BIVIERS

 

(Canton de Meylan, ex canton de Saint-Ismier).

Forme ancienne : Biveu au XIe siècle.

Gentilé : Bivierois.

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3234 E

 

Superficie : 617 hectares.

 

Population (2015) : 2324 habitants.

 

Hagiographie :

 

Hugues, évêque de Grenoble de 1080 à 1132.

Marie-Madeleine, pêcheresse convertie par Jésus. Selon la légende du XIIe siècle, elle aurait fini sa vie dans une grotte de la Sainte Baume. Elle est honorée à Vézelay.  

 

Epoque gallo-romaine : entre Serviantin et Corbone, le tracé de la N 90 (ancienne voie royale) a du se superposer à l’ancienne voie romaine des Alpes Graies. Il faut noter qu’elle sert toujours de limite communale entre Biviers et Montbonnot, ce qui peut attester du tracé primitif.

On notera que selon P. H. BILLY, le nom de la localité viendrait du patronyme Bivius (domaine de).

 

Haut Moyen Âge : le Piniano du testament d’Abbon de 739 (que Marion ne localise pas) aurait été situé à Biviers selon PILOT de THOREY (mais sans autre précision), ce qui semble logique puisqu’Abbon écrit Piniano et Corennum, les deux localités étant contiguës.

Motte castrale supposée au Châtelard.

 

Edifices religieux :

 

Prieuré : G. ALLARD dit que Saint Hugues l’aurait fondé sous le vocable de Saint Martin mais il fait sans doute une confusion avec le prieuré de Saint Martin de Miséré.

 

Eglise Notre Dame : elle est citée vers 1083 puis dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sancte Marie de Biveu et dans le pouillé de 1497 : ecclesia Beate Marie « Viniaci. Elle dépendait alors de Saint Martin de Miséré. Elle comportait deux chapelles : la capella Sancte Crucis et la capella nobilis Petri Franconis.  L’édifice actuel semble avoir été réédifié au XVIIe siècle et embelli au XIXe siècle. Il conserve :

 

-       une cloche de 1670 classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963,

-       3 canons d’autel du XVIIIe siècle, (dits de n° 1 à n° 10), inscrits à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers des monuments historiques en 1986,

-       22 garnitures d’autel (chandeliers) du XIXe siècle (même inscription),

-       un reliquaire du XVIIIe siècle (même inscription),

-       un reliquaire du XIXe siècle (même inscription),

-       2 paires de reliquaires du XIXe siècle (même inscription),

-       une chape du XIXe siècle (même inscription),

-       un ostensoir de 1838 (même inscription),

-       une croix d’autel du XIXe siècle (même inscription), 

-       une statue de sainte femme du XVIIIe siècle (même inscription),

-       un tableau de la Sainte-Famille de la fin du XVIIe siècle classé monument historique au titre des objets mobiliers en 1988,

-       deux triptyques du XVIIe siècle représentant Saint Norbert et Saint-François- -de-Sales (même classement),

-       le maître autel du XVIIIe siècle (même classement en 1991),

-       2 sièges de célébrant du XVIIe siècle, inscrits à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers en 1992.  

 

Maladrerie de Corbone : il n’en subsiste aujourd’hui qu’un lieudit sur la limite communale avec Saint Ismier. Selon PILOT de THOREY cette maladrerie, citée en 1497 (maladeria de Corbonando avec chapelle Beate Marie Magdalenes) existait sans doute depuis le XIIe siècle et devait être installée à proximité de l’ancienne voie romaine.

 

Lieudit la Croix, cité dès 1367.

 

Châteaux :

 

Au lieudit le Châtelard, empreinte d’une tour carrée en pierre.

 

Emplacement d’une maison forte qui appartenait en 1339 à Guiffrey de Montbivol. Elle passa ensuite à la famille d’Arces.

 

Tour de Crêt Châtel : ses éléments architecturaux les plus anciens semblent remonter aux XVe et XVIe siècles.

 

Manoir de l’église dit prieuré de l’Abyme : il remonte au XVIe siècle mais possède un reste de tour médiévale laissant supposer une origine plus ancienne. C’était une dépendance des Chartreux.

 

Château du Mas de la Côte avec tour et meneaux.

