MIRIBEL-LANCHATRE
(Matheysine-Trièves,
ex canton de Monestier-de-Clermont).
Commune
issue de l’ex commune de Miribel et Château-Bernard en 1822
Formes
anciennes : Mirabello et Incastris au XIe siècle.
Gentilé :
Lanchatrous.
Carte
IGN au 1/25000ème : 3236 E
Superficie :
965 hectares.
Population
(2020) : 454 habitants.
Hagiographie : Martin, évangélisateur des
Gaules, évêque de Tours en 371. Près de 300 communes françaises portent son
nom.
Marguerite
d’Antioche, vierge et martyre vers 275.
Epoque
gallo-romaine : passage
de la voie romaine de Grenoble à Fréjus. Vers la Condamine, le chemin
est encore parfaitement fossile avec d’importants murs de soutènement. Il
descend jusqu’à un gué pavé sur la Gresse.
Dans
la partie sud de la commune, dominant de plusieurs centaines de mètres le gué
sur la Gresse, vaste prairie, de forme vaguement trapézoïdale, entourée semble
t-il d’un fossé fossoyé et d’un large talus au nord qui pourrait avoir été un
camp romain. S’agirait-il alors d’un camp légionnaire lié à Munatius Plancus et
aux évènements de l’an 43 avant notre ère ? La vue est particulièrement
suggestive de la crête de la Ferrière.
Miribel
Lanchâtre est situé en limites de deux circonscriptions antiques. En effet, de
temps immémorial la paroisse de Miribel a appartenu au diocèse de Grenoble
(civitas des Allobroges), cependant que celle de Lanchâtre relevait du diocèse
de Die (civitas des Voconces).
Au
lieudit Bayanne, sur la limite de Miribel et du Gua, où la légende place
une ancienne ville détruite, F. GAUTIER a trouvé vers 1930 des tuiles
identifiées par H. MULLER comme romaines. Le maire de la commune, M. GAUTHIER
indique que lorsqu’il travaillait à la ferme de M. TERRIER à Bayanne,
des fragments de tuiles avaient été trouvés.
Haut
Moyen Âge : lors
de travaux effectués à Lanchâtre le 4 avril 1948 pour la pose de conduites
d’eau on a découvert dans le petit chemin bordant le cimetière derrière
l’église sept tombes sous lauzes de tradition burgonde.
F.
GAUTIER rapporte une tradition selon laquelle le chef des sarrasins qui
auraient tenté d’investir Corrençon (voir à cet égard la notice relative à Château-Bernard),
se serait installé et aurait fait souche à Pommard où l’on montrait
encore vers 1930 les ruines de la « maison du sarrasin ».
Au
château de Miribel, emplacement de motte castrale.
Edifices religieux :
Eglise
Saint Martin de Miribel :
cette église était peut-être l’ancienne capella
de Mirabello du cartulaire
de Saint Hugues. On pense que cette ancienne église, aujourd’hui disparue,
était située entre le château de Miribel et celui de Grinde. En 1375, elle
était déjà désaffectée.
Eglise
Notre Dame (ou Sainte Marguerite) de Lanchâtre : elle est également citée dans le
cartulaire de Saint Hugues : ecclesia
de Incastris. La charte du XIVe siècle additive aux cartulaires mentionne
un capellanus de Incastris . En
1488 est indiquée comme bien tenue. Le pouillé de 1497 la présente comme
dépendance du prieuré de Vif. Elle a été reconstruite en 1880 sur le même
emplacement. Elle conserve une cloche de 1694 classée monument historique au
titre des objets mobiliers en 1963. Par ailleurs, une chasuble du début du XXe siècle
a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers en 1998.
Chapelle
de la Sainte Croix :
elle est citée dès le XIe siècle. En 1732 elle existait encore. Ses dernières
ruines, vers le château de Miribel, ont disparu au XXe siècle.
Chapelle
du Saint Esprit citée en 1497 : capella
Sancti Spiritus.
