SAINT-VINCENT-DE-MERCUZE

 

(Canton du Haut-Grésivaudan, ex canton du Touvet).

De 1973 à 1984 ex commune de Saint Vincent de Mercuze – Sainte Marie du Mont.

Forme ancienne : Sancti Vincentii de Malcusia au XIe siècle.

Gentilé : Rutissons.  

 

Commune fusionnée avec Sainte Marie du Mont de 1973 à 1984.

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3333 E

 

Superficie : 785 hectares.

 

Population (2015) : 1481 habitants.  

 

Hagiographie :

 

Vincent, diacre de Saragosse. Martyr en 304 sous Dioclétien. Patron des vignerons et des taverniers.

Catherine, d’Alexandrie, qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée. Martyre en 305 sous Maximin Daïa. Patronne des filles à marier.

 

Protohistoire : le Musée Dauphinois conserve un bracelet en argent massif de 108 grammes (époque de la Tène ?), provenant du premier trésor de Saint-Vincent-de- Mercuze (n° 67.3.209) (infra).

Selon J. BRUNO, le lieudit Branchy aurait été la terre de Brancus, roi des Segovallauves, qui accompagna Hannibal en 218 avant notre ère lors de sa traversée du Graisivaudan. Or, le territoire des Segovellaunes se situait au sud du territoire des Allobroges, dans la Drôme actuelle. Tite Live parle bien de Brancus mais comme d’un roi allobroge, cependant que Polybe, sans donner son nom, parle également d’un souverain allobroge.

BRUNO voit également dans le lieudit la Galère, le patronyme gaulois Galatus.

En 1981, au lieudit le Châtelard, on a découvert deux fonds d’habitat dominant une falaise qui ont livré des céramiques du Bronze final.

 

Epoque gallo-romaine : la commune était traversée par le Chemin de l’Empereur, segment de la voie des Alpes Graies de Vienne au Petit Saint Bernard par Grenoble, ainsi nommé, selon PILOT, en référence à Aurélien qui fit réparer cette voie vers 273.

D’après lui, le lieu devrait son nom à un oratoire dédié à Mercure qui aurait été situé, selon lui, sur l’emplacement de l’ancienne église paroissiale.

Pour P. H. BILLY : le nom de Montalieu tirerait son nom du patronyme Montilius (domaine de).

Les environs de la voie romaine ont livré trois trésors monétaires :

 

Ø  le 25 février 1870 au lieudit Mas de la Branche : on découvrit un vase en poterie rouge contenant 304 pièces d’argent et de bronze frappées entre 196 et 309 qui se rapportaient à 33 empereurs (Caracalla, Elagabal, Gordien III.. jusqu’à Constantin),

Ø  fin janvier 1889 au lieudit la Bellangère, dans une vigne on mit au jour un vase (ou olla) contenant environ 1550 monnaies de billon de Valérien à Constance Chlore,

Ø  en 1961, également dans une vigne, un pot de terre fut découvert contenant environ 230 antoniniani de Gallien à Constantin avec un terminus post quem de 309.

 

Les dates d’enfouissement de ces trois dépôts avoisinent l’an 310 et sont peut-être à mettre en relation avec les représailles brutales engagées par Constantin à l’encontre de ceux qui avaient soutenu la trahison de Maximien.

Vers 1930, H. MULLER a dégagé lors d’une fouille dans une cour de ferme un élément de ce qui lui parut être une piscine ou une grande vasque de marbre noir.

Une ferme gallo-romaine semble avoir chevauché les communes de Saint-Vincent et de Sainte-Marie-d’Alloix dans leur partie basse, l’ensemble s’appuyant sur la voie romaine. Elle est localisée au lieudit la Grande Terre.

Au lieudit la Bérangère on a repéré un site à tegulae pouvant témoigner d’un habitat.

 

Edifices religieux :

 

Ancienne église Saint Vincent : elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia Sancti Vincentii de Malcusia. La charte supplémentaire aux cartulaires du XIVe siècle mentionne un capellanus Sancti Vincencii de Malcusa. Le pouillé de 1497 du diocèse de Grenoble la cite comme telle.

