SAINT-ISMIER

 

(Canton du Moyen-Grésivaudan, ex canton de Saint-Ismier et chef-lieu).

Forme ancienne : Sancti Himerii au XIe siècle.

Manival sous la Révolution.

Gentilé : Ismériens.

Héraldique : au premier d’or à un saint d’argent adextré de la lette S et senestré de la lettre I, au deuxième d’azur à trois monts d’argent, au troisième d’azur à une grappe de raisin, au quatrième d’or à un dauphin d’azur (moderne).    

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3134 E

 

Superficie : 1490 hectares.

 

Population (2015) : 6857 hectares.

 

Hagiographie :

 

Ismerii, Imerius, Hymerius, Ismerius, ermite du Jura Suisse, vers 635, fondateur du monastère Saint Imier dans le Jura Suisse. 

Philibert, premier abbé de Jumièges en 654 dont les reliques sont conservées à Tournus.

Catherine, d’Alexandrie, qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée. Martyre en 305 sous Maximin Daïa. Patronne des filles à marier.

Marie Madeleine, pêcheresse convertie par Jésus. Selon la légende du XIIe siècle,

Elle aurait fini sa vie dans une grotte de la Sainte Baume. Elle est vénérée à Vézelay.  

 

Préhistoire : quelques vestiges sont signalés :

 

Ø  le Manival fut dès les temps préhistoriques une voie de pénétration à l’intérieur du massif de la Chartreuse,

Ø  le sentier qui va de Saint Ismier au Col de la Faita comporte de nombreux abris sous roche. Pré de l’un d’eux on a découvert une hache en pierre d’époque néolithique,

Ø  au lieudit l’Eboulement, en 1896, on a découvert une hache polie d’époque néolithique,

Ø  un mégalithe, haut d’environ 90 cm a été vu dans un champ en 1965 entre Saint Ismier et Saint Nazaire, par A. BOCQUET

 

Epoque gallo-romaine : selon J. BRUNO la grande ferme gallo-romaine couvrait la superficie de l’actuelle commune. L’une des ses aberrances, dite des Lombards était située à l’entrée de la gorge du Manival.

La voie de Grenoble aux Alpes Graies traversait la commune.

Le lieudit Charvinières pourrait découler d’un patronyme gaulois romanisé : Carvus (domaine de).

Au lieudit la Bâtie on a découvert vers 1880 quelques coffres en tegulae.

 

Haut Moyen Âge : divers vestiges sont connus :

 

Ø  selon la tradition, Saint Imerius (ou Humerius), moine du diocèse de Bâle aurait fondé en cet endroit un monastère au VIIe siècle, autour duquel se serait formé le bourg qui porte son nom,

Ø  le testament d’Abbon de 739 mentionne une colonica in Glisione prope de Arcia  : J. MARION hésite entre Ars sur le Pin et Arces de Saint Ismier.

Ø  au lieudit Notolet ou Pipacon, la découverte fortuite d’une quinzaine de sépultures en coffres de tegulae par H. MULLER en 1897 a conduit à présumer l’emplacement d’une ancienne église dont il aurait vu quelques vestiges,

Ø  à la Bâtie, une nécropole du Moyen Âge a été découverte,

Ø  emplacement de motte castrale à la tour d’Arces,

Ø  une seconde motte de 30 mètres sur 15 mètres a été localisée au lieudit les Autarels.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint hymer (aujourd’hui Saint Philibert) : elle est mentionnée dès 1070 puis citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sancti Himeri. Le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 indique : ecclesia Sancti Ysmerii du patronage de Saint-Martin-de-Miséré. Elle comprenait deux chapelles : capella Beate Catherine » et capella Sancti Crucis. Elle possède toujours un beau portail en pierre de molasse du XIe siècle à deux voussures. Les quatre colonnettes sont surmontées de chapiteaux romans archaïques où figurent sirènes à deux queues et pampres. L’intérieur se compose d’une nef unique. Le chevet plat avec ses deux baies muettes est plus étroit que la nef.

Le portail a été classé monument historique en 1908.

