LES CHATEAUX DELPHINAUX DE LA VALLEE DE LA
GRESSE
Dès
le 11ème siècle, les Dauphins se rendirent possesseurs d’un certain
nombre de châteaux incorporés alors au domaine delphinal
et possédés en franc alleu, c'est-à-dire en pleine propriété, ou remis en fief
à des seigneurs locaux. Au début du quatorzième siècle, ces châteaux delphinaux étaient au nombre de 120 pour le seul département
actuel de l’Isère dont 12 pour la région qui nous intéresse ici : 6 dans
le canton de Vif et également 6 dans le canton de Monestier
de Clermont.
En
1337, Humbert II, Dauphin sans héritier (son fils le prince André vient de
mourir) et accablé de dettes songe à aliéner une partie du Dauphiné et cherche
des acquéreurs éventuels. Il s’adresse alors à Robert d’Anjou, roi de Sicile et
Comte de Provence qui renonce très vite effrayé par les prétentions financières
du Dauphin. Celui-ci se tourne alors vers le pape Benoît XII (la papauté est
alors en Avignon) et entame dans le même temps des négociations de même nature
avec le roi de France. Prudent, le pape suggère qu’on procède à une double
évaluation, l’une étant faite par ses propres délégués et l’autre par ceux du
Dauphin.
Le
compte rendu de ces enquêtes est toujours disponible. Chaque château s’y trouve
décrit, chaque localité recensée avec sa population et ses revenus. La copie en
double exemplaire de l’enquête delphinale d’avril et
mai 1339 dite « designatio castorum
dalphinalium » et « feudates
comitatus Graysivodani »
est conservée aux archives départementales de l’Isère à Grenoble et celle des
envoyés du pape conduits par Jean Cojordan, évêque
d’Avignon, de mars 1339 est conservée aux archives du Vatican à Rome (volume
410 des Collectoria).
Benoît
XII ayant rapidement compris que les prétentions d’Humbert II étaient exorbitantes
devait mettre un terme définitif aux négociations en 1340 ; Restait le roi
de France qui était preneur. Pour concrétiser le rattachement du Dauphiné à la
France, trois traités furent nécessaires :
-
celui
de Villeneuve les Avignon du 23 avril 1343,
-
celui
du 7 juin 1344,
-
celui
de février 1349 négocié à Tournon, conclu le 30 mars à Romans et enfin signé le
16 juillet à Lyon.
On
peut y lire : « Nous, Humbert… après avoir obtenu enfin le
consentement (de Philippe, roi de France et de Jean, duc de Normandie, son fils
aîné) que nous avions expressément requis plusieurs fois et avec instance, dès
maintenant nous cédons et transportons à Charles, fils aîné dudit duc à
toujours, purement et simplement sans attendre aucun évènement d’aucune sorte
notre Dauphiné… Nous le cédons pour être possédé en pleine propriété en sorte
que les prélats, nobles et roturiers sont tenus tant que nous vivrons à
l’hommage et révérence envers nous en tant qu’ancien Dauphin et ils doivent
obéissance audit Charles en qualité de nouveau Dauphin revêtu de la dignité delphinale et investi de son administration nommément et
effectivement… ».
C’est
cet acte de vente pur et simple que l’on a pudiquement nommé « transport
du Dauphiné à la France ». La transaction finale se fit pour 200 000
florins outre une rente annuelle de 24 000 livres dont Humbert II ne
profita guère puisqu’il mourut en 1355. Il avait alors 42 ans.
1ère partie : les
châteaux delphinaux du canton de Vif
Ils
sont au nombre de six. Le premier des châteaux qui nous intéressent ici est
celui de CLAIX. Mentionné pour la
première fois dans un acte du 18 des calendes de mai 1223, le château de Claix
a sans doute une origine plus ancienne. Ce fut la demeure de la famille
seigneuriale de Claix connue dès 1108. Elle passa en 1288 aux Alleman. Entré en 1296 dans les possessions delphinales c’est, de tous les châteaux recensés en 1339
celui dont la description est la plus complète. Elle comporte en effet neuf
feuillets de parchemin. En voici la traduction littérale faite par l’abbé
Edmond COFFIN :
« Le
château est situé sur une roche près de la cité de Grenoble dans un lieu très
fortifié et agréable et dans le donjon de celui-ci il y a une maison carrée
contenant en hauteur, sans compter les fondements et les créneaux, 11 toises ½ (22,40
mètres) en longueur16 toises (31,18 mètres), en largeur 13 toises (25,33
mètres) et l’épaisseur des murs est de 4 pieds ½ (1,46 mètre). Dans cette
maison il y a un plancher dont la moitié est en bois et l’autre est en pierre.
Il y a une cave en pierre. Dans cette maison à la partie inférieure il y a une
salle et une chambre qui constituent le rez de
chaussée en longueur et la moitié en largeur et dans cette salle il y a une
cheminée et une chapelle avec de fenestrages convenables. Dans le chambre il y
a une cheminée qui mesure toute la hauteur de cette maisons et deux grandes
fenêtres et le mur divisant en deux cette salle et cette chambre a une longueur
de 4 toises ½ (8,77 mètres) une hauteur de 4 toises (7,80 mètres) et une
épaisseur de 4 pouces (1,08 mètre).