Elle était située au milieu de l’ancien cimetière dominant le village. Il ne subsiste plus de cette époque que le clocher. Le reste a été remanié à diverses époques. Elle est aujourd’hui aménagée en chapelle à Doudart de Lagrée et conserve le cœur de l’explorateur maritime. La travée de la nef est couverte d’une voûte d’ogives dont les nervures sont formées par un boudin demi rond avec des formes très simple. L’abside, un peu plus étroite que la nef, est en hémicycle couvert d’un cul de four.

 

Maison du Temple : ce devait être au Moyen Âge un lieu important placé sur la ligne d’étapes que s’était ménagé l’ordre du Temple pour aller de France en Italie et en Orient. Passée ensuite aux chevaliers de Saint Jean de Jérusalem, cette maison avait en 1441 un revenu annuel de 180 florins. Il en subsiste un lieudit Vigne des Templiers (Templarionium villa au XIIIe siècle) qui ne semble plus être localisé mais le lieudit l’Albergement, terre au-dessus du Chemin de l’Empereur, pourrait rappeler l’endroit où on logeait et nourrissait les pèlerins au Moyen Âge.

 

Maladrerie attestée par un acte du 10 novembre 1326.

 

Chapelle Sainte Catherine fondée par les nobles Claude et Antoine Ansard dudit lieu, mentionnée dans le pouillé de 1497.

 

Au château de Montalieu, chapelle occupant un pavillon du XVIIe siècle flanquant une entrée du domaine.

 

Croix de 1838 en bordure du chemin de la vieille église.

 

Eglise Saint Vincent : elle a été édifiée en 1868 en remplacement de l’ancienne église dont elle conserve deux cloches de 1777.

 

Châteaux :

 

Maison forte de la Source : elle pourrait remonter au XIVe siècle. L’édifice est aujourd’hui très remanié. Il s’agit d’un bâtiment rectangulaire présentant aujourd’hui deux étages dont la partie la plus ancienne fait face au levant avec une porte en arc brisé aux pierres de taille chanfreinées et une superbe fenêtre à meneau et croisillon mouluré au premier étage. Sur la façade sud subsiste une meurtrière médiévale. C’était peut-être la demeure des Ansard, fondateurs de la chapelle Sainte Catherine.

 

L’enquête papale de 1339 mentionne 103 feux pour Saint Vincent.  

 

Château de Montalieu : ancienne maison forte du XVe siècle, modifiée aux XVIe et XVIIe siècle et détruit par un incendie en 2004. François du Puy, dit de Bellecombe, rend hommage au dauphin Louis pour la maison forte initiale. Le château actuel est constitué d’un vaste bâtiment rectangulaire de deux étages flanqué coté montagne de deux tourelles d’angle et dans l’angle sud est par une élégante échauguette circulaire couverte d’une toiture en poivrière. D’autres bâtiments anciens se répartissent autour d’une cour centrale et notamment l’ancienne chapelle.

 

Château de Lagrée ou de la Combe : édifice du XVIIIe siècle construit sur un bâtiment plus ancien. Il conserve le souvenir de la famille de Lagrée, originaire de Bretagne, dont l’un des membres est procureur de la Chambre des Comptes de Grenoble à partir de 1774. Le membre le plus célèbre de cette famille est Doudart de Lagrée, né au château en 1823. Officier de marine, explorateur et géographe, envoyé en 1863 sur le Mékong, il est resté célèbre pour avoir signé avec le roi Nérodon du Cambodge le traité de protectorat consenti par la France. Les armes de cette famille étaient d’azur à la bande de gueules chargée de trois coquilles d’or dans le sens de la bande.

Il s’agit d’un grand bâtiment rectangulaire de deux étages couverts d’une toiture dauphinoise.

 

Lieudit la Tour, sur un mollard situé à 100 mètres au nord du trésor monétaire de la Bérangère se trouvait une tour, démolie à la fin du XIXe siècle alors qu’elle était en ruines.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

Mans Aczonis, XIIIe siècle, Azon.

