NANTES-EN-RATIER

 

(Canton Matheysine-Trièves, ex canton de la Mure).

Forme ancienne : Nanta au XIe siècle.

Gentilé : Nantois.

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3336 OT

 

Superficie : 1200 hectares.

 

Population (2020) : 465 habitants.

 

Hagiographie : Theudère ou Théodore, né à Arcisse, fondateur de l’abbaye de Saint Chef, mort en 575.

Catherine d’Alexandrie qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée. Martyrisée sous Maximin Daia vers 305. Patronne des jeunes filles à marier.

Claude, évêque de Besançon au VIIe siècle. Fondateur de l’abbaye de Condat devenue Saint Claude.

Georges, martyrisé à Lydda en Palestine sous Dioclétien ; Son culte remonte à 368 et fut embelli par la légende du dragon qu’il aurait terrassé. Patron de l’Angleterre dès 800 et patron des cavaliers.

Firmin, évêque d’Amiens, martyrisé en 289.

Dominique, évangélisateur de la Lombardie, canonisé en 1234.

 

 

Protohistoire : selon P. BARNOLA, le nom de Nantes viendrait de Nanto, mot gaulois signifiant la petite vallée.

J. FILLEAU y voit le nom préceltique Nant, devenu Nant gaulois.

 

Haut Moyen Âge : lors de la construction de la route allant à Valbonnais on a découvert au lieudit le Frenet (ou Freney) de nombreuses sépultures. Elles étaient toutes constituées de grandes lauzes et orientées vers le sud. Les corps reposaient la tête sur une pierre. En examinant les crânes des squelettes on remarqua qu’ils étaient tous dolichocéphales et de « type sarrasin ». Lors de la découverte on a attribué cette nécropole à l’époque supposée des sarrasins en Matheysine, vers le milieu du IXe siècle.

Le château Rattier (infra) semble avoir été édifié sur une motte castrale.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Theudère : elle pourrait avoir eu une origine antérieure à l’an Mil. Elle est citée dans le cartulaire de Saint Hugues : « ecclesia Sancti Theuderii de Nanta » comme dépendance de la cathédrale Notre Dame de Grenoble. Le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 la cite comme telle. Elle était située dans le cimetière.

 

Chapelle castrale : le château Rattier possédait une chapelle dédiée à Sainte Catherine, voisinant avec l’étable. Un texte de 1427 la mentionne encore.

 

Chapelle Sancti Claudii de Rosone (Roison le Bas) citée dans le même pouillé comme unie à l’église.

 

Chapelle Saint Firmin et Saint Dominique du Freynet fondée vers 1746.

 

Chapelle du Freynet citée en 1784.

 

Eglise Saint Georges : édifiée en 1870 en remplacement de l’église primitive. Elle conserve un calice en argent forgé et ciselé de la seconde moitié du XVIIe siècle avec poinçon de J. Lestelley de Grenoble, classé monument historique au titre des objets mobiliers en 1970. Les fonts baptismaux seraient également du XVIIe siècle.

 

Lieudit l’Hôpital.

 

Châteaux :

 

Château delphinal de Rattier : le mot « rattier » passe pour être d’origine celtique et signifier « lieu élevé et fortifié ». Le mandement de Rattier comprenait tout le territoire qu’arrose la Roizonne. Bien que la légende en fasse remonter l’origine avant les invasions des sarrasins qui l’auraient occupé, il ne semble pas que le château soit antérieur au XIIe siècle.

Bâti sur un mollard presque pointu, le château avec ses bâtiments compris dans une enceinte de murailles crénelées formait un ensemble presque carré. Son portail en pierres de taille s’ouvrait au levant sur une vaste basse cour plantée de quelques arbres. Le donjon se dressait sur la roche dans l’angle nord est surplombant un à-pic de 200 mètres. A base carrée, il s’élevait avec ses trois étages à 20 mètres de hauteur. Cette demeure personnelle du seigneur formait le réduit de sa défense et était elle-même entourée d’un second mur d’enceinte. En 1339 le château est décrit en bon état dans l’enquête delphinale qui donne la description suivante : « bâti sur un mamelon arrondi très haut et dans une position très forte. A l’un des angles, donjon carré de 4 toises de coté (8 mètres) et haute de 10 toises (20 mètres), murs de 5 pieds d’épaisseur (1,40 mètre). Donjon entouré par une muraille longue de 19 toises (38 mètres), haute de 5 pieds et large de 2 ½ pieds. Il y a une habitation de 10 toises de longueur et au-dessous une citerne. A un autre angle il y a un édifice long de 16 toises et large de 4 comprenant une salle, une étable, deux chambres et une chapelle. Au troisième angle, autre édifice long de 5 toises et au quatrième angle, édifice de 12 toises de longueur avec une chambre et une salle voûtée en berceau. Mur d’enceinte de 85 toises de longueur et de 8 toises de hauteur ». L’enquête papale de la même année précise que le mandement de Rattier comprenait quatre paroisses (Lavaldens, Nantes, Oris et la Valette) faisant 374 feux. C’est le 4 novembre 1421 que le dauphin, futur Charles VII, attribua à Jean (futur Dunois), fils naturel de son oncle Louis, duc d’Orléans, « en considération de consanguinité » diverses terres et châteaux, dont celle de Rattier. Le bâtard tomba en disgrâce en 1424 et ses terres furent mises sous séquestre mais, le 12 avril 1428 par une lettre missive Charles VII ordonne au conseil delphinal de « remettre sans délai au bâtard les terres séquestrées » dont Rattier qui, à l’époque, est encore habitable selon un inventaire de 1426. Au siècle suivant, les constructions menaçaient ruine. Une enquête faite en 1531 constate que la forteresse est détruite, ses pierres étant utilisées pour construire les maisons de Nantes. Il n’en subsiste aujourd’hui que des pans de murs du donjon.

