GRESSE-EN-VERCORS
(Matheysine-Trièves,
ex canton de Monestier-de-Clermont).
Formes
anciennes : Gradosa en 739, Gressa au XIVe siècle.
Gentilé :
Gressois.
La
commune de Gresse est immense :
Elle
a pris son nom actuel par le décret du 21 janvier 1954
Cartes
IGN au 1/25000ème : 3236 E et Vercors hauts plateaux nord au
1/50000ème
Superficie :
8100 hectares.
Population
(2020) : 368 habitants.
Hagiographie : Barthélemy, l’apôtre, martyr au Moyen-Orient,
représenté avec un couteau.
Marcel,
prêtre de Lyon au IIe siècle ou l’évêque de Paris + en 405.
Sulpice,
évêque de Bourges, + en 591.
Préhistoire : divers vestiges sont
connus :
Ø
sous
le Pas de Chabrinel, J. X. CHIROSSEL a découvert en 1959 dans un abri
sous roche une pointe de silex,
Ø
en
1982 au lieudit Grotte du Campagnol s’ouvrant sur le flanc ouest de la
montagne de Roche Rousse on a découvert des restes osseux de faune
et des vestiges humains du paléolithique supérieur dont trois silex
taillés,
Ø
en
1985 sur le Sentier de la Vie on a découvert une pointe de flèche en
silex noir du néolithique final,
Ø
à Preyperet
à
Ø
à Gerland
à la même époque une station néolithique a été repérée sur plus de
Ø
vers
le sommet du Grand Veymont, à
Protohistoire : de nombreux vestiges sont
signalés :
Ø
à
l’embranchement du Col de l’Allimas on a mis au jour en 1920 de
nombreuses sépultures dont chacune renfermait « le corps d’un géant »
(plus de deux mètres avec en tête un pot en grès). Ces sépultures sont
attribuées au Bronze final,
Ø
au lieudit Jasse de la Playe, F.
GAUTIER a recueilli des tessons de céramique du Bronze final,
Ø
il
existe une tradition de culte protohistorique au sommet du Grand Veymont.
Sans doute à l’époque du solstice de juin où le soleil se levait. Cette
tradition semble avoir perduré de nos jours,
Ø
sur
l’une des stations de Prepeyret du charbon de bois a été daté au C 14 de
1313 à 1127 avant notre ère,
Ø
à
l’époque gauloise, le territoire de Gresse appartenait aux possessions des Vertacomicori, branche de la
confédération des Voconces dont ils constituaient un pagus.
Epoque
gallo-romaine : il
existait de toute évidence une voie romaine jognant Gresse à Die par les hauts
plateaux du Vercors. Des traces de cette voie sont très nettes vers le Col
de l’Aupet où la chaussée antique est taillée sur
De
même une mutatio est possible à Preyperet,
peut être à l’emplacement d’une auberge citée au XVIIe siècle.
C’est
sur le tracé de cette voie que se trouvent les Carrières de la Queyrie
qui s’étendent sur près d’un kilomètre à l’est de la Tête de la Graille.
Ce nom de Queyrie dérive du bas latin quadraria signifiant
l’endroit où l’on équarrit des blocs de pierre. Elles présentent encore deux
chambres d’abattage avec de nombreux blocs de toutes tailles, bien équarris
dont certaines adhèrent encore à la falaise, des colonnes ouvragées, des
socles…
Un
coin était encore en place lors de la découverte des carrières par le Dr LONG
en 1835. Un second coin aurait été découvert vers 1960 dans une petite fissure
située à une dizaine de mètres au dessus de la dernière chambre d’abattage lors
de son exploration par des spéléologues.
Exploitées
de la fin du Ier siècle au milieu du IIIe siècle ces carrières servirent essentiellement
à la construction des monuments de Die. Mais, selon G. MARTIN certains blocs
ont pu être récupérés pour être utilisés dans l’église de Gresse, notamment
dans les arcs, les linteaux et leurs supports en beau calcaire. On a calculé
que les quatre chambres d’extraction représentaient un volume de
Près
des carrières ont été trouvées cinq monnaies de Gordien III et de Philippe
l’Arabe. A proximité une petite grotte dite des carriers a livré des
tessons de céramique gallo romaine. Déposés au musée de Die ces tessons
semblent aujourd’hui perdus. Pour ma part, lors d’une visite du site, j’en ai
trouvé quelques uns.
