GRENOBLE ANTIQUE (suite)
Deuxième
partie :
URBANISME
ET EDIFICES
CHAPITRE
I : L’ENCEINTE DU BAS EMPIRE
1 – caractéristiques et
datation
2 – tracé de
l’enceinte :
> de la Porte Herulea à la Tour du Trésor
> de la Tour du Trésor à la Porte Jovia
> de la Porte Jovia à la rue de la
République
> de la place Sainte Claire à la place des
Tilleuls
> de la place des Tilleuls à la Porte
Herulea
3 – portes et
poternes :
> la Porte Herculea ou Viennoise
> la Porte Jovia ou Romaine ou encore
Traine
> poternes
4 – porte isolée du haut
empire ?
I –
CARACTERISTIQUES ET DATATION
Grenoble
a la rare particularité d’avoir été dotée au bas empire d’une enceinte
défensive qui est la seule de toute la Gaule a être datée avec certitude du
règne conjoint de Dioclétien et de Maximien (286-293) ce qui en fait également
l’une des plus anciennes connues du bas empire.
Hors
de Gaule, on ne connaît guère que l’enceinte de Vitudurum en Germanie
Supérieure (Winterthur, Suisse) a être datée de la même période (294).
D’un
périmètres de
-
Evreux, capitale des Aulerques Eburoviques
-
Tours, capitale des Turones
-
Rodez, capitale des Ruthènes
-
Rennes, capitale des Redones
-
Angers, capitale des Andecaves
-
Lisieux, capitale des Lexovii
-
Beauvais, capitale des Bellovaques
-
Paris, capitale des Parisii
-
Le Mans, capitale des Aulerques Cenomans
Caractéristiques :
Forme : seul Schuermans (infra,
bibliographie), qui manifestement n’avait pas étudié le problème, prétendait
que l’enceinte romaine de Grenoble était de forme carrée et qu’elle avait été
établie sur le plan des camps romains avec une porte prétorienne et une porte
décumane. Or l’on sait depuis toujours que si l’enceinte était bien percée de
deux portes, sa forme, loin d’être carrée, était de type ovale.
Structure des
murs : des
parties qui ont été repérées grâce aux découvertes fortuites dues aux travaux
d’urbanisme, et notamment celles de 1962 lors du prolongement de la rue de la
République, on peut dégager les caractéristiques architecturales
suivantes :
-
base
des tours et de l’enceinte reposant sur un fort lit de gros galets ovoïdes recouverts
de mortier à tuileau.
-
Epaisseur
des murs : de 4,5 à
-
Double
parement en petit appareil fait de moellons rectangulaires assez irréguliers,
en général de 0,15 x
-
En
certains points, à la base du mur, les fondations reposaient sur des pieux en
bois espacés de 40 à
Les
fouilles de l’enceinte romaine de Bordeaux en 1964, dans le secteur de rue
Dieu, ont révélé un système analogue de pieux et de longrines de bois servant
d’assise à la muraille. On connaît également quelques autres exemples
similaires à Dax, au Mans, à Avenches…
Elévation : elle est estimée en moyenne, et pour
la seule partie aérienne, à
Epaisseur des murs :
elle varie de 2,50 à
Les
principaux repérages qui ont pu être établis sont les suivants :
Date Lieu
Observation
1890
Palais de Justice
1896
Place de Bérulle
1921
1 rue Renauldon
1922 Rue
Hector Berlioz
1924 Rue
Guy Pape
1928 Place
Notre Dame
1929 20
Grande Rue
1934
7 rue Jean Jacques Rousseau
1936 Rue
de la Paix
1948
Rue Cujas
1962
prolongement de la rue de la
République 4,5 à
1989-1991 place Notre Dame
Matériaux : pour l’essentiel, l’enceinte est
formée de cailloux roulés du Drac et de l’Isère noyés dans un mélange de
briques pilées et de chaux grasse et de blocs de calcaire u Jurassique
Supérieur extraits des carrières de la rive droite de l’Isère.
Vers
les points les plus monumentaux, et notamment les portes, réemploi abondant de
gros blocs et d’inscriptions récupérés sur des monuments antérieurs. Le cubage
de ces matériaux, pour la seule partie en élévation, a été estimé à
Tours : l’écrit le plus ancien sur les tours
remonte à 1717, époque où N. Charbot écrivait « c’est à elles que Grenoble
devra d’être appelée dans les légendes d’anciens bréviaires la Ville aux Cent
Tours » ( !).
Le
nombre exact de tours de l’enceinte n’est pas connu avec une certitude
absolue : Prudhomme à la fin du 19ème siècle estimait qu’il y
en avait une trentaine, H. Müller sur un plan du début du 20ème
siècle en figure vingt cinq, Dangréaux en représente trente trois, la CAG
trente quatre et enfin le récent ouvrage collectif consacré au groupe épiscopal
de Grenoble en figure trente neuf.
Ces
tours, généralement de mi circulaires, avaient un diamètre moyen de
Douves : l’enceinte était bordée de douves
remplies d’eaux du Verderet et du Draquet, bras respectifs de l’Isère et du
Drac.
Le
fossé, d’une largeur d’au moins
Le problème de la
datation de l’enceinte :
On
l’a vu, l’enceinte de Grenoble est quasiment la seule des Gaules à pouvoir être
datée grâce aux dédicaces offertes par les empereurs Dioclétien et Maximien.
Mais,
d’aucuns se sont interrogés à propos de ces dédicaces pour savoir si elles
s’appliquaient exclusivement aux portes ou si elles devaient s’entendre pour
l’ensemble de l’enceinte.
On
est même allé jusqu’à imaginer que Dioclétien et Maximien auraient seulement
fait don des portes seules qui auraient ainsi été percées dans une muraille
antérieure. Mais on imagine mal une muraille sans porte(s) et, au demeurant,
tel n’est pas le sens des inscriptions.
Jusqu’à
très récemment, tout le monde s’accordait à considérer que les portes et
l’enceinte étaient bien contemporaines et qu’elles dataient de la période
comprise entre avril 285 et mai 293.
Dioclétien,
surnommé Jovia (Jupiter) fut proclamé empereur en 285 (peut être même dès
novembre 284). En 286 (ou peut être dès avril 285) il nomme un autre Auguste,
Maximien, surnommé Herculea (Hercule) auquel il confie la partie occidentale de
l’empire. La tétrarchie (gouvernement des quatre) naît officiellement le 1er
mars 293 avec la nomination de deux Césars aux cotés des Augustes, Galère et
Constance Chlore subordonnés respectivement à Dioclétien et à Maximien qui les
avaient adoptés et dont ils étaient les héritiers présomptifs.
Schuermans,
prenant argument du mot jusserunt qui
termine les deux inscriptions des portes, en déduit que l’enceinte datait de
288 ou d’une date légèrement postérieure et qu’elle avait été édifiée en
application d’une supposée loi des deux empereurs visant à fortifier les
villes.
Mais
est-on pour autant certain que Cularo était bien complètement dépourvu de
défenses avant Dioclétien et Maximien ? Certes, aucune trace d’enceinte
antérieure n’a jamais été découverte et il parait établi que Grenoble n’a
jamais été dotée d’une enceinte au haut empire, enceintes rares au demeurant et
réservées dans la quasi-totalité des cas connus à rehausser le prestige de
certaines grandes capitales de civitates.
Il
faut toutefois se souvenir du long séjour de l’armée de Placidianus à Grenoble
(de fin 269 à fin 270, voire même jusqu’à fin 272, supra 1ère
partie, chapitre V) et l’on peut supposer, avec quelque vraisemblance, que les
travaux de fortification de Cularo auraient pu débuter à cette occasion. Ainsi,
Prudhomme le premier pensait-il déjà que l’enceinte avait pu être ébauchée dès
269 sur les ordres du futur préfet du prétoire, Iulius Placidianus.
Considérant
qu’en moins de huit années la réalisation d’une telle enceinte paraissait peu
probable, on pense aujourd’hui que les deux empereurs dédicataires ont pu
s’attribuer le mérite d’une œuvre commencée par un de leurs prédécesseurs qui
pourrait être Probus dont le règne (276-282) coïncide avec la période suggérée
par des monnaies retrouvées sur le site.
II –
TRACE DE L’ENCEINTE :
L’enceinte
du bas empire a subsisté intégralement jusqu’en 1591, date de son arasement sur
l’ordre de Lesdiguières.
Une
vue cavalière de 1575, conservée à la Bibliothèque Municipale de Grenoble (Pd
4-10) en donne une fort bonne représentation.
Le
tracé de l’enceinte est relativement bien connu. Pour en faciliter l’étude,
celui-ci sera découpé en plusieurs segments, selon une rotation allant d’est en
ouest.
a) de
la Porte Viennoise à la Tour du Trésor :
Place
Notre Dame, la Porte Viennoise est aujourd’hui repérée au sol place Notre Dame
et au numéro 4 de cette place, la circonférence de la tour occidentale de la
Porte est encore visible dans le magasin du rez de chaussée.
Au
numéro 6 de cette même place, la tour dite de Clérieux, haute de
L’enceinte
longeait ensuite la rue Chenoise, parallèlement à celle-ci et au sud. Guy
Allard notait en 1663 « on voit encore les marques de ces vieilles
murailles… dans les maisons qui y sont basties de la rue Chenoise ou Chaunoise
et peu éloignées du Ban de Mal Conseil ».
Elle
est localisée le long des numéros impairs de cette rue.
En
février 1988, à l’occasion de travaux à l’arrière de l’immeuble portant le
numéro 9, on a repéré les trois quarts d’une tour et un tronçon de courtine
dont on avait déjà découvert d’autres éléments en 1921-1922.
Elle
aboutissait dans l’axe du numéro 1 de la rue Renauldon (dont l’immeuble, au
fond de l’allée, est contigu avec le 21 rue Chenoise où, également en
1921-1922, le rempart fut mis au jour dans le sous sol de la rue.
Suivant
le sud de l’actuelle rue Madeleine, l’enceinte coupait alors la rue de Bérulle
puis la rue Cujas.
En
1896, au sud de cette dernière rue, presque au coin de la place de Bérulle, un
pan de courtine fut découvert. Le mur, haut de
Vers
le numéro 1 de la rue Cujas, une portion de rempart existe encore à hauteur
enclose dans les constructions modernes avec une tour, peut être d’origine
antique. L’épaisseur de ces murs est de
De
la rue Cujas, l’enceinte obliquait vers le Palais de Justice. En 1890, les
bâtiments dans la partie située le long de l’Isère entraîna la destruction de
cette partie de l’enceinte. Mais une notable partie de celle-ci subsiste comme
substruction du Palais de Justice (dans l’axe des 8ème et 9ème
fenêtres du rez de chaussée des bâtiments actuels à compter de la rue du
Palais.
Rue
Guy Pape, en juillet 1924, face à l’entrée de l’église Saint André, un tronçon
de mur, épais de
En
1922, lors des travaux d’agrandissement du théâtre, sous sa partie sud (face à
la place Saint André), un second tronçon fut également repéré.
En
1928, rue Hector Berlioz, à l’angle de la Salle des Concerts et de l’ancien
hôtel de ville le mur fut également repéré.
La
Tour de la Trésorerie est bâtie sur une tour romaine comme le montre la fenêtre
aménagée en 1928 dans le parement médiéval (plaque indicative).
b) de
la Tour du Trésor à la Porte Jovia (ou Traine) :
De
la Tour du Trésor, le long du jardin de ville, le mur de l’enceinte sert de
soubassement à la façade de l’ancien hôtel de ville (actuel musée Stendhal).
Une tour a été mise au jour en 1926.
Le
mur traverse ensuite la place de Gordes parallèlement à la grille de clôture du
jardin de ville. En 1939,
Au
n° 2 de la place, contigu avec un restaurant, des fondations de tour ont été
repérées.
La
crête du rempart est encore partiellement visible à mi hauteur des bâtiments
ouvrants sur le jardin de ville (plaque indicative) et au fond de la cour de
l’école maternelle où des fondations de tour ont été localisées. Le sommet du
mur d’enceinte sert ensuite de soubassement à la terrasse de l’ancienne demeure
du Dr Gagnon dont l’entrée se situe 20 Grande Rue (plaque indicative). Sous un
bâtiment de forme trapézoïdale subsiste une tour.
Entre
cette demeure et l’immeuble sis 4 place Grenette (ancien hôtel de Créqui en
1622, ancienne mairie en 1683, actuel magasin France Loisir), le rempart fut
mis au jour en 1929 ; il atteignait par endroits, sans son parement de
moellons,
A
l’extrémité de la Grande Rue, était située la Porte Jovia (ou Traine) étudiée
plus loin.
c) de
la Porte Jovia au prolongement de la rue de la République :
Des
traces de l’enceinte ont été observées dans les caves de la librairie Arthaud,
23 Grande Rue, ainsi que des restes de tour.
Le
rempart a également été découvert en 1913 lors de la construction du cinéma
« le Familia » devenu ensuite « le Paris » avant d’être fermé.
Le
rempart romain à cet emplacement (passage de la République) servait de fond à
la scène du cinéma et il subsiste toujours.
On
l’a ensuite repéré (avec emplacement d’une tour) dans les caves du Grand Hôtel,
5 rue de la République et 14 rue Lafayette (face à la partie nord de l’actuel
passage Sainte Claire) où, en 1886, des vestiges sont apparus.
d) le
prolongement de la rue de la République :
En
1962, pour permettre le prolongement de la rue de la République, on a procédé à
la démolition des bâtiments qui se trouvaient sur le parcours de la future
artère entre la rue Lafayette et la place Sainte Claire, au débouché de la rue
Alphand. Certains des immeubles abattus étaient construits sur l’emplacement du
rempart : ce fait était d’ailleurs bien connu car dans ce secteur des
parties de l’enceinte étaient largement visibles (7 et 1 rue Jean Jacques
Rousseau, au fond de la cour). Elles étaient d’ailleurs inscrites à
l’inventaire supplémentaire des monuments historiques depuis 1957.
Le
tracé de la rue Jean Jacques Rousseau avait d’ailleurs été imposé par la
courbure de l’enceinte sur laquelle s’adossaient les maisons donnant sur la
rue. Tel était particulièrement le cas du n° 1 de la rue, ancien hôtel de la
monnaie, où, sur la droite de l’hôtel proprement dit, subsistait une tour de
l’enceinte – rehaussée et aménagée – et partiellement conservée jusqu’à sa
démolition en 1962.
Grâce
à un crédit municipal, M. Raymond Girard, architecte des Bâtiments Civils, put
après la démolition des anciens bâtiments faire dégager le mur avec trois de
ses tours sur une longueur d’environ
En
dépit d’un accord sur la conservation partielle de ces vestiges (notamment la
tour dite « A » et
La
destruction des tours « B » et « C » a eu pour seul
« avantage » de pouvoir effectuer d’intéressantes observations sur
leur mode de construction. Elles avaient respectivement
Près
de la tour « B », une porte avait été aménagée puis bouchée (infra).
Les
murs, à leur fondation, avaient une épaisseur de 4,5 à
A
l’extérieur du mur, deux coupes pratiquées au nord et au sud près de la tour
« A » et au-delà de la tour « C » devaient révéler une
épaisse couche de vase noirâtre qui, selon Aimé Bocquet, correspondait aux
restes d’un bras du Drac ou de l’Isère qui aurait servi de fossé.
e) de
la place Sainte Claire à la place des Tilleuls :
Le
rempart a été repéré dans les caves de l’immeuble 16 place Sainte Claire
faisant angle avec l’actuelle galerie Sainte Claire (*)
(*)
une fouille de
Le
rempart traverse ensuite, dans le sens nord sud, toute la place Sainte Claire,
passant sous l’extrémité sud ouest des Halles ; en 1931, il a été repéré
sur une longueur de
Il
longe ensuite les immeubles de la partie est de la rue Auguste Gaché puis coupe
perpendiculairement la rue de la Paix, à
Le
rempart sert ensuite de fondations aux immeubles du fond de la place des
Tilleuls.
Au
numéro 9 de cette place (ancien hôtel Doudart de Lagrée) une tour est encore
conservée sur toute son élévation dans le jardin situé à l’extrémité du long
corridor d’entrée.
f) de
la place des Tilleuls à la Porte Herculea :
Sur
cette dernière portion, l’enceinte est parfaitement repérée et elle est encore
presque intégralement conservée.
Une
tour est encore en élévation à peu de distance de la cathédrale. Haute de
Ce
dernier tronçon a été utilisé au moyen âge pour former la paroi nord de la nef
de Saint Hugues. Les fouilles conduites à partir de 1989 par A. de Montjoye
sous l’aile nord de cette église ont permis de retrouver un tronçon de rempart
de
Sur
l’importante portion du rempart comprise entre les bâtiments de l’ancien évêché
(
III –
PORTES ET POTERNES :
Portes de
l’enceinte :
Les
deux portes de l’enceinte étaient surmontées chacune d’une inscription, toutes
deux disparues lors de la destruction des édifices mais leur texte avait été
relevé auparavant par plusieurs auteurs : Antoine de Govéa au début du 16ème
siècle, un auteur anonyme de 1547 et surtout Barlet dont le manuscrit du 16ème
siècle comportait deux dessins, aujourd’hui à la Bibliothèque Nationale
(manuscrit latin 9910) dont on a également une copie postérieure (vers 11660),
conservée à la bibliothèque Sainte Geneviève à Paris (manuscrit latin 1167).
Pour
la clarté du propos, on en redonnera ici l’interprétation :
« Nos
maîtres, l’empereur César Gaius Aurelius Valerius Diocletianus, pieux, heureux,
invincible, auguste et l’empereur César Marcus Aurelius Valerius Maximiamus,
pieux, heureux, invincible, auguste, après qu’aient été construits grâce à leur
prévoyance et achevés les murs de Cularo avec leurs bâtiments intérieurs ont
ordonné que la Porte Viennoise soit appelée Herculéenne (1ère inscription)
…..
que la Porte Romaine soit appelée Jovienne (2ème inscription).
On
rappellera que les deux empereurs vaient fait figurer des noms en relation avec
des éléments de leur propre titulature, Jovia (Jupiter) pour Dioclétien et
Herculea (Hercule) pour maximien.
Ces
portes, qui constituaient l’aspect le plus monumental de l’enceinte,
remployaient des blocs de calcaire arrachés à des monuments antérieurs
abandonnés et des inscriptions funéraires comme d’ailleurs la plupart des
fortifications urbaines de cette période.
Ainsi
surmontées de leurs inscriptions monumentales, ces portes s’assimilaient à des
arcs de triomphe : on en connaît des exemples similaires en Narbonnaise à
Aix en Provence, Apt, Arles, Avignon, Béziers, Vaison et Vienne.
Porte Viennoise ou
Herculea :
Comme
son nom l’indiquait, cette porte permettait d’accéder à la ville romaine
lorsqu’on arrivait par la route de Vienne.
Elle
était située sur l’actuelle place Notre Dame, perpendiculairement à la façade
de la cathédrale et aux bâtiments sis aux numéros 4 et 6 de cette place. Ce
monument subsista avec sans doute beaucoup d’altérations jusqu’à l’écroulement
de la tour médiévale dite de l’Evêché qui prolongeait sa tour est, le 24
septembre 1802. La porte fut alors démolie progressivement jusqu’en 1810. Alors
que l’on a tiré dans d’inscriptions lapidaires de cette porte, dont une
vingtaine sont encore conservées, on peut s’étonner de la destruction de
l’inscription dédicatoire mais Prudhomme dit que celle-ci « fut ensevelie
par mégarde dans les fondations de la maison portant le n° 6 de la place Notre
Dame ».
L’emprise
au sol de la Porte Viennoise est parfaitement connue grâce aux plans très
précis de l’évêché dressés à l’époque révolutionnaire en vue de la vente au
titre des biens nationaux.
Selon
H. Müller, ses fondations furent partiellement dégagées à
En
1991, deux nouveaux sondages ont été effectués par F. Baucheron près de la
porte orientale de la tour. Le premier, au pied même de la courtine, a apporté
des précisions sur l’architecture de la fondation : intra muros, celle-ci
a un mètre de profondeur au dessous du ressaut. Elle est constituée de dalles
de molasse. Le matériel céramologique confirme la datation de l’inscription
gravée au fronton de la porte. Extra muros, la fondation « en escalier »
a
Les
substructions de la porte sont aujourd’hui classés monument historique et
conservées dans la seconde salle du musée baptistère.
Une
maquette de la Porte est également exposée au même endroit. On notera les
importantes similitudes architecturales entre cette restitution de la Porte
Viennoise (qui diffère notablement des croquis de Barlet) et la Porte Appia de
l’enceinte aurélienne de Rome, les deux constructions étant à peu près
contemporaines.
Porte
Romaine ou Jovienne (ou encore Traine) :
Comme
son nom l’indiquait, elle ouvrait sur la route du Montgenèvre par l’Oisans.
Elle
était située à l’extrémité de la Grande Rue, vers la place Grenette, peut être
même à l’emplacement de l’actuelle fontaine. Ses substructions ont été
affouillées à plusieurs reprises, particulièrement au cours du 19ème
siècle, sans qu’aucun relevé n’en soit fait.
Dès
l’époque de Saint Hugues, elle est désignée sous le nom de « Porte
Trivoria ». C’était alors le siège d’une véhérie tenue pour l’évêque par
Richard de Porte Traine.
