MENS

 

(Matheysine-Trièves ex chef-lieu du canton du même nom)

Forme ancienne : Menz au XIIe siècle, Mencio, Mensio in Triviis au XIIIe siècle.

Gentilé : Mensois.

Héraldique : parti au premier de gueules au lion contourné d’argent, au deuxième d’or au dauphin d’azur, le tout sommé d’un omble d’argent.

 

Mens a absorbé l’ancienne commune de Saint-Genis le 31 décembre 1972.

 

Cartes IGN au 1/25000ème : 3336 OT et 3337 OT

 

Superficie : 2830 hectares.

 

Population (2020) : 1406 habitants.  

 

Hagiographie : Martin, évangélisateur des Gaules, évêque de Tours en 367. Près de 300 communes portent son nom.

Genis ou Genès, évêque de Clermont + 662

 

Préhistoire : une hache en pierre polie, d'époque néolithique, a été trouvée dans un ravin sur les rives de l'Ebron et une autre en jadéite aux Armillières sur le Serre de Mens. Deux autres haches, aujourd’hui perdues, sont également signalées ainsi qu’une lame en silex de Vassieux. A. BOCQUET mentionne la découverte d’une lame à retouche couvrante en silex de Vassieux (slnd au Musée Dauphinois).

 

Protohistoire : au Châtel, bloc erratique avec cupules, rigoles creusées et quelques ornements sculptés, qui passe pour avoir été une "pierre à sacrifice" d’époque gauloise. Il s’agit vraisemblablement d’un mégalithe, eu égard à la présence de cupules.

 

Epoque gallo-romaine : Mens a-t-elle été une agglomération secondaire antique ou bien un simple relais routier ? C'est sans aucune preuve tangible que la plupart des auteurs ont considéré que Mens était, depuis l'antiquité, la capitale du Trièves : de CHORIER et ALLARD – et nombre d'auteurs après eux – qui y voyaient un "Forum Néronis". CHORIER a fait naitre la légende que « Néron y fit bâtir une ville, dans le pays des Tricoriens où il établit u marché public auquel il donna son nom Forum Neronis aujourd’hui Mens en Trièves. Il en fait une colonie romaine.

Puis J. ROMAN et PILOT de THOREY y situaient la station de GEMINAE. Si l'assimilation géographique de Mens avec GEMINAE (station double portée deux fois par erreur ou du fait de stations "jumelles") s'avère impossible, Mens a pu, pour le moins, être une mansio, au carrefour de plusieurs voies antiques, ce qui serait à l'origine de son nom, comme c'est le cas à Manse (Hautes Alpes). Mais, contrairement à Manse, Mens, hormis quelques rares tegulae et des "objets romains" qui auraient été découverts, avant 1845 sur un site non précisé, n'a jamais livré le moindre vestige antique et rien n'atteste l'existence de structures d'époque gallo romaine dans le bourg. Mais les transformations que celui ci a subies au moyen âge et les destructions liées aux guerres de religion ont toutefois pu recouvrir une éventuelle agglomération antique et, à fortiori, une mansio. On n’insistera pas sur le fait que J. P. CARRAJAT dans ses poèmes sur Mens de 1992 en fait dériver le nom d’une « déesse grecque » connue de lui seul.

Le toponymiste A. FRANCES rappelle que la filiation Geminas – Mens est impossible, de même que la filiation Mansio – Mens et propose comme origine du mot Mens, mentii ou Mencii signifiant « fenils » justifiés par les importants pâturages qui entourent Mens.

J. C. BOUVIER voit, quant à lui, le gentilice Minicius ayant donné Mens.

On notera toutefois le lieudit le Villare vers la D 526, au nord de la forêt de l'Ebron et le lieudit Villette (villa Viletas en 1040) ainsi qu’un lieudit le Grand Champ.

