LA TERRASSE

 

(Canton du Moyen-Grésivaudan, ex canton du Touvet).

Forme ancienne : Sancti Apri au XIe siècle.

Gentilé : Terrassons.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3334 E

 

Superficie : 900 hectares.

 

Population (2015) : 2567 habitants.

 

Hagiographie :

 

Aupré, Apri, Aper ou encore Avre, honoré uniquement dans le Grésivaudan et en Maurienne. Originaire de Sens, il aurait obtenu de l’évêque Leporius un emplacement au bord de l’Isère pour y édifier au VIIe siècle un ermitage et un sanctuaire. 

Jean-Baptiste, cousin de Jésus à qui il donna le baptême dans le Jourdain. Décapité en 31. Il est représenté avec un agneau pascal.

Georges, prince de Cappadoce. Martyr à Lydda en 303. Son culte remonte à 368. Patron de l’Angleterre dès 800 et des cavaliers.

Marguerite, d’Antioche, martyre au IIIe siècle Une des voix de Jeanne d’Arc. Patronne des femmes enceintes.

Bernard, de Menthon, fondateur des hospices qui portent son nom. Mort en 1108, il fut canonisé dès l’année suivante. Patron des voyageurs.

 

Epoque gallo-romaine : passage de la voie romaine dite Chemin de l’Empereur, qui devrait son nom, selon PILOT, à Aurélien qui la fit sinon construire, du moins réparer et élargir en plusieurs endroits vers 273. Cette voie est encore très nette en plusieurs endroits : un chemin ancien qui part peu après la bifurcation du Carre, sur la droite de la N 90 qui lui est parallèle jusqu’à l’église vers Chonas ; en cet endroit la voie devait être bordée de tombeaux et de pierres funéraires ; peu après l’église, elle passe au sud des Grandes Mortes puis sous le lieudit Pré Villet sur le Touvet. 

La Terrasse a livré divers vestiges :

 

Ø  un autel conservé devant l’église avec inscription : « MERCVRIO / AVG(usto) / L(ucius) DIVIVS RVF(us) / EX VOTO / S(olvit) L(ibens) M(erito) » : « à Mercure Auguste, Lucius Divius Rufus avec reconnaissance, en accomplissement de son vœu ». Cette inscription a été classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1911.

Ø  En 1863, la réfection du clocher de l’église qui menaçait ruine a amené la mise au jour de deux larges pierres employées dans la maçonnerie qui cachaient deux belles moulures. On aurait également trouvé dans les fondations du clocher une brique en terre cuite, très large, avec inscription (non relevée) du fabricant et deux sarcophages de 2 mètres sur 0,60 mètre.

Ø  Face à l’église, croix ancienne dont le fût pourrait être une colonne antique.

Ø  Au Bourg, dans la propriété de la Sécurité Sociale, inscription conservée : « POMPEIA / L(ucii) FIL(ia) / SEVERA / T(estamento) P(oni) I(ussit) » : « Pompéia Severa, fille de Lucius, en exécution de son testament a fait ériger (ce monument) ».

Ø  Dans la propriété Chatelain au hameau de Chonas des vestiges de voie romaine seraient visibles par temps de sécheresse.

 

Ø  A ce même hameau, on aurait trouvé au XIXe siècle des tombeaux, des pierres funéraires et des sarcophages. L’un de ces sarcophages servait, en 1843, de bassin dans une propriété. En 1981 on a découvert sur ce site un établissement rural avec du mobilier céramique du IIe siècle : fragments d’amphores et céramiques.

Ø  Toujours à Chonas subsisterait la rampe d’un petit port gallo-romain sur l’Isère.

Ø  Selon J. BRUNO, emplacement de grande ferme gallo-romaine qui joignait la Terrasse au Touvet.

