LIVET-ET-GAVET

 

(Canton Oisans-Romanche, ex canton de Bourg-d’Oisans).

Né de la fusion de Livet et de Gavet en 1794.

Formes anciennes : Livetum et Avorantus au XIIIe siècle.

Gentilés : Livetons, Gavetons, Riouperuchons.

Héraldique : écartelé en sautoir au premier d’azur au soleil d’or, au deuxième de gueules au dauphin cousu de sinople, au troisième de gueules de cerf, au quatrième d’azur à la branche de houx (moderne et fautif).  

 

Cartes IGN au 1/25000ème 3335 Vizille ouest et 3335 Vizille est et 3235 E

 

La commune a une superficie de 46 500 hectares.

 

Population (2015) : 1296 habitants.

 

Hagiographie : Jean-Baptiste, cousin de Jésus à qui il donna le baptême dans le Jourdain. Décapité en 31. Il est représenté avec un agneau pascal.

Antoine, anachorète de Thébaïde mort en 316 dont les reliques furent ramenées à la Motte Saint Didier devenue Saint Antoine.

Roch, mendiant et pèlerin à Rome au début du XIVe siècle qui se vouait à soigner les malades de la peste. Très populaire au Moyen Âge où il était invoqué contre les épidémies et les maladies contagieuses.

Sébastien, martyr à Rome vers 288. Il est représenté le corps criblé de flèches (son martyre). Patron des archers.

Anne, mère de la Vierge. Elle est représentée avec sa fille Marie dans les bras. Honorée en Bretagne à Auray.

 

Préhistoire : au lac du Poursollet, à 1860 mètres d’altitude et au Chalet de la Barrière, des sites mésolithiques de taille de silex de plain air ont été identifiés ainsi qu’une forêt fossile datée par dendroclimatologie de 6000 ans.

Héricart de Thury voyait 7 menhirs entre Livet et Gavet mais, selon E. Chaper il s’agirait de pointes naturelles de rochers ou de blocs erratiques. Toutefois, F. Vallentin a constaté la présence de ces pierres à l’entrée des villages de Gavet et des Clavaux semblant porter des sculptures grossières. Au hameau des Clos, il signale 2 tumuli non fouillés appelés Noyers du Jaye et le beau Crestet.

 

Protohistoire : l’association toponymique Equoranda-Fines (infra), Venna et Morga (Morge, Saint Barthélemy de Séchilienne) indiquerait les confins des Allobroges et des Ucennii.

 

Epoque gallo-romaine : la voie romaine de Grenoble à Briançon traversait la commune d’ouest en est.

FINES : avant l’étude définitive d’Emile THEVENOT sur l’emplacement de cette station mentionnée uniquement par l’Anonyme de Ravenne, on situait celle-ci soit à Vizille (VALLENTIN, le CIL XVII-2, FERRAND), « dans la région de Séchilienne (ALLIX) ou encore « près de Gavet »

Cette station située entre CVLARO et CATORISSIVM marquait la limite entre le territoire des Allobroges et celui des Ucennii. Elle est interpolée dans la Table de Peutinger, la distance XII portée entre Cularo et Catorissium correspondant bien en fait à la distance entre Fines et Catorissium. Son identification avec Gavet est aujourd’hui une certitude grâce aux recherches d’E. THEVENOT. Celui devait découvrir, en effet, qu’il existait entre le Pont des Saignières et le Pont des Portes un ensemble de toponymes indiquant tous cette notion de frontière. Dans l’état de l’Oisans de 1339, un écart de la paroisse de Livet est appelé Avorandus, nom qui avait exercé un certain rayonnement puisque le hameau actuel des Clots s’appelait alors Cloti de Avorando, l’étroite gorge de la Romanche Cumba de Avorando et un bois du même lieu Nemus Avorandi. De ses quatre désignations qui attestent la richesse sémantique du toponyme, la première qui concerne le hameau parait la plus ancienne. On sait que FINES est le terme latin officiel qui désignait les postes frontières le long des routes mais qu’il existait, en Gaule, un autre terme, EQVORANZA, dont est issu Lavorant, avec ses variantes, Aigurande, Ivrande, Avarande et, parfois, Varandes. FERRAND qui situait Fines à Vizille donne à Gavet le nom de Catorissiacum qu’il dit avoir relevé « sur de vieilles cartes » (?), mais cette mention est déjà dans ROUSSILLON.