Dans
une autre partie de cette maison, en bas, est une cave qui égale la longueur de
cette maison et la moitié de la largeur et à coté est un vestiaire et dans ce
vestiaire il y a une grande fenêtre. Le mur divisant cette salle et cette
chambre a une longueur de 14 toises ½ (28,26 mètres), une hauteur de 3 toises (5,84
mètres) et l’épaisseur des murs est de 4 pouces (1,08 mètre). Dans cette
maison, au dessus, il y a une salle construite sur toute la longueur et dans
cette salle i y a trois cheminées et sept fenêtres. Toutes les fenêtres de
cette salle sont en pierre et contre le mur il y a une belle chapelle. Aux deux
angles de cette maison il y a deux tours rondes dont on donne les
mesures : hauteur 4 toises (7,80 mètres), circonférence 4 toises. Le mur
est d’une épaisseur de 2 pieds (0,65 mètre).
Il
y a une autre maison contiguë à cette demeure (les mesures ne sont pas données)
et dans cette autre maison il y a deux vestiaires.
En
dessous de ce château, il y a une autre maison avec un vestiaire contigu à
cette maison du coté inférieur contenant en longueur 6 toises (11,70 mètres),
en largeur 4 toises (7,80 mètres), en hauteur 5 toises (9,75 mètres) et dont le
mur est épais de 2 pieds (0,65 mètre). Dans cette maison sont deux chambres et
une cheminée. Depuis cette maison jusqu’aux deux chambres il y a un mur long de
10 toises (19,49 mètres), haut de 5 toises (9,75 mètres). Dans ce mur il y a
une poterne.
A
toutes ces choses évoquées ci-dessus est joint un « pellyum »
contenant en longueur 6 toises (11,70 mètres), en largeur 4 toises (7,80
mètres), en hauteur 5 toises (9,75 mètres) et l’épaisseur des murs est de 4
pieds ½ (1,30 mètre). A ce « pellyum »
touche une cuisine qui a en longueur 6 toises (11,70 mètres), en largeur 4
toises (7,80 mètres), en hauteur… (non précisé) et l’épaisseur des murs est de
3 pieds (0,97 mètre). A cette cuisine adhère une chambre avec une cheminée
démolie et de cette chambre jusqu’à la roche il y a un mur contenant en
longueur 16 toises ½ (32,15 mètres), en hauteur 4 toises ½ (8,77 mètres) et
l’épaisseur des murs est de 3 pieds ½ (1,13 mètre). Dans ce mur il y a le
portail du château et sur celui-ci il y a un petit toit couvert d’essendoles.
En
dehors de ces édifices il y a un mur avec un glacis faisant le circuit de ce château
sur une longueur de 81 toises (157,86 mètres). La hauteur de ce mur est de 3
toises ½ (6,82 mètres) et le mur a une épaisseur sur le glacis de 4 pieds (1,30
mètre). Dans celui-ci il y a une poterne.
Suit
le burgus (bourg) et le village de ce château, clos
et entouré de murs et de remparts d’une contenance en longueur jusqu’à l’angle
de l’église de 140 toises (272,86 mètres), en hauteur de 4 toises (7,80 mètres)
et d’une épaisseur de 3 pieds ½ (1,13 mètre). Dans ces remparts il y a trois
portails en pierre taillée contenant… (les dimensions ne sont pas données).
Les
revenus et la valeur de ce château consistent dans les choses suivantes :
-
en
froment et en seigle : 40 setiers (2606 litres),
-
en
avoine : 40 setiers (idem),
-
en
épices : une livre de gingembre,
-
de
poules : 17,
-
de
poulets : 19,
-
deniers :
100 de bonne monnaie,
-
pour
le port de Claix : 40 florins,
-
la
leyde (impôt sur toutes les denrées vendues au
marché),
-
des
gauchoirs et battoirs : 5 florins
-
les
3 moulins : 100 setiers de blé(651,6 litres).
De
même consiste la valeur de ce qu’on perçoit de ce château en lods (droits
d’enregistrement).
La
récapitulation de tout ce qui précède est estimée à 400 florins.
Les
propriétés de ce château sont :
-
un
jardin situé sous le château contre la roche, estimé à 8 florins annuellement,
-
une
grange touchant à ce jardin contenant 23 sétérées
(86664 m2),
-
des
prés et un étang contenant 6 sétérées 1/3 (23851 m2),
-
51
fossérées (16014 m2) de vigne et 1 sétérée (3768 m2) de terres estimées 50 florins
annuellement,
-
un
verger avec divers arbres, terres et forêts contigus qui entourent le château
et contient 15 sétérées de terre (56520 m2), estimés
10 florins annuellement,
-
une
pièce de près de 23 sétérées (86664 m2) avec une
« serva » (vivier ou étang) qui entoure le
bourg du château estimé 20 florins annuellement,
-
une
autre pièce de près contenant 8 sétérées (30144 m2)
située vers le port dont le revenu est estimé à 6 florins par an,
-
42
sétérées de terres (15,8 hectares) situées dans le
territoire de Rochefort, estimées à 10 florins annuellement,
-
400
fosserées de vignes (12,5 hectares) situées en deux
endroits dont l’estimation commune est de 25 florins de revenu annuel,
-
bois
et forêts de la Combe contenant l’espace d’une lieue, estimées chaque année à
25 florins de revenus,
-
deux
autres forêts dans le même mandement, à savoir la forêt de « Boneyres » et la forêt de « Fayn »,
estimées 15 florins annuellement,
-
trois
autres forêts situées sur les rochers et quatre pièces de forêts situées dans
la plaine sur la rive du Drac estimées 15 florins annuellement.
Dans
ce mandement, dépendant de ce château, sont les paroisses et
« villa » (villages) dans lesquelles sont les feux suivants :
-
paroisse
de Claix, 13 hameaux faisant 180 feux (environ 900 habitants),
-
paroisse
de Cossey, 4 hameaux faisant 42 feux (environ 210
habitants).