 

Haut Moyen Âge : divers vestiges sont connus :

 

Ø  Dans les murs de l’ancienne église on a découvert au XIXe siècle une inscription paléochrétienne : « HIC REQVIESCIT B(o)N(ae) / M(e)M(oriae) IOANNIS ET I(onnis) / DEVALENTIA (q)VI VIXIT ANNO XIIII OBIIT / IN PACE VIII ID(us) IVLI(ias) SYMMA(co) / ET / BOETIO V(iris) C(larissimis) CON(sulibus) » : « ici repose Ionnis de Valentia, de bonne mémoire, qui vécut 14 ans. Il est mort en paix le 8 des Ides de juillet, sous le consulat de Symmaque et de Boèce, clarissimes (inscription perdue).

Ø  Saint Aupré, originaire de Sens, aurait obtenu de l’évêque Leporius un emplacement au bord de l’Isère, sur le domaine de la Villa Miliciacum dans le pagus de Grenoble. Il y aurait établi au VIIe siècle un ermitage et élevé un sanctuaire dédié à Saint Nazaire avant de mener une vie érémitique tout en assurant dans un petit hospice la charité.

Ø  Les fouilles de 1883, lors de la démolition du clocher de l’ancienne église amenèrent la découverte des substructions d’une église peut être antérieure à la fin de l’époque burgonde.

Ø  Selon PILOT, l’église de la Terrasse aurait été reconstruite au moyen âge sur l’emplacement et avec les matériaux de l’église primitive de Saint Aupré du VIIe siècle, elle-même édifiée sur un édifice gallo romain (temple ?).

Ø  Dans les fondations de l’église actuelle on a découvert deux sarcophages monolithes du VIIIe siècle.

Ø  En 1981, l’ouverture d’une tranchée a révélé une sépulture du IXe siècle.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Aupré : elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sancti Apri et dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia de Terrassia, dépendance du chapitre de la cathédrale Notre Dame. L’église actuelle est un bel exemple d’église traditionnelle à clocher porche. A l’intérieur son style n’est pas homogène. La nef est plafonnée avec une tribune au dessus de l’entrée. A droite elle est flanquée d’une chapelle récente. Sous le plancher, devant l’entrée, il y aurait des pierres tumulaires. A gauche, elle est flanquée d’un bas coté qui semble être du XVIIIe siècle.

Le transept se compose d’un berceau brisé flanqué de deux chapelles séparées de la nef par un doubleau non brisé. A droite et à gauche des baies plein cintre ouvrent sur les chapelles du transept. Ces chapelles sont voûtées d’arêtes renforcées par des arcs diagonaux. La clé de voûte est ornée d’un blason. Le chœur est voûté sans croisée d’ogives. A gauche il est éclairé par une fenêtre géminée.

Sur le coté droit, un placard aménagé dans la boiserie laisse apparaître un grand bassin de pierre de forme rectangulaire large d’environ 60 centimètres. Est-ce le tombeau reliquaire de Saint Aupré dont la paroisse de la Terrasse, selon les procès verbaux de visites pastorales de Laurent Alleman conservait le corps entier ou une piscine ? Le clocher a été refait en 1864 dans le style roman. Egalement à l’intérieur toile « Ecce homo » du XVIe siècle, classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1908.

L’église et ses abords ont été inscrits au titre des sites en 1944.

 

Eglise Saint Julien mentionnée dans un acte du 9 juin 1295.

 

Maison forte de l’Evêché dite Cellier de l’Evêque : construction du XIVe siècle, bien conservée, ancienne dépendance des évêques de Grenoble. Elle est située en bordure du chemin du Carre, à proximité de son intersection avec la route de la Terrasse à Saint Bernard du Touvet.

 

Hôpital : il est cité dans le pouillé de 1497 : Hospitale de Terrassie fundatum per Aymarum Mayachii.

 

Le même pouillé mentionne diverses chapelles :

 

Ø  capella Sancti Johannis Baptiste,

Ø  capella Sancti Georgii,

Ø  capella Sancte Margarite,

Ø  capella Sancte Crucis, unie à la cure,

Ø  capella Sancti Berrnardi, sur la tribune.

 

Chapelle du cimetière de Chonas.

 

Chapelle du Carre, construite en 1883 et rénovée en 1996.

 

Croix de chemin à Chonas au bord de l’ancienne voie romaine.