 

Ancien village castral : à la base du mamelon qui portait le château, dans une combe au bord de la Roizonne, se voient encore les ruines croulantes d’un vieux moulin et d’un four, de même que celles d’un petit pont qui en permettait l’accès.

 

Maison forte de la Tour disparue.

 

Trois autres maisons fortes sont citées en 1339 dont celle de Guy de Morges.

 

Château du Frenet.

 

Mas et lieudits anciens :

 

Chalveta, XVe siècle, la Chaumette.

Mass de Chasauz, XIIIe siècle, illi de Cazalibus, XIIIe siècle, les Chazeaux.

Comba dels Crueys, XIIIe siècle, Creux de Roizes.

Desiderii, XIVe siècle, les Didiers.

De Douzone, XIVe siècle, les Douyoux.

Freynetum, XIVe siècle, le Freynet.

Mangia, XIVe siècle, Mangeret.

Rochacief, XIVe siècle, le Rochasset.

Roers, XIIIe siècle, Roerii, XIVe siècle, Rouet.

Roissum, XIIIe siècle, Roizon.

Mass de Serbouet, XIIIe siècle, Serrum Bovetum, XIVe siècle, Serbouvet.

Mass Terrail, XIIIe siècle, Mans de Tiralleriis, XIVe siècle, le Terrail.

Les Toches, XIIIe siècle, les Touches.

 

Autres indications :

 

Pont sur la Roizonne entre Nantes et Siévoz mentionné au XIIIe siècle : Pons de Royson.

Charte de franchise concédée le 24 juillet 1317 par Guigues Alleman.

Le moulin de Rattier est cité dans la charte et des restes de pont sur la Roizonne attestent de la continuité d’utilisation des lieux sur environ sept siècles.

A Roizon le Haut, maison conservant les armes de la famille de Combourcier.

La « maison Porte », ancienne demeure du notaire Miard, conserve une plaque de cheminée de 1624.

Au Freney, grosse ferme des XVIIe et XVIIIe siècles avec deux corps de dépendances et un porche voûté traversant.

Dans une rue au nord du village, borne anépigraphe.

Borne géodésique.

Viaduc de la Roizonne construit de 1913 à 1928 par Paul Sejourné.

 

ZNIEFF du massif du Grand Serre et du Tabor de la Matheysine.

ZNIEFF de l’ensemble fonctionnel de la vallée du Drac et de ses affluents.

ZNIEFF des lacs et zones humides du plateau Matheysin.

ZNIEFF du marais de Nantes en Ratier.

ZNIEFF de la vallée de la Roizonne.

ZNIEFF des crêtes rocheuses du Tabor.

 

Arrêté de biotope du marais de Nantes en Ratier.

 

Bibliographie :

 

Inventaire du chapitre Notre Dame n° 878

Archives départementales de l’Isère : B 2945, B 2958 f° 287, B 3044, f° 341, B 3972, B 4504

Regeste Dauphinois n° 7775, 13398, 19820, 21923, 29532

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 2, pages 211 et 456

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, cartulaire C, page 189 et 273 et pouillé de 1497, pages 286 et 313

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton de la Mure, 1870

U. CHEVALIER : choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, 1874, page 69

V. ARNAUD : la famille de Combourcier, 1894, pages 1 à 5, 136 et 137  

Abbé DUSSERT : essai historique sur la Mure et son mandement depuis les origines à 1626, 1903

C. FAURE : un projet de cession du Dauphiné à l’église romaine (1338-1340), Mélanges d’archéologie et d’histoire, 1907, pages 175 et 218

E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages, 65, 70, 83, 123, 129, 132, 159, 212, 277, 299, 301, 302, 333, 344 et 346 

 L. CAILLET : la Mure et ses environs, 1925, page 83

C. FREYNET : les Alleman et la seigneurie de Valbonnais, 1939, page 31

L. CAILLET : une encyclopédie locale, la Mure-d ’Isère et ses environs, 1960

J. GODEL : le cardinal des montagnes, Etienne Le Camus, 1974, pages 197, 205 et 229

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Site Internet : bornes.fapisere

E. TASSET : châteaux forts du Dauphiné, 2023, pages 164 et 165