ECHIROLLES
Canton
du même nom.
Formes
anciennes : Eschirolis au XIe siècle, villa Eychirolis au XIVe siècle.
Gentilé :
Echirollois.
Héraldique :
écartelé au premier et au quatrième d’azur aux trois étoiles d’or disposées en
2 et 1 et au troisième d’or à l’écureuil de gueules.
Carte
IGN au 1/25000ème 3235 E
Superficie :
786 hectares
Population
(2015) : 35648 habitants.
Hagiographie :
Jacques,
le Majeur, frère de Saint Jean, surnommé par le Christ « fils du
tonnerre » en raison de son caractère impétueux. Décapité sur ordre
d’Hérode Agrippa en 37, son corps fut ramené en Galice et retrouvé par un
ermite en 813 à Compostelle où il est honoré depuis. Il est représenté avec le
bourdon des pèlerins et une coquille Saint Jacques.
Monique,
mère de Saint Augustin, berbère et chrétienne, morte à Ostie en 387.
Jean
Bosco, dit Don Bosco, ordonné prêtre en 1841, béatifié en 1929, canonisé en
1934, proclamé patron des apprentis par Pie XII en 1958.
Préhistoire : en septembre 2020, des sondages
archéologiques effectués sur le site du Château des Templiers, ont livré
une armature de flèche à pédoncule, en silex blond chauffé, attribuée au
néolithique final.
Protohistoire : les sondages de 2020 ont
également révélé une fosse avec de la céramique du Bronze ancien et un
aménagement en galet avec de la céramique du premier âge du Fer.
Le
tombeau supposé de Saint Jacques était-il une sépulture protohistorique ?
(infra).
Epoque
gallo-romaine :
Echirolles était situé sur le passage de trois voies romaines par un tronc
commun : la voie romaine de l’Oisans, la voie de la Matheysine et la voie
de Fréjus par le Trièves. Venant de Grenoble, la voie tendait sur Saint Jacques
d’Echirolles. Entre Grenoble et Echirolles, l’éventail que représentait le Drac
à l’époque antique ne permet pas de restituer le tracé mais, selon toute
évidence, il devait être le plus direct possible. En effet, les drainages
naturels des ruisseaux des Verderet de Bonne et Verderet Très
Cloîtres avaient fait surgir des terrains marécageux de la plaine une
étroite langue de terre qui descendait des coteaux jusque vers l’Isère et
formait alors sans doute la seule voie praticable entre Grenoble et Echirolles.
Elle passait ensuite à proximité du coteau Saint Jacques. Dans ce secteur elle
se divisait en deux branches : la voie de l’Oisans et la voie de Fréjus.
De Saint Jacques, par un chemin qui forme encore la limite communale entre
Echirolles et Jarrie, elle se dirigeait sur l’oratoire de Bresson.
Une
stèle romaine dédiée à Mercure était jadis située devant l’ancienne église
d’Echirolles, sans doute sur le coteau. En 1847 quand on la démolit on
transporta la stèle sur la terrasse du château de Saint Jacques où elle est
toujours : « MERCVRIO / L(ucius) MANILIVS
SILANVS » : à Mercure, Lucius Manilius Silvanus.
L’ancienne
église Saint Jacques avait sans doute été précédé d’un édifice paléochrétien
construit vraisemblablement sur l’emplacement d’un temple à Mercure. Une autre
inscription romaine, non relevée et disparue, est signalée par Chorier.
H.
GARIEL voyait dans le nom d’Echirolles ex Cularo
(hors de Cularo). Il faut plus probablement y voir le
mot scuriolus, désignant un lieu peuplé
d’écureuils. Toutefois, une hypothèse récente propose d’y voir le mot écharina, endroit pierreux adossé à un éboulis.