 

Châteaux :

 

Chäteau delphinal : il est cité dès 1232 et était situé un peu au dessus du village actuel, sur la route qui conduit à Montabon. C’était au XIIIe siècle un bâtiment considérable bien qu’il eût à souffrir à plusieurs reprises des attaques des Savoyards. A la fin du XIIIe siècle, Béatrix de Faucigny reçut ce château des mains d’Eymeric de Briançon pour 3000 sols. En 1339 il se composait d’une enceinte circulaire, de deux tours rondes t d’une grande salle avec quatre cheminées et autres fenestrages. L’enquête papale de la même année lui attribue 178 feux.

 

Château Chansonnard : château médiéval dont les ruines subsistent dans le ravin du Carre.

 

Château Floquet : au Carre. Edifice du XIVe siècle très remanié au XIXe siècle.

 

Maison forte du Carre dite Château Artru : elle conserve un portail d’enceinte qui s’ouvre sous un mâchicoulis et une tour ronde.

 

Château du Carre : il appartenait à la famille de Sautereau dont le plus ancien membre connu, Jean de Sautereau, combattit à la bataille de Verneuil en 1424. La partie la plus ancienne, les deux tours et le bâtiment du nord-ouest, remonte aux XIVe et XVe siècles. Sur la cour les ouvertures sont rares. Le bâtiment nord est, avec sa seule tour, sa toiture à haute pente, ses murs moins hauts et ses fenêtres à meneaux est du XVIIe siècle. Dénommé autrefois « le Berlioz », ce château appartenait au XVIIe siècle à Antoine de Chaulnes. La demeure revint aux Sautereau par alliance en 1661. Le château et ses terrasses ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1995.

 

Maison forte de Burlet mentionnée en 1655.

 

Au Mas de l’église, ancienne demeure des XVIe et XVIIe siècles aujourd’hui ferme, édifiée à l’emplacement d’une maison forte. On remarque quelques encadrements de portes et des fenêtres à meneaux. La demeure fait partie du site inscrit de l’église.

 

Château disparu de Villeneuve.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

El Boclet, XIVe siècle, le Bouchet.

Calcem Terracie, XIIIe siècle, le Château.

Mans Carrelorum, XVe siècle, le Carre.

Chonasium, XVe siècle, Chonas.

Gleriis, XVe siècle, les Glières.

Gorgia, XIVe siècle, la Gorge.

Mons Albonum, XIVe siècle, Montabon.

Apud Mortas, XIVe siècle, les Mortes.

Mura villa, XIIIe siècle, la Mure.

Prat, XIVe siècle, le Prayer.

Ulmum, XIVe siècle, l’Orme.

El Vorzey, XIVe siècle, Vorze.

 

Autres indications :

 

Mistralie mentionnée dans un acte du 21 août 1307.

Dans le village, anciennes demeures du XVe au XVIIIe siècles, dont l’une avec une tour ronde conservant un escalier en vis et une autre avec une porte d’entrée portant la date de 1668.

Rue de la Voûte, maison avec fenêtre à meneau.

512 rue de Savoie, porte avec linteau en accolade.

546 rue de Savoie, demeure d’origine médiévale avec haute tourelle d’escalier et fenêtres surmontées de linteaux à arbalètes.

Maison des Villeneuve du XVIIe siècle.

Vieilles demeures au hameau de Chonas.

Borne de 1750.

Ancienne magnanerie.

La propriété occupée actuellement par la Sécurité Sociale était au XIXe siècle un établissement thermal captant la source des Combettes dont l’eau bicarbonatée calcique permettait de soigner les affections digestives et les maladies de la peau.

L’Atelier Tournesol a recensé un cadran solaire.

 

Commune du Parc Naturel Régional de Chartreuse.

ZNIEFF du massif de la Terrasse.

ZNIEFF des balmes et falaises orientales de la Chartreuse.

ZNIEFF des versants méridionaux de la Chartreuse.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.

ZNIEFF des boisements alluviaux de l’Isère de Pontcharra à Villard Bonnot.

Lac de la Terrasse.

 

Bibliographie :

 

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Site Internet : bornes.fapisere

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