MONESTIER-DE-CLERMONT

 

(Matheysine-Trièves ex canton du même nom et chef-lieu de canton).

Formes anciennes : monasterium Clari Monti XIIe siècle.

Monestier Libre sous la Révolution.

Gentilé : Monétérons.

Héraldique : d’azur à la montagne de sinople et au monastère du lieu, d’argent essoré d’or (moderne).  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3236 E

 

Superficie : 545 hectares.

 

Population (2020) : 1449 habitants.

 

Hagiographie : Pierre, premier des apôtres et premier pape, crucifié en 67 à Rome à l’emplacement de la basilique qui porte son nom.

Paul qui eut la vision du Christ sur le chemin de Damas. Considéré comme le 13ème apôtre. Egalement martyr en 67.

Marcel, prêtre de Lyon au IIe siècle ou l’évêque de Paris + 405.

 

Préhistoire : la Pierre du Prêtre du Col du Fau passait pour avoir été un mégalithe ayant servi de « table à sacrifices » à l’époque de l’indépendance gauloise. Néanmoins, s’il parait assez évident que ce bloc erratique de 2,8 m sur 2,4 m, dépassant du sol de 80 cm. Insolite, la parfaite inclinaison nord-sud de sa diagonale, a été retravaillée pour lui donner une forme tabulaire, aucune cupule n’est repérable. Des fouilles préventives étaient prévues mais elles n’ont pas eu lieu.

Site néolithique des Condamines, fouillé durant l’hiver 1995-1996.

 

Protohistoire : au lieudit les Quouas vers le Col du Fau, des tessons protohistoriques ont été découverts en 2001, de part et d’autre d’un ruisseau.

Lors de la construction de la déviation routière des sondages ont mis au jour en 2003 un site de la fin de la Tène d’environ 1500 m2.

 

Epoque gallo-romaine : La voie romaine de Cularo à Fréjus, sert encore de limite communale entre Monestier et Saint-Paul. Quelques vestiges sont connus :

 

Ø  au lieudit le Quouas, ont été trouvés de nombreux tessons des Ier et IIe siècles, provenant d’un site qui doit se trouver sur le promontoire au sud ouest,

Ø  au lieudit les Carlaires, quelques résidus de céramique gallo-romaine ont été découverts en 2001,

Ø  sur le tracé de la déviation on a mis au jour en 2003 des empierrements et une partie d’habitation avec un sol aménagé, des murs et du mobilier domestique,

Ø  au lieudit l’Etaudey, on a découvert au printemps 2003, une cour de construction du début du Ier siècle (relais ou auberge ?). Le site a également livré des céramiques campaniennes et des drains.

 

Haut Moyen Âge : au lieudit Talabar emplacement supposé du village primitif selon TERRAS. Des ossements humains et des tuyaux hexagonaux de 6 cm de diamètre y auraient été découverts.

H. TERRAS pense que le monastère Saint Pierre du Monestier aurait été établi par Abbon entre 736 et 739 à l’emplacement actuel du village et de l’église, sur un terrain libre. Mais la théorie d’une fondation mérovingienne ne repose ni sur les textes ni sur l’archéologie.

 

Edifices religieux :

 

Monastère Saint Pierre et Saint Paul : le bourg de Monestier de Clermont doit son nom et son origine à un monastère sans doute fondé par l’abbaye d’Oulx. Son nom apparaît pour la première fois dans une confirmation faite par le pape Eugène III au prévôt d’Oulx en 1148. La chapelle de ce monastère fut placée sous le patronage de Sait Pierre et de Saint Paul et devint très vite l’église paroissiale de la localité qui se forma autour du monastère. En 1261, une enquête sur les droits du dauphin cite le monasteri in Triviis. D’après l’enquête de 1843, le curé note que le monastère était bénédictin, ce qui est possible mais non confirmé par des sources écrites.

 

Chapelle Saint Antoine : le testament d’André Blocetti, ancien notaire de Monestier, porte fondation d’une chapelle en l’honneur de Saint Antoine dans l’église paroissiale en 1291.

 

Chapelle castrale Saint Marcel citée en 1339.

 

Eglise Saint Pierre : elle occupe sans doute l’emplacement de la chapelle du monastère. En 1291, André Bloceti, ancien notaire, y fonde une chapellenie en l’honneur de Saint Antoine.