Quant
au nom de Gresse on peut signaler que DAUZAT, repris par FILLEAU, y voyait une villa Crassia, domaine de Crassus.
Haut
Moyen Âge :
Au
Pré du Repos, H. MULLER a mis au jour en 1904 une nécropole de type
burgonde avec des tombes placées sur deux rangées parallèles.
Gresse
est cité dans le testament d’Abbon du 5 mai 739 en ces termes « colonicas in Gradosa quem ministeralis
noster in benefitio habuit tu heres mea ut habeas voto ac jubeo ».
C'est-à-dire :
« mes fermes de Gradosa qu’eut en bénéfice mon administrateur Bajo, je
veux et ordonne que toi, mon héritière (l’abbaye de la Novalaise dans le val de
Suse) les possède… ». Le domaine dont il s’agit pouvait très
vraisemblablement être situé au lieudit la Ville.
Au
lieudit Saint Pierre une chapelle, aujourd’hui disparue, passait pour
avoir été fondée par Abbon ou ses disciples. Il n’en reste rien de nos jours.
Enfin,
la grotte de Biscorbat à la Jasse du Playe a livré en 2004 dans
un puit de nombreux restes de faune domestique et ceux d’un enfant de moins de
10 ans. Les datations au carbone 14 ont donné le milieu du IXe siècle.
A
la Bâtie, emplacement vraisemblable d’une motte castrale. Il n’en
demeure qu’un tertre tronconique ovalaire isolé par un fossé du hameau et de la
chapelle.
Edifices religieux :
Eglise
primitive : il
semble probable que la première église de Gresse ait été édifiée au lieudit Pré
du Repos. Elle devait disposer d’un cimetière car un vase en céramique du XIIe
ou du XIIIe siècles a été découvert en ce lieu (au Musée Dauphinois n° 27.2.84).
Eglise Saint
Barthélemy : elle
fut construite au début du XIIIe siècle pour son état le plus ancien conservé.
Ses arcs en plein cintre attestent l’époque romane. Les arcs, les linteaux et
leurs colonnes de support en calcaire pourraient provenir des carrières romaines
de la Queyrie. L’étage supérieur, fait de tuf brun, supporte quatre clochetons
de brique dont la toiture bleue à quatre pans est surmontée, pour chacun d’eux
d’une petite croix. Reliés entre eux par une balustrade, ils encadrent le
clocher dont les quatre faces portent chacune un cadran de l’horloge
monumentale. Elle conserve une cloche de 1675 et un Christ en croix du XVIe siècle
inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets des monuments historiques en
1998.
Le
vitrail de l’église, exécuté dans les années 1925 par le maître verrier
grenoblois Antoine Bernard fut offert à la paroisse « en souvenir de ses
enfants morts pour la France ». Le Christ auréolé bénit un poilu allongé,
casque et fusil posés à ses cotés. Ce type de la représentation à la mémoire
des morts de la grande guerre est assez exceptionnel dans un édifice religieux.
La verrière du premier quart du XXe siècle a été inscrite à l’inventaire
supplémentaire des objets des monuments historiques en 1998.
Prieuré
Saint Marcel ou Saint Barthélemy :
il fut fondé en 1213 par les religieux de Saint Marcel de Die. Il passa ensuite
à l’abbaye de Saint Ruf et fut supprimé un peu avant la révolution.
Chapelle
Notre Dame de la Bâtie :
l’origine de cette chapelle est sans doute antérieure à l’église paroissiale
elle-même. Elle est citée dans un acte de donation de 1211. Dans son état
actuel elle se présente comme un rustique édifice campagnard qui peut remonter
au XVIIe siècle. A cet égard, on note un prix-fait en 1684 pour la
reconstruction de cette chapelle, alors église paroissiale.
