DE L’ORIGINE DE NOS PAROISSES

 

1 – les siècles obscurs :

 

On ne savait guère de choses, jusqu’à il y a peu, sur la période comprise entre la fin de l’empire romain et l’an mil mais, désormais, la cartographie locale des premiers édifices cultuels de notre région commence, peu à peu, à se dessiner. En effet, il semble que, dès la fin de l’empire romain, plusieurs de nos villages ont vu s’élever de petits lieux de culte qui, de distance en distance, pouvaient être autant de foyers de christianisation que de centres ruraux. C’est ainsi que, du nord au sud, on peut citer Saint Martin de Seyssins (1), Saint Jean de Cossey (2), Saint Pierre de Risset (3), Marinais le Haut, Saint Jean de Vif (4), Miribel Lanchâtre (5), Talabar sur Monestier de Clermont (6) et Roissard (7).

 

Seules pour l’heure existent toutefois des preuves tangibles pour Martinais, pour Vif et pour Roissard. Pour les autres sites, il ne s’agit que de conjectures mais divers indices laissent à penser à une possible origine paléochrétienne.

 

La période de transition entre une antiquité qui s’achève et un moyen âge qui débutant est, notamment, dans notre région fort mal connue. On s’accorde toutefois à considérer qu’elle est caractérisée par deux évènements majeurs : le triomphe du christianisme et la venue d’un peuple d’origine germanique, les Burgondes, qui créent un royaume de courte durée.

 

Mal connus des archéologues, les Burgondes seraient venus de la péninsule Scandinave vers le 2ème siècle avant notre ère pour s’installer tout d’abord au sud de la Baltique puis, au 3ème siècle de notre ère, dans la région du Main (centre ouest de l’Allemagne). Curieux peuple, s’il en fut, qui se retrouva en 451, lors de la bataille dite des « Champs Catalauniques » combattre à la fois au coté d’Aélius mais aussi avec l’armée d’Attila. Selon la « Chroniqua Gallica », la « Sapaudia »  fut donnée à ce peuple du nord « la vingtième année du règne de Théodose » (vers 395) pour être partagée entre les autochtones (8).

 

 

(1)  J. ROGET : l’église Saint Martin de Seyssins, 1980

(2)  J. C. MICHEL : histoire de Claix, 2002

(3)  M. COLARDELLE et L. GIACINTI : Claix, rapport de fouille de sauvetage, 1980

(4)  J. C. MICHEL : l’église Saint Jean de Vif des origines au 12ème siècle de notre ère, Revue d’histoire des AVG, n° 38, 1996, pages 4 à 15

(5)  M. COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du 5ème au 13ème siècles de notre ère dans les campagnes françaises des Alpes du nord, 1983, page 192

(6)  L. TERRAS : la vicomté de Trièves en vallée chevalereuse, 1970, pages 17 et 18

(7)  M. COLARDELLE : op. cit. pages 27 à 57

(8)  MOMMSEM : Chronica Gallica, a 452, page 660

 

 

Pendant des siècles on a admis, comme une évidence, que la « Sapaudia » ne pouvait être que l’actuelle Savoie et les régions voisines, dont celle qui conserve depuis lors, comme seule trace linguistique incontestable, le souvenir des Burgondes : la Bourgogne. L’Isère, on en convient maintenant, en faisait partie. La « Notitia Dignitatum Imperii » (Notice des Dignités), document administratif du 4ème siècle, indique précisément que le tribun de la cohorte Flaviène Première de Sapaudia résidait à Grenoble : « tribunus primae Flavia Sapaudia Calonara » (9).

 

Le royaume Burgonde aux deux capitales – Genève et Lyon – dont l’apogée se situe à la fin du 5ème et au début du 6ème siècles, sous le règne de Gondebaud, ne connut qu’une existence éphémère et disparut à la suite des attaques de Clovis et de ses fils qui l’annexèrent en 532 – 534.

 

De cette période subsistaient encore, près de cinq siècles plus tard, des patronymes manifestement burgondes : Leotgarda à Vif en 1030 (10) et Vualdrada à Cossey, en 1085 (11).