 

Haut Moyen Âge : la tradition locale rapporte la présence sous l’église d’un « tombeau de Saint Mens » (que l’hagiographie ne connaît pas) qui aurait été un chrétien martyr d’orient au Ve siècle. On notera toutefois qu’il existe une colline de Saint Mens au sud-est de Gap.

Le Thau est-il le casili in Tenegandia du testament d’Abbon de 739 ? MARION ne se prononce pas contrairement à PILOT de THOREY.

Au Châtelard, à 1000 mètres d’altitude, emplacement d’une motte castrale de 10 mètres de hauteur à laquelle succéda un château occupé jusqu’au XVIIIe siècle.

Des condamines dans les villae de la Villette et de Mersudana (le Verbier, Saint Genis), sont données par les comte Ponce au monastère de Cluny vers 1040.

Un acte de la même époque (1039 ou 1041) mentionne un lieudit Mota (la Motte).

 

Edifices religieux :

 

Eglise Notre Dame : l'édifice remonte à l'époque romane et conserve encore des fenêtres et des chapiteaux du XIIe siècle représentant des têtes humaines, des feuillages stylisés, deux têtes de lion, une tête barbue et un voûtement du XIIIe siècle. Elle est citée pour la première fois vers 1183 dans les chartes de la chartreuse de Durbon.

Une chapelle est fondée le 4 décembre 1321 en application du testament d’Alexis Alexi.

Les travées ont été reconstruites vers 1675 hormis le clocher.

L'ensemble de l'église a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1987. L'église et ses abords sont également inscrits au titre des sites (1947).

Elle conserve un ostensoir de la fin du XVIIe siècle, une toile représentant l'adoration des Mages de même époque, un Christ en croix de la fin du XVIIe siècle classé monument historique au titre des objets mobiliers en 1998, un Christ en croix du XVIIIe siècle (même classement), des boiseries et des stalles, une Vierge du XVIIIe siècle et une cloche de 1714.

 

Commanderie : la première mention de cette commanderie apparaît le 5 septembre 1224 dans le testament de Guigues Bérenger, seigneur de Morges. Elle passa, à la dissolution de l'ordre, aux chevaliers Saint Jean de Jérusalem. Elle est citée le 13 décembre 1310 comme suit : templi de Mencio antique faciendis. Son emplacement n’est pas localisé.

 

Ancienne église Saint Genis : Saint Genis forma dès le XIIe siècle une communauté distincte et une paroisse indépendante mais resta toujours sous l’influence de Mens. L’église primitive est citée dès le XIIe siècle : ecclesia Sancti Genesii et un cloitre y est mentionné au siècle suivant. Réparée en 1509 et en 1596 fut désaffectée en 1789. Elle Le Concordat supprima la paroisse de Saint Genis qui fut alors rattachée à celle de Mens. L’église, qui n’était plus entretenue, s’effondra et ses ruines ont aujourd’hui disparu. Seul son bénitier a été récupéré et placé dans une propriété particulière.

 

Ancien prieuré de Saint Genis connu au XIIe siècle mais qui avait déjà disparu en 1390.

 

Ancienne église Saint Martin : selon Pilot de Thorey, elle est citée au XIIIe siècle. Une donation de 1270 indique qu’elle possédait un cloître.

 

Prieuré Bénédictin : ancien prieuré qui dépendait de Cluny.

 

Aumônerie non localisée.

 

Maison de la confrérie citée le 16 août 1255.

 

Maladrerie : elle est citée au XIVe siècle : maladerio de Mencio. Il n’en subsiste que le lieudit la Maladrerie.

 

Temple protestant : il remonte au XVIe siècle et Il servit de poste de commandement à Lesdiguières, d'où le nom de Tour de Lesdiguières encore donné à son clocher.

Il conserve une chaire en bois sculpté du XVIIe siècle provenant de l’ancien couvent des Ursulines de Grenoble, inscrite à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers monuments historiques en 1998 et une cloche de 1653 provenant de l'ancienne église de Saint Genis.