Le
dernier titulaire de cette véhérie vendit la maison en 1419 à la Chambre des
Comptes du Dauphiné. L’évêque Aimon 1er de Chissé eut à se plaindre que
les droits sur la véhérie ne lui étaient plus versés. Il accepta, à titre
transactionnel, une somme valant rachat et la véhérie fut définitivement
supprimée. La porte elle-même servit de prison delphinale jusqu’à sa démolition
en 1594. 25 des inscriptions antiques de Grenoble en proviennent.
Selon
Mme Chatel, il subsiste 5 place Grenette, dans les fondations de la maison, les
restes d’une construction, manifestement romaine, ayant pu faire partie des
défenses extérieures de la porte.
De
même, face au n° 20 de la Grande Rue, à l’angle de la rue Jean Jacques
Rousseau, des blocs de pierre en grand appareil pourraient provenir de cette
même porte. L’on sait, en effet, que l’ancien hôtel de Rabot (aujourd’hui
Librairie Arthaud), construit peu avant la démolition de la Porte Romaine,
avait été adossé à l’enceinte.
Poternes du
rempart :
a) poterne
de la Porte Viennoise :
A
b) poterne
dite de la « Tour B » (rue de la République) :
Lors
du dégagement des remparts en 1962, on a retrouvé une poterne d’époque romaine,
bouchée à une période indéterminée.
c) poterne
de la « Tour A » :
Sans
doute à l’époque médiévale, peut être après le comblement de comblement de la
poterne de la « Tour B » une nouvelle poterne piétonne fut ouverte à
cet emplacement. Elle est toujours conservée.
Deux
autres poternes, aujourd’hui disparues, avaient été percées dans la muraille
romaine :
Ø
la
« porte Pertusière », vers la place Sainte Claire, citée pour la
première fois par un texte de 1288 mais qui existait sans doute
antérieurement ; elle était située à proximité de la « véhérie de
Gières »
Ø
la
« Porte de l’Aiguier », citée en 1338 qui était située dans le
rempart vers la rue Hector Berlioz.
IV –
UNE PORTE ISOLEE DU HAUT EMPIRE ?
Les
observations faites lors des fouilles de 1989 à 1991 des substructions de la
Porte Viennoise ont conduit à s’interroger sur l’éventualité de l’existence
d’une porte (ou d’un arc ?) antérieure à la construction du rempart.
En
effet, l’imposante fondation de la porte (près de
Faut-il
voir dans cette contradiction d’époque le simple réemploi de pieux dans la
fondation de l’une des tours de la Porte Viennoise ou reprendre une hypothèse
ancienne qui, sur la base d’une relecture des inscriptions, envisageait une
première porte (isolée ?) antérieure à la construction de l’enceinte du 3ème
siècle ? (F. Baucheron dans Gallia Informations, 1996, pages 103 et 104).
Des
vestiges des substructions de cet édifice sont partiellement visibles dans la
seconde des salles d’accès au site baptistère.
Bibliographie
sélective :
-
N.
CHARBOT, 1720, page 8
-
J.
J. A. PILOT : Histoire de Grenoble, 1829, pages 8 à 10 et 118 à 120
-
A.
GRAS : notice sur les anciens remparts de Grenoble, BSSI, 2, 1841, pages
232 à 243
-
AYMARD
DU RIVAIL : de Allobrogibus (16ème siècle) publié par A. ALLMER
et A. de TERREBASSE, 1852, page 51
-
J.
MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires
de Saint Hugues, 1869, B XXXIV et B XL
-
Plan
des enceintes successives de Grenoble, bulletin de l’Académie Delphinale, 3ème
série, T 8, 1870, page 30
-
A.
PRUDHOMME : Histoire de Grenoble, 1880, pages 21, 22 et 120 à 244
-
SCHUERMANS :
bulletin des commissions d’art et d’archéologie, 1888, pages 72 à 74
-
H.
ROUSSET et A. BRICHET : Histoire illustrée des rues de Grenoble, 1893,
pages 21 et 22
-
G.
de MANTEYER : le nom et les deux premières enceintes de Gap, 1905, page 48
-
H.
BLANCHET : les enceintes romaines de la Gaule, 1907, pages 148 à 151
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, pages 10 à 14
-
A.
GRENIER : Manuel d’archéologie romaine, I, 1931, page 413
-
P.
THEVENON : en suivant l’enceinte romaine, BSDEA n° 185, 186, 187, 1948,
pages 4 à 7
-
R.
P. HOSTACHY : les vraies origines de Grenoble, 1962, pages 52 à 54
-
R.
GIRARD : les remparts gallo romains de Grenoble et le prolongement de la
rue de la République, BSDEA, 1963, pages 171 à 178
-
GALLIA,
T XXII, 2, pages 519 à 526
-
M.
LEGLAY, A. PELLETIER, A. BOCQUET : découvertes récentes dans la
circonscription de Grenoble, actes du 89ème congrès des Sociétés
Savantes, Lyon, 1964, pages 106 à 113
-
M.
RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1969, pages 1, 2, 6, 68, 69, 88, 89,
133 et 134
-
R.
ETIENNE : défense et illustration de Bordeaux antique, Archéologia n° 47,
juin 1972, pages 39 et ss
-
M.
MERCIER : histoire des fortifiactions de Grenoble de l’an 43 avant J. C. à
1900, 1976, pages 19 à 25
-
V.
CHOMEL (direction) : Histoire de Grenoble, 1976, pages 33 et ss
-
G.
DUBY (direction) : Histoire de la France urbaine, 1980, pages 404, 406 et
407
-
J.
PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, 1983, pages 297 et 298
-
Des
Burgondes à Bayard, 1000 ans de moyen âge, 1984, page 52
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R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens, GAF n° 9, 1986, pages
11 à 14
-
R.
BEDON, R. CHEVALIER, P. PINON : architecture en Gaule romaine, 1988, pages
49, 104, 106, 108, 113 et 193
-
A.
de MONTJOYE : évaluation du patrimoine archéologique… Grenoble, 1990,
pages 23, 24 et 66
-
E.
CHATEL : étude sur les portes de l’enceinte gallo romaine de Grenoble
d’après deux dessins du 16ème siècle, Cahiers archéologiques n° 38,
1990, pages 17 à 24
-
DRAC
I, 1991, pages 65 ç 70
-
N.
DUVAL et alii : naissance des arts chrétiens, atlas des monuments
paléochrétiens de la France, 1991
-
J.
BOURDON et H. ROUGIER : Histoire du Dauphiné, T 1, 1992, page 103
-
CAG
38/1 : 1994, pages 69 à 75
-
C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1992-1993, page
209 ; 1994-1995, page 240 ; 1995-1996, pages 218 et 219
-
J.
P. JOSPIN : Archéologia n° 335, juin 1997, page 30
-
GALLIA
Informations, 1996, pages 102 et ss
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET et A. de MONTJOYE : autour du groupe épiscopal de
Grenoble, DARA, 1998, pages 38 à 49
II –
CHAPITRE II : LE POSTE ROMAIN DU NERON : DEFENSE AVANCEE DE CULARO
La
tradition a toujours fait du Néron un poste de surveillance militaire du bas
empire à l’époque où Cularo s’est fortifiée (supra, chapitre I).
Les
vestiges découverts entre 1895 et 1911 par H. Müller à l’extrémité sud du rocher,
à environ
Des
postes de vigie similaires existaient peut être à d’autres emplacements et,
notamment, à Pariset, au Mont Rachais, à Comboire, à Saint Loup, au Cornillon,
à Rochefort, aux Quatre Seigneurs…
Mais
celui du Néron est le seul qui ait été étudié à ce jour.
Accès :
Dans
l’antiquité, l’accès au site se faisait par la face est du Néron.
Un
vieux chemin, suffisamment large pour faire passer un attelage, part de
l’actuel hameau de la Rivoire et aboutit à l’escarpement rocheux en se
rétrécissant sur les cents derniers mètres.
Pour
franchir la falaise, le chemin avait été taillé en encorbellement dans le
rocher. Des entailles en queue d’aronde servaient à coincer des poutres sur
lesquelles était fixé un platelage destiné à élargir le chemin. A l’endroit
d’une fissure naturelle, une passerelle en bois avait été aménagée, semble
t-il, pour assurer une continuité à la construction comme le montrent les
différents encastrements pratiqués dans le rocher.
Cette
passerelle dut rapidement disparaître après l’abandon du site, ce qui explique
que, lors de sa découverte, H. Müller ait été confronté à ce qu’il nomme un
« haitus » l’obligeant à accéder au plateau par le sentier de la
corniche.
Afin
de faciliter l’accès au poste romain tout en rendant au chemin sa probable
apparence antique, une nouvelle passerelle de poutrelles métalliques fut
établie en 1910 à l’initiative d’H. Müller et de la Société des Alpinistes
Dauphinois.
Au-delà
de l’emplacement de la passerelle originelle, des encoches ont été interprétées
comme étant destinées à recevoir des barrières ou pour constituer l’armature
d’une cabane en bois (guérite ?).
Enfin,
au bord du chemin d’accès, H. Müller devait découvrir un squelette entouré de
tuiles et recouvert d’une couche de terre : il pensait qu’il s’agissait
peut être d’un ouvrier du chantier du chemin décédé accidentellement.
Le poste ou
refuge :
Le
chemin d’accès aboutit à une petite prairie (lieudit Pré Rencurel) dans
laquelle deux emplacements de constructions rectangulaires ont été
sondés : l’une de ces constructions possédait un sol fait de briques
pilées et de chaux grasse, l’autre de grandes dalles en terre cuite de
A
proximité se trouve une citerne de
Tel
était implicitement l’avis d’H. Müller qui voyait dans les considérables
travaux d’aménagement du Néron une origine militaire probante.
Autour
de la citerne, ses sondages ponctuels ont livré des débris de verre, de
poterie, des clous, un anneau en fer, trois fragments de bronze et beaucoup de
tuile.
A
une centaine de mètres de la citerne, vers l’est, à proximité d’une sente
paraissant avoir été aménagée à la même période, H. Müller devait découvrir un
fond d’habitat, de forme ovale, constitué par des murs en petits blocs dans
lequel gisaient des fragments de vases en pierre ollaire, du verre, quelques
débris céramiques et des tuiles.
Autres sites :
-
lieudit
« premier Pré Néron » : nombreux fragments de tegulae découverts
en juin 1896
-
lieudit
« deuxième Pré Néron » : petit silex et fragments de céramique
gallo romaine
-
lieudit
« Clapier du Dromadaire » : débris céramiques antérieurs au 4ème
siècle, tuiles, silex taillé, broyeur en quartzite
-
sentier
d’Aiguebelle : nombreux débris de tuiles
-
grotte
de l’Ermitage : fouillée en octobre 1893, elle a livré une hache en pierre
polie, des pointes de flèches en silex, des silex taillés, des perles en
colliers de pierre (époque néolithique) insi que de la céramique gallo romaine
et de nombreuses tegulae.
Bibliographie :
H.
MULLER :
-
Encore le Neyron, Revue des Alpes Dauphinoises, 10ème année, n° 3,
septembre 1907, pages 257 à 261
-
Comment furent édifiés le refuge et le poste gallo romain du Neyron, Revue
Montagnarde n° 24, 15 décembre 1911, pages 369 à 375
-
Note sur le chemin et le poste gallo romains, tiré à part de l’Annuaire de la
Société des Touristes du Dauphiné, 1912
J.
P. JOSPIN : poste et chemin romains du Néron à Saint Martin le Vinoux,
Archéologie chez vous n° 10, 1992, page 33
CAG
38/1 : page 171
J.
P. JOSPIN : la vallée de l’Isère à l’époque romaine, Archéologia n° 335,
juin 1997, page 30
Nota : l’orthographe « Neyron »
retenue par H. Müller est sans nul doute beaucoup plus exacte que celle qui
prévaut aujourd’hui ou celle qui a eu court jadis de « casque de
Néron ». Bien évidemment ce rocher, nonobstant ses vestiges romains, n’a
strictement rien à voir avec l’empereur Néron. Son appellation et sa
signification originelle, le « Neiro », traduisent sa couleur tirant
sur le noir.
CHAPITRE
III – LA BASTILLE ET LE MONT RACHAIS
I – LA
BASTILLE : un site d’oppidum ?
Nombre
d’historiens ont été tentés de voir dans la colline de la Bastille qui domine
la rive droite de l’Isère l’emplacement d’un site d’oppidum dont nulle trace
n’a cependant jamais été retrouvée. Le nom originel de cette colline
« Mont Asson » semble néanmoins confirmer cette hypothèse : Mont
du gaulois Accus ?
Le
toponyme originel aurait pu être romanisé en Accius, donnant au moyen âge Mont
Asson (Montasson en 1092), puis Mont Esson (Monte Essuto en 1107, Mons Eisut en
1110, Mos Essonem en 1231). En 1516, on trouve la désignation « Mont
dessou », la forme actuelle « la Bastille » n’apparaissant que
sous Lesdiguières en 1591 avec les premières fortifications de cette « bastide ».
De
la céramique grossière et des éclats de silex trouvés en 1914 sur la plateforme
supérieure ont laissé à penser à H. Müller puis à A. BOCQUET que ce magnifique
replat avait pu constituer, dès la préhistoire, un site défensif exceptionnel.
Mais, sur les flancs et le sommet de la colline, les effets de l’érosion joints
aux bouleversements occasionnés par la construction, à la fin du 16ème
siècle puis à partir de 1830, d’ énormes fortifications peuvent expliquer
l’absence de traces probantes.
Bibliographie :
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930
-
A.
BOCQUET : l’Isère préhistorique et protohistorique, 1968, page 99
-
J.
BRUNO : le Graisivaudan : toponymie et peuplement d’une vallée des
Alpes, 1977, page 40
II – LE
REFUGE DU MONT RACHAIS
Sur
la crête du Mont Rachais - (dont le nom parait dériver de « radix »,
racine, était-ce le lieu où l’on coupait le bois ? Cette forme est connue
dès le 13ème siècle « mons qui dicitur rashet » évoluant
peu ensuite « ad montem raches » (1308), « Mons Rochas »
(1413), « Montis Rachacii » (1413) – au point de rupture de la pente
nord est de la montagne (commune de Saint Martin le Vinoux), à une altitude
proche de
Quel
rôle exact peut-on assigner à ce dispositif ? Quelle est au surplus son
origine ? Est-on en présence d’un site de défense de la partie sommitale
du Mont Rachais en un point vulnérable qui n’offre pas d’escarpements
rocheux ? Complète t-il les ensembles défensifs qui, plus bas, ont pu
exister sur la plate forme supérieure de la Bastille ?
Mais
on est là trop loin de Grenoble pour supposer une relation directe entre ce
lieu et l’habitat de la plaine.
Par
analogie avec les structures défensives du « Camp de César’ à Plan, dans
la Bièvre, J. P. Jospin a proposé de dater la levée de terre du Mont Rachais de
la Tène finale.
Pour
leur part, V. Piraud et H. Müller y voyaient « un refuge… encore fréquenté
au 3ème siècle de notre ère ».
Bibliographie :
-
H.
MULLER : note sur les stations préhistoriques en plein air des environs de
Grenoble, AFAS, 33ème session, 2ème partie, 1904, page
1005 et les origines de Grenoble, 1930, page 5
-
V.
CHOMEL (direction) : Histoire de Grenoble, 1976, page 25
-
J.
BRUNO : le Graisivaudan : toponymie et peuplement d’une vallée des
Alpes, 1977, page 176
-
J.
P. JOSPIN : la levée de terre (protohistorique ?) du Mont Rachais à
Saint Martin le Vinoux, Archéologie chez vous, n° 10, 1992, page 24
-
CAG
38/1 : page 171
CHAPITRE
IV : UN PORT ANTIQUE ?
En
1899, les travaux de fondation de la partie basse du Palais de Justice bordant
la rue Guy Pape ont fait découvrir, près du mur de l’enceinte du bas empire,
une grande quantité d’amphores brisées, de nombreuses tuiles et autres débris.
Ceci
conduit à s’interroger sur l’éventualité d’horrea
fluviaux qui auraient pu être installés
à cet emplacement au bord de l’Isère dont Dion Cassius atteste qu’en 61 avant
notre ère elle était navigable et que les riverains de la basse Isère avaient
de nombreuses barques. De fait, l’Isère fut navigable durant tout le moyen âge
et jusqu’au 19ème siècle d’ailleurs, du moins dans sa partie
occidentale.
Ce
présumé port aurait pu être situé à l’emplacement de l’actuelle place de
Bérulle.
Bibliographie :
-
DION
CASSIUS : Histoire romaine, Didot, 1845-1870, page 37, 47 et 48
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 14
-
G.
BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, page 303
-
V.
CHOMEL (direction) : histoire de Grenoble, 1976, page 26
-
P.
DREYFUS : Grenoble de Csar à l’Olympe, 1980, page 24
CHAPITRE
V : LE FRANCHISSEMENT DE L’ISERE
I – Un
gué sur l’Isère ?
II –
PONTS SUR L’ISERE :
a) le
premier pont :
La
chronologie historique et la problématique de l’emplacement du premier pont
édifié par Lucius Munatius Plancus sont exposées ci après dans une synthèse
spécifique (L. Munatius Plancus à Cularo).
On
observera que Plancus parle trois fois dans ses correspondances à Cicéron de ce
pont dont il était très fier :
-
ainsi
mesure t-il, le premier, la portée de son exploit à la largeur de ce fleuve
qu’il qualifie de « très grand » (flumine
maximo) sur lequel il a réussi le prodige de construire un pont en un seul
jour (X, 15),
-
puis,
avant de quitter Cularo, dans un souci de consolidation de son œuvre, il crée
deux redoutes de têtes de pont, renforçant la jetée par l’amas de pierres
énormes (X, 18)
-
enfin,
ce n’est pas sans amertume qu’il détruit, vingt cinq jours après l’avoir
édifié, un tel ouvrage (X, 23).
Où
était situé de pont ?
Venant
du nord (Vienne), et pour aller au sud par le territoire des Voconces, Plancus
devait nécessairement traverser l’Isère ce qu’il ne fait qu’une quinzaine de
jours après son arrivée. Si l’on admet que Cularo était située sur la rive
gauche de l’Isère (Supra, chapitre IV,1, 1ère partie) il aurait dû,
pour l’atteindre, traverser préalablement l’Isère.
Or,
sa lettre du 6 juin 43 avant notre ère à Cicéron est sans équivoque possible.
Elle a été écrite après la destruction du pont et pourtant elle est datée de
Cularo, là même où le rejoindra peu après Decimus Brutus qui, empruntant la
voie du Petit Saint Bernard, arrivera nécessairement par la rive nord de
l’Isère, c'est-à-dire se présentera à Cularo rive droite.
Face
à cette évidence historique on est conduit à considérer qu’au moment des faits Cularo
était implanté nécessairement rive droite et ne s’était pas encore développé
rive gauche à moins qu’il n’y ait déjà eu une agglomération double.
C’est
sans doute pour résoudre ce problème délicat que C. Jullian avait supposé que
ce que Plancus appelait « Isara » était le Drac et que la traversée
avait eu lieu à Pont de Claix. Mais il s’agit là, selon les termes du doyen
Perrochat d’une « explication désepérée » d’autant en effet que l’
« Isara » de Plancus semble parfaitement correspondre à l’ « Esaras »
(ou Scara) grecque que mentionne Polybe à propos d’Hannibal.
En
considérant, avec tous les autres auteurs, que le pont de Munatius Plancus
avait été effectivement construit sur l’Isère, où était-il situé ?
On
a toujours admis qu’il fallait le situer à l’emplacement du « pont
suspendu » du 19ème siècle débouchant face à l’entrée de la rue
Saint Laurent. Tel a été du reste le choix officiel fait pour la
« commémoration du bimillénaire » en 1957 avec l’apposition d’une
plaque au droit du débouché supposé du pont de Plancus :
L’AN 43 AVANT J. C. COMMEMORATION 6
JUIN 1957 (1)
DV SEJOVR EN CES LIEUX DU PROCONSVL CITE
POUR LA PREMIERE FOIS LE NOM DE
LVCIVS MVNATIVS PLANCVS QUI DANS CVLARO BERCEAU DE GRENOBLE OU
IL JETTE LE
SA LETTRE A CICERON ECRITE IL Y A 2000 ANS PREMIER PONT SUR
L’ISERE AVEC SES LEGIONS
SOVS LES AVSPICES DE LA MVNICIPALITE LE ET
DE
DOCTEVR MARTIN ETANT MAIRE L’ACADEMEMIE
DELPHINALE (1)
Mais,
à bien y regarder, cet emplacement était le plus rationnel sinon le seul
possible. Il faut se souvenir, en effet (et de la méconnaissance de ce fait est
sans doute née l’hypothèse formulée par C ? Jullian) que le Drac, dans son
ancien lit, rejoignait l’Isère aux pieds de la Bastille : e, effet, en ce
point précis les deux rivières pouvaient donner les apparences d’un « flumine maximo » (2)
(1)
laquelle ne tombait juste qu’à la condition d’admettre, au changement d’ère,
une « année zéro » qui, évidemment n’esxistat jamais. Elle eut donc
lieu, manifestement, un an trop tôt. Ne fallait-il pas, somme toute, attendre
le 6 juin 1958 ?