 

Les temps mérovingiens ont encore mauvaise réputation dans notre histoire et demeurent largement méconnus. Ils méritent pourtant d’être reconsidérés à la lueur des travaux récents et des découvertes archéologiques de plus en plus précises.

 

Le partage de 534 entre les descendants de Clovis place la cité de Grenoble dans le patrimoine de Clotaire 1er. Mais il s’agit d’une période de divisions, de luttes et de fléaux : amines consécutives à des pluies torrentielles et à des hivers rigoureux obligeant les malheureuses populations à se nourrir d’herbes, de racines, d’écorces d’arbres (566, 585), pandémies de dysenterie (570), de variole (592) et, surtout, de pestes bubonique et pulmonaire venues d’Orient dont les effets auraient été terribles : 546, 563, 570, 580, 588.

 

De ces périodes tragiques on ne dispose que fort peu d’éléments généraux et, tout particulièrement, on évalue relativement mal l’importance des structures religieuses, notamment monastiques : circonscrite à notre proche région, l’histoire monastique mérovingienne du diocèse de Grenoble reste, en effet, entièrement à écrire.

 

Pour l’heure, on en connaît peu de choses : un évêché attesté à Grenoble dès le concile d’Aquilée en 381, le monastère Sainte Marie de Viceliae (Vizille), connu par l’acte de fondation de la Novalaise du 30 janvier 726 (12), un possible ermitage de Saint Aimé né vers 565 dans le suburbium de Grenoble, un sanctuaire à Saint Nazaire établi au 7ème sur le territoire de l’actuelle commune de la Terrasse (13) et Saint Laurent de Grenoble (14).

 

 

(9)  J. C. MICHEL : Grenoble antique, 1999, page 21

(10)              Cartulaire de Saint Chaffre, charte n° 120, 356

(11)              Cartulaire de Domène, charte n° 31

(12)              Voir dans le présent site Internet mon étude sur ce monastère

(13)              Voir dans le présent site Internet « carte archéologique de l’Isère »

(14)              Ibid

 

 

Cela peut paraître bien mince mais la création du réseau paroissial en Gaule reste un sujet fort controversé sur lequel les partisans des chronologies haute (5ème, 6ème siècles) et basse (9ème, 10ème siècles) s’affrontent sans qu’aucun élément probable ne soit pour l’instant dégagé. Ainsi ne peut-on toujours pas résoudre la fondamentale question : y a-t-il rupture ou continuité entre l’époque gallo romaine et la naissance des paroisses ? (15). A défaut reste très utile l’hagionymie – ou hagiotopographie – étude des plus anciens vocables d’église, qui montre que dans la plupart des sites du très haut moyen âge, l’église paroissiale, avant le milieu du 5ème siècle est au patronage du Sauveur puis, vers le milieu du même siècle, à Saint Etienne avant d’être communément à celui de la Vierge (vers 500) et, au début du 6ème siècle à ceux de Saint Jean Baptiste, Saint Pierre, Saint Laurent et Saint Martin : ceux-ci sont présents à if, à Varces, à Seyssins, à Claix, à Saint Martin de la Cluse, à Miribel Lanchâtre, à Champ et à Monestier de Clermont mais seules des fouilles archéologiques ont révélé des traces de ces premiers sanctuaires à Vif, à Seyssins et à Varces. En ce qui concerne cette dernière, les fouilles préalables à la construction de l’autoroute A 75 ont en effet révélé au lieudit « Rochedure », sur un site densément occupé à l’époque gallo romaine, les restes d’un édifice cultuel de haute époque : memoria à l’origine devenue basilique funéraire mérovingienne puis église paroissiale (Sancte Marcellini des cartulaires de Saint Hugues ?). La nécropole qui l’entourait à livré près de 180 sépultures du haut moyen âge, ce qui en fait l’une des plus grandes connues pour la région avec celle de Roissard et une inscription paléochrétienne partielle :

 

 

OCTVMV                  In hoc tumulo                      dans ce tombeau

ESERECORDIA      meserecordia                       par la miséricorde

RISTI RE                   Christi requiescit                 du Christ

ET IN                         et in pace                              en paix

ONE                           bone memoriae                   de bonne mémoire

 

Cette épitaphe a été datée de la seconde moitié du 6ème siècle ou du début du 7ème siècle (16). On rapprochera cette inscription de celles découvertes à Vif en 1965, l’une apocryphe de la fin du 5ème ou du début du 6ème siècles, l’autre datée du 9 mars 577 (ou 579) consacrée au prêtre Valerianus (17). 

