BEAULIEU

 

(Canton Sud-Grésivaudan, ex canton de Saint-Marcellin).

Ex commune de Tèche et Beaulieu supprimée en 1881 au profit de deux communes distinctes.

Forme ancienne : Belli loci au 13ème siècle.

Gentilé : Beaulieurains.  

 

Cartes IGN au 1/25000ème : 3134 SB

 

Superficie de la commune : 879 hectares.

 

Population (2015) : 673 habitants.

 

Hagiographie : Jaime, parait être une variante de Jacques, l’apôtre évangélisateur de l’Espagne, vénéré à Compostelle.

Madeleine ou Marie Madeleine, pêcheresse convertie par Jésus. Selon la légende du XIIe siècle, elle aurait fini sa vie dans une grotte de la Sainte Baume. Elle est vénérée à Vézelay.

André, l’apôtre, crucifié à Patras en 67 sur une croix en X qui porte son nom.

Martin, évangélisateur des Gaules et évêque de Tours au IVe siècle. Près de 300 communes françaises portent son nom.

 

Epoque gallo-romaine : passage de la voie romaine présumée de la rive droite de l’Isère entre Valence et Grenoble (Via Valentinia au XIe siècle dans le cartulaire de Romans).

En 1805 en creusant le sol vers la chapelle Saint Jaime, on a découvert des murs en briques, des urnes et des amphores. Une tradition locale situe au Gua l’emplacement d’une « ville disparue » (mansio ?). Les parcelles qui entourent le site livrent encore des vestiges de surface. Sur le site de la chapelle on aurait découvert une « pierre cultuelle pré chrétienne ». Celle-ci n’a jamais été décrite.

En 1865, lors de la construction de l’école on a mis au jour des murs en briques et des céramiques (urnes, fragments d’amphores).

A Buisson Rond et au Gua, des vestiges (céramiques, tegulae, imbrices) ont été découverts en prospection en 1988 sur le tracé de l’autoroute A 49.

En 1991, W. MEYER a découvert en prospection, face à l’école, des fragments de tegulae et de céramiques.

 

Edifices religieux :

 

Abbaye d’Aubevaux ou de Beaulieu : l’abbaye d’Albeval ou Aubevaux, située à Trellins de Vinay, avait été fortement endommagée en 1219 par la crue de l’Isère provoquée par la rupture du lac d’Oisans. L’emplacement n’offrant plus une sécurité suffisante, les moines qui y résidaient résolurent de transporter leur demeure en un lieu plus propice. C’est ainsi que Berlion de la Tour, seigneur de Vinay, leur fit don de terres à 6 km en aval de la rivière au lieudit Bellons sur la commune de Beaulieu. Vers 1240, la nouvelle abbaye était terminée. Au nombre des bienfaiteurs figurait la dauphine Béatrix.

L’abbaye de Beaulieu n’eut pas une existence plus longue que celle d’Albeval qui l’avait précédée car à partir de la fin du XIIIe siècle il n’est plus question de ce monastère. Il réapparaît cependant vers la fin de ce même siècle comme simple prieuré dépendant de l’ordre de Saint Ruf. La charte du XIVe siècle des cartulaires de Saint Hugues le mentionne : prior de Bello loco, ainsi que le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia prioratus et cure Beate Marie Belli locis. En 1525 le prieuré était la résidence de quatre chanoines réguliers, y compris le prieur. En 1633 c’était devenu un prieuré cure. Un procès verbal de 1678 mentionne que le prieuré possédait deux chapelles qui étaient en ruines, l’une dédiée à Saint Jacques, l’autre à Trellins sur l’emplacement de l’ancienne abbaye d’Albeval. En 1786, l’église de l’ancien prieuré, éloignée du centre des habitations et menaçant ruine, fut remplacée par une chapelle édifiée deux ans plus tôt.

De l’abbaye et du prieuré d’Aubevaux il ne reste aujourd’hui que l’emplacement. Au lieudit Fond de Beaulieu, encore appelé le Prieuré et le Cimetière, on retrouve le site choisi par les moines mais il ne reste des bâtiments que quelques substructions. La porte du cimetière conserve toutefois un linteau en pierre avec croix en relief de Saint Benoît qui est sans doute l’unique vestige du monastère disparu.

