VEZERONCE-CURTIN

 

 

Canton de Morestel.

Commune formée le 1er janvier 1973 par regroupement des anciennes communes de Vézeronce et de Curtin.

Formes anciennes : Veseroncia au VIe siècle, Curtina au XIIe siècle.

Gentilé : Vezerontins.

Héraldique : d’azur au casque d’argent clouté d’or (moderne).  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3232 SB

 

Superficie : 1437 hectares.

 

Population (2015) : 2065 habitants.  

 

Hagiographie :

 

Martin, évangélisateur des Gaules, évêque de Tours en 371, patron de la France. Près de 300 communes françaises portent son nom.

Jean, l’apôtre, disciple préféré de Jésus, martyr sous Domitien à Rome devant la Porte Latine.

Laurent, martyr en 258 sous Valérien. Représenté un gril à la main (son supplice).

 

Préhistoire : on a découvert au lieudit les Marais dans les années 2000 une hache en pierre polie, quelques silex taillés (grattoir, éclats, nucléus) (au musée d’Aoste). On a pensé à un possible atelier de taille du silex.

 

Protohistoire : au lieudit les Rippes on a recueilli dans les années 2000 des céramiques protohistoriques (au musée d’Aoste).

A la même période on a découvert au lieudit le Gilin des fragments de céramique non tournée attribuable au Bronze final.

 

Epoque gallo-romaine : passage de la voie romaine d'Aoste à Lyon, dite compendium d’Aoste. Divers vestiges sont signalés :

 

Ø  le bourg de Vézeronce, dont tout tend à prouver qu'il occupe le même emplacement que l'ancien, est situé sur une petite éminence qui domine de toutes parts une région basse, parfois marécageuse. La voie romaine, s'il faut en croire les restes trouvés en divers lieux, suivait à peu près le même itinéraire que l'actuelle route de Thuellin à Bourgoin,

Ø  aux Sétives, emplacement d'un site gallo-romain,

Ø  entre Charray et Vignieu, on a repéré un quadrillage antique d'allure urbaine,

Ø  la Tour de Charray passe pour être un édifice romain remanié au moyen âge,

Ø  à Curtin on a découvert les vestiges d’un aqueduc,

Ø  au lieudit les Ripes depuis le début des années 2000 on a découvert un abondant mobilier archéologique : tuiles, pierres taillées, briques, fragments de canalisation, céramiques allobroges estampillées NOSTER et VRICVS, céramiques communes sombres et claires, fragments d’amphores, verres, dix pesons… (au musée d’Aoste),

Ø  dans le même temps, le site des Marais a livré des tegulae, des imbrices, des sigillées, un fond allobroge NOSTER, cinq poids en terre cuite don un signé BELLICVS, des objets en plomb et en fer (au musée d’Aoste),

Ø  au lieudit le Bout en 2006, on a découvert des fossés gallo-romains et des céramiques du Bas-Empire

Ø  J. FILLEAU voit dans le nom de Curtin le patronyme Curtinus (domaine de),

Ø  on notera un lieudit la Grande Terre.

 

Haut Moyen Âge : la commune est riche en vestiges :

 

Ø  dans la plaine de Vézeronce, non loin de la tour de Charray s'élève un monticule de forme arrondie visible de fort loin. C'est un tumulus formé de sable et de gravier, contrastant avec le terrain de la plaine, riche en humus. La tradition le nomme Mollard de Koënne ou Tombeau du Roi et en fait la sépulture de Clodomir, fils de Clovis. Mais le tertre paraît être d’origine naturelle,

Ø  quoiqu’il en soit, c’est vraisemblablement bien une sépulture princière qui a été découverte en 1871 en extrayant de la tourbe au lieudit les Rippes de Pillardin (à proximité et au nord du village de Vézeronce) dont seul nous est parvenu un casque (infra)