Elle
conserve divers objets mobiliers :
-
deux
chandeliers en laiton du XVIIe siècle classés monuments historiques au titre
des objets mobiliers en 1971,
-
un
maître autel en bois polychrome,
-
quatre
chandeliers en bois polychrome et doré,
-
deux
statues en bois polychrome de la Vierge à l’Enfant et de Saint Joseph.
Commanderie
de Godissar :
fondée par les templiers au début du XIIe siècle, elle passa ensuite à l’ordre
de Saint Jean de Jérusalem. En 1314 le commandeur était Pierre de Miribel.
Cette maison dépendait de la commanderie d’Echirolles. Son emplacement n’est
plus connu et certains auteurs la situent sur le territoire de Saint Martin de
la Cluse.
Une
maladrerie est connue.
Croix : devant l’église subsiste une
croix en granit rongée par l’érosion. Le christ est sculpté en ronde bosse,
bras élancés de manière très frustre. On remarque une coquille Saint Jacques au
dessus de la tête et une autre au bord des bras. Au dos, on distingue une croix
plantée sur un coq tripartite. Cette croix qui rappelle le pèlerinage de Saint
Jacques de Compostelle semble dater du XVe siècle.
Ancienne
église Saint Sulpice de Chauplane :
d’origine inconnue, elle se situe à quelques centaines de mètres au sud-ouest
de Chauplane, au bord du chemin reliant ce hameau à la Bâtie-de-Gresse. Elle
est signalée ruinée et abandonnée en 1645. La parcelle cadastrale où elle se
situait se nomme encore Saint Sulpi et on en voit encore les soubassements, les
pierres ayant dû être remployées relativement récemment. Un habitant de la
Bâtie racontait que, lorsqu’il était jeune berger, il montait sur le toit de la
chapelle en ruine pour repérer ses moutons. Saint Sulpice est le nom du patron
de la paroisse de Chauplane, rattachée à Gresse à la Révolution. La chapelle
qui lui a fait suite semble avoir été dédiée à Saint Pierre. L’enquête
commanditée par l’évêque de Grenoble en 1843 indique « près d’un hameau
appelé Chauplane existe une chapelle rurale où la paroisse va en procession le
dimanche qui suit immédiatement la fête de Saint Pierre ». Elle figure
sous ce nom sur le cadastre napoléonien de Gresse (renseignements fournis par
Lionel Riondet en octobre 2020).
Croix
de la Bâtie : elle
est d’origine médiévale avec un christ sculpté en relief de petite taille. Les
inscriptions du socle avec la date de 1763 sont vraisemblablement postérieures.
Couvent
Notre Dame : il
fut fondé le 5 mars 1869 dans l’ancienne maison forte de Rochassière. Il fut supprimé
en 1905 et transformé en hôtel.
Ancienne
chapelle de la Combe.
Croix
de la Lime mentionnée au XVIIIe siècle.
Au
col de l’Allimas, croix de 1861.
Croix
du chemin du Serpaton de 1890.
Croix
de mission vers l’église.
Croix
d’Uclaire.
Châteaux :
Le
château delphinal s’élevait à l’emplacement de l’actuelle place Dr Cuynat. Le
procès verbal de 1339 en donne la description suivante : « donjon
carré clos de murailles mesurant 138 toises de circonférence. Tour carrée en
pierres de taille de 7 toises de hauteur, 22 toises de tour, murs de
Il
a été démoli en 1889.
L’ancienne
tour : une tour de
l’enceinte castrale subsiste dont une demeure conserve des bossages typiques
des constructions fortifiées.
Château
fort des Deux : il
était situé au hameau des Petits Deux sur le sommet de la colline. On
devine à peine l’entrée du château et on ne voit aujourd’hui que quelques
traces de murs au ras du sol. Le donjon semble être indiqué par un carré de
pierres au niveau du sol à peu près au centre d’un rectangle de
Château
de la Bâtie : il
semble avoir été édifié sur l’emplacement d’une motte castrale, au lieudit Serre
Château. Citée dès 1211 (bastida
vocata bastida de Gresse) la
Bâtie de Gresse dépendait du château delphinal et le procès verbal de 1339 la
décrit comme « située sur une éminence rocheuse avec dans le donjon une
tour en bois très forte ».
