L’édifice
religieux de Rochedure à Varces
Les
fouilles archéologiques préalables à la construction de l’autoroute A 51 ont
livré sur Varces de nombreux témoins archéologiques
insoupçonnés jusqu’alors. Parmi ceux-ci figurent un édifice religieux non loin du
hameau de Martinais.
Le
site historique de Martinais (Villa de Martinaix au 14ème siècle) est à situer à
l’actuel hameau de Martinais d’en Bas, le site de Martinais d’en Haut (à
l’ouest se situe le lieudit « Rochedure »)
s’appelant « les Gagnes » jusqu’en 1931.
Est-ce
à Rochedure qu’H. MULLER a fouillé une tombe sous
tuiles et situe d’anciennes découvertes similaires ? On pourrait le penser
mais il parle de « Martinais » et non des « Gagnes » ou de
« Rochedure ». Pour circonscrire le
problème il faudrait pouvoir situer où était emplacée
en 1905 la « propriété d’Amédée Cuynat »
dans laquelle ont eu lieu les découvertes.
J’ai
étudié ce site inédit lors de nombreuses visites : 26 mai, 16 juin, 20, 27
et 28 juillet, 10, 15, 19, 24 et 31 août, 14, 21 et 28 septembre, 6, 12, 26
octobre et 1er et 12 décembre 1996.
J’ai
eu des entretiens avec les fouilleurs les 26 juillet 1996 (F. GABAYET ) et le 14 septembre de la même année
(E. PLASSOT et F. GABAYET).
Selon
eux, le site gallo romain de la villa romaine de Rochedure
a livré une église à laquelle est associée une nécropole, ce qui tendrait à
suggérer une fonction paroissiale même si l’on peut s’interroger sur la
présence de cet édifice apparemment isolé en marge des paroisses connues.
De
ce fait, il est difficile d’intégrer les données issues des fouilles dans le
cadre de l’évangélisation des campagnes à partir des 5ème et 6ème
siècles.
Si
les études archivistiques et les repères chronologiques sont trop limités pour
envisager décrire l’histoire de l’édifice chrétien de Drabuyard,
on dispose toutefois de quelques indices probants.
De
plus (entretiens du 14 septembre) on a remarqu2 :
-
à
l’entrée du chœur une grande dalle d’autel (tombe principale ?)
-
une
construction au mortier jointoyé
-
dans
l’église, deux sarcophages paléochrétiens dont l’un entier.
De
ce fait, on est peut être sur un site funéraire de type privé (mémoria ) suivi d’une possible basilique funéraire et
enfin d’une église paroissiale (Mais F. GABAYET pense que celle-ci est trop
exiguë pour avoir été paroissiale).
Le
12 octobre 1996, à l’occasion d’une conférence au Gua,
Benoît HELLY et Eric PLASSOT indiquaient qu’un second mur, parallèle au premier
et un sol en terrazo de l’abside pouvaient correspondre à
l’une des pièces de la villa gallo romaine et que la grosse pierre retrouvée à
l’entrée de l’abside pouvait être une pierre d’autel. Mais sous elle, seule une
sépulture d’enfant a été révélée. A l’intérieur de la nef le sarcophage complet
était sous une grande dalle de tuf. De manière générale les sépultures
découvertes étaient plus soignées à l’intérieur de l’édifice qu’à l’extérieur.
Ce jour là, E. PLASSOT semblait d’accord avec la chronologie que je proposais.
Origines de
l’édifice :
On
connaît de nombreux exemples d’églises implantées sur des vestiges gallo
romains dans toutes les régions de la Gaule. Dans certains cas c’est une tombe
privilégiée (memoria :
petit bâtiment destiné au culte du souvenir) qui donne ensuite naissance à un
édifice cultuel. Ainsi à Tavers (Loiret), Roujan
(Hérault), Briord (Ain), tous datés du 5ème
siècle. Dans d’autres cas il s’agit de chapelle privée (oratorium)
des propriétaires chrétiens de grandes villae : Montcarret (Dordogne), Arnesp et
Montmaurin (Haute Garonne), Saint Herblain (Loire
Atlantique). Parfois c’est la salle d’apparat d’une ville, souvent à abside,
qui est transformée en chapelle. Ainsi, Sidoine Apollinaire mentionne au 5ème
siècle un oratoire (sacratium)
dans la Villa Octavianus près de Narbonne (Cf. les
campagnes en Gaule romaine, T 2, 1988, page 236).