Ancien
mas le templier cité par PILOT de THOREY (dictionnaire topographique).
Devant
l’église croix de mission de 1847 et de jubilé de 1934.
Rue
de l’abreuvoir, croix de mission de 1892.
Four
ancien.
Châteaux :
Château
delphinal : on ne
connaît pas son origine mais il s’agissait vraisemblablement d’un
« château de l’an Mil » : en 1030, Humbertus de Miribello fait
en effet une donation au prieuré de Domène. Le château figure au titre des
fiefs delphinaux recensés en 1339. Le procès verbal en donne la description
suivante : « dans une situation très forte, donjon carré avec une
tour de 9 toises de hauteur. Nobles : Pierre, Lantelme et Didier de
Miribel, Guillaume Chaunais et Guigues d’Oriol. En dépendent les paroisses de
Lanchâtre et de Saint Barthélemy. Revenus 200 florins ». Le château se
développait à la fois sur la plate forme sommitale du promontoire ainsi que sur
plusieurs terrasses aménagées en contrebas. Du donjon quadrangulaire on voit
encore le mur est, parementé en petit appareil, conservé en élévation sur plus
de
L’enquête
papale de la même année que l’enquête delphinale relève que le mandement de
Miribel comprenait deux paroisses faisant 147 feux.
En
1450, le château appartenait à François de Miribel, vassal du vicomte de
Clermont. En 1732 il était toujours habité par la famille de Miribel mais à la Révolution
il était déjà ruiné.
La
famille de Miribel avait pour armes d’or au lion de gueules.
La
famille Copin de Miribel avait pour armes d’azur au chevron engrêlé d’argent,
accompagné de trois besants du même, au chef d’argent chargé d’un lion léopardé
de sable, armé, paré, lampassé et allumé de gueules.
Château
de Grinde : il est
également décrit en 1339 : « non loin du château (de Miribel),
autre château avec tour carrée ». Un albergement de 1418 au nom de Hugues
Grinde, seigneur de Miribel, à noble François de Miribel de la paroisse de
Lanchâtre concerne des emplacements, bâtiments et murailles appelés Saint
Martin et situés à Miribel.
Selon
G. ALLARD, Aynard Grinde figurait à l’arrière-ban de 1512.
Les
armes des Grinde étaient d’azur à la bande componée d’or et d’argent,
accompagnée de trois croissants montants de même, les deux de la pointe en
bande.
Une
famille Margaillan Grinde fut anoblie par le dauphin Louis au XVe siècle. Charles
Margaillan s’allia vers 1550 avec Isabeau Grinde, joignant les deux noms. Ses
armes étaient de gueules à trois heaumes d’argent posés de profil. Cette
famille tomba au XVIIIe siècle dans les Roux-Déageant et les Copin de Miribel.
Incendié
à la révolution le château a été reconstruit ultérieurement avec les matériaux
subsistants.
Transformé
en ferme, il conserve une tour et des traces d’architecture ancienne. Vers le
bâtiment subsiste une pierre creusée en forme de bassin qui est peut être un
pressoir médiéval.
Château
Feuillet, cité au-dessus du cimetière au XVIIe siècle.
Château
de Lanchâtre ou du Vernay, ancien domaine de M. le Clet dit aussi château
Eymard :
transformé et pourvu de jardins à la fin de l’ancien régime par Jean Eymard
(1780 à 1782). Dans le parc de la demeure, est conservé le tombeau de Sylvain
Eymard, médecin de la Grande Armée.
Lieudits anciens :
Villa de Amalguineriis, XIVe siècle, Amalguières ?
Villa de Ardayneriis, XIVe siècle, Arlaneyres
Aujarderiis villa, XIVe siècle, Aujardeyres
Villa de Bononeriis, XIVe siècle, Boromeyre
Ad Cappolleres, XIIIe siècle, Chapolier
Clamainson, XVIIIe siècle, Clemançon
El Chanavers, XIIIe siècle, Chenavaz
Villa de Chapoteres, XIVe siècle, les Chapoliers
Villa de Costis, XIVe siècle, les Cotes
Villa de Freyderia, XIVe siècle, Freydière ?