Reconstruite ou restaurée à diverses époques, elle parait remonter dans son état actuel au XVIIe siècle à l’exception du chœur. Elle conserve un crucifix sculpté en grandeur naturelle du XVIIIe siècle dans un noyer par l’ébéniste Hache, provenant de l’église Saint André de Grenoble. Elle possède également un vitrail, dit de l’Annonciation, de 1780.

 

Maison du Grand Armirail : grande bâtisse d’âge indéterminé qui est peut être l’ancien hôpital que les chevaliers de Saint Jean de Jérusalem édifièrent en 1349 en remplacement de celui de Roissard qui avait été ruiné lors d’une épidémie de peste.

 

Chapelle Notre-Dame-de-la-Salette de 1862.

 

Confréries du Rosaire, des Enfants de Marie et du Sacré Cœur fondées par l’abbé Pontramier.

 

Châteaux :

 

Château delphinal : le château est cité dès 1260 comme appartenant à Humbert de Clermont. L’enquête de 1339 en donne la description suivante : « tour carrée d’une hauteur de 8 toises, enceinte longue de 240 mètres et haute de 4 mètres ». L’information faite la même année à la requête du procureur général sur la terre de Clermont précise qu’« il a un château et forteresse avec tour, une porte de grande élévation, 27 nobles et feudataires résidents dont 3 ont maison forte et 17 non résidents. Du château dépendent les paroisses de Saint Pierre du Monestier, de Saint Paul et de la montagne de Lautaret, les châteaux et mandements de Gresse, Touchane et Saint Guillaume. Revenus 604 florins et bois de vastes dimensions valant 10 000 florins ». L’enquête papale de la même époque indique que le château était le centre d’un mandement de deux paroisses faisant 180 feux.

En 1340, la seigneurie de Clermont est transformée en vicomté. En effet, le dauphin Humbert II souhaitant récompenser Aynard de Clermont, seigneur du lieu, le crée vicomte de Clermont en Trièves auquel il ajoute Roissard puis Avignonet. Il le constitue également capitaine de guerre et grand maître de l’hôtel du dauphin et, à ce titre, il aura le pas sur tous les autres officiers et dans les grandes festivités lui seront acquis deux plateaux et quatre assiettes d’argent avec lesquels il servira le prince. Le 13 juin 1340 il est investi, selon la tradition, d’un anneau pour ses fiefs, d’une épée pour la vicomté, d’un pennon à quatre queues aux armes du dauphin fixé à la pointe d’une lance pour la capitainerie et pour la grande maîtrise d’une verge blanche.

En 1495, Louis vicomte de Clermont, prête hommage au dauphin, futur Charles VII pour ce château.

De ce château, démantelé par Lesdiguières, subsistent aujourd’hui dans la forêt vers le collet de Sinard, les bases de la tour et les vestiges encore significatifs de trois enceintes.

 

Maisons fortes : les trois maisons fortes de 1339 ne sont pas localisées. Selon G. ALLARD elles appartenaient à Pierre de la Tour, à Godonin Baile et à Lantelme Caral.  

 

Château des vicomtes de Clermont ou de Bardonenche : à l’origine, pavillon de chasse des Clermont. Puis, vers 1590, construction du bâtiment s’y appuyant, vraisemblablement par Allemand de Paquier, vicomte de Trièves depuis 1566. Enfin, en 1743, César de Bardonenche agrandit la demeure (2ème étage, pavillons latéraux, fronton, parc). C’est le château tel qu’on le voit aujourd’hui.

 

La carte de Jean de Beins de 1619 indique une tour à Vaure dont il ne reste pas de traces.

 

Lieudits anciens :

 

Ad Batallorz, XIIIe siècle, le Battoir

Al Fornil, XIIIe siècle, Fournel.

Iter de Chazorellis, XIVe siècle, Chaurru ?

Pales mansus in pays in Triviis, XIIIe siècle, les Payes ?

Pepineris de Ville, XIVe siècle, Pepineyres.

Serrum Clarismontis valla, XIVe siècle, le Serre.

Serum Colleti Clarimontis, XIVe siècle, le Serre du Collet.

Valloria, XIVe siècle, les Valoires.

 

Autres indications :

 

Halle citée au XIIIe siècle. Elle était située sur l’actuelle place du même nom. Elle a été démolie au début du XXe siècle.

Des foires et des marchés sont mentionnés dans un acte du 16 juin 1317.

Maison d’Aynard de la Tour mentionnée sur un acte du 7 septembre 1282.

Hôtel du Lion d’Or remontant au XVIe siècle qui conserve une baie à meneaux et une porte cintrée des XVIe ou XVIIe siècles.