Les
nobles habitant ce mandement (sont) :
-
le
seigneur Boson de Porte Traine ayant une maison forte (l’actuel château d’Allières sur Varces),
-
Guigues
d’Engins,
-
François
Marchisi ayant une maison forte (Cossey ?
la Grange aux Dames ?)
-
Pierre
de Porte Traine,
-
Le
chapitre de Grenoble ayant une maison forte (la Balme),
-
Amblard
de Claix ayant une maison forte.
Le
seigneur de Varces tient du seigneur de Valbonnais (de la famille Alleman)
en hommage du château du Chastelard (aujourd’hui Fontagnieu sur Varces) avec les
langues des bœufs (droit perçu à l’origine en nature puis en espèces par le
préposé chargé de la boucherie), la boucherie de Varces,
les bans de peu d’importance et les amendes de fausses mesures.
Jean
des Aures de Varges est
homme du seigneur de Balsanet et tient de lui sa
maison forte de Varces.
Les
mesures de sel de Vif et les amendes de fausses mesures sont tenues de ce
seigneur de Valbonnais pour le plaid (droit
d’enregistrement) de 12 deniers à chaque mutation de seigneur ou de
propriétaire.
Lanthelme de Varces
tient du seigneur de Valbonnais tous les biens,
possessions, cens, services et usages qui existent dans le mandement et la
paroisse de Varces, de Seyssel (« Saysselorum Villa », lieudit disparu de Saint Paul de Varces), de Saint Paul pour le plaid de 5 sous à chaque
changement de propriétaire ».
Après
le rattachement du Dauphiné à la France, le château servit de résidence aux
châtelains delphinaux durant une longue
période : Jean de Villars, Raymond de Theys, Hector de Cayllard,
François de Saint André…
Dunois
reçut ce château de Charles VII le 4 novembre 1421.
En
1530, la description qu’en donne Claude Narcie,
notaire royal, indique que le château est ruiné.
Il
ne reste aujourd’hui qu’environ la moitié de la façade principale de l’ancien
château tournée vers l’est et la vallée du Drac. Les matériaux de construction
qui subsistent sont la molasse, les galets et quelques briques pour les murs,
le tuf pour les encadrements d’ouverture, les chaînes d’angle et la tourelle.
Trois niveaux sont encore discernables. Le premier est percé d’une large
ouverture garnie de coussièges, banquettes en molasse
où l’on pouvait s’asseoir pour contempler le paysage et profiter de la lumière.
Le départ d’un meneau divisant en hauteur cette ouverture est visible. La pièce
était voûtée comme en témoignent les traces d’arrachement sur le mur interne,
la voûte supportant un plancher ainsi que l’attestent les trous destinés à
l’engagement des poutres. Au premier niveau, 3 fenêtres semblables à celles
décrites précédemment sont visibles. La fenêtre la plus septentrionale, à
moitié disparue, est dominée par un oculus orné d’un réseau d’arcatures. Il
marquait l’axe de la pièce comme l’indiquent les traces d’arrachement du mur
interne qui dessinent une voûte en berceau brisé englobant les fenêtres du
premier niveau et l’oculus dans une seule et vaste pièce, sans doute la pièce
principale du donjon.
Au
sommet de l’angle sud du château est nichée une tour semi circulaire dans
laquelle semble logé un escalier.
Les
vestiges du château delphinal de Claix ne témoignent
pas apparemment de transformations depuis le 14ème siècle, les
autres constructions décrites en 1339, remparts, dépendances, ont par contre
presque intégralement disparu.
Bibliographie
sur le château de Claix :
- B
4215, B 4361, B 4391, B 4443 f° 95, B
4465 f° 39, B 4504, (ADI)
-
Archives
du chapitre Notre Dame, n° 878
-
N.
CHORIER : histoire générale du Dauphiné, 1, page 148 et 2, 1662, page 185
-
E.
BONNEFOUS : ruines de Clais, l’Allobroge, 2ème
année, 1842, pages 235 à 238
-
U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 8626,
9188, 10175, 10405, 10543, 10849, 11175, 11330, 11504, 11549, 11691, 11934,
12220, 12778, 12903, 12949, 13303, 13495, 13642, 13779, 13954, 14081, 15471,
15490, 15556, 15640, 16130, 16410, 29576…
-
L.
ROYER : un texte inédit de 1302 en langage de Grenoble (Claix), Revue de
philologie française et de littérature, T XXXV, 1923
-
H.
ROCHAT : une tour mystérieuse, BSDEA, 1924, page 70
-
Dossier
ROYER : BMG R 10292 (vers 1930)
-
J.
C. MICHEL : une ruine méconnue, la tour de Claix, bulletin des AVG n° 14,
1984, pages 59 et 60
-
J.
C. MICHEL : le château delphinal de Claix,
Archéologie chez vous n°4, la vallée de la Gresse,
1985, pages 38 à 40
-
J.
C. MICHEL : le château delphinal de Claix, Claix
mon village n° 9, janvier 1985
-
J.
C. MICHEL : la famille de Claix, 12ème, 15ème
siècles, bulletin des AVG n° 29, 1992, pages 6 à 36
-
E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, page 243
-
J.
C. MICHEL : histoire de Claix, 2002, pages 90 à 103
-
E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, pages 232 à 239
Le
second château est celui du GUA.
Selon
G. ALLARD il y eut une famille noble et ancienne du nom du Gua
de laquelle il dit avoir vu des titres de l’an 1161.