Dans
l’Isère nombreux sont les édifices religieux de haute époque implantés sur des
sites gallo romains :
-
Aoste,
Eybens, Hières sur Amby
(Saint Martin), l’Isle d’Abeau (Saint Germain), Merlas (Saint Sixte), Penol,
Revel Tourdan (Tourdan),
Saint Romain de Jalionas pour ce qui est des sites
certains,
-
Bourgoin,
Moirans (Saint Pierre), Saint Jean de Soudain, la Terrasse, Tullins, Veurey, Vif, Voiron pour les sites probables ainsi que,
dans d’autres départements voisins
-
Albon,
Donzère et Montbrison sur Lez dans la Drôme,
-
Saint
Sigismond, Saint Martin d’Aime et Cognin en Savoie,
-
Annecy,
Faverges, Saint Julien en Genevois et Seyssel en Haute Savoie.
La
présence à Rochedure d’une zone funéraire importante
amène à s’interroger sur l’état premier de l’édifice : memoria distincte de la villa ou
chapelle intégrée de type oratorium ?
La
découverte d’un fragment d’inscription paléochrétienne dans l’abside de
l’édifice,
même si elle n’est pas à sa place originelle,
plaide également pour un édifice de haute origine de type basilique funéraire
comme à Saint Ours sur Veurey et Saint Julien en
Genevois.
Cette
inscription est aujourd’hui exposée à Grenoble au Musée de l’Ancien
Evêché :
« OCTVMUS
/ ETERECOR / RYTIRIE/ ETIN » : « dans ce tombeau, par la
miséricorde du Christ, repose en paix, de bonne mémoire » (6ème
siècle probable).
Le
plan de l’édiice est simple : nef rectangulaire
prolongée à l’est d’une abside semi circulaire légèrement décalée au sud. Un
parallèle évident est à établir avec la basilique funéraire mérovingienne de
Saint Julien en Genvois. Les dimensions sont
similaires : nef de 8 x
A
Saint Julien un sarcophage a été découvert dans l’abside contre deux à
Martinais. Dès lors, et notamment eu égard à la présence de sarcophages, tout
plaide pour la présence d’un édifice antérieur à l’époque médiévale, peut être
rectangulaire, l’abside ayant pu être accolée ultérieurement. A Martinais le
sarcophage sud s’appuie en effet sur un mur gallo romain alors que le mur sud
de la nef a été construit extérieurement au mur antique.
En
ce qui concerne les résultats purement archéologiques du site, les seuls
éléments objectifs disponibles permettent de distinguer deux phases de
réalisation de l’édifice
religieux :
-
un
premier bâtiment de 8 x
-
à
une époque indéterminée, la partie centrale du mur est de l’église est abattue
comme en témoigne un coup de sabre parfaitement visible pour faire place à une
abside légèrement décentrée vers le sud.
Dès
lors, il semble que les niveaux de sols du premier comme du second état du
bâtiment aient été intégralement récupérés lors de l’abandon de l’édifice
primitif. Des fragments de schiste noir découverts dans l’abside pourraient
évoquer des plaquages pariétaux.
Dédicace :
L’édifice
qui nous intéresse ici pourrait-il avoir été consacré originellement à Saint
Martin ? On peut être en effet tenté de rapprocher Martinais de Martin
mais rien dans la microtoponymie locale s’y apparente : Derbua, Rochedure, la Fontanelle,
Champ Perrigaud sur le cadastre de Varces de 1812. Certes, ces appellatifs ne traduisent pas
une origine ancienne mais des toponymes antérieurs ont pu ne pas perdurer.
Il
convient à cet égard de noter qu’il y a, au nord de Vif, un lieudit
« Saint Martin » mais celui-ci est situé à l’est de la Gresse et il est distant de
Dès
lors l’édifice cultuel de Martinais, dont les analogies avec Saint Julien en
Genevois ont été rappelées, pourrait-il avoir été à l’origine dédié à Saint
Martin dont, par corruption, serait né « Martinais » avant d’être
peut être dédiée à Saint Marcellin ? Pour ce qui est de l’Isère, on ne
connaît guère (selon le dictionnaire topographique de PILOT de THOREY) que deux
églises placées sous ce vocable :
-
l’ecclesia Sancti Marcellini de Varces citée au 11ème
siècle dans le cartulaire de Saint Hugues,
-
l’ecclesia Sancti Marcellini (aujourd’hui Saint Marcellin en Bas Dauphiné).