 

Maison dite de l'hospice : près du presbytère, maison élevée au XVIIe siècle par un conseiller du Parlement du Dauphiné, qui servit d'hospice au XIXe siècle. Sa façade d'entrée, de style Jésuite, a conservé un remarquable portail en bois.

 

Châteaux :

 

Château du Châtelard de Saint Genis : la première mention du château apparaît dans un texte de 1327. Lors de l’enquête papale de 1339 il est mentionné comme étant le centre d’un mandement de 80 feux. Il été encore occupé au début du XVIIe siècle. Il n’en subsiste que quelques traces de murs.

 

Fort des Vignes de Serre Bertras cité en 1291, au sud du village dont il subsiste quelques traces.  

 

Bourg castral : celui ci avait une importance prépondérante et constituait, au moyen âge, l'unique pôle économique important du Trièves. Même si tous les restes des remparts édifiés en 1259 ont disparu aux XVIIe et XVIIIe siècles, le Bourg garde encore la trace de son organisation castrale, notamment dans la rue des Fossés.

 

Fort du Chafals construit en 1397.

 

Ancienne maison forte du Comte de Morges qui était située à l’emplacement du temple actuel.

 

Lieudit disparu la Motte (Mota en 1039).

 

Architecture civile :

 

Halles : c'est un remarquable spécimen d'architecture civile du XVIe siècle, remanié en 1811.

Protection : inventaire supplémentaire des monuments historiques (1961) et site inscrit (1947).

 

Maisons anciennes : la plupart des maisons du Bourg semblent remonter au XVIIe siècle mais d’autres sont sans doute plus anciennes ainsi :

-       des fenêtres à meneaux, notamment, rue Saint Martin,

-        place Paul Brachet porte avec arc gothique,

-       Place de la Halle, porte ogivale d’un magasin,

-       Rue de la Halle, linteau de porte daté de 1608,

-       Rue de l’ancienne cure maison du 16ème avec porte cintrée à claveau.

 

Portes cloutées : à la maison Bard, au Petit Breuil, rue Vil et à l'ancienne cure, portes avec vantaux et clous forgés.

 

13 rue du Bourg, pieddroit de porte comportant une tête de mort sculptée.

 

Ancienne demeure du colonel Allard : elle conserve une très belle porte de style Louis XIII. Le colonel Allard était l’ambassadeur du duc de Savoie auprès de Lesdiguières.

 

Ferme modèle du Thau : à l'origine, manoir édifié au XVIIe siècle par un gentilhomme protestant, M. de Thau, transformé en "ferme modèle" en 1859 par J. P. Carrajat. Il adjoint deux pavillons d’angle disposés en avant de l’ensemble pour marquer les extrémités d’une composition à peu près symétrique. Un bâtiment allongé, perpendiculaire à l’axe médian, constitue l’élément central abritant le fermier, le fenil et les étables voûtées d’arêtes. Sa chapelle voûtée en berceau est datée de 1874. L’édifice est labellisé « Patrimoine en Isère ».

 

Place de l'église, une maison conserve un très beau balcon en fer forgé du XVIIIe siècle.

 

Rue du Breuil, maison du XVIIIe siècle.

 

Domaine des Marais du XVIIe siècle transformé au XIXe siècle.

 

Cadran solaire : sur l'église, cadran solaire de 1733 avec inscription : "songez à la dernière".

 

Fontaines : Mens conserve encore trois remarquables fontaines du début du XIXe siècle, sur l'emplacement d'anciens puits : place de la Halle, place de la Mairie et place Paul Brachet. Elles sont conçues sur un modèle identique : bassin en pierre à pans coupés, orné d'un tore sur son pourtour avec un dauphin en pierre composé d'un fût octogonal cannelé s'évasant vers le bas.

Ces trois fontaines ont été inscrites à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1961.

 

Ancien internat de l’école modèle fondée en 1823 et modifiée en 1898.

