CORENC

 

(Canton de Meylan)

Formes anciennes : Corenum au VIIIe siècle, Corenes au XIe siècle.

Gentilé : Corençais.

Héraldique : écartelé au premier d’or au dauphin d’azur, crêté, barbé et oreillé de gueules, au second d’azur à tête de lion arrachée d’argent maçonné de sable, au troisième de gueules au château d’argent, au quatrième d’or à l’aigle d’azur becqué et couronné de gueules.   

 

Carte IGN au 1/25000ème 3234 E

 

Superficie : 650 hectares.

 

Population (2015) : 3980 habitants.

 

Hagiographie :

 

Pierre, premier des apôtres et premier pape. Crucifié en 67 à Rome à l’emplacement de la basilique qui porte son nom.

Christophe, de Lycie, martyr sous Dèce en 250. Patron des voyageurs.

Théodule, enfant d’esclaves, martyr avec ses parents au IIe siècle.

Blaise, évêque de Sébaste en Arménie. Martyr en 316. Patron des musiciens.

Thérèse de Lisieux + 1897, canonisée en 1925 et docteur de l’église en 1997. C’est l’une des patronnes de la France.

 

Préhistoire : sur les flancs du Mont Rachais, H. MULLER a découvert un petit silex grossièrement taillé d’époque mésolithique.

 

Protohistoire : au sommet du Mont Rachais, refuge paraissant protohistorique.

 

Epoque gallo romaine : divers vestiges sont connus :

 

Ø  La voie romaine des Alpes Graies passait vraisemblablement à Montfleury vers la croix mentionnée dès le XIVe siècle (ancien milliaire ?) puis à l’emplacement ou à proximité de l’actuel chemin de l’Eygala et enfin sur le tracé actuel de la N 90 du moins jusqu’à la Détourbe.

Ø  Selon H. MULLER le refuge protohistorique du Mont Rachais, ainsi qu’un autre refuge situé non loin de là, avaient servi de refuges temporaires au IIIe siècle.

Ø  F. BARATIER pensait que le mamelon sur lequel est édifié l’église avait toujours été consacré au culte car, sinon, cet emplacement remarquable aurait servi à l’édification d’un château ou d’une maison forte. Selon lui, il y aurait eu à l’origine un temple romain, transformé vers le Ve siècle en église. On y aurait découvert des murs antiques et une sépulture en coffre réalisée avec des moellons de tuf.

Ø  En 1857, on découvrit dans les fondations de l’église Saint Pierre une inscription, aujourd’hui perdue « (hic requiescit in pace ?) BONE MEMORIAE ». Considérée comme paléochrétienne par tous les auteurs, elle est cependant attribuée par B. REMY à l’époque romaine.

Ø  Vers Arvilliers, aberrance présumée de la grande ferme gallo-romaine de Meylan.

Ø  Les auteurs anciens (notamment PILOT) considéraient que la Tour aux Chiens avait été édifiée sur « une tour à signaux antiques ». On a découvert sur le site un peson de tisserand en terre cuite et un as du IIe siècle (au Musée Dauphinois n° 34.23.95).

Ø  A Bouquéron, on a trouvé une lampe à huile en céramique commune du IIIe siècle (au Musée Dauphinois n° 67.3.325).

Ø  Le nom du hameau disparu du Villard pourrait évoquer un habitat antique.

 

Haut Moyen Âge : Corenc apparaît sous le nom de Corenum dans le testament d’Abbon de 739.

 

A Montfleury on a découvert en 1937 deux sépultures en coffres de lauzes.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Pierre : peut être d’origine paléochrétienne, l’église est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia de Corenes et dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia prioratus et cure Sancti Petri de Coranco. Elle fut rebâtie en 1376. L’église moderne de 1857 l’a remplacée. Elle conserve la porte médiévale de l’église précédente, une cloche de 1778 et des peintures de Jules Flandrin. Le site de l’église a été inscrit en 1946.

 

Oratoire de Saint Bruno : selon la tradition, c’est par le chemin qui porte toujours son nom que Saint Bruno et ses six compagnons seraient passés en 1084 pour aller fonder leur ermitage de la Grande Chartreuse. Un petit oratoire, construit en bordure du chemin à hauteur du hameau de Béalière, marquerait l’endroit où Saint Bruno et Saint Hugues se séparèrent.

 

Chapelle castrale Saint Blaise de Bouquéron : elle est également citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : capella de Bocoirone.

En 1268, elle est sous le vocable de Saint Denis.

 

Prieuré Saint Pierre : il fut fondé par les moines de Saint Martin de Miséré vers 1289. Il est cité dans la charte du XIVe siècle additive aux cartulaires de Saint Hugues : prior de Corenco. En 1497 le prieuré comptait 4 moines. Les bâtiments et le domaine du prieuré furent vendus comme biens nationaux en 1791.