Saint
Marcellin de Varces n’est connu que par le seul
cartulaire de Saint Hugues : elle existait à son époque (1080 – 1130)
comme église paroissiale taxée alors de XII deniers tout comme Saint Pierre de Varces, Saint Paul de Varces,
Saint Pierre de Claix, Saint Jean de Vif et Risset.
Cela signifie que la paroisse était élors
relativement dotée. A titre de comparaison l’église éloignée de Chabottes, la chapelle de Varces (Saint
Géraud) et les églises disparues de Vif, la Sainte Trinité, Saint Sulpice et
Sainte Marie de Costa ne sont créditées que de VI deniers. Dès lors que
l’église Saint Marcellin de Varces était le centre
d’une paroisse importante et aisée on a du mal à imaginer qu’elle ait pu
correspondre à l’édifice de Rochedure. Ses dimensions
ne s’y prêtent guère :
Enfin,
l’assimilation de l’édifice de Martinais à l’église Saint Marcellin ne
correspond pas à l’ordre, vaguement géographique, que le cartulaire de Saint
Hugues est censé respecter. En effet, celui cite Saint Marcellin non après
Saint Pierre de Varces – ce qui aurait du être le cas
si elle avait été située à Martinais – mais entre Saint Paul de Varces et Chabottes ce qui
pourrait induire, en toute logique, qu’elle devait se situer nettement plus au
sud de Martinais.
Prudent,
J. MARION ne situe pas Saint Marcellin et se borne à indiquer « église
depuis longtemps détruite située sur le territoire de Varces ».
Or,
à moins de
Une
confusion avec Saint Marcellin est-elle pour autant envisageable ? Cela ne
semble guère possible, la tradition étant largement étayée par des documents
d’archives, ceux-ci n’étant guère antérieurs, pour les plus anciens connus au
15ème siècle. Selon l’abbé VAUJANY cette église possédait les restes
d’une fenêtre ogivale.
Cette
indication est de nature à lever tous doutes ; en effet, l’église Saint
Marcellin disparaît bien avant la période gothique.
De
fait, cette précoce église paroissiale « Sancti Marcellini » n’était manifestement pas celle qui
subsista jusqu’à une époque récente au lieudit « l’église »
(actuellement « Chambord » pas davantage que celle qui a ressurgi
fortuitement à Rochedure.
Comment
interpréter dès lors ce dernier édifice ?
Tant
que les résultats des fouilles ne seront pas publiés (le seront-ils un
jour ?) on ne peut qu’hasarder une hypothèse de chronologie du site
cultuel de Rochedure qui ne vaut, bien évidemment,
que comme hypothèse.
Dans
une vallée partiellement protégée de l’axe de circulation le plus probant
(Grenoble, Claix, Varces, Vif ?) fréquenté de
très haute origine et où s’établissent dès la préhistoire des sites de hauteur
(Rochefort, Saint Géraud, Saint Loup) s’implantent, dès le néolithique quelques
foyers d’habitat de plaine (Champ Nigat). Ceux-ci
perdurent et s’intensifient à la protohistoire (Champ Nigat,
Drabuyard, les Gaberts).
Durant l’époque de la Tène de nombreux foyers
apparaissent notamment à Rochedure jusque là vierge
de toute occupation semble t-il.
A
l’époque gallo romaine s’implantent des domaines bien identifiés : Allières, le Cellier, Rochedure,
les Gaberts… A ce jour, Rochedure
apparaît comme le plus important de ces domaines comme en témoigne une grande
villa. Puis viennent des périodes de troubles : le rempart de Rochefort
est consolidé, celui de Saint Loup également. Placidianus
est à Grenoble ; il se rend à Vif et sans doute à la Fontaine Ardente.
Puis les troubles s’estompent. Rochedure est toujours
occupée. Une partie de la villa est alors consacrée à un culte funéraire
(tombes sous tegulae). Une memoria à l’emplacement de l’église découverte n’est dès lors pas
improbable. Mais la fin de l’empire romain est proche : les pillages et
les invasions se succèdent. La villa de Rochedure est
incendiée. Le temps passe. Quelques inhumations sont encore faites sur le site
dévasté dont subsistent encore, sans doute, quelques élévations des structures
antiques sans que l’on sache si l’habitat se reconstitue à proximité ou de
nouveau et exclusivement sur les hauteurs (Rochefort, Saint Loup…). Rochedure perdure comme site funéraire : sépultures en
pleine terre ou en coffres de bois. La memoria originelle
est alors peut être intégrée dans un petit bâtiment cultuel de structure
rectangulaire s’appuyant en partie sur les restes de murs gallo romains. On
assiste peut être à la même évolution que celle décrite ci avant à Saint Julien
en Genevois.