Villa de Gressano, XIVe siècle, Gresset
Villa de Pelliconis, XIVe siècle, Pelisson
Villa Serri Bayni, XIVe siècle
Villa Serri Pelati, XIVe siècle, Serpellat
Villa de Verneto, XIVe siècle, le Vernay
Autres indications :
Dans
la forêt, énorme rocher dit la Pierre Dieu qui porte l’empreinte d’un
apparent pied gigantesque, lié à la légende de Bayanne, « ville
détruite par la colère de Dieu ».
Au
Perron, emplacement probable d’une meulière.
Ancienne
usine de chaux et de ciment du Pont Mendrant.
Au
Vernay, mémorial des neuf résistants qui furent tués à la fin des combats de
juillet 1944.
Borne
de domaine seigneurial du XVIIe siècle sur la crête du Jonier.
Borne
trapézoïdale avec restant de gravure en limite du Gua.
A
Essart Garin, au-dessus du hameau, maison ancienne avec un demi meneau.
L’Atelier
Tournesol a recensé un cadran solaire.
Commune
du PNR du Vercors.
ZNIEFF
de la pelouse sèche de la Roche.
Bibliographie :
Archives
départementales de l’Isère : b 3008, B 3120 f° 120, B 4443 f° 74, B 4449,
D 11 U, 416-420, 3 E 15880, 4 E 620,
Cartulaire
de l’église de Saint chaffre 191-8 n° 452
Archives
de Sassenage : G 5, 1001-4, 0029 et 0030
Regeste
Dauphinois, n° 4719, 6617, 10113, 10486, 16116, 27646, 29470, 29530, 29532,
29576, 29703, 29773, 30281, 33580, 35580
Regeste
supplémentaire n° 2470
Anonyme :
littéré de la châtellenie de Miribel 1519-1526 (BMG 7686 1 et 4)
G.
ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL
en 1864, T 1, pages 64 et 598 (Grinde) et T 2, page 143
C.
LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, page 139
G.
de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, pages 170, 289, 290,
382, 416
J.
MARION : cartulaires de l’église Notre Dame de Grenoble dits cartulaires
de Saint Hugues, 1869, pages 191, 278 291 et 351
F.
CROZET : description topographique, historique et statistique des cantons
formant le département de l’Isère, canton de Monestier-de-Clermont, 1870
U.
CHEVALIER : choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, 1874,
page 69
J.
CHEVALIER : essai historique sur l’église et la ville de Die, T II, 1896,
page 236
C.
FAURE : un projet de cession du Dauphiné à l’église romaine (1338-1340),
Mélanges d’archéologie et d’histoire T 27, 1907, pages 177, 178 et 217
G.
COLLINO : le carte della prevostura d’Oulx, 1908, charte 90
E.
PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U.
CHEVALIER en 1920, pages 6, 9, 12, 61, 74, 77, 84, 97, 115, 159, 179, 187, 226,
263, 334, 340 et 363
J.
B. LANFREY : chez nous, 1930, page 67
Notes
manuscrites du Dr GUEDEL sur la découverte de 1948
L.
TERRAS : la baronnie de Gresse en vallée chevalereuse, 1971, pages 233 à
237
J.
GODEL : le cardinal des montagnes, Etienne Le Camus, 1974, page 200
Aimé
BEAUP : les sanctuaires du Trièves, 1980, pages 139 à 144
P.
H. BILLY : origine des noms des villes et des villages de France, 1981,
page 193
M.
COLARDELLE : sépultures et tradition funéraire du Ve au XIIIe siècle après
J. C. dans les campagnes des Alpes françaises du Nord, 1983, page 192
Notes
inédites de F. GAUTIER, 1984
Archéologie
chez vous n° 4, la vallée de la Gresse, 1985, notice 177 pages 42 et 43
J.
C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, page 81
J.