Le
château, berceau de cette famille, aujourd’hui totalement enseveli sous une
épaisse végétation, se dressait à l’altitude de 880 mètres sur un mamelon qui
paraît être une ancienne motte castrale, à coté du ruisseau de Jonier, non loin du village de Prélenfrey.
La
famille du Gua semble avoir été propriétaire de la
terre et du château jusqu’en 1309 époque où ils seraient définitivement passés
dans la maison de Bérenger par suite de l’alliance de Catherine, fille de
Rodolphe IV, seigneur du Gua, avec Pierre Bérenger,
seigneur de Morges. Cependant, dès 1250, Raymond Bérenger aurait reçu le
château (ou peut être seulement l’usufruit) par suite d’un échange avec le
Dauphin contre la terre de Peyrins dans la Drôme.
Quoiqu’il en soit, il parait établi qu’il était possession delphinale
puisque l’on sait par un acte du 2 août 1288 qu’Humbert Dauphin et son épouse
Anne vendirent alors à Rodolphe du Gua le château et
son mandement.
L’enquête
delphinale de 1339 indique seulement :
« donjon carré entouré d’un mur fortifié dont est seigneur Rodolphe de
Bérenger, chevalier. En dépendent la paroisse de Prélenfrey
et parties de celles de Saint Barthélemy, le Désert (aujourd’hui Château
Bernard) et le Genevrey Il y a 13 nobles résidents
dont Humbert de Commiers, seigneur de Groin et 4 non
résidents. Les revenus de ce château sont de 300 florins d’or et ceux des
dépendances de 312 florins. Dans le ressort du mandement habitent les enfants
de Guigues de la Tour avec maison forte ».
Le
château du Gua se composait vraisemblablement d’un
donjon, de quelques salles basses en contrebas de celui-ci et d’une chapelle
dédiée à Saint Nicolas, le tout entouré de murailles sur une longueur d’environ
110 mètres de périmètre.
Louis
de Bérenger, seigneur du Gua, dit le « Brave Gua », favori sinon mignon du roi Henri III, combattit
au siège de la Rochelle en 1573.
Lorsque
Alexandre Bérenger du Gua, l’un des derniers
descendants connus de la famille du Gua, dénombra en
1682 ses biens le château féodal était depuis longtemps totalement ruiné.
L’abandon du château date du 16ème siècle, au profit de la
gentilhommière de la Ferrière aux Saillants.
On
peut encore aisément reconnaître sur le petit sommet boisé, l’emplacement de la
tour, des remparts, de l’entrée principale et d’une poterne présumée près de
laquelle subsiste un curieux socle en pierre taillée qui correspond peut être à
une ancienne fontaine. Quant au replat situé en contrebas du château, c’était
vraisemblablement une basse cour où se tenaient quelques masures protégées par
un mur ou une palissade en bois.
Bibliographie
pour le château du Gua :
-
B
4443, f° 69 (ADI)
-
U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 29530,
29532, 29703, 29743 et 29773
-
G.
de RIVOIRE DE LA BATIE : Armorial du Dauphiné, 1867, page 294
-
RENAUD :
notes sur la commune du Gua, manuscrit BMG, 1887
-
U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 29532,
29703, 29743, 29773
-
J.
C. MICHEL : histoire du château du Gua et de ses
seigneurs, le Bruyant n° 44, février 1983, pages 6 à 12
-
F.
GAUTIER : Louis de Bérenger, seigneur du Gua,
bulletin des AVG n° 16, décembre 1985, pages 6 à 8
-
J.
C. MICHEL : château delphinal du Gua, Archéologie chez vous n°4, la vallée de la Gresse, 1985, page 40
-
Histoire
des communes de l’Isère, 1988, page 386
-
E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, pages 201 à 203
-
J.
C. MICHEL : promenade au Gua, bulletin des AVG
n° 52, décembre 2003, pages 63 à 65
-
E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, pages 313 à 316
Le
troisième château est celui de VARCES
Il
est situé sur le rocher de la Tour, dit aussi « colline Saint
Giraud », près de Porte Coche au nord de Varces.
Le site est sauvage, isolé et commande un très vaste point de vue sur la vallée
de la Gresse et Vif à l’ouest et sur la vallée de
Saint Paul de Varces à l’est.
La
terre de Varces appartenait à la maison du même dont
les plus anciens membres connus sont Aynardi de Varces en 1075 et Athénulfe,
seigneur de Varces, en 1096.
Le
château lui-même apparaît dans l’histoire dès le 10 mai 1070, date où le Comte Guigues le Gras le donna à sa fiancée Agnès comme « dotalitium » (dot).
Le
Dauphin Guigues VII acquit la propriété du château et
du mandement en 1255 de Lanthelme Panerii,
chevalier, pour le prix de 4000 sols viennois. Le 10 mai 1289 le Dauphin
Humbert 1er ayant besoin de s’assurer les places fortes gardant la
frontière savoyarde échangea la terre de Varces
contre le château de Bellecombe en Grésivaudan qui
appartenait alors à Aymeric de Briançon. Cette famille de Briançon devait
ensuite conserver la propriété du mandement de Varces
jusqu’en 1721.