Y
eut-il à Rochedure un édifice de type basilique
funéraire mérovingienne ? Le précieux fragment d’inscription
paléochrétienne et les deux sarcophages de la nef pourraient le laisser penser.
L’édifice primitif est ensuite consolidé voire reconstruit : une abside
est établie dont l’orientation à l’est respecte les usages observés sur tous
les sites du haut moyen âge.
S’agit-il
toujours d’une basilique funéraire strictement rurale comme à Saint Ours ou du
cimetière d’un proche village (Martinais ?) consacré peut être à un culte
particulier des enfants prématurément décédés ou encore de la chapelle privée
d’un grand domaine ?
Dans
un dernier état, vers le 11ème siècle, l’édifice est enfin
reconstruit (ou réparé) dans l’état où il nous est révélé, comme l’atteste la
céramique caractéristique révélée par les niveaux fouillés.
Cette
reconstruction médiévale sera sans doute de courte utilisation : peu
après, en effet, cette église inédite jusqu’alors disparaîtra pour des raisons
totalement ignorées et, avec elle, tout souvenir architectural ou même écrit,
pas davantage que la tradition orale n’en conservera la mémoire, jusqu’à son
exceptionnelle redécouverte de l’été 1996.
Restitution de
l’édifice :
La
faiblesse des fondations semble induire une hauteur relativement peu élevée de
l’église. Le voûtement reste hautement improbable : l’épaisseur de la
maçonnerie, en effet, n’est pas plus importante que celle des murs de la nef.
Selon toute vraisemblance, une charpente devait supporter le toit. Aucune trace
de clocher n’est décelable. Compte tenu de la parfaite continuité des quatre
murs de soutènement, l’accès à la nef devait se faire par des escaliers, vraisemblablement
à l’ouest, un peu comme à Saint Jean de Cossey.
L’existence de baies est envisageable sans être toutefois certaine.
Notes sur les basiliques
funéraires :
« Quelle
est la fonction exacte de la basilique funéraire : chapelle funéraire d’un
cimetière, monument privé ou édifice d’une autre nature ? On dispose en
France d’assez peu d’exemples fouillés de chapelles funéraires établies dans
les zones rurales durant l’époque mérovingienne hors du contexte paroissial
proprement dit : Vourey, Briord,
Saint Sigismond d’Aime, Montferrand (Aude), Saint Romain d’Albon
(Drôme)… Le schéma le plus vraisemblable est alors : chapelle funéraire
privée installée dans un grand domaine, proche de la maison du maître… »
(E. MALE : la fin du paganisme en Gaule et les plus anciennes basiliques
chrétiennes, 1950).
« A
coté des églises épiscopales et, plus tard, des sièges paroissiaux, les autres
lieux de la vie religieuse sont les cimetières où, souvent, sont construits des
oratoires ou des églises. Dédiées par la piété populaire à un personnage
vénéré, saint ou martyr, ou construites grâce aux libéralités de familles
puissantes, les basiliques funéraires – ainsi appelées parce qu’elles
empruntent généralement leur forme architecturale aux basiliques civiles de l’antiquité
aux fonctions judiciaires ou commerciales – se multiplient à la périphérie des
villes où sont cantonnés par la loi romaine les cimetières où à la campagne
dans les domaines ruraux (villae) (GAF, Grenoble aux
premiers temps chrétiens, 1986, page 13).
Note sur Saint
Marcellin :
L’hagiographie
connaît deux saints de ce nom :
-
un
pape de l’extrême fin du 3ème siècle,
-
Marcellin
l’Africain, évêque d’Embrun
1) Marcellin,
Marcellin, Marcellinus (pape) :
Romain
de naissance dont le père se prénommait Project. Il fut élu pape le 22 décembre
295. Il succédait alors à Caïus. Ce fut de son temps
qu’éclata la persécution de Dioclétien. Les églises des chrétiens furent
abattues dans presque toutes les provinces…
L’histoire
n’a conservé aucune action mémorable de Marcellin : les donastites ont prétendu que, d’après son propre aveu, ce
pape aurait sacrifié aux idoles. Ils s’appuyaient en cela des actes d’un
certain concile de Sinvesse qui fut reconnu comme
faux et supposé. Saint Augustin le regarde comme tel dans son ouvrage contre Petilien.