(2)
on sera néanmoins prudent sur cette explication car l’appellation spécifique de
fleuve est « fluvius »,
mot que César n’emploie jamais. Il utilise en effet le mot « flumen » (ce que fait également
Plancus), mot passe partout appliqué indistinctement à n’importe quel cours
d’eau important ou secondaire.
Le
contexte de l’époque est des plus délétères : Marc Antoine, ancien légat
de César, consul en exercice, prétendant être son successeur et ayant décidé de
ravir à Decimus Brutus, l’un des conjurés de Mars, le gouvernement de la
Cisalpine l’assiège dans Modène. Le sénat riposte en dépêchant deux armées
contre lui et informe les gouverneurs des provinces transalpines : Lépide
(M. Aemilius Lepidus) en Narbonnaise, Asinius Pollion en Bétique et Plancus en
Gaule Chevelue de la trahison d’Antoine, leur enjoignant de marcher sans tarder
contre lui.
Plancus
quitte Lyon le 6 des kalendes de mai (26 avril 43), passe le Rhône, descend à
Vienne et envoie au devant de lui 3000 cavaliers en direction de l’Italie par
le col du Petit Saint Bernard (Ad Familiares, X, 9, 3).
Lui-même
hésite « scrutant l’horizon lointain » ou Octave, petit neveu de
César, fils adoptif de l’impérator qui, à sa mort, avait pris le nom de C.
Julius Caesar Octavianus, s’affrontait à Marc Antoine dans ce que l’histoire a
appelé depuis « la guerre de Modène » ne voulant se décider à
rejoindre l’une ou l’autre des armées qu’à bon escient nonobstant les
directives que Cicéron ne cessait de lui faire tenir.
Lorsqu’il
apprend de ce dernier la victoire du Sénat – vers le 21 avril – il s’arrête,
rappelle ses cavaliers et campe à Cularo (X, 11, 2).
Lépide
apprenant à son tour cette bataille et le fait que les vaincus, Marc Antoine et
son frère Lucius, venaient de leur coté chercher des renforts en Gaule quitte
alors les abords d’Avignon il était cantonné et installe ses légions à Forum Voconii (aujourd’hui les Blais
dans le Var entre le Luc et Vidauban).
Aux
environs du 12 mai 43, Plancus « des bords de l’Isère » écrit à
Cicéron pour l’informer de son départ de Cularo (X, 15, 3) : « Lépide
m’a engagé sa foi et dit que s’il ne pouvait empêcher Antoine de pénétrer dans
sa province, il entrerait en guerre contre lui : il m’a demandé de le
rejoindre et d’unir nos forces. Et ainsi, ayant
construit en un jour un pont sur l’Isère, grand fleuve qui est aux frontières
des Allobroges, je l’ai traversé le 12 mai avec mon armée… ». (« Itaque in Isara flumine maxilo quod in finibus Allobrigum ponte uno die
facto exercitum ad quartum idus maias traduxi…).
Pour
Camille Jullian, « Isara » au nom pourtant significatif, serait en
fait le Drac, davantage susceptible selon lui de répondre au qualificatif de
« flumine maximo ». Le pont
de Plancus aurait été ainsi construit pour lui (mais de tous les auteurs il est
quasiment le seul à avoir soutenu cette thèse) à hauteur du pont de Claix et
son armée aurait campé (à compter du 14 mai ?) sur l’autre rive (supra
« les ponts sur l’Isère »).
C’est
là sans doute que l’on doit placer la lettre X, 21 de Plancus : « …
je t’ai écrit il y a deux jours que j’avais confiance dans Lépide… Mais (à la
suite semble t-il d’une lette qu’il vient de recevoir de celui-ci disant de ne
pas venir le rejoindre) je vais revenir en arrière et je ne fournirai pas à des
traîtres une pareille aubaine » (X, 21, 2).
Le
18 mai, il est toujours sur la rive
gauche de l’Isère. Entre-temps, la lettre X, 13 de Cicéron (milieu de mai)
l’informe du senatus consulte pris
sur sa proposition en son honneur au reçu de la lettre X, 9 annonçant le
passage du fleuve et l’exhorte à terminer la guerre contre Antoine.
Le
21 mai 43, nouvelle lettre de Plancus à Cicéron : « j’ai donc quitté
mon camp de l’Isère le 19 mai après avoir muni de deux redoutes les têtes de
pont que j’avais fait construire sur ce fleuve (Castellis duobus ad capita
positis) et j’y ai laissé des troupes suffisantes pour les défendre afin que
Brutus, en y arrivant avec son armée, puisse traverser le pont sans retard…
Quant à moi, j’espère que dans huit jours à dater de cette lettre, je ferai ma
jonction avec les troupes de Lépide » (X, 18, 2).
Ainsi,
de Cularo à Forum Voconii, n’y avait-il, aux dires de Plancus, que huit jours
de marche. Est-ce à dire que la route était bonne et sure ! Elle existait
sans doute bien avant l’arrivée des romains : « vieux chemin –
écrivait C. Jullian – qui, depuis Grenoble, monte et descend sans cesse à
travers les vallées et les contreforts des Alpes, cette route est peut être la
plus paysanne des Gaules ».
De
fait, entre ces deux points, par le territoire des Voconces, le col de la Croix
Haute, Sisteron et Riez vont circuler de manière quasi ininterrompue entre mai
et juin 43 courriers et armées.
Mais,
dans le même temps, Marc Antoine arrive à Fréjus le 15 mai (X, 17, 1) sans
doute par la route du littoral, le légat de Lépide ayant vraisemblablement
livré le passage : c’est ainsi qu’il campe, face à Lépide, de l’autre coté
du « Pons Argentus », le pont sur l’Argens, au sud de Draguignan et
des Arcs.
Le
29 mai, au lieudit actuel « les Quatre Chemins », Antoine s’unit à
Lépide et les deux armées, désormais alliées, marchent alors contre Plancus.
Durant ce temps, Décimus Brutus d’Ivrée remonte à marche forcée la vallée de la
Doire, franchit les Alpes par le Petit Saint Bernard et, par la rive droite de
l’Isère, cherche à rejoindre Cularo et Plancus.
Lorsque
ce dernier apprend le revirement de Lépide et sa jonction avec Antoine, il se
trouve campé à
Alors,
Plancus retourne sur ses pas, repasse l’Isère – le Drac selon C. Jullian – et
coupe le pont qu’il avait fait édifier.
C’est
alors la célèbre lettre du 6 juin 43 à Cicéron expédiée de Grenoble :
« Octavo idus junias Cularone ex
finibus Allobrogum ».
« Je
ne regretterai jamais, mon cher Cicéron, de m’être exposé aux plus grands
dangers pour le service de la patrie, pourvu que, s’il m’arrive malheur, on ne
le reproche pas à ma témérité. Je confesserais mon imprudence si j’avais
vraiment eu confiance en Lépide… Sur quoi donc faire tomber le reproche ?
Sur ma pudeur, vertu très périlleuse dans la guerre qui m’a forcé de subir
cette aventure… Je craignais, en restant dans le même lieu, que mes ennemis
pussent penser que ma haine contre Lépide était trop opiniâtre et que je
cherchais à prolonger la guerre par mon inaction. C’est pour cela que j’ai fait
avancer mes troupes presque en vue de Lépide et d’Antoine et que je me suis
arrêté à 40 000 pas d’eux pour avoir la possibilité de les approcher
promptement ou de me retirer sans difficulté… A cette précaution, j’ai ajouté
celle de choisir un lieu favorable, entre l’ennemi et moi, un grand fleuve qu’on
ne pouvait traverser que lentement et d’être à portée du territoire des
Voconces sur lequel ma retraite fut assurée… » (1)
(1)
ce
grand fleuve qui le met en sécurité, proche du territoire des Vocontii, ne peut
être, selon G. Barruol, que le Verdon entre Bauduen (Var) et Sainte Croix du
Verdon (Alpes de Haute Provence).
« Lépide,
désespérant de me voir arriver se joignit à Marc Antoine le 29 mai et, le même
jour, ils mirent en mouvement vers moi leurs troupes réunies. Ils n’étaient
plus qu’à 20 000 pas lorsque la chose me fut annoncée. Grâce à la faveur
des dieux, je me hâtai de me retirer sans avoir l’air de fuir. Il n’est tombé
entre les mains de ces forcenés brigands ni un homme, ni un cheval, ni même un
bagage. Et ainsi, la veille des no,es de juin – le 4 juin – mes troupes avaient
toutes repassé l’Isère et les ponts que j’avais fait jeter étaient rompus. Mes
hommes auront ainsi quelques jours de repos et je pourrai faire ma jonction
avec mon collègue Décimus Brutus que j’attends sous trois jours » (XI, 23,
2).
Il
convient de noter que Plancus dit ici « les ponts » et non « le
pont » comme dans X 15, 3, X 21, 12 et 18, 4. Faut-il y voir un pont formé
de plusieurs palées ?
De
fait, les légions de Brutus (dix légions ?) arrivent à Cularo aux environs
du 7 juin 43 ; Les deux armées semblent alors y séjourner car Plancus et
Brutus envoient alors au sénat un rapport officiel que l’on estime avoir été
adressé de Cularo vers la mi juin 43 (XI, 13a).
Il
y a ensuite entre les forces désormais en présence (celles d’Antoine et de
Lépide d’une part, celles de Plancus et de Brutus d’autre part) une série
d’escarmouches sur la route de Cularo à Forum Voconii, mais aussi de
négociations (XI, 13, 4).
On
connaît l’épilogue ! Tout finit par le triomphe diplomatique d’Antoine. En
juillet 43, l’armée d’Espagne Ultérieure, commandée par Asinius Pollion, vient
le rejoindre, sans doute par la Via Domitia.
Plancus
fait alors la paix avec Antoine et Lépide et Décimus Brutus, laissé seul, tente
de revenir de Cularo à l’Italie par le petit Saint Bernard pour y combattre
Octave. Arrêté par les hommes de ce dernier vers Aoste, il passe alors le Grand
Saint Bernard pour gagner le Rhin par la Franche Comté et, de là, tenter de
rejoindre Aquilée par le Rhétie et le Tyrol. Il est pris entre Besançon et le
Rhin par un chef Séquane (Camilos, Camillos ?) et tué.
Dans
le même temps, vers le 10 juillet 43, Plancus reçoit l’ordre du sénat de fonder
la colonie de Lugdunum, ce qui sera chose faite en octobre 43 ;
Le
29 décembre 43 il est au Capitole et devient, conformément au souhait de César,
consul, suprême récompense de son dévouement à la patrie.
Pue
auparavant, le 7 décembre 43, Cicéron était assassiné par les sicaires
d’Octave.
En
cette fin de l’année 43 étaient aussi revenus sur Rome, Lépide, Antoine et
Pollion pour négocier avec Octave. Ce dernier, on le sait, saura profiter des
circonstances pour devenir, douze ans plus tard, le seul maître incontesté du
monde romain et créera l’empire qu’il conduira, sous le titre d’Auguste, de
manière remarquable jusqu’à sa mort en 14 de notre ère.
De
ces évènements, relativement bien connus grâce à la correspondance assidue
échangée entre Munatius Plancus et Cicéron et fort heureusement conservé,
plusieurs éléments doivent être mis en exergue.
-
Ces énormes passages de troupes dans le midi de la Gaule et à Grenoble, ces
courses extraordinaires font supposer, y compris dans les grandes Alpes,
l’existence de routes à la fois très praticables et sures.
-
Il
est de fait, selon la formule de C. Jullian, qu’entre avril et juin 43 avant
notre ère, le sort de Rome et du monde romain s’est bel et bien joué dans le
sud de la Gaule et, très précisément, entre Cularo et Forum Voconii.
-
Au
surplus, et pour ce qui nous intéresse ici, Cularo était donc bien un site
stratégique, peut être circonstanciel, mais sans doute de toute première
importance, relié à la fois à la Cisalpine, à Rome et à Fréjus par des routes
très praticables et sans doute en parfait état d’entretien : 12 à 13 jours
de courrier entre Cularo et Rome et moins de huit jours de déplacement d’armée
entre Cularo et Forum Voconii avec cet avantage supplémentaire d’être à
proximité du territoire des Voconces que Plancus savait sans danger pour lui.
-
On
peut en déduire que Cularo devait disposer d’infrastructures suffisantes (ou en
avait été doté ?) pour accueillir aussi durablement de telles
armées : les quatre légions de Plancus (24 000 hommes), sa cavalerie
(au moins 4000 hommes), augmentées des dix légions de Brutus (60 000
hommes) ce qui, pour l’époque et pour le lieu (surtout si le stationnement des
troupes s’était organisé sur la rive droite de l’Isère) apparaît tout à fait
considérable.
Enfin,
pour tenter de répondre à la question de la nature précise du pont
« édifié en un seul jour » sur ce « très grand fleuve » que
semblait alors être l’Isère il convient sans doute, pour mieux comprendre le
sens des écrits de Plancus de se référer au « Bellum Gallicum » de
César écrit durant l’hiver 52-51 à Bibracte où il avait pris ses quartiers.
Bien évidemment, Plancus qui avait participé à la Guerre des Gaules sous les
ordres de César (B. G. V, 24, 25) connaissait le récit que ce dernier en avait
fait. Et c’est sans doute dans le livre IV, qui se rapporte à l’année 55 avant
notre ère et plus particulièrement dans les chapitres 17 et 18 que se trouvent
les réponses aux questions jusqu’alors irrésolues. En effet, de nombreuses
analogies existent entre le récit de César et la correspondance de Plancus.
BG,
IV, 17 : « César… avait décidé de franchir le Rhin ; mais
les bateaux lui semblaient un moyen trop peu sur et qui convenait mal à sa
dignité et à celle du peuple romain. Aussi, en dépit de l’extrême difficulté
que présentait la construction d’un pont, à cause de la largeur, de la rapidité
et de la profondeur du fleuve, il estimait qu’il devait tenter l’entreprise ou
renoncer à faire passer ses troupes autrement ».
Les
motifs qui président à l’entreprise – que Caton fustigea à Rome – sont
finalement mineurs face au désir de César d’accomplir un exploit propre à
frapper les imaginations : franchir ce fleuve mythique d’une largeur
extraordinaire (
BG,
IV, 17 : « voici le nouveau procédé de construction qu’il employa. Il
accouplait à deux pieds (
(1)
les vestiges du pont de César ont été récemment découverts à Neuwirth, près de
Coblence
Et
alors :
BG,
IV, 18 : « dix jours après qu’on avait commencé à apporter les
matériaux, toute la construction est achevée et l’armée passe le fleuve ».
On
comprend dès lors mieux, face à cet extraordinaire exploit des pontonniers
romains, que Munatius Plancus, avec une technique sans doute identique, ait pu
faire édifier en un seul jour un pont sur un fleuve respectable même si sa
largeur (de l’ordre d’un dixième?) était sans commune mesure avec celle du
Rhin.
Ad
Fam. X, 15, 3 : « … ayant construit en un jour un pont sur l’Isère,
grand fleuve qui est aux frontières des Allobroges, je l’ai traversé le 12 mai
avec mon armée ».
Les
précautions prises par César sont également celles que prend, douze ans plus
tard, Plancus :
BG,
IV, 18 : « César laisse aux deux têtes de pont une forte garde et se
dirige vers le pays des Sugambres ».
Ad
Fam. X, 18, 2 : « j’ai donc quitté mon camp de l’Isère la 19 mai
après avoir muni de deux redoutes les têtes du pont que j’avais fait construire
sur ce fleuve et j’y ai laissé des troupes suffisantes pour les
défendre ».
Et,
au bout du compte, les deux ponts ont précisément le même sort :
BG,
IV, 19 : « après dix huit jours complets passés au-delà du Rhin,
estimant avoir atteint un résultat suffisamment glorieux et suffisamment utile,
il revint en Gaule et coupa le pont derrière lui ».
Ad
Fam. X, 23, 2 : « et ainsi, la veille des nones de juin, mes troupes
avaient toutes repassé l’Isère et les ponts que j’avais fait jeter étaient
rompus ».
Bibliographie
sélective :
-
CESAR :
Bellum Gallicum, livre IV
- CICERON :
Epistulae ad Familiares (traduction E.
Bailly), livres X
et XI
-
HOEFER
: nouvelle biographie générale, 1863, T 40, pages 403 et 404
-
C.
JULLIAN : histoire de la Gaule (réédition 1993), I, pages 1148 et 1149
-
H.
BLET, E. ESMONIN, G. LETONNELIER : Cularo, origine de Grenoble, le
Dauphiné, recueil de textes choisis et commentés, 1938, pages 14 et 15
-
J.
B. MOREL : Munatius Plancus à Cularo (43 avant J. C.), bulletin de
l’Académie Delphinale, 6ème série, T XV-XVIII, pages 397 à 421
-
Doyen
PERROCHAT : étude de la correspondance bimillénaire de Cicéron et de
Plancus, bulletin de l’Académie Delphinale, juin 1957, pages CXCVIII à CCVI
-
R.
P. HOSTACHY : les vraies origines de Grenoble, 1962, pages 34 à 41
-
M.
RAMBAUD : Munatius Plancus, gouverneur de la Gaule et L. Munatius Plancus,
officier de César, Mélanges d’archéologie, d’épigraphie et d’histoire offerts à
Jérôme Carcopino, 1966, pages 787 à 810
-
J.
F. MICHAUD : biographie universelle ancienne et moderne, édition 1968, T
33, page 475
-
G.
BARRUOL : les peuples pré romains du sud est de la Gaule, 1969, pages 71,
279 à 281, 296 et 297
-
J.
P. CLEBERT : la Provence gallo romaine, 1970, pages 136 et 137
-
P.
M. DUVAL : la Gaule jusqu’au milieu du Vème siècle (les sources de
l’histoire de France), T 1, 1971, pages 266 et 267
-
J.
MOREAU : dictionnaire de géographie historique de la Gaule et de la
France, 1972, pages 333 et 338
-
M.
MERCIER : histoire des fortifications de Grenoble de l’an 43 avant J. C. à
1900, 1976, pages 17 et 18
-
A.
AUDIN : Lyon miroir de Rome dans les Gaules, 1979, pages 52 à 62
-
A.
PELLETIER : Vienne antique, 1982, pages 35 à 37
-
Archéologie
nouvelle, n° 19, mars 1996, pages 16 à 18
-
C.
GOUDINEAU : César et la Gaule, 1996, pages 189 et 190 (avec maquette du
pont sur le Rhin).
IV – DE
CULARO A FORUM VOCONII : LA ROUTE DE L. MUNATIUS PLANCUS
La
voie parcourue en 43 avant notre ère par Munatius Plancus et ses légions peut
être globalement reconstituée dans son tracé avec de bonnes probabilités,
notamment dans toute sa partie méridionale (1)
(1)
pour
une étude détaillée de cette voie, voir dans le présent site Internet la
rubrique « voies romaines ».
De
Cularo à Davianum (Veynes, Hautes Alpes), (voir également infra, chapitre XXI,
voie 4), si elle est à peu près déterminée, elle conserve néanmoins une large
part d’extrapolation dans certains secteurs en raison, notamment, d’absence
totale de découverte de milliaires ou de sites de statio. Elle n’est donc proposée ici qu’à titre d’hypothèse.
Passant
à Varces (poste frontière ?) puis à Vif (mansio ou vicus) la voie est
incertaine ensuite : Monestier de Clermont ? Col du Fau ?
Clelles ? Saint Maurice en Trièves ? Elle passait ensuite
vraisemblablement au col de la Croix Haute, au Grand Logis, à Saint Julien en
Beauchêne, à la Faurie et arrivait à Veynes, seule mansio attestée.
Elle
passait ensuite au sud est d’Aspres sur Buech, où elle a été repérée à la
Beaumette, et se dirigeait sur la Bâtie Montsaléon, mansio attestée (Mons Seleucus). Elle devait ensuite gagner Serres
puis Eyguians et Laragne. De là, par la rive droite du Buech, elle gagnait
Ribiers, emplacement d’une agglomération secondaire où la voie a été repérée au
nord du bourg jusqu’aux Autarets (autel ?) puis Sisteron (Segustero).
Le
franchissement de la Durance se faisait sur un pont aujourd’hui disparu, situé
selon toute probabilité au niveau de la Clue de la Baume. Suivant le tracé de
l’actuelle D 4, le voie traversait les territoires de Salignac et de Volonne et
arrivait à l’Escale, mansio probable
(Scala). Dans ce secteur, son tracé était commune avec celui de la voie Vence –
Digne – Sisteron. Cet itinéraire se perpétuera dans celui de la Route Royale
puis Route Napoléon, longeant la rive gauche de la Durance.
Entre
le Bourget et l’Escale et Volonne, au débouché du ravin de Pierre Taillée, se
voit encore un impressionnant passage aménagé dans le rocher pour la route
antique.
La
voie se poursuivait ensuite sur l’actuelle commune de Mirabeau où, aux abords
de Beauvesel, se joignaient la voie de Sisteron à Digne et la voie de la vallée
de la Bléone à Riez.