Le
château de Varces est décrit dans l’enquête de 1339
de manière assez sibylline : «établi sur une roche et entouré d’un mur de
défense de 120 toises de longueur (233 mètres), de 3 toises ½ de hauteur (6,80
mètres) et de 3 pieds d’épaisseur (1 mètre). Tour carrée de 8 toises de hauteur
(15,60 mètres), autre tour carrée près de la porte du donjon, chapelle avec
deux autels de 5 toises de longueur sur 3 toises de largeur (9,70 mètres sur
5,85) auprès de laquelle se trouve une antique tour de 4 toises de hauteur
(7,80 mètres) et de 20 toises de circonférence (39 mètres). Le château
appartient aux enfants d’Aymon de Briançon, du fief
du Dauphin. Y sont contenues cinq paroisses : Varces,
Fontagnieu, Risset, Saint
Giraud et Saint Paul. Il y a dix nobles résidents dont huit avec maison forte
dont Alleman Chabert, Bosonet
de Porte Traine, Jean des Aures, Thibaut du Vercors,
Jean de la Tour, Guillaume de la Tour, Reynaud Vachon et quantité d’autres qui
n’en ont pas. Il y a dix nobles non résidents. Les revenus annuels
s’établissent à 500 florins d’or ».
Ce
château, très important, couvrait une grande partie du rocher. Il était déjà
détruit et en ruines au 17ème siècle lorsque Jean Baptiste de
Briançon entreprit la construction du château actuel dans la plaine de Saint
Paul.
Les
plus beaux restes de rempart se trouvent à l’extrémité sud du château, au
dessus de la fracture géologique de Porte Coche. La tour carrée située au
sommet du relief, à 480 mètres d’altitude, constitue certainement la tour
maîtresse du premier château fort. De ce donjon, il ne reste qu’un pan de mur
élevé dominant la vallée de la Gresse et visible de
très loin. Dans les ruines envahies par la végétation on discerne encore des
bâtiments ruinés, une poterne et un escalier taillé dans le roc. E. TASSET a
imaginé que la grande prairie située en contrebas de la tour avait pu servir de
lice pour des tournois de chevaliers.
Ce
château fut probablement l’une des plus anciennes et des plus belles places
fortes du Dauphiné.
Bibliographie
pour le château de Varces :
-
B
4443, f° 5 (ADI)
-
U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 2066,
29530, 29707, 29917
-
J.
C. MICHEL : vieux châteaux, vieilles pierres, bulletin des AVG n° 10,
1982, pages 22 à 25
-
J.
C. MICHEL : Saint Giraud à Varces, Archéologie
chez vous n° 4, la vallée de la Gresse, 1985, pages
41 et 42
-
E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, pages 239 à 242
-
E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, pages 607 à 609
-
O.
BETTOU : Varces autrefois, son histoire, ses
coutumes, bulletin des AVG n° 60, décembre 2007, pages 23 et 24
Les
trois derniers châteaux delphinaux sont ceux de VIF.
Le
château de Vif, dit des Dauphins, était situé semble t-il dans le voisinage de
l’église et du prieuré. Son origine n’est pas connue. Il est estimé valoir plus
de 200 florins en 1339. Il fut commis à Guigues Falavelli par le Dauphin Humbert II le 29 juillet 1343. Il
fut vraisemblablement détruit et démoli lors de la prise de Vif en 1573.
Au
17ème siècle une auberge existait à Vif portant l’enseigne « Au
Dauphin », rappelant vraisemblablement le souvenir de l’ancien château delphinal.
Le
château d’Uriol apparaît dans l’histoire le 10 mai
1070, date à laquelle le Comte Guigues le Gras
l’apporta en dot à sa fiancée Agnès avec d’autres châteaux, dont celui de Varces (supra).
L’enquête
delphinale de 1339 le décrit ainsi : « au
nord, donjon de 8 toises de hauteur (16 mètres) avec trois étages dont le
sommet est « merleté » (garni de créneaux).
Accolés à cette tour, écurie surmontée d’une chambre avec cheminée, grande
salle haute de 4 toises (8 mètres), chambres et citerne. En contrebas, tour
carrée de 2 étages de 6 toises (12 mètres) de hauteur avec toit couvert d’essendoles. A coté, chapelle sous le vocable de Saint
Michel de 5 toises de longueur et 3 toises de largeur (10 mètres sur 6). Au
sud, troisième tour dite la vieille tour. Vingtain de
135 mètres de longueur sur 42 mètres de largeur avec portail en pierres de
taille. Est coseigneur Rodolphe Berenger du ressort
du Dauphin. Les revenus du château s’élèvent à plus de 200 florins. En
dépendent une maison commune et les paroisses de Vif, Genevrey,
Chabottes et Uriol. On y
dénombre 25 feux situés aux Mignots, aux Galberts, à Melosière et à Uriol. Les nobles
vassaux et feudataires résidents sont au nombre de 19 et les non résidents de
19 ».
Il
n’y a malheureusement pas de localisation précise du château. Celle-ci pose du
reste problème. Il n’a sans doute pas été élevé sur le rocher de Saint Loup
car, hormis la plate forme sud ouest, il n’y a aucun endroit plat et H. MULLER,
lors de ses fouilles, ne fait état d’aucun vestige médiéval. Ainsi, la forteresse devait occuper
l’essentiel de la plate forme située sous le rocher de Saint Loup, peut être à
l’emplacement de la grosse construction existant aujourd’hui, à proximité de la
seule source située en dessous du rocher. Uriol
appartenait au début du 14ème siècle, en fief du Dauphin, à Hugues Alleman,
seigneur de Valbonnais et de Claix Progressivement
abandonné à la fin du moyen âge, il n’existe en 1683 plus que « des
vieilles masures couvertes de broussailles ». Il n’en reste aujourd’hui
plus rien.