Saint
Marcellin serait mort le 24 octobre 304. Il est honoré comme martyr le 26 avril
quoique l’ancien calendrier romain, dressé sous Libère, fasse connaître qu’il
n’aurait point terminé sa vie dans les supplices (Bibliographie universelle de
MICHAUD, T XXVI, 1854, page 463).
29ème
pape. Mort le 24 octobre 304. Fils de Projectus,
riche citoyen romain converti à la foi chrétienne. Elu pape le 30 juin 296 pour
succéder à Saint Caïus » (HOEFER, nouvelle
bibliographie générale, T XXXII, XXXIV, 1967)
2) Marcellin,
Marcellini, Marcellinus
(évêque d’Embrun) :
« Premier
évêque d’Embrun en 311, originaire d’Afrique. Il fut martyrisé. Son corps
repose à Digne où sa fête est le 20 avril » (G. ALLARD : dictionnaire
du Dauphiné, II, page 91)
« Archevêché
d’Embrun fondé vers 360 par Saint Marcellin » (P. JOANNE, dictionnaire,
pages 1557-8)
« Le
premier évêque d’Embrun, Saint Marcellin, a sept édifices sous son vocable et
son disciple, le premier évêque de Grenoble, Domnin,
honoré également à Digne, en a une voisine de Digne » (G. de
MANTEYER : les origines chrétiennes de la IIème Narbonnaise des Alpes
Maritimes et de la Viennoise (364-483), 1921).
Les
sept édifices évoqués par cet auteur, tous dans les Hautes Alpes, sont les
suivants :
-
la
Saulce : église consacrée à Saint Jean Baptiste
et Saint Marcellin,
-
Lardier :
chapelle rurale Saint Marcellin,
-
Vaumeilh :
chapelle rurale Saint Marcellin,
-
Veynes :
église Saint Marcellin,
-
Plasians :
église Saint Marcellin et Saint Blaise,
-
Laragne :
église des Arzeliers à Saint Marcellin, pape,
-
Chardavon :
prieuré Saint Marcellin.
Auxquels
on peut ajouter la chapelle Saint Marcellin de Névache.
« L’église
d’Embrun fêtait Saint Vincent, disciple de Saint Marcellin, le 29 janvier. La
quatrième leçon du deuxième nocturene disait que
Vincent, africain comme Marcellin et Domnin, vint à
Rome… passant les Alpes tous trois parvienent à
Embrun où les saints Nazaire et Celse avaient déjà prêché la foi » (Ibid,
page 351).
« Saint
Marcellin, patron d’Embrun, se trouvait fêté le 20 avril. Le 20 novembre se
fêtait l’invention des reliques de Saint Marcellin » (Ibid, page 352).
« La
légende de Saint Marcellin spécifie que les évêques Eusèbe de Vercelli et
Emilien de Valence furent ses consécrateurs comme archevêque d’Embrun. Le 27
avril, l’office de l’Octave donne ce fait intéressant qu’il fut amené, sur la
demande de son peuple, à bâtir une nouvelle église à
« A
Gap, au milieu du 11ème siècle, on fêtait Saint Marcellin le 12 des
calendes de Mai » (Ibid, page 353).
Par
ailleurs, on trouve les mentions suivantes :
« L’existence
d’un siège épiscopal est attestée en 438 et, dès lors, on connaît un certain
nombre de ses titulaires jusqu’à la fin du 7ème siècle. Mais une
« Vie », de date incertaine, attribue la fondation de l’évêché à
l’action d’Eusèbe de Verceil qui, avec Aemilius de Valence, consacra un certain
Marcellinus… » (Archéologie dans les Hautes
Alpes, 1991).
« Cette
intervention de l’évêque de Verceil, bien connu pour sa résistance à
l’arianisme et mort en 370 surprend, tout comme surprend l’origine africaine
attribuée à Marcellinus et à ses compagnons Vincentius et Domnitius auxquels
est attribuée l’évangélisation des Alpes Maritimes. Les évènements rapportés
par sa « Vie » se retrouvent dans le martyrologue d’Adon ce qui
conduit à supposer qu’elle peut remonter au 7ème ou 8ème
siècles ou même être quelque peu antérieure. Existait en tout cas, à l’époque
de Grégoire de Tours, une tradition qui attribuait à ce Marcellinus
des miracles et la construction d’un baptistère. Sa sépulture pourrait être
située au nord de la ville médiévale d’Embrun, près de la « Porte de
Briançon » (CAG 05, 1996, pages 105 et 106).