 

2 – Sous l’épiscopat de Saint Hugues :

 

Vers la fin du 11ème siècle, la quasi-totalité des églises étaient aux mains des seigneurs laïcs qui, peu à peu, et rarement de bonne grâce, les restituent avec tout ou partie de leurs dîmes à l’évêque de Grenoble, Saint Hugues, durant son long épiscopat qui s’étend de 1080 à 1132.

 

(15)              L’environnement des églises et la topographie religieuse des campagnes médiévales, DAF n° 46, 1994

(16)              F. GABAYET : une inscription funéraire paléochrétienne découverte à Varces (Isère), la Pierre et l’Ecrit, 2001, pages 41 à 48 et, dans le présent site Internet « carte archéologique de l’Isère » (Varces) et conférence sur les découvertes de l’A 51  

(17)              Y. ARMAND et J. C. MICHEL : histoire de Vif, 2006

 

 

Les cartulaires dits « de l’église cathédrale de Grenoble » ou encore « cartulaires de Saint Hugues », publiés par Jules MARION en 1869 constituent un document majeur pour dresser la cartographie des édifices religieux existants vers la fin du 11ème siècle ou au début du 12ème siècle (18).

 

Les édifices qui nous intéressent ici sont alors tous situés dans l’archiprêtré dit « au-delà du Drac ». 24 églises ou chapelles sont citées dans les cartulaires pour ce qui concerne les actuels cantons de Vif et de Monestier de Clermont. Il s’agit alors :

 

Ø  pour Saint Martin de la Cluze de la « capella de Clusa », de l’  « ecclesia Sancti Martini de Avec » et de l’ « ecclesia de Pashirs » (Paquier),

Ø  pour Miribel Lanchâtre de la « capella de Mirabello » (Miribel) et de l’ « ecclesia de Inchastris » (Lanchâtre),

Ø  pour le Gua de l’ « ecclesia Sancti Bartolomei » (Saint Barthélemy), de l’ « ecclesia de Prato Lanfredo » (Prélenfrey), de la « capella de Guado » (chapelle du château du Gua), de l’ « ecclesia de Deserto » (le Désert, aujourd’hui sur la commune de Château Bernard) et de l’ « ecclesia de Genevrea » (le Genevrey aujourd’hui sur Vif),

Ø  pour Vif, de la « capella de Auriol » (Uriol), de l’ « ecclesia Sancti Johannis » (Saint Jean), de l’ « ecclesia Sancte Marie », de l’ « ecclesia Sancti Trinitatis », de l’ « ecclesia Sancti Sulpiti », de l’ « ecclesia Sancte Marie de Costa » et de l’ « ecclesia de Chabotis » (Chabottes),

Ø  pour Varces, de l’ « ecclesia de Rivo Sicco » (Risset), l’ « ecclesia Sancti Petri », de la « capella de Varsea » (Saint Géraud), de l’ « ecclesia Sancti Pauli » (Saint Paul de Varces) et de l’ « ecclesia Sancti Marcellini »,

Ø  pour Claix, de l’ « ecclesia de Clais » et de l’ « ecclesia de Consiliis » (Cossey).

 

Nous allons sommairement et dans l’ordre énoncé ci avant, décrire ces édifices.

 

SAINT MARTIN DE LA CLUZE :  

 

« Capella de Clusa » : il existait à la Cluse un château connu dès le 8 février 1106 (19) avec une chapelle dédiée à Saint André.

 

« Ecclesia Sancti Martini de Avec » : les liens entre la terre de la Cluze et le prieuré d’Oulx (héritier et continuateur de la grande abbaye de la Novalaise dans le Val de Suze) étaient sans doute très anciens puisque l’on sait par un acte de 1096 que Francon de la Cluse et son épouse Hélène donnent à Saint Laurent d’Oulx leur fils Adon pour chanoine et, avec lui, la dîme de la paroisse « Clusa et Pascherri ». MARION nous dit que, peu après, le 15 août 1108, un accord intervint entre Saint Hugues et les chanoines d’Oulx au sujet de cette église dont ils revendiquaient les dîmes, apparemment non transmises (20).