La
Tour de Jean du Gua apparaît également comme
possession delphinale en 1339. L’enquête des
commissaires du Dauphin la décrit ainsi : « donjon carré entouré de
hautes et épaisses murailles, grande salle avec une très belle cheminée,
chambres, cellier et écurie. De larges fossés isolent ce château. Un pont de
bois en permet l’accès. Enceinte d’un développement de 68 toises (135 mètres).
A ce château appartiennent des vignes, deux vergers, des forêts avec garenne,
une terre vers la Croix et des maisons, celle de la Bâtie, une autre à Vif et
la maison forte commune avec le Dauphin. 27 feux en dépendent. Le tout est estimé à 1500 florins ».
Il
était vraisemblablement situé dans le quartier de la Valonne,
actuelle avenue de la Tour.
Bibliographie
pour les trois châteaux de Vif :
-
B
4443, f° 65, 80 et 81
-
U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 2066,
29671, 29774
-
E.
COFFIN : les enquêtes de 1339, bulletin des AVG n° 11, juin 1983, pages 39
à 45
-
J.
C. MICHEL : le mont Saint Loup acropole vifoise,
bulletin des AVG n° 14, décembre 1984, pages 6 à 12
-
J.
C. MICHEL : oppidum de Saint Loup à Vif, Archéologie chez vous n° 4, la
vallée de la Gresse, 1985, page 13
-
E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, pages 628 à 630
-
Y.
ARMAND et J. C. MICHEL : histoire de Vif, 2006, pages 64 à 68
Les châteaux delphinaux
du canton de Monestier de Clermont :
Comme pour le canton de Vif ils sont également au
nombre de six.
1 – AVIGNONET
Le château d’Avignonet
apparaît dans l’histoire avec un acte du
2 décembre 1221 intervenu entre le comte de Savoie et le dauphin Guigues VI mentionnant, entre autres, le « château d’Avinio ». Puis, le 21 décembre 1261, Jarenton d’Avignonet reconnaît
tenir ce château en fief du dauphin Guigues VII. Ce
dernier confire en 1269 les biens que les hospitaliers de Saint Jean de
Jérusalem possédaient en Trièces et, notamment, ceux
compris dans le mandement du château d’Avignonet.
Les mentions du château et de la châtellenie se
multiplient au 14ème siècle. Ainsi :
- en 1312, le
châtelain delphinal est Alaman Chabert,
- de 1313 à
1315, le châtelain est Chabert de Gières,
- de 1315 à
1317, celui-ci est André de Vaulnaveys,
- de 1318 à
1321, le châtelain est Villein Bérard,
- de 1322 à
1326, celui-ci est Guigues Pelissier,
- en
1329 , il s’agit de Josserand Conos,
- de 1337 à
1340, on trouve Guy de Grollée.
L’enquête delphinale de
1339, souvent détaillée, passe malheureusement trop rapidement sur le château
d’Avignonet et apporte peu d’information sur son
architecture. Elle se borne à indiquer : « il y a au château une tour
forte de 8 toises de hauteur (
- 160 setiers
de froment ( 1 setier =
- 65 setiers
des censes des moulins,
- 15 setiers
des censes de Guigues Alleman,
- 62 setiers
d’avoine,
- 11 charges
de vin,
- 43 poules,
-
- 1 obole
d’or,
- la taille
générale pour
au total, 600 florins de revenus.
En dépendent les paroisses d’Avignonet,
de la Cluse et de Paquiers ».
En 1340, Avignonet est
rattaché à la Vicomté de Trièves, confiée à Aynard de Clermont et Pierre de Lucinge
en est dédommagé par le château de Saint Michel en Faucigny.
La liste des châtelains s’interrompt à la fin du 15ème
siècle ce qui laisse à penser que, dès cette époque, l’ancien château était
ruiné.
Il était situé au lieudit actuel « le Château »
dans une position dominant toute sa terre et faisait face au mandement de la
Mure et à celui de la Motte dont il était séparé par une haute falaise et le
Drac. Ses murs étaient constitués de gros galets qui ne peuvent être issus du
socle de calcaire délité en surface tel qu’on peut le voir affleurer encore par
endroits. On a donc du apporter les matériaux du lit du Drac ou des moraines
proches. Il n’en subsiste plus de nos jours que quelques pierres et de très
petits pans de murs parmi la végétation qui a envahi le site.
Bibliographie sur le château d’Avignonet :
- B 2604, B
2968, B 3009, B 3120, F° 16, B 3212, B
3329, B 4028, B 4408, F° 160 et 173 B 4443 F° 67 (ADI)
- U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 6617,
9799, 18604, 19064, 20082, 22132, 29669
et 30617
- L.
TERRAS : la vicomté de Trièves en vallée chevaleureuse, 1970, pages 346 à 349
- Archéologie
chez vous n° 4, la vallée de la Gresse, 1985, page 42
- Dictionnaire
des communes de l’Isère, 1988, page 219
- R.
REYMOND : mystères et curiosités de l’histoire, 1991, page 293
- Patrimoine
en Isère, Trièves, 1996, page 76
- J. C.
MICHEL : promenade historique en Trièves,
bulletin des AVG n° 50, octobre 2002, pages 59 et 60.
2 – Château Bernard :
D’origine inconnue, ce château semble avoir tiré son
nom d’un seigneur local. En effet, la tradition en attribue la construction,
vers le 12ème siècle, à un seigneur nommé Bernard, vassal du comte
de Die qui aurait donné son nom à la localité. Mais, en fait de seigneurs
attestés, on ne connaît guère que Guillaume de Royn
et Guigues Sala, coseigneurs du lieu.
Au 13ème siècle, il fut intégré dans les
possessions delphinales.