 

Eaux minérales exploitées de 1639 à la seconde guerre mondiale. Le bâtiment de captage est labellisé « Patrimoine en Isère ».

 

Villas de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle :

Ø  villa du général Champon de la fin du XIXe siècle,

Ø  villa Rose de 1900,

Ø  chalet dit des neiges de 1900,

Ø  villa Plantefolie de 1906 au milieu d’un parc, ancienne demeure de Gustave Vallier. Cette « villa château » s’apparente aux manoirs néo gothiques,

Ø  villa Sénès construite en 1930 avec une façade à l’antique (aujourd’hui la Poste).

Tour Vallier de 1925.

L’Atelier Tournesol a recensé un cadran solaire.  

Lieudit Mont Rome et chemin dit de Jérusalem.

ZNIEFF de la pelouse sèche et boisement thermophile de Pinjalas.

ZNIEFF des prairies du col du Fau.

 

Bibliographie :

 

Archives départementales de l’Isère, G 689, 2 Mi 957, B 2949, 435, B 2607, B 2662, B 2962, B 3120, f° 75, B 3329, B 4443 f° 55, II c 27, Probus f° 280, G 689

Archives de Malte, Marseille, H 5132

Archives des notaires (ADI)

Registres paroissiaux : 1651-1792 (ADI)

Regeste Dauphinois, n° 1206, 3817, 6617, 6975, 9686, 9687, 9691, 9818, 10740, 12469, 18615, 19071, 19725, 21398, 22140, 22619, 23020, 25152, 25871, 26551, 27526, 28027, 28667, 28684, 29254, 29470, 29664, 29665, 30550, 33169, 33468

Regeste complémentaire n° 1947, 1978, 2929 et 3414

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 2, page 150

De VALBONNAIS : Histoire de Dauphiné, 1721-1722, T I page 141 

A. GRAS : notice sur les eaux minérales du département de l’Isère, BSSI 1838, page 13

Dr C. LEROY : notice sur les eaux minérales de Monestier-de-Clermont, BSSI T 2, 1841, pages 386 à 399  

E. GUEYMARD et alii : statistique générale du département de l’Isère, III, 1844-1852

G. ALLARD : dictionnaire du Dauphiné publié par H. GARIEL en 1864, T 1, pages 117 et 150 et T II, pages 288 à 304

G. ALLARD : description historique de la ville de Grenoble et de la province de Dauphiné, man. de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, page 65

G. de RIVOIRE de la BATIE : Armorial du Dauphiné, 1867, pages 38 à 40, 158

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L. RIONDET : la place de l’Hôpital à Monestier-de-Clermont, revue des AVG n° 60, 2007, pages 38 et 39

J. C. MICHEL : châteaux delphinaux de la vallée de la Gresse (II), revue des AVG n° 63, juin 2009, pages 23 et 24, revue des AVG n° 70, 2012, pages 53 à 55

L. RIONDET : la place du Champ de Foire à Monestier-de-Clermont

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C/ MAZARD : les cadrans solaires en Isère, 2013, page 112

L. RIONDET : le monastère de Clermont, revue des AVG n° 75, juin 2015, pages 56 et 57

Carte archéologique de la Gaule, l’Isère 38/4, 2017, pages 220 et 221

L. RIONDET : les Clermont et la vicomté de Trièves, revue des AVG n° 80, décembre 2017, pages 53 à 56

L. RIONDET : le monument aux morts de Monestier-de-Clermont, revue des AVG n° 82, décembre 2018, pages 31 à 33

L. RIONDET : André Roussin, un académicien à Monestier-de-Clermont, revue des AVG n° 82, décembre 2018, pages 38 à 41

L. RIONDET : les tuiliers suisses de Monestier-de-Clermont, revue des AVG n° 83, juin 2019, pages 35 à 39

J. C. MICHEL : les ZNIEFF de la vallée de la Gresse, revue des AVG n° 83, juin 2019, pages 58 à 62

L. RIONDET : les Cannois, revue des AVG n° 85, juin 2020, pages 38 et 39

L. RIONDET et J. C. MICHEL : Histoire de Monestier-de-Clermont, Avignonet, Roissard, Saint-Paul-les-Monestier et Sinard, décembre 2020

J. GASQUI et L. RIONDET : Laurent Schwart à Monestier-de-Clermont durant l’occupation, revue des AVG n° 88, décembre 2021, pages 49 à 53