CROLLES

 

(Canton du Moyen-Grésivaudan, ex canton du Touvet).

Forme ancienne : Crolle au XIe siècle.

Gentilé : Crollois.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3334 E

 

Superficie : 1420 hectares.

 

Population (2015) : 8345 habitants.

 

Hagiographie :

 

Aupré (Aper ou Avre), honoré seulement en Grésivaudan et en Maurienne. Originaire de Sens, il avait obtenu de l’évêque Leporius un emplacement au bord de l’Isère pour y édifier un ermitage et un sanctuaire (à la Terrasse).

Pierre, premier des apôtres et premier pape. Crucifié à Rome en 67 à l’emplacement de la basilique qui porte son nom.

Sulpice, évêque de Bourges en 583. Biographe de Saint Martin.

Christophe, de Lycie, martyr sous Dèce vers 250. Patron des voyageurs.

Antoine, anachorète de Thébaïde au IVe siècle dont les reliques furent ramenées à la Motte-Saint-Didier, devenue Saint-Antoine.

Sébastien, martyr à Rome en 288. Patron des archers, il est représenté le corps criblé de flèches.

François, d’Assise, fondateur de l’ordre des Franciscains en 1209. Il est représenté en haillons.

Claude, évêque de Besançon au VIIe siècle et fondateur de l’abbaye de Condat, devenue Saint Claude.

Théodule (Théodoli), enfant martyr au IIIe siècle.

 

Protohistoire : des fouilles préventives préalables à l’aménagement d’un écoquartier ont livré en 2018-2019 un tumulus de l’âge du Bronze. Il demeurait la base d’un tertre de 13,50 m de diamètre et une sépulture avec une épingle, une pendeloque annulaire, différents anneaux et un rasoir.

 

Epoque gallo-romaine : la voie des Alpes Graies traversait la commune : c’est le Chemin de l’Empereur. Il existe toujours un Chemin de la Grande Vie, jalon de cette voie ainsi que la croix de Saint Aupré.

Selon P. H. BILLY, le nom de la commune proviendrait du patronyme Crollus (domaine de). Divers vestiges sont connus :

 

Ø  sur un site non précisé on a mis au jour, à la fin du XIXe siècle, des urnes funéraires, des ex-voto en plomb dont l’un avec l’inscription : « M(arcus) RVF(ius) MARCIAN(us) (ex) V(otum) F(ecit) : « Marcus Rufus Marcianus a fait le vœu » (Musée Dauphinois n° 34.56.51) (une inscription semblable a été trouvée à Uriage à moins que celle-ci n’en provienne), un support de lampe à huile, une anse en bronze du Ier siècle (M. D. 34.24.78), deux urnes en verre (M. D. 34.2378 1 et 2) et un fragment de corniche,

Ø  emplacement supposé d’une grande ferme gallo-romaine dont la majeure partie aurait été située en contrebas de la N 90 actuelle ; la villa centrale aurait pu se situer au niveau du village,

Ø  emplacement possible d’une autre ferme aux Meylons,

Ø  en plusieurs endroits de la commune, des traces d’habitat auraient été repérées,

Ø  les fouilles de 2018-2019 ont également livré, sur le site de l’écoquartier, trois ensembles funéraires du Ier au IIIe siècle comprenant un pot et un plate en céramique allobroge, un gobelet à anse, de gobets en céramique fine et un petit pot en céramique commune. Les denrées présentes dans ces pots servaient au bûcher funéraire : raisin, noix, noisettes, blé, lentilles, pêches, cerises, prunes…

 

Haut Moyen Âge : le socle de la croix dite de Saint Aupré serait l’autel sur lequel le saint célébrait ses messes. Cette pierre, utilisée par la suite dans une digue de l’Isère, aurait été récupérée et utilisée comme piédestal de la croix.

En 2007, rue Jean Jaurès, on a découvert plusieurs sépultures en coffre de dalles sans mobilier des VIe, VIIIe siècles.

A Montfort, emplacement possible de motte castrale.

 

Edifices religieux :

 

Ancienne église Saint Pierre : elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sancti Petri de Crolle et dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Petri de Crollis, dépendance du chapitre cathédral de Grenoble.

 

Abbaye Sainte Marie des Ayes : elle fut fondée en 1141 par Marguerite de Bourgogne, épouse de Guigues IV. Selon son vœu, elle y fut inhumée le 6 février 1163. L’abbaye, de l’ordre des cisterciens, fut très prospère jusqu’au milieu du XIVe siècle. Le pape Adrien IV l’avait pris sous sa protection dès 1155. Elle comprenait le logis abbatial, des dortoirs, un réfectoire, une église, trois chapelles et un moulin. Elle est citée dans le pouillé du dicoèse de Grenoble de 1497 : venerabile monasterium monialum Ayarum ordici Cisterciensis. Les Ayes connurent alors un déclin puis des dévastations vers 1650 et les ravages d’un incendie total le 25 avril 1648. Sous l’abbesse Espérance de Girard de Saint Paul (1659-1690) les édifices du monastère furent en grande partie restaurés et, notamment, l’église. A la révolution les bâtiments furent vendus et peu à peu démolis. Les stalles de l’église, du 15ème siècle, ont été replacées dans l’église de la résurrection du Christ rue Voltaire à Grenoble. Seuls subsistent aujourd’hui le logis abbatial du XVIIe siècle inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1990.

