A PROPOS DU MARTEAU VOTIF DE ROCHEFORT

 

J’ai largement traité de l’oppidum du « Grand Rochefort » situé sur Varces et sur Claix dans l’Histoire de Claix (communication reprise dans ce même site Internet sous la rubrique « conférences »). La présente étude (publiée dans le n° 33 de juin 1997 de la « revue d’histoire des AVG » et revue en octobre 2009) s’attache tout particulièrement à tenter de comprendre la nature et la destination de cet exceptionnel objet de l’archéologie iséroise.

 

Les circonstances de la découverte : (1)

 

En juillet 1913, entre 5 m et 5,80 m de profondeur, tout près du talus servant de base à un petit plateau alors cultivé, situé à quelques mètres au dessus du « Champ des Sources » et au pied du coté est du « Grand Rochefort », on découvrit, lors de travaux de captage, parmi des moellons en calcaire et des tuiles un grand marteau photographié ci après (2).

 

Description :

 

Le marteau, entièrement en plomb, est monté sur un manche allongé, le tout formant une seule pièce coulée dont la face inférieure est plane. Ses dimensions sont les suivantes :

 

Hauteur :       257 mm

Longueur : 101 mm

Largeur : 22 mm

Poids : 1014 grammes  (3)

 

(1)   H. MULLER : description d’un ex voto gallo romain aux sources de Rochefort, BSDEA, T XXI, 1920, 1921, pages 26 et 27 et l’oppidum de Rochefort du néolithique au 10ème siècle de notre ère, 1931, page 6

(2)   Cliché Y. BOBIN, Musée Dauphinois, publié avec l’autorisation du musée

(3)   Trésors du musée dauphinois, 1968, n° 35, page 36

 

 

 

 

Provenance :

 

On sait que le plomb se trouvait un peu partout en Gaule et que, notamment sur les pentes des Alpes, il y en avait en quantité. On peut donc supposer qu’il s’agit d’un produit d’artisanat local, mais le caractère sans doute votif de l’objet peut tout autant laisse présumer une provenance différente.

 

Datation :

 

On ne dispose d’aucun élément permettant de fixer avec précision l’époque de cet objet, l’absence de contexte archéologique connu rendant d’autant plus aléatoire toute tentative de datation. H. MULLER s’est toutefois hasardé à proposer le 1er siècle de notre ère ce qui, compte tenu de ce que l’on sait sur le site du Grand Rochefort (4) et des rares analogies connues que l’on examinera plus loin parait plausible et acceptable.

 

(4)   le point actuel des connaissances figure dans l’Histoire de Claix (2002)

 

 

Interprétation :

 

H. MULLER considérait qu’il s’agissait d’un ex voto déposé dans la source de Rochefort et qu’il correspondait à une offrande faite à la divinité de la source.

On sait, à cet égard, que les cultes naturistes des eaux ne s’attachaient pas seulement aux sources auxquelles on reconnaît aujourd’hui une valeur curative : des fontaines banales, ou du moins qui nous le paraissent aujourd’hui, étaietn assidûment fréquentées, telles notamment les sources de la Seine utilisées bien avant l’arrivée des romains qui ont livré, outre de très nombreuses statuettes en bois, des haches votives (5).

Dans ces sanctuaires des eaux – plus souvent naturels que monumentaux – on venait chercher la guérison des pèlerins malades, lesquels en témoignage de reconnaissance pour l’amélioration de leur état ou en oblation avant le traitement offraient des ex voto à la divinité de la source qu’ils déposaient dans l’eau même ou dans les édifices cultuels quand ils existaient : les objets ainsi recueillis sont de tous ordres : objets en pierre, bronze, bois, terre cuite, planchettes… (6).

Si l’on connaît d’assez nombreux exemples en Gaule, au plan strictement régional les rares ex voto liés au culte des eaux guérisseuses ont été découverts – outre Varces – à Desaignes en Ardèche (7), à Salins les Bains en Savoie, dans les thermes d’Allan dans la Drôme ainsi que ceux d’Uriage (8). H. MULLER cite également Bernin qui aurait livré des ex voto comparables à celui de Rochefort (9) mais l’on ne connaît rien de précis sur ceux-ci.