Maison
forte de la Rochassière :
il en subsiste une tour et une porte surmontée d’une accolade gothique. De nos
jours c’est l’hôtel du Chalet qui conserve un arc gothique d’entrée.
Anciens lieudits :
Ad Barraleres, XIIIe siècle, Barraleyre
Aqua Grassete, XVe siècle, la Grassette.
Bertranderias, XIVe siècle, Bertrandeyres
Villa de Berianas, XIVe siècle, Berriève
Villa de Bochet, XIVe siècle, le Bouchet
Villa de Chalmes, XIVe siècle, le Chaumeil
Villa de Chalplam, XIVe siècle, Chauplane
Comba de Gressa villa, XIVe siècle, la Combe
Cota, XVe siècle, la Côte.
Villa del Dues, XIVe siècle, les Deux
Villa de Monte Rotundo, XIVe siècle, Montrond.
Frayseis villa, XVe siècle, les Fraisses
Villa podii Chavalnenchi, XIVe siècle, le Puy
Villa dal seachos, XIVe siècle, les Sachets ?
Villa de Vileta, XIVe siècle, la Ville.
Uclaires, XVIIIe siècle, Uclaire.
Autres indications :
A
Preyperet une glacière est environnée de 200 pierres de calcaire, la plus
grande étant située au bord même de la glacière. La datation est incertaine.
Mais il s’agit vraisemblablement d’un site cultuel.
Sur
l’ouest de la crête de Château Vert, borne datée de 1308 avec deux croix qui
auraient marqué les limites de l’évêché de Die.
Au
hameau des Petits Deux subsiste une porte de maison avec double accolade
gothique.
Le
grand Veymont : point culminant du Vercors (
Commune
du PNR du Vercors.
Réserve
naturelle des hauts plateaux du Vercors (décret du 27 décembre 1985).
Site
Natura 2000 : les hauts plateaux du Vercors (arrêté du 23 décembre 2016).
Site
Natura 2000 des contreforts du Vercors oriental.
Le
pin à crochets de la Quayrie et le sapin de 250 ans et 40 m de hauteur de
Sallanchon sont classés arbres remarquables.
ZNIEFF
des hauts plateaux du Vercors.
ZNIEFF
des crêtes des rochers de la montagne de Gresse.
ZNIEFF
des landes et forêts de Château Vert.
ZNIEFF
de la forêt de Lioutarday.
ZNIEFF
des falaises et pieds de falaises des hauts plateaux du Vercors.
ZNIEFF
des crêtes orientales du Vercors.
ZNIEFF
du versant ouest de la crête des Alleyras.
ZNIEFF
du plateau et de la bordure occidentale des hauts plateaux du Vercors.
ZNIEFF
des hauts plateaux sud du Vercors.
ZNIEFF
des crêtes orientales du Vercors.
ZNIEFF
de l’église de Gresse (protection de chauves-souris).
Bibliographie :
ADI :
B 2956, B 3120 f° 128, B 3392, B 4443 f° 79, 3E 3134
Archives
de Malte, Marseille H 5132 et 5133
BMG :
R 8701
Regeste
Dauphinois : 543, 1123, 1421, 6153, 6167, 10 113, 16 116,
27 646, 29 470, 31 866
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complémentaire 3153, 3712
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et D. GARNIER et L. RIONDET : émigrés de Gresse au Canada, revue des AVG
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J.
C. MICHEL et L. RIONDET : histoire de Château-Bernard, Gresse-en-Vercors,
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2022
J.
C. MICHEL : compléments toponymiques, revue des AVG n° 90, décembre 2022,
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B.
FREYDIER : Robert Chassillan, bayle de la bergerie de la Chau, revue des
AVG n° 90, décembre 2022, pages 53 à 60