Edifices religieux :
Ancienne
église Saint Jacques :
elle est citée dans le cartulaire C de Saint Hugues : ecclesia de Eschirolis et dans le pouillé
du diocèse de Grenoble de 1497 sous la même
forme : Sanctus Jacobus de Eschirollis. Elle comprenait un chœur carré voûté à
plein cintre avec des nervures à chaque angle se rejoignant au centre. Un mur,
dessinant un arc légèrement ogival, séparait le chœur de la nef. Elle servait
de chapelle à la commanderie proche ; Détruite en 1847 pour cause de
vétusté, une partie de ses matériaux a servi à édifier le presbytère la même
année. Elle était située vers le château de Saint Jacques. Dans la partie est
de ce château subsistent quelques éléments en pierre d’architecture ancienne
qui pourraient provenir de cette ancienne église.
« Tombeau
de Saint Jacques » :
ce Jacques, dont la rumeur populaire fit un saint et sous la protection duquel
l’église paroissiale avait été placée, semble, selon la tradition, avoir été un
pèlerin du IXe siècle. G. ALLARD en fait la relation suivante :
« Jacques était un pèlerin dont on n’a pas pu apprendre le pays ; il
passa en Dauphiné en revenant de Rome et s’arrêta auprès de Grenoble en un lieu
nommé Eschirolis. Là, il bâtit un petit ermitage
où il finit ses jours. Son corps est dans l’église paroissiale du même lieu à
la réserve de sa tête qui fut dérobée par un autre pèlerin et portée à
Compostelle en Espagne, ce qui a donné lieu à quelques uns de dire qu’on avait
en Espagne d’autre relique de Saint Jacques que cette tête… Son tombeau fut
ouvert le 12 mai 1488 et la procédure porte qu’on y trouva un corps sans
tête… ». D’autres historiens (CHORIER, PILOT…) ont fait mention de manière
semblable de Saint Jacques d’Echirolles. Ce qui est certain c’est qu’un culte
véritable s’établit au moyen âge autour de ce tombeau. Les pèlerins, de plus en
plus nombreux, y vinrent faire leurs dévotions. La tradition dit même que
l’empereur d’Allemagne, Charles IV, lors de son passage en Dauphiné vint s’y
recueillir.
Emu
par tous les bruits faits autour de cette sépulture et par la rumeur
persistante de miracles, l’évêque de Grenoble, Laurent Alleman, en compagnie de
sa suite et des notables du lieu visita le tombeau le 12 mai 1488. Aux termes
du procès verbal de visite, il semble que cette sépulture sous tumulus était
vraisemblablement d’origine protohistorique, ce qui fut sans doute pressenti
par la hiérarchie ecclésiastique. Mais le procès verbal de la visite indique
que le squelette, d’une grandeur peu commune, était complet avec sa tête et
qu’à gauche de celle-ci il y avait un pot de terre rempli de charbon non brûlé
et un second pot vers les tibias. Ceci expliquerait sans doute le silence de
Rome quant à l’authenticité des reliques de Saint Jacques et la menace
d’excommunication formulée par l’évêque à l’encontre de ceux qui pénètreraient
dans le tombeau, comme de ceux qui honoreraient ce corps ou colporteraient des
bruits de miracle. Depuis cet évènement, la croyance dans le pèlerin s’effaça. Il
subsiste néanmoins dans la propriété du château de Saint Jacques un vague
tumulus sous un pierrier mais aussi une longue salle voûtée à demi enterrée
avec des murs de plus d’un mètre d’épaisseur et une ouverture en plein cintre
ébrasée vers l’intérieur.
Commanderie : la commanderie templière
d’Echirolles fut primitivement installée au dessus de l’ancienne église Saint
Jacques, dans un bois de garrigues encore nommé « Bois du Temple ».
Plus tard, après le déblaiement de la plaine du Drac, les commandeurs
s’établirent au pied du coteau d’Echirolles où certains bâtiments subsistent
encore dans le quartier toujours appelé la Commanderie. Elle est citée
dès 1226 : Adomo templi de Exchirollis.
