ALLEMOND (ou ALLEMONT)

 

(Canton Oisans-Romanche, ex canton de Bourg-d’Oisans)

Formes anciennes : Alamon, Alemo au XIe siècle.

Gentilé : Allemondins.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3335 E

 

La commune a une superficie de 44 750 hectares.

 

Population 2015 : 1006 habitants.

 

Hagiographie : Nizier, évêque de Lyon, mort en 573.

Marguerite, martyre à Antioche vers 290. Elle fut l’une des voies que Jeanne d’Arc entendit.

Claude, évêque de Briançon au VIIe siècle, fondateur de l’abbaye de Condat devenue Saint Claude.

Roch, mendiant et pèlerin à Rome au début du XIVe siècle qui soignait les malades de la peste. Très populaire au moyen âge, invoqué contre les épidémies et les maladies contagieuses.

Jean Baptiste, cousin de Jésus à qui il donna le baptême dans le Jourdain. Décapité en 31. Il est représenté avec un agneau pascal.

 

Protohistoire : G. de GALBERT, pense que la voie de l’étain des VIe et Ve siècles avant notre ère passait au Pas de la Coche unissant le Grésivaudan à l’Oisans et il y voit passer Hannibal en 218 avant notre ère (infra).

 

Epoque gallo-romaine : selon PILOT on aurait trouvé à Allemond « des objets gallo romains ».

P. L. ROUSSET pense que le nom du hameau de Bâton (Battonus au XIVe siècle) semble venir tout droit du latin bastum, c'est-à-dire « bât ». Il envisage l’hypothèse selon laquelle ce hameau, situé sur le tracé présumé de la voie romaine de l’Oisans (selon son hypothèse) était l’endroit où l’on devait charger les charrettes et bâter les chevaux et mulets car, plus loin, commençaient les étapes accidentées.

Du Rivier au Pas de la Coche, passage d’une voie supposée antique, qui permet, 1987 mètres d’altitude, la liaison du Graisivaudan à l’Oisans qui est fréquemment mentionnée dans les comptes de châtellenie médiévaux, notamment pour la période 1414 - 1461 et la circulation locale semble avoir été importante. ROUSSILLON, le premier, pensait à une jonction directe de la voie de l’Oisans à la rive gauche de l’Isère et H. FERRAND voit dans cette voie, « authentiquement romaine » le compendium entre les deux vallées. ROUSSILLON dit avoir observé des « restes évidents ça et là sur tout le trajet et, notamment au Molard d’Aricol, du Rivier d’Allemond à la Coche et près du lac de la Coche. Il est de fait qu’il existe certains segments pavés au dessus du Rivier. Selon PILOT César serait entré dans les Gaules par cette voie.

Il est de fait que le Pas de la Coche est le seul col qui apparait sur la carte du Grésivaudan de J. de BEINS de 1619. Par ailleurs, il est fréquemment mentionné dans les comptes de châtellenie de 1414, 1461…

H. FERRAND indique qu’on y aurait découvert « quelques débris d’antiquité romaine prouvant l’ancienneté d’une voie romaine ».

Au plan de la toponymie, P. H. BILLY fait provenir le nom de la localité d’un patronyme germanique, Alamund (domaine d’) (hypothèse reprise par J. C. BOUVIER et J. FILLEAU) et on signalera un Chemin Ferret et deux lieudits souvent significatif : la Ville et le Villaret.  

PLANK pense que c’est une communauté de peuple germain, peut être burgonde, qui est à l’origine du nom de la commune.

On notera le lieudit la Ville.

 

Haut Moyen Âge : fortification de terre du Châtelard.  

 

Edifices religieux :

 

Ancienne église Saint Nizier : elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia de Alamon. Elle dépendait de l’abbaye d’Oulx. Elle est également citée dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Nizerii de Alemone Elle aurait été située au hameau de Coteysard jusqu’au XIVe siècle.

Le pouillé de 1497 cite également deux chapelles : la capella Beate Marie et la capella de Alermone.

 

Maladrerie citée en 1465.

 

Chapelle Saint Sauveur du Bessey : elle remonte au XVe siècle et elle a été restaurée en 1979.

 

Chapelle puis église succursale Sainte Marguerite du Rivier : fondée au XVIe siècle, elle fut érigée en église succursale en 1864. Elle a été restaurée en 1979. Elle possède un tableau de Dieu le Père du XVIIIe siècle, inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 2005.  

 

Chapelle Notre-Dame-des-Grâces de la Drayrie, antérieure à 1672, sans doute reconstruite au lieudit le Grand Champ en 1772, restaurée en 1887 puis en 1925. Elle possède un tabernacle avec deux statues de saints évêques du XVIIe siècle, inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 2005.

 

Chapelle Notre-Dame-de-la-Condamine fondée au XVIIe siècle, vers l’église paroissiale

 

Chapelle Saint Claude au Mollard citée en 1672. Emportée par une avalanche en 1724, elle fut reconstruite vers 1757. Elle a été démolie en 1930 lors de la réfection de la route.

 

Chapelle Saint Roch d’Articol citée en 1672. Reconstruite en 1891 par les habitants, elle disparait dans les années 1930. En 1955 il subsistait encore quelques vestiges.

