VENTIA et SOLONION

 

La localisation de ces deux lieux a fait couler beaucoup d’encre. En voici une synthèse.

 

VENTIA

Dion Cassius est le seul auteur antique à en parler lorsqu’il fait le récit de l’ultime soulèvement des Allobroges en 62/61 avant notre ère. Il indique : « … Comme les Allobroges ravageait la province Gaule Narbonnaise ; le propréteur C. Pomptinus envoya contre eux ses lieutenants. Quant à lui, il établit son camp dans un lieu favorable d’où il put observer ce qui se passait, les aider de ses conseils ou leur porter secours, suivant que les circonstances l’exigeraient. Manilius Lentinus ayant dirigé ses troupes vers la ville de Ouenria (Ventia) causa une telle frayeur aux habitants que la plupart prirent la fuite et que les autres députèrent vers lui pour traiter de la paix. Cependant, les gens des campagnes accourant à leur secours et tombant à l’improviste sur les romains, contraignirent Lentinus à s’éloigner des murs : mais, il ravagea, sans être inquiété, toute la région, jusqu’à ce que Catugnatos, le chef de la nation entière des Allobroges, auquel se joignit un certain nombre d’habitants des bords de l’Isère, vint en aide à ce pays. Lentinus n’avait pas osé les empêcher de franchir la rivière parce qu’ils avaient un grand nombre de barques, mais il craignait qu’ils ne se rassemblassent en un seul corps s’ils voyaient les Romains s’avancer vers eux en ordre de bataille ; il cacha des détachements dans les lieux qui bordaient la rive gauche et qui étaient couverts de bois, attaqua  les Barbares et les tailla en pièces au fur et à mesure qu’ils traversaient la rivière mais, ayant donné la chasse à quelques fuyards et rencontrant Catugnatos, Lentinus était perdu sans un violent orage qui éclata tout à coup et détourna les Barbares de leur poursuite. Catugnatos s’étant ensuite retiré assez loin de là, Leninus courut encore la campagne et pris enfin la ville près de laquelle il avait précédemment échoué. Mais, L. Marius et Servius Galba passèrent le Rhône, ravagèrent les terres des Allobroges et arrivèrent enfin à Solonion… » (Dion Cassius, 37, 48 1-2 et Liv. Ep. 103, trad. E. Gros, 1845-1870).

 

On situe cette ville de Ventia (en grec Ouentia) dans plusieurs localités possibles.

-       A Valencia (V(al)entia ? Valence) pour Hirschfeld (CIL XII, page 207) et pour J. Prieur (la Savoie des origines à l’An Mil, 1983, pages 168 et 169).

-       A Vinay (38) : pour Adrien de Valois, (Notitia Galliarum, 1675, page 529) ; pour Dom Jacques Martin (Histoire des Gaules et des conquêtes des gaulois, T 2, 1754, page 410) ; pour d’Anville (notice de l’ancienne Gaule, 1760, page 688) et à Dom Bouquet (Rerum Galliarum, 1768, pages 366 et 487).

Or, remarquera toutefois qu’il n’y a pas de ressemblance toponymique entre Vinaisum (Vinay) et Vencia.

-       A Quaix (38) : C. A. Walckenaer va même, dans sa Géographie comparée des Gaules, 1839, jusqu’à situer Ventia « entre les villages de Corenc et de Quaix, vers la Vence, près du château d’Hercule (Herculais) ».

-       A Saint-Just-de-Claix (38) ou, du moins dans les environs de Saint-Nazaire-en-Royans, pour Lacour (Ventia et Solonion, revue archéologique 1860, pages 316 à 416) ; au même endroit par le Dr Courbassier (Ventia, ville gallo-romaine, bulletin de la société archéologie de la Drôme, 1867, pages 199 à 201) ; pour J. Guillemaud (Ventia et Solonium, 1869, notant qu’au début du XIXe siècle, une partie de Saint-Nazaire-en-Royans (26) était rattachée à Saint-Just-de-Claix) ; pour C. Perossier le même lieu (bulletin de la société archéologique de la Drôme, 35, 1901, pages 337 à 340) ; pour H. Müller (un camp retranché présumé romain près de Saint-Nazaire-en-Royans, congrès de l’AFAS, 1907, I, page 288 et II, pages 1057-1059) ; pour sa part, la carte archéologique de la Gaule, la Drôme 26, 2010, ne prend pas parti, page 552. Il en va de même pour G. Barruol (les peuples préromains du sud-est de la Gaule, 1969, page 304).

-       Au rocher du Cornillon, sur la commune du Fontanil (38) pour A. Macé (mémoire sur quelques points controversés de la géographie des pays qui ont constitué le Dauphiné et la Savoie avant et pendant la domination romaine, bulletin de l’Académie Delphinale 2, 1862, pages 386 sq).

 

SOLONION

Reprenons le récit de Dion Cassius évoqué ci-avant : « arrivés à Solonion, ils s’emparèrent d’un château situé au-dessus, vainquirent dans un combat ceux qui leur résistaient et brûlèrent un quartier de cette ville construite en bois ; mais l’arrivée de Catugnatos les empêcha de la prendre. A cette nouvelle, Pomtinus marcha avec toutes son armée contre Catugnatos, cerna les Barbares et les fit tous prisonniers, à l’exception de leur chef. Dès lors il fut facile à Pomptinus de soumettre tout le reste du pays » (Dion Cassius, op. cit.).

On notera que Tite Live en donne un condensé elliptique : « Cn Pontinus, praetor Allobroges qui rebelaverant ad Solonem domvir », « le prêteur Pontinus réduisit à Solo les Allobroges qui avaient pris les armes » (Epitome C III, ad Solonem) 

 

Comme pour Ventia, Solonion a donné lieu à plusieurs hypothèses.

-       A Salagnon (38), pour C. Jullian (Histoire de la Gaule, I, édition 1973, page 1054, notes 169 et 174, mais il hésite avec Montmiral dans la Drôme) ; pour J. Guillemaud (Ventia et Solonion, 1869) ; pour E. Lacour (Ventia et Solonion, revue archéologique 1860, pages 396 à 416 et pour J. Prieur (op. cit) qui hésite toutefois lui aussi avec Montmirail.

-       A Scillonaz (Ain) pour Walckenaer (géographie ancienne historique comparée des Gaules, 1839, page 199) et pour A. Macé (géographie des Gaules, T 1, 1860, page 198, mais il évoque aussi Solaize dans le Rhône).

-       A la Sone (38) pour A. de Valois (Notitia Galliarum, 1675, pages 528 et 529) ; pour Dom Bouquet (Rerum Galliacarum, 1738, pages 366 et 487) ; pour Dom Martin (Histoire des Gaulois, dictionnaire géographique, 1752-1754) et pour J. B. d’Anville (notice de l’ancienne Gaule, 1760, pages 529 et 530).

-       Saint-Marcellin (38) pour E. Blanc (Ventia et Solonion, revue archéologique 1876, page 268).

-       Soyons (07), enfin pour la carte archéologique l’Ardèche 07, 2001, page 396.