EYBENS

 

Canton d’Echirolles, ex canton d’Eybens.

Formes anciennes : Aiben au XIe siècle, Eybenum au XIIIe siècle.

Gentilé : Eybinois.

Héraldique : d’azur au cœur d’or surmonté d’une colombe d’argent tenant dans son bec un rameau d’olivier (armoiries du XVIIe siècle de la famille de Surville).   

 

Carte IGN au 1/25000ème 3234 Grenoble est

 

Superficie : 450 hectares.

 

Population (2015) : 10259 habitants.

 

Hagiographie : Christophe, de Lycie, martyrisé en Lycie sous Dèce vers 250. Il est représenté portant Jésus sur son dos pour lui faire traverser une rivière. Selon la légende, il s’engagea avec un enfant qui se révéla de plus en plus lourd, symbolisant le Christ et le poids des péchés du monde. Il est vénéré depuis le Ve siècle en Asie Mineure. C’est le patron des voyageurs.

 

Préhistoire : une fouille effectuée dans le sol de la terrasse du château d’Eybens en 1935 a livré des os d’usrsus ardos cassés et entaillés ainsi qu’un manche d’outil en os attestant un habitat humain.  

 

Epoque gallo-romaine : le Chemin Ferra est l’ancienne voie romaine de Grenoble à Briançon par l’Oisans.

Contre le chevet de l’église est encastré un cippe funéraire (la première ligne n’est plus visible aujourd’hui) : « D(is) M(anibus) / ET MEMORAIE AETERNAE / DEF(unctae) (an)N(orum) XXIV MARCELLINVS / (con)NIUGI / IGI KARISSIM (ae) / (ponendum curavit) ET / SVB ASCIA DEDICAV(it) » : « aux dieux manes et à la vie éternelle de … morte à l’âge de 24 ans, Marcellinus son mari à son épouse très chère a pris soin de construire ce tombeau et l’a dédié sous l’ascia ».  Le cippe a été proposé, sans succès, à l’inscription à l’inventaire supplémentaire des objets des monuments historiques en 1975.

A une date indéterminée on a découvert une situle qui fut acquise par le MAN.

En 1992, près de l’église, on a mis au jour une importante villa du Haut-Empire (Ier et IIe siècles) d’une certaine qualité : sols de mortier de tuileau, fragments de tubuli d’hypocauste...

Selon J. BRUNO, emplacement de ferme gallo-romaine.

 

Haut Moyen Âge : autour de l’église Saint Christophe rapporte l’emplacement de « très anciennes tombes ». En 1992, on a mis au jour une nécropole de 95 sépultures, dans la seule emprise de la tranchée ouverte pour la fouille de sauvetage, dont certaines pouvaient remonter au Haut Moyen Âge.

 

Edifices religieux :

 

Eglise Saint Christophe : elle fut construite sans doute à une époque précoce sur les ruines de la villa romaine. Le cartulaire C de Saint Hugues la cite : ecclesia de Aiben puis dans le pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 : ecclesia Sancti Christofori de Eybeno, alors dépendance du chapitre cathédral. L’église Saint Hippolyte des Angonnes lui est alors jointe. Le pouillé indique également qu’une chapelle, dont le vocable n’est pas donné, a été fondée extra ecclesiam Eybeni.  Les fouilles de 1992 ont révélé près d’une centaine de sépultures de l’ancien cimetière paroissial.

L’église actuelle a été édifiée dans la seconde moitié du XIXe siècle sur l’emplacement de l’église primitive. Elle conserve un tableau de l’Annonciation du XVIIe siècle, inscrit à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques en 1990 et une cloche du XVIIIe siècle

 

Maladrerie de la Levade (Levata) : elle était située, selon toute vraisemblance et d’après les descriptions, à l’emplacement de l’actuel château de la Commanderie.  Son nom rappelle les levées de terre élevées par les commandeurs. Cette maladrerie est mentionnée par de nombreux textes entre 1228 et 1332. Elle est citée pour la première fois en 1228 dans le testament de la dauphine Béatrix : maladeria de Levata. En 1317, le dauphin la céda à l’ordre de Saint-Jean- de-Jérusalem qui l’unit à la commanderie d’Echirolles.

Le dernier texte qui la concerne est un acte de 1332 confirmant le maintien du commandeur d’Echirolles dans les biens qu’il possède à la Levade.

Elle possédait un cloitre mentionné dans un acte du 27 janvier 1309 et donc, celui-ci devait selon toute vraisemblance relever d’une église.  

 

Chapelle castrale : elle est mentionnée en 1792. Elle existe toujours et possède des peintures murales du XVIIe siècle.

 

Eglise évangélique.  

 

Châteaux :

 

Château delphinal : un castrum de Aybeno est cité dès 1284. L’enquête delphinale de 1339 en donne la description suivante : « tour carrée de 24 mètres de hauteur sur 38 mètres de circonférence, murs de 5 pieds d’épaisseur. Revenus 270 florins. En dépendent un pré, une grange avec jardin et verger, un bois, une terre, une vigne et les paroisses d’Eybens, Bresson et Saint-Martin-d’Hères. 4 nobles résidents ».

L’enquête pontificale de la même année lui attribue 100 feux.

 

Maison forte de Raymond Villet mentionnée par G. ALLARD.