Selon
la « Vita S. Marcellini » précitée,
l’apôtre des Alpes Maritimes aurait été un africain qui aurait été
confirmé par Eusèbe de Verceil vers 370 et par T. Aemilianus
de Valence connu en 374. Sont aussi mentionnés un Vincentius,
élu à Digne et son condisciple Domninus sur les
sépultures desquels avaient lieu des miracles. De ce texte, fort suspect, a été
retenue la date approximative de la consécration de Saint Marcellin entre 362 et
370.
La
« Vita » rapporte également que Marcellini,
après s’être contenté d’un oratoire « jouxtant les murs de la cité »
construisit une malorem ecclesiam
pour contenir le nombre important de fidèles, à quoi il adjoignit un petit bapistère. La « Vita » n’apprend rien de plus sur
la sépulture de Saint Marcellin. Pour sa part, Grégoire de Tours dit que la
ville avait pour patron Marcellinus. Il ajoute
toutefois que, sur sa tombe, brillait perpétuellement une lampe la nuit et que
les malades y trouvaient guérison. On retiendra de ces faits qu’au moyen âge
existait une église dédiée à Saint Marcellin près de la porte de Briançon. Des
substructions en ont été repérées lors de la démolition des remparts.
« Sous
l’actuelle place Saint Marcellin, on connaît les vestiges d’une église de haute
époque (à l’intérieur des remparts) (Ibid, page 114).
DU
reste, Saint Marcellin a laissé peu de traces dans la toponymie si l’on excepte
le cas particulier des Hautes Alpes. Ainsi, selon le dictionnaire géographique
et administratif de la France de P.
JAOANNE (1902, page 4211) :
-
Saint
Marcellin de Crey (Saône et Loire),
-
SAINT
Marcellin (Isère),
-
Saint
Marcellin (Loire),
-
Saint
Marcellin (Vaucluse)
Ainsi
que deux lieudits dans les Hautes Alpes : Saint Marcellin dans les Hautes
Alpes, commune de Vars, et Saint Marcellin, commune de Veynes.
Enfin,
un culte à Saint Marcellin (le pape ?) est également à signaler à Bonneval
en Eure et Loir (CAG 28, 1995, page 86).
On
citera également l’abbaye de Saint Florent, monastère bénédictin fondé en 857
par Charles, roi de Provence et son chevalier Foulque en l’honneur des saints
martyrs Pierre et Marcellin. Après la translation des reliques de Saint
Florentin et de Saint Hilaire elle fut alors placée sous le patronage de
ceux-ci.
En
ce qui concerne l’Isère, les éléments, comme indiqué ci avant, sont peu
nombreux. Hormis l’église Saint Marcellin de Varces
une chapelle à ce saint est connue à Champier qui
passe pour avoir été élevée sur un sanctuaire dédié à une divinité de
fontaines.
Reste
le problème de la commune de ce nom en Bas Dauphiné.
« C’est
de 1083 que date la première mention d’une paroisse à Saint Macellin
dont l’église est donnée par l’archevêque de Vienne aux bénédictins de
Montmajour. Elle fut consacrée solennellement par le pape Calixte II le 19 mars
1119 » (Dictionnaire des communes de l’Isère).
D’autres
textes font référence à Saint Marcellin :
« En
1083, Gontard, évêque de l’église de Vienne et évêque
de Valence…. donne au monastère de Montmajour cinq églises : Saint Antoine
et Saint Didier, Sainte Marie de Montagne, Saint Hilaire et Saint Marcellin
avec leurs dîmes » (Regeste Dauphinois, I, n°
2366).
« Marcellin,
présumé d’origine berbère et de l’église de Carthage, évangélisa notre région.
En 365 il fut placé par ses pairs sur le siège d’Embrun. Mort le 13 avril 374
et inhumé en avril de la même année… Ce n’est qu’à partir de 1083 qu’on relève
un village du nom de Sancti Marcellini
(J. SORREL : histoire de Saint Marcellin, 1981, page 15).
« On
peut affirmer qu’avant la fin de la fin de l’époque burgonde il existait des
églises dans les localités suivantes…. Quatorze autres s’y ajoutèrent au plus
tard à l’époque mérovingienne… Saint Marcellin » (B. BLIGNY :
histoire des diocèses de France : le diocèse de Grenoble, 1979, page 18).