CHIRENS

 

Canton du Grand-Lemps, ex canton de Voiron.

Forme ancienne : Villa de Chyrens au XIVe siècle.

Gentilé : Chiremois.  

 

Cartes IGN au 1/25000ème : 3233 SB

 

Superficie : 1753 hectares.

 

Population (2015) : 2342 habitants.

 

Hagiographie :

 

Catherine, d’Alexandrie, qui eut la vision de l’enfant Jésus la choisissant pour fiancée. Martyre en 305 sous Maximin Daïa. Patronne des filles à marier.

Apollonie, ou Apolline, vierge et martyre à Alexandrie en 249. Elle était également honorée au prieuré de Saint-Michel-du-Connexe. Patronne des dentistes.

 

La tourbière de Chirens est un site géologique de 98 ha, classé 3 étoiles à l’inventaire du patrimoine géologique de l’Isère.

 

Protohistoire : en 1952, un sondage dans un marécage au nord du bourg, reste d’un ancien lac comblé, a livré des pollens fossiles montrant une déforestation et des cultures durant l’âge des métaux.

 

Epoque gallo-romaine : dans du remblai, à proximité du prieuré, on a découvert des fragments de poteries antiques.

Sur le site de la motte du Châtelard (infra) on a découvert deux monnaies romaines très abîmées.

Au lieudit Bavonne, emplacement d’un site à tegulae.

Passage supposé d’une voie Grenoble - Aoste à Franconnière et à Beaudiné.

On notera la présence des toponymes suivants : Grand Champ, Grand Pré, Grande Pièce, pouvant suggérer un domaine gallo-romain.

Indices d’occupation gallo-romaine à l’Arsenal.

On a pensé que le nom de la commune pouvait dériver du patronyme germanique Caro ou Carencus ou Carentus (domaine de).

 

Haut Moyen Âge : le site du prieuré a livré quelques tessons carolingiens.

Près de l’église du prieuré on a repéré anciennement des sépultures non décrites et des fragments de verre irisé. Selon certains auteurs le lieudit Mollarô dominant le village, sur lequel est érigée une croix, pourrait devoir ce nom à un « tumulus burgonde ». Un autre tertre de même nature existerait au hameau de la Franconnière.

La région de Chirens semble avoir connu un habitat intensif à compter du Xe siècle. Quatre mottes castrales ont en effet été découvertes :

 

Ø  la motte du Châtelard : c’est une motte volumineuse, édifiée par l’accentuation d’un mamelon naturel au moyen d’apports supplémentaires de sédiments. La plate forme sommitale atteint 20 mètres d’élévation. Elle est protégée vers l’extérieur par une levée de terre périphérique. Deux éminences artificielles, de taille réduite, protègent au-delà du fossé l’accès par l’ancien chemin. Elle est maintenant au milieu de la forêt. Elle est dans un état exceptionnel de conservation et elle a été inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 2004.

Ø  La motte de la Poype (ou du Bozon) : elle est située à quelques centaines de mètres au sud est du Châtelard, à 625 mètres d’altitude. Le sommet de la motte forme approximativement un cercle de 20 mètres de diamètre.

Ø  La motte de la Louvatière dite Châteauvieux : les fouilles ont livré des objets métalliques du XIe siècle et un denier d’argent émis à Vienne sous le règne de Conrad en 1034. Elle fut abandonnée au cours du même siècle. Elle présente un plan sub rectangulaire d’environ 50 mètres de longueur sur 20 mètres de largeur et s’élève au dessus d’une première plate forme d’une hauteur d’une dizaine de mètres.

Ø  La motte de Clermont, sur laquelle fut élevé ultérieurement le château de Clermont (infra).

 

Edifices religieux :

 

Prieuré Notre Dame du Gayet : prieuré bénédictin fondé vers 1070 qui dépendait de l’abbaye de Saint Chef. Il présente encore une abside du XIe siècle, la seule qui ait été conservée dans le voironnais. On remarque encore un reste de transept et une nef du XVe siècle qui a été prolongée au XVIIe siècle. L’abside semi elliptique s’ouvre sur la nef par un grand arc en plein cintre reposant sur deux piliers ornés de chapiteaux romans. Quatre colonnes moins grosses et moins achevées, également à chapiteaux, divisent le chevet en cinq arcades. Une inscription latine, en caractères tudesques, authentifie les travaux. C’est un document épigraphique de première importance par la longueur du texte qui couvre une plaque de 1,50 mètre de hauteur sur 1,10 mètre de largeur.

Des peintures murales du XVIe siècle sont conservées sur certains murs et rassemblent une iconographie de saints identifiables, notamment la Vierge et l’Enfant et Saint Nicolas dans un enfeu gothique. Le prieuré fut vendu comme bien national à la révolution.