 

Le prieuré de Fayssia est traité à la commune de Meylan.

 

Maladrerie de Cizéron ou de Bouquéron : elle est citée en 1268. Il n’en subsiste que le lieudit la Maladière.

 

Croix de Montfleury : son origine pourrait remonter à 1344, époque où elle est citée pour la première fois. L’église de Corenc avait son chemin de croix qui passait par Bouquéron et le dernier lieu de prières de ce chemin était situé à Montfleury à cette croix.

 

Couvent de Montfleury : G. ALLARD en donne la relation suivante : ancien château delphinal sur une éminence. Ce fut là qu’Humbert II fonda un monastère le 22 décembre 1342 en vertu d’une bulle du pape Clément VI. Ce monastère ne fut achevé que cinq ans après qu’il fut commencé. Jeanne de Lignières de Poissy en aurait été la première prieure ». Il est mentionné dans le pouillé de 1497 : venerabile monasterium monialum Montis Fluriti ordinis Sancti Augustanum de fundationum delphinalum.

Les armes du monastère étaient d’or au dauphin d’azur entouré d’un chapelet de sable.

Le couvent conserve une chapelle gothique dite de l’Epine, aujourd’hui presque entièrement modifiée. Elle conserverait une épine de la Sainte Couronne.

Il existe également une autre chapelle, dite du Sacré Cœur de Boisfleury, élevée dans le style ogival par Sappey qui conserve une salle capitulaire du XVe siècle.

 

Le pouillé de 1497 mentionne un certain nombre de chapelles :

 

Ø  capella Sancte Crucis,

Ø  capella Sancti Christofori,

Ø  capella Sancti Theodoli fundatum per Jacob Laure,

Ø  capella Sancti Blaisii prope Buccoyronem.

 

Couvent de la Providence : il a été élevé sur l’ancien château du Molard. C’était la maison mère de l’ordre de la Providence et la prieure générale y résidait. Au XIXe siècle elle dirigeait toujours les actions de la congrégation axées surtout sur l’enseignement et sur les missions de Madagascar.

 

Eglise Sainte Thérèse de Montfleury de 1932.

 

Statue de la Vierge de 1957.

 

Châteaux :

 

Château de Bouquéron : l’origine du château demeure obscure et il faut attendre 1100 pour en trouver la première certitude dans le cartulaire de Saint Hugues : Bocoirone (capella de). Le plus ancien possesseur connu semble être Adon de Bouquéron en 1090. On connait également un Pierre de Bouquéron qui rendit hommage en 1256 et dont les armes étaient d’azur à la tête de lion arrachée d’argent, lampassée de gueules.

Le 24 juin 1281, le bailli du Grésivaudan s’étant présenté pour le dauphin Jean et la comtesse Béatrix avec une grande armée devant le château pour s’en emparer, Guillaume de Commiers, doyen de l’église Notre Dame, proteste que ce château est du domaine du chapitre et somme Pierre Bouquéron de le lui remettre. Pierre le lui rend et lui livre les clefs de toutes les portes. Il reconnait qu’il est du fief et domaine du chapitre et le doyen promet de le lui rendre à réquisition.

Louis XI, alors dauphin, s’y réfugia en 1456 lorsque son père Charles VII, excédé de sa conduite, envoya une armée pour le prendre. Le château appartenait alors à Claude Coct ; la tradition dit que voyant Louis sur un méchant cheval il lui en offrit un. Devenu roi, il l’anoblit. Ses armes étaient parti emmanché d’argent de gueules avec deux étoiles en chef, l’autre en pointe.

Les façades, les toitures, la salle à manger, le petit et le grand salon ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1988. Le site est également inscrit depuis 1946.

 

Maison forte de la tour d’Arvilliers dite Tour-aux-Chiens : la tour de 17 mètres d’élévation sur 10 mètres de coté comporte 4 niveaux carrés des XIIIe et XIVe siècles, en forme de créneaux terminant chaque face de l’édifice.

Arvilliers appartint au dauphin Guigues André qui en fit donation aux chartreusines de Prémol. Celles-ci l’échangèrent le 12 mars 1241 aux chartreux contre ce qu’ils possédaient sur la commune de Vaulnaveys. Arvilliers passa ensuite à la famille de Bectoz puis à Aymar du Périer, à Antoine Revel et à François Borel, neveu d’Expilly. A la révolution, la tour fut vendue au titre des biens nationaux. C’est aujourd’hui une propriété privée. L’appellation Tour aux Chiens remonterait à l’époque où le dauphin Louis II venait y chasser.

 

Château delphinal de Montfleury : il est cité en 1268. Au XIVe siècle, le château était constitué d’un donjon rectangulaire et d’une enceinte de 160 mètres de périmètre avec quatre tours d’angle.

 

Château du Mollard : il remontait à 1270 et était situé à l’emplacement actuel du couvent de la Providence. Il n’en subsiste rien.

