AMBEL
(Canton
Matheysine-Trièves, ex canton de Corps)
Forme
ancienne : Ambilis en 739.
Gentilé :
Ambellons.
Carte
IGN au 1/25000ème : 3337 OT
Superficie :
500 hectares.
Population (2020) :
27 habitants.
Hagiographie : Eldrade, né en 781 à Ambel. Ses
parents, Aldradus et Léodda Godane, issus de l’aristocratie franque et
seigneurs du lieu, lui donnèrent une éducation religieuse et intellectuelle.
Orphelin à 20 ans, il fit don de ses importants biens aux pauvres et se mit à
travailler la terre. Puis, après divers voyages, il fut admis à l’abbaye de la
Novalaise en 814 dont il devint prieur en 825 (ou 844). Il y serait mort le 18
mars 875 à l’âge de 94 ans.
Adrien,
martyr en 303. Ses reliques sont à Rome.
Protohistoire : selon G. ALLARD, le territoire
d’Ambel était occupé par les Voconces au moment de la conquête.
Epoque
gallo-romaine : P.
H. BILLY voit dans le nom de la commune le patronyme romain Ambilius
(domaine d’) ce qui est cohérent avec le testament d’Abbon.
Passage
vraisemblable d’une voie romaine.
On
notera un lieudit Grand Pré.
Haut
Moyen Âge : le
testament d’Abbon de 739 mentionne Ambel : « … en troisième lieu mes
terres d’Ambilis in Taraone… » et « colonicas (fermes) in
Taraone ». Le testament fut confirmé par Charlemagne vers 805. Selon J. L.
CHERIAS le nom de Taraone correspondrait au lieudit Tourannes qui n’est
plus localisable aujourd’hui. L. RIONDET émet l’hypothèse de lieux
correspondants à la Bâtie d’Ambel et Thorane tous deux sur la commune de Saint
Michel les Portes (canton de Clelles). Le testament indique également : « à
Ambel où demeure mon serf Gavioaldus, avec la culture qui nous est venue de
dame Siagra laquelle Unebert tient en bénéfice et la ferme sur le Drac qui me
vient de l’héritage de mes parents Godane, je veux et ordonne que toi Sainte
Eglise (de la Novalaise), les aies. L’abbaye de la Novalaise avait été fondée
le 30 janvier 726 par Abbon.
Saint
Eldrade serait né en 781 au château d’Ambel (sans doute en bois) et il mourut à
l’abbaye de la Novalaise.
Particulièrement
soucieux de venir en aide aux pèlerins en grand danger de l’époque, Eldrade
envoya des moines fonder en divers lieux des lieux d’accueil et de protection
des fidèles dont un à Ambel ou il aurait fait bâtir « une grande et
magnifique église dédiée à Notre Dame et autour de celle-ci des
cellules ». Selon la tradition le château d’Ambel aurait été détruit par
les sarrasins vers 906. Toute la vie de Saint Eldrade jusqu’à sa mort est
représentée sur les fresques de la chapelle qui porte son nom à l’abbaye de la
Novalaise.
Edifices religieux :
Eglise
Saint Pierre et Notre Dame :
sa fondation remonte probablement à l’époque où la Novalaise hérita des biens
d’Abbon, c'est-à-dire vers le milieu ou la fin du 8ème siècle. Elle
est signalée dès 1152 comme dépendant du prieuré de Romette près de Gap. L’édifice
actuel remonte à 1690, époque de la reconstruction de l’église sur
l’emplacement du sanctuaire primitif. Elle fut remaniée en 1845. Elle possède
des statues, modernes, de Saint Eldrade et de la Vierge ainsi qu’une bannière
servant aux processions en l’honneur de Saint Eldrade.
Chapelle
castrale du château delphinal : elle
remontait au XIIIe siècle. En 1599, elle remplaçait l’église Notre Dame.
Chapelle
Saint Eldrade :
elle fut édifiée en honneur du saint en 1516. Elle a totalement disparu.
Chapelle
Saint Adrien :
elle est citée au XVIIe siècle.
Chapelle
Sainte Marie Marguerite.