 

Château de Serviantin : il est ainsi nommé pour avoir vu naître le 1er novembre 1593 Abel Servien qui fut ministre de la guerre sous Louis XIII et Louis XIV. Il se compose de deux corps de bâtiments en équerre encadrés de deux tours rondes et semble remonter au XVe ou au XVIe siècles. Il conserve également sur le coté est une tour carrée du XIIIe siècle et un écusson aux armes des Morard d’Arces datant de la même époque. Les façades et les toitures du château ont été inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1960.

 

Château de Franquières : Robert François de Sassenage se fixa à Biviers où il possédait une maison forte qui prit alors le nom de Franquières au début du XIVe siècle. La terre de Franquières fut vendue en 1601 à Philibert Aymon, conseiller du roi. La famille de Franquières, quant à elle, tomba en quenouille au début du XIXe siècle. Ses armes étaient d’azur à une plante de millet de deux épis d’or renversés l’un à dextre, l’autre à senestre feuillés de cinq feuilles, au chef cousu de gueules chargé de trois étoiles d’or.

Ce fut lui qui consacra quelques années à construire le château actuel sur l’emplacement de l’ancienne maison forte. Remarquable témoin de l’architecture provinciale du XVIIe siècle, il est assis sur une terrasse face à la chaîne de Belledonne. Le château comporte un important corps de logis central rectangulaire avec deux ailes en saillie, deux étages et des combles mansardés. L’entrée est précédée d’un perron ovale de six marches conduisant à une superbe porte Louis XIII. A l’intérieur est conservé un arc monumental de tradition renaissance, l’un des plus beaux de la région, ainsi qu’une magnifique cheminée renaissance que Pierre Bücher avait fait élever dans la bibliothèque de son hôtel de la rue Brocherie à Grenoble et qui avait l’admiration de Henri IV lors de son séjour dans la demeure. Le médaillon qui mesure 2 mètres sur 1,95 mètre est aujourd’hui conservé au musée de Grenoble. Le château (intérieur et extérieur) et son parc ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1948.

Le parc figure également au pré inventaire des jardins remarquables.  

 

Château de Montbives : ancienne maison forte de Guiffrey Montbivol en 1339 puis propriété de la famille Simiane qui occupe une position admirable.

 

Château de Bontoux : construit au début du XVIIe siècle, sur l’emplacement d’une maison forte, par Louis du Faure, président du Parlement du Dauphiné. Très homogène, il présente des hautes toitures.

 

Château de Buffévent, propriété d’Antoinette de Buffévent au XVIIe siècle, actuelle mairie.

 

Château de Plate Rousset : 820 route de Meylan, bâtiment quadrangulaire du début du XVIIIe siècle de trois niveaux cantonnés sur la façade nord est de deux tours d’angles carrées.

 

Lieudit Château Renard.

 

Architecture civile :

 

Maison Chabert du XVIe ou du XVIIe siècles avec des fenêtres à meneaux.

Maison Saint Pierre qui était possédée en 1634 par Mme de Champsoir.

Demeure de Peretière, propriété des chartreux au XVIIe siècle.

Maison Chaix du XVIIe siècle.

Maison dite de la Javelle de 1643 (ancienne mairie).

Borne de corvées du XVIIIe siècle intégrée dans un mur maçonné.

Auguste Favot a relevé 7 cadrans solaires :

-       deux cadrans complémentaires de 1688 à Plâtre Roussel avec une longue devise : sum genitor veri, domitor livoris aperti, index astrorum filius atque comes me saquor et fugio mea per vestiga, numquam cum sim quotidie nascor et intereo (je suis le père de la Vérité, le dompteur de l’Envie démasquée, l’indicateur, le fils et le compagnon des astres, je me suis et je fuis sur mes propres traces, je n’existe jamais et cependant je nais et je meurs chaque jour),

-       un  de 1833 avec inscription ustus homo non timet horam quam abscondo (l’homme juste ne redoute pas l’heure que je dérobe),

-       un à la maison Colombe à Chevalière,

-       un à la maison Gallien,

-       un à la maison Silvy.  

Pour sa part, l’Atelier Tournesol indique avoir recensé 5 cadrans solaires.

 

Hameaux et lieudits anciens :

 

Baria, XIVe siècle, Baro.

Belloux, XVIIIe siècle, les Beilloux.

Bonoteres, XIVe siècle, Bonthoux.

Chastez, XIIIe siècle, le Châtelard.

Chavalleriis, XVe siècle, les Chevalières.