 

(18)              La date de ces cartulaires n’est pas connue avec certitude. Traditionnellement on les date de la période médiane de l’épiscopat de Saint Hugues (vers 1100)

(19)              Charte 88 d’Oulx

(20)              J. MARION : les cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires de Saint Hugues, 1869, 178-9, n° 124

 

Qualifiée de « capella » en 1115, cette mention disparaît en 1375 au profit de celle d’ « ecclesia » ce qui laisse à penser que, entre-temps, Saint Martin de la Cluse et Paquier formèrent deux paroisses distinctes. Les visites pastorales des évêques Jean de Chissé et Aymon de Chissé décrivent l’état de cette église au 14ème siècle. Incendiée en 1666, elle apparaît comme rétablie à la fin du même siècle. En 1802, les deux paroisses de Saint Martin de la Cluse et de Paquier furent réunies en une seule bien que l’on conservât les deux lieux de culte distincts. En 1838 on reconstruisit entièrement l’église de Saint Martin en conservant seulement le clocher. C’est l’actuelle église paroissiale.

 

« Ecclesia de Pashirs » : dédiée à Saint Christophe, l’église de Paquier est citée pour la première fois dans un acte de donation de 1079 (21). En 1106, Saint Hugues la concède à la prévôté d’Oulx « pour garantir sa fidélité au sujet de l’église Saint Donat sous le cens annuel de 12 setiers de froment et 4 sols, non compris la parée » (22).

Dans une bulle signée à Asti le 28 mars 1120, le pape Calixte II confirme la règle, les privilèges et les possessions de Saint Christophe au profit d’Oulx. Eglise paroissiale durant au moins huit siècles, Saint Christophe devint en 1802 simple chapelle.

C’est un édifice assez remarquable et homogène qui semble remonter, pour l’essentiel, à l’époque romane hormis le clocher qui date du 17ème siècle. L’ancienne église de Paquier est inscrite à l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1926.

 

 

MIRIBEL LANCHATRE :

 

« Capella de Mirabello » : elle était dédiée à Saint Martin. On pense qu’elle était située entre le château de Mirible et le château de Grinde. En 1375, elle avait déjà disparu.

 

« Ecclesia de Inchastris » : elle était dédiée à Notre Dame. Très curieusement, le compte des décimes de 1275 parle de la « capella de Inschastris » et non d’une église paroissiale. Cet édifice a été reconstruit en 1880 sur l’emplacement de l’église de Saint Hugues. Elle conserve une cloche de 1694, classée monument historique au titre des objets mobiliers en 1963.

 

 

LE GUA :

 

« Ecclesia Sancti Bartholomei » : l’ancienne église paroissiale Saint Barthélemy est nommée en 1497 « Sancti Bartholomei de Gronyo » du nom de la maison forte située non loin de là qui n’existait sans doute pas à l’époque de Saint Hugues (23). L’église a été totalement reconstruite au 19ème siècle.

 

 

(21)              Regeste Dauphinois n° 2621

(22)              Ibid n° 2931

(23)              Voir dans le présent site Internet l’étude de cette maison forte (études historiques)

 

 

« Ecclesia de Prat Lanfredo » : l’église de Prélenfrey a toujours été vouée à Saint André. L’édifice médiéval a été reconstruit au 19ème siècle.

 

« Capella de Guado » : c’était la chapelle du château delphinal du Gua (24). Elle était dédiée à Saint Nicolas. Elle semble avoir été située à l’extérieur du château puisqu’une charte du 14ème siècle indique « prope castrum de Vado est capella Sancti Nicolay » (près du château est la chapelle Saint Nicolas ». Dans le château lui-même pourrait avoir existé, selon PILOT de THOREY, une chapelle sous le vocable de la Trinité (25).

