LA MOTTE-SAINT-MARTIN

 

(Canton Matheysine-Trièves, ex canton de la Mure).

Forme ancienne : Mota au XIe siècle.

La Motte les Eaux sous la Révolution.

La gare ferroviaire portait le nom de la Motte-les-Bains.

Gentilé : Saint-Martinois.    

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3336 OT

 

Superficie : 1460 hectares.

 

Population (2020) : 451 habitants.  

 

Hagiographie : Martin, évangélisateur des Gaules, évêque de Tours en 361. Près de 300 communes françaises portent son nom.

 

Préhistoire : une hache néolithique à rainure a été trouvée à une date non précisée dans une fissure de rocher, près du village. La question de son authenticité se pose.

 

Protohistoire : on a découvert en 1890, sur un sentier près du village, une bague de l’extrême fin de l’époque de la Tène.

 

Epoque gallo-romaine : une voie romaine desservait la Motte. Elle est encore nettement identifiable sur le versant nord de la Motte en un point où une saignée de la roche et des murs de soutènement restent très probants. Entre la Motte et Avignonet un pont existait sur le Drac. C’est pour sa reconstruction que la Dauphine Béatrix fit un legs en 1228.

En 1843, près de la « Source de la Dame », à environ 30 mètres du Drac, on a mis au jour des restes de thermes avec une piscine et deux aqueducs. Le premier aqueduc était composé de deux rangées de tuiles creuses disposées l’une sur l’autre d manière à former un tuyau. Le second était une sorte de construction épaisse et solide, faite entièrement avec un béton de chaux, de gravier et de briques rouges concassées. Ces thermes devaient être de haute origine puisqu’on y a découvert un as de Nîmes. A. PRUDHOMME pensait que les riches gallo-romains de Cularo fréquentaient ces thermes. Les sources qui les alimentaient étaient situées un peu en dessous du niveau actuel de la cascade que forme le ruisseau du Pérailler en se jetant dans le Drac. Elles jaillissaient à peu de distance l’une de l’autre et à une température de 58 ° pour la source dite du puits et de 62 ° pour celle dite de la dame. Les derniers vestiges des thermes ont disparu lors de la mise en eau du barrage de Monteynard.

Près des thermes on a trouvé un demi as de Nîmes.

 

Haut Moyen Âge : le château primitif semble avoir été édifié sur une motte castrale qui a donné son nom à la localité.

 

Edifices religieux :

 

Chapelle castrale : elle est mentionnée dans le cartulaire de Saint Hugues : capella de Motta. Dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497, elle est devenue ecclesia Sancti Martini de Mota.

 

Chapelle Notre Dame-de-la-Délivrance : selon la tradition elle aurait été élevée au XIIe siècle par un chevalier guéri par les eaux de la Motte à son retour des croisades. Elle a été noyée en 1962 lors de la mise en eau du barrage de Monteynard.

 

Chapelle Notre-Dame-des-Neiges : elle fut édifiée en 1709. Ruinée, elle fut restaurée vers 1896. C’est aujourd’hui une propriété particulière.

 

Eglise Saint Martin : elle a été édifiée en 1860 en remplacement de l’ancienne église qui était la « capella » primitive. Elle conserve une cloche en bronze de 1678, classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963 et un ostensoir inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers en 1990.

 

Croix du Fournet.

Croix de Biron.

Croix du Sert.

Croix monumentale au cimetière.  

 

Châteaux :

 

Château delphinal de la Motte : dès la fin du XIe siècle il est question de ce château. Il est attesté dans une bulle papale de 1148. Il appartenait d’abord aux premiers dauphins. En 1266, par suite d’un échange, il passa à la famille Aynard. L’enquête de 1339 indique qu’il était bâti sur un mamelon très élevé et qu’il comprenait une première enceinte de 40 toises de longueur à l’intérieur de laquelle se trouvait une tour ronde et derrière celle-ci une maison d’habitation et une citerne. On y pénétrait par un pont levis. Au-delà de cette première enceinte il y en avait une seconde renfermant une construction faite de deux salles superposées et deux bâtiments contigus. L’enquête papale de la même année indique que le mandement possédait 152 feux et que son revenu était de 500 florins par an. Il passa ensuite à la famille de Morges qui le reconstruisit en partie et l’embellit à la Renaissance. Au cours des guerres de religion, Lesdiguières y logea l’une de ses garnisons. Vendu en mauvais état à la révolution, il fut alors restauré dans son état actuel.

