LAVAL-EN-BELLEDONNE

 

(Canton du Moyen-Grésivaudan, ex canton de Domène).

Forme ancienne : Vallis au XIIIe siècle.

Par décret du 26 février 2020, la commune de Laval devient Laval-en-Belledonne.

Héraldique : de gueules semé de fleurs de lys d’or à la bande d’argent brochant sur le tout (armoiries de la famille Alleman).  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3334 E

 

Superficie : 2533 hectares.

 

Population (2015) : 988 habitants.

 

Hagiographie :

 

Etienne, premier martyr chrétien, lapidé en 35 sous les murs de Jérusalem. Il est représenté avec une pierre.

Gertrude, la Grande, vierge moniale en Saxe, morte en 1301.

Catherine, d’Alexandrie, qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée. Martyre en 305 sous Maximin Daïa. Patronne des filles à marier.

Hugon, Hugues de Châteauneuf, évêque de Grenoble de 1080 à 1132.

Saturnin, apôtre du Languedoc, martyr à Toulouse vers 250.

Anne, mère de la Vierge. Elle est représentée avec sa fille dans les bras. Patronne de la Bretagne.

Barthélemy, l’Apôtre, martyr au Moyen Orient. Patron des bouchers, il est représenté avec un couteau.

 

Protohistoire : le Chemin du Lautaret conduit au lieudit Beldina dans lequel J. BRUNO voit une zone cultuelle gauloise.

G. de GALBERT pense que la voie du Pas de la Coche est celle suivie par Hannibal en 218 avant notre ère.

Selon A. PLANK des « poteries celtes » auraient été récupérées au lieudit Culatre. Mais on ignore où cet auteur puise ses sources.

 

Epoque gallo-romaine : on a découvert un petit bronze de Magnence en un lieu non précisé (en collection privée). PLANK indique, sans sources, que l’on aurait également trouvé une monnaie d’Antonin et une de Constantin.

Une voie antique est présumée au Pas de la Coche. Cette voie est la seule permettant de franchir le massif de Belledonne pour joindre le Grésivaudan à l’Oisans. Elle n’est pas mentionnée sur les itinéraires antiques et peu par les auteurs et les vestiges archéologiques sur son tracé sont ténus, sauf dans la section Prabert Pas de la Coche. Vers le Habert du Muret, un pavage irrégulier subsiste. Néanmoins, le Pas de la Coche qui permet cette jonction est très souvent mentionné dans les comptes de châtellenie médiévaux et la circulation locale semble avoir été importante.

ROUSSILLON pensait à une jonction directe de la voie de l’Oisans à celle de la vallée de l’Isère et FERRAND voyait dans cette voie « authentiquement romaine » selon lui un compendium qui rejoignait la voie principale des Alpes Graies. Selon ALLIX cette voie était constamment fréquentée par la circulation locale et souvent mentionnée dans les comptes de châtellenie. PILOT pense que c’est par cette voie que César serait entré dans les Gaules.

Lieudit le Lautaret où J. BRUNO situe un probable site cultuel. On notera également un lieudit Trois Fontaines.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Etienne : elle est citée dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia vallis Sancti Stephani, comme dépendance du chapitre cathédral de Grenoble. L’édifice date du XIIe au XIVe siècles. C’est le cas notamment de la chapelle dite des Alleman, contiguë à l’église, construite à la fin du XIVe siècle par Jean Alleman, seigneur de Laval. Elle renferme une remarquable peinture murale dite de « la Vierge au manteau », exécutée vers 1450. Elle occupe toute une paroi de la chapelle. Au centre de l’arc roman qui la limite, la Vierge déploie son large manteau doublé d’hermine. De petits personnages s’y abritent, en rangs serrés et se serrent contre elle, montant jusqu’à hauteur de ses genoux. De cette confuse multitude se dégagent, à chaque extrémité, les profils les plus nets du fondateur, de sa femme et de ses enfants. Hors du pli, les deux saints titulaires sont debout : à gauche Saint Jacques et à droite Sainte Catherine.

L’église possédait également une chapelle dédiée à Saint Barthélemy, fondée au XVe siècle dont il ne reste que l’arcade d’entrée prise dans le gouttereau nord de la nef et une autre chapelle vouée à Sainte Anne, citée dès 1488.

L’église en totalité est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques (2009) à l’exception de la chapelle des Alleman classée monument historique en 2010. La fresque est également protégée au titre des objets mobiliers classés depuis 1956 (nouvel arrêté en 1993). L’église conserve également :

 

Ø   un crucifix de la période 1455 – 1477, classé monument historique au titre des objets mobiliers en 1956,

Ø  une cloche en bronze de 1463, classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1911,

Ø   un Christ en croix du XVIe siècle classé monument historique au titre des objets mobiliers en 1963,

Ø   une statue de Saint Etienne en bois taillé du XVe siècle inscrite à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 2007.

 

Chapelle Sainte Gertrude de Prabert : elle a été construite par une princesse de Savoie qui aurait été sauvée miraculeusement en ce lieu. Elle conserve une cloche du XVe siècle, classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963.