Ø  il semble en effet qu'il faille situer en ces lieux la grande bataille qui opposa, le 25 juin 524, les Francs aux Burgondes. Désirant venger ses parents et ses frères assassinés, la reine Clotilde, veuve de Clovis, poussa ses fils Clodomir, Childebert et Clotaire à poursuivre la lutte contre le meurtrier, son oncle Gondebaud, roi des Burgondes, puis contre son fils Gondemar. La version des chroniqueurs Francs attribue la victoire aux soldats de Clodomir, lequel aurait été tué dans l'affrontement, croyant rejoindre les cavaliers francs il se serait jeté en fait au milieu des guerriers burgondes. Mais la version d’Agathias, historien de l’empereur byzantin de Constantinople attribue la victoire aux Burgondes précisant que Clodomir aurait été décapité, sa tête fichée bien haut sur une pique et présentée en trophée aux guerriers francs qui auraient déposer les armes. On ne sait laquelle des deux versions il faut croire. On pensait au XIXe siècle que le « tumulus », était le tombeau d'un chef victorieux. Ses proportions colossales supposaient en effet, à la fois, un prince digne d’un pareil honneur et une armée restée victorieuse du champ de bataille,

Ø  le sol, autour du Mollard, aurait livré des ossements, des armes, des monnaies et un magnifique casque mérovingien, incrusté d'or, ayant peut être appartenu à Clodomir ou, pour le moins, à un guerrier de très haut rang. M. COLARDELLE pense que, étant donné la tradition de l’époque qui commandait de ramener le corps en un lieu conforme à la loi et aux volontés du défunt, à la dignité de son tombeau et aux convenances religieuses l’hypothèse de voir à Vézeronce la sépulture de Clodomir est à écarter mais, s’il y a sépulture, il s’agirait alors d’un chef de haut niveau, compagnon de l’un des princes engagés dans le combat. Cette pièce unique est conservée au Musée Dauphinois (n° 67.3.257) ; c’est non seulement le seul casque d’époque mérovingienne trouvé dans toutes les Alpes françaises mais c’est également la seule pièce d’armement connue pour toute la région,

Ø  la localisation de la bataille à Vézeronce semble attestée par la graphie Vesaroncia ou Vizaroncia et encore Veseroncia et par l’épitaphe dite de Viligisclus découverte à Anse dans le Rhône : « (i)n hoc tumu(lo re) / quiescit bone mem(oriae) / Viligisclus qu(i vixit in) / pace annos L(…. In pug) / na Vesaronci(e mortuus) / est XI k(a)l(endas) Iulias (Opilione) / v(iro) c(larissimo) con(sule) » : «  dans ce tombeau repose de bonne mémoire qui a vécu en paix 50 ( ?) ans, est mort à la bataille de Vezeronce le 11 avant les calendes de juillet sous le consulat d’Opilio, homme clarissime » (524 ?, CIL XIII n° 1657),

Ø  épitaphe funéraire, retrouvée au XIXe siècle et conservée dans le mur de l'actuelle église : « HIC REQVIESCIT IN PA / CE AISBERGA PUELLA / DEO PLACITA QV(a)EVIR / GENALIS ACTVS OMNI / ONESTE CVSTODIENS / VIXET ANNIS XXIV TR / ANSIET D(ie) IIII K(alendas) DEC(embres) / IND(ictione) XV OLIBRIO IVNI / ORE CONS(ule) » ; "ici repose en paix Aisberga, vierge agréable à Dieu, vertueuse, pleine de chasteté dans toutes ses actions. Elle est morte à l'âge de 24 ans, le 4 des Calendes de décembre, indiction 15, sous le consulat d'Olibrius Junior, clarissime" (491),

Ø  une seconde épitaphe, aujourd’hui disparue, provient également de la première église de Vézeronce : « HIC TVA / VENERABILIS AMATE REQVI… / CVNT MEMBRA SEPULCHRO / … FRATER … / TVMVLAVIT XIX IN PACE A XXXXVIII OBIIT XV » (juillet 632). Elle est consacrée à Amatus, prieur de Vézeronce,