 

Domaine de Milmare du XIXe siècle avec une porte à petite toiture en tuiles écailles.

 

Hameaux et lieux anciens :

 

Amilleris, XIVe siècle, Amilières.

Ataudon, XVIIIe siècle, Arthodon.

Boyras, XVIe siècle, Boiras.

Closum, XIIIe siècle, le Clos.

El Piney, XIIIe siècle, la Pigne.

Forezerium, XIVe siècle, Foreyres.

Gelata, XIIIe siècle, Jalay.

Mansus Martinene, XIVe siècle, Mas Martinet.

Mas de Tanc, Tancum, XIIIe siècle, le Thaud.

In Entresels, XIIIe siècle, les Entresseaux.

Magnus Campus, XIVe siècle, le Grand Champ.

In Marisco, XIIIe siècle, les Marais.

Melleyra, XIVe siècle, Maillet.

Menglas, Majutia de Menglas, Mistralia de Menglas, XIIIe siècle.

Milmansa, XIVe siècle, Milmaze.

Mota, XIe siècle, la Motte (lieu disparu).

Pecllana, Peollana, XIIIe siècle, Pouillane.

Petra Grossa, XIIe siècle, Pierre Grosse.

Plan de Rau, XIVe siècle.

Prata de Comba, XIIIe siècle, la Combe.

In Randerie, XIVe siècle, Randet.

Sagna Alaudorum, XIVe siècle, Allaudaire.

Ap Serros, XIVe siècle, les Serrons.

Serrum Martellerum, XIIIe siècle, le Serve de Milmaze.

Spinetum, XIIIe siècle, la Pigne.

Vallis Jelata, XIVe siècle, Jalmy.

Verderium, XIVe siècle, Verdier.

Villetasin pagus Trevis, XIe siècle, la Villette.    

 

Autres indications :

 

Charte de franchises de 1237. Le 21 novembre 1282 Humbert de la Tour et la dauphine Anne, son épouse, confirment les privilèges de la ville et mandement de Mens accordés aux habitants par leurs prédécesseurs les dauphins André et Jean.

Moulin à noix de Chardayre cité dès 1300.

Anciennes mines de cuivre et de plomb exploitées dès le début du XVIe siècle par les chartreux de Durbon (Saint-Julien-en-Beauchêne).

Au lieudit le Marais emplacement d’une meulière médiévale probable.

 

Café des Arts : il fut fondé en 1854. Les deux devantures et le décor intérieur ont été exécutés en 1896 par le peintre Gustave Riquent et représentent, en trompe l'œil, des paysages des environs de Mens.

Les deux devantures et le décor intérieur ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1989.

 

Sur le mur sud de l’église, cadran solaire de 1833 avec inscription : Pereunt sed imputantur (songez à la dernière).

Cadran solaire de 1864 à Beaumet avec inscription : Pax in terra.

L’Atelier Tournesol a recensé un troisième cadran solaire.

 

Drapeaux des conscrits : la mairie de Mens conserve une collection tout à fait exceptionnelle de 43 drapeaux de conscrits de la période 1880-1951 classés monuments historiques au titre des objets mobiliers en 1988.

 

A Foreyre, ancienne usine de soierie Petrequin, de 1882 et, dans le Bourg, usine de soierie Petrequin de 1898.

 

Musée du Trièves.

Parc « Terre Vivante » classé comme jardin remarquable.

Etang du Marais.  

ZNIEFF de l’Obiou et du haut Buech.

ZNIEFF du haut pays du Trièves.

ZNIEFF des prairies d’Arthodon.

ZNIEFF des forêts thermophiles et pelouses de l’Obiou. 

ZNIEFF des boisements thermophiles du domaine de Raud.

 

Bibliographie :

 

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Regeste complémentaire : n° 1124, 2662, 2670, 2827, 2840, 2881, 2929, 2956, 2827, 3006, 3040, 3064, 3099, 3116, 3165, 3169, 3331, 3767, 3823, 4551

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