de la même ou d’une autre mosaïque du même site ? H. LAVAGNE propose d’y voir deux mosaïques,

Ø  en 1894 on a exhumé dans l’ enclos Crozet une mosaïque et des substructions de ce qu’H. MULLER pensait être un établissement thermal,

Ø  en 1902, lors de la construction de l’actuelle église, on a découvert un moule monétaire en terre cuite d’époque sévérienne,

Ø  en 1905, une façade du château médiéval dit « des Pauvres » s’écroula, mettant à jour , en arrière, une construction en tuf à grand appareil d’époque romaine (castrum ?),

Ø  on a également retrouvé sur ce site de nombreuse, tegulae,

Ø  en 1914 au lieudit la Galicière, au hameau de Saint Just, on aurait mis au jour une « superbe mosaïque »,

Ø  au Pré de la Balme (supra) H. MULLER a trouvé quelques tesselles de mosaïque,

Ø  de provenance locale, un cabochon en bronze représentant une tête masculine coiffée d’un bonnet à trois pointes, aujourd’hui perdu, figurait précédemment  dans les collections du Musée Dauphinois,

Ø  en 1992 au château d’Hyères on a découvert un important site à tegulae s’étendant sur 450 mètres d’est en ouest,

Ø  deux inscriptions romaines sont remployées dans le mur de l’église ; la première : « MAIAE / AVG(ustae) SACR(um) / T(itus) EPPIVS D(ecimi) F(ilius) / IVLLINVS / EX VOTO » : « consacré à Maia Auguste, Titus Eppius, fils de Decimus, à la suite d’un vœu »,

Ø  la seconde : « MERCVR(io) / AVG(usto) SACR(um) / T(itus) EPPIVS D(ecimi) F(ilius) / IVLLINVS / EX VOTO « consacré à Mercure Auguste, Titus Eppius, fils de Decimus, à la suite d’un vœu » (on notera qu’une inscription identique se trouve à Chevrières au château de Blagneux) ; ces deux inscriptions ont été classées monuments historiques au titre des objets mobiliers en 1957,

Ø  dans le soubassement de la façade latérale sud est de l’église subsistent des blocs de pierre retaillés qui sont peut-être des remplois de l’édifice cultuel antique,

Ø  on notera également le lieudit Grand Champ.  

 

Haut Moyen Âge : emplacement de motte castrale sur le site du château.

 

Edifices religieux :

 

Prieuré Saint Vincent : il fut créé vers 1075 en faveur des chanoines réguliers du prieuré de Saint Donat soumis à la prévôté d’Oulx. Il en reste quelques vestiges architecturaux dans deux maisons du village dont un pilier de chancel du 11ème siècle, unique dans le département de l’Isère, classé monument historique au titre des objets mobiliers en 2018.

 

Eglise Saint Ferréol, disparue.

 

Eglise Saint Vincent : elle est connue dès 1077. Elle semble avoir été édifiée sur un édifice cultuel romain. Elle a été reconstruite de 1842 à 1848 à l’exception semble t-il du clocher de souche romane. Elle conserve :

 

-       quatre lanternes de procession du XIXe siècle,

-       deux châsses du XVIIIe siècle,

-       un tableau de la crucifixion de 1743,

tous inscrits à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 2001.

 

Chapelle castrale mentionnée dans un acte du 1er mai 1239.

 

G. ALLARD mentionne la présence d’un hôpital.

 

Chapelle Notre-Dame-de-la-Delivrande : près du cimetière, chapelle de 1857 rebâtie sur un édifice plus ancien.

 

Chapelle Sainte Philomène : sur les pentes de la colline de Montchâtel, chapelle construite en 1880 dans le style néo gothique en remplacement d’un édifice plus ancien.

 

Chapelle de Crozel du XIXe siècle.

Chapelle Notre Dame de la Salette de la fin du XIXe siècle.

Oratoire route de Saint Antoine.

Lieudit Saint Just.

Lieudit Sainte Marie.

Lieudit Croix Noire.   

 

Châteaux :

 

La famille de Chatte était une branche cadette de la maison de Clermont. François de Chatte était seigneur du lieu en 1265. Ses armes étaient de gueules à la clef d’argent mise en bande et son cri ; « Chaste ! ».