Mans Balbenc, XIIIe siècle, Bellin.

Clausum Vinea, Clozel, XIVe siècle, le Claux.

Mans de Closo, XIVe siècle, le Clos.

In Costis, XIIIe siècle, les Cotes.

Curtiletis, XIVe siècle, les Curtillaux.

Mallum Paillerium, XIVe siècle, Maupattier.

Mans Garner, XIIIe siècle, Garnier.

Molendina de Aloy, XIIIe siècle, les Moulins de Marcieu.

Molar villa, XIVe siècle, le Petit Saint Vincent.

Pailloudi mansus, XIVe siècle, Pailler.

Rochassius villa, XIVe siècle, Rochassain.

El Rot, XIVe siècle, le Roty.

Mans Siboud, XIIIe siècle, Siboud.

Vinea templarium, XIIIe siècle, la vigne des Templiers.

 

Autres indications :

 

La banquette interglaciaire de Barraux et les vallées perchées du Grésivaudan sont un site géologique d’intérêt morphologique (en partie sur la commune) classé 2 étoiles à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014.

Saint Vincent est la patrie de Claude Coct, ami de Louis XI et d’Humbert Pilat, secrétaire du dernier dauphin.

Maisons Fondrier et Berthet du XVIIe siècle.

Anciennes forges de Marcieu du XVIIe siècle, exploitées jusqu’en 1865. Elles ont été inscrites à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1989 : bâtiment du haut fourneau, canal d’amenée d’eau, four à chaux et façades et toitures de la maison de maître (inscription annulée le 10 novembre 1993 par décision du tribunal administratif de Grenoble). « Patrimoine en Isère » (2019).  

Monument de Doudart de Lagrée de style asiatique avec inscription : « à Doudart de Lagrée, premier explorateur du Mékong, 1823-1868 ».

Maison aux Tourelles de la Combe de la fin du XIXe siècle.

Réserve naturelle des Hauts de Chartreuse (décret du 1er octobre 1997).

ZNIEFF des boisements alluviaux de l’Isère de Pontcharra à Villard Bonnot.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.

ZNIEFF des boisements Thermopyles de Saint Vincent de Mercuze.

ZNIEFF des falaises des ruisseaux d’Alloix aux Dégouttes.

ZNIEFF du massif de la Chartreuse.

 

Bibliographie :

 

Archives Départementales de l’Isère : 2 mi 951 f° 495, 16 J 118, L 61 f° 752

Regeste Dauphinois n° 7777, 9298, 9413, 18752, 24647

POLYBE : Histoires, Livre III, 49-5, traduction e. FOULON 1971

TITE LIVE : Histoire romaine, Livre XXI, chapitre 31, traduction G. BAILLET, 1940

G. ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par H. GARIEL en 1864, T 2, page 574

J. J. A. PILOT : recherches sur les antiquités dauphinoises, 1833

J. J. A. PILOT : antiquités du Dauphiné, 1846

G. de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, page 194

J. MARION : cartulaires de l’église cathédrale Notre Dame de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, charte X A, pages 17 et 18 et pages 277, 290 et 350

U. CHEVALIER : cartulaire d’Aymon de Chissé, 1869, charte n° 49

F. CROZET : description des cantons de l’Isère, canton du Touvet, 1870

G. VALLIER : le trésor de Saint-Vincent-de-Mercuze, BSSI, 1870, pages 325 et 336 à 350

E. ARNAUD : histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe, XVIIe et XVIIIe siècles, Vol. II, 1875-1876, page 243

H. MULLER : note sur des monnaies romaines trouvées à Saint Vincent de Mercuze, BSDEA 6, 1899, pages 77 à 88

A. BLANCHET : les trésors de monnaies romaines et les invasions germaniques en Gaule, 1900, n° 194 et 195, page 151

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E. PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère édité par U. CHEVALIER en 1920, pages 2, 17, 98, 100, 101, 115, 126, 164, 211, 227, 229, 258, 276, 277, 299, 304, 336 et 343

J. B. LANFREY : chez nous, 1930, pages 81 et 82

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