La station de FINES a pu être identifiée avec le lieudit Lavorant qui existe toujours à 600 mètres à l’ouest de Gavet. A l’entrée occidentale des gorges de la Romanche, Lavorant se trouve au point même où la voie romaine devait traverser le torrent à Gavet où, selon FERRAND on pouvait voir encore au XIXe siècle les culées d’un pont antique. Une passerelle s’élevait jusqu’à il y a peu de temps à cet emplacement, face au stade nautique actuel, dans l’axe du ruisseau de Gavet. C’était la sans doute précisément la limite territoriale antique. Une croix moderne matérialise toujours cet emplacement. On notera que dans les proches environs, d’autres toponymes évoquent aussi l’idée d’une frontière : le lieudit Morge (Morga, frontière) à Saint Barthélemy de Séchilienne, le lieudit Venaz, Vena qui a donné Aveynat et le lieudit Miribel (frontière linguistique ?).

La station antique n’a, quant à elle, pas été localisée. Il existe bien une voie pavée qui conduit à l’ancien hameau de Lavorant dans la forêt mais celui-ci ne révèle rien d’antique, hormis peut être les restes d’un rempart que P. L. ROUSSET attribue aux Ucennii avec son pendant au Périer (canton de Valbonnais). Ce hameau, attesté au Moyen Âge, était déserté dès le XVIIIe siècle.  Selon toutes probabilités la station de FINES devait plutôt se situer sur l’emplacement de l’actuel village de Gavet. Toutefois, le chemin qui va des Roberts aux Clos de Livet, dit anciennement « chemin vieux de dessus » pourrait être l’ancienne voie romaine. D’une largeur de 2,60 mètres en moyenne, il est pavé de grandes dalles irrégulières, bordées sur chacun des cotés d’un mur.

 

Edifices religieux :

 

Ancienne église Saint Jean-Baptiste et Saint Antoine de Livet : connue dès le XIe siècle, elle relevait du prieuré d’Oulx.

 

Chapelle Saint Roch des Clots : elle a été construite au milieu du XVIIe siècle, sur l’emplacement d’un édifice plus ancien détruit par un incendie. Une tradition voudrait qu’elle ait été édifiée sur une mansio romaine. Elle a été restaurée en 1936.

 

Chapelle Saint Antoine citée en 1343. Elle était située à l’emplacement de l’actuelle église paroissiale.

 

Chapelle Saint Sébastien de Gavet puis de Saint Roch citée au XVIIe siècle. Reconstruite à diverses reprises, aujourd’hui vouée au Saint Esprit. Elle conserve une cloche de 1649 classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963

 

Chapelle Notre-Dame-des-Grâces de Bâton : elle est située en limite communale avec Allemond et remonte à 1761.

 

Chapelle Saint Jean-Baptiste des Clavaux : elle est citée au XVIIe siècle, époque où elle était vouée à Notre-Dame-de-Pitié et Sainte Anne. Elle conserve une cloche de 1750.

 

Eglise paroissiale Saint Jean-Baptiste et Saint Antoine de Livet : elle a été construite en 1891 sur l’emplacement de l’église primitive. En 1928 elle fut dotée d’un ensemble de cinq vitraux exécutés par le maître verrier grenoblois Antoine Bernard pour garnir le bas-côté de l’église. Sur les dix vitraux garnissant la nef, trois se distinguent par le traitement graphique et l’originalité du sujet. Les deux premiers figurent une vue générale de Livet mettant en valeur le site de l’usine et la petite chapelle Notre Dame des Grâces et la centrale de Bâton construite par les établissements Keller. Le dernier vitrail figure Mme Keller mère, entourée de sa famille.  L’église est labellisée « Patrimoine en Isère ». 

 

Eglise Saint Sébastien et Saint Roch de Gavet, de 1854.

 

Chapelle Notre-Dame-de-l’Espérance de Rioupéroux de 1874.

 

Oratoire privé à la Vierge, à Bâton.