 

Au lieudit Villa Romaine, ancienne demeure avec tour conservant la trace d’une fenêtre à meneau. Il pourrait s’agir d’une ancienne maison forte.

 

Claude de Briançon, seigneur d’Eybens, figure dans l’arrière-ban de 1512.

 

Noble Guillaume Garnier, secrétaire delphinal, acheta en 1527 la terre d’Eybens de la maison de Briançon. Ses armes étaient de gueules à la licorne passante d’argent au chef d’or orné de trois roses d’azur.

 

Château d’Eybens : admirablement situé sur la colline, le château dont la construction est attribuée à Christine de Bourbon, fille de Henri IV et régente de Savoie en 1637 est sobre de lignes. Cette apparence est encore renforcée par la simplicité et la régularité des ouvertures de ce grand rectangle flanqué aux quatre angles d’avant corps en saillie sur les façades nord et sud. L’intérieur est remanié depuis le XIXe siècle. Au cours de travaux on a mis au jour un beau plafond à la française avec poutres et solives où figure le monogramme de Christine de Bourbon. C’est elle qui anoblit en 1643 Jean de Surville et lui donna le château et la seigneurie d’Eybens. Cette famille parait éteinte en 1735. Ses armes étaient d’azur au cœur d’or surmonté d’une colombe d’argent tenant au bec un rameau d’olivier.

 

Au pied du château ancienne ferme castrale dite de la Belinière.

 

Château Bel Air : grand bâtiment de trois niveaux qui possède quatre tours rondes. Il est représenté comme résidence bourgeoise sur la carte de Cassini de 1772.

 

Château de Tournadre avec tour et fenêtres à meneaux.

 

Château de la Commanderie des XVIIe et XVIIIe siècles, ancienne possession de la commanderie d’Echirolles, vendu comme bien national à la Révolution et acheté par Joseph Dastier avant de passer dans diverses mains. C’est aujourd’hui un hôtel-restaurant.

Dans le parc du château, un sarcophage, sans doute d’un commandeur, est conservé et sert de bassin. Toutefois, on peut noter des similitudes de décor entre ce sarcophage et un fragment de sarcophage, dit de l’oméga, en remploi dans le mur de l’église de L’Isle-d’Abeau, daté du Bas-Empire romain.

 

 

Hameaux et lieux anciens :

 

Bordaria de Arous, XIVe siècle, les Arroux.

Bordaria Javella, XIVe siècle, les Javaux.

Mas Juvencellenes, XIIIe siècle, les Javaux.

Bordaria Pastorelli, XIVe siècle, Paturel.

Maresco, XVe siècle, les Marais.

Locus Pendelupum, XIIe siècle, Peuloup.

Mans del Rouro, XIIIe siècle, les Ruires.

Molendinum d’Aybeno, XIVe siècle, le Moulin.

Mureti villa, XIVe siècle, les Murets.  

 

Autres indications :

 

Maison de Pierre Felicerii mentionnée dans un acte du 23 septembre 1298.

Moulin mentionné dans un acte du 19 août 1311 et du 3 mars 1314.

Ferme Bouvet remontant au XVIe siècle. Elle faisait sans doute partie de l’ancienne propriété de la commanderie d’Echirolles.

Grange du Château, dite de la Belinière, du début du XVIIe siècle. Elle servait à la fois de grange et d’écurie pour le château.  

Meulière mentionnée en 1678 (ADI 3 E 1470/13 f° 44).

Borne de corvée du XVIIIe siècle, dans le jardin de la Mairie.

Anciennes caves à bière de la Frise, aujourd’hui champignonnières. Il s’agit de caves souterraines creusées sous le lieudit Sabot en 1867 par Philippe Brun, brasseur à Grenoble. Jusqu’en 1918, la glace était fabriquée l’hiver dans un terrain au Petit Marais puis débitée en blocs et acheminée dans les caves. La production de bière cessa à la fin des années 1960.  

Maison des contremaîtres des anciennes tuileries en briques rouges et avec vitraux.

A la cure, cadran solaire de 1872 avec inscription : « la mort n’a point d’heure fixe ».

Villa Pachot, ancienne demeure bourgeoise.

Ancienne mairie de 1890, au jourd’hui Maison des Associations.

Cèdres avenue Jean Jaurès, avenue de Bresson, rue Mistral et de la Commanderie.

 

Bibliographie :

 

Archives des Bouches du Rhône H 2

ADI : B 2978,171, B 2982,44, B 3006, B 3009

Regeste dauphinois n° 10175 (Levade), 12538, 12541, 12855, 13049, 13050, 13441, 14050, 14674, 15131, 15209, 15322, 16169, 16657 (Levade), 18020, 18027, 18145, 18792, 19196, 19657, 23403, 23409, 23410, 23411, 23412, 23415, 23416, 24482, 25481, 26900, 27708, 27768, 29497, 29527, 29532, 32618 (Levade), 35546

Regeste complémentaire n° 83 (cloitre Levade), 84, 1213, 1259, 1331, 1373, 1374, 1375, 1396, 1426, 1505, 1542, 1543, 1546, 1564, 1574, 1806, 1837, 2361, 2541, 2542, 2543, 2573, 2574, 2575, 2576, 2577, 2580, 2581, 2582, 2583, 2584, 2629, 2630, 2631

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M. MINGAT LHERME : Echirolles et Eybens dans les yeux de Stendhal, Traces d’Histoire n° 10, 2025, pages 48 et 49

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