De
la vallée de la Bléone à celle de l’Argens, son tracé est attesté par douze
milliaires du haut empire. Une station (mutatio ou mansio) (1) semble avoir
existé aux
(1)
mutatio,
mutationes : relais (de mutare, changer
(les équipages), mansio, mansiones : de manere, demeurer (où l’on passait la nuit). Généralement, les
mutationes étaient situées à des intervalles variant entre 7 000 et
12 000 pas (10,5 à
Abords
de la chapelle Saint Christol (Ad Estradas). Empruntant la rive droite de la
Bléone (actuelle N 85), la voie traversait la commune de Malijai puis celle de
le Chaffaut Saint Jurson du nord au sud (milliaire présumé au lieudit « la
Croix »). Sur la commune de Mallemoisson elle franchissait la Bléone à son
confluent avec la Duyes. Elle est bien attestée sur le territoire de Saint
Jeannet par la présence de deux milliaires et elle correspond à l’actuelle RD 8
jusqu’à Bras d’Asse (milliaire). Mal localisée sur la commune de Puimoisson
(tracé sans doute plus direct que l’actuelle RD 953), la voie arrivait alors à
Riez, chef lieu des Reii, qu’elle traversait avant de se continuer au sud est
par le vallon de Val Vachères. De là, elle traversait la commune de Montagnac,
passait au col de la Fare et se dirigeait dans la région du Verdon où son
tracé, longtemps imprécis, a été reconnu en 1968 par G. Barruol.
Dans
un secteur aujourd’hui englouti dans les eaux du lac de Sainte Croix, elle a
été repérée sur une trentaine de mètres en entaillement de la falaise et
aménagement rupestre. Elle franchissait alors le Verdon sur un pont immergé
mais partiellement conservé et traversait la commune de Bauduen dans le Var
(milliaire). C’est dans ce secteur, « non loin du territoire des
Vocontii » que Munatius Plancus fit sa halte stratégiquement réfléchie.
Par
la source de Fontaine l’Evêque (Sorps), aujourd’hui immergée, la voie gagnait
ensuite Vérignon où quatre milliaires ont été découverts puis se dirigeait sur
Ampus, probable station (Emporia ?) où deux milliaires ont également été
découverts. Elle passait à Notre Dame de Spéluque, Lentier et Bilotte et
arrivait à la station d’Antea sur le territoire de Draguignan (quartier actuel
des Salles à deux km à l’ouest de Draguignan) où R. Chevallier voit un possible
forum. De là, prenant une direction
plein sud, elle se dirigeait par Valbourgès (milliaire) sur les Arcs. Le
« Pons Argenteus » n’existe plus de nos jours, ses dernières traces
ayant disparu à l’époque contemporaine. L’actuel camping de l’Argens occupe
l’emplacement de ce site historique et le lieudit « les Quatre
Chemins » témoigne du souvenir du croisement de la voie de Cularo à Forum
Voconii et de la Via Aurelia.
De
là, la voie gagnait le « Forum Voconii », traditionnellement situé au
lieudit « les Blaïs » entre Vidauban et le Luc que R. Chevallier
place toutefois au Muy ce qui semble plus évident mais est néanmoins
incompatible avec les distances portées sur la Table de Peutinger.
Du
Pont d’Argens, la voie se mêlant alors avec la Via Aurelia gagnait le Muy
(milliaire) et Forum Iulii (Fréjus) par Puget sur Argens (milliaire) et le pont
des Esclapes toujours conservé.
Bibliographie
sélective :
-
G.
BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 71,
80, 280, 281 et 296
-
J.
P. CLEBERT : Provence gallo romaine, T 2, 1970, pages 136, 137, 243, 248
et 249
-
P.
A. FEVRIER : Fréjus (Forum Julii), 1977, pages 7, 13, 20 et 23
-
G.
BARRUOL : les agglomérations gallo romaines des Alpes du sud dans Villes
et campagnes en Gaule romaine, 1998 ; ouvrages routiers antiques à Sainte
Croix du Verdon et à Riez, R. A. N. 1986, pages 133 à 158
-
Collectif :
archéologie dans les Hautes Alpes, 1991, pages 229 et 230
-
G.
THIOLLIER ALEXANDROWICZ : itinéraires romains en Fance, 1996, pages 332 et
33
-
CAG
05, 1995, pages 44, 55, 62, 107, 118 et 157
-
CAG
04, 1998, pages 63, 64, 67, 181, 401, 403, 412 et 413
-
R.
CHEVALLIER : les voies romaines, 1997, pages 200 et 201
-
J.
C. MICHEL : les voies romaines du Trièves, bulletin des AVG n° 43 et 44,
1999
CHAPITRE
VI – ALIMENTATION EN EAU ET DISTRIBUTION D’EAU
I –
AQUEDUC(s) ?
H.
Müller mentionne la découverte, en 1884, dans la quartier de Chalemont, d’une
série de courts tuyaux de facture romaine creusés dans la pierre de
l’Echaillon. Mais le faible diamètre de ceux-ci (
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 20
A
la Tronche, chemin de la Viotte, au début du 20ème siècle à
l’occasion de la découverte d’un « bassin romain circulaire » ont été
observés les restes d’un « canal en pierre » (aqueduc ?).
-
J. J. A. PILOT : les monuments du département de l’Isère, bulletin de
l’Académie Delphinale, I, 1842-1845, page 66 et précis statistique des
antiquités du département de l’Isère, BSSI, 3, 1843, page 123 ;
II –
TUYAUX EN PLOMB
Un
seul tuyau en plomb est mentionné parmi les vestiges de l’alimentation en eau,
celui découvert en 1962 lors du prolongement de la rue de la République, à
l’est de la construction dite « en abside ».
-
GALLIA,
1964-2, page 525
Dans
les fouilles du baptistère on a également découvert un tuyau en plomb d’amenée
d’eau au centre de la cuve baptismale.
-
C.
MAZARD : chronique du patrimoine, la Pierre et l’Ecrit, 1993-1994, page
209
III –
RESERVOIR OU CITERNE
Sur
le site du groupe épiscopal on a mis au jour en 1989 dans un bâtiment donnant
sur rue un réservoir d’une capacité maximale de
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET et A. de MONTJOYE : autour du groupe épiscopal de
Grenoble, deux millénaires d’histoire, DARA, 1998, page 63
IV –
CANIVEAUX
Sur
le même site et dans les mêmes circonstances un réseau de deux caniveaux a été
mis au jour (Op. cit. page 63).
Ces
caniveaux sont partiellement visibles dans le musée du site (salle du
baptistère).
CHAPITRE
VII : EGOUTS ET PUITS
I –
EGOUTS
Rue
du Président Carnot en 1895, à
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 27
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique,
Grenoble, 1990, page 18
-
CAG
38/1, page 74
Place
Sainte Claire, en 1906, à
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 27
-
CAG
38/1, page 74
II –
PUITS
En
contrebas de la Tour Rabot, un puits romain est signalé par H. Müller. Il
s’agirait peut être d’une citerne.
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 18
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. pages 16 et 19
-
CAG
38/1, page 73
Dans
l’îlot de l’ancienne halle, deux puits ont été découverts lors des fouilles
Müller de 1909 à 1913, l’un près de la rue Raoul Blanchard, l’autre en dehors
de l’ancienne enceinte des Jacobins.
-
J.
P. JOSPIN : Grenoble gallo romain, nouvelles données de topographie
historique, Art et archéologie en Rhône Alpes, 5, 1989, page 12
Dans
les fouilles du parking Lafayette on a découvert en 1974 un puits qui contenait
de très nombreux vestiges céramiques et métalliques.
-
B.
DANGREAUX : recherches sur les origines de Grenoble d’après l’étude du
mobilier archéologique, GALLIA 46, 1989, page 89
CHAPITRE
VIII – THERMES ET BALNEAIRES ?
8
et 10 Grande Rue en construisant en 1886 l’égout de cette rue on a découvert un
ensemble de constructions en ciment romain et un escalier « qui devait
conduire à ce que l’on suppose à la piscine d’un établissement de bains romains
qui devait exister en cet endroit ». La description ne permet pas d’en
savoir davantage. S’il s’agissait bien de thermes étaient-ce ceux d’un édifice
public ou d’une demeure privée ?
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 29
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. pages 18 et 19
2
rue Président Carnot à une date non précisée, H. Müller dit avoir découvert
deux petits bassins rectangulaires accouplés en ciment romain, recouverts de
mortier de tuileau de 1,50 x
Interprétés
initialement comme appartenant à des thermes privés, on pense maintenant que
ces bassins pourraient avoir eu une vocation artisanale et se rapporter peut
être à un atelier de foulon.
-
H.
MULLER : op. cit. page 30
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 19
-
CAG
38/1 : page 82
Lors
du prolongement de la rue de la République les fouilles de 1982 ont révélé un
bassin dont la destination est restée incertaine : bassin ornant le
péristyle d’une demeure ou piscine de thermes ?
-
Actes
du 89ème congrès national des sociétés savantes, 1964, page 111
-
GALLIA,
1964-2, page 523
A
la Tronche au 19ème siècle, près du chemin de la Viotte, non loin de
l’église Saint Ferjus on a découvert « un bain circulaire pouvant contenir
une dizaine de personnes… et les restes d’un canal en pierre ».
S’agissait-il de thermes ?
-
J.
J. A. PILOT : les monuments du département de l’Isère, bulletin de
l’Académie Delphinale, I, 1842-1845, page 66 et précis statistique des
antiquités du département de l’Isère, BSSI, 3, 1843, page 123
-
Isère
gallo romaine, I, page 123
-
M.
COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du Vème au VIIIème siècles
après J. C. campagnes des Alpes françaises du nord, 1983, page 219
-
CAG
38/1 : page 170
Les
thermes d’Uriage :
Prudhomme
dans son « Histoire de Grenoble » note l’absence probable de thermes
publics à Grenoble et en déduit que les riches familles de Cularo appréciaient
la station balnéaire d’Uriage.
Celle-ci,
avec une quinzaine de bassins et de piscines mis au jour lors des fouilles du
19ème et du 20ème siècles et une extension sur plus de
Malheureusement,
jamais aucun plan d’ensemble n’en a été dressé et l’on connaît fort mal
l’organisation spatiale de ces thermes tout autant que la nature des bâtiments
annexes (ensembles cultuels, boutiques, théâtre ?).
A
en juger par les monnaies retrouvées sur le site, l’occupation des thermes
d’Uriage s’étend du début du 1er siècle (peut être même le 1er
siècle avant notre ère ?) au 4ème siècle de notre ère.
Si
Grenoble n’eut sans doute jamais de thermes monumentaux cela pourrait peut être
par l’importance considérable des thermes d’Uriage et leur relative proxilmité
de l’agglomération antique.
La
bibliographie sur les thermes d’Uriage, qui échappent au cadre de l’étude
impartie pour ce livre, est très importante et l’on renverra, pour ce faire, au
présent site Internet (Cf. carte archéologique de l’Isère). A titre informatif
les dernières études consacrées à ce site prestigieux sont les suivantes :
-
Isère
gallo romaine, I, 1985, pages 39 à 41
-
Collectif :
l’eau en Gaule, les dossiers de l’archéologie n° 174, septembre 1992, pages 38
et 39
-
F.
PERAZZA : les thermes gallo romains d’Uriage, la Pierre et l’Ecrit,
1992-1993, pages 73 à 88
-
CAG
38/1 : pages 63 à 65
-
J.
P. JOSPIN : les thermes antiques d’Uriage, Patrimoine en Isère, pays de
Domène, 1995, pages 12 à 20
CHAPITRE
IX – EDIFICE(s) DE SPECTACLES ?
Le
constat peu paraître à la fois brutal et décevant : aucun édifice de
spectacles n’a, à ce jour, été détecté à Grenoble. Est-ce à dire pour autant
qu’il n’y en eut jamais ?
Ceci
n’est pas d’une certitude absolue. Divers éléments pourrait, au contraire,
accréditer l’idée d’un monument consacré aux spectacles.
Ainsi
pourrait-on rappeler préalablement, mais sans y attacher bien évidemment
d’autre intérêt que celui de l’anecdote documentaire ce propos de Guy
Allard : « … Le nom de Gratianopolis, urbs Gratiana, lui fut donné
parce qu’on y célébrait des jeux en l’honneur de cet empereur (Gratien) qui
furent si magnifiques qu’estant connus de tout l’empire on commença de lui
donner le nom de Ville de Gratien… ».
Plus
sérieuse est l’interrogation d’H. Müller : « Cularo possédait-il un
cirque, un théâtre ? Rien ne nous autorise de l’affirmer. Si Grenoble a eu
son théâtre, comme tant d’autres villes en Gaule romaine, c’est sur la rive
droite, adossé à la montagne, qu’il a pu se trouver et c’est derrière la
Perrière et Saint Laurent que l’on devrait en découvrir les restes… ».
Reprenant
cette hypothèse, Mme Rivière Sestier va plus loin dans la précision indiquant
que si théâtre il y avait, il devait se situer « sur les flancs de la
montagne, dans les jardins bordant les anciennes écoles chrétiennes (38, 40 rue
Saint Laurent), ceux de l’ancienne demeure des Bouvier (52 rue Saint Laurent)
et aux alentours de la Villa Terray (42 rue Saint Laurent), jardins en
escaliers et en terrasses dont les gradins recouvrent peut être un
théâtre… ».
En
outre, peut-être convient-il d’indiquer que l’on a découvert à Grenoble un
médaillon d’applique étudié plus loin (infra, 3ème partie, chapitre
XI) représentant un gladiateur et peut être un aurige et un acteur ainsi qu’un
masque miniature de théâtre en céramique (infra, 3ème partie,
chapitre XV).
La
problématique étant ainsi posée, on observera qu’un certain nombres d’éléments
plaident, à tout le moins, pour l’existence d’un édifice de spectacles à
Grenoble.
On
relèvera tout d’abord qu’en Gaule, la presque totalité des chefs lieux de
civitas avaient au moins un édifice de spectacles, de même que de très nombreux
vici.
On
notera ensuite que, même si le territoire des Allobroges est à priori moins
riche en édifices de spectacles que certaines civitates voisines, il est très
loin d’en être pour autant dépourvu. Même en exceptant Vienne qui comportait la
gamme complète de ces édifices (théâtre, odéon, cirque, amphithéâtre, stade,
gymnases, xyste) plusieurs vici ont livré des théâtres : Boutae (Annecy),
Ad Publicanos (Gilly) et le vicus des Boissons à Châteauneuf. En outre, des
théâtres ruraux auraient été repérés à Vernioz, au sud de Vienne et à Meyzieu
aux sources de Bardieu. D’autres sont supposés, notamment à Uriage. Enfin, des
inscriptions font référence à des jeux (Aquae, Aix les Bains) et à un terrain
de sport (Albinnum, Albens).
On
se souviendra enfin que, fréquemment, les villes de garnison – ce que fut
Grenoble à plusieurs reprises – possédaient un amphithéâtre militaire ou du
moins une installation sommaire pouvant en tenir lieu. L’armée de Placidianus,
dont le long séjour est bien connu (supra, 1ère partie, chapitre V,
inscription 14) aurait pu élever un édifice de ce type.
Mais
se pose alors le problème de son emplacement.
La
théorie d’un édifice sur les pentes de la rive droite de l’Isère est
intéressante et, de fait, les jardins autour de la « Villa Terray »
présentent des apparences de gradations et des murs curvilignes bien marqués.
En outre, il aurait été observé à la fin du 19ème siècle, lors de la
construction de cette demeure, que « le sous sol était truffé de
souterrains menant on ne sait où… ». S’agissait-il des vomitoires d’un
théâtre antique ?
Mais,
même si cette question méritait d’être significativement posée, aucun élément
probant ne permet à ce jour d’être plus précis sur un supposé théâtre romain sur
les contreforts de la Bastille qui, de surcroît, poserait le problème de la
communication permanente entre les deux rives.
En
outre, on observera également que si, d’une manière générale, les Romains ont
souvent recouru, pour l’établissement d’un édifice de spectacles, à la
technique de l’adossement ils ne l’ont pas pour autant systématisée et l’on
connaît en Gaule maints exemples de théâtres ou d’amphithéâtres entièrement
construits (parfois en bois d’ailleurs) en zone plane nonobstant la présence à
proximité d’une colline ou d’une élévation naturelle. On citera simplement à
titre illustratif, l’amphithéâtre d’Orange, connu depuis le 17ème
siècle et « retrouvé » en 1990 route de Caderousse en terrain
strictement plat alors que les flancs de la colline Saint Eutrope auraient pu,
plus logiquement favoriser la construction d’un tel monument.
Peut-être
en définitive faut-il imaginer que si jamais il y eut à Grenoble un édifice de
spectacles, il s’agissait alors d’une construction de type mixte (théâtre
amphithéâtre), peut être d’origine militaire et probablement situé rive gauche,
voire même sur le site de l’agglomération remparée du 3ème siècle ou
à proximité immédiate.
Mais
l’hypothèse d’un autre édifice – primitif ou au contraire tardif – n’est pas
pour autant à écarter définitivement.
Bibliographie
sélective :
-
G.
ALLARD : description historique de la ville de Grenoble… (réédition 1992),
page 9
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930
-
M.
RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1969, pages 107 et 108
-
P.
DREYFUS : Grenoble, 1980, page 24
-
Isère
gallo romaine, T 2, 1987, page 121
-
F.
DORY : inventaire archéologique et voies antiques du Viennois occidental,
époque gallo romaine, 1988, pages 45 à 47 et contribution à l’inventaire des
sites gallo romains du bas Dauphiné, la Pierre et l’Ecrit, 1990, page 233
-
Atlas
des monuments de spectacles en Gaule romaine dans le présent site Internet
CHAPITRE
X : SANCTUAIRES
Sanctuaire des Mères
Augustes ?
Sous
la cathédrale, J. J. A. PILOT signale la découverte ne 1863 d’un autel consacré
aux Mères Augustes (supra, 1ère partie, chapitre V, inscription n°
8) ainsi que d’autres pierres et un fragment de torse de statue en marbre
blanc.
Cette
trouvaille, confirmée et confortée par celle d’autres vestiges en 1990-1991, à
l’emplacement du groupe cathédral primitif, pourrait accréditer l’hypothèse
d’un sanctuaire aux Mères Augustes en cet endroit.
-
J.
J. A. PILOT : autel gallo romain trouvé dans les fondations de la
cathédrale de Grenoble, BSSI, 1864, 2ème série, T VII, pages 424 à
427
-
A.
ALLMER : inscriptions antiques de Vienne, T 3, 1875, pages 126 et 127
Temple à Diane ?
On
ne peut, à cet égard, que renvoyer à l’inscription découverte jadis en un lieu
d’ailleurs mal précisé : rue des Clercs ou place Saint Claire (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscription n° 11)
-
A.
PRUDHOMME : histoire de Grenoble, 1888, page 15
-
A.
ALLMER : op. cit. pages 125 et 126
A
titre illustratif on renverra également à la vue d’artiste publiée par A.
Vernet dans son « histoire populaire et anecdotique de Grenoble » (T
1, page 136) où le « temple de Diane » est représenté non loin de la
Porte Viennoise.
Sanctuaire à Maïa ?
Les
deux inscriptions à Maïa découvertes place Notre Dame et rue Brocherie (supra,
1ère partie, chapitre V, inscriptions n° 4 et 5) pourraient avoir
appartenu à un sanctuaire consacré à la mère de Jupiter. Les bases et supports
de colonnes trouvés à proximité (infra, 2ème partie, chapitre XIV)
sont de nature à renforcer cette hypothèse.
-
Le
Dauphiné, T 22, 9 mai 1886, page 475
-
M.
RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1969, page 15
-
CAG
38/1 : page 74
Sanctuaire aux Mères
Nemétiales ?
L’inscription
aux Mères Nemétiales, découverte place Saint André (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscription n° 9) pourrait avoir appartenu à un sanctuaire.
-
A.
ALLMER : op. cit. pages 127 et 128
-
CAG
38/1 : page 74
Temple à Isis ?
L’existence
d’un probable temple à Isis est déduite de l’inscription consacrée par Caecus à
Esculape puisqu’il se désigne comme « gardien du temple d’Isis ».
Sa
localisation reste toutefois totalement ignorée (supra 1ère partie,
chapitre V, inscription n° 1 et infra, chapitre XI).
Sanctuaire au culte
impérial ?
Pilot
signale le réemploi, en 1683 lors de l’agrandissement du couvent des Minimes
(rue du Vieux Temple, rue des Minimes) de trois marbres votifs en l’honneur de
César, d’Auguste et de Trajan. Mais ces trois inscriptions (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscriptions n° 100, 101 et 102) sont traditionnellement
considérées comme fausses !
Néanmoins,
on peut s’interroger sur l’éventuelle existence en ce lieu d’un sanctuaire au
culte impérial. Seules des fouilles précises (mais aujourd’hui bien
improbables) permettraient peut être de trancher définitivement la question.
-
J.
J. A. PILOT : les monuments du département de l’Isère, bulletin de
l’Académie Delphinale, I, 1842-1845, page 64
-
CAG
38/1 : page 74
Temple à Mars ?
(rive gauche) :
J.
F. Champollion pensait qu’il y avait eu à Grenoble deux sanctuaires consacrés à
Mars, l’un rive gauche et l’autre rive droite (ci-après).
Pilot
situait le premier temple « près de l’endroit où l’on a bâti le couvent
des Dominicains » (îlot de l’ancienne halle). C’est dans ces parages
qu’Alain de Montjoye incline à voir l’emplacement de l’église Saint Pierre
citée dans les cartulaires de Saint Hugues dont le vocable pourrait traduire un
témoin de la christianisation des premiers temps de l’église de Grenoble. Dès
lors, grande est la tentation d’imaginer que cette lointaine église ait pu être
édifiée sur l’emplacement d’un sanctuaire antique.