Celle-ci
se composait de plusieurs bâtiments et de nombreuses dépendances entourés de
murs fortifiés. La maison principale, construite dans le style militaire propre
à l’ordre, était entourée de nombreuses dépendances : ferme, écuries,
bergeries, four, fontaine…
Un
acte du 17 juillet 1263 mentionne l’oratoire du temple.
Lors
de la suppression de l’ordre des templiers en 1312, la commanderie fut dévolue
à l’ordre de Saint-Jean-de-Jérusalem puis, ultérieurement à celui de Malte. Le
pouillé du diocèse de Grenoble de 1497 la mentionne sous les termes de Preceptoria Sancti Johannis Jherusalomitani Eschirolarum et
Templum de Eschirollis. Dépendance du Grand Prieuré de Saint Gilles,
elle fut unie à la commanderie de Valence le 21 mai 1654. Le domaine fut ravagé
lors des guerres de religion et vendu à la révolution. Il en reste néanmoins
aujourd’hui des vestiges évocateurs : le bâtiment dit des commandeurs,
reconstitué, des restes de tour ronde englobés dans une ferme et, à l’est vers
la colline, la chapelle de la commanderie (propriété privée). Si la toiture est
totalement effondrée, la nef présente encore des amorces d’arc, un bel
appareillage de pierre et la trace de fenêtres.
Celle-ci
a été labellisée « Patrimoine en Isère ».
Maison
des hospices : 11
à 15 avenue de la République, ancienne demeure qui appartenait au XVIIe siècle
aux hospices de Grenoble. On y voit encore une belle porte cloutée, un grand
escalier à colonnades, des boiseries et un plafond à la française.
Eglise
Saint Jacques :
construite dans la plaine en 1847 en remplacement de l’église primitive. Elle
conserve :
Ø
une
cloche de 1762,
Ø
un
tableau de la Sainte-Famille du XVIIIe siècle, inscrit à l’inventaire
supplémentaire des objets des monuments historiques en 1989, une peinture sur
toiles de la fin du XVIe siècle représentant la flagellation du Christ, classé
monument historique au titre des objets mobiliers en 1992,
Ø
une
paire de reliquaires du XVIIIe siècle,
Ø
une
statue du Christ en croix du XVIIIe siècle,
Ø
un
calice du XVIIIe siècle,
Ø
un
ostensoir du XVIIIe siècle,
Ø
le
socle d’une statue de Saint Christophe, avec une inscription gothique
mentionnant le nom d’Aymon de Charantonnay qui fut
curé d’Echirolles en 1500.
Jadis
elle possédait, outre la statue de Saint Christophe, une statue de Saint
Jacques. Les deux statues furent vendues à la Révolution. Elles sont
aujourd’hui au Musée dauphinois.
Depuis
2011 elle possède un orgue de salon de 17 jeux et 840 tuyaux créé en 1954.
Devant
l’église, croix de 1854 représentant la Vierge aux pieds du Christ.
Eglises
modernes Sainte Monique et Saint Jean de Bosco.
Echirolles
possède cinq mosquées (Masjid Ramadan, la Luire, Ar
Rahma, An Nour et la Grande Mosquée de 2013).
Châteaux :
Château
de la Commanderie :
c’est l’ancien logis des commandeurs restauré au XIXe siècle dans le style des XVIe
et XVIIe siècles. C’est aujourd’hui la propriété de la société Colas.
Château
de Saint Jacques :
le plus ancien document qui le mentionne date de 1534 et le cite comme maison
forte. Le château a subi au cours des siècles de nombreuses transformations.
Propriété
de Pisançon citée dès le XIIIe siècle. Le domaine possédait une chapelle.
Le
manoir, d’époque renaissance, a vu ses fenêtres à meneaux refaite en ciment
mouluré. Le bâtiment est aujourd’hui en partie ruiné, faute d’entretien.
