BARRAUX
(Canton
du Haut-Grésivaudan, ex canton du Touvet).
Formes
anciennes : Barralibus, Barralis au
XIe siècle.
Nota :
l’ancienne commune Saint Marcel a été supprimée le 28 mai 1870
Carte
IGN au 1/25000ème : 3333 OT
Superficie :
1100 hectares.
Population
(2015) : 1876 habitants.
Hagiographie :
Martin,
évangélisateur de la Gaule, évêque de Tours en 371. Près de 300 communes
françaises portent son nom.
Antoine,
anachorète de Thébaïde au IVe siècle dont les reliques furent ramenées à la
Motte-Saint-Didier, devenue Saint-Antoine.
Protohistoire : au lieudit les Boissieux
on a découvert, entre 1885 et 1890 une hache à ailerons terminaux du Bronze
final.
En
2000, 14 structures archéologiques de l’âge du Bronze ont été mises en évidence
au lieudit les Bruyères, notamment des fosses et des habitats.
Selon
A. BOCQUET, le préfixe Bar est une indication gauloise de sommet,
fortifié ou non. Il voit aux Rochers de Verdun (non localisables sur la
carte IGN) un oppidum gaulois par la topographie et la disposition du site.
Epoque
gallo-romaine :
passage de la voie romaine primitive de Vienne au Petit Saint Bernard. Réparée
à la fin du IIIe siècle, elle a gardé depuis le nom de Chemin de l’empereur.
On
a découvert à Barraux en 1840 les vestiges de thermes domestiques de villa
alimentés par des conduits en plomb sur lesquels figurait le nom du
fabricant : CAIVS LIBERTVS.
A
la Gache, trace de voie romaine et emplacement probable d’un port
fluvial gallo- romain.
Au
hameau de la Cuiller, un sarcophage monolithe a été découvert en 2000.
Selon
J. BRUNO, emplacement de ferme gallo romaine au lieudit la Ville.
Haut
Moyen Âge : au
lieudit le Fayet on a découvert « dans une vigne » selon
PILOT, hors de tout contexte archéologique, une inscription paléochrétienne qui
fut transportée par lui dans sa maison de la Mure, ce qui explique que cette
inscription, aujourd’hui perdue, soit parfois attribuée à la Mure : «
(monogramme) IN HOC SEPVL / CHRO REQVIES / CIT BONE MEMO(riae) /
LVPECIN(u)S / QVI VIXIT ANN(os) N(umero) LVIII MINSES VI / OBIIT VII
K(a)L(endas) MA( ?)I(as) / (i)T(erum) P(ost) C(onsulatum)
MAVV(rtii) » : « dans ce tombeau repose Lupecinus de bonne
mémoire qui vécut 58 ans 6 mois. Il est mort le 7 des calendes de mai, deux ans
après le consulat de Mavortius » (25 avril 529). Inscription perdue.
B.
BLIGNY pense qu’il existait une église à Saint Marcel (sur Chapareillan)
dès la fin de l’époque burgonde.
Selon
E. TASSET, emplacement de motte castrale au lieudit le Châtelard.
Edifices religieux :
Eglise
et prieuré Saint Martin :
le prieuré fut fondé en 1081 par le seigneur Bermond et son frère le chevalier
Pierre qui en firent don aux bénédictins comme dépendance de Cluny. L’église de
ce prieuré, qui dépendait de Saint-Chaffre, était également église paroissiale.
Remaniée au XVe siècle, elle fut détruite en 1880. Elle est citée dans le
pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia prioratus et cure Sancti Martini de Barralibus.
La
mairie est aujourd’hui installée dans les bâtiments de l’ancien prieuré qui, en
leur état actuel, remontent aux XIVe et XVe siècles.
Maladrerie : elle est citée au XIIIe siècle :
maladeria de Barzalitas. Il n’en
subsiste que le lieudit la Maladière.
Chapelle
Saint Antoine citée dans le pouillé de 1497.
Chapelle
du fort du XVIIe siècle avec autel en bois doré de même époque.
Eglise
Saint Martin :
édifiée en 1862 dans le style néo gothique en remplacement de l’église
primitive. Son autel, du XVIIIe siècle, provenant du Fort Barraux, a été
inscrit à l’inventaire supplémentaire des objets mobiliers en 1992.
Oratoire
de la croix.
Croix
avec inscription ; O CRUX AVE.
Châteaux :
L’enquête
papale de 1339 mentionne 196 feux pour le mandement.
Château
du Fayet : il se
présente sous la forme d’un corps de logis central donnant sur une terrasse et
flanqué de deux tourelles. Au nord, deux bâtiments entourent une petite cour
d’honneur. A l’origine, le château était composé d’une seule tour occupant
probablement la partie nord est et relevait du pouvoir delphinal.
