MONTBONNOT-SAINT-MARTIN

 

(Canton de Meylan, ex canton de Saint-Ismier).

Forme ancienne : Montis Bonoldi au XIe siècle.

Gentilé : Bonimontais.

Héraldique : taillé au premier d’or à un dauphin contourné d’azur, crêté, barbé, loré, peautré et oreillé de gueules, le second de sinople à deux sapins de sable disposés en barre à une onde en barre d’argent et d’azur brochant sur le tout en losange d’azur en cœur contentant un M majuscule en or.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3234 E

 

Superficie : 638 hectares.

 

Population (2015) : 5010 habitants.

 

Hagiographie :

 

Martin, évêque de Tours en 371 et évangélisateur des Gaules. Près de 300 communes françaises portent son nom.

Nicolas, de Myre, très populaire au moyen âge où, selon sa légende, il aurait ressuscité trois enfants qu’un boucher avait égorgés et placés dans un saloir. Patron des enfants sages.

Sébastien, martyr à Rome en 288. Patron des archers, il est représenté le corps criblé de flèches.

Michel, l’Archange, chef de la milice céleste dans l’ancien testament. Patron de la France et des hauteurs.

Georges, prince de Cappadoce, martyr à Lycda en 303. Son culte remonte à 368. Patron de l’Angleterre dès 800 et patron des cavaliers.

Marie Madeleine, pêcheresse convertie par Jésus. Selon la légende du XIIe siècle, elle aurait fini sa vie dans une grotte de la Sainte Baume. Ses reliques sont vénérées à Vézelay.

 

Epoque gallo-romaine : la voie romaine de la rive droite du Grésivaudan (voie des Alpes Graies) traversait la commune.

Selon J. BRUNO, emplacement partiel de la grande ferme gallo-romaine de Meylan.

Les sondages archéologiques effectués en 2010 à l’emplacement du prieuré ont révélé sous l’église prieurale un massif de maçonnerie antique avec des tegulae et de la céramique sigillée, peut-être une église primitive.

 

Haut Moyen Âge : 

Montbonnot est-il le Missoriano du testament d’Abbon ? Ce n’est pas l’avis de J. MARION qui le situe à Mizoën, contrairement à PILOT de THOREY. Pourtant, ce lieu est cité immédiatement après Olonna (Meylan), ce qui pourrait induire une proximité géographique.

En 1045, Esmidon et Burnon, frères, donnent au monastère de Cluny une vigne à la villa Miseriacus.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Nicolas : elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Montis Bonoldi et dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Nicolay Montis Bonodi.

 

Prieuré de Saint-Martin-de-Miséré : ce prieuré, l’un des plus importants du diocèse de Grenoble, s’élevait au pied de l’éminence qui porte le bourg et le château. Situé primitivement sur le territoire de la paroisse de Saint Ismier, le prieuré ne tarda pas à donner son nom à une nouvelle paroisse démembrée de la précédente. Fondé en 1082 (ou 1090) par Saint Hugues qui y installa trois chanoines de Saint Augustin, le prieuré devint rapidement chef d’ordre avec pour dépendances les prieurés de Champ, Champagnier, Corenc, Saint Pierre de Grenoble, Lans, Parménie, Saint- Bernard, Saint-Hilaire, Saint-Pierre-d’Entremont et Villard-Benoît.

 

L’importance qu’acquit ce monastère ne tarda pas à être telle que plusieurs évêques de Grenoble n’hésitèrent pas à prendre de leur propre autorité au XIVe siècle la qualification d’abbé titre honorifique que leurs successeurs conservèrent par la suite. La charte supplémentaire du XIVe siècle aux cartulaires de Saint Hugues le mentionne : Sancti Martini de Miseraco. Le pouillé de 1497 le mentionne également : prioratus Sancti Martini de Misereaco. Il fut supprimé par Mgr Le Camus en 1673 par réunion au diocèse de Grenoble. On y installa jusqu’à la révolution un séminaire confié à la congrégation religieuse les oratoriens. Les bâtiments ont disparu, hormis une aile conservée qui abritait la salle du chapitre et il ne reste plus que le nom du lieu. En 2010, des sondages archéologiques ont livré six sépultures et les restes du cloître présentant des traces d’incendie.

 

Hôpital : l’hospitalia de Monte Bonodi fut fondé avec sa chapelle le 6 août 1433 par Jean d’Arces, prieur de Saint Martin, pour la nourriture des pauvres des environs et pour la retraite des pèlerins. Il est mentionné dans le pouillé de 1497 : hospitale Montis Bonodi. Il possédait une chapelle : capella Sancti Sebastiani et Beate Marie Magdelenes, fondée et construite par cardinalem domus de Arciis (Johannes d’Arces, archevêque de Tarentaise en 1438).  Il a disparu à la révolution mais certaines parties subsistent (647 rue du Général de Gaulle) : ouvertures anciennes et tourelle d’escalier cylindrique.

 

Léproserie : elle est mentionnée dans le pouillé de 1497 : leproseria Montis Bonodi.  

 

Le pouillé mentionne également quatre chapelles :

-       capella Sancti Michaelis,

-       capella Sancti Georgii,

-       capella Beate Marie de Pietate,

-       capella Sancte Crucis.

 

Il mentionne également une mistralie : mistralia Montis Bonodi.