 

Mosquée de Rioupéroux.

 

Châteaux :

 

Maison forte non localisée.

 

L’enquête papale de 1339 indique qu’il y avait alors 93 feux.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

La Boyne, XVIIe siècle, la Bovière.

Del les Buires, XIIIe siècle, les Buires.

Celeneria villa, XIVe siècle, la salinière.

In Chastallereto, XIVe siècle, Châtelard.

Apud Cloctos, XIVe siècle, les Clots.

Cloti de Avoarnando, XIVe siècle, les Clots.

Al Crosat, XIVe siècle, le crozaret.

In Essarlets, XIVe siècle, les Essarts.

Frayssia, XVe siècle, la Faysse.

Comba de Franchiis, XIVe siècle, les Fraches.

Apud Guichanderiis, XIVe siècle, les Guichardieres ?  

Miribellus villa, XIVe siècle, Miribel.

Moychenderia, Moyssendena, XIVe siècle, Moison.

Petra Acuta villa, XIVe siècle, Rioupéroux.

En Pannona, XIVe siècle, lac Panay.

Clotum Pelliceri, XIVe siècle, le Pelissier.

Ponan, XIVe siècle, Ponant.

Mass Rodulphi Albi, XIIIe siècle, Robans ?

Rossinera, XIIIe siècle, la Rougiere.

Saniis, XIVe siècle, les Sagnes.

Villa Pontis Nahli, XIVe siècle, Ponant.  

 

Autres indications :

 

Le barrage naturel de l’Infernet et de la Vaudaine est un site géologique remarquable de 63 hectares, classé deux étoiles en 2014 au patrimoine de l’inventaire géologique.

Un four delphinal de minerai est mentionné par le Probus de 1261.

Les ponts de Livet, de l’Avena (ou la Vena) et de Gavet sont cités au XIIIe siècle. Le pont de la Véna aurait été détruit en 1595 avant d’être réparé au XVIIe siècle avant sa destruction définitive en 1817. Le pont actuel date de 1870.

En 1319, il y a des moulins, des battoirs et des gauchoirs à Livet.

Des mines de fer sont citées dans l’inventaire minier du dauphin Humbert II en 1339 : item habet … et apud Livetum de mena ferri.

Un martinet est mentionné en 1369.

Un haut fourneau existait aux Clos en 1662.

L’usine de Rioupéroux a été fondée en 1829 et celle des Clavaux en 1897. Un immeuble à galerie du XIXe siècle subsiste toujours.

La centrale hydro électrique des Vernes de 1917 a été classée monument historique en 1994 et Patrimoine du XXe siècle de l’Isère en 2003. Le projet réalisé en pierre mais dont tous les ornements sont en ciment moulé met en scène l’usine et l’eau dans une profusion inattendue de décors. Le jardin en terrasse et son monumental escalier à double volée, le détournement habile des parties hautes en fontaine et campanile l’assimilent à une version industrielle de la belle demeure classique.

Pavillon Keller du début du XXe siècle, labellisé « Patrimoine en Isère » : c’était le logement du directeur de l’usine et des ses cadres. Le bâtiment mêle aux sombres matériaux locaux de la céramique vernissée, des balcons en bois percés de vitraux et une aile développée sur la rivière qu’elle surplombe grâce à ses piliers de béton.

Lacs Poursollet, Punay, des Boîtes, Canard et Fourchu.

Pierre plate dite le Reposoir des Clots.

Musée de la Romanche.

Rocher dit tête de Louis XVI.

Passerelle himalayenne.

Site Natura 2000 des landes et tourbières du massif du Taillefer.

ZNIEFF de l’ensemble formé par le massif du Taillefer, du Grand Armet et du Coiro.

ZNIEFF du versant rocheux de la pente nord du Taillefer.

ZNIEFF des landes et rochers du Taillefer.

ZNIEFF du bas marais et forêt du versant de la Jasse.

ZNIEFF des tourbières et lacs du versant du Fourchu.

ZNIEFF des lacs et tourbières du plateau du Poursollet.

ZNIEFF des lacs Roberts et du Crozet.

ZNIEFF des alpages, rochers et lacs de la Botte.

ZNIEFF du massif de Belledonne.

 

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