 

« Ecclesia de Deserto » : cette église, aujourd’hui disparue, était située sur l’actuelle commune de Château Bernard, à l’emplacement de la statue de la Vierge dite « Notre Dame du Désert ». En 1375, elle est citée sous le vocable d’ « ecclesia Beate Maria de Deserta ». Au début du 16ème siècle elle était déjà totalement ruinée. On décida alors d’en construire une autre « à 300 pas de la précédente » dédiée alors à Saint Laurent. Elle a également disparu, hormis quelques rares substructions envahies par la végétation.

 

« Ecclesia de Genevrea » : c’est l’église Sainte Marie du Genverey, aujourd’hui située sur le territoire de Vif. C’est l’une des plus anciennes et des plu homogènes de nos églises médiévales avec une très belle fresque du 16ème siècle (26). L’église a été classée monument historique en 1908 ainsi que sa cloche de 1551 en 1963.

 

 

 

 

VIF :

 

« Capella de Auriol » : c’était la chapelle de l’ancien château delphinal d’Uriol qui était situé sur le rocher de Saint Loup. L’enquête delphinale de 1339 la dévoile sous le vocable de Saint Michel. En 1673, Mgr le Camus autorisa sa démolition et son transport, pierre par pierre, jusqu’au hameau d’Uriol où il en reste encore quelques traces (27)

 

(24)              Voir dans le présent site Internet « châteaux delphinaux de la vallée de la Gresse » (études historiques)

(25)              Dont j’ai cru entrevoir les restes en étudiant le site du château

(26)              Voir notamment à cet égard l’étude de C. VENOT dans la revue d’histoire des AVG, n° 50, octobre 2000

(27)              Se reporter à cet égard à l’étude d’E. COFFIN : « François Barreau-Rivière le dernier curé d’Uriol, revue d’histoire des AVG, n° 22, décembre 1988

 

« Ecclesia Sancti Johanis » : j’ai consacré, il y a quelques années, une étude de fond à l’église Saint Jean Baptiste de Vif (28) et je n’y reviendrai pas ici.

 

« Ecclesia Sancte Marie » : dans l’étude susvisée j’évoquais également le peu de choses que l’on sait sur cette église, sans doute de haute origine, qui devait être située dans le bourg. Encore attestée en 1179, elle disparaît peu après.

 

« Ecclesia Sancti Trinitatis » : on sait qu’elle fut réunie à celle du Gennevrey antérieurement au 14ème siècle. Cette église, devenue ensuite simple chapelle, semble avoir encore existé au 17ème siècle, lors de l’érection de la paroisse de la Ferrière au Gua (29).

 

« Ecclesia Sancti Sulpitti » : hormis la mention des cartulaires de Saint Hugues, on ne sait rien de cette église sinon qu’elle n’est pas citée dans la donation de Leotgarda du 4 août 1030. Est-ce à dire qu’elle fut fondée postérieurement et disparue peu après ? (30).

 

« Ecclesia Sancte Marie de Costa » : cette église, dont on sait fort peu de choses, n’était plus à la fin du 15ème siècle qu’une modeste chapelle dite « Notre Dame sous Vigne ». Elle dut disparaître peu après (31).

 

« Ecclesia de Chabotis » : c’est l’ancienne église paroissiale du hameau de Chabottes. En 1492 elle est toujous citée comme « parrochia » (paroisse). Reconstruite au 17ème siècle, elle apparaît encore bien entretenue en 1683. Depuis la Révolution elle a été transformée en maison particulière (32).

 

VARCES :

 

« Ecclesia de Rivo Sicco » : cette église, sous le vocable de Saint Pierre, apparaît un siècle après Saint Hugues comme dépendance de l’abbaye bénédictine de Saint Chaffre en Velay. C’était alors une église à la fois paroissiale et prieurale. Le prieuré de « Rivo Sicco » fut uni à la cure de Varces au 15ème siècle. Elle subsiste toujours mais ses caractères architecturaux ne sont guère antérieurs au 15ème siècle.

 

« Ecclesia Sancti Petri » : j’ai décrit dans une étude publiée ne 1990 ce que l’on sait sur les églises et chapelles de Varces (33). Même si l’église actuelle n’est pas celle que Saint Hugues a pu connaître elle est toujours située sur le même emplacement et conserve encore des traces de son premier état.