Maison
forte de Jean Rolland mentionnée au XVIe siècle.
Domaine
de Rome et de Vaulx :
au XVIe siècle, l’un des grands domaines d’Echirolles fut celui qui appartenait
à la famille de Vaulx. Il possédait une chapelle vouée à Saint Joseph,
mentionnée en 1672. En 1871 le domaine fut morcelé et vendu. Malgré les
transformations apportées aux bâtiments et à la disposition des lieux le
quartier actuel des Glaires donne encore une idée de l’importance et de
l’agrément que devait avoir jadis cette propriété.
Domaine
de Barral, cité dès le XVIIIe siècle.
Hameaux et lieux
anciens :
In Baconeriis,
XVe siècle, la Banquoire.
Villa Baton,
XIVe siècle, les Batons ?
Chavanaria
Charbonella, XIVe siècle, la Charbonnière.
Crusa,
XIVe siècle, la
Creuse ?
Gleria,
XVe siècle, les
Glaires.
Grangiae, XIIe siècle, les Granges.
Pratimollis,
XIVe siècle, Prémol.
Aqua Clareria,
XVe siècle, ruisseau
des Eaux-Claires.
Autres indications :
Au
XVIIe siècle, la terre d’Eybens appartenait à la famille de Surville, anoblie
en 1646, dont les armes étaient d’azur au cœur d’or et une colombe d’argent
tenant au bec un rameau de laurier d’argent en chef.
Ancien
relais de poste, autrefois dénommé « à la garde de Dieu », dont
l’aile droite a conservé ses portes du XVIIe siècle.
Au
cimetière, tombe du comte Paul Oscar de la Croix de Chevrières de Pisançon,
dernier descendant des seigneurs d’Echirolles + en 1896. Sa tombe, assez
remarquable, porte un blason à tête de cheval à trois croix de Malte et
couronne comtale à neuf perles encadrée de deux chevaux avec une devise latine
signifiant « les croix ont dompté l’indompté ».
A.
FAVOT mentionne un cadran solaire de 1842 à la maison Riquet avec inscription transit
permanet.
L’ancien
hôtel de ville est labellisé « Patrimoine en Isère ».
Parc
de la villa Géo Charles de la fin du XIXe siècle avec pièce d’eau inscrit au
pré inventaire des jardins remarquables en 1989.
Musée
Géo Charles (art contemporain).
Musée
de la Viscose.
Musée
du Petit Drac.
ZNIEFF
de la zone fonctionnelle du Drac à l’aval de Notre-Dame-de-Commiers.
Bibliographie :
Archives
départementales de l’Isère : 4 G 261 f° 131, 5 G 19
Archives
départementales des Bouches du Rhône : titres d’Echirolles
Regeste
dauphinois n° 6837, 7396, 7459, 11392 (bornage), 12672, 17129, 17216, 18146,
18519, 18737, 19188, 19196, 24680, 23716 25481, 25483, 30194, 30195, 30196,
31249, 32616, 34249, 35544, 35546, 35547
Regeste
complémentaire n° 1187, 1376, 1505, 1506, 1507, 1517, 1518, 1519, 1520, 1521,
1578, 1783, 1784, 2019, 2098, 2263, 2724 et 2730
E.
BARLET : Allobrogis jurisperiti…
manuscrit 1547-1559 (BN lat. 17728)
N.
CHORIER : histoire générale du Dauphiné, 1661-1672, T 1, page 187, T 2,
pages 30, 31 et 492, 493 (tombeau)
N.
CHARBOT : histoire de la ville de Grenoble, manuscrit 1717, n° III, page
27 (BMG R 1655)
G.
ALLARD : Dictionnaire du Dauphiné, 1664 (BMG), publié par H. GARIEL en
1864, T 1, pages 123, 411, 412, 692 et 693 et T 2, pages 123, 502 et 547
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