Cette
tour, qui parait avoir été élevée dès le XIe siècle par la famille Cassard est
restée connue sous le nom de Tour du Cardinal parce que le cardinal
François de Cassard y serait né en 1727.
Après
avoir appartenu aux Cassard, la demeure passa à la famille de Rhodes ou Rodes. Urbain
de Rodes est qualifié de seigneur du Fayet en 1418 puis Jean de Rodes en 1486
et enfin Pierre de Rodes en 1519. Peu après, en 1543, ce dernier vendit le
Fayet à Arthaud de Maniquet. Son fils, Hector de Maniquet, fit embellir
considérablement le château. A cette époque celui-ci occupait la charge
importante de maître d’hôtel du roi Charles IX dont il était de surcroît le
confident. Quelques années auparavant le roi s’était éperdument épris de la
belle orléanaise Marie Touchet. Mais bientôt sonne la nuit tragique du 21 août
1572. Marie Touchet est protestante et, pour ne rien arranger, attend un enfant
du roi. Celui-ci se confie à Hector de Maniquet qui propose alors sa demeure du
Fayet pour servir de refuge à Marie Touchet. C’est ainsi que celle-ci devait
mettre au jour au Fayet en avril 1573 un bâtard royal qui deviendra Charles de
Valois, duc d’Angoulême.
Les
armes des Maniquet étaient d’azur à demi vols d’argent.
Après
la révolution le château, qui était resté jusque là en possession des
Maniquets, changea plusieurs fois de propriétaire avant d’être acquis puis
restauré par Gustave Rivet, sénateur de l’Isère et secrétaire de Victor Hugo.
Le
château et ses terrasses ont été inscrits à l’inventaire supplémentaire des
monuments historiques en 1988. La cheminée monumentale du XVIIe siècle dans la
chambre dite d’Angoulême a, pour sa part, été inscrite à l’inventaire
supplémentaire en 1972. Le grand salon possède des boiseries de la fin du
XVIIIe siècle. La chambre Louis XVI conserve des boiseries et une cheminée en
noyer du milieu du XVIIIe siècle.
Le
parc du château du XVIe siècle est inscrit à l’inventaire général des châteaux
remarquables.
Maison
forte de Fond Engana mentionnée au XIIIe siècle (non localisée).
Maison
forte de Margilan mentionnée au XIVe siècle (non localisée).
Maison
forte de Gayet des XVe et XVIe siècles, modifiée plusieurs fois.
Maison
forte de Barraux :
elle est représentée sur un dessin d’Ercole Negro, l’architecte du fort
Barraux. Il en subsiste les vestiges d’une tour avec une fenêtre à meneau et un
autre bâtiment dominé par une tour carrée avec une belle archère canonnière.
Rivoire
de la Bâtie mentionne une maison forte de Champet.
Fort
Barraux :
construit en 1597 par le duc Charles Emmanuel de Savoie sur une butte élevée en
terre dauphinoise. Les travaux furent rondement menés ainsi qu’en témoignent
les nombreuses réquisitions d’artisans et de chars faits jusque dans le
mandement de Bugey. A peine terminé, le fort est investi par Lesdiguières dans
la nuit du 15 mars 1598. Celui-ci avait écrit peu avant au roi Henri IV qui
s’étonnait qu’il puisse laisser l’ennemi construire un fort sur ses
terres : « Sire, la construction d’un fort à cet endroit est
particulièrement bien choisie. Mais, en raison de l’état des finances du
royaume, il vaut mieux que ce soit votre cousin se Savoie qui en fasse la
dépense. Quand il sera à peu près terminé et avant qu’il y mette une garnison
sérieuse je le prendrai ». Le fort fut profondément remanié par Vauban de
1692 à 1698. L’enceinte des remparts bastionnés actuels qui enveloppent la
construction fut notamment construite sous ses ordres.
Le
fort, la chapelle, l’enceinte, le fossé et le pavillon ont été classés
monuments historiques en 1990.
Château
de Barraux dit de Maximy :
il a été édifié en 1703 à l’emplacement d’une maison forte. C’est un imposant
bâtiment de deux étages, coiffé d’une très haute toiture dauphinoise à tuiles
écailles et cantonné par des tourelles carrées. Il a été parfaitement restauré.
Hameaux, mas et
lieudits anciens :
Adestum, XVIe siècle,
l’Adret de Furet.
Mans Botellier, XIVe siècle, le Boulat.
Brueyres, XIIIe siècle, les Bruyères.
Cassarz, XIIIe siècle, les Cassarts.
Castallarium, XIVe siècle, le Châtelard.
De Chalas, XIIIe siècle, la Chaille.
Mans Chambrissonis, XIVe siècle.