Au fronton, inscription latine de 1590 « seul un dieu nous a fait ce lieu de repos ».

 

Maison forte du Mollard qui appartenait au XIIIe siècle aux Alleman.

 

Mas et lieudits anciens :

 

Arva, XIVe siècle, l’Arve.

Balhirediers, XVIIIe siècle, Bayardiere.

Costis villa, XIVe siècle, les Côtes.

Mass de Leso, XIIIe siècle, Lesson.

Moleria, XIVe siècle, la Molière.

Molario Gondrandi, XIVe siècle, le Molard.

Mons, XIIIe siècle, la Montagne.

Tremolatum, XVe siècle, les trois moulins.

Viveria villa, villa de Viverio, XIVe siècle, le Vivier.

 

Autres indications :

 

Meulière attestée en 1261, 1352 et 1367

Bains de Pérailler : au XVIe siècle les De Morges, retrouvant les sources, avaient fait construire en-dessous du hameau de Perailler un modeste établissement de bains. A en croire Guy ALLARD les eaux de la Motte étaient encore extrêmement fréquentées au XVIIe siècle. Lesdiguières, dit-on, y aurait été soigné d’une sciatique.

Il y eut au XIXe siècle un projet, vite abandonné, pour amener les eaux de la Motte à Grenoble.

Mairie école de la Molière de 1935. C’est un énorme bâtiment qui a été labellisé « Patrimoine en Isère ».

Ancienne forge à clous au Vivier.

E. GUEYMARD mentionne un gite de nickel vers le château.

L’Atelier Tournesol a recensé un cadran solaire.

ZNIEFF du promontoire de Monteynard.

ZNIEFF de l’ensemble fonctionnel de la vallée du Drac et de ses affluents.

ZNIEFF de la prairie et lac de la montagne du Conest. 

 

Bibliographie :

 

Archives départementales de l’Isère : 2 Mi 955 et 957, 8 B 48 f° 21, 8 B 59, f° 78

Regeste Dauphinois n° 3817, 12877, 19218, 26511, 29532, 29543

Regeste complémentaire n° 4418

N. CHORIER : Histoire générale de Dauphiné, T I, 1661, page 28

G. ALLARD : recherches sur le Dauphiné, manuscrit du XVIIe siècle, BMG U 439

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 2, page 204

A. GRAS : notice sur les eaux minérales du département de l’Isère, BSSI 1838, page 11

C. LEROY : essai statistique et médical sur les eaux minérales des environs de Grenoble, BSSI 1838, pages 72 à 80

A. GRAS : jaugeage des eaux thermales de la Motte, BSSI, 1843, pages 102 à 114

J. J. A. PILOT : ruines de bains romains à la Motte, BSSI, séance du 29 décembre 1843, page 197

J. J. A. PILOT : précis statistique des antiquités du département de l’Isère, BSSI 1843, page 122

V. BALLY : eaux thermales de la Motte-les-Bains, 1844

J. CHEVRIER : notice sur des restes d’antiquités gallo-romaines trouvés à la Motte- les-Bains, BSSI, 1851, pages 1 à 4

H. BRETON : note sur l’alcalinité de l’eau minérale de la Motte, BSSI, 1851, pages 4 et 5

E. GUEYMARD et alii : statistique générale du département de l’Isère, 1844-1852, III, page 197

E. GUEYMARD : sur 3 gites de nickel dans le département de l’Isère, BSSI 1856, pages 276 à 278

M. ROGER : mémoire sur les mines d’anthracite du bassin du Drac, BSSI 1860, page 160

H. BUISSARD : indicateur médical et descriptif des eaux de la Motte-les-Bains, 1861

C. LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, pages 57, 87, 94, 104 et 330

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, cartulaire C, page 198 et pouillé de 1497, page 286 et 315

Dr COMANDIE : utilité des eaux minérales transportées de la Motte, 1870

Dr L. GUBIAN : la Motte-les-Bains près Grenoble, 1873

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C. FAURE : un projet de cession du Dauphiné à l’église romaine (1338-1340), Mélanges d’archéologie et d’histoire, T 27, 1907, pages 182 et 223

Guide pratique illustré du touriste dans les Alpes, 1908, pages 149 à 151

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