On
a toutefois peine à imaginer une relation entre ce présumé temple et
l’inscription à Mars découverte anciennement rue Bayard et provenant, semble
t-il, des parages de la Porte Viennoise (supra, 1ère partie,
chapitre V, inscription n° 7).
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble, 1807, page 61
-
J.
J. A. PILOT : histoire de Grenoble, 1829, page 297
-
J.
MARION : cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires
de Saint Hugues, 1889, charte LVI
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France, Grenoble, 1990, pages 27 et 29
Temple à Mars ?
(rive droite) :
En
1777 on découvrit près de la Tour Rabot, non loin de la voie romaine de
Grenoble à Vienne, une inscription portant dédicace d’une statue à Mars (supra,
1ère partie, chapitre V, inscription n° 6).
Du
temps de Champollion se voyaient encore, sur la plate forme où est située la
Tour Rabot, au milieu d’un champ « les vestiges d’un édifice ayant la
forme d’un parallélogramme de
Les
traces de ce bâtiment (aujourd’hui disparues), la proximité de la voie et la
découverte d’un socle de statue à Mars plaident fortement pour la présence en
ce lieu d’un petit temple, de type fanum, du haut empire, peut être en relation
avec la villa suburbana pressentie à
peu de distance (infra, 2ème partie, chapitre XIII).
-
M.
VALLET : lettre écrite à une dame sur les sept tombeaux antiques qui ont
été découverts à Grenoble le 13 janvier 1777 dans les vignes des Dames
Religieuses de la Visitation de Sainte Marie d’en Haut, les Affiches, annonces
et avis du Dauphiné, 43, 21 février 1777, page 175
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble, 1807, pages 36 et ss et 61
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, pages 35 et 36
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation… 1990, pages 18 et 19
-
CAG
38/1 : page 74
Sanctuaire à
Saturne ?
On
sait par une inscription autrefois déposée dans la cour d’une demeure de la rue
Bayard (supra, 1ère partie, chapitre V, inscription n° 10) que
Decimus Decamnius Caper, sous préfet de cavalerie avait, de son vivant, ordonné
que soit élevée une statue à Saturne.
L’inscription
funéraire du même personnage (inscription n° 19) révèle qu’il avait donné
50 000 sesterces pour cette statue (et une autre consacrée à Mars) et pour
« un toit de tuiles en bronze » (pour le temple de Saturne ?
pour celui de Mars ?).
Dès
lors, on peut présumer l’existence d’un temple à Saturne dont « l’aspect
exceptionnel… devait trancher sur la modestie générale des
constructions ». Sa localisation reste toutefois inconnue.
Il
est à remarquer que l’on ne connaît pas à ce jour d’autre inscription à Saturne
en Gaule Narbonnaise et aucun sanctuaire qui aurait pu lui être consacré.
Pourtant, le temple de Saturne de Rome était le plus ancien des sanctuaires de
la capitale de l’empire, construit dès la période royale et inauguré dans les
premières années de la république (peut être en 498 avant notre ère). On sait
par ailleurs que ce temple fut intégralement reconstruit à partir de 42 avant
notre ère par Munatius Plancus et qu’en dernier lieu il fut restauré après
l’incendie de Carin (283 de notre ère).
-
A.
ALLMER : op. cit. T 2, page 240
-
V.
CHOMEL (direction) : Histoire de Grenoble, 1976, page 30
-
CAG
38/1 : page 74
-
F.
COARELLI : guide archéologique de Rome, 1994, pages 51 et 52
Temple à Mercure :
Il
est à peu près tenu pour certain que la stèle à Mercure d’Echirolles (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscription n° 12) n’est pas de provenance extérieure et
qu’elle a été, dès son origine, érigée à cet emplacement.
Un
temple avoisinait-il l’autel ?
Aucun
document n’en a jamais fourni la preuve. Cependant les Echirollois, qui
soutinrent au 18ème siècle un interminable procès contre le chapitre
de la cathédrale Notre Dame pour obtenir la paroissialité de leur église,
affirmèrent constamment leur conviction que ce temple avait existé et qu’aux
premiers temps de la chrétienté leur chapelle avait été bâtie sur les ruines de
ce temple.
Dans
ce procès, si le chapitre contesta le fait que l’église d’Echirolles ait jamais
été paroisse, il convint cependant de son ancienneté ainsi que le prouve
( ?) un texte recueilli dans un « avertissement donné aux
habitants » aux termes duquel « le Chapitre convient que le vase ou
bâtiment dans lequel la chapelle est fondée est très ancien puisque c’était un
temple à Mercure qui est prouvé par l’inscription qui est sur la porte et par
le pouillé de 1488… Il ne peut être douteux que le bâtiment dans lequel est
fondée la chapelle Saint Jacques ne soit l’ancien temple dédié à
Mercure… ».
-
G.
ALLARD : recherches sur le Dauphiné, manuscrit du 17ème siècle
(BMG U 439)
-
Collectif :
à la découverte du vieil Echirolles, 1970, pages 13, 14, 68, 69 et 241
-
ADI :
SG 198
CHAPITRE
XI : CULTES ET SANCTUAIRES DE LA REGION GRENOBLOISE :
I – les
cultes préhistoriques :
Ne
seront mentionnés ici que deux sites à peu près avérés : Corrençon et
Engins.
Pour
ce qui concerne le premier, selon A. Bocquet, les gravures ésotériques de
certains rochers du « Champ de la Bataille » rappelleraient une
religion fondée sur le culte solaire, venue d’Europe Centrale au bronze moyen,
vers 1400 avant notre ère.
A
Engins, un gouffre d’effondrement sur le Sornin, nommé « puits aux
écritures » est couvert sur près de
II –
les cultes indigènes :
Matrae :
Le
culte des Mères est issu du plus ancien paganisme protohistorique. A Grenoble,
étaient honorées les Mères Augustes et les Mères Némétiales (supra).
Viama :
En
1937, on découvrit aux Côtes de Sassenage, un autel votif consacré à une déesse
sans doute locale portant l’inscription :
VIAMAE
D
CRAXO
V S L
M
VOT EXCEP
« Viamae
D(eae) / Craxo v(otum) s(oluit) l(ibens) / m(erito) voto excep(to) ».
A
la déesse Viama, Craxo s’est acquitté de son vœu avec plaisir, sa prière ayant
été exaucée.
Le
nom de la déesse, comme celui du dédicant appartiennent à la langue celtique.
En revanche, le formulaire est romain. L’affirmation du caractère sacré de
Viama la place qu même niveau que les dieux romains, sans recours à une
assimilation ou interprétation à une déesse connue.
Cette
dédicace votive, rare témoin dans notre région d’une survivance des cultes
indigènes antérieurs à la conquête romaine, révèle la présence d’un sanctuaire
rural proche.
Dieux guérisseurs :
Des
ex voto en terre cuite, représentant chacun un œil ouvert en relief, découverts
par H. Müller à Fontaine vers l’abri de Barme Bigou laissent à penser à une
prière de guérison ou un témoignage de reconnaissance à une divinité locale
bienfaitrice, guérisseuse des affections oculaires.
Est-ce
de ces ex voto qu’est née la légende des pierres ophtalmologiques de Sassenage
réputer guérir les maux des yeux ?
Ils
révèlent, selon toute évidence, la présence proche d’un lieu de culte dédié à
quelque dieu guérisseur autochtone.
Sucellus :
Du
dieu au maillet gaulois, très populaire, deux statuettes auraient été trouvées
à Grenoble (infra, 3ème partie, chapitre II).
III –
les cultes romains :
Les
plus importants des dieux de la religion romaine classique sont bien
représentés dans l’agglomération grenobloise : huit sur les douze
« dieux conseillers » qui avaient leurs statues dorées sur le forum
romain au dessus du temple de Saturne (Jupiter, Junon, Minerve, Apollon, Diane,
Mercure, Vulcain, Vesta, Mars, Vénus, Cérès, Neptune).
Jupiter :
Le
dieu de la triade capitoline est connu à Grenoble par une inscription (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscription n° 3) et par une statuette (infra, 3ème
partie, chapitre II).
Il
est également connu à Uriage.
Mercure :
S’il
n’est représenté à Grenoble que par une minuscule statue en bronze découverte
lors des fouilles de la place Notre Dame (infra, 3ème partie,
chapitre II), on le retrouve dans les environs immédiats, à Echirolles (supra,
1ère partie, chapitre V, inscription n° 12 et ci avant, chapitre X),
à Uriage, à la Terrasse, à Beaucroissant, à Saint Laurent du Pont et à Varces.
Vulcain :
Alors
qu’il est inconnu ailleurs dans la cité de Vienne, le culte de Vulcain semble
avoir eu dans la région grenobloise une ferveur particulière : à Uriage,
une statue du dieu (aujourd’hui au musée d’art et d’histoire de Genève), un
petit monument en terre cuite représentant Jupiter, Minerve et Vulcain, jadis
dans les collections du château et toute une série de marteaux votifs en plomb
(disparus pour la plupart) accréditent l’existence d’un culte à ce dieu près de
la source chaude des thermes.
Un
culte de même nature devait exister auprès de la source thermale de Rochefort à
Varces où un marteau votif, de même nature que ceux d’Uriage, a été découvert.
A
Bernin, ce sont des ex voto figurant des marteaux en plomb (Musée Dauphinois n°
67.3.192, 1 à 9) qui traduisent un culte similaire.
Enfin,
au Gua, non loin de la « Fontaine Ardente », une inscription,
aujourd’hui perdue mais répertoriée (CIL XII, 1552) témoignait d’un site
cultuel à Vulcain.
L
MATERNIVS OPTAMVS
VVLCANO
AVG
SACRUM
P
« Lucius
Maternius Optamus a consacré (ce monument) à Vulcain Auguste ».
Mars :
On
sait qu’il eut un grand succès sur le territoire allobroge et il est bien
représenté à Grenoble où un temple (peut être même deux) lui était consacré
(supra, 1ère partie, chapitre V, inscriptions n° 4 et 5 et 2ème
partie, chapitre X).
Apollon :
Son
culte dans les Alpes est peu répandu. On le trouve dans notre proche région
seulement à Uriage où son rôle de dieu guérisseur trouve parfaitement sa place
dans une station thermale de cette importance où médecine et religion étaient
étroitement imbriquées. Dans la statue qui le représente, certains auteurs ont
pensé qu’il tenait initialement dans sa main gauche une lyre et, dans sa main
droite, un plectron et qu’il s’agissait dès lors d’un Apollon citharède (joueur
de lyre).
D’autres
dieux apparaissent également :
Sylvain :
C’est
le Sucellus gaulois. Il est peu attesté dans la civitas des Allobroges :
près de Grenoble on le connaît seulement par un autel découvert à Saint Laurent
du Pont (aujourd’hui au Musée Dauphinois n° 36.56.85).
Esculape :
Il
est connu à Grenoble même (supra, 1ère partie, chapitre V,
inscription n° 1).
Saturne :
Le
dieu est également connu à Grenoble où, selon toute vraisemblance, un temple
lui était consacré (supra, 1ère partie, chapitre V, inscriptions n°
10 et 19 et ci avant chapitre X).
Amour :
Un
enfant potelé et bien joufflu incarne depuis les Grecs la divinité de l’amour
(Eros). La statuette trouvée à Uriage en 1836 correspond en de nombreux points
à une représentation très classique de la divinité.
On
a toutefois parfois considéré qu’il pouvait s’agir d’une représentation de
Bacchus enfant.
Une
statuette similaire a également été découverte à Saint Etienne de Crossey.
Enfin,
certains cultes sont rarissimes :
Quirinus :
Seules
Rome et quelques très rares villes d’Italie ont livré des dédicaces, d’époque
impériale, à cette très ancienne divinité dont la nature reste énigmatique et
qui n’est connue dans aucune des provinces romaines, hormis en Narbonnaise, à
Saint Laurent du Pont où ont été découvertes deux inscriptions à ce dieu
(aujourd’hui au Musée Dauphinois, n° 34.56.83 et 84) dans un probable temple
qui lui était consacré.
Lupercus :
Une
statuette d’un « lupercus », aujourd’hui perdue, découverte à Saint
Martin de la Cluse (Paquier) peut suggérer un culte à ce dieu loup dont aucune
autre représentation n’est par ailleurs connue en Gaule.
Les
déesses sont également présentes : ainsi :
Vénus :
Si
l’on ne connaît sur notre territoire aucune inscription s’y rapportant sa
représentation est fréquente : ainsi, une statuette à Grenoble (infra, 3ème
partie, chapitre II).
Diane :
Un
temple a pu lui être élevé à Grenoble (supra, 1ère partie, chapitre
V, inscription n° 11).
Maïa :
Avec
plusieurs inscriptions à Grenoble (et d’autres dans le département) elle est
bien représentée. Un temple lui était d’ailleurs peut être consacré à Grenoble
(supra, chapitre X).
On
peut enfin citer les Fortunes à
Grenoble (supra, 1ère partie, chapitre V, inscription n° 2) et Minerve à Uriage et à Murianette (dans
ce dernier cas, peut être Hippona).
IV –
les cultes orientaux et les cultes solaires :
Les
religions orientales ont exercé u puissant attrait dans le monde romain
occidental et le syncrétisme romain a très vite intégré un certain nombre de
divinités originaires d’Asie Mineure, de Perse ou d’Egypte.
Peu
représentées en dehors de Vienne, les religions orientales ne sont toutefois
pas absentes de la région grenobloise.
Isis :
Elle
a sans doute ue un temple à Grenoble qui est déduit de l’inscription faite par
Caecus (supra, 1ère partie, chapitre V, inscription n° 1).
Pilot
estimait que le culte d’Isis était très en faveur à Grenoble et dans le
« territoire des Cassenates » (pays de Sassenage) : Pariset a en
effet livré un autel à Isis (Allmer n° 782) et la tradition place à Ezy sur
Noyarey un sanctuaire à Isis.
Par
ailleurs, les noms d’Izeaux et d’Izeron pourraient en dériver.
Enfin,
un contrepoids de balance, découvert anciennement à Saint Georges de Commiers,
pourrait être une représentation classique d’un groupe d’origine alexandrine
représentant des têtes de prêtres du culte d’Isis. Mais cette interprétation
est parfois contestée en faveur de la représentation de bustes de lutteurs.
Mithra :
Bien
attesté à Vienne et à Genève, le culte du dieu de la lumière créé dans l’Iran
ancien et si populaire dans les armées romaines n’est pas certain dans la
région grenobloise, hormis peut être si on l’assimile au culte Sol et Luna
(infra).
Dans
la région grenobloise, à Sarcenas, une tradition imprécise nomme deux rochers
hauts de
Jupiter Ammon :
C’est
le dieu égyptien Amon-Ré, dieu solaire assimilé par les Grecs à Zeus et intégré
au panthéon romain sous le nom de Jupiter Ammon. Il est représenté localement
par un oscillum découvert dans les
thermes de la Buisse au 19ème siècle (mais certains auteurs
considèrent qu’il s’agit peut être aussi d’une représentation de satyre).
Un
médaillon d’applique identique découvert à Cognin en Savoie et le buste
provenant de Saint Laurent du Cros dans les Hautes Alpes laissent à penser à un
apport de ce culte cyrénéen par des unités militaires recrutées en Egypte ou en
Cyrénaïque ou y ayant séjourné.
Sol et Luna :
Le
culte solaire, on l’a vu, est d’origine très ancienne. Déjà officiel dans
l’empire romain sous Claude II, il fut érigé en religion majeure sous Aurélien
qui semble avoir fait preuve d’une réelle ferveur solaire : « le
soleil, maître de l’empire romain ».
On
s’est interrogé – et la question n’est pas résolue – pour savoir si
l’inscription « Ignibus Aeternis » de Vif ne visait pas,
implicitement, les astres solaires et, tout particulièrement le soleil et la
lune et non la « Fontaine Ardente », Iulius Placidianus le dédicant
de cette inscription ayant sans doute, compte tenu de ses étroits liens avec
Aurélien, été lui aussi par nature et par devoir un adepte des cultes solaires
(supra, 1ère partie, chapitre V, inscription n° 14).
L’inscription
de Vif, à cet égard, doit peut être rapprochée d’un ex voto découvert à Aile en
1986 consacré à Jupiter, Junon et Minerve – la triade capitoline – et à
« Soli, Lunae », le soleil et la lune mais comme celui-ci ne semble
pas postérieur au début du 3ème siècle (alors que l’inscription de
Vif est datée de 270, début du règne d’Aurélien) on a également imaginé que le
culte au soleil et à la lune ait pu découler du culte à Mithra ou, pour le
moins, avoir un rapport avec le mithriacisme mais cela reste fort controversé.
Bibliographie
sélective :
Outre
la bibliographie déjà mentionnée dans la première partie (chapitre V) et celle
citée si avant à propos des sanctuaires de Cularo, la présente étude s’est
appuyée sur la consultation des ouvrages suivants :
-
H.
MULLER : compte rendu des fouilles pratiquées à la station néolithique des
Balmes de Fontaine, BSDEA, IV, 1897, pages 145 et 146
-
L’année
épigraphique, n° 129, 1930 et 1958
-
L.
ROYER : inscription d’un autel découvert à Sassenage (Isère), bulletin de
la Société Nationale des Antiquaires de France, 1937, pages 198 à 201
-
R.
TURCAN : les religions d’Asie dans la vallée du Rhône, EPRO 30, 1972,
pages 30 et 31
-
A.
PELLETIER : les religions païennes en Savoie à l’époque romaine, Archéologia
n° 103, 1977, pages 23 à 30 et paganisme et christianisme à Vienne au 2ème
siècle, Archéologia n° 11, 1977, pages 29 et ss
-
J.
PRIEUR et D. DAVIER : dieux et religions antiques dans les Alpes, Histoire
et archéologie n° 48, 1980
-
Archéologie
chez vous, n° 3, 1984, page 14
-
R.
CARRE : le culte de Mars chez les Voconces, Dossiers de l’archéologie n°
48, 1980, pages 52 à 57
-
R.
TURCAN : les cultes orientaux en Savoie romaine, ibid, pages 58 à 61
-
M.
GIFFAULT : autel votif de Sassenage, Archéologie chez vous n° 6, 1987,
pages 18 et 19 et Archéologie chez vous n° 6, 1987, pages 18 et 19
-
Cavaliers
et guerriers des origines au moyen âge : 1989, pages 76 et 77
-
R.
DEBEAUVAIS : inscriptions latines dans les Alpes Grées, 1991, page 9
-
H.
de LUMLEY : essai sur la religion de l’âge du bronze et attribution
cultuelle des gravures du Mont Bégo, GAF n° 26, 1992, pages 91 à 114
-
S.
DEYTS : images des dieux de la Gaule, 1992
-
Collectif :
dieux guérisseurs et gallo romains, 1992, pages 62, 63, 71 et 224 à 226
-
B.
REMY : deux dédicaces à Quirinus, archéologie chez vous n° 10, 1992, pages
30 et 31
-
J.
C. MICHEL : le grand Rochefort, bulletin des AVG n° 32, 1993, pages 54 et
55 et à propos du marteau votif de Rochefort, bulletin des AVG n° 33, 1994,
pages 7 à 13
-
J.
P. MOYNE : l’époque gallo romaine, Patrimoine en Isère, pays de Vizille,
1994, page 13
-
J.
P. JOSPIN : le culte de Vulcain guérisseur dans la région grenobloise,
Patrimoine en Isère, pays de Domène, 1995, pages 17 et 18
-
J.
C. MICHEL : à propos d’une découverte antique ancienne à Paquier, bulletin
des AVG n° 36, 1995, pages 37 à 43
-
CAG
73 : 1996, pages 95, 96 et 151
-
C.
MAZARD (direction) : atlas du patrimoine de l’Isère, 1998, page 51
-
J.
C. MICHEL : de quelques vestiges gallo romains de Saint Georges de Commiers,
bulletin des AVG n° 42, 1998, page 8
CHAPITRE
XII : L’HABITAT
Il
semble que dès le 1er siècle de notre ère, l’agglomération antique
ait couvert une surface nettement supérieure à celle qui fut enserrée à la fin
du 3ème siècle dans une enceinte. Cette première agglomération
s’étendait en effet au sud est de l’enceinte, rue Hache et rue Bayard, au sud
et au sud ouest rue Bressieux, rue Raoul Blanchard, rue de la République, rue
Vicat, rue Expilly, place Jean Achard…
1 – UNE
TRAME VIAIRE ?
La
trame viaire régit fort souvent dans les villes romaines les dimensions des insulae. On connaît toutes sortes de
modules : carrés (Arles, Feurs, Narbonne, Valence…), rectangulaires
(Augst, Avenches, Nyon…). Les dimensions sont très variables, des petites insulae – de type colonial – (Lyon 40 x
Le
professeur André Laronde a tenté, en 1976, une restitution du réseau viaire de
Grenoble en distinguant les axes repérés et les axes supposés d’après le tracé
des rues du centre ville.
Ainsi
voit-il un axe est ouest constitué par la rue Brocherie (ancienne Via Media)
que prolonge le coté nord de la place aux Herbes et la rue du Palais et des
axes nord sud conservés par la rue Renauldon, l’impasse et la rue Valbonnais
poursuivis par la partie centrale de la Grande Rue, la rue Lafayette et le coté
ouest de la place Sainte Claire.