Combis, XIVe siècle, les Combes.
Comba Eymar, XIVe siècle, Combe Eymard.
La Cor, XIVe siècle, Arces.
Cray, XIIIe siècle, le Crey.
Mans crucis de Areneriis, XIVe siècle, l’Arénier.
Mans in Sullarum, XVe siècle, l’Ile de la Gache.
Cula, XIVe siècle, les Culées.
Le Culier, XIVe siècle, la Cuillière.
Fayetum,
XIIIe siècle, le Fayet.
Gayeria, XIIIe siècle, le Gayet.
Hermierici, XIVe siècle, les Hermitans.
Magni Terralis, XIVe siècle, les Grands Terrets.
Mans de Fornachi, XIVe siècle, la Fournache.
Mans Malipassus, XIVe siècle, le Maupas.
Mansus Plani, XIVe siècle, le Plan.
Margerium, XIIIe siècle, Margillan.
Maynerii, XIIIe siècle, la Meunière.
Molendina, XIVe siècle, les Moulins.
Murs, XIIIe siècle, la Mure.
Oldriis : XIIIe siècle, les Hudrys.
Racorat, XIIIe siècle, Racourt.
In Reppladis, XIVe siècle, le Replat.
Ruppis Corberia, XIVe siècle, la Roche Corbière.
Salveta, XIIIe siècle, Servette.
Silvette,
XIIe siècle.
Autres indications :
Le
cône alluvial de Chapareillan et la carrière de l’Arenier est un site
géologique remarquable de 55,79 hectares, en partie sur la commune, classé 3 *
à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014.
Mistralie
mentionnée dans un acte du 11 mars 1283.
Moulins
sur le ruisseau du Furet mentionnés dans un acte du 15 avril 1330.
Moulin
de la Combe mentionné en 1393.
Borne
de corvée de 1750 en limite de Chapareillan.
Borne
militaire limite de garnison de 1766.
Autour
du fort, 5 bornes identiques en calcaire de 70 cm de hauteur.
G.
VALLIER mentionnait un cadran solaire avec inscription optima forte tibi (très
bonne pour toi peut-être).
L’Atelier
Tournesol en a recensé deux.
Commune
du Parc Naturel Régional de Chartreuse.
ZNIEFF
de la forêt alluviale de Chapareillan.
ZNIEFF
de la zone fonctionnelle de l’Isère entre Cervins et Grenoble.
ZNIEFF
des falaises des ruisseaux d’Alloix aux Dégouttes.
ZNIEFF
du massif de la Chartreuse.
Bibliographie :
Regeste
Dauphinois n° 336, 7353, 8106, 12671, 19537, 21602, 24795, 36425
G.
ALLARD : Dictionnaire historique du Dauphiné, manuscrit de 1684 publié par
H. GARIEL en 1864, T I, pages 122, 123 et 456
J.
J. A. PILOT : recherches sur les antiquités dauphinoises, 1833, pages 196
et 197
Album
du Dauphiné T IV, 1839, pages 134 à 138
J.
J. A. PILOT : précis statistique des antiquités du département de l’Isère,
BSSI 1843, page 123
E.
GUEYMARD et alii : statistique générale de l’Isère 1844-1852, III, page
199
J.
G. H GREPPO : études archéologiques sur les eaux thermales ou minérales de
la Gaule, 1846, page 252
J.
J. A. PILOT : rapport sur une pierre tumulaire chrétienne trouvée à Saint-Marcel
près de Barraux en 1852, BSSI 1854, pages 432 à 434
J.
J. A. PILOT : les maisons fortes du Dauphiné, 1860
E.
LE BLANT : inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIe siècle,
II, 1856-1865 n° 474, pages 175 et 176
A.
de GALLER : notice sur Hector de Maniquet, seigneur du Fayet en Dauphiné,
1866
G.
de RIVOIRE de la BATIE : Armorial de Dauphiné, 1867, pages 124, 377, 378
et 400
J.
J. A. PILOT : note sur un édit d’Aurélien et le chemin de l’empereur,
BSSI, 1867, pages 437 à 442
J.
MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires
de Saint Hugues, 1869, pages 295 et 380
A.
ALLMER et A. de TERREBASSE : inscriptions antiques et du Moyen Âge de
Vienne, 1875-1876, IV, n° 797
E. ARNAUD : histoire des protestants du Dauphiné aux XVIe,
XVIIe et XVIIIe siècles, Vol. II, 1875-1876, pages 241 et 242
G.
VALLIER : anthologie gnomonique du département de l’Isère, 1876
E.
PILOT de THOREY : notes pour servir à l’histoire de Grenoble, 1880, page
158
E.