L’église prieurale est classée monument historique avec ses peintures et les inscriptions gravées qu’elle renferme depuis 1973. Elle possède une cloche de 1518.

 

Chapelle castrale Notre Dame de Clermont : elle est citée dès le XIIe siècle. Elle fut unie à l’église de Chirens en 1790. Elle a été partiellement dégagée en 1991.

 

Chapelle Sainte Catherine fondée en 1429 et vendue au titre des biens nationaux, dont il subsiste des traces de peintures murales dans une grange, rue Sainte Catherine.

 

Confrérie du Rosaire mentionnée en 1614.

 

Chapelle disparue Sainte Appolonie. Elle est mentionnée sur la carte de Cassini de 1777. Elle était peut-être située au lieudit les Chapelles.

 

Chapelle de Bonpertuis disparue ruinée durant les guerres de religion, dont l’emplacement est occupé par une scierie.

 

Le château de Reynaud possédait deux chapelles, une du XVe siècle entre le château et sa ferme et une autre du XVIIIe siècle.

 

Eglise Notre-Dame-de-l’Assomption de 1889.

 

Croix des Rampeaux du XVIIe siècle.

Croix de mission de 1864 et de jubilé 1875.

Croix de la Garangère de 1875.   

Croix de Bavone de 1888.

Croix de la Couria avec une statuette.

Croix de l’Arsenal.

Croix des Cochettes.

Croix du Malarot.

Croix du Plan.

Croix de Beaudiné de 1931.

Croix du Malarot de 1948.

Croix de l’Envers.

Croix de Louisia.

Croix des Cochettes.

Croix du Bozon.

 

Châteaux :

 

Château de Clemont : le château (sans doute en bois sur la motte) est cité dans le partage du comté de Salmorenc du 2 août 1107 : castrum Clari Montis. Il en subsiste une tour pentagonale qui, à 640 mètres d’altitude, domine tout le pays avoisinant. Elle est construite en gros cailloux et blocs de tuf alternés. Elle mesure encore 27 mètres de hauteur et présente la particularité d’être formée de cinq pans réguliers faisant 20 mètres de périmètre. C’est un remarquable spécimen d’architecture militaire médiévale, seul vestige de la forteresse berceau des Clermont Tonnerre. Elle fut détruite sous Louis XIII. Tout autour, on retrouve les traces de trois enceintes concentriques. La tour et les vestiges subsistant de l’ancien château et de ses deux enceintes ont été classés monument historique en 1983.

La famille de Clermont, une des plus illustres du Dauphiné pouvait descendre, selon certains auteurs, des anciens ducs d’Aquitaine. Leurs armes étaient de gueules à deux clefs d’argent passées en sautoir et leur devise : si omnes ego non.

 

Tour féodale dans un pré à l’est du village avec une porte médiévale bien conservée.

 

Enceinte médiévale du bourg du XIVe siècle qui comportait deux portes. Il en subsiste quelques traces, notamment la tour de la Poste qui s’appuyait sur le rempart.

 

Maison forte du Bourg, dite Tour des Tilleuls, ou Vieille Tour, remontant peut-être au XIVe siècle, avec fenêtre à demi traverse.

 

Maison forte de la Grangère des XIVe ou XVe siècles avec tour circulaire, ancienne propriété des de Clermont. Une inscription avec la date 1579 est conservée ainsi que des fenêtres à meneaux.

 

Maison forte de Beaudiné : la demeure a toujours belle allure malgré la disparition de la tour qui autrefois s’élevait sur le coté droit. On a dit que le dauphin Louis II parla longtemps du fameux dîner qu’il y fit et qui semble être à l’origine du nom de la demeure. Une autre version (abbé Million) évoque le repas qu’aurait fait François 1er sur la pierre éponyme (Charavines), en 1525 en revenant de Pavie. Quoiqu’il en soit, elle est citée au XVe siècle : domus fortis Bello Prandio.

La demeure conserve des fenêtres à meneaux du XVIe siècle et sa porte d’entrée proviendrait du prieuré. Une pièce conserve des écussons anciens.

 

Maison forte dite Vieux Château ou Tour des Tilleuls dont l’origine remonte au XIVe siècle et qui conserve Tour d’escalier en vis dite de l’ancienne poste, place des Tilleuls.

 

Maison forte de Cernille : déjà attestée au XVe siècle, elle a été profondément modifiée au XVIIIe siècle par le marquis de Vaulserre, époque où on a adossé deux pavillons à la façade. C’est aujourd’hui une propriété municipale (centre nature et loisirs).