C. MICHEL : en remontant le cours de la Gresse, Miribel-Lanchâtre,
bulletin des AVG n° 16, décembre 1985, page 9
F.
GAUTIER : en remontant le cours du temps et la vallée de la Gresse,
bulletin des AVG n° 17, juin 1986, page 38
Histoire
des communes de l’Isère, T 1, 1988, pages 227 et 228
R.
REYMOND : l’insolite et images fortes du passé, 1989, page 289
A.
VAN GENEP : le Dauphiné traditionnel, T 3, 1992, page 32
Y.
ARMAND : Sylvain Eymard, médecin de Lanchâtre et témoin de son temps,
bulletin des AVG n° 33, 1994, pages 14 à 24
J. C. MICHEL : notice n° 124, carte archéologique de la
Gaule : l’Isère 38/1, 1994, page 100
E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, page 204
Vercors,
terre monastique et canoniale, Cahier de Léoncel n° 11, 1995, page 68
Atelier
Tournesol : inventaire des cadrans solaires de l’Isère, 1996-1998
Patrimoine
en Isère, Trièves, 1997, pages 62, 73, 74, 151, 182 et 218
L.
RIONDET : la planche du Peron et le moulin de Colombat, bulletin des AVG
n° 39, juin 1997, pages 35 à 40
J.
C. MICHEL : les châteaux de Miribel, bulletin des AVG n° 45, juin 2000,
pages 16 et 17
J.
C. MICHEL : la voie romaine principale du Trièves de Cularo à Fréjus,
bulletin des AVG n° 49, juin 2002, pages 8 et 9
J.
C. MICHEL : promenade historique en Trièves, bulletin des AVG n° 50, octobre
2002, page 56
E.
COFFIN : inscriptions campanaires de la région de Vif, bulletin des AVG n°
50, 2002, n° 214, pages 36 et 37
J.
C. MICHEL : Miribel-Lanchâtre : un pressoir médiéval ? revue des
AVG n° 52, décembre 2003, page 58
Le
Trièves, collection les patrimoines, 2004, page 17
J.
C. MICHEL : de l’origine de nos paroisses, revue des AVG n° 53, juin 2004,
page 25
E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, page 685
A.
BELMONT : les moulins de la vallée de la Gresse, revue des AVG n° 56,
décembre 2005, pages 7 à14
A.
BELMONT : la Pierre à Pain, T II, 2006, page 265
E.
COFFIN : visites pastorales de Laurent Ier Alleman, revue des
AVG n° 59, juin 2007, page 33
J.
C. MICHEL : les châteaux delphinaux de la vallée de la Gresse (II), revue
des AVG n° 63, juin 2009, pages 22 et 23
J.
C. MICHEL : les voies antiques du Trièves, Cahiers du musée du Trièves n°
6, juillet 2010, page 10
P.
O. ELIOTT : Trièves, 2013, pages 188 à 192
M.
GAUTHIER : Miribel-Lanchâtre entre vie et patrimoine, 2015
Carte
archéologique de la Gaule, l’Isère 38/4, 2017, page 212
J.
C. MICHEL : les ZNIEFF de la vallée de la Gresse, revue des AVG n° 83,
juin 2019, pages 58 à 62
Site
Internet : fapisere, page 47
J.
C. MICHEL et L. RIONDET : histoire de Château-Bernard, Gresse-en-Vercors,
Miribel-Lanchâtre, Saint-Andéol, Saint-Guillaume et Saint-Martin-de-la-Cluze,
2022
J.
C. MICHEL : Miribel-Lanchâtre des origines à la fin du Moyen Âge, revue des AVG
n° 89, juin 2022, pages 6 à 19
A.
BARRAS TIXIER : châteaux et familles de Miribel-Lanchâtre, revue des AVG n° 89,
juin 2022, pages 20 à 33
J.
C. MICHEL : compléments toponymiques, revue des AVG n° 90, décembre 2022,
pages 27 à 30
E.
TASSET : châteaux forts du Dauphiné, 2023, pages 128 et 129