Selon
lui, ces axes étaient recoupés perpendiculairement par d’autres voies :
actuelles rues Barnave, des Clercs et Jean Jacques Rousseau pour la partie
comprise entre la rue Lafayette et la Grande Rue.
Des
rues, aujourd’hui disparues, auraient pu prolonger les îlots ainsi formés qu’il
évalue à
On
notera avec intérêt que, postérieurement à l’étude d’André Laronde, un
parcellaire orthogonal semble avoir été repéré à la périphérie est de la ville
antique, place Notre Dame.
Les voies
identifiées :
Rue du Président
Carnot :
En
1895, lors des travaux de percement de la rue, on a découvert à
On
ignore toutefois la nature du revêtement et la longueur du tronçon dégagé.
Place Sainte
Claire :
Une
coupe stratigraphique effectuée en 1906 par H. Müller à l’occasion de travaux a
fait apparaître trois niveaux successifs de pavage :
-
le
plus profond à 4,70 m : sans doute s’agissait-il de la même voie que celle
découverte rue du Président Carnot
-
à
-
à
Rue Philis de la
Charce :
Mention
d’un pavage en cailloux du Drac à
Rue de la
République :
Pavage
également en cailloux du Drac.
Grande Rue :
Le
niveau antique n’a pas été repéré mais, dès le 3ème siècle, cette
rue était l’axe naturel de circulation lorsqu’on entrait ou lorsque l’on
sortait de la ville remparée par la Porte Jovia.
Il
est à noter qu’au 11ème siècle, la Grande Rue est nommée « Via
Vetus » (charte XLI du cartulaire B de Saint Hugues).
Place Notre Dame :
Dès
le 3ème siècle lorsqu’on pénétrait dans la ville enclose par la
Porte Herculea, l’actuelle place (anciennes rues Pérollerie et Sainte Claire)
était l’axe normal de circulation, la voie se poursuivant ensuite par
l’actuelle rue Président Carnot et la place Sainte Claire.
II –
LES HABITATS IDENTIFIES :
Ne
sont traités ici que les emplacements connus ou supposés d’habitat ; la
décoration (fresques, mosaïques…) et les objets découverts sur les sites des
habitats étant évoqués dans la 3ème partie de l’ouvrage.
a) habitat intra muros :
8, 10 Grande Rue :
En
1880, sous la rue, on a mis au jour des restes de maçonnerie recouverts d’un
enduit en tuileau, peut être habitat avec thermes (infra, chapitre VIII).
12 Grande Rue :
Vers
1880, on a découvert d’importantes substructions dans le sous sol.
15 Grande Rue :
Des
fouilles de sauvetage en 1977 dans le sous sol de la boutique ont permis de
rencontrer, à
17 Grande Rue :
En
1906, dans la cour du bâtiment, découvert de nombreux fragments (céramique
notamment) entre 2 et
3 place aux
Herbes :
En
1871, à
11 rue des Clercs :
En
1906, à
Place de Gordes :
En
1914, des structures d’habitat ont été vues à l’occasion de l’ouverture d’une
tranchée de tout à l’égout. En 1936, dans le même secteur, on a trouvé de
nombreuses tuiles romaines.
12 rue Lafayette :
Dans
les fondations d’une maison, un sol romain du 4ème siècle a été
découvert à
Rue Valbonnais :
A
l’occasion de travaux d’adduction d’eau on aurait découvert, à une date non
précisée, un « mur romain très épais ». S’agit-il d’un habitat ?
Rue Bayard :
En
1809, à
1 rue Pierre
Duclos :
Divers
vestiges mentionnés par H. Müller dans les fondations d’une pharmacie font
penser à un habitat.
3 place Sainte
Claire :
Sol
romain (habitat ?) retrouvé à
Place Sainte
Claire :
Emplacement
d’une demeure du haut empire avec peintures murales (infra, chapitre XVI).
1 rue Jean François
Hache :
De
nombreux vestiges mobiliers découverts en 1895 inclinent à penser à un habitat.
Rue Président
Carnot :
A
une date non précisée, on a trouvé des enduits peints (infra, chapitre XVI) et
des coquilles d’huîtres d’un habitat sans doute aisé, peut être doté de thermes
(infra, chapitre VIII).
Place Notre Dame :
Les
fouilles conduites à compter de 1989 dans ce secteur ont, contre toute attente,
révélé un habitat perdurant du 1er siècle avant notre ère au 3ème
siècle de notre ère, détruit lors de l’érection de l’enceinte du bas empire.
Cet habitat se présentait sous la forme d’un îlot régulier avec une ligne de
façades orientées nord sud, déterminant autant de demeures à l’ouest et
vraisemblablement une ruelle à l’est.
La
phase la plus ancienne d’occupation montre un habitat primitif aux murs en
terre construits sur des solins maçonnés avec toiture en chaume ou en bardeau
(datation large : 186 à 54 avant notre ère) qui coexiste au 1er
siècle de notre ère avec un bâtiment trapézoïdal dont la fonction est ignorée.
Un second bâtiment, constitué d’une salle munie d’un sol en terrazo, longée par
un couloir, est alors construit. Son édification, son occupation et sa
destruction semblent s’être succédées entre le milieu du 1er siècle
et une date difficile à préciser du courant du 2ème siècle.
Une
troisième phase est déterminée par l’apparition à la charnière des 2ème
et 3ème siècles d’un ensemble très lacunaire marqué par deux murs et
un lambeau de sol. A partir du milieu du 3ème siècle, deux édifices
supplémentaires (dont l’un se refermait par une exèdre) sont alors ajoutés au
nord de l’ensemble. Ils sont détruits, ainsi que l’ensemble du bâti du secteur,
lors de la construction de l’enceinte.
La
datation d’un bâtiment établi dans la seconde moitié du 3ème siècle
en façade de la rue traversant la Porte Viennoise pose problème ; elle est
en effet trop imprécise pour déterminer si l’édifice est antérieur,
contemporain ou même légèrement supérieur au rempart. Cependant, l’importance
que lui confère sa situation topographique suggère qu’il aurait pu avoir un
caractère public et appartenir au même programme d’aménagement de l’espace
urbain.
Prolongement de la rue
de la République :
En
1962, à
A
l’est, un mur de même facture prolongeait celui de l’abside en s’incurvant vers
le nord. Enfin, plus à l’est et à un niveau inférieur, donc plus ancien (début
du 1er siècle ?) un autre mur rectiligne conservé sur
Place Saint André :
La
mise en place de conteneurs enterrés en
b) habitat extra muros (rive gauche) :
Angle de la rue Guy Pape
et du quai Stéphane Jay :
En
1889, de nombreux vestiges ont été exhumés (tuiles, chenets…) laissant penser à
un habitat.
9 place Grenette :
Le
sol gallo romain a été rencontré à
En
1999, la mise en place de conteneurs enterrés destinés à la récupération du
verre a permis le relevé de coupes. S’y lisaient cependant plusieurs phases
successives d’occupation gallo romaine caractérisées par des superpositions de
sols et de murs, certains liés au mortier de tuileau. Ces vestiges, à
l’extérieur de l’enceinte, appartiennent probablement à un quartier urbain
abandonné lors de la construction de cette dernière à la fin du 3ème
siècle.
Parking
Philippeville :
Lors
de la construction du parking on a découvert des peintures murales d’habitat
(infra, chapitre XVI).
Rue Bressieux :
On
a découvert une mosaïque d’habitat et des enduits peints (infra, chapitres XV
et XVI).
3 rue de la
République :
Avant
1930, on a découvert deux murs en petit appareil et des débris de mortier de
tuileau.
Angle des rues Philis de
la Charce et de la République :
Le
sol gallo romain a été découvert à
26 rue Raoul
Blanchard :
Sol
gallo romain à
Angle des rues Expilly
et Vicat :
En
1886, lors de la construction d’une maison, on a mis au jour un « énorme
mur romain » accompagné de nombreuses tuiles.
Place Jean Achard :
V.
Piraud fait état de « vastes bâtiments romains… tant vers la rue Vicat que
vers le passage du Lycée ».
Ilot de l’ancienne
halle :
Lors
de la démolition de l’ancien couvent des Dominicains (ou des Jacobins) et de
l’ancienne halle aux grains, H. Müller exerça de 1909 à 1913 une surveillance
constante des lieux, établit des croquis et fit de nombreuses observations des
structures et du matériel révélé. J. P. Jospin a repris en 1989 l’étude
topographique globale du site.
Cet
îlot formait un parallélogramme imparfait avec deux cotés de 65 et
Deux
structures distinctes ont été notées vers l’angle des rues de la République et
Philis de la Charce : à l’est une pièce de
De
l’autre coté d’un passage (ruelle ?), vestiges d’une pièce d’habitation
qui devait se poursuivre sous la rue de la République et appartenir à un
ensemble plus important du début du 2ème siècle.
Plus
au sud encore, ont été découverts les restes d’une autre habitation, sans doute
assez luxueuse car un mur peint a été reconnu. H. Müller avait, lors de son
dégagement le 10 mars 1910 nommé cette demeure « la maison aux
fresques ».
Au
sud de l’îlot, un autre habitat parait avoir existé. Un sol en « terrazo
signinum » est signalé.
L’occupation
de ce quartier, commencée au début de l’époque augustéenne (30 à 10 avant notre
ère) est en fait, à ce jour, l’un des plus anciens identifiés à Grenoble. Son
occupation a duré jusqu’au 3ème siècle, du moins pour la partie
ouest de l’îlot.
Parking Lafayette :
La
construction de la « Maison du Tourisme » entre les rues de la
République et Raoul Blanchard a été précédée d’une fouille de sauvetage
conduite par M. Colardelle du 11 mars au 25 avril 1974.
Cette
fouille, effectuée dans des conditions extrêmement difficiles, a révélé la
présence d’un habitat ayant connu au moins trois phases successives.
A
la plus ancienne, correspondent des salles en terre battue s’ouvrant sur une
supposée cour.
Au
second état, la maison est agrandie : certaines salles sont aménagées et
la cour supprimée. A l’état le plus récent, une structure semi circulaire de
pierres sèches est érigée dans l’une des salles.
L’étude
stratigraphique a permis de proposer :
-
pour
l’état 1, le début du 1er siècle
-
pour
l’état 2, le milieu du 1er siècle
-
pour
l’état 3, la seconde moitié du 1er siècle.
La
destruction de ce bâtiment parait avoir résulté, avant la fin du 1er
siècle, d’une probable inondation. Ensuite, du milieu à la fin du 2ème
siècle, semble avoir eu lieu une phase de reconstruction : arasement,
remblaiement des niveaux d’habitati et nouvelle phase d’occupation similaire à
celle reconnue rue de la République, à l’époque où l’enceinte n’existait pas et
où l’habitat s’étendait largement dans cette partie méridionale de la ville.
Par
stratigraphie le niveau de cet habitat se raccorde avec celui découvert en 1962
lors du prolongement de la rue de la République (supra, habitat intra muros).
C’est
la construction du rempart qui, de toute évidence, met fin à cette phase
d’occupation.
c) habitat extra muros (rive droite) :
La
voie romaine de Grenoble à Vienne, après avoir contourné la colline portant la
Tour Rabot, passait vers l’emplacement où Guy Pape édifia une demeure au 15ème
siècle. En dessous de celle-ci, entre un vieux chemin et les escaliers qui
forment un raccourci pour la route de Saint Martin le Vinoux, s’élève un grand
mur supportant une terrasse qui servait de cour à une école primaire. De cette
terrasse, on accède à un petit bois où, à la fin du 19ème siècle, se
voyaient encore des vestiges importants étagés sur trois terrasses comportant
des murs en petit appareil, des bassins, des voûtes en tuf. H. Müller y a vu,
en outre, du ciment romain et, parsemés à la surface du sol, de nombreux
vestiges de tuiles romaines.
Il
s’agissait, selon toutes probabilités, d’une villa suburbana (où des vestiges récupérés sur celle-ci) sur
laquelle Guy Pape aurait pu édifier sa maison vers le milieu du 15ème
siècle.
III –
SEDIMENTATION ET PROFONDEUR DU SOL GALLO ROMAIN :
On
renverra, pour une étude détaillée de cet aspect du problème à A. de Montjoye
(documents d’évaluation… 1990, pages 61 et 62).
On
observera seulement que le sol gallo romain de Grenoble subsiste sous une
sédimentation d’épaisseur extrêmement variable : de
Quelques
exemples méritent d’être mentionnés :
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
-
Bibliographie
sélective :
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930
-
V.
PIRAUD : le site de Grenoble, ses rapports avec l’archéologie, SDEA, 24ème
année, n° 182, 183 et 184, mars à mai 1948
-
Actes
du 89ème congrès des sociétés savantes, Grenoble, 1964, pages 111 et
ss
-
GALLIA,
Informations archéologiques, 1964-2, page 525
-
V.
CHOMEL (direction) : histoire de Grenoble, 1976, pages 27 à 30
-
Archéologie
en Rhône Alpes, 1983-1984, page 41
-
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble : l’état des connaissances,
Cahiers d’Histoire, T XXXI, 1986-1
-
R.
BEDON, R. CHEVALLIER et P. PINON : architecture et urbanisme en Gaule
romaine, T 1, 1988, pages 5 et ss et 42
-
J. P. JOSPIN :
-
B.
DANGREAUX : recherches sur les origines de Grenoble d’après l’étude du
mobilier archéologique : la fouille du parking Lafayette, GALLIA T 46,
1989, pages 86 à 100
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France, Grenoble, 1990
-
Collectif :
le patrimoine au jour le jour. Revue de presse Rhône Alpes, DRAC 1, 1991
-
DRAC
Rhône Alpes, SRA : bilan scientifique, 1993, page 96
-
La
Pierre et l’Ecrit : 1993-1994, page 210
-
CAG
38/1 : 1994, pages 72, 74 et 77 à 82
-
DRAC
Rhône Alpes, SRA, bilan scientifique, 1995, page 109
-
La
Pierre et l’Ecrit : 1995-1996, page 218
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET et A. de MONTJOYE : autour du groupe épiscopal de
Grenoble, deux millénaires d’histoire, 1998, pages 28 à 31
-
DRAC
Rhône Alpes, SRA : bilan scientifique, 1999, pages 97 et 98
CHAPITRE
XIII : EDIFICES NON INTERPRETES ET EDIFICES CONJECTURES :
a) édifices non interprétés :
L’habitat
trapézoïdal fouillé en 1992 place Notre Dame a déjà été dans le chapitre
consacré à l’habitat (supra, chapitre XII). Il s’agit vraisemblablement d’un
édifice public mais sa destination n’est pas connue.
Lors
des fouilles des proches environs du complexe funéraire et religieux de Saint
Laurent, un édifice de destination imprécise a été découvert place Saint
Laurent. Il s’agit d’un bâtiment construit en petit appareil avec sol
d’occupation sur un lit de mortier du bas empire. Il ne s’agit pas d’un
bâtiment funéraire. S’agit-il alors de locaux annexes de l’ensemble religieux,
peut être résidentiel (céramiques, déchets alimentaires…).
Les
bâtiments annexés au rempart du bas empire et englobant la poterne de la Tour
Viennoise pourraient être une salle d’enseignement ou un vestiaire). Les
substructions de ces bâtiments sont visibles dans la salle du baptistère au
Musée de l’ancien évêché.
b) bâtiments conjecturés :
Outre
l’emplacement probable de sanctuaires (supra, chapitre X), divers édifices
publics sont conjecturés sans que pour autant rien ne soit venu jusqu’alors
accréditer leur existence.
Divers
édifices militaires sont en effet vraisemblables : casernements de la
garnison, magasins, résidence du commandement militaire…
De
même, on est assuré que Grenoble possédait un bâtiment de douane du
« quarantième des Gaules » (supra, 1ère partie,
inscriptions n° 39 et 40 et notice sur la quadragesima
galliarum.
Il
n’est pas interdit de penser que des bâtiments de prestige aient également
existé : résidence du préfet du pagus, bâtiments des magistrats
municipaux… (Supra, 1ère partie, inscriptions diverses).
Le
préfet des Vigiles, Placidianus, aurait pu lors de son long séjour à Cularo
(supra, 1ère partie, chapitre III) loger dans l’un des ces probables
bâtiments municipaux ou officiels.
Des
horrea fluviaux sont également
conjecturés vers la rue Guy Pape (supra, chapitre IV).
Enfin,
on peut imaginer les très nombreuses demeures, dont certaines sans doute assez
luxueuses, de tous ceux qui nous sont connus par les inscriptions funéraires
qui ont été conservées.
Bibliographie
sélective :
-
J.
B. MOREL : correspondance à l’Académie Delphinale, bulletin de l’Académie
Delphinale, 1957, pages LVI à LVII
-
Collectif :
Grenoble, traces d’histoire, collection les Patrimoines, 1997, page 6
CHAPITRE
XIV : COLONNES, CHAPITEAUX ET PORTIQUES :
a) colonnes :
1 - maison dite des
Colonnes :
La
demeure du 6 place Notre Dame est communément appelée « Maison des
Colonnes » en raison des quatre colonnes (deux fois deux paires) qui en
flanquent l’entrée. Cette maison fut construite en 1811 par François Claude
Jayet avec les matériaux d’un édifice médiéval qu’il avait fait abattre car il
menaçait ruine.
L’inscription
qui surmontait la Porte Viennoise (supra, chapitre I) aurait été employée dans
les fondations de cette demeure avec divers matériaux provenant de la porte
elle-même et, notamment, une ou plusieurs colonnes antiques : au moins une
selon la plupart des auteurs, deux selon A. Blanchet voire même les quatre
selon P. Dreyfus.
Bibliographie :
-
J.
J. A. PILOT : les maisons fortes du Dauphiné, sd
-
A.
BLANCHET : les enceintes romaines de la Gaule, 1907, page 151
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, pages 14 à 16
-
M.
RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1968, page 7
-
M.
H. FOIX de MONTALAIS : les tours du quartier Notre Dame, le vieux
Grenoble, ses pierres, son âme, 1968, T 2, pages 133 et 134
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France, Grenoble, 1990, page 17
-
P.
DREYFUS : les rues de Grenoble, 1992, page 194
2 – colonnes de Saint
Laurent :
La
colonnade de Saint Oyand (infra, chapitre XX) comporte vingt colonnes dont
seize originales. En calcaire, en brèche de vimine ou en conglomérat de
Bourdeaux et en marbre blanc, elles passent pour des remplois antiques.
En
ce cas, auraient-elles été prélevées sur une colonnade antique : rive
droite ? rive gauche ? d’une autre provenance ?
Bibliographie :
-
R.
et M. COLARDELLE : chapelle Saint Oyand, des Burgondes à Bayard 1000 ans
de moyen âge, 1981-1984, notice 80, page 52
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens, GAF n° 9, 1996, page
47
3 – autres
colonnes :
Le
17 juillet 1950, lors de travaux effectués dans la cave de la boulangerie Arod,
place Notre Dame, était découverte une base de colonne
« corinthienne » de grande dimension laissant supposer qu’elle
supportait une colonne d’au moins
Bibliographie :
-
P.
JANIN : une intéressante découverte archéologique au cœur du vieux
Grenoble, BSDEA, n° 200-202, avril, juin 1950, page 8
-
M.
RIVIERE SESTIER : op. cit. page 18
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 17
En
1993, à l’occasion des fouilles faites devant la cathédrale Notre Dame, trois
supports de base de colonne de grandes dimensions (0,50 x 1,18 x
-
DRAC
Rhône Alpes, SRA, bilan scientifique, 1993, page 97
Des
angles du baptistère pentagonal, cinq colonnes s’élevaient vers une architrave
de bois ou de pierre constituant un ciborium. Au centre, une colonne supportait
une vasque.
-
C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1992-1993, page 212
et 1993-1994, page 211
A
la cathédrale Notre Dame, dans l’escalier assurant la desserte des étages
supérieurs du clocher, quatre fûts de colonnes en brèche rose constituant le
noyau de l’escalier « très semblables, y compris dans leurs dimensions à
celles qui ornent la crypte Saint Laurent de Grenoble… ayant pu appartenir à
l’antique groupe cathédral ». L’un de ces fragments est visible dans la
salle du baptistère du Musée de l’ancien évêché.
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET, A. de MONTJOYE : autour du groupe épiscopal de
Grenoble, deux millénaires d’histoire, 1998, pages 182 et 183
b) chapiteaux :
Pilot
indique qu’à l’occasion des travaux d’installation d’un calorifère dans la
cathédrale Notre Dame en 1862 on aurait découvert, avec un autel (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscription n° 8) « plusieurs chapiteaux romains ».
On ignore ce qu’ils sont devenus.
-
J.
J. A. PILOT : autel gallo romain trouvé dans les fondations de la
cathédrale de Grenoble, BSSI, 1864, 2ème série, T VII, page 424
Dans
les fouilles du groupe épiscopal on a exhumé :
-
un
fragment de chapiteau en calcaire comportant voûte et corne de l’abaque
-
un
chapiteau à décor de feuillage
-
un
petit chapiteau de marbre blanc
L’un
de ces chapiteaux est visible dans la salle du baptistère du Musée de l’ancien
évêché.
