LA BUISSIERE

 

 

(Canton du Haut-Grésivaudan, ex canton du Touvet).

Forme ancienne : Buxaria au XIe siècle.

Gentilé : Buisserans.

Héraldique : d’azur à la licorne contournée d’argent sur une terrasse de champ à la bordure aussi d’argent chargée de deux branches de laurier de sinople réunies en chef et croisées en pointe.  

 

Carte IGN au 1/25000ème : 3333 OT

 

Superficie : 800 hectares

 

Population (2015) : 672 habitants.

 

Hagiographie :

 

Jean-Baptiste, cousin de Jésus à qui il donna le baptême dans le Jourdain.

Jacques, l’apôtre, évangélisateur de l’Espagne. Honoré à Compostelle. Il est représenté avec un bâton de pèlerin.

Madeleine, pêcheresse convertie par Jésus. Selon la légende du XIIe siècle, elle aurait fini sa vie dans une grotte de la Sainte-Baume. Elle est honorée à Vézelay.

Martin, évangélisateur des Gaules. Evêque de Tours en 371. Près de 300 communes françaises portent son nom.

Pierre, premier des apôtres et premier pape. Crucifié en 67 à Rome à l’emplacement de la basilique qui porte son nom.

Anne, mère de la Vierge. Elle est représentée avec sa fille dans les bras. Elle est honorée en Bretagne dont elle est la patronne.

Sébastien, martyr à Romme en 288. Patron des archers, il est représenté le corps criblé de flèches.

Antoine, anachorète de Thébaïde au IVe siècle dont les reliques furent ramenées à la Motte-Saint-Didier, devenue Saint-Antoine.

Nicolas de Myre. Très populaire au Moyen Âge pour avoir, selon la légende, ressuscité trois enfants qu’un boucher avait égorgés et placés dans un saloir. Patron des enfants sages.

 

Epoque gallo-romaine : vers 1865 on a exhumé une sépulture qui contenait une bouteille sphérique en verre décoré de bandes horizontales gravées.

En novembre 1882 on aurait mis au jour 1700 antoniniani du IIIe siècle dont un grand nombre de Salonin, Tetricus, Probus. Pour X. LORIOT cette trouvaille pourrait éventuellement se confondre avec celle de Pontcharra.

Passage de la voie romaine primitive de Vienne au Petit-Saint-Bernard, dite Chemin de l’empereur. Son tracé peut être localisé au sud des Granges, à la Crosse, aux Charmettes et vers la Maladière.

Selon J. BRUNO, emplacement d’une petite ferme gallo-romaine au lieudit la Ville.

 

Edifices religieux :

 

 

Eglise des Granges : elle est mentionnée, selon le dictionnaire topographique de l’Isère, au XIe siècle : ecclesia de Granges.

 

Ancienne église : elle apparait dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Johannis de Buxeria.

 

Maladrerie : elle est attestée en 1226. Elle est encore citée dans le pouillé de 1497 : maladeria seu leprosera. Il n’en subsiste aujourd’hui que le lieudit la Maladière.

 

Hôpital Saint Jacques disparu. Il est également cité avec sa chapelle dans le même pouillé : hospitale et capella Sancti Jacobi. Il était situé dans l’actuelle rue du Château Dauphin.

 

Chapelle castrale : elle est citée dans le pouillé : prope castrum ejusdem loci est capella Sancti Sebastiani, de fondation delphinale, annexée à la cure.

 

Chapelle Sainte Anne : elle est citée dans le pouillé de 1497 : capella Sancte Anne. Son souvenir ne subsiste que dans le lieudit Sainte Anne.

 

Le même pouillé signale encore plusieurs chapelles :

 

Ø  capella Sancti Nicolay,

Ø  capella Sanctorum Jacobi et Magdalenes annexée à la cure,

Ø  capella Beate Marie,

Ø  capella Beate Marie de Pielate,

Ø  capella Beati Martini,

Ø  capella Sancti Petri (supra tribunam),

Ø  capella Sancti Anthonii.

 

G. ALLARD mentionne la présence d’un hôpital médiéval.

 

Au bord du Chemin de l’Empereur, croix du XVIIe siècle dans le style des croix cartusiennes.

 

Eglise Saint Jean-Baptiste : édifiée en 1883 dans le style néo gothique en remplacement de l’église primitive sous le même patronage qui dépendait du prieuré de Barraux.

 

Lieudit Croix du Chêne.

 

Châteaux :

 

Château delphinal : les premiers retranchements furent sans doute érigés au cours de la seconde moitié du XIe siècle puisque le cartulaire de Saint Hugues mentionne déjà un château. Celui-ci fut très vraisemblablement édifié par les comtes de Grésivaudan pour défendre leurs possessions contre les comtes de Savoie. Réparé et restauré au cours des siècles, il devint très vite important. L’enquête delphinale de 1339 permet de s’en faire une idée : un premier rempart entouré le bourg de la Buissière adossé à l’une des pentes de la colline ; le château, ceint de deux autres remparts, se composait d’un gros donjon carré flanqué de tours à deux de ses angles ; une autre tour se dressait dans la cour d’honneur, coté Savoie ; les murs de la cour étaient pourvus de meurtrières et autres défenses. Le château était pourvu d’un moulin et d’une boulangerie. C’est dans ce château que mourut le dauphin Guigues IV en 1142 après l’attaque malheureuse de Montmélian. Il n’en subsiste plus rien aujourd’hui.

