LE FRENEY-D’OISANS

 

(Canton Oisans-Romanche, ex canton de Bourg-d’Oisans).

A pris le nom de Le Freney-d’Oisans le 12 novembre 1980.

Formes anciennes : Fraxineto au XIe siècle, le Fresnay au XVIe siècle, Frenet au XVIIe siècle.

Gentilé : Freynichons ou Frenichons.

 

Cartes IGN au 1/25000ème : 3335 ET et 3336 ETR

 

La commune a une superficie de 14 500 hectares.

 

Population (2015) : 252 habitants.

 

Hagiographie : Arey, évêque de Gap au VIIe siècle.

Joseph, père nourricier du Christ. Pie IX le déclara patron de l’église universelle en 1870. Patron des charpentiers et des menuisiers.

Servan, évangéliste du VIe siècle en Bretagne où il a laissé son nom à l’ancienne ville d’Alet.

Martin, évangélisateur des Gaules, évêque de Tours en 367. Près de 300 communes de France portent son nom.

Roch, mendiant et pèlerin à Rome au début du XIVe siècle où il soignait les malades de la peste. Très populaire au moyen âge où il était invoqué contre les épidémies et les maladies contagieuses.

François d’Assise, fondateur en 1209 de l’ordre des franciscains. Il est représenté en haillons.

 

Préhistoire : aux Grandes Buffes on a découvert de l’outillage lithique.

 

Protohistoire : une sépulture de l’âge du Fer a livré des vases et des restes de métallurgie du bronze et du cuivre (VIIIe, VIIe siècles avant notre ère) ont été découverts en juillet 1927.

Au Col de Cluy, le Camp des Forçats pourrait être un aménagement de l’âge du Fer à profil trapézoïdal de type Vireckansen de 230 mètres sur 100 mètres. Des traces de tranchées, dans le prolongement sud du « camp » courent sur la ligne de crête jusqu’au sommet de la montagne de l’Homme. S’agit-il d’un ouvrage défensif ? d’un sanctuaire ? d’une aire de pacage ?

 

Epoque gallo-romaine : passage traditionnel de la voie romaine de l’Oisans. Deux empreintes de rainures auraient été repérées par F. VALLENTIN au XIXe siècle. Le même auteur indique qu’« un grand bâtiment abandonné au milieu d’arbres, à quelques distances de la Romanche qu’on appelle la maison de Rochas aurait été à l’origine une mansio ».

A proximité du hameau de Puy d’en Haut, la Croix de Trévoux serait, selon P. L. ROUSSET, un carrefour de trois voies antiques : celle de l’Italie, celle de Vienne et celle d’Auris. Selon le même auteur, la Croix de l’Octave, portée sur l’ancien cadastre du Freney, pourrait rappeler l’emplacement d’une borne romaine ou d’un repère à huit mille de la station de CATORISSIVM qu’il situe à Oz. Dans le même secteur, le Chemin du Lauzat, remarquablement tracé, et le Chemin de « Charroutière pourraient être des restes de voie romaine.

On doit à P. L. ROUSSET d’avoir révélé le Camp des Forçats, jamais évoqué par les auteurs avant lui si ce n’est pour en faire une « colonie pénitentiaire » en liaison avec les mines de Brandes. C’est un vaste quadrilatère de 336 et 282 mètres de longueur sur 197 et 101 mètres de largeur. Il est bordé dans la partie inférieure d’un mur en grosses pierres sèches et d’un fossé en partie conservé ainsi que par un talus dans la partie nord. Le mur n’est plus aujourd’hui continu, un chalet d’alpage ayant dû remployer une partie des matériaux (chalet Chalvin du XVIIIe ou du XIXe siècle). Dans cette -partie du terrain l’enceinte à encore 0,90 mètres de hauteur et certains dépassent 500 kg. Le fossé a encore 1 mètre de largeur et le talus inférieur, aux meilleurs endroits, 2 mètres sur 1 mètre. Du bas de l’enceinte part une allée, visible en transparence de la montagne de l’Homme, dans laquelle P. L. ROUSSET a vu un praaetorium. L’ajustement des blocs, la qualité de l’assemblage, la forme de l’enceinte, la présence d’un fossé et le nom de « camp » excluent une origine pastorale. P. L. ROUSSET y voit un camp romain de l’époque de la conquête et J. PRIEUR une clusurae du Bas-Empire. Ces fortifications frontalières – dont le seul exemple conservé avec certitude et de manière significative se situe au hameau de l’Ecluse dans les Pyrénées Orientales – sont représentées de façon schématique sur la Notitia Dignitum au début du Ve siècle. Sur le site du camp, on a retrouvé en prospection, entre 1969 et 1971, des fragments de céramique romaines des Ier et IIe siècles. Un chantier a eu lieu par des bénévoles les 3 et 4 juillet 2013 pour remonter des pierres de l’enceinte. Des mesures avec odomètre ont donné les dimensions précises suivantes : 351 m de longueur en bas pour 296 en haut, 85 m du coté droit en largeur et 110 m du côté gauche.

