L’ALBENC

 

(Canton Sud-Grésivaudan, ex canton de Vinay).

Par ordonnance royale du 1er mars 1826, la commune de Chapuisière est unie à l’Albenc.

Formes anciennes : Alben au XIIe siècle, Albane, Albencum au XIVe siècle.

Gentilé : Albinois.

Héraldique : de gueules au tau cousu d’azur en cher accompagné de trois châteaux donjonnés d’argent (moderne et fautif).    

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3234 O

 

Superficie de la commune : 986 hectares.

 

Population (2015) : 1170 habitants.

 

Hagiographie : Etienne, premier martyr chrétien, lapidé en 35 sous les murs de Jérusalem. Patron des paveurs, il est représenté avec une pierre.

Georges, prince de Cappadoce martyrisé à Lydda sous Dioclétien. Son culte remonte à 368 et fut embelli par la légende du dragon. Patron de l’Angleterre dès 800 et des cavaliers.

Marguerite, martyre en Turquie vers 290. Elle fut l’une des voix que Jeanne d’Arc entendit.

Sébastien, martyre à Rome en 288. Patron des archers, il est représenté percé de flèches.

Michel, l’Archange de l’ancien testament qui terrasse le dragon de l’Apocalypse. Patron de l’église romaine et des hauteurs.

Pierre, premier des apôtres et premier pape. Crucifié en 67 à Rome à l’emplacement de la basilique qui porte son nom.

Vincent, martyr en 304 sous Dioclétien. Patron des vignerons.

Eusèbe, combattant de l’arianisme. Il sacra Marcellin, premier évêque d’Embrun vers 370 avant d’âtre lapidé par les Ariens en 371.

 

Préhistoire : au lieudit les Portes, on a découvert vers 1970 des éléments lithiques d’époque chalcolithique (un fragment de poignard, des bifaces, des racloirs, des burins, un couteau à dos…).

Au lieudit les Faverges, on a découvert en 1970 les vestiges d’une industrie chalcolithique de technique campignienne méridionale.

 

Protohistoire : au lieudit le Bivan, lors des travaux de l’autoroute Grenoble Valence on a découvert une fosse du Hallstatt final contenant du matériel céramique et lithique du VIe siècle avant notre ère. Un habitat de même époque est conjecturé à proximité.

Pour P. H. BILLY le nom de la localité viendrait de Alba qui signifierait « la colline » ou « la forteresse ». Ceci semble corroboré par A. BOCQUET qui voit au lieudit Verdun un oppidum gaulois (dunum, la forteresse) d’environ un hectare attesté par la topographie : une frontière interne Allobroge passerait à coté de l’oppidum, où le ruisseau qui borde le hameau de Morges coupe la route. Ce ruisseau se prolonge dans le bourg près d’une rue de vieilles maisons portant le nom de Randon (Arandona, la limite gauloise selon BOCQUET). A 500 mètres de là, une petite éminence conique domine de 120 mètres et porte le nom de Malan. Est-ce un ancien Mediolanum ?

A. BOCQUET fait passer Hannibal à l’Albenc en 219 avant notre ère.

 

Epoque gallo-romaine : divers vestiges sont connus :

 

Ø  en un lieu non précisé on aurait découvert en 1882, lors de labours des « murs épais » ainsi que des sépultures,

Ø  au lieudit Pacalière une aire de production de tuiles antiques a été découverte en 1889 lors du creusement d’un fossé de drainage,

Ø  au lieudit le Bivan, la construction de l’A 49 en 1988 a mis au jour un site qui a connu huit états successifs de l’âge du fer au Haut Moyen Âge ; outre les vestiges protohistoriques (supra) :

-       un habitat augustéen comportant au moins trois édifices du type à antichambre avec une structure légère, organisés autour d’une zone centrale avec un ensemble de fosses vidange, un foyer circulaire et une importante adduction d’eau avec bassin de rétention et déversoir,

-       un établissement agricole avec une série de six bâtiments, abandonné sous le règne de Claude,

-       un grand bâtiment des IIe et IIIe siècles avec des structures annexes matérialisées par des calages et des trous de poteaux,

-       des structures du IVe siècle, au sud du grand bâtiment dont une fiche à bélière est conservée au musée dauphinois).

Ø  à Faverge, emplacement d’un bâtiment antique ayant livré des céramiques du Ier et du IIe siècles, découvert en prospection en 1988,

Ø  à Mérin (ou Meyrins) on aurait découvert vers 1888 les substructions d’un bâtiment (ancienne église ? infra) et l’emplacement de tombes en briques et en tuf,

Ø  en 2002, on a découvert une statuette de taureau tricorne.

Nota : le « trésor de la Cordière » attribué par G. VALLIER à l’Albenc concerne en fait la commune de Vinay.

 

Haut Moyen Âge : sur le site de Bivan (supra) on a découvert des vestiges de constructions reprises au VIe siècle pour former un ensemble de seize salles sur une surface de 600 m2.

Sur le même site, deux grandes fosses oblongues du VIIe siècle peuvent correspondre à des fonds de cabanes faisant partie d’un ensemble plus vaste.

Enfin, toujours sur le même site, on a découvert emplacement d’un vaste édifice rectangulaire avec trois petites constructions annexes d’époque carolingienne. A la fin de cette époque, un important habitat supplante alors les installations antérieures. Quatre bâtiments ont été reconnus dont le plan est basilical à plusieurs travées. Autour de cette zone d’habitat, une soixantaine de fosses silos ont été dégagées.