Closum episcopalis, XVe siècle, les Evêquaux.

Costa de Biviaco, XIIIe siècle, la Côte.

Cretum, XIVe siècle, Crêt Chatel

Crux, XIVe siècle, la Croix.

In Comba XVe siècle, les Combes.

Grivelieres, XIVe siècle, les Grivelières.

Lavellum, XIVe siècle, Levet.

Cabaneria de Mandaer, XIIe siècle, Mendar.

In molaris Mons Baveolo, XIIe siècle, Montbive.

Plantais au XIIIe siècle, les Plantées.

Mans delz Platez, XIIIe siècle, Platel ?

Randeres villa, XIVe siècle, Randière.

Mans de la Renauz, XIIIe siècle, Renard.

Le Repentir, XVIIIe siècle, la Repentie.

Plastrum Rosseti, XIVe siècle, Plâtre Rousset.

Varaceni, XVe siècle, Varacin.

Via Barelle, XVe siècle, Baro.

Villa Ruyt, XIVe siècle, le Riot.

 

Autres indications :

 

Dans le haut Biviers, de nombreuses maisons ont conservé des tourelles, des arcs gothiques et des fenêtres à meneaux.

Auguste FAVOT mentionne 8 cadrans solaires dont un de 1688, un de 1788 et un

de 1833 avec inscription « l’homme juste ne redoute pas l’heure que je lui dérobe ».

Commune du Parc Naturel Régional de Chartreuse.

Partie du site classé en 2005 du massif du Saint Eynard.

ZNIEFF du versant méridional du Saint Eynard.

 

Bibliographie :

 

Regeste dauphinois n° 2351

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, man. 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T I, page 156 et T II, page 626

C. de MONTEYNARD : Cartulare monastorii beatorum Petri et Pauli de Domina, 1859, chartes n° 85, 256 et 237-3

G. de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, pages 31 et 606

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, page 185 et pouillé de 1497, pages 345 et 347

J. MARION : testament d’Abbon dans cartulaire A, charte XXII page 37

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, 1870

G. VALLIER : anthologie gnomonique du département de l’Isère, 1876

U. CHEVALIER : généalogie dauphinoise, 1881, pages 121 à 127

E. PILOT de THOREY : les prieurés de l’ancien diocèse de Grenoble compris dans les limites du Dauphiné, 1884

J. SESTIER : le tramway de Grenoble à Chapareillan et la vallée du Graisivaudan rive droite de l’Isère, 1900, pages 42 et 43 

 E. PILOT de THOREY : dictionnaire toponymique du département de l’Isère, édité par U. CHEVALLIER en 1920, pages 20, 21, 27, 35, 40, 85, 89, 100, 105, 115, 119, 124, 180, 201, 212, 236, 270, 273, 290, 292, 308 et 358

A. FAVOT : les cadrans solaires à Grenoble et dans le Bas Grésivaudan, BSSI, 1920, page 440

J. B. LANFREY : chez nous, 1930, page 12

A. AYMOZ : le Grésivaudan à travers les âges, 1937

G. MOREL JOURNEL : la maison forte de Montbives, bulletin de l’Académie Delphinale, T 24, 25, 26, 1953-1955

A. MICHAUD : étude démographique de la paroisse de Biviers d’après les registres paroissiaux de 1592 à 1792, 1973

J. BRUNO : le Graisivaudan, toponymie et peuplement d’une vallée des Alpes, 1977, page 46,

G. MAZOUYES : maladreries et lépreux de l’ancienne province du Dauphiné, 1980

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Archéologie chez vous n° 3, 1984, notice n° 96, page 31

R. L. LACHAT : la vallée aux cent châteaux, 1985, pages 27 à 29

J. C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, page 70

A. et L. BRUCELLE : l’Isère, terre de châteaux, 1996, page 180

Histoire des communes de l’Isère, 1988, pages 241 et 242

L. et A. BRUCELLE : Isère, terre de châteaux, 1994

Atelier Tournesol : inventaire des cadrans solaires de l’Isère, 1920

P. BLANC : Biviers au fil du temps, 2000

E. TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, pages 170 à 176

C. BOUCLIER : histoire de la famille de Servien, 2005

H. DUCINI : Abel Servie, diplomate et serviteur de l’état, 1593-1659, 2012

Site Internet : bornes.fapisere