 

Confrérie des Pénitents du Saint Sacrement du XVIIe siècle. Lors de sa visite de 1702, Mgr Le Camus interdit sévèrement aux femmes appartenant à cette confrérie de porter à cette occasion d’autres habits que ceux qu’elles portent dans leurs maisons.

 

Chapelle Saint Sauveur de 1744.

 

Chapelle Saint Jean-Baptiste du XVIIIe siècle détruite par une avalanche en 1830. Sur son emplacement on a érigé un oratoire sous le même vocable. A proximité, existe une tradition d’un « couvent des Capucins » (!).

 

Oratoire Saint Roch du XVIIIe siècle au Rivier, à la sortie amont du village.

 

Eglise Saint Nizier : elle a été édifiée en 1887 en dessous des ruines du château. Elle conserve une cloche de 1657, classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963.

 

Châteaux :

 

Maison forte de la Tour, citée en 1250 avec une forge.

 

Trois autres maisons fortes sont mentionnées dans l’enquête delphinale de 1339 

 

Ø  la maison forte d’André Richardi dite la Tour : il s’agit de la tour rectangulaire subsistant au point le plus haut du village, face à l’église, au lieudit la Tour, citée au XIIIe siècle : ten li feud Richardi.

Ø  La maison forte de Lantelme Richardi (non localisée).

Ø  La maison forte d’Aymon du Pont : celle-ci appartenait à Jean Alleman, seigneur de Rochechinard, nom sous lequel elle est également connue (non localisée).

L’une de ces maisons fortes pourrait être située au lieudit « le Châtelard » (supra).

 

L’enquête papale, également de 1339, mentionne 140 feux pour la paroisse.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

Comba de Articole, XIVe siècle, Articol.

Baston, Bastonus villa, XIIIe siècle, Baton.

Mans Bellegoard, XIIIe siècle, Beauregard.

Mans Berrengoaor, XIIIe siècle, Bernarde.

Nemus Bochetum,   XIVe siècle, le Bouchet.

Nemus de Challanchia, XIVe siècle, les Challanches.

Champeria, Champter, XIIIe siècle, Champeau.

Les Chornes, XVIIIe siècle, les Chomes.

Clot Garcini, XIIIe siècle, le Clot.

Clotz Arlen du Suila, XIVe siècle.

Comba, XIIIe siècle, la Combe.

Combeta, XIVe siècle, les Combettes.  

In Cretaz, XVe siècle, le Creytet.

Deymier, XVe siècle, le Dimier ?

Bordaria de Eysertis, XIIIe siècle, les Essarts.

Cavanaria Fabrorum, XIIIe siècle, les Faures.

Crestum Guigonis Fabri, XVe siècle, Crey Jean Faure.

Gautessart, XIIIe siècle, Gout Eyssart villa, XIVe siècle, Coteyssard.

Apud Grangias, XVe siècle, les Granges.

In Illassis, XVe siècle, les Iles.

Losa, XIIIe siècle, la Lauze.

Magnoardi villa, XIVe siècle, les Magnards ?

Magnus Campus, XVe siècle, Grand Champ.

Mansus d’Archinbert, XIIIe siècle, le Mas d’Archinbert.

Molarium, Molaris villa, XIIIe siècle, le Molard.

Mousteret, XVIIe siècle, le Moutaret.

Neytour Podium, XIVe siècle, la Pernière.

Pissi Vachi, XIIIe siècle, Pisse Vache.

Planus d’Alemo, XIIIe siècle, le Planot.

Pons de Eschayllone, XIVe siècle, Pont Rouge.

Porta, XVe siècle, la Porte.

Raterii, XIVe siècle, Ratier.

Nemus de Revest, XIIIe siècle, le Rivier.

Romani, XIVe siècle, les Romains.

Rovoyria villa, XIVe siècle, la Rivoire.

In Sagnetis, XVe siècle, les Sagnettes.

Saliconorum, XVe siècle, le Salidon.

In Sistieris, XIVe siècle, la Sestière.

La Souffy, XVIIIe siècle, le Suif.

La Traversa, XIIIe siècle, la Traverse.

El Tremoley, XVe siècle, le Tremoulet.

Villa, XIVe siècle, la Ville.  

Villaretus villa, XIVe siècle, le Villaret.

 

Autres indications :

 

Deux sites géologiques d’Allemond sont classés à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014 :

Ø  La faille de l’Eau d’Olle et les enclaves du Rivier d’Allemond, site d’intérêt tectonique de 10,5 hectares, classé 2 étoiles,

Ø  Le chevauchement de la route de la Traverse de 1 hectare, classé 2 étoiles.

 

L’enquête delphinale de 1339 fait état d’un habitat permanent, aujourd’hui disparu, au Coteysard d’Allemond, à 1335 mètres d’altitude.

 

Fonderie d’Articol qui eut son heure de gloire sous Louis XIV et Colbert dans le traitement du fer.