 

Château de Chatte dit des Pauvres : les styles roman et renaissance y sont représentés. On trouve également quelques fragments de tuiles romaines. Ce château est cité dès 1080 comme appartenant à la famille des Clermont de Chatte. Saint Amédée y serait né en 1110 d’un père allié à la famille impériale allemande. Les hommages des seigneurs de Chatte aux dauphins signalent la forteresse. La renaissance a modifié le château en le flanquant de deux tours. Dans l’une d’entre elles est conservé un escalier à vis. Le château fut vendu à la révolution à sept personnes sans fortune d’où son nom de « Château des Pauvres ». Les nombreuses déprédations datent de cette époque, le cahier des charges obligeant les acquéreurs « … de faire abattre tout signe de la féodalité qui pourrait s’y trouver ».

 

Château de la Poype : il est mentionné au XIIe siècle : Poipa castrum.

 

Manoir de la Poype dit Château de la Grandville : maison forte édifiée en 1351 par Claude Alleman de Quincieu. Incendié en 1582 par les Huguenots, elle fut relevée en 1619 par Claude Expilly. Au XIXe siècle la demeure appartenait au colonel de la Grandville d’où le nom sous lequel elle est également connue.

 

Maison forte des Alleman : élevée vers 1484 par Jacques Alleman, écuyer. Il en reste des fenêtres à meneaux, un bel escalier en molasse et des plafonds à la française.

 

Château de Foras : ancienne demeure de la famille Brenier édifiée au XVIIIe siècle.

 

Château Bernard.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

Les Bodillons, XVIe siècle, Boudillons.

De Burgo, XIVe siècle, le Bourg.

Bovetiorum, XVe siècle, les Bouveroux.

Caciere, XIVe siècle, les Cassières.

Capella, XVe siècle, la Chapelle.

Chaloy, XIIIe siècle, Chalon.

Comba Bayni, Xe siècle, la Combe du Coin.

Comba de Chanosenco, XIVe siècle, Chanon.

La Croysata, XVe siècle, la Croisée.  

Galeserie, XVe siècle, Galizière.

For, XIVe siècle, Foras.

En Galetan, XIVe siècle, Côte Gallet.

Grangiae, XVe siècle, les Granges.

Martinas, XIIIe siècle, Mas Martinet.

Martinelles, XIIe siècle.

Mas Bossoler, XIVe siècle, Boussoud.

Molendinum Veyrerii, XIe siècle, les Moulins.

Montchater, XVe siècle, Montchatté.

Mons Marcelli, XIe siècle, Mont Martel.

Pelen, XIVe siècle, Pelle.

De Pineta, XVe siècle, le Pinet.

De Praalis, XIIe siècle, Presles.

 

Autres indications :

 

Maison de Veyle du XVIIIe siècle avec cadran solaire de 1788 indiquant : « la dernière se cache ».

Maison Berthier du XVIIIe siècle à Foras avec cadran solaire de 1795 dessiné par Pascalis avec inscription sine pede cubro sine lingua dico.

Cadran solaire des Combes de 1821.

14 cadrans solaires ont été recensés par A. FAVOT sur la commune, dont certains de Pascalis, notamment à Côte Gallet. L’Atelier Tournesol en recense 12.

L’usine de moulinage de la Galicière a été inscrite en totalité à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2004. De nombreux matériels ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 2007 :

-       une roue hydraulique de type poitrine inversée de 1872

et du matériel du XVIIIe siècle :

-       un marche pied de 1790

-       un établi de 1790,

-       un trafusoir de 1790,

-       onze moulins à retordre de 1790,

-       seize banques de doublage et de dévidage de 1790,

-       un porte lampe de 1790,

-       une roue à augets de 1790,

-       une nacelle de 1790,

-       une banque de doublage de 1850,

-       deux flotteurs de 1850 et de 1890,

-       six moulins à retordre de 1790.

 

Jardin ferroviaire.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.

ZNIEFF de l’Isère du pont d’Izeron à la confluence de la Bourne.

 

Bibliographie :

 

ADI : B 2703

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N. CHORIER : Histoire générale de Dauphiné, 1661-1672, T II, page 143

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