CLELLES

 

(Matheysine-Trièves, ex chef-lieu du canton du même nom)

Forme ancienne : Claellis au XIIe siècle.

Gentilé : Clellois.

 

Cartes IGN au 1/25000ème : 3236 et 3237 E

 

Superficie : 2088 hectares.

 

Population (2020) : 535 habitants.  

 

Hagiographie : Antoine, l’Ermite ou le Grand du IIIe siècle qui fut la proie de tentations incessantes de la part du diable et dont les reliques ont été rapportées lors des croisades à la Motte-Saint-Didier devenue Saint-Antoine.

Isidore, évêque de Séville au VIIe siècle.

 

Selon DAUZAT le nom de Clelles est d’origine obscure. En 1840, l’abbé REYNIER remarquait qu’il pouvait dériver du mot écuelle dont la prononciation patoise était la même que celle de Clelles dans le même idoine. De fait, Clelles est situé dans un fond de vallée en forme d’entonnoir ou d’écuelle.

J. C. BOUVIER assure, quant à lui, que Clelles provient sans équivoque de l’occitan cledella, diminutif de cleda qui signifie claie. Mot d’origine gauloise.

 

Préhistoire : un marteau poli en amphibolite, de forme trapézoïdale et de section rectangulaire d’époque néolithique, a été découvert en octobre 1875 (au Musée Dauphinois n° 67.3.30). Deux haches de même époque sont signalées par Georges de Manteyer.

 

Protohistoire : aux environs de Clelles on a découvert en 1999 sur l’ancienne piste du Trièves un petit trésor de monnaies gauloises comprenant une obole de Marseille et 29 monnaies gauloises en argent dont certaines avec la légende DVRNACOS/DONNVS (au Musée Dauphinois).

 

Epoque gallo-romaine : Clelles était situé sur le tracé de la voie romaine de Grenoble à Fréjus, mentionnée dès le milieu du Ier siècle avant notre ère et empruntée vraisemblablement par Munatius Plancus en 43 avant notre ère. Elle devait franchir l’Orbanne sur un pont, peut être en bois, un gué étant impossible. Elle deviendra ultérieurement le « grand chemin de Grenoble en Provence ». Elle reste bien identifiable sur le territoire communal de l’ancien pont sur l’Orbanne faisant limite avec Saint-Martin-de-Clelles à la croix de Malverger, carrefour encore bien marqué à l’altitude de 778 mètres. Puis elle traverse le bourg et correspond alors sur une courte distance à l’actuelle RD 252. De Teyssonières, la voie se retrouve sur la forme d’un bon chemin jusqu’au Pontou (aujourd’hui Bonthoux), autre carrefour de chemins. De là, elle descend jusqu’au ruisseau des Merdari, limite communale avec le Percy.

Un vase du Ier siècle de notre ère a été trouvé par H. MULLER.

Des trouvailles de tegulae sont mentionnées.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Notre Dame : elle est mentionnée dès 1115 comme étant donnée à l’abbaye de Saint-Ruf dans une bulle pontificale de Pascal II : ecclesia Sanctae Mariae de Claellis. Cette belle église, de type roman, remonte vraisemblablement à cette époque à l'exception du clocher plus tardif (XVe siècle). Ce clocher a été inscrit à l'inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1977.

L’église conserve une cloche de 1769 et un carillon de Westminster unique en France, composé de 4 cloches en volée sur un beffroi en bois et de 5 cloches fixées dans les baies du clocher (1896) et d’une horloge de 1911, classé monument historique en 2014. Plusieurs objets liturgiques ont été classés monuments historiques au titre des objets mobiliers en 1992 :

-       un encensoir du XVIe siècle,

-       un ciboire du XVIIe siècle,

-       un calice patène du XVIIe siècle,

-       un calice du XIXe siècle,

-       un tableau du Christ au tombeau de Joseph Blanc Célestin de 1863,

ainsi que d’autres objets mobiliers inscrits à l’inventaire supplémentaire en 1990 :

-       une Vierge à l’Enfant du XVIe siècle

-       une paire de petits chandeliers en laiton du XVIIe siècle,

-       une paire de grands chandeliers dorés du XVIIIe siècle,

-       une chasuble blanche du XVIIIe siècle,

-       une chasuble, deux dalmatiques et deux étoles du XVIIIe siècle,

-       une paire de chandeliers du XVIIIe siècle,

-       un ostensoir de 1838,

-       une chasuble violette du début du XIXe siècle.

En 1998, la statue en marbre de la Vierge à l’Enfant a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers.

 

Prieuré Sainte-Marie : il fut établi en 1115 par l'abbaye de Saint-Ruf. Il y avait, à la fin du XIIe siècle, une dizaine de moines à demeure. En 1773, le prieuré fut rattaché à l'évêché de Die.