L’enquête de 1339 en donne la description
suivante : « donjon carré bordé de fossés profonds, au centre une
tour carrée de 6 toise de hauteur (
De dimensions modestes, le château était défendu par
des abrupts au nord, à l’est et à l’ouest et n’était accessible, de fait, que
par le sud. Un donjon carré, entouré de quelques bâtiments enfermés dans une
enceinte, constituait l’essentiel de la fortification.
Le château est cité pour la première fois dans un
acte du 23 janvier 1302 (ou 1303) par lequel ¨Pierre Ysoardi
rend hommage au dauphin Humbert (le premier du nom) pour les châteaux de Thoramme, de Gresse et pour la
« maison » de Château Bernard.
En 1321, la seigneurie du château est attribuée à
Isoard, seigneur d’Aix, par suite du traité intervenu entre lui et Henri,
dauphin régent du Dauphiné.
Une nouvelle reconnaissance intervient le 23
septembre 1335, date à laquelle Arlaudi, seigneur
d’Aix, rend hommage au dauphin Humbert pour « la maison et sala » (la
« sala ou sale était, à l’époque franque la plus grande pièce d’une maison
et le terme a perduré jusqu’au moyen âge) de Château Bernard.
Il ne demeure aujourd’hui de ce château (au lieudit
« le Château » situé à
Bibliographie pour le château
de Château Bernard :
- B 4443, F°
72 (ADI)
- U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 16116
et 27646 et Regeste complémentaire n° 3153
- J. C.
MICHEL : note sur le château féodal de Château Bernard, bulletin des AVG
n° 47, 2001, page 34
- E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005
3 – Gresse en Vecors :
Le château delphinal de Gresse s’élevait à l’emplacement de l’actuelle place Dr Cuynat. En 1302 (ou 1303), Pierre Isoardi
fils de feu Guillaume Arthaudi, seigneurs d’Aix et de
Gresse, descendant des comtes de Die, en rend hommage
au dauphin Humbert 1er. En 1321, ce même Isoard
reçoit d’Henri dauphin, régent du Dauphiné, la pleine et entière juridiction
sur les habitants de Gresse. La reconnaissance de
1302 est réitérée en 1335 par Guillaume Arthaudi au
profit du dauphin Humbert II. Le procès verbal de l’enquête delphinale
de 1339 en donne la description suivante : « donjon carré clos de
murailles mesurant 138 toises (
En dépendait la Bâtie de Gresse,
connue dès 1211 que le procès verbal de 1339 décrit ainsi : « située
sur une éminence rocheuse avec dans le donjon une tour en bois très forte. Elle
était située au lieudit « Serre Château ». Il y avait, en contrebas
de celle-ci un petit bourg castral.
Bibliographie pour le château
et la Bâtie de Gresse :
- B 4443, f°
79
- U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 16116,
27646 et Regeste complémentaire n° 3153
- L.
TERRAS : la baronnie de Gresse en vallée chevaleureuse, 1971
- G.
MARTIN : Gresse en Vercors du passé à l’avenir,
1986, page 31
- J. C.
MICHEL : aux sources de la vallée de la Gresse,
bulletin des AVG n° 26, 1990, page 26
- Patrimoine
en Isère, Trièves, 1996, page 74
- E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, page 680
4 – Miribel Lanchâtre :
La famille de Miribel est connue de haute origine
puisqu’on relève, vers 1095, un Humbertus de Miribello. Le site castral de Miribel que l’on peut
atteindre d’Essart Garin, des Côtes de Pommard ou de
Cassoulet est situé sur un promontoire étroit orienté est ouest que contourne
un ancien chemin et qui domine la Gresse à l’est.
L’installation d’un premier castrum, sans doute dès l’an Mil, a nécessité
d’importants terrassements, ménageant des replats et des abrupts chemisés de
pierre. Protégé de trois cotés par d’abruptes pentes naturelles, doublées qui
plus est d’un rempart en pierre dont subsistent de notables vestiges, le
château se développait à la fois sur la plate forme sommitale du promontoire
ainsi que sur plusieurs terrasses aménagées en contrebas. L’accès au château se
faisait par l’ouest, point faible de la défense puisqu’en contrebas de la
pente, ce qui avait nécessité divers aménagements et, notamment,
l’établissement d’un pont levis sur un fossé profond et l’édification d’une
tour forte fortifiée. L’ensemble était enserré dans un rempart de plus de
Par un acte du 2 décembre 1221, le dauphin restitue
à Humbert de Miribel sa part du château delphinal, ce
qui montre qu’il était précédemment devenu delphinal.
Le procès verbal de 1339 en donne la relation
suivante : « dans une situation très forte, donjon carré avec une
tour de 9 toises (
En 1450, le château appartenait à François de
Miribel, alors vassal du vicomte de Clermont. En 1732 il est toujours habité
par la famille de Miribel mais en 1789 il était déjà en ruines.
Il subsiste aujourd’hui de cet ensemble considérable
des murs de soutènement importants en gros appareil irrégulier dans la pente
sud. Puis, en avancée du promontoire, une plate forme ovalaire bien
caractérisée forme basse cour en contrebas des bâtiments castraux qui
occupaient la partie la plus élevée du site au sommet duquel subsistent
toujours de notable vestiges du donjon quadrangulaire et, notamment, un pan de
mur parementé en petit appareil conservé sur plus de
Bibliographie pour le château
de Miribel :
- B 4443 f° 74
- U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 10113
et 27646
- L.
TERRAS : la baronnie de Gresse en vallée chevaleureuse, 1971, pages 233 à 237
- Archéologie
chez vous, n° 4, la vallée de la Gresse, 1985, notice
177, pages 42 et 43
- J. C.