 

Au sud du Camp des Forçats existent des traces moins distinctes d’un second enclos de presque mêmes dimensions, qui était établit parallèlement au premier.

Enfin, certains auteurs voient dans l’ancien hospice médiéval de Loches, situé dans la combe de Malleval au bord de la Romanche, sur les limites de l’Isère et des Hautes Alpes, l’emplacement originel d’une mansio au bord de la voie romaine de l’Oisans.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Arey : l’église est citée dès 1076 dans la donation faite à l’abbaye d’Oulx : ecclesia Sancti Arrighi di Fraxineto puis dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Arigii de Freyneto, dépendance du prieuré de la Garde, avec une capella Beate Marie dans l’église. Elle conserve un clocher roman avec flèche octogonale et clochetons, probablement refaits au XVe siècle. Le reste de l’édifice a été reconstruit en 1840. L’église conserve une cloche du XVIIIe siècle.

Lors de sa visite pastorale de 1672 Mgr Le Camus y prêcha « cinq quarts d’heure ».

 

L’enquête papale de 1339 mentionne 67 feux pour la paroisse.

 

Chapelle de Puy d’en Bas du XVIIe siècle.

 

Chapelle Notre-Dame-de-Pitié de Puy-le-Bas : elle fut fondée au XVe siècle et restaurée en 1932. Elle conserve un calice en argent de la fin du XVIIe siècle, classé monument historique au titre des objets mobiliers en 2006.

 

Chapelle Saint Joseph dans le village du Freney, restaurée en 1932.

 

Chapelle Notre-Dame-du-Bon-Secours à Puy le Haut de 1830.

 

Oratoire Saint Servan à Puy-le-Bas.

Oratoire Saint Martin à Puy-le-Haut, restauré en 1993.

Oratoires de Saint Roch, Saint François, et Notre-Dame-de-la-Romanche.

Oratoire de Pont Ségur, détruit lors de la construction du barrage du Chambon.

Oratoire à la Vierge restauré en 1993.

 

Châteaux :

 

Maison forte des Chazeaux : c’est un bâtiment rectangulaire avec tour d’escalier en vis engagée desservant les trois niveaux de la demeure. La maison forte est citée dès le XIVe siècle.

 

Lieudit le Châtelard.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

Alpa de Serena, XIVe siècle, Sarennes.

Chanaleta, XIVe siècle, la Chanal.

Mas de Chasauz, XIIIe siècle, les Chazeaux.

In Chaveneriis, XVe siècle, la Chavannerie.

Comba villa, XIVe siècle, la Combe.

Corba, XVe siècle, la Courbe.

Grangia villa, XIVe siècle, la Grange.

Luvella costa, XVe siècle, la Combe du Loup.

Molendinum de Fraynneto, XIVe siècle, le Moulin.

Passetus villa, XIVe siècle, le Passet.

Pererii villa, XIVe siècle, le Périer.

Podium Arlent villa, XIVe siècle, le Puy Haut.

Podium Guigoni villa, XIVe siècle, Puy le Bas.

Serrena, XVe siècle, la Combe.

Villa subtus Broam, XIVe siècle, la Broue.

Ultra fontem villa, XIVe siècle.

 

Autres indications :

 

Mistralie mentionnée dans un acte du 29 novembre 1309.

A Puy d’en Bas, ancienne demeure d’apparence médiévale.

Au Col de Cluy, présence de très anciennes galeries de mines avec fossiles.

Aux lieudits Granges Veyrat, Maison Blanc et Maison Angot, vestiges d’habitats anciens, déjà abandonnés en 1806.

Sur une écurie du Freney, linteau en bois portant la date de 1634.

Site d’anthracite des Fourneaux de 120 hectares, concédé en 1838 et site d’anthracite de Combe Gillarde de 104 hectares, concédé en 1851.

Cristalière de Puy Dessus.

Site Natura 2000 de la plaine du Bourg-d’Oisans et de ses versants (arrêté du 26 novembre 2005). 

ZNIEFF de l’adret de la Romanche.

ZNIEFF du versant rocheux sous Bons.

ZNIEFF des gorges de l’Infernet.

ZNIEFF du versant de la Croix de Trévoux.

ZNIEFF du massif des Grandes Rousses.