 

Le pouillé de 1497 cite plusieurs chapelles :

 

Ø  capella Sancti Jacobi,

Ø  capella Sancte Catherine,

Ø  capella Sancti Hugon

Ø  capella Sancti Saturnini,

Ø  capella Sancte Anne,

Ø  capella Sancti Bartholomei.  

 

Lieudit la Maladière, ancienne maladrerie probable.

 

Lieudit la Croix des Didier citée en 1260 : cabaneria de cruce disderiorum .

 

Châteaux :

 

Tour de Montfollet (ou Montfalet) : elle commande un large point de vue couvrant toute la combe de Laval et toute la vallée de l’Isère. C’est une construction massive de forme quadrangulaire de 8 mètres sur 7,60 mètres avec trois meurtrières archaïques, bâtie en pierres non appareillées. L’épaisseur des murs à la base est de 8 mètres. L’origine de la tour est incertaine et bien que sa construction s’apparente au XIIe ou au XIIIe siècles certains auteurs parlent encore de tour sarrasine. Une famille de Montfollet est mentionnée par deux textes du XIIe et du XIVe siècles. La tour est inscrite à l’inventaire des monuments historiques depuis 1937.

 

Maison forte de Laval : elle est citée en 1249.

 

Maison forte de Commiers, disparue.

 

Maison forte du Mollard : Humbert de Laval, possesseur de cette maison forte, en fit hommage au comte Amédée le 14 mars 1309. En 1382, Jean Alleman en fit hommage au dauphin.

 

Château de Gordes : il est cité au XIIIe siècle : bastida de Vallis Sancti Stephani. Le porche d’entrée et ses tours rondes semblent avoir été conservés tels qu’ils étaient, aux XVe et XVIe siècles. Dans cette demeure naquit Hélène Alleman, mère du chevalier Bayard et, un siècle plus tard, Bertrand Simiane, baron de Gordes et lieutenant général du roi en Dauphiné.

 

L’enquête papale de 1339 attribue 185 feux à Laval.

 

Château de la Martelière : à l’entrée du village, massive construction avec plusieurs tours dont l’origine semble remonter au XVe siècle. Au siècle suivant c’était la demeure de la conseillère de la Martellière, dame de Laval.

 

Mas du Palais dit le Château, construit en 1888. Il possède un beau pigeonnier en bois.

 

Mas et lieudits anciens :

 

Altaretum, XVe siècle, Lautaret.

Boteria, XIIIe siècle, la Boutière.

Les Carnivas, XVIIIe siècle, le Carnival.

Les Chabottes, XIIIe siècle, la Chabotte.

Claperii, XVe siècle, les Claperts.  

Combetta, XVe siècle, la Combette.

Mans de Costis, XIIIe siècle, les Cotes.  

Fuserio, XIIe siècle, le Fuzier.

Mans de Larra, XIIIe siècle.

Martinetum, XVe siècle, le Martinet.

Pratum Adalberti, XIIe siècle, Prabert.

Bordaria S. Berolfi, XIIe siècle, le Berot.

Seyta, XVe siècle, la Scie.

Vallis Gelada, XIIe siècle, Vaugelas.

Yvadalberii mans, XIIe siècle, Prabert.   

 

Autres indications :

 

Mines de fer de Crop exploitées dès le XVIe siècle.

Maison du Fausey, pittoresque et typique, du XVIIIe siècle.

Dans le village, portes du XVIIe siècle et demeure conservant une fenêtre à meneau, en partie bouchée.

Habert du Muret de fondation ancienne.

Le Pas de la Coche est le seul col qui apparait sur la carte du Grésivaudan de J. de Beins de 1619.  

Lieudit le Martinet vers l’ancienne mine de la Boutière, découverte ou redécouvert au XVIIIe siècle.

Mines d’anthracite de la Boutière.

Centrale hydroélectrique de Haut-Laval construite par Aristide Bergès.

Lavoir ancien.

Travail ou détré de 1930 à la Boutière.

Lavoir du Bourg.

 

ZNIEFF des contreforts occidentaux de la chaine de Belledonne.  

ZNIEFF du col des Mouilles.

ZNIEFF de la tourbière de Prabert.

ZNIEFF du massif de Belledonne.

ZNIEFF des pelouses sèches de Sainte-Agnès.

Arrêté de biotope de la tourbière de Prabert du 31 janvier 2019.

 

Bibliographie :

 

Archives départementales de l’Isère : B 3353 f° 14, 4 G 265 f° 346

Regeste dauphinois n° 7134, 12619, 15247

Regeste dauphinois supplémentaire n° 4244

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BERRIAT de SAINT PRIX : annuaire statistique du département de l’Isère, 1809

J. J. A. PILOT : histoire de Grenoble et des environs, 1829

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U. CHEVALIER : Inventaire des archives des dauphins à Saint André de Grenoble en 1277, 1871, n° 33

J. D. ROUSSILLON : étude nouvelle et complète de la voie romaine de l’Oisans, 1878

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