 

Edifices religieux :

 

L’église de Verz du cartulaire de Saint Hugues (ecclesia de Verz), située par MARION au lieudit le Vert sur Vinay pourrait également être envisagée au lieudit les Verts sur l’Albenc, vers l’ancien port de Saint Gervais.

 

Ancienne église : elle est évoquée dans une charte du 14ème siècle des cartulaires : capellanus de l’Alben et citée dans le pouillé de 1497 : ecclesia Beate Marie de Albenco qui énumère ses différentes chapelles : Sancti Georgii, Sancte Crucis, Beate Marie de Pielate, fondée par Georges Truffeli, Beate Margarite et Sancti Sebastiani, Sancti Michaelis, fondée par Michel Bayoud, Sancti Petri apostoli, Sancti Vincencii Purgatori, Beate Marie.

 

L’église Saint Eusèbe de Muris (Moirou ou Mérin) apparaît dans la charte susvisée et dans le pouillé de 1497 :  ecclesia Sancti Eusebii de Muris prope Albencum. Elle pouvait aussi être située au lieudit le Mour sur Chantesse.

 

Selon PILOT de THOREY il y aurait eu l’emplacement d’une ancienne maladrerie. Il s’agit peut-être de l’hôpital mentionné par le pouillé de 1497 : Hospitalia de Albenci   qui avait déjà disparu au XVIIIe siècle. Le pouillé indique que sa chapelle était vouée à la Vierge.

 

Au lieudit le Couvent, emplacement d’un monastère de religieuses de l’Annonciade (Célestes bleues) fondé en 1652.

 

Eglise Notre Dame : édifiée en 1848 dans le style classique. Elle conserve une cloche de 1511 classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1911.

 

Lieudit Saint Eusèbe.

 

Châteaux :

 

Le Châteauneuf de l’Albenc est en fait situé sur la commune de Poliénas.

 

Château de la Bâtie mentionné au XIVe siècle (non localisé).

 

Château de Montravel ou de l’Albe : le château actuel parait remonter à 1570, époque de sa reconstruction par L. du Chastellet. Il est situé sur un mamelon et est encore bien conservé. Les façades, les toitures du château et des communs, les terrasses et les murs de soutènement, la salle à manger avec sa fontaine et la cuisine au rez-de-chaussée, le grand salon du rez-de-chaussée et la chambre nord-ouest du 1er étage avec leur décor ont été inscrits à l’inventaire des monuments historiques en 1988.

 

Château de Pecatière : il doit son nom à la famille de Pecat dont l’origine remonte à 1490. Le château actuel, situé au bord du mamelon de Montravel, paraissait dater du XVIIe siècle. Il a été démantelé en 1975.

 

Ancienne maison forte du Bivan qui conserve des fenêtres à meneaux.

 

Château Chaléon.

Lieudit Château Monnier.  

 

Edifices civils :

 

Maison Sorrel Barbier : elle date du Moyen Âge et conserve un chemin de ronde de cette époque et des traces de peintures sur le plafond de la salle principale.

 

Maison Barral Barillon, d’époque renaissance.

 

Grande Rue, demeures anciennes avec des fenêtres à meneaux et des portes XVIe et XVIIe siècles.

 

Mas et lieux anciens :

 

Chichi, XIVe siècle, Chiche.

El Lo, XIVe siècle, le Lot.

Mayrins, Meyrini, XIIIe siècle, Meyrins.

Mans Meyneer, XIIIe siècle, la Meunière.

Molendinum de l’Alben, XIVe siècle, le Moulin de Chaleon.

Mont Pasard, XVIIe siècle, Mont Larron.

Petra Brunes, XIVe siècle, Pierre Brune.

De Verdino, XVe siècle, Verdun.

Vers de Merin, XVIIe siècle, le Vert de Meyrin.

 

Autres indications :

 

Contre la façade est de l’église, ancienne mesure à grains médiévale en pierre.

Nostradamus se serait arrêté en 1545 à l’auberge de la Croix-Blanche.

Ancien poids public.

Borne de corvée du XVIIIe siècle.

C’est à l’Albenc qu’est né le général Jean Gabriel Marchand que Napoléon fit comte et pair de France.

Séchoir à noix.

Deux cadrans solaires sont mentionnés par A. FAVOT, l’un à la maison Loyand, l’autre à Chapuisière. 

Le Musée Dauphinois conserve un lien de serviette de 1830 avec inscription : « Poire Antoine Albenc » (M. D. n° 13.35.2).

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère à l’aval de Meylan.

ZNIEFF de la pelouse sèche et rochers de Verdun.  

 

Bibliographie :

 

ADI : B 2703

Regeste dauphinois n° 16402, 28885

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C. LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, pages 211, 355 et 357

G. de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, pages 131, 144, 146

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, cartulaire C page 183, charte sd (XIVe siècle), page 276 et pouillé de 1497, pages 289, 298 et 332

U. CHEVALIER : cartulaire d’Aymon de Chissé, 1869, charte n° 110

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton de Vinay, 1870, page 5

E. ARNAUD : histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vol. II, 1875-1876, pages 231 à 234

J. J. A. PILOT de THOREY : usages, fêtes et coutumes existant ou ayant existé en Dauphiné, 1882, page 46

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E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages 4, 86, 86, 94, 203, 219, 222, 224, 230, 266, 311, 362 et 364

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Site internet : bornes.fapisere