 

Mines des Challanches : en juin 1768, une bergère d’Allemond, en conduisant ses chèvres sur la montagne des Challanches, trouva une pierre où elle aperçut quelques filaments qui lui étaient inconnus. Elle la porta au maréchal ferrant du village qui la fondit. Il en résultat un petit culot où les orfèvres de Grenoble trouvèrent de l’argent. Les habitants du village se portèrent alors en nombre sur la montagne et il en résultat vite de graves accidents mortels. SCHREIBER, en l’explorant découvrit un bloc de roche d’argent vers 2000 mètres d’altitude.

Après diverses études de spécialistes, on construisit plus bas quatre corps de bâtiments. Celui de la fonderie, dont la tour subsiste, contenait trois grands fourneaux de fonte pouvant traiter au moins 300 quintaux de matière par mois. Cette fonderie fonctionna de 1771 à 1806. Le second bâtiment était celui du magasin à charbon et les deux derniers formaient les magasins et les logements pour les ouvriers. Une pièce en argent fut réalisée et offerte à Louis XVI.

La mine aurait livré 10 tonnes d’argent en 32 ans d’exploitation.

Johan Gontfried SCHREIBER : il est difficile de parler des Challanches sans l’évoquer. Né le 5 août 1746 à Bobershau près de Marienberg en Saxe, il fut admis en 1770 à la célèbre école des mines de Freiberg. Il est remarqué par le marquis d’Entraigue, ambassadeur de la France à la cour de Saxe chargé par le comte de Provence, futur Louis XVIII de rechercher un ingénieur très instruit pour exploiter les mines du bas Dauphiné. Schreiber arrive en France en 1777 et le comte de Provence le nomme tout de suite à la direction de la concession qu’il vient d’obtenir et de toutes les mines qu’il possède en Oisans. Sa clairvoyance et son ingéniosité le font réussir pleinement. Après la Révolution, il demeure attaché à la France malgré des offres intéressantes de pays étrangers et, en 1794, le Comité de Salut Public le nomme parmi les sept ingénieurs chargés de remettre en activité les mines françaises. En 1802, il est nommé ingénieur en chef. Louis XVIII le décore de la nationalité française et lui accorde la nationalité française. Il prend sa retraite à 78 ans avec le titre d’inspecteur général honoraire. Pendant les dernières années de sa vie à Grenoble, il retrouve ses anciens amis d’Allemond. Il s’éteint en 1827 à l’âge de 81 ans. On lui doit notamment d’avoir découvert l’axinite d’Auris en 1781, la phrénite de la Rivoire et le fer natif au-dessus d’Oulle en 1782. 

Ardoisières de la Perrière exploitées au XVIIIe siècle.

Mine de fer au sud de la Fonderie, dite mine des Arabes, exploitée à compter de 1781 mais sans doute antérieurement sous les Dauphins. LEGROS en fait remonter l’origine aux sarrasins (d’où le nom selon lui).

Mine de fer de Coteyssard, exploitée principalement aux XVIIe et XVIIIe siècles.

Mine de fer de Malpourchie sur les alpages du Rivier à 2050 mètres d’altitude.

A Articol, gisement de fer sphatique de 1659 hectares concédés en 1855.

Le York Mallory : le 14 novembre 1944 un Avro York de la RAF se retrouve, par suite d’une erreur de navigation par très mauvais temps dans le massif de Belledonne. Il neige, la visibilité est très mauvaise et la vallée pas très large. L’avion est porté disparu rapidement mais le lieu du crash est inconnu et l’avion ne sera retrouvé qu’à la fonte des neiges en juin 1945. Parmi les dix occupants de bord, figurait l’air chief Marshall Trafford Leigh Mallory, commandant en chef des forces aériennes sur toute l’Europe dès le débarquement en Normandie. Il était l’égal du général Montgomery pour les forces terrestres. Il a été inhumé avec son épouse et les huit autres occupants de l’avion au cimetière du Rivier d’Allemond. Une stèle a été érigée sur le lieu du crash à 2100 mètres d’altitude. Un petit musée retrace cette histoire au Rivier.

 

Auberge Giroutru Allemond déjà existante en 1458, perpétuée jusqu’à nos jours.

Hôtel restaurant Ginies dans les pavillons de la Fonderie.

Borne de propriété des chartreux à proximité du Pas de la Coche.

Four banal des Faures.

Moulin ancien de Ginies.

Centrale hydroélectrique de Bâton.

Lacs de la Sagne et de la Corne.

La cascade de Maupas est inscrite parmi les sites depuis 1941.

Au-dessus du village, excavation minée dite Trou des Sarrasins.

Site Natura 2000 de la plaine de Bourg d’Oisans et de ses versants (arrêté du 26 novembre 2005).

Lac et grand pic de Belledonne.

Lacs du Bœuf et du Bois.

Grande lance d’Allemond.

 

ZNIEFF de la partie nord de la plaine du Bourg d’Oisans.

ZNIEFF des lacs Robert et du Crozet.

ZNIEFF du massif des Grandes Rousses.

ZNIEFF de la forêt et pelouses du versant de la Pernière.

ZNIEFF du versant oriental du massif des Sept Laux.

ZNIEFF de la tourbière de Prabert.

ZNIEFF des alpages du versant oriental de la croix de Belledonne.

 

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