ZNIEFF des alpages et moraines de la Racoude.

ZNIEFF du versant de la montagne de la Courbe.

ZNIEFF de la pointe nord du Mont de Lans.

Arrêté de biotope des tourbières de la vallée du Ferrand du 8 octobre 2012.

Arrêté de biotope du col de Sarennes du 8 octobre 2012.

 

Bibliographie :

 

Archives départementales de l’Isère : B 2663, B 2962,90

Regeste dauphinois n° 2087, 2143, 2148, 2272, 9738, 17640, 18028

Regeste supplémentaire n° 3018

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 1, pages 525 et 526

ALBERT (A) : essai descriptif sur l’Oisans, 1854, pages 43, 198 et 199

Baron A. RAVERAT : à travers le Dauphiné, voyage pittoresque et artistique, 1861, page 224

C. LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, pages 40 et 42

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, pages 285, 308 et 390

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton de Bourg d’Oisans, 1870

E. ARNAUD : histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vol. II, 1875-1876, page 243

A. JOANNE : géographie du département de l’Isère, 1876, page 56

F. VALLENTIN : la voie romaine de l’Oisans, bulletin de l’Académie Delphinale, 3ème série, T 13, 1879, page 287

H. FERRAND : le montagnes dauphinoises, 1903-1909, pages 38 et 39

C. FAURE : un projet de cession du Dauphiné à l’église romaine (1338-1340), Mélanges d’archéologie et d’histoire, T 27, 1907, page 214

Guide pratique illustré du touriste dans les Alpes, 1908, page 166

H. MULLER : quelques notes sur la Grave et son canton, BSDEA, XX, 1913, pages 59 ss

E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages 6, 74, 83, 90, 111, 125, 178, 206, 231, 261, 264, 274, 275, 315, 334, 340 et 354

A. ALLIX : documents inédits sur la géographie de l’Oisans, bulletin de l’Académie Delphinale 1923, pages 179, 202, 203 et 216

H. BLET : la voie romaine de l’Oisans, BSDEA, 1949, pages 40 à 43

A. BOCQUET : l’Isère préhistorique et protohistorique, 1969, pages 257 et 258

J. GODEL : le cardinal des montagnes Etienne Le Camus, 1974, pages 146, 147, 151, 155, 191, 192 et 195

G. SENTIS : l’Oisans, histoire, traditions, légendes, 1976, page 34

P. L. ROUSSET : au pays de la Meije, 1977, pages 111, 121 et 125 à 127

A. et M. LEGROS : histoire des anciennes mines et gites de l’Oisans, 1979, pages 17, 45 et 117

J. PRIEUR : l’administration romaine de la Savoie des origines à l’An Mil, 1983, page 306

R. BONIN et alii : paroisses et communes de France, Isère, 1983, page 267

J. C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, pages 15 et 23

J. C. MICHEL : notice n° 27 de la carte archéologique de la Gaule, l’Isère 38/1, 1994, page 55

G. SENTIS : l’Oisans aux six vallées, 1996, page 34

B. FRANCOIS : les cristalliers du Freney, Mémoire du Bourg d’Oisans, 1997, pages 320 à 322

Isère, guide Gallimard, 1998, page 202

J. C. MICHEL : Grenoble antique, 1999, page 190

J. P. JOSPIN : remarques sur la situation des peuples Ucennes et Tricores, revue de Géographie Alpine, mémoire HS n° 31, 2000, page 237

Patrimoine en Isère : l’Oisans, 2001, pages 37, 40, 48, 49, 86, 87, 107, 125 et 137

J. C. MICHEL : la voie romaine de l’Oisans, 2005, pages 40, 41 et 45

O. IVACHKEVITCH, B. FRANCOIS, M. MARTIN, 2005 : chapelles rurales et oratoires de l’Oisans, pages 62 à 65

A. BOQUET : les cuivres et les premiers bronzes dans les Alpes du Nord : naissance d’une métallurgie régionale, site Internet en ligne (2006)

J. C. MICHEL : deux sites historiques problématiques : le Mur des Sarrasins à Château Bernard et le Camp des Forçats au Freney d’Oisans, bulletin de l’Académie Delphinale n°9, novembre décembre 2010, pages 289 à 301

B. FRANCOIS : oratoire Notre-Dame-du-Chambon, Coutumes et traditions de l’Oisans, n° 69, août 2010, pages 6 et 7

O. IVACHKEVITCH, B. FRANCOIS, M. MARTIN : les sanctuaires de l’Oisans, 2013, pages 67 à 74

Conférence de L. ALBERTINO du 30 juillet 2013 au Freney d’Oisans.

Carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, page 150