 

G. ALLARD fait mention d’un hôpital médiéval.

 

Eglise Saint Nicolas : édifiée en 1628 en remplacement de l’église primitive. Elle possède :

-       une cloche de 1631 classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963,

-       un lutrin du XVIIe siècle, inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 2007.

 

Lieudit la Croix Verte.  

 

Châteaux :

 

Château delphinal de Miribel : son existence est constatée dès 1116 : castellum Montis Bonoldi (château en bois ?). Il appartint très vite aux dauphins de Viennois. Guigues le Jeune y mourut en 1270. Il fut au nombre des châteaux qu’Humbert II se réserva lors de la cession du Dauphiné. En 1339, l’enquête delphinale décrit une enceinte rectangulaire de 180 mètres de périmètre avec quatre tours d’angles, différents bâtiments et chapelle. Une seconde enceinte protégeait le promontoire.

L’enquête papale de 1339 lui attribue sept paroisses faisant 560 feux.  C’est dans ce château que naquit en 1494, avant de mourir quelques jours plus tard, le dauphin Charles, fils de Charles VIII et d’Anne de Bretagne. Celle-ci, devenue ensuite l’épouse de Louis XII, y séjourna de Pâques 1507 à mai 1509 durant la campagne du roi contre les Génois. Il fut assiégé par Lesdiguières et rasé.

Dans le courant du XVIIe siècle, le château féodal fut remplacé par un château plus moderne flanqué de quatre tours carrées. Depuis cette époque il fut la propriété de la famille de Miribel. Des puits et une citerne médiévale sont encore visibles.

Le parc du château figure à l’inventaire général des jardins remarquables (2003).

 

G. ALLARD mentionne les maisons fortes de Jean de Coine, d’Eustache Vieux, d’Hugues d’Avalon, de Morard d’Arey, de François Vachon, d’Estienne Lyobard et de Rondet de Montfort.

 

Château des Semaises dit le Jayet : aux Semaises vers la limite communale vers Saint Ismier, grand édifice de la fin du XVIIe siècle avec une haute toiture et deux tours d’angle cylindriques.

 

Château du Montal : face au château de Miribel, bel édifice du XVIIe siècle avec une très belle toiture.

 

Hameaux et lieux anciens :

 

Alamanderia, XVe siècle, l’Alamandière.

Ex Artarias, XIIe siècle, les Grands Essarts.

Berlionières, XIVe siècle, Belonnière.

Blanchez, XIIIe siècle, les Blancs.

Mistralia Calnesia, XIIIe siècle, Chaulnes.

Chayseres, XIVe siècle, la Chaussiere.

Collaeres villa, XIVe siècle, les Cloyères.

Costis, XIVe siècle, les Côtes.

Estagnos, XIVe siècle, les Etangs.

Insula Alodisii, XIe siècle, les Iles.

In Jayeriis, XVe siècle, Jallières.

Latarderia, XIVe siècle, Laty.

Letaya, XIVe siècle, Laty.

Miseriacum rivus, XIVe siècle, Ladoux.

Moirous, XVIIIe siècle, le Moiroud.

Molendina, XVe siècle, les Moulins.

Mons Rutiquel, XIIIe siècle, Requitel.

Moranderie villa, XIVe siècle, Morandière.

Morarda, XVe siècle, Pré Morard.

Le Moyroud, XVIIIe siècle, le Moiroud.

Perosa, XIVe siècle, les Peres.

Pons Creyssentz, XIVe siècle, pont Croissant.

Requitelli, XIIIe siècle, Requitel.

In Rua, XIVe siècle, Chemin des Rues.

Ad Spinassium, XIVe siècle, l’Espinasse.

Torcularium villa, XIVe siècle, Tartais. 

 

Autres indications :

 

Foires mentionnées dans un acte du 5 septembre 116

Mistralie mentionnée dans un acte de 1345.

Table de fondation d’une chapelle de la Sainte Trinité de 1498 remployée dans le mur d’une maison au lieudit Ladoux.

Au hameau de Plâtre Rousset, cadran solaire de 1688.

Deux coffrets de Hache de 1750 et 1760, en collection particulière, ont été classés monuments historiques au titre des objets mobiliers en 2002.

Site classé des tulipes sauvages du parc de Miribel.

2 vergers communaux.

Maison des Arts.  

ZNIEFF de l’ancienne boucle de l’Isère au Bois Français.

ZNIEFF des boisements du mas de l’Ile et boucle de la Taillat.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.

 

Bibliographie :

 

ADI : Probus (1250-1260) f° 227, B 2956

Regeste Dauphinois n° 1832, 2053, 2351, 3145, 6328, 9692, 9914, 10301, 10389, 10647, 10709, 10754,10799, 11551, 11639, 11890, 14984, 15027, 17409, 17411, 20315, 24529, 25523, 29531, 29639, 29823, 31800, 33265

Regeste complémentaire n° 817, 864, 865, 1361, 1866, 2011, 3209 et 3246

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J. J. A. PILOT : les maisons fortes du Dauphiné, 1863

C. LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, page 142

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U. CHEVALIER : cartulaire d’Aymon de Chissé, 1869, chartes n° 39, 68, 70, 74 et 145

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A. PRUDHOMME : les juifs en Dauphiné aux XIVe et XVe siècles, 1883, pages 30 et 31

E. PILOT de THOREY : les prieurés de l’ancien diocèse de Grenoble compris dans les limites du Dauphiné, 1884

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