MICHEL : en remontant le cours de la Gresse,
bulletin des AVG n° 16, 1985, page 9
- E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, page 204
- Patrimoine
en Isère, Trièves, 1997, pages 73 et 74
- J. C.
MICHEL : les châteaux de Miribel, bulletin des AVG n° 45, 2000, pages 16
et 17
- E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, page 685
5 – Monestier de Clermont :
Ce château dont l’origine n’est pas connue (motte
castrale ?), cité pour la première fois dans un acte du 18 juin 1269, est
ainsi décrit dans l’enquête delphinale de 1339 :
« château et forteresse avec grosse tour ronde de
En 1340, la seigneurie de Clermont est transformée
en vicomté. En effet, le dauphin Humbert II souhaitant récompenser Aynard de Clermont, seigneur du lieu, le crée vicomte de
Clermont en Trièves auquel il ajoute Roissard puis Avignonet. Il le
continue également capitaine de guerre et grand maître de l’hôtel du
dauphin ; à ce titre, il aura le pas sur tous les autres officiers et dans
les grandes festivités lui seront acquis deux plateaux et quatre assiettes
d’argent avec lesquels il servira le prince. Le 13 juin 1340, il est investi,
selon la tradition, d’un anneau pour ses fiefs, d’une épée pour la vicomté,
d’un pennon à quatre queues aux armes du dauphin fixé à la pointe d’une lance
pour la capitainerie et pour la grande maîtrise d’une verge blanche.
En 1495, Louis, vicomte de Clermont, prête hommage
au dauphin, futur Charles VII, pour ce château.
Divers châtelains du mandement sont connus :
- Guigues Bérenger de Morges de 1312 à 1314,
- Guigues de Villaret en 1317,
- François de
Theys en 1322,
- Jean Filliasse de 1324 à 1326,
- Josserand de
Corps de 1327 à 1330,
- Thiset en 1331,
- Pierre de Loyes en 1335,
- Bemond d’Herbeys en 1336,
- Andrevet Gaudichon en 1337,
- Guy de
Grolée de 1338 à 1340 ;
Pour ce qui concerne la vicomté, on connaît aussi
plusieurs châtelains :
- Guillaume de
Chypre en 1340,
- André
Rolland en 1342,
- Girard de Jouven en 1430,
- André de Blosset en 1445…
Le château fut démantelé par Lesdiguières. En
subsistent aujourd’hui dans la forêt les bases de la tour et des vestiges
encore importants des trois enceintes.
Bibliographie pour le château
de Clermont :
- B 3120 f°
75, B 4443 f° 55 (ADI)
- U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 6975
- L.
TERRAS : la vicomté de Trièves en vallée chevaleureuse, 1970, pages 31 à 33, 40, 41, 46, 47 et 65
- E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, pages 209 et 210
- J. C.
MICHEL : en remontant le cours de la Gresse, Monestier de Clermont, bulletin des AVG n° 22, 1988, page
20
- E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, page 685
6 – Saint Guillaume :
Le château de Touchanc, Toschane ou Touchane a été édifié
à une date non connue mais sans doute ancienne si l’on en juge par
l’emplacement présumé d’une motte castrale préalablement au château proprement
dit dont la première mention apparaît le 14 mai 1118 dans une bulle du pape
Eugène III adressée au prévôt d’Oulx et lui
confirmant la possession de l’église de Saint Guillaume et de la « capella
castri quod dictur Toscana ».
Le 22 avril 1302, Pierre Isoard,
seigneur de Touchane, se reconnaît vassal du dauphin
Humbert 1er. En 1305, le seigneur (ou coseigneur) est Guillaume
Artaud d’Aix.
L’enquête delphinale de
1339 en donne la description suivante : « campé sur un roc élevé, son
donjon est entouré d’un mur de vingtain de 210 toises
(
Vers 1390, les coseigneurs de Touchane
sont Antoine de Commiers, Guigues
et Gérard Ricoz et Soffrey
d’Arces.
En 1497, le seigneur de Touchane
est Antoine d’Ambel.
On ne sait de quand date l’abandon du château au
profit d’un nouvel édifice dans le village même de Saint Guillaume. Peut-être
faut il placer cet évènement au 16ème siècle et l’imputer à un
membre de la famille Ricoz ?
Les seigneurs du mandement gardèrent toutefois
jusqu’à la révolution le titre de seigneurs de Touchane.
A
Même s’il est difficile de se représenter
aujourd’hui la place forte dans son état d’origine, tant elle a été ruinée par
l’abandon, on peut encore observer des traces de la cour, du donjon, de l’aula
et de la seconde tour carrée,
Bibliographie pour le château
de Saint Guillaume :
- B 4443 f° 75
(ADI)
- U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, 1913, n° 3817,
16444
- L.
TERRAS : la baronnie de Gresse en vallée chevaleureuse, 1971, pages 14 et 71
- Archéologie
chez vous, n° 4, la vallée de la Gresse, 1985, notice
n° 178 page 43
- J. C.
MICHEL : en remontant le cours de la vallée de la Gresse,
Saint Guillaume, bulletin des AVG n° 17, 1986, page 40
- E.
TASSET : l’Isère des châteaux forts, 1995, pages 205 à 208
- J. C.
MICHEL : témoin oublié de la féodalité, Touchane
en Trièves, bulletin des AVG n° 37, 1996, pages 33 à
37
- Patrimoine en
Isère, 1997, page 74
- E.
TASSET : châteaux forts de l’Isère, 2005, page 698