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET, A. de MONTJOYE : autour du groupe épiscopal de
Grenoble, deux millénaires d’histoire, 1998, pages 50, 74 et 101
c) portiques :
Place
Notre Dame, sur le site d’habitat ayant perduré jusqu’à la fin du 2ème
siècle ou au début du 3ème siècle, on a repéré l’emplacement d’un
portique donnant sur une voie, d’une largeur d’environ
Contemporains
du baptistère et situés dans l’angle nord ouest de la cour épiscopale, des
portiques desservant à la fois l’annexe nord du baptistère et d’autres
bâtiments ont été identifiés en 1992.
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET, A. de MONTJOYE : op. cit. pages 60, 73 et 74
CHAPITRE
XV : MOSAIQUES
En
1871, à
Bibliographie :
-
H.
MULLER : mes origines de Grenoble, 1930, page 26 et figure 7
-
E.
CAILLEMER : découverte d’une mosaïque à Grenoble, Bulletin Monumental, T
38, 1872, pages 462 à 464
-
M.
RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1969, page 28
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 24
-
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances, 1986, page
16
-
CAG
38/1 : page 98
Une
mosaïque fragmentaire polychrome (rouge, blanc, bleu) à canevas géométrique de
carrés et d’hexagones décorés de fleurons et d’oiseaux aurait été
d »couverte en 1872 « dans la propriété Thévenet, enfouie à
L’ancienne
demeure Thévenet étant également située place aux Herbes, cette mosaïque se
confond-elle avec la précédente ou concerne t-elle une autre partie d’un même
ensemble ?
-
E.
CAILLEMER : notes pour servir l’archéologie du département de l’Isère,
BSSI, 1875, pages 316 et 317
-
A.
BLANCHET : les trésors de monnaies romaines et les invasions germaniques
en Gaule, 1900, n° 253
-
CAG
38/1 : page 78
Des
fragments de mosaïques conservés au musée dauphinois (n° 34-2814) sont
enregistrés comme provenant de la rue Bressieux.
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 17
-
B.
DANGREAUX : op. cit. page 14
-
CAG
38/1 : page 91
Sur
la commune de la Tronche, un fragment de mosaïque a été découvert en 1808 en un
lieu et dans des circonstances non précisées. Selon H. Müller, ce fragment
aurait été déposé au « musée bibliothèque de Grenoble ».
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 32
Il
s’agit peut être de la mosaïque mentionnée par Pilot comme ayant été découverte
à proximité des « bains » du chemin de la Viotte.
-
J.
J. A. PILOT : les monuments du département de l’Isère, bulletin de
l’Académie Delphinale, I, 1842-1845, page 66
Sur
le site funéraire de Saint Laurent, on a mis au jour une mosaïque à tesselles
en brique et en marbre blanc et noir présentant un décor géométrique de carrés
et d’hexagones avec des fleurons centraux. Il s’agit d’une mosaïque funéraire
unique en Gaule à ce jour (7ème siècle).
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens : Saint Laurent et
ses nécropoles, GAF n° 9, 1986, pages 43 à 45
Dans
l’abside du baptistère (infra, chapitre XX), on a découvert les restes d’une
mosaïque pariétale en pâte de verre rehaussée de feuille d’or qui pouvait orner
le cul du four du presbyterium.
-
C.
MAZARD : Chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1992-1993, page 212
et 1993-1994, page 209
CHAPITRE
XVI : FRESQUES, ENDUITS PEINTS ET PEINTURES MURALES
Preuve
que certaines des demeures étaient aménagées avec soin, sinon avec luxe, divers
fragments de fresques et d’enduits peints ont été retrouvés à l’occasion de
fouilles et certains même conservés.
Ilot de l’ancienne
halle :
Fragments
de fresques d’une demeure de qualité que H. Müller, lors de son dégagement,
avait nommée « la maison aux fresques » (au Musée Dauphinois, n°
34-2874 à 34-2878).
Mur
peint à fresques d’une autre habitation découverte dans le même îlot.
Sous
l’immeuble de la « Banque Charpenay », rue du Lycée, en 1909, on a
également découvert d’autres peintures murales (Musée Dauphinois n° 34-5585 à
34-5590).
-
J.
P. JOSPIN : Grenoble gallo romain : nouvelles données de topographie
historique. Les fouilles de H. Müller (1909-1913) sur l’îlot de l’ancienne
halle, Art et Archéologie en Rhône Alpes n° 5, 1989, page 11 et Archéologia n°
335, juin 1997, pages 21 et 24
Rue Président
Carnot :
« Des
enduits peints ».
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 26
Rue Bressieux :
Fragments
d’enduits peints découverts dans des circonstances non relatées. Au Musée
Dauphinois (n° 34-2873).
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 17
-
CAG
38/1 : page 91
Dans les fouilles de la
rue de la République en 1962 :
Des
« débris de fresques » et « des plaques d’enduits muraux décorés
à fresque ».
-
GALLIA
XXII, 1964-2, page 525
-
Actes
du 89ème congrès des sociétés savantes, page 110
-
A.
BOCQUET : de Cularo à Gratianopolis, 4 siècles d’histoire, le vieux
Grenoble, ses pierres, son âme, T 2, 1968, page 256
Dans les fouilles du
parking Lafayette en 1974 :
On
a observé « de nombreuses traces d’enduits peints dont certaines du
troisième style pompéien pour lequel le terminus
ante quem proposé est proche de la fin de la première moitié du 1er
siècle de notre ère ».
-
B.
DANGREAUX : recherches sur les origines de Grenoble d’après l’étude du
mobilier archéologique. La fouille du parking Lafayette, GALLIA, T 46, 1989,
pages 74, 76, 78 et 93
Dans un habitat à
l’emplacement de l’actuel parking Philippeville :
« Des
peintures murales ».
-
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances, 1986, page
14
A Saint Laurent :
Dans
« l’édifice rectangulaire » (infra, chapitre XX) l’intérieur d’une
niche voûtée et sa partie est portent un enduit décoré de registres peints et,
au centre, sous la niche et dans son axe, un canthare dont la forme rappelle
celle des décors des tailloirs de Saint Oyand (8ème siècle ?).
-
R.
COLARDELLE : op. cit. pages 43 et 44
A
l’emplacement de l’ancien cloître, un mausolée en caveau complet découvert en
1990 conservait des peintures murales du 4ème siècle.
-
C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1991, page 238
-
F.
LONTCHO : Saint Laurent de Grenoble, le monde des morts, Archéologie
Nouvelle n° 3, février 1994, page 57
Place Sainte
Claire :
Lors
des fouilles préalables à la construction de la ligne de tramway en 1989, on a
découvert une peinture murale du haut empire provenant d’une maison
romaine : panneau à décor végétal (buissons, fleurs stylisées), enduits en
fragments naturels des 1er et 2ème siècles. Celle-ci est
aujourd’hui exposée au Musée de l’ancien évêché.
CHAPITRE
XVII : ARTISANAT
1 –
Ateliers de fondeurs ou de bronziers :
26 rue Raoul
Blanchard :
Lors
du creusement des fondations d’une maison en 1909, le sol gallo romain a été
reconnu à
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 30
-
M.
COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècles
après J. C. dans les campagnes des Alpes françaises du nord, 1983, page 214
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine des villes de France,
Grenoble, 1990, page 19
-
CAG
38/1 : page 82
Rue Président
Carnot :
H.
Müller aurait observé un atelier de bronzier.
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 18
3 place Sainte
Claire :
Un
autre atelier de bronzier est supposé.
-
H.
MULLER : op. cit. page 39
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 19
Place Notre Dame :
Les
« vestiges d’un atelier de fondeur » auraient également été onservés.
-
V.
CHOMEL (direction) : Histoire de Grenoble, 1976, page 27
2 –
Atelier de foulon ?
Sous
la maison située 2 rue Président Carnot, un bassin recouvert de mortier de
tuileau pourrait se rapporter à un atelier de foulon.
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 19
-
CAG
38/1 : page 82
3 –
Silos
En
août 1983, à hauteur des numéros 4, 6 et 8 de la rue Saint Laurent, on a mis au
jour de grands silos circulaires en mortier de tuileau (2ème
siècle ?) laissant supposer qu’il y ait pu avoir sur la rive droite de
l’Isère des entrepôts (fluviaux ?).
-
Archéologie
en Rhône Alpes, 10 ans de recherches, 1983-1984, pages 41 et 42
4 –
Fosses à chaux et fours à chaux :
4, 6, 8 rue Saint
Laurent :
Les
silos mentionnés ci avant peuvent avoir servi ultérieurement à leur première
destination de fosses à chaux, témoignage possible d’une exploitation des
calcaires du Mont Rachais. Après leur abandon, ces fosses furent recouvertes
par des sépultures du 4ème siècle (infra, chapitre XIX).
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens, GAF n° 9, 1986, page
27
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. pages 16 et 20
-
CAG
38/1 : page 82
A la Tronche,
« propriété Perrin » :
H.
Müller signale un four à chaux des 2ème et 3ème siècles.
-
H.
MULLER : op. cit. page 32
-
CAG
38/1 : page 170
5 –
Atelier de potier ?
L’originalité
du mobilier céramique recueilli dans les fouilles du parking Lafayette en
-
B.
DANGREAUX : recherches sur les origines de Grenoble… op. cit. pages 86, 89
et 94
CHAPITRE
XVIII : CARRIERES DE PIERRE
Les
carrières de pierre qui avoisinent Grenoble semblent, pour la plupart, avoir
été exploitées dès l’époque romaine.
A
l’Echaillon, on a retrouvé des traces de la carrière primitive avec les coins
servant à extraire la pierre et des blocs à moitié détachés.
Les
carrières du Quai de France, de la Porte de France et des pentes du Rabot
auraient été utilisées lors de la construction de l’enceinte et pour un certain
nombre d’inscriptions funéraires en cippes.
Les
carrières des Balmes de Fontaine et de Sassenage auraient également été
utilisées (lauzes de sépultures, stèles…).
Bibliographie :
-
F.
PERRIN DULAC : description générale du département de l’Isère, T 1, 1806,
pages 137 et ss
-
A.
GRAS : notice sur les matériaux employés dans la construction des anciens
monuments de Grenoble, BSSI, 2ème série, 1854, page 209
-
A.
PRUDHOMME : Histoire de Grenoble, 1888, page 16
-
D.
JALABERT : études sur les carrières de pierre de la Porte de France à
Grenoble et autres carrières locales, BSDEA, 45ème année, n° 401,
402, 403, octobre à décembre 1969, pages 85 à 111
-
J.
DEBELMAS : les anciennes carrières de Grenoble et de ses environs
immédiats, Revue de Géographie Alpine, T 66, 1990, pages 11 à 21
-
J.
P. JOSPIN : la vallée de l’Isère à l’époque gallo romaine, Archeologia n°
335, juin 1997, page 21
CHAPITRE
XIX : LES NECROPOLES
1 –
Nécropoles de la rive droite de l’Isère :
C’est
sur cette rive, en contre haut de la rivière et près de la voie romaine
qu’étaient établies les nécropoles principales de la ville romaine.
On
en recense ainsi huit ou neuf présentées ici d’ouest en est.
a) chemin
de Saint Martin le Vinoux :
En
un endroit non précisé autrement que part la seule mention « chemin de
Saint Martin le Vinoux », H. Müller indique que, lors de travaux
d’élargissement dudit chemin des tombes ont été découvertes ». Il les
mentionne comme « mal datées », ajoutant qu’il les croit « un
peu antérieures à César ». Aucun matériel n’est décrit.
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 19
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France, Grenoble, 1990, page 20
-
CAG
38/1 : page 84
Les
nécropoles suivantes (b à h), organisées le long des voies d’accès à la ville
conformément à l’usage antique, s’échelonnent sur près de
b) nécropole
de Saint Antoine :
Le
23 janvier 1777 furent découverts « dans les vignes des Dames religieuses
de la Visitation de Sainte Marie d’en Haut » sept tombeaux antiques et
huit fragments de l’épitaphe paléochrétienne dite de Cassianus (supra, 1ère
partie, chapitre V, inscription n° X2).
Cette
découverte peut être localisée près du carrefour de la rue Maurice Gignoux et
du chemin conduisant à la cité universitaire du Rabot, c'est-à-dire le long de
la voie romaine de Vienne.
C’est
probablement à proximité que, plus tard, fut construite la chapelle Saint
Antoine figurée sur un plan de la première moitié du 16ème siècle.
Il n’est pas impossible qu’elle ait succédé à un mausolée ou un oratoire
primitif.
La
description des vestiges, chacun avec sa sépulture, fait état de cinq tombes en
coffres (une de lauzes, une de tuf et trois en pierre de plâtre), une sous
tuile et une en maçonnerie. Ces sépultures sont datées d’une période comprise
entre les 5ème et 7ème siècles.
-
Lettre
écrite à une dame par M. Vallet, ancien lieutenant de police à Grenoble, sur
les sept tombeaux antiques qui ont été découverts à Grenoble le 23 janvier 1777
dans les vignes des dames religieuses de la Visitation de Sainte Marie d’en
Haut, les Affiches, annonces et avis du Dauphiné des 7, 14 et 21 février 1777.
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble, 1807, page 38
-
J.
J. A. PILOT : notice sur les anciens cimetières de Grenoble, BSSI, 1854
-
F.
de VILLENOISY : les tombes romaines de Sainte Marie d’en Haut, BSDEA,
1896, pages 243 à 255
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens, GAF n° 9, 1986, page
18
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 25
-
CAG
38/1 : pages 82 et 83
c) nécropole
des 4, 6, 8 rue Saint Laurent :
En
1983, dans les niveaux surmontant les fours à chaux antiques (supra, chapitre
XVII) furent mises au jour une vingtaine de sépultures en coffres de bois ou de
tegulae et une sépulture d’enfant en amphore, toutes datées du bas empire.
Peu
éloignée de la nécropole Saint Laurent (ci après), on serait tenté d’y voir une
excroissance mais il s’agit peut être d’une nécropole distincte.
-
R.
COLARDELLE : op. cit. pages 27 et 29
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. pages 20 et 25
-
J.
F. RAYNAUD et alii : édifices funéraires et nécropoles dans les Alpes et
la vallée du Rhône, 1989, page 1481
-
CAG
38/1 : page 83
d) nécropole
Saint Laurent :
C’est
la principale des nécropoles de Grenoble du bas empire au moyen âge.
Dès
1803, le site attirait l’attention grâce à l’église Saint Laurent et sa crypte
(infra, les édifices chrétiens).
En
1851, au moins trois inscriptions paléochrétiennes y furent découvertes (supra,
, 1ère partie, chapitre V, inscriptions X3 et ss).
Les
découvertes de tombes sont plus récentes et débutent en 1935, époque ou furent
mises au jour « sur les pentes du Mont Rachais » deux tombeaux en
pierre, une douzaine de tombes en coffres ou sous tuiles et un fragment
d’inscription ».
On
doit aux travaux de R. Girard entre 1959 et 1972 et surtout à ceux de R.
Colardelle de 1978 à aujourd’hui l’essentiel de la grande connaissance que l’on
a désormais du site exceptionnel de Saint Laurent. On s’en tiendra ici aux
seuls éléments funéraires.
En
l’état actuel de la recherche, ont été découverts sous l’église Saint Laurent
sept mausolées funéraires des 3ème et 4ème siècles, de
nombreux sarcophages monolithiques, des tombes en coffres, des tombes sous
tuiles en bâtière…
Toutes
ces sépultures couvrent une large période : du 3ème au 7ème
siècles.
A
l’est de la cour de l’ancien cloître des bénédictins, d’autres sépultures ont
été Edécouvertes : tombe en
coffre de bois de 4ème et 5ème siècles et tombes du haut
moyen âge en coffres de bois ou en pleine terre.
Bibliographie
sélective :
-
J.
J. A PILOT : notice sur les anciens cimetières de Grenoble, BSSI, 1854
-
L.
ROYER : les fouilles d’un cimetière découvert près de Saint Laurent de
Grenobel, BSDEA, 29, 1936, pages 98 et 99
-
R.
GIRARD : fouilles à Saint Laurent de Grenoble : rapport provisoire,
89ème congrès national des sociétés savantes, 1965, pages 367 à 369
-
GALLIA
24, 1966, pages 509 à 511 et 29, 1971, pages 427 et 428
-
R.
GIRARD : la crypte de l’église Saint Laurent de Grenoble, congrès
archéologique de France, 1972, pages 243 à 263
-
GALLIA
31, 1973, pages 530 et 531
-
GALLIA
40, 1982, pages 399 et 400
-
R.
COLARDELLE : GAF n° 9, 1986
-
C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1990, pages 248 et
249, 1992-1993, page 213, 1993-1994, pages 212 à 214, 1994-1995, pages 240 à
242
-
CAG
38/1 : page 83
e) nécropole
de la Porte Saint Laurent :
A
pue de distance de la nécropole Saint Laurent et à l’est de celle-ci s’étendait
une autre nécropole dont les premières découvertes remontent à 1898.
H.
Müller mentionne « au pied des vignes, à la hauteur du pavillon de
l’octroi » « trois tombes en coffres de tegulae avec des fragments de
poterie ».
En
1970, les terrassements préliminaires à la construction d’un bâtiment scolaire
ont mis au jour des fragments d’os humains et de tegulae appartenant à cette
même nécropole.
-
H.
MULLER : rapport au nom de la commission des fouilles : tombes
champdoniennes de la Porte Saint Laurent à Grenoble, BSDEA T 6, 1899, pages 77
et 78
-
L.
ROYER : les fouilles d’un cimetière près de Saint Laurent de Grenoble, BSDEA,
1935, n° 72, page 2
-
M.
et R. COLARDELLE : la nécropole paléochrétienne de Saint Sixte et la
topographie chrétienne de Grenoble, 108ème congrès national des
sociétés savantes, 1983, page 138 et note 23
-
CAG
38/1 : page 83
f) nécropole
de Saint Sixte :
A
l’est de Saint Laurent, près du ruisseau du Rivallet formant limite entre
Grenoble et la Tronche, sur un rocher dominant l’Isère au flanc sud est du Mont
Rachais, la nécropole de Saint Sixte a été repérée pour la première fois le 28
février 1909 par H. Müller qui devait découvrir, par sondage sur le site,
« des sarcophages en pierre de Beaucaire ». Ce sondage resta sans
suite.
Le
28 mars 1935 on devait découvrir fortuitement deux nouveaux sarcophages
monolithes et des fouilles organisées devaient dégager dix sept sépultures.
En
avril 1936, la construction d’un chalet entraîna la mise au jour de trois
nouveaux sarcophages.
La
synthèse des différentes découvertes aboutit à :
-
17
sarcophages monolithiques avec couvercle, taillés dans du calcaire blanc et
présentant, le plus souvent, un plan trapézoïdal sans alvéole céphaloïde (7ème
et 8ème siècles),
-
3
tombes en coffres de tegulae (5ème au 7ème siècles),
-
Un
fragment d’épitaphe remployé en couvercle (supra, 1ère partie,
chapitre V, inscription X 8).
-
L.
ROYER : op. cit. page
g) nécropole
Saint Ferréol (la Tronche) :
Au
cimetière « Saint Ferjus » (la Tronche), à l’intérieur et autour de
l’ancienne église détruite en 1862, à plusieurs reprises des tombes anciennes
ont été découvertes. Ainsi, lors du creusement de caveaux, des sarcophages en
1855, 1876 et 1900 un sarcophage et des tombes maçonnées en 1920.
En
1862, dans les fondations de la sacristie de la nouvelle église Saint Ferjus
« un cercueil en plâtre des 5ème, 6ème
siècles » aurait été découvert.
Contrairement
aux autres nécropoles suburbaines, on est assez mal renseigné pour Saint
Ferréol sur l’importance réelle des découvertes qui y ont été faites.
Tout
au plus est-on assuré des quatre sarcophages monolithes trouvés fin avril 1900
et de sépultures en murettes et en briques, de moellons et de dalles (dont le
nombre n’est pas connu). C’est dans l’une de ces sépultures que fut trouvée
l’inscription paléochrétienne dite de Populonia (supra, 1ère partie,
chapitre V, inscription n° X 9).
-
H.
MULLER : sarcophages et tombes champdoliennes trouvées à la Tronche,
BSDEA, 1900, pages 74 à 77 ; les origines de Grenoble, 1930, page 33
-
P.
THEVENON : sarcophages et tombes champdoliennes trouvés à la Tronche dans
le cimetière. Note sans date dans dossier manuscrit, 1947 (BMG R 90-773)
-
M.
COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècles
après J. C. dans les campagnes des Alpes françaises du nord, 1983, pages 219 et
220
-
R.
et M. COLARDELLE : la nécropole paléochrétienne de Saint Sixte, op. cit.
page 139
-
Archéologie
chez vous n° 3, notice 81, page 22
-
J.
C. MICHEL : op. cit. page 73
-
CAG
38/1 : page 170
h) nécropole
de la « Villa Belledonne » (la Tronche) :
Au
lieudit « Villa Belledonne », au
nord est du cimetière de Saint Ferjus, près du chemin du Pont Trouiller,
à l’occasion de travaux une importante nécropole gallo romaine du bas empire (3ème,
4ème siècles) fut découverte en juin 1947 à environ
-
P.
THEVENON : découverte d’un cimetière gallo romain Villa Belledonne à la
Tronche, dossier manuscrit 1947 (BMG R 90773)
-
Le
Dauphiné Libéré du 1er septembre 1947
-
Le
Travailleur Alpin du 5 novembre 1947
-
M.