Les découvertes d’Uriage, par contre, sont mieux connues. Lors des premières fouilles du complexe thermal antique – probablement le plus important de Gaule – en 1825 on a en effet trouvé plus de cinquante marteaux votifs – ou simulacres de marteaux – tous en plomb, accompagnés d’un bas relief, également en plomb, représentant un trépied avec un griffon de chaque coté, orné de deux marteaux en plomb avec l’inscription « L SCRI MARTINIVS A C F » (10). S’agissait-il, comme le pensait PILOT, d’un symbole strictement attaché à une famille ?  Celui-ci considérait, en effet, que Lucius Scribonius Martinus, mentionné sur l’inscription d’Uriage, était un membre de la famille Scribonnia ayant donné à Rome des consuls, des tribuns, des orateurs célèbres et un médecin distingué sous les règnes d’Auguste et de Tibère. Selon lui, le surnom de Martinus aurait été attaché à cette famille depuis que l’un de ses membres, prêteur à Rome, aurait pris pour symbole le marteau après avoir fait clore le forum d’une charpente. Ainsi, L. SCRIBONIVS MARTINVS aurait-il fondé les thermes d’Uriage (11) et les marteaux retrouvés sur le site – dont PILOT ne voyait pas d’autre cause ou explication – seraient seulement liés au souvenir de cette famille (12).   

 

(5)   E. THEVENOT : les gallo romains, 1948, page 93 

(6)   G. COULON : les gallo romains, 1985, page 182

(7)   Carte archéologique de la Gaule, fascicule XV, 1975, page 73

(8)   Les dossiers de l’archéologie, l’eau en Gaule, septembre 1992, pages 33 et 43

(9)   H. MULLER : l’oppidum de Rochefort, op. cit. page 6

(10)              CIL XII, 2251

(11)              Dont l’origine parait bien remonter au 1er siècle de notre ère. Voir à cet égard mes développements dans la CAG Isère du même site Internet.

(12)              J. J. A. PILOT : BSSI, 1841, pages 207 et ss

 

  Mais cet auteur – connu davantage pour sa fertilité que pour l’acuité ou la pertinence de ses interprétations – est le seul à proposer cette explication qui semble, au demeurant, un peu trop restrictive, sinon commode et qui, de toutes manières, ne saurait expliquer en soi la découverte de Rochefort. Contemporain de PILOT, le docteur BERNARD pensait pour sa part que les marteaux d’Uriage étaient autant d’offrandes offertes en reconnaissance de malades rédemptés au dieu Vulcain qui, selon lui, présidait aux sources thermales (13).

Telle est également l’opinion de GREPPO qui, ayant étudié toutes les sources thermales de la Gaule, relevait que seuls les thermes d’Uriage avaient livré de tels ex voto. Il notait à cet égard : «  …. Il y a quelque chose de curieux et de tout à fait nouveau dans la découverte d’un nombre considérable de petits marteaux de sept à huit pouces de long, en plomb, qui n’ont pu être que des ex voto. La manière la plus vraisemblable d’expliquer la rencontre de tels objets en si grande quantité auprès des sources d’Uriage serait de les considérer comme représentant un des attributs de Vulcain, le dieu forgeron, le dieu du feu, le dieu des mines, qui pouvait très naturellement être aussi le dieu des sources minérales et thermales, lesquelles ont tant d’affinité, soit avec les métaux, soit avec les volcans et le feu… ».

« Je ne vois pas » - ajoutait-il – qu’on put autrement rendre raison de la présence de ces marteaux qui ne paraissent pas avoir du être d’aucune utilité pratique… ».

Un autre auteur (15) y a vu la représentation d’un culte à Taranis, dieu gaulois du tonnerre, paradigme du Jupiter romain.

Il convient dès lors de s’attarder quelque peu sur les différentes hypothèses de dévotion cultuelle évoquées jusqu’alors.

 

Le culte de Vulcain :

 

Dans la mythologie grecque, Hephastreos –Vulcain dans la mythologie romaine – était le dieu du feu. Fils de Zeus et d’Héra, il serait né boiteux et toute sa vie aurait marché comme avance l’éclair, en zigzag. Sa mère, en le voyant si laid et si mal avantagé par la nature le prit en haine et, pour le dérober aux rires des immortels qui se moquaient de sa conformation, elle le précipita des hauteurs de l’Olympe. Il tomba un jour entier et s’abattit dans l’île de Lemnos. Là, avec l’aide d’un nain qui lui apprit l’art de travailler le fer, le bronze et les métaux précieux il établit une forge dans le feu d’un volcan. Neuf ans plus tard, il revint et installa sa forge dans l’Olympe dont il était devenu, entre-temps, l’un des six dieux (16). La mythologie romaine, quant à elle, en fit le dieu forgeron et le dieu des volcans. On sait, à cet égard que, dans ses représentations usuelles, il est fortement caractérisé par son équipement technique.