Dans les murs d’une partie de ce logis ont été retrouvés six chapiteaux provenant du cloître du XIIe siècle. Ils sont conservés dans l’actuelle propriété.

 

Monastère Saint Sulpice de Montfort : la tradition a toujours indiqué qu’il existait au lieudit Saint Sulpice un monastère dont l’histoire n’est pas connue. On aurait découvert sur le site des traces de murs et des objets pieux : bénitier, crucifix, éteignoirs…

 

Chapelle castrale de Montfort mentionnée dans un acte du 3 mai 1306.

 

Hôpital : l’hospitale de Crollis est cité dans le pouillé de 1497.

 

Le même pouillé cite plusieurs chapelles :

 

Ø  capella Beate Marie de Pielate et Sancti Christoforii fondée par Amblard Chastaigni,

Ø  capella Sanctorum Anthonii et Sebastiani,

Ø  capella Sanctorum Francisci et Glaudii fondée par Pierre Perrardi

Ø  capella Sancte Crucis supra tribunam de la présentation du prieur de la Confrérie du Saint Esprit.

 

Il cite enfin la mistralia de Crollis.

 

Eglise Saint Pierre : elle a été reconstruite au XVIIe siècle sur l’emplacement de l’église primitive. Mgr Le Camus disait que cette église était la plus belle de la campagne de son diocèse. Sur le bénitier de la porte latérale est gravée la date de 1648. Elle conserve deux garnitures d’autel du XVIIIe siècle comprenant chacune une croix et six chandeliers, classées monuments historiques au titre des objets mobiliers en 1968.

 

Cure de la même époque, transformée en 1820 en couvent qui subsista jusqu’en 1914.

 

Croix de Saint Aupré du XVIIe siècle avec inscription (supra).

Lieudit Saint Pierre à Montfort mentionné au XVIe siècle.

 

Châteaux

 

 

Château delphinal de Montfort : il fut construit par la dauphine Béatrix, épouse de Guigues VII. Le lieu est cité dès le XIIe siècle : Mons Fortis. Ce château, jadis considérable, était déjà ruiné au XVIe siècle.

On connait, vers 1276 une famille de Montfort dont les armes étaient de gueules au chevron échiqueté d’argent et de vair.

Il en subsiste aujourd’hui un mur du donjon, un arc gothique, quelques traces de fenêtres et une partie de tour avec une porte romane et des restes de l’enceinte. Une association a entrepris de consolider les ruines.

 

Véhérie de Crolles : elle avait pour siège la maison forte de la Ranconnière à l’emplacement du château actuel. Le premier véhier connu est le châtelain Guigues Falastier en 1234.

 

L’enquête papale de 1339 attribue 200 feux au mandement de Montfort (dont 140 pour Crolles) et un revenu annuel de 240 florins.

 

Château de Bernis : il a été élevé vers 1340 par Amblard de Beaumont, seigneur de Crolles. Il a subi d’importantes transformations par la suite, en particulier lors de percement de fenêtres au XVIIIe siècle. Henri IV y coucha une nuit le 5 août 1600 ainsi que Richelieu en 1639. Un portrait de ce dernier, peint par Champaigne fut offert en remerciement à son hôte et est encore conservé dans une salle du château. Dans le petit salon du premier étage subsistent de belles boiseries du XVIIIe siècle.

Les façades, les toitures, la grande galerie et le salon du 1er étage avec ses boiseries sont inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1965.

Le parc du château est inscrit à l’inventaire Général des jardins remarquables.

 

Maison forte de Brocey dite Château Cornu : édifice du XVIe siècle, détruit en 1919, dont il ne subsiste qu’une muraille d’enceinte et une porte de ferme ainsi que le nom du lieudit. C’était au XVIe siècle la demeure de Pierre Cornu, ami de Ronsard.

 

Au lieudit Pied de Crolles, importante demeure de style Louis XIII.

 

Liuex anciens :

 

Ad Boyson, XIVe siècle, les Buissonays.

Crolletas villa, XIVe siècle, les Crollets ?

Devez, XVIIIe siècle, le Deveys.

Mans Fragnon, XIIe siècle, Fragnes.

Mansus Andreu, XIIe siècle, les Ayes.

Gorgy de Brossey, XIVe siècle, Brocey.

Terra dels Montfort, XIIIe siècle, Montfort.  

In Rua, XVe siècle, la Rue.

 

Autres indications :

 

L’ancienne cimenterie de Crolles est un site géologique remarquable de 1,52 hectare, classé 2 étoiles à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014.

Maison de Jean Gayn mentionnée dans un acte du 1er janvier 1305.

Moulin de Montfort.

Moulin des Ayes du XVIIIe siècle.

Cadran solaire de 1861.

Funiculaire de Montfort aux Petites-Roches : créé en 1924, il possède la plus forte pente d’Europe (83 %) et le tunnel pour voyageurs le plus incliné du monde.

Commune du Parc Naturel Régional de Chartreuse.

Espace Naturel Sensible du marais de Montfort.

Espace Naturel Sensible de la Bourbre aval.

ZNIEFF des versants méridionaux de la Chartreuse.

ZNIEFF des boisements alluviaux de l’Isère de Pontcharra à Villard-Bonnot.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.

ZNIEFF des gorges du Manival. 

ZNIEFF des balmes et falaises orientales de la Chartreuse.

ZNIEFF du marais de Montfort.

Arrêté de biotope de Montfort du 25 février 1991 (86 ha).

 

Bibliographie :

 

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