 

Prieuré de Longefond : au hameau du même nom existait un prieuré bénédictin qui dépendait du prieuré de Domène. Il est mentionné au XIIe siècle : Longuafama monasteri.  

 

Temple protestant de 1620.

 

Chapelle Saint-Antoine l’Ermite de Longefond et de Saint Isidore de 1723.

 

Oratoire Notre-Dame-de-la-Salette.

 

Statue de Notre-Dame-de-Clelles, néogothique en fonte, érigée le 15 août 1980 à la sortie est du bourg.

 

Croix avec inscription « O crux ave » à Longefond.

 

Devant l’église, croix de missions de 1863 et de 1924.

 

Châteaux :

 

Maison forte dite Fort du Chaffaud : citée dès 1381 au hameau du même nom. Il en subsiste une puissante enceinte carrée de 20 mètres de côté avec des murs épais de 2 mètres. L’arc d’entrée de l’enceinte porte un christogramme composé d’une croix et des lettes IHS avec la date de 1669, époque de la reconstruction par les Segond.

 

Tour de Clelles : rue de l’Hôpital et passage de la Tour. Ancienne possession de la famille de la Tour apparentée aux Tour du Pin et aux Tour d’Auvergne. Les chanoines de Saint-Ruf, privés de leur ancien prieuré détruit en 1375 par les grandes compagnies d’Olivier du Guesclin, s’installèrent dans cette demeure et y restèrent jusqu’en 1750.

 

Manoir des Segond ou de Cognet : édifice des XVIe et XVIIIe siècles, du nom de la famille qui le fit construire. Il conserve une tour d’escalier.

 

Maison forte de Reneville : édifice du XVIe siècle présentant une tour d’angle circulaire coiffée d’une toiture en éteignoir à tuiles écailles.

 

Château d'Esneval : ancien château féodal avec tours et fenêtres à meneaux, en contrebas du Bourg. Il est flanqué d'une tour d'escaliers dont la porte est surmontée d'une niche abritant une Vierge. Aujourd’hui transformé en appartements.

 

A l'arrière d'un bâtiment longeant la route de Saint-Martin-de-Clelles, reste de tour médiévale.

 

Maison forte de Peuplière disparue.

 

Manoir Bachelard de Monval : édifié au XVIIe siècle, il a été modifié au XIXe siècle. De la partie ancienne subsiste une tour d’escaliers couronnée d’une triple rangée de génoises avec toiture en tuiles écailles.

 

On connait Ennemond Musy, seigneur de Clelles, juge royal et conseiller du roi qui vivait à la fin du XVIIe siècle. Il était issu de Jean Musy qui avait épousé Catherine de Thiennes, dame de Clelles, fille unique du seigneur de Clelles dont sa postérité prit les armes : coupé au premier d’or à l’aigle à deux têtes de sable, becqué, membré et diadémé d’or, au deuxième d’azur au pal vivré d’argent.

En 1730, la seigneurie de Clelles appartenait à Modeste Novel de Lacomtelliere par suite de son mariage avec Marie-Henriette Musy, fille du seigneur de Clelles dont il prit les armes ci-dessus.  

 

Maison dite le Château du XVIIIe siècle.

 

Hameaux et lieux anciens :

 

Bessonerias, XIVe siècle, Bessonnière.

In Blachiis, XIIIe siècle, les Blaches.

Le Buech, XVIIIe siècle, la Buche.

Le Chafalt, XIVe siècle, le Chaffaud.

Forchaus, XIVe siècle, Fourches.

Mans de Pulleriis, XVe siècle, Puillières.

Serr de Montaniis, XIVe siècle, la Montagne.

Rostangneres, XIIIe siècle, Rostang.

De Solario, XIVe siècle, le Soulier.

Zabatoneyres, XIIIe siècle, Sablonnières.

 

Autres indications :

 

Des moulins sont mentionnés dans un acte du 9 août 1304.

Un Moulin de Parassat est attesté dès le début du XIVe siècle.

Dans le Bourg, maisons anciennes du XVIe au XVIIIe siècles.

Maison Parron de la seconde moitié du XVIIIe siècle occupant un édifice du Moyen Age qui a livré quatre sépultures des XIIe et XIIIe siècles.

Pont sur l'Orbanne : édifié en 1610 par Jehan Albert et Pierre Salomon déjà auteurs des ponts de Claix et de Cognet sur le tracé de l’ancienne voie romaine devenue voie royale et détruit par l'érosion au cours de l'hiver 2002. Il avait pu succéder à un pont plus ancien, d'origine antique.

Vers l’église, bâtiment avec une remarquable cheminée ayant l’aspect d’un clocher dite « cheminée sarrasine » dont de nombreux exemples sont connus dans le nord Isère et dans la Bresse.