 

 

 

(13)              Dr BERNARD : mémoire sur les eaux minérales d’Uriage, BSSI, 12 avril 1842, pages 339 et ss

(14)              J. G. H. GREPPO : études archéologiques sur les eaux minérales ou minérales de la Gaule à l’époque romaine, 1846, page 262

(15)              H. GAIDOZ : Taramis, à propos des marteaux en plomb d’Uriage, Revue Celtique, 6, 1883-1885, pages 457 à 459

(16)              M. MEUNIER : la légende dorée des dieux et des héros, 1980, pages 260 et ss

 

 

Plusieurs représentations sur des vases sigillés le montrent tenant dans sa main droite un marteau très semblable à celui de Rochefort (17). Cet outil est d’ailleurs son principal attribut (18). On ne sait toutefois pas s’il en est, pour autant, sa personnification symbolique systématique. De même, si Vulcain se retrouve dans le panthéon romain classique comme, par exemple, au sanctuaire de Vienne en Val dans le Loiret (19), on ne saurait affirmer qu’il fut aussi, même de manière occasionnelle, le dieu des sources. Il est vrai qu’il est parfois présent comme dieu guérisseur : ainsi, aux sources sulfatées de Montbrun les Bains dans la Drôme (20), sans doute à la Fontaine Ardente du Gua (21) et peut être donc à Uriage et à Rochefort. Mais le lien entre Vulcain et le culte des eaux est loin d’être établi (22) car si ce sont les dieux qui donnent à l’eau ses vertus propriatoires et thérapeutiques on ne connaît guère comme divinité certaine des eaux que le dieu Borvo ou Bormo qui se trouve ainsi à l’origine de divers noms de lieux connus pour leurs sources : Bourbon Lancy, Bourbonne les Bains, Bourbon l’Archambaud (23).

 

Le culte de Taranis :

 

Taran (24), le dieu celtique du tonnerre, parfois du ciel et de la vie, paradigme du Jupiter Fulgurator (25) s’inscrit dans la triade Teutatès, Esus, Taranis. Assimilé à Jupiter, il est nommé Taranus par César (26), Taranis par Lucain (27), Taranucno enfin sur certaines inscriptions (28). Bien que son culte passe pour avoir été très répandu en Gaule (29), ses représentations sont assez rares : quelques statuettes en bronze, en terre cuite, de rares reliefs et quelques grandes statues de pierre. Son principal attribut est la roue, très ancien symbole solaire, qui fut peut être son emblème d’investiture (30) avant qu’il ne devienne la foudre lors de son assimilation à Jupiter.

 

 

 

(17)              P. M. DUVAL : les dieux de la Gaule, 1957, page 84

(18)              R. CAGNAT : manuel d’archéologie romaine, T 1, 1917, page 404

(19)              CAG 45, 1988, pages 38 et ss

(20)              Dieux guérisseurs de la Gaule romaine, catalogue de l’exposition, Lattes, 1992, page 71

(21)              CIL XII, 1552 et commune du Gua in carte archéologique de l’Isère dans le présent site Internet

(22)              Les dossiers de l’archéologie, op. cit. page 43

(23)              G. COULON : op. cit. page 182

(24)              Dont le nom provient du gaulois Taran et de l’Irlandais Torann signifiant tonnerre

(25)              J. P. CLEBERT : Provence antique, 1970, page 251 ; J. PRIEUR et alii : la Savoie antique des origines à l’an Mil, 1983, page 276

(26)              « Taranus Jovem imperium coelestium tenere », CESAR : Guerre des Gaules, VI, 17,2

(27)              LUCAIN : œuvres, I, 446  

(28)              CIL XIII, 6094, 6478

(29)              Mythologie encyclopédie illustrée, collectif 1980, page 78

(30)              C. JULLIAN : histoire de la Gaule, réédition 1993, 1, page 265

 

 

Le musée des Antiquités Nationales conserve diverses figurations de Taramis sous forme de statuettes provenant de Landouzy la Ville (Aisne), du Châtelet (Haute Marne), de Saint Pourçain et de Néris (Allier) : le dieu est figuré avec ses attributs indigènes, notamment la roue, semblable aux rouelles découvertes dans les sites d’habitat ou les sanctuaires de la Gaule indépendante qui devaient avoir un rôle prophylactique. On en connaît également d’autres représentations, avec ou sans la roue, notamment à Izernore (31) et à l’ensemble cultuel du Mont Jouer à Saint Goussaud (32) mais ses symboles ne comportent jamais le marteau et la supposition d’H. GAIDOZ, en ce qui concerne un prétendu culte de Taranis à Uriage parait dès lors totalement infondée.