COLARDELLE : sépulture… op. cit. pages 219 et 220
-
J.
C. MICHEL : Isère gallo romaine I, 1985, page 73
-
CAG
38/1 : page 170
i) chemin
de la Viotte à la Tronche :
Dans
un clos signalé comme « proche de Saint Ferjus » ( ?) on devait
découvrir dans la première moitié du 19ème siècle avec diverses
constructions (thermes ?) deux urnes cinéraires en terre cuite, une urne
en marbre et quelques tombeaux dont un en marbre blanc. S’agissait-il d’une
nécropole ?
-
J.
J. A. PILOT : les monuments du département de l’Isère, bulletin de
l’Académie Delphinale, I, 1842-1845, page 66 et précis statistique des
antiquités du département de l’Isère, BSSI, 3, 1843, page 123
-
CAG
38/1 : page 170
2 –
Nécropoles de la rive gauche de l’Isère :
j) nécropole
de la rue Saint Jacques :
Pilot
situe une nécropole antique vers la rue Saint Jacques actuelle, sur le tracé de
la voie romaine qui, au sortir de la Porte Romaine, partait en direction de
l’Italie.
Le
type de tombes et la date de la découverte ne sont pas autrement précisés.
-
J.
J. A. PILOT : notice sur les anciens cimetières de Grenoble, BSSI, 1854
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. page 25
-
CAG
38/1 : page 84
k) nécropole
de la rue de la République :
Des
tombes auraient été découvertes sous l’immeuble « Pax ». S’agit-il
d’une nécropole ?
- J.
P. JOSPIN :
l) nécropole de l’ancien palais épiscopal :
Les fouilles
de l’ancien évêché, place Notre Dame, conduites à compter de 1991 ont révélé
sous l’aile nord de l’hôtel épiscopal les sépultures groupées d’une nécropole
gallo romaine tardive (4ème, 6ème siècles).
C’est à
compter du 4ème siècle que semblent avoir été établies, sur une
étroite banquette de terrain entre l’enceinte romaine et son fossé, des
sépultures dont une quinzaine en coffres de tuiles avec des fragments de verre
et de la céramique DSP.
D’autres
sépultures, plus nombreuses et de même nature, ont été dégagées non loin des
substructions de la Porte Viennoise. Ces inhumations chrétiennes, à la fois
hors les murs conformément à l’usage romain et si proche cependant du premier
ensemble cathédral paraissent illustrer une étape intermédiaire entre les
pratiques héritées de l’antiquité et celles de la sépulture ad sanctos qui tendent à s’imposer au
cours du haut moyen âge.
- C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1990, page 243,
1991, pages 234 et 235, 1992-1993, page 209, 1993-1994, pages 208 et 209,
1994-1995, pages 239 et 240, 1995-1996, pages 218 et 219
-
M. COLARDELLE et E. VERDEL : en attendant le
jugement dernier, archéologie funéraire dans les Alpes du paganisme gallo
romain au christianisme médiéval, 1995, n° 30 et figue 10
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET, A. de MONTJOYE : autour du groupe cathédral de
Grenoble, deux millénaires d’histoire, 1998, pages 106 à 117
3 –
Sépultures isolées :
A
la jonction de la Grande Rue et de la place Saint André, H. Müller signale la
découverte, à l’occasion de la construction d’un immeuble, d’un sarcophage
d’enfant, monolithique en pierre blanche.
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, pages 9 et 10
« Dans
les vignes du chemin Saint Jean », sur les limites de Grenoble et de la
Tronche mais sur cette dernière, on a découvert des tegulae ayant pu être
utilisées comme sépultures.
-
H.
MULLER : sarcophages et tombes… op. cit. page 74
-
M.
COLARDELLE : sépulture… op. cit. page 220
CHAPITRE
XX – LES EDIFICES CHRETIENS
J’ai
longuement hésité à entreprendre un tel chapitre qui justifierait largement un
ouvrage spécifique tant est abondante la matière.
Trop
parler des témoins majeurs de l’histoire paléochrétienne de Grenoble eut été
dévier des limites imparties à l’ouvrage. Ne point en parler du tout eut
constitué une lacune grave.
J’ai
donc choisi une demi mesure.
La
thèse de Mme Colardelle sur le site cultuel et funéraire de Saint Laurent
faisant le tour de la question, on se contentera donc ici d’une brève synthèse.
De
même, eu égard à la remarquable publication du résultat des fouilles conduites
de 1989 à 1995 place Notre Dame ayant notamment permis la découverte du
baptistère jusqu’alors conjecturé, une courte synthèse de ce travail collectif
sera simplement présentée.
1 – Le
groupe cathédral et le baptistère paléochrétiens :
On
sait que le groupe cathédral occupe l’emplacement d’un modeste quartier urbain
des 2ème et 3ème siècles, représenté par une ligne de
façades d’orientation nord sud déterminant autant de maison à l’ouest, bordées
vraisemblablement par une ruelle à l’est (supra, chapitre XII).
Cet
îlot parait avoir été détruit lors de l’édification de l’enceinte du bas empire
à la fin du 3ème siècle.
Peu
après, dans le courant du 4ème siècle (vers 340-350 ?)
apparaissent les premiers bâtiments d’une communauté chrétienne structurée.
On
sait par ailleurs que la première mention d’un évêque de Grenoble, Domnin
(Domninus) apparaît en 381 lors du concile réuni à Aquilée par l’empereur
Gratien. Le dispositif de cathédrale double, conservé au moyen âge par
l’accolement l’une à l’autre des églises Notre Dame et Saint Hugues parait
remonter au 4ème siècle.
A
cette époque sont édifiés deux corps de bâtiments disposés en équerre, emplacés
dans le coude prononcé de l’enceinte, à l’est de la Porte Viennoise. Le
bâtiment nord, adossé au rempart en avant d’une poterne de l’enceinte,
s’articule à l’ouest avec un second bâtiment se développant parallèlement à un
axe important de circulation (decumanus ?).
C’est
semble t-il au cours du 5ème siècle que le groupe épiscopal acquiert
sa forme définitive. Le plan des bâtiments du 4ème siècle parait
avoir été conservé mais avec un élargissement du bâtiment ouest s’appuyant au
sud sur un baptistère octogonal de proportions modestes, muni en son centre
d’une cuve de marbre blanc.
L’angle
rentrant formé par les bâtiments annexes est alors complété par une galerie
ouverte reposant sur un portique monumental qui ceinture un espace en forme
d’atrium. Le pavement est formé par une alternance de bandes en dalles
calcaires et de bandes en carreaux de céramique rouge.
Dans
le même temps, semble t-il, le baptistère ne cesse d’être l’objet de
transformations dont la nature et la répétition pourraient traduire à la fois
les évolutions de la liturgie chrétienne du baptême et celles du cadre, sans
doute ostentatoire, que les évêques de la cité ont voulu lui donner.
Ainsi,
le baptistère est-il orienté par l’adjonction d’une première abside. Un système
d’adduction sous pression amène l’eau au centre de la cuve par un tuyau de
plomb. Dès ce moment et jusqu’à la destruction du baptistère semble alors
garantie la prescription recommandant l’usage de l’eau vive en référence au
baptême du Christ dans le Jourdain. A cet égard, de tous les baptistères
découverts en France (Poitiers, Riez, Aix en Provence, Fréjus, Nevers, Lyon…)
celui de Grenoble parait unique.
Trois
absides sont ensuite ajoutées sur les faces du baptistère qui en étaient
jusqu’alors dépourvues. Quadrilobé à l’intérieur, il s’inscrit désormais dans
un plan en croix à l’extérieur, ces agrandissements sacrifiant alors les salles
annexes initiales. Dans le même temps, le fond de la cuve est rehaussé et ses
parois sont enduites d’un mortier rose, cependant qu’un nouveau dispositif
d’adduction d’eau remplace le système primitif.
D’ultimes
transformations sont ensuite apportées à la fois à l’édifice et à la cuve et
deux pièces d’angle, également ouvertes sur le baptistère, sont ajoutées de
part et d’autre de l’abside est.
L’octogone
primitif est alors réduit à un pentagone irrégulier comportant, à chacun de ses
angles, une colonne s’élevant vers une architrave constituant un ciborium. Une
marche de
La
découverte dans l’abside est de plusieurs centaines de tesselles en pâte de
verre colorée à la feuille d’or évoque la richesse de la mosaïque pariétale
ornant le cul de four du presbyterium, lieu où officiait l’évêque. Plusieurs
dizaines de fragments de tabletterie en os, en ivoire et en bois de cerfs,
ornés de décors sculptés géométriques et de scènes figurées renseignent sur la
somptuosité évidente du mobilier liturgique.
C’est
à l’occasion des fouilles de sauvetage préalables à la construction de la
seconde ligne de tramway, place Notre Dame, que ce baptistère a été découvert
au cours du printemps et de l’été 1989 par F. Baucheron puis peu à peu dégagé
jusqu’en 1992-1993.
L’intérêt
des vestiges découverts – les différents états du baptistère paléochrétien et
de ses annexes mais aussi une portion du rempart gallo romain et des éléments
de la Porte Viennoise – a entraîné leur conservation et leur classement au
titre des monuments historiques en date du 5 décembre 1994.
L’aménagement
d’une crypte archéologique permet la mise en valeur de cet ensemble et sa
présentation aux visiteurs depuis le 5 février 1999.
Le
groupe épiscopal semble avoir acquis sa forme définitive au 5ème
siècle, formé de deux églises accolées traduisant un dispositif de cathédrale
double à l’instar de ceux existants dans la proche région à Lyon et à Genève
ou, plus loin, à Trêves.
Des
deux vocables primitifs, Saint Vincent (qui deviendra ultérieurement Saint
Hugues) et Sainte Marie, le premier est le plus ancien : il pourrait avoir
été adopté dès le 5ème siècle, époque où commença à se répandre la
dévotion pour le martyr de Saragosse.
Le
mur septentrional de Saint Vincent n’est d’ailleurs autre que le rempart
romain, au nord est de l’emplacement de la Porte Viennoise.
Malgré
la chute de l’empire et les périodes troublées qui suivirent, les bâtiments
cathédraux et le baptistère semblent avoir perduré jusqu’à la fin de l’époque
carolingienne. Puis, pour des raisons que nous ignorons, le baptistère fut rasé
(10ème, 11ème siècles) et un cimetière fut implanté sur
lui, face à l’entrée de Notre Dame.
Bibliographie
sélective :
L’ouvrage
de référence sur ce sujet est désormais celui de :
-
F.
BAUCHERON, F. GABAYET et A. de MONTJOYE : autour du groupe épiscopal de
Grenoble, deux millénaires d’histoire, DARA, 1998
Mais
on pourra également consulter :
-
L.
BASSETTE : la cathédrale Notre Dame et l’église Saint Hugues de Grenoble,
1936
-
B.
BLIGNY (direction) : Histoire des diocèses de France, Grenoble, 1976
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens, GAF n° 9, 1986n pages
12 à 16
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France, Grenoble, 1990, page 24
-
E.
CHATEL : étude sur les portes de l’enceinte gallo romaine de Grenoble
d’après deux dessins du XVIe siècle, Cahiers archéologiques, 38, 1990, pages 22
et 23
-
N.
DUVAL et alii : naissance des arts chrétiens. Atlas des monuments
paléochrétiens de la France, 1991, pages 57 et ss
-
C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1990, pages 244 et
245, 1991, pages 236 et 237, 1992-1993, page 209, 1993-1994, pages 209 à 211
-
DRAC
Rhône Alpes, SRA, bilan scientifique 1991, pages 67 et 68, 1992, pages 80 à 82,
1993, pages 96 et 97
-
F.
LONTCHO : Grenoble à la recherche de ses premiers monuments chrétiens,
Archéologie Nouvelle n° 3, février 1994, page 60
-
CAG
38/1 : pages 74 et 75
-
D.
CHANCEL : le groupe cathédral de Grenoble et la place Notre Dame du
cardinal Le Camus à la révolution, la Pierre et l’Ecrit, 1995-1996, pages 97 à
99, 115 et 124
-
Collectif :
Grenoble, traces d’histoire, collection les patrimoines, 1997, page 9
-
GALLIA
Informations, 1996, page 107
-
K.
FLEURY ALCARAZ : l’exceptionnel baptistère de Grenoble, Archéologia n°
355, avril 1999, pages 4 et 5
2 –
Saint Laurent :
En
raison de l’intérêt archéologique porté depuis deux siècles à la « crypte
Saint Oyand », Saint Laurent est sans doute l’ensemble monumental le plus
célèbre de Grenoble. C’est désormais aussi le mieux connu grâce aux fouilles
extrêmement complètes conduites durant près de vingt ans par Renée Colardelle.
C’est
un excellent exemple de la création, sur le site d’une nécropole suburbaine du
bas empire, d’une basilique funéraire au plan complexe, modifiée à plusieurs
reprises, qui laissera ensuite la place à une église priorale puis paroissiale.
On
se contentera ici de rappeler la chronologie probable des édifices qui se sont
succédés sur l’emplacement de l’actuelle église Saint Laurent et de faire état
des dernières découvertes.
Chronologie :
-
1er
et 2ème siècles : présence d’un édifice rectangulaire gallo
romain, à l’emplacement de l’actuel rocher, situé vraisemblablement le long de
la voie de Grenoble à Chambéry. Un pavement de grandes dalles calcaires a été
retrouvé. Il montre le grand soin apporté à la construction de ce bâtiment dont
la destination reste toutefois inconnue.
-
3ème
et 4ème siècles : plusieurs mausolées sont construits (sept au
total ont été retrouvés) et la fonction de la nécropole est alors bien
attestée. Une basilique funéraire de plan carré est également édifiée.
-
5ème
siècle : une grande salle rectangulaire vient s’accoler au mausolée ouest
selon un axe nord sud. Elle contient de nombreux sarcophages. Elle contient de
nombreux sarcophages. Elle perdurera et sera recouverte de peintures murales
aux 8ème et 9ème siècles.
-
6ème
et 7ème siècles : construction d’une église cruciforme, de plan
centré, dont les trois branches orientales comportent chacune trois absides en
forme de trèfle. Autour d’un espace carré de
Saint Oyand fait partie des petites
chapelles ainsi construites. C’est du reste la branche orientale de l’église
cruciforme. Connu par des textes du 11ème siècle, Saint Oyand se
rapporte à un moine du Jura, Eugendus (vers 450-515) qui connut à l’époque
mérovingienne une certaine vénération dans la région.
-
8ème
et 9ème siècles : réaménagement (ou reconstruction ?) de
la chapelle Saint Oyand qui utilise un quart de l’église précédente. Elle
reçoit alors un décor et une ordonnance monumentale. Des colonnes antiques sont
réutilisées. Les tailloirs sont l’un des fleurons de l’art carolingien. On
construit également un double escalier dans le bâtiment ouest.
-
En
1012 est citée l’église Saint Laurent, date à laquelle l’évêque Humbert d’Albon
donne ses ruines aux bénédictins de Saint Chaffre qui édifient un prieuré. Au
siècle suivant un cloître est accolé à l’église. Ce prieuré subsiste jusqu’en
1683 et Saint Laurent devient alors une simple paroisse. Le cloître est détruit
mais son emplacement continuera à être utilisé comme cimetière jusqu’en 1793,
comme il l’avait été 17 siècles auparavant.
Découvertes
récentes :
Parmi
les découvertes les plus significatives, on peut citer :
-
de
nouveaux mausolées des 3ème et 4ème siècles dont l’un est
conservé jusqu’à la voûte et orné de fresques,
-
un
système de chapelles et d’escaliers d’accès à une crypte située sous le
clocher,
-
un
mur de clôture du cimetière primitif du bas empire,
-
la
mise en évidence d’un mausolée de type hypogée, très arasé, sous Saint Oyand,
dont les matériaux de construction ont été récupérés lors de la construction de
Saint Oyand.
Il
est à noter que la découverte de caveaux de mausolées, avec leurs peintures
dans un exceptionnel état de conservation, est chose unique en Gaule. Mais ceci
est bien à l’image d’un site qui, jusqu’alors, est sans doute le plus complet
et le plus original dans sa continuité archéologique de toute l’Europe.
Bibliographie
sélective :
Saint
Laurent (et notamment jusqu’à une époque récente la crypte Saint Oyand) a donné
lieu à une bibliographie très importante. Celle présentée ici n’est que
synthétique.
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : dissertation sur un monument souterrain existant à
Grenoble, 1803
-
A.
de CAUMONT : rapport sur une excursion à Grenoble, Bulletin Monumental, 3ème
série, T IV, 1858, pages 306 à 314
-
J.
J. A. PILOT : notice sur l’église Saint Laurent de Grenoble, 1864
-
P.
DAVID : les monastères du diocèse de Grenoble à l’époque
mérovingiennes : Saint Laurent de Grenoble et Notre Dame de Vizille, 1930,
pages 1 à 15 ; l’oratoire mérovingien de Saint Oyand, 1931 ; vie de
Saint Oyand, 1936 ; l’église de Saint Laurent de Grenoble et l’oratoire de
Saint Oyand, 1937
-
J.
HUBERT : date de la crypte de Saint Laurent de Grenoble, Bulletin de la
société nouvelle des antiquaires de France, 1952, pages 64 à 68 ; les
fouilles de Saint Laurent de Grenoble, ibid, 1963, pages 135 à 137
-
R.
GIRARD : la crypte de Saint Laurent de Grenoble, Cahiers d’histoire, VI,
2, 1961, pages 155 à 164 ; fouilles à Saint Laurent de Grenoble, campagnes
de 1960 à 1964, 89ème congrès national des sociétés savantes,
section archéologie, 1964, pages 347 à 369
-
M.
Le GLAY : informations archéologiques, GALLIA T XXII, 1964, page 526, T
XXIV, 1966, pages 509 à 511, T XXXI, 1973, pages 530 0 (« é
-
R.
GIRARD : la crypte de l’église Saint Laurent de Grenoble, Congrès
archéologique du Dauphiné, 1974, pages 243 à 263 ; l’église et la crypte
de Saint Laurent de Grenoble, 1977
-
J.
HUBERT : la « crypte » de Saint Laurent de Grenoble et l’art du
sud est de la Gaule au début de l’époque carolingienne, Arts et vie sociale de
la fin du monde antique au moyen âge, 1977, pages 361 à 370
-
E.
CHATEL : recueil général des monuments sculptés en France pendant le haut
moyen âge (IVe-Xe siècles) : Isère, Savoie, Haute Savoie, 1981, pages 7 à
23
-
R.
COLARDELLE, C. BONNET, M. COLARDELLE, J. F. REYNAUD : Saint Laurent de
Grenoble : nouveaux résultats des fouilles. Mélanges d’archéologie et
d’histoire médiévales en l’honneur du doyen de Boüard, 1982, pages 49 à 64
-
J.
LASFARGUES : Informations archéologiques, GALLIA, T XXXX, 1982, pages 399
à 400
-
M.
COLARDELLE : sépulture et traditions funéraires du Ve au XIIIe siècles
après J. C. dans les campagnes des Alpes françiases du nord, 1983, pages 219,
229 et 382
-
R.
et M. COLARDELLE, A. de MONTJOYE : Grenoble (Isère) : la découverte
d’un riche passé, dossiers de l’archéologie n° 78, 1983, pages 68 à 71
-
R.
et M. COLARDELLE : la nécropole de Saint Sixte et la topographie
chrétienne de Grenoble, Actes du congrès national des sociétés savantes, 1983,
pages 131 à 142
-
Collectif :
des Burgondes à Bayard, mille ans de moyen âge, 1984, page 52 ; premiers
temps chrétiens en Gaule méridionale, antiquité tardive et haut moyen âge, IIIe
– VIIIe siècles, notices 164 à 172, pages 89 et 90
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens, GAF n° 9, 1986
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine des villes de France,
Grenoble, 1990, page 24
-
R.
COLARDELLE : rapport de recherche 1978-1990, 4 volumes
-
Collectif :
de Lascaux au grand Louvre, archéologie et histoire en France, 1991, pages 524,
525 et 536
-
C.
MAZARD : chronique des fouilles, la Pierre et l’Ecrit, 1990, pages 248 et
249, 1991, pages 237 et 238, 1992-1993, pages 212 à 214, 1993-1994, pages 212 à
214
-
F.
LONTCHO : Saint Laurent de Grenoble : le monde des morts, Archéologie
nouvelle n° 3, février 1994, pages 56 à 63
-
CAG
38/1 : pages 75 à 78
-
R.
COLARDELLE : Saint Laurent de Grenoble, fouille programmée, la Pierre et
l’Ecrit, 1994-1995, pages 240 à 242
-
R.
COLARDELLE : Saint Laurent de Grenoble, 2000 ans de tradition funéraire,
2008
3 –
Autres édifices :
Il
est hautement probable que d’autres édifices de culte aient été édifiés à
l’intérieur de la ville ou à sa périphérie au cours du haut moyen âge. Deux
d’entre eux méritent d’être évoqués : Saint Jean et Saint Pierre.
-
église
Saint Jean : elle était située sur l’actuelle place Saint André.
Mentionnée dans le troisième cartulaire de Saint Hugues, elle fut détruite au
cours des guerres de religion. Le creusement d’une canalisation dans le
prolongement de la Grande Rue à la fin du 19ème siècle a mis au jour