 

Eglise Notre Dame : elle est citée dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia prioratus et cure Beate Marie Belli Locis.

Le même pouillé mentionne trois chapelles :

-      capella Corporis Christi,

-      capella Beate Magdalenes,

-      capella Sanctorum Andree et Martini.

 

Ancienne cure : aujourd’hui transformée en grange, elle conserve des fenêtres à meneaux.

 

L’ancienne chapelle de 1784 est également devenue une grange.

 

Chapelle Saint Jaime : oratoire construit en 1850.

 

Eglise du Gua du XIXe siècle dans le style néo roman.

 

Eglise paroissiale Notre-Dame-de-l’Annonciation : construite en 1855, elle comporte trois nefs indiquées par des colonnes en pierre, une voûte à nervure et, sur les cotés, des plafonds à caissons. Elle conserve une pierre d’autel du XVIIIe siècle et un groupe sculpté du XIXe siècle, inscrits à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers en 2001. Ses fonts baptismaux proviendraient de l’ancienne abbaye.

 

10 croix ont été recensées.

 

Châteaux :

 

Tour des Bérenger : ancien poste de défense de la rivière édifiée vers l’Isère par la famille de Bérenger dont il subsiste quelques vestiges.

 

Manoir des comtes de la Blache : maison forte du XVe siècle, en partie détruite. Les deux tours flanquées aux deux extrémités sont toujours debout et un corps de logis est assez bien conservé. La maison forte était possédée en 1540 par noble Michel Focque.

 

Château de Buisson Rond.

 

Autres indications :

 

Lieudit Messenard, cité dès le XIVsiècle : Mayssenaz.

Demeure à façade composée des XVIIe et XVIIIe siècles.

Auguste FAVOT mentionne trois cadrans solaires :

-      un de 1786 à la maison Albertin avec inscription : amicis qualibaet hora (à n’importe quelle heure pour les amis),

-      un de 1797 au château de Buisson Rond de 1797 avec la même devise,

-      un troisième avec inscription : « la vie passe comme l’ombre ».

 

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.

 

Bibliographie :

 

Archives départementales de l’Isère : 2 E 288

G. ALLARD : dictionnaire du Dauphiné, ms 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T II, page 405

U. CHEVALLIER : charte de fondation de l’abbaye de Beaulieu, bulletin de l’Académie Delphinale, 1867, pages 332 à 369

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, charte du XIVe siècle, page 276, pouillé de 1497 page, 288, 331 et 332

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton de Saint Marcellin, 1870, page 8

U. CHEVALIER : Inventaire des archives des dauphins à Saint André de Grenoble en 1277, 1871, n° 7 et 11

E. PILOT de THOREY : les prieurés de l’ancien diocèse de Grenoble compris dans les limites du Dauphiné, BSSI, 1883

SERANO de VEZY : histoire de la paroisse de Beaulieu du XIIIe siècle à nos jours, 1900

MOYET : Histoire de la paroisse de Beaulieu, 1901

Dom J. M. BESSE : abbayes et prieurés de l’ancienne France, 1912, T IX, page 90

E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages 28, 219 et 321

A. FAVOT : les cadrans solaires à Grenoble et dans le Bas Grésivaudan, BSSI, 1920, page 432

J. B. LANFREY : chez nous, 1930, page 114

Dom L. H. COTTINEAU : répertoire topo-bibliographique des abbayes et des prieurés, T I, 1935-1936, pages 295 et 296

F. COURTIEU : si Saint-Marcellin nous était conté, 1959 à 1961, réédité en 2009, page 260

J. GODEL : le cardinal des montagnes, Etienne Le Camus, 1974, page 195 et 199

J. C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, page 159

Dictionnaire des communes de l’Isère, 1988, pages 108 et 109

W. MEYER : l’ancien arrondissement de Saint Marcellin à l’époque gallo-romaine, inventaire d’archéologie romaine, 1992, page 60

Patrimoine en Isère, Chambaran, 1999, pages 83 à 86, 159, 184 et 187

D. DELATTRE : l’Isère, les 533 communes, 2008

Carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, page 92