 

 

Une troisième hypothèse semble avoir été indirectement suggérée par H. MULLER qui note dans sa synthèse sur Rochefort « … une divinité gauloise portant un marteau a été rencontrée assez souvent dans le sol de la Gaule et surtout dans le bassin rhodanien… ». (33). Il semble qu’il y ait pu avoir à cet égard une confusion de sa part ou, pour le moins, un parallèle analogique un peu trop hâtif avec Sucellus, le dieu au maillet, protecteur des carriers et des bûcherons, assimilé par les romains à Sylvain. Mais l’attribut de ce dieu est toujours le maillet, fort différent du marteau de Vulcain.

 

Alors, comment faut-il interpréter le marteau de Rochefort ?

 

Les recherches archéologiques conduites depuis le 19ème siècle montrent que l’on trouve dans les sanctuaires gaulois et gallo romains toutes sortes d’ex voto : certains exemples ont été évoqués précédemment mais l’on ne saurait en établir une liste exhaustive. Il peut s’agir de la représentation d’une partie malade du corps (34), de statues en bronze ou en bois (35), des objets de grandeur réelle comme des monnaies, des bijoux, des armes ou encore des lampes (36), des plaquettes votives (37) ou des objets miniatures, armes ou outils (38) mais l’on ne connaît pas, jusqu’alors, de marteaux dans un site cultuel indiscutable.

Il y a bien au musée des Antiquités Nationales une série de marteaux (39) mais ceux-ci n’ont pas de caractère votif : il s’agit d’outils à repousser et à emboutir dont la fonctionnalité est, selon toute évidence, artisanale ou utilitaire.

 

 

(31)              CAG 01, 1980, page 87

(32)               CAG 23, 1989, page 72

(33)              H. MULLER : l’oppidum… op. cit. page 6

(34)              Ex voto ophtalmologiques de Sassenage, par exemple (Cf. carte archéologique de l’Isère dans le présent site Internet)

(35)              Sources de la Seine (21) ou dépôt de Chamalières (63) notamment

(36)              Comme au sanctuaire du Chastelard de Lardiers (04)

(37)              à Mauves sur Loire (44)

(38)              hachettes votives par exemple à Argentomagus (36)

(39)              provenant de la forêt de Compiègne ou du Mont Beuvray pour la plupart

 

 

 

Le musée de la civilisation gallo romaine de Lyon et les principaux dépôts archéologiques français ne présentent aucune pièce similaire au marteau de Rochefort. La seule analogie éventuelle pourrait être un marteau en pierre, de datation et d’usage incertains, découvert anciennement à Biville sur Mer (76) mais sur lequel les renseignements sont trop imprécis pour pouvoir parler de similitude réelle (40).

Le marteau de Varces parait donc être, si l’on excepte les découvertes d’Uriage, unique en Gaule. A cet égard, on a vu que les marteaux d’Uriage pouvaient avoir, à défaut d’explication certaine, une origine patronymique plausible mais que celle-ci ne saurait être transposable au marteau de Rochefort. Bien que la proximité géographique des deux sites soit quand même troublante, force est de reconnaître que le caractère votif de cet objet demeure pour l’heure l’explication la plus probable. Un dernier argument pourrait plaider en faveur de cette hypothèse et permettre, subsidiairement, de proposer une origine plus ancienne de l’objet que celle qui est admise aujourd’hui. En effet, il convient de relever que les inscriptions gravées dédicacées aux dieux ou aux déesses sur les objets votifs datent toutes d’une époque postérieure à la conquête romaine et sont le fait de gaulois déjà fortement romanisés : l’usage, par exemple, de tablettes votives est nettement romain et on les trouve surtout dans les régions où la population est très romanisée, celles qui ont vu s’installer, par exemple, des garnisons militaires ou des colonies de vétérans (41). Tel n’est pas le cas du marteau de Varces. Ainsi, s’il est bien votif, cet objet anépigraphe pourrait être antérieur au 1er siècle de notre ère. A cet égard, on sait que les gaulois n’eurent pas, en règle générale, d’édifices réservés au culte mais plutôt d’innombrables lieux sacrés dans lesquels les dieux étaient honorés sans même qu’ils soient représentés sous une apparence humaine. Il semble même que la règle générale du temps de César fut de ne point bâtir de temple aux divinités qui demeuraient dans des lieux qui étaient sacrés en eux-mêmes (42).