Ancienne auberge du Lion d’Or du XVIIe siècle avec une baie à meneaux.

Impasse Lyoubovin, maisons avec des fenêtres à meneaux simples.

Rue de l’Eglise, une fenêtre de la cure présente une petite tête sculptée.

A Longefond, maison avec baie en accolade.

Demeure de 1758 sur la rive droite du faubourg qui appartenait à des religieuses qui y soignaient des malades et tenaient une école de filles jusqu’en 1904, époque où elle fut dissoute en application de la loi sur les congrégations.

Canal de Longefond ouvert en 1822 pour capter les eaux de l'Orbanne.

Cadran solaire disparu avec inscription : « l’heure s’avance sans que nul n’y pense ».

Ecole Mairie de 1837.

Pont de Parassat de 1888.

Commune du PNR du Vercors.

ZNIEFF de l’ensemble fonctionnel du Drac et de ses affluents.

ZNIEFF du haut pays du Trièves.

ZNIEFF de la source captée de Fontan.

ZNIEFF des prairies et forêts de la plaine du Milieu.

 

Bibliographie :

 

Regeste dauphinois n° 12092, 12764, 16116, 16444, 22080, 29327, 30736

Regeste complémentaire n° 3321, 3823

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 1, page 295 et T 2, pages 39, 75 et 407

C. de MONTEYNARD : Cartulare monastorii beatorum Petri et Pauli de Domina, 1859, charte n° 233-50

C. LORY : description géologique du Dauphiné, BSSI 1864, pages 141, 330 et 343

G. de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, pages 463, 467, 473, 474 et 728

U. CHEVALIER : choix de documents historiques inédits sur le Dauphiné, 1874, page 69

E. ARNAUD : histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vol. II, 1875-1876, pages 245 et 246

J. BRUN DURAND : pouillé historique du diocèse de Die en 1449 et 1450, BSSI 1878, page 17

J. CHEVALIER : essai historique sur l’église et la ville de Die depuis l’année 1277 jusqu’en l’année 1508 (T II), 1896, pages 36, 72 et 236

H. MULLER : notes sur les stations préhistoriques en plein air des environs de Grenoble, AFAS 1904, page 1004

C. JULLIAN : histoire de la Gaule, 1908-1926, VI, page 310

E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U. CHEVALIER en 1920, pages 33, 35, 54, 67, 154, 203, 238, 280, 304, 337 et 375

J. B. LANFREY : chez nous, 1930, page 40

F. M. ROCHE : l’archiprêtré du Trièves du XVIe au XVIIe siècle, 1946

G. BARRUOL : les peuples préromains du sud-est de la Gaule, 1969, page 71

A. BOCQUET : l’Isère préhistorique et protohistorique, 1969, page 228 et catalogue des collections, 1970, n° 189, page 41

A. BEAUP : les sanctuaires du Trièves, 1980, pages 63 à 73

A. BEAUP : géographie du Trièves, 1982

J. C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, page 27

Guide du Vercors, 1987, page 249

Histoire des communes de l’Isère, 1988, pages 394 à 398

R. REYMOND : l’insolite et images fortes du passé, 1989, pages 235 à 239

J. C. MICHEL : notice n° 43, carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/1, 1994, page 58

P. BOURDAT : petit dictionnaire du Trièves à l’usage des lecteurs de Giono, bulletin des AVG n° 35, juin 1995, page 30

Vercors, terre monastique et canoniale, Cahier de Léoncel n° 11, 1995, page 69

Patrimoine en Isère : Trièves, 1996, pages 29, 34, 36, 80, 81, 82, 135 à 141

L. et A. BRUCELLE : l’Isère terre de châteaux, 1996, pages 144 et 145

Isère, guide Gallimard, 1998, page 226

J. C. MICHEL : les voies romaines du Trièves, revue des AVG n° 43, juin 1999, pages 23 et 24

J. C. MICHEL : Grenoble antique, 1999, page 131

J. C. MICHEL : la voie romaine principale du Trièves de Cularo à Forum Iuli, revue des AVG n° 49, juin 2002, page 12

Patrimoine en Isère, le journal, n° 13, 2002, page 31

J. C. BOUVIER : noms de lieux en Isère, 2002, page 189

J. C. MICHEL : préhistoire du Trièves, revue des AVG n° 54, 2004, page 8

E. TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, page 674

SRA Rhône Alpes, bilan scientifique 2006-1, page 94

J. C. MICHEL : Clelles, revue des AVG n° 66, décembre 2010, pages 16 à 20

P. OLLIVIER ELLIOTT : Trièves, 2013, pages 113 à 119

Le petit patrimoine de Clelles, catalogue de l’exposition 2016

Carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, page 119