 

L’enquête papale de 1339 indique que le mandement de Montfleury avait une étendue considérable avec sept paroisses faisant 560 feux.

 

G. ALLARD mentionne une mistralie à Montfleury ainsi que les maisons fortes de Guillaume Grinde, d’Anselme Corni et de Corgenan Corioz.  

 

Château Matel : il remonte à la fin du XVIe siècle et conserve de belles fenêtres à meneaux. Au siècle suivant c’était la propriété de l’infortuné époux de Marie Vignon.

 

Château de Cizerain : il remonte au XVIIe siècle. Il possède un corps de logis rectangulaire de trois étages cantonnés de deux tours.

 

Château Pillon : il doit son nom aux époux Pillon qui s’en étaient rendus acquéreurs sus la révolution et qui y effectuèrent d’importants travaux de restauration.

 

Château Pagès : au XVIIIe siècle, domaine de la Foy.

 

Château Lecoq : 88 avenue de l’Eygala. Il fut construit par Lesdiguières pour Marie Vignon. C’est un petit manoir du début du XVIIe siècle, bien conservé.

 

Château Paquier dit Tour de Veynes en 1626.

 

Château le Petit Montfleury, le Massard au XVIe siècle selon Pilot de Thorey.

 

Château de l’Eygala ou Aygala.

 

Château Bonnet Eymard du XIXe siècle.

 

Fort du Saint Eynard : construit à partir de 1874, il était destiné à la défense des approches de Grenoble par la Chartreuse.

 

Château de la Condamine : construit par la famille Bouchayer au début du 20ème siècle en belles pierres massives avec des tuiles rouille et un cloître harmonieux. L’intérieur est baroque et présente un mélange de styles médiévaux et renaissance. C’est aujourd’hui la mairie.

 

Hameaux et lieudits anciens :

 

L’Alben, XIVe siècle, Albens XVe siècle, la Bellet.

Avilleys villa, XIVe siècle, Arvilliers.

Fons de Aymariis, XIVe siècle, les Aimards.

Bastonneyres, XVIIe siècle, les Batonnières.

Buxaria, XIe siècle, la Buissière.

Cizirinum, XIIe siècle, de Ciczerino, XIIIe siècle, le Ciserin.

Condaminas subtus Montenu Fluritum, XIVe siècle, la Croix de Montfleury.

Collaud de Corenz, XVIIe siècle, le Collaud.

Via de Cumbis, XIVe siècle, la Combe.

Les Durants, XVIIe siècle, Durandières.

Al Molar, XIe siècle, le Molard.

Molendinum, XIVe siècle, les voûtes de Montfleury.

Pelliceria, XIVe siècle, Pelletière.

In Polateriis, XVIe siècle, Pelletière.

Petra Archioli, XIIIe siècle, Pierruche.

Liue des Quaix, XVIIe siècle, les Queux.   

Quinczoneria, XIVe siècle, la Quinsonnière.

Rocheta super Venciam, XVe siècle, la Rochette.

Sancto Germano, XVe siècle, Saint Germain.

Siczerinum, XIIIe siècle, le Ciserin.

Tornatorum, XIVe siècle, les Tournières.

Vilforchia, XIVe siècle, Vie Fourche ?  

Villarium, XVe siècle, le Villard.

 

Autres indications :

 

Mistralie de Bouquéron mentionnée dans un acte du 28 juin 1231 et le 10 août 1315.

Moulin de Bouquéron dit neuf mentionné dans un acte du 4 juillet 1255.  

G. ALLARD mentionne la présence d’un péage à Montfleury. Celui-ci est mentionné dans un acte du 5 octobre 1322.

Cadran solaire de 1724 au château du Bachais avec inscription : soli, soli, soli et sine sole nihil, au seul soleil de la terre (détruit en 1919).

L’Atelier Tournesol en a recensé trois autres.

Borne de corvée du XVIIIe siècle avenue de l’Eygala.

L’établissement de cure de Bouquéron : le château fut converti au XIXe siècle en établissement hydrothérapique par le Dr Armand Rey qui soignait ses clients par des bains de vapeurs térébinthinées, médication recommandée pour les affections nerveuses, les rhumatismes, les catarrhes… Il disparu au début du XXe siècle.

Partie du site classé en 2005 du massif du Saint Eynard.

Le jardin de l’Eygala est classé « jardin remarquable ».

Un sondage archéologique effectué en 2009 au 22 du chemin de la Tour-aux-Chiens s’est révélé infructueux.

ZNIEFF du versant méridional du Saint Eynard.

ZNIEFF du massif de la Chartreuse.

ZNIEFF de la pelouse sèche du fort du Bourcet.

ZNIEFF du Mont Jalla et du Mont Rachais.

ZNIEFF des versants méridionaux de la Chartreuse.  

 

Bibliographie :

 

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