PILOT de THOREY : les prieurés de l’ancien diocèse de Grenoble compris
dans les limites du Dauphiné, BSSI, 1883
DUFAYARD :
le Grésivaudan à vol d’oiseau, 1886
O.
HIRSCHFELD : Corpus Inscriptionum Latinarum, 1888, CIL XII n° 2326 et n°
5701-30
J.
SESTIER : le tramway de Grenoble à Chapareillan, rive droite de l’Isère,
1900, pages 113 à 118
Dom
C. BEAUNIER : recueil historique des archevêchés, évêchés, abbayes et
prieurés de France, 1906, page 17
H.
MULLER : résumé sur les récentes découvertes préhistoriques faites dans
les Alpes depuis 1907, Revue des Alpes Dauphinoises, 12ème année, n°
3, page 44
C.
FAURE : un projet de cession du Dauphiné à l’église romaine (1338-1340),
Mélanges d’archéologie et d’histoire, T 27, 1907, page 212
Dom
J. M. BESSE : abbayes et prieurés de l’ancienne France, T IX, 1912, page
96
E.
PILOT de THOREY : dictionnaire topographique de l’Isère publié par U.
CHEVALIER en 1920, pages 2, 9, 17, 21, 52, 63, 64, 68, 71, 105, 109, 111, 119,
125, 128, 146, 165, 185, 188, 207, 208, 210, 213, 214, 219, 222, 229, 251, 291,
293, 308, 317, 335, 336 et 353
J.
B. LANFREY : chez nous, 1930, pages 82 et 83
Cdt
JUSTER : inventaire du mobilier de la chapelle du Fort Barraux, bulletin
de l’Académie Delphinale 1934
H.
ROUSSET : le Fayet gentilhommière dauphinoise à Barraux, 1935
Dom
L. H. COTTINEAU : répertoire topographique bibliographique des abbayes et
des prieurés, T I, 1935-1936, page 268
R.
BORNECQUE : le fort Barraux, notes d’histoire et d’architecture, 1968
A.
BOCQUET : l’Isère préhistorique et protohistorique, 1969, page 204
M.
RIVIERE SESTIER : le château du Fayet et son roman d’amour, BSDEA n° 21,
1973
B.
COLOMBAN : recherches archéologiques dans le canton du Touvet, TER 1974
J.
GODEL : le cardinal des montagnes, Etienne Le Camus, 1974, pages 145, 195,
198, 207 et 208
J.
BRUNO : le Graisivaudan, toponymie et peuplement d’une vallée des Alpes,
1977, pages 160 et 323
B.
BLIGNY : histoire du diocèse de Grenoble, 1979, page 18
G.
MAZOUYES : maladreries et lépreux de l’ancienne province de Dauphiné, 1980
R.
BONIN et alii : paroisses et communes de France, Isère, 1983, page 113
R.
L. LACHAT : la vallée aux cent châteaux, 1985, pages 81 à 84
J.
C. MICHEL : Isère gallo-romaine, I, 1985, page 191
F.
DESCOMBES : recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à
la renaissance carolingienne, XV, Viennoise du Nord, 1985 n° 244
A.
COCHET et J. HANSEN : conduites et objets de plomb gallo-romains de
Vienne, 1986, n° 21, page 112
C.
L. SALCH : dictionnaire des châteaux et des fortifications du Moyen Âge en
France, 1987, page 106
Histoire
des communes de l’Isère, 1988, pages 306 et 307
F.
LESBROS : Fort Barraux, quatre siècles d’histoire, 1990
J.
C. MICHEL : notice n° 263 de la carte archéologique de la Gaule :
l’Isère 38/1, 1994, page 134
M.
BROCARD : les châteaux de Savoie, 1995, pages 171 à 173
A.
et L. BRUCELLE : Isère, terre de châteaux, 1996, pages 166 et 167
Atelier
Tournesol : inventaire des cadrans solaires de l’Isère, 1996-1998
Atlas
du patrimoine de l’Isère, 1998, page 253
SRA
Rhône Alpes, bilan scientifique 2002, pages 97 et 98
A.
BOCQUET : les Allobroges et l’Allobrogie, 2004, page 36
E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, pages 155 à 161
H.
TARDY : le Grésivaudan au Moyen Âge, 2006, pages 17, 18 et 35
B.
REMY et N. MATHIEU : les noms de personnes inscrits sur les tuyaux de
plomb de la cité de Vienne, 2011, page 167
Barraux,
diagnostic patrimonial et environnemental, 2013
BOCQUET
(A) : inventaire 0 en ligne
Carte
archéologique de la Gaule : l’Isère 38/4, 2017, pages 90 et 91
D.
CHANCEL et A. CAYOL GERIN : borner et indiquer, 2019, page 49 et 79
Site
Internet : bornes.fapisere