Châteaux :
Outre
le Castello d’Ambel (supra) deux édifices sont connus :
Château
delphinal : il fut
sans doute édifié au XIIIe siècle. En 1303 il fut cédé par le dauphin à
Guillaume de Montorcier. En 1338 il était entre les mains de Pierre et Hubert
d’Ambel. En 1339, lors de l’enquête pontificale il est précisé que le dauphin
avait juridiction sur le château et sur la paroisse qui comptait alors 38 feux.
Il fit partie des châteaux visés en 1349 lors du transport du Dauphiné à la
France. Il est encore mentionné sur la
carte de Cassini du XVIIIe siècle. Il n’en subsiste aujourd’hui que quelques
pierres de sa chapelle, encastrées dans une maison du village.
Maison
forte de Jean d’Ambel :
en face de Corps, sur l’autre rive du ravin de Lara, vestiges d’une maison
forte dont il ne reste que la chapelle castrale avec sa voûte ogivale. Cette
famille d’Ambel, originaire du Gapençais, est connue dès le XIIIe siècle. Ses
armes étaient d’or à une terrasse de sinople mouvant de la pointe, un moulin à
vent à deux tours jointes.
Un
terrier de 1399 mentionne deux autres maisons fortes.
Actes médiévaux :
3
juin 1202 : apport dotal du Beaumont au dauphin par Béatrix de
Sabran-Castellard
9
septembre 1303 : cession d’Ambel à Guillaume de Montorcier
Hameaux et lieux
anciens :
In Blachiis, XIVe siècle, la Blache.
Jullis, XIVe siècle, les Houlles.
Molendinum Charluotte, XIVe siècle, le Moulin.
Nemus sit in Bornafrey, XIVe siècle.
Autres indications :
Pons de Draf cité au XIIIe siècle comme
existant sur le Drac entre Ambel et Corps. Ce pont médiéval, voire antique, a
été noyé lors de la mise en eau du barrage du Sautet.
Pont
sur la Souloise permettant de faire communiquer Pellafol avec Ambel et Corps.
ZNIEFF
de l’Obiou et du Haut-Buech.
ZNIEFF
du vallon de la Soulase.
ZNIEFF
des bois, pelouses et falaises du col de l’Aup.
Bibliographie :
Archives
départementales de l’Isère : B 2946, B 3009,
Regeste
Dauphinois n° 543, 587, 16332, 19156,
Vita
saluto sermone scripta, 1668, pages 382 à 398
J.
L. ROCHEX : la gloire de l’abbaye et vallée de Novalaise, 1670
G.
ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL
en 1864, T 1, pages 29 et 30 et T 2, page 73
G.
de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, page 12
J.
MARION : testament d’Abbon (739) dans cartulaires de l’église cathédrale
de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, cartulaire A, 1869, pages 42 et
45.
J.
L. CHERIAT : évènements du VIIe et du VIIIe siècles relatifs à l’histoire
dauphinoise, bulletin de l’Académie delphinale, séance du 13 janvier 1871,
pages 73 et suivantes
J.
ROMAN : legs faits par Abbon dans son testament dans les pagi de Briançon,
Embrun, Chorges et Gap, 1901
C.
FAURE : un projet de cession du Dauphiné à l’église romaine (1338-1340),
Mélanges d’archéologie et d’histoire, T 27, 1907, pages 180, 183 et 222
E.
PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U.
CHEVALIER en 1920, page 7, 35, 193, 230 et 277
J.
B. LANFREY : chez nous, 1930, page 45
BLET,
ESMONIN, LETONNELIER : recueil de textes historiques choisis et commentés,
1938, pages 20 à 25
A.
BEAUP : histoire du Trièves, 1977, pages 26 et 27
A.
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J.
C. MICHEL : Isère gallo-romaine (I), 1985, page 31
Histoire
des communes de l’Isère, 1988, pages 156 et 157
J. C. MICHEL : notice n° 50, carte archéologique de la
Gaule : l’Isère 38/1, 1994, page 59
Mémoire
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Patrimoine
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FILLEAU : dictionnaire topographique des communes de l’Isère, 2006, page
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Carte
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Carte
archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, page 87
J.
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pages 7 à 10