Une tête romaine à Chabotte de Saint Paul les Monestier ?

 

C’est « Lanry » TERRAS le premier qui, dans son ouvrage « la vicomté de Trièves » publié en 1970 signale une curieuse tête sculptée encastrée dans le premier niveau de la façade est d’une maison du hameau de Chabotte sur la commune de Saint Paul les Monestier.

 

Non loin de là, selon le même auteur, auraient été trouvées « des colonnes en pierre de taille » confirmant en cela une tradition locale selon laquelle une villa romaine aurait été édifiée à cet emplacement.

 

L’existence d’un domaine gallo romain en cet endroit, aujourd’hui largement isolé, n’est pas improbable. En effet, certains toponymes proches du lieu concerné pourraient attester d’une haute origine : Romant (Romanus ?), Audière, Gruerre

 

La microtoponymie renforce encore cette conjecture car, non loin de là, existait un lieudit « Pré de la Ville » et l’on sait combien ce nom de « ville » dérive souvent du latin « villa ».

 

Ces présomptions sont renforcées par la proximité du site des « Condamines », non loin du col du Fau, site de passage préhistorique et antique attesté par les fouilles archéologiques récentes (Cf. voir dans le présent site Internet la « carte archéologique de l’Isère », commune de Saint Paul les Monestier.

 

Nous sommes donc ici, selon toutes probabilités, en un lieu de haute origine. En déduire pour autant qu’il y avait là une villa romaine dont proviendrait, dans son réemploi actuel, la tête évoquée ici serait bien évidemment une déduction hasardeuse que je me garderais de faire mienne. De plus les « colonnes antiques » dont parle TERRAS, qui pourraient accréditer cette thèse, ne sont plus visibles semble t-il. Du moins ne les ai-je pas vues lors d’une visite en 1998.

 

 

Masque lunaire encadré d’une chevelure en casque dont les traits assez grossiers ont dû être obtenus par recreusement de la pierre à partir d’un épennelage ovoïde, cette tête, hors de tout contexte archéologique probant, est donc difficilement datable. Est-elle d’ailleurs un réemploi ?  Le crépi actuel de la maison (par ailleurs datée par une inscription du 18ème siècle) ne permet pas de répondre à cette question.

 

Pour compliquer encore la problématique, se surexpose à la tradition d’emplacement en ces leiux d’une « villa romaine » celle, rapportée par A. de MONTJOYE d’un « château disparu » qui aurait été situé en contrebas de la demeure actuelle.

 

S’agirait-il alors, comme à Claix, d’un réemploi médiéval ? Je ne saurais en être convaincu d’autant plus que si nombreuses soient dans notre région les têtes incrustées dans des murs d’églises ou de demeures, aucune – à ma connaissance – ne présente les caractéristiques de celle de Chabotte qui, grossière dans sa facture, s’apparente néanmoins davantage à certains exemples antiques connus (stèles de Bourges, de Saint Ambroix…) qu’à celles qui subsistent dans la vallée de la Gresse (Vif, le Genevrey, Claix…) qui peuvent être datées avec plus de certitude eu égard au contexte architectural dans lequel elles sont incluses.

 

Commencé sur une interrogation, cette brève étude n’est donc pas en mesure de conclure sous une autre forme. Seul, s’il pouvait parler, le très vieux chemin qui subsiste encore à proximité des quelques maisons composant l’actuel hameau de Chabottes serait en mesure de nous fixer sur les origines de cette énigmatique sculpture.