 

 

(28)              J. C. MICHEL : l’église Saint Jean de Vif des origines au 12ème siècle, revue d’histoire des AVG n° 38, décembre 1996, pages 4 à 16 et Histoire de Vif, 2006

(29)              Ibid

(30)              Ibid

(31)              Ibid

(32)              Ibid

(33)              Eglises et chapelles de Varces, revue d’histoire des AVG n° 26, décembre 1990

 

« Capella de Varsea » : c’était la chapelle du château Saint Géraud. Elle devint ultérieurement église paroissiale et le resta jusqu’au 17ème siècle, alors même que le château avait déjà disparu. Devenue dès lors simple chapelle, elle s’écroula au milieu du 18ème siècle (34). Ses ruines ne sont plus discernables.

 

« Ecclésia Sancti Pauli » : c’est l’église primitive qui deviendra, sept siècles plus tard, celle de l’actuelle commune de Saint Paul de Varces. Elle devait être située à peu de distance de l’église actuelle, construite au 19ème siècle.

 

« Ecclesia Sancti Marcellini » : est-ce l’édifice découvert lors des fouilles de l’A 51 ? Je n’y crois guère car elle fut taxée de 12 deniers au 11ème siècle (35).

On a en effet le plus grand mal à imaginer comme église paroissiale l’édifice récemment découvert de 10,90 m de longueur sur 5,50 m de largeur. Par ailleurs, le nom du hameau le plus proche – Martinais – inclinerait plutôt à y voir un site cultuel dédié à Saint Martin. M. FRANCES pensait, à cet égard, que le nom primitif de Martinais puvait parfaitement être « Martinico » c'est-à-dire le lieu de Saint Martin (36). On mentionnera également ici l’église de Fontanieu qui semble être citée par la seizième charte du cartulaire « B » de Saint Hugues ? On voudra bien, à cet égard, se reporter à mon étude sur le patronage de cette chapelle (37).

 

CLAIX :

 

J’ai amplement décrit dans un livre publié fin 2002 (38) l’histoire de Saint Pierre de Claix et de celle de Saint Jean de Cossey sans qu’il soit besoin d’y revenir ici.

 

 

3 – les églises du diocèse de Die :

 

 Contrairement au diocèse de Grenoble, le diocèse de Die n’a pas révélé de pouillé antérieur à 1275. Néanmoins, diverses pièces d’archives permettent de situer les hautes origines des églises concernées.

 

SAINT ANDEOL :

 

La plus ancienne mention de l’église du lieu remonte à une bulle du pape Alexandre III confirmant les possessions de l’abbaye de Saint Chaffre en Velay dont Saint Andéol faisait alors partie. En 1475, cette paroisse est décrite comme la plus pauvre du Trièves. L’église fut reconstruite en 1644. Réunie un temps à la paroisse de Saint Guillaume (1808 – 1862), l’église fut de nouveau reconstruite vers 1870.

 

(34)              voir dans le présent site Internet « châteaux delphinaux de la vallée de la Gresse » (études historiques)

(35)              Supra, note 16

(36)              Correspondance avec l’auteur en date en date du 18 octobre 1996

(37)              Recherches sur le patronage originel de l’ancienne église de Fontanieu, bulletin des AVG n° 37, juin 1996 et dans le présent site Internet « études historiques »

(38)              Histoire de Claix, 2002

 

 

Elle conserve néanmoins une cloche du 17ème siècle, classée monument historique au titre des objets mobiliers.

 

 

SAINT GUILLAUME :

 

La bulle du pape Eugène II, datée du 14 mai 1148, confirme à Oulx la possession du château de Touchane (39). On peut supposer qu’il était déjà pourvu d’une chapelle, celle qui est évoquée dans l’enquête delphinale de 1339 : « et capella castri quod dictur Toscana » (et la chapelle du château qu’on appelle Touchane ». L’abandon de cette chapelle doit être contemporaine de celle du château vers les 15ème ou 16ème siècles (40).

L’église de Saint Guillaume et de Saint Blaise, qui apparaît dès le 12ème siècle, fut détruite par un incendie le 2 août 1705. Elle fut reconstruite peu après dans son état actuel. Elle conserve une cloche du 17ème siècle classée monument historique au titre des objets mobiliers.