 

Colombier de la Pagère du XVe ou XVIe siècle, déjà décrit en mauvais état en 1683. Il dépendait du château de Reynaud.

 

Anciens haras conservant notamment une tour coiffée d’un chapeau conique du XVIe siècle. Ils dépendaient de la ferme du château de Reynaud.  

 

Maison forte de Franconnière du XVIe siècle, aujourd’hui ruinée.

Maison forte de la Garangère avec inscription de 1579 et fenêtre à meneau.

 

Maison forte de l’Arsenal, très remaniée, avec une tour ronde au toit en poivrière pouvant remonter au XVIIe siècle.

 

Maison noble du Haut Gayet de 1671.

 

Une construction massive à trois niveaux, flanquée de deux tours est peut-être l’ancienne propriété de Guillaume de Chypre.

 

Château de Vausserre ou de Cernille au hameau des Galbits : il occupe l’emplacement d’une position avancée des seigneurs de Clermont face au château de Montclar. D’origine imprécise, il fut acquis en 1761 par François de Charconne. Il ne devait alors se composer sue d’un grand corps de logis auquel on adossa deux pavillons de coté à l’extrémité ouest du château, ce qui créa une nouvelle façade.

 

Hôtel de Reynaud : dans le bourg grande maison édifiée en 1727 par Jean Baptiste de Reynaud, procureur général au parlement du Dauphiné. Le bâtiment, formé d’un corps principal et de deux pavillons possède un plan en « U ». La façade principale donne sur un parc et présente deux niveaux de grandes baies surmontées d’un fronton triangulaire. Il comportait une chapelle.

 

Hameaux et lieux anciens :

 

L’Arsina, XVIIIe siècle, l’Arsenal.

Les Ayes, XVe siècle, les Hayes.

Les Barraux, XVIIIe siècle, Barraux.

De Charconna au XIVe siècle, Charconne.

Berengeria au XIVe siècle, Garengiere au XVIe siècle, la Garangière.

El Replat au XIVe siècle, le Replat.

Farconeria au XIVe siècle, la Franconnière.

Gamaploud font au XIVe siècle, Gapaloup.

Le Grabut, XVIIIe siècle, les Galbits.

In Guioneteria au XVe siècle, la Guillotière.

Julis, XVIIIe sièclen les Jolys.

Malfay, XVe siècle, Marfey.

Molendina, XVe siècle, les Moulins.

Repellerie au XVe siècle, le Ripet.

Rivus de Pelletis, XVe siècle, la Pelette.

 

Autres indications :

 

La tourbière de Chirens est un site géologique remarquable de 98,8 hectares (sur les communes de Chirens et Massieu, classé 3 étoiles à l’inventaire du patrimoine géologique de 2014.

Trou karstique de la Couleuvre.

 

Sur la place, contre l’école, anciennes mesures à grains qui sont l’étalon des mesures dites de Clermont.

Au nord-est de la rue principale, ancien grenier à blé des seigneurs de Clermont remontant au XIVe siècle.

Péage mentionné par G. ALLARD.

Nombreux ateliers de potiers aux XVIIIe et XIXe siècles.

Plusieurs moulins anciens subsistent, l’un au lieudit « Vieux Moulin », dit Moulin Rose dont l’origine remonte au XVe siècle, rebâti en 1840 et l’autre sur la route de Bilieu. Moulin Defilion pouvant remonter au XIVe siècle. Moulin du Furan cité en 1458.

Les potiers de Chirens sont connus dès 1672. Le Musée Dauphinois conserve de nombreux objets dont un moule à jacquotte du XIXe siècle (M. D. 68.66.2), un pichet à vin de 1908 (M. D. 34.4.36), une bouteille en céramique vernissée claire de 1909 (M. D. 34.842).

Ancienne poterie Reynaud Dulaurier.

Dans le Bourg, demeure ancienne avec fenêtre à meneau.

Ancien four du Mollard du XVIIe siècle.

Pont du Gayet d’origine ancienne.

Maison Garron au Souchet ayant appartenu à un grognard de l’armée napoléonienne.

La tradition orale situe un cimetière autrichien à Saint Ennemond, par suite des batailles locales de 1814-1815.

Fontaine de 1835.

Ancienne carrière de tuf sur le ruisseau d’Aiguebelle ayant servi notamment au parement de la tour de Clermont.

Pierre erratique dite Pierre de Libre-Soleil (ou de Beau-Soleil).

Tourbière de Chirens et marais : site Natura 2000 (arrêté du 31 mai 2010) et Espace Naturel Sensible.

ZNIEFF du marais de Bavonne.

ZNIEFF du Val d’Ainan.

ZNIEFF du marais du Val d’Ainan.

 

Bibliographie :

 

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