Ainsi, un simple marteau pouvait-il fort bien témoigner d’un culte à Vulcain, voire de la survivance d’un culte encore plus ancien. Camille JULLIAN relève à cet égard que « le marteau, quoique la chose n’est point prouvée, est un succédané de la hache bipenne. Je ne crois pas cependant que la hache ou le marteau aient été dès l’origine un symbole solaire ou un signe de la foudre : c’est l’arme du guerrier de jadis et le symbole de la protection dont il couvre hommes, maisons et domaines… ». (43).

 

La datation de cette offrande reste donc problématique : elle peut, en effet, tout autant traduire un culte spécifiquement gaulois que représenter un ex voto à Vulcain, ce dieu romain assimilé par la Gaule occupée, auquel la dévotion aurait été faite selon les anciennes pratiques c'est-à-dire sans dédicace et sous une représentation symbolique.

La situation de Varces, écartée des grands axes d’échanges et de communication antiques ne permet pas de prendre position pour l’une ou pour l’autre de ces hypothèses : la longévité et la perduration remarquables du site cultuel situé sur l’oppidum de Rochefort montre bien la continuité de pratiques strictement autochtones et leur résistance à la romanisation ou leur totale assimilation par celle-ci. 

 

(40)              Répertoire archéologique de la Seine Maritime, 1871

(41)              R. PERNOUD : les gaulois, 1979, pages 51 et ss

(42)              C. JULLIAN : op. cit. page 271

(43)              Ibid, pages 973 et 974

 

Que conclure ?

 

H. MULLER pensait que la découverte en un même lieu du marteau et de moellons traduisaient la présence d’un bâtiment en petit appareil, balnéaire ou site cultuel de source, qui aurait été détruit par une crue violente du Drac.

En l’état actuel de ce que l’on sait et même en élargissant le débat comme j’ai tenté de la faire ici, cela demeure une explication des plus vraisemblables. Toutefois, une ultime hypothèse mérite d’être formulée. Le fait que l’on ait trouvé un marteau isolé indépendamment de toute autre forme d’offrandes (tablettes, statuettes, monnaies par exemple) indique peut être – sauf emportement de ces éléments par les eaux – qu’il s’agissait du lieu de captage d’une source destinée à l’alimentation d’une villa voisine que son propriétaire aurait pu consacrer à Taranis, à Vulcain ou encore à quelque autre dieu local en y disposant, à titre votif, ce marteau peut être forgé pour la circonstance ou ramené par son propriétaire d’un point quelconque de l’immense empire romain. En évoquant cette hypothèse on ne peut s’empêcher de penser à la luxueuse villa qui devait exister à proximité de l’oppidum et dont on connaît seulement les morceaux d’ophite retrouvés sur Rochefort. Peut être son propriétaire était-il un important dignitaire, un soldat émérite ou encore un gaulois enrichi… En ce cas on se trouverait en présence non d’un culte public, qu’une seule offrande rend improbable, mais d’un simple culte privé consacré à une divinité locale inconnue ou importé d’un lieu indéterminé. A cet égard on rappellera que dans l’empire, les cultes privés dans la couche sociale dominante étaient en effet aussi variables que répandus et que leur origine remontait à une époque fort ancienne. A cet égard, Cicéron ne remarquait-il pas dès le milieu du 1er siècle avant notre ère : « qu’y a-t-il de plus saint, de mieux protégé par toute religion que la maison de chaque citoyen ?... C’est là que se trouvent ses autels, ses foyers, ses dieux pénates… C’est là qu’ont lieu ses rites, ses pratiques, ses cérémonies » (45).

Comme on le voit les problèmes posés par le marteau de Rochefort sont complexes et les spéculations qu’ils engendrent sont de nature à entraîner fort loin.

Si je n’ai pas su apporter d’explication définitive à cette problématique du moins aurais-je pu, peut être, susciter des réflexions nouvelles et donc, pour d’ultérieurs chercheurs, poser les jalons essentiels.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

(45) CICERON : De domo Sua, 109