Ø  cet Amatus est également connu par une longue épitaphe découverte à Briord, Ain (aujourd’hui perdue) qui commence ainsi « hic tuauenerabilis Amate, requicunt membra / sepulcro qui fuit insignis meritis VESERONCIA prior / pr(es)b(yte)r officio…» : » prêtre, prieur de Vézeronce » (633 ou 634, CIL XIII n° 2478),

Ø  un monastère mérovingien aurait ainsi été établi à Vézeronce au milieu du VIe siècle. Ce sont des moines de ce monastère qui auraient fondé au VIIe siècle l’ancienne église Saint Symphorien de Morestel,

Ø  des sépultures du Haut Moyen Âge ont été découvertes aux lieudits Bourralière et Crevalière, en 1867 et 1869 ; le site de Crevalière aurait livré un scramasaxe, arme franque, malheureusement disparu,

Ø  au sud de l’église on a mis au jour en 1957 quatre sépultures en coffres de dalles,

Ø  en acte du 25 mars 895 fait état d’une viguerie (ou vicarie).

Ø  l’ancienne église Saint Martin est citée en 910, époque où elle est donnée par Hugues, comte de Vienne à Saint-Chef : ecclesia Sancti Martini de Veseroncia. Il en subsiste le lieudit Mas de Saint Martin. Cette donation est confirmée dans un diplôme du 12 novembre 928.

 

Edifices religieux :

 

Prieuré Saint Jean : prieuré bénédictin remontant au XIIe siècle qui fut uni en 1247 à l’abbaye de Saint-Chef. On rappellera toutefois la tradition qui en faisait une fondation de Clotaire comme dépendance de celui de Briord et dont le premier prieur aurait été Amatus, enterré à Briord.

 

Ancienne chapelle Notre Dame de la Milin de Curtin : son origine traditionnelle remonterait au vœu d’un chevalier croisé. Elle fut détruite au XVe siècle.

 

Eglise Saint Laurent de Vézeronce de 1860 qui conserverait une cloche de 1552.

 

Croix de Dogue mentionnée au XVIe siècle.

Eglise Saint Jean de Curtin de 1873.

 

Chapelle Saint Laurent.

 

Confrérie du Saint Rosaire de Curtin de 1892.

 

Châteaux :

 

Tour de Charray : elle est citée au XIIe siècle et il en subsiste d’importants vestiges.

 

L’enquête papale de 1339 attribue 60 feux à Vézeronce et 13 à Curtin.

 

Maison forte de la Bâtie mentionnée au XIVe siècle (non localisée).  

 

Tour de Florimont : il s'agissait vraisemblablement d'une maison forte du XIVe ou du XVe siècle. L'édifice est aujourd'hui détruit.

 

Manoir du Courray.

 

Lieux anciens :

 

Anglores, XIVe siècle, Angloure.

Planchia de Bouen, XIVe siècle, Bou.

Broillio, XVe siècle, Braille.

Charay, XIVe siècle, Charray.

Epiney, Le Spineu, XIVe siècle, l’Epinette.

Marcollinum, XIVe siècle, Marcolin.

Mons Palus, XIVe siècle, la Palud.

Montuyn, XIVe siècle, Montain.  

Mullieu, XIVe siècle, Mulieu.

 

Autres indications :

 

Au hameau de Pelliardin, sur l’ancienne commune de Curtin, cadran solaire de 1794

avec inscription « pace et ne ta rete par » (sic).

L’Atelier Tournesol a recensé deux autres cadrans solaires.  

ZNIEFF de l’Isle Crémieu et Basses Terres.

ZNIEFF de la ferme des Léchères et étang de la Leva.

ZNIEFF de la mare et pelouse du Molard Coyne (8 hectares).

ZNIEFF de la carrière et ferme de Lordan.

ZNIEFF des zones humides des marais et des Sétives.

ZNIEFF de la plaine des Avenières.

Arrêté de biotope de la tourbière de Gabo du 20 mars 2019.

 

Bibliographie :

 

Regeste Dauphinois : n° 147, 328, 493, 910, 918, 1011, 1091

Regeste Dauphinois supplémentaire n° 2632

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