L’enquête papale de 1339 indique que le mandement de la Buissière comprenait six paroisses faisant 600 feux (dont 155 pour la Buissière) avec un revenu annuel de 600 florins. Les propriétés delphinales comprenaient la forêt et la montagne de Sapey valant 15 000 florins, la forêt d’Aloy de 10 000 florins, la forêt du Grand Terail (Magni Terrallii) et la forêt de Silvetes valant 22 000 florins.

 

Il existait une famille connue dès 1280 qui avait pris le nom du lieu et qui tomba en quenouille vers 1550, dont les armes étaient de gueules à la bande d’or tranchée et chargée d’un buis de sinople.

 

Maison forte du Pilat : elle est citée en 1263. Elle conserve une tourelle rectangulaire et une fenêtre à meneau bouchée.

 

Maison forte de la Crosse : elle est citée dès 1273 mais elle ne présente pas aujourd’hui de vestiges antérieurs au XVIIe siècle. De cette époque subsiste un important escalier en pierre et des encadrements de portes et de fenêtres.

 

Maison forte de la Tour Salvaing : elle est citée au XIVe siècle. C’est aujourd’hui une grosse bâtisse rue du Château Dauphin.

 

Maison forte dite maison Cassard : elle est citée en 1339 et appartenait alors à une famille Bacquelier qui se fondra en 1600 dans la famille de Cassard. Ses armes étaient d’or à la fasce d’azur accompagnée de deux roses de gueules. L’édifice actuel ne saurait être antérieur au XVe siècle. Il conserve un linteau sculpté d’un arc en accolade avec les armes des Cassard qui étaient d’azur à la licorne passant d’argent. Leur devise était : « sans venin ».

 

Maison forte de Bacquelier : elle est également citée en 1339. Dans son état actuel elle date du XVIe siècle.

 

Maison forte des Granges : citée dès le XIVe siècle, elle a été remaniée en 1757.

 

Maison forte de Savoye : elle est également citée dès le XIVe siècle. Elle était dotée d’une tour cylindrique. Elle conserve un linteau en triple accolade du XVIe siècle.

 

Maisons fortes du Verger et de la Ferrière citées en 1413.

 

Maison d’Urbain Rodde : elle est citée en 1447 : « maison et hostel fort quils ont assis en laditte ville ». Cette famille de Rodes possédait la seigneurie de la Buissière aux XVe et XVIe siècles. Ses armes étaient parti d’argent et de sable à 13 étoiles, 4 de sable sur l’argent, 4 d’argent sur le sable et 5 de l’un en l’autre posés en pals. 

 

G. ALLARD mentionne la présence d’une mistralie.

Il indique aussi, en sus, les maisons fortes suivantes : de Berlion de Bellecombe, de Guigonnet de Bellecombe, de Jacquet Robet de Guillaume de Charmorchons.

 

Château Camand : château avec une tour du XVIIe ou du XVIIIe siècle à l’entrée du village, dans un beau parc. Il a été édifié sur l’emplacement d’un château plus ancien cité au XIIIe siècle.

 

Château Salvaing de Boissieu : dans son état actuel il date du XVIIIe siècle mais son origine et certaines parties de son architecture remontent au XVe siècle.

 

Hameaux, mas et lieudits anciens :

 

Bachelaria, XIVe siècle, le Baccalier.

Terra el Bocey, XIIIe siècle, le Boissieu.

Mans Bonifacii, XIVe siècle, Boniface.

Burdinanz, XIIIe siècle, le Bordat ?

Burlandi, XIVe siècle, Burland.

Carrayllous, XIIIe siècle, Caraillou.

In Chalmetis, XVIe siècle, les Chaumettes.

La Chalp, XIIIe siècle, la Chaux.

Mans Crossia, XIVe siècle, la Crosse.

Mas del Chardonen, XIIIe siècle, le Chardonney.

Mans de Chessengi, XIIIe siècle.

Mans del Cuing, XIIIe siècle, le Coin.

Cleyta, XIIIe siècle, la Clayette.

Cufer, XIIIe siècle.

Darbons, XIIIe siècle, Darbans.

Enioli, XIIIe siècle, les Enjaloux ?

Eschaudos, XIVe siècle, l’Echédoz.

Mal Saveir, XIVe siècle, Malsavoir ?

Mans Guarralioudi, XIVe siècle, Cavailloud.  

Mans Mayol XIIIe siècle, les Mayards.

Mans de Molendinum, XIIIe siècle, le Moulin.

Peyrons, XIIIe siècle, le Peyrat.

Pilas, XIIIe siècle, le Pilaz.

Piront, XIIIe siècle, Piron.

Planchiis, XIVe siècle, les Planches.

Pontet, XIIIe siècle, le Pontet.

Mans de Puteo, XIIIe siècle, le Puits.

Taillison, XIIIe siècle.

Villa, XIIIe siècle, la Ville.

Mas de Vilario, XIIIe siècle, le Villard.  

 

Autres indications :

 

Moulins signalés en 1272 et en 1320.

Mistralie mentionnée dans un acte du 25 octobre 1323.

Maison de Jean de Cossonay mentionnée dans un acte du 15 janvier 1328.

Charte de franchises du XIVe siècle.

Ancien relais de poste du XVIIIe siècle.

Commune du Parc Naturel Régional de Chartreuse.

ZNIEFF du massif de la Chartreuse.

ZNIEFF de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.

ZNIEFF des boisements alluviaux de l’Isère de Pontcharra à Villard-Bonnot.

 

Bibliographie :

 

ADI : B 2609, Probus f° 115

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Regeste complémentaire n° 354, 645, 3275, 3491

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