 

ROISSARD :

 

L’on sait que Roissard est de très haute origine puisqu’il est cité dès 739 sous la forme « Riaciosco » dans le testament du patrice d’Abbon, ce noble Franc, fondateur de l’abbaye de la Novalaise dans le Val de Suse, qui possédait des biens considérables dans tout le sud est de la France et, notamment, dans le Trièves. L’église de Roissard, vouée à Saint Etienne, est citée dès 1095. Elle fut reconstruite vers le 17ème siècle puis en 1870 à l’exception du chœur et du clocher.

 

 

MONESTIER DE CLERMONT :

 

L’église apparaît en première mention dans une confirmation faite par le pape Eugène III au prévôt d’Oulx en 1148. Elle était alors placée sous les vocables des saints Pierre et Paul. Certains auteurs (notamment TERRAS) lui attribuent une origine plus haute, remontant à une fondation qui aurait pu être faite par Abbon au 8ème siècle (41).

Le château de Clermont, quant à lui, possédait sa propre chapelle castrale sous le vocable de Saint Marcel.

 

TREFFORT :

 

Ce village possédait une église paroissiale, vouée à Saint Pierre, citée dès la 16 mars 1095 dans une bulle du pape Urbain II qui la montre comme possession de l’abbaye de Cluny par l’intermédiaire du prieuré bénédictin de Domène (42).   

 

(39)              Regeste Dauphinois, n° 3817 ; Voir également dans le présent site Internet l’étude consacrée au château de Touchane (études historiques)

(40)              Voir dans le présent site Internet « le château de Touchane » (études historiques)

(41)              Voir à cet égard l’article de Lionel RIONDET, bulletin n° 24 des AVG, n° 49, juin 2002

 

Un peu plus tard, on sait qu’un prieuré d’édifia à coté de cette église qui devint alors à la fois paroissiale et prieurale. Celle-ci a été reconstruite au 18ème siècle.

 

AVIGNONET :

 

L’église, vouée à Sainte Luce, est citée dans la bulle précitée du pape Eugène III qui en confirme la possession à Oulx. Elle était située, semble t-il, au lieudit « Champ Chapelle » à la Baume qui a révélé des sépultures des 11ème et du 12ème siècles et une clé de même époque dite improprement « carolingienne ». Ruinée dès le début du 17ème siècle, cette église fut reconstruite ultérieurement au village même.

La paroisse d’Avignonet a été rattachée à celle de Sinard au concordat et l’ancienne église, reconstruite depuis lors, est devenue chapelle.

 

 

GRESSE EN VERCORS :  

 

« Eglise Saint Barthélemy » : ses origines sont obscures jusqu’à septembre 1211 époque de sa donation au prieuré Saint Marcel de Die (42). La fondation d’un prieuré auprès de cette église intervint peu après.

C’est un édifice homogène du 13ème siècle. Une première église pourrait avoir existé au lieudit « Pré du Repos » où une nécropole médiévale a  été découverte en 1904 (43).

 

« Chapelle castrale » : le château delphinal de Gresse possédait une chapelle citée en 1339 (44). On ne connait pas sa dédicace.

 

« Eglise de la Bâtie » : dans ce hameau existait dès 1211 une église qui semble avoir été paroissiale. Depuis 1644 elle est qualifiée de simple chapelle. 

 

SAINT PAUL LES MONESTIER :

 

L’église paroissiale Saint Paul, qui conserve un beau clocher médiéval, fait partie des églises confirmées par le pape Eugène III à Oulx le 14 mai 1148.

 

SINARD :

 

L’église Notre Dame est citée dès le 4 septembre 1100, date à laquelle l’évêque de Die, Ismidon de Sassenage, la donne à Oulx (45). A compter du 12ème siècle, cette église fut à la fois paroissiale et prieurale.

 

 

 

(42)              Regeste Dauphinois n° 6145

(43)              Voir dans le présent site Internet « carte archéologique de l’Isère », article Gresse

(44)              Voir dans le présent site Internet « châteaux delphinaux de le vallée de la Greese » (études historiques)

(45)              Regeste Dauphinois, n° 2775