L’église conserve :

-       une cloche de 1541 classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963,

-       un tableau du Christ au Mont des Oliviers de la fin du XVIIe siècle (même classement en 1992).

 

Chapelle castrale Saint Catherine de la Tour d’Arces. Ses substructions sont toujours visibles.

 

Maladrerie de Corbone citée dans le pouillé de 1497 : maladeria de Corbonando avec sa chapelle à Sainte Marie Madeleine.

 

Dans le parc de la mairie, statue de la Vierge à l’Enfant de 1779 sur le modèle de celle du Puy.

 

Chapelle Notre-Dame-de-la-Vallée, édifiée en 1865 par le maréchal Randon dans son domaine. C’est un édifice en forme de marabout, surmonté d’une croix, d’architecture arabe à connotation romano byzantine. Au dessus de la porte d’entrée figurent un écusson aux armes du maréchal Randon. L’édifice a été labellisé « Patrimoine en Isère » en 2011.

 

Croix devant l’église.

 

Châteaux :

 

Tour d’Arces : au dessous de la muraille du Saint Eynard, vestiges de la Tour d’Arces, donjon carré de 25 mètres de hauteur percé de petites fenêtres et restes d’une tour ronde, des remparts avec porte ogivale et le souvenir d’une triple enceinte qui se conformait aux irrégularités du rocher. Une association patrimoniale restaure peu à peu les lieux. Le lieu est cité dès le XIe siècle : loco qui dicit Arcis. Le premier possesseur connu semble être Louis d’Arces vers 1180.

Ici naquit en 1475 (ou peut être à Biviers) Antoine d’Arces que l’on a appelé « le dernier chevalier errant », resté célèbre dans les chroniques de chevalerie sous le nom de « chevalier blanc », en raison du surcot blanc qui recouvrait son armure. Il pérégrina en Espagne et au Portugal puis en Ecosse où l’ambiguïté des sa relation avec la reine Marguerite Tudor, épouse du roi Jacques lui vaut d’être expulsé. De retour sur ses terres il se marie avant de repartir avec Bayard pour guerroyer en Italie. Il retourne alors en Ecosse où il devient Lieutenant Général de Jacques 5, c'est-à-dire vice roi d’Ecosse. Il est assassiné en 1517. Son corps ramené en France, il est inhumé dans la chapelle d’Arces du prieuré de Domène.

Les armes de la famille d’Arces étaient d’azur au franc quartier dextre d’or et leur devise « le tronc est vert et les feuilles sont arses ».  

 

Maison forte de la Bâtie Champrond ou Bâtie d’en Bas : au sud de Saint Ismier, près de l’Isère, construction conservant l’aspect d’une forteresse médiévale. Une grosse et belle tour, assise sur des fondations en pierres de taille, s’élève à l’entrée du domaine comme pour en défendre l’approche. Elle est citée dès le début du XIIe siècle : in campo rotondo nominatur bastidas et au XIIIe siècle, Bastida campi Rotundi. La Bâtie appartenait en 1250 à la famille Alleman puis à celle d’Avallon en 1305, aux Commiers en 1362 et aux Sassenage en 1490. En 1714 c’était une ferme de rapport des hospitaliers de Saint Jean de Dieu de Grenoble. Elle devint propriété de l’hôpital de Grenoble après la révolution.

 

Maison forte de François Vachier : elle est citée en 1339 comme fief de la terre de Montbonnot.

 

Maison forte des Prats mentionnée au XIVe siècle (non localisée).  

 

Maison forte du Clos Saint Pierre : citée dès le XVe siècle, elle a conservé une porte du XVIIe siècle à panneaux cloutés.

 

Château Randon : grande demeure ayant appartenu général d’empire Jean Gabriel Marchand, Lieutenant général, comte de l’Empire au début du XIXe siècle. Ses armes étaient écartelées au premier d’azur, à l’épée haute en pal d’argent croisée d’or, aux deuxième et troisième d’hermines plein et au quatrième d’azur à trois épis de seigle d’or.

A sa mort, le 12 novembre 1851, le château passa à son neveu, le maréchal Randon qui fut ministre de la guerre et gouverneur général de l’Algérie qui conserve son tombeau ainsi que celui du général Marchand.

 

Lieudit Château Brandon.

 

Architecture civile :

 

Demeure du Servage d’époque renaissance.

Demeure du Millet du XVIIe siècle avec des fenêtres à meneaux.

Maison des Biligillon du XVIIe siècle.

Ancienne demeure Félix Faure du XVIIIe siècle mais dont l’origine remontait au XVIe siècle, aujourd’hui mairie.

Ancienne propriété de Montal, du XVIIIe siècle, aujourd’hui Clos Saint Vallier.

Mémorial du Doyen Gosse de Manival aménagé dans un ancien four à chaux (site inscrit en 1946) et labellisé « Patrimoine du XXe siècle de l’Isère » en 2003. 

 

Hameaux, mas et lieudits anciens

 

Arciis, XIe siècle, Ars.

Aucipit, XVe siècle, les Fialieres.

Balgirs, XIIe siècle, Bougie.

Pratum Bapticquo, XVIe siècle, chemin de Bacoti.

Ad Boeys, XIVe siècle, les Bouts.

Borrelieres, XIVe siècle, la Bourcelière.

Dom de Camera, XIVe siècle, la Chambre.

Chalvineres, XIVe siècle, Charvinière.

Choma villa, XIVe siècle, le Crêt du Chaume.

Enjouduorum, XIVe siècle, les Anjoudrouts.

Fabrica, XIVe siècle, la Faurie.

Fialleres villa, XIVe siècle, les Fialières.

Mansum, XIVe siècle, le Mas.

Cabanaria Martinon, XIIe siècle, la Martinionière.

De Massona, XVe siècle, Massons.

Mayssinum villa, XIVe siècle, les Massons.

Mans Poleti, XIVe siècle, Poulatière.

Mans Polluei, XIVe siècle, les Poulets.

Rigauderias, XIVe siècle, Rigaudière.

Rivef, XIIIe siècle, le Rivet.

Rosa, XIVe siècle, Rozat.   

Velleteres, XIVe siècle, Villatière.

Villa nova, XIVe siècle, Villeneuve. 

 

Autres indications :

 

Le torrent de Manival avec ses ouvrages de correction torrentielle est un site géologique remarquable de 69,18 hectares, en partie sur la commune, classé 2 étoiles à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014.

Maison de Pierre Morgeri mentionnée dans un acte du 20 décembre 1306.

Dans le quartier de l’église et dans le haut de Saint Ismier, des demeures ont conservé des vestiges architecturaux des XVe, XVIe et XVIIe siècles.

Fontaine Berjon du XVIIe siècle.

Borne royale du XVIIIe siècle au n° 959 route départementale 1090 avec inscription : « du n° 13 au n° 14, 1320 toises à l’entretien de Saint Ismier ».

Borne de corvée en remploi chemin de Pagronnière, avec inscription : « MONTBON/OST STMA/RTIN DE / MISERE/ 660 TO ».

Cadran solaire avec inscription : « en traversant le Dauphiné avec l’ombre je marquerai ».

Autre petit cadran solaire relevé par A. FAVOT à la maison Masson (petit cadran sur ardoise).

A la caserne des pompiers sont conservés :

- 2 tabliers de sapeurs et une paire de gants de 1858,

- 26 casques de pompiers du XIXe siècle,

- ancienne pompe à incendie de 1853,

le tout inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 1990.

Commune du Parc Naturel Régional de Chartreuse.

Espace Naturel Sensible du Bois de la Bâtie.

Site classé du massif du Saint Eynard, en partie sur la commune en 2005.  

ZNIEFF des versants méridionaux de la Chartreuse.

ZNIEFF du lieudit le Moulin.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.

ZNIEFF des gorges du Manival.

ZNIEFF du versant méridional du Saint Eynard.

ZNIEFF de l’ancienne boucle de l’Isère au bois français.

 

Bibliographie :

 

Regeste dauphinois n° 2049, 2351, 2747, 2751, 2787, 9891, 16976, 29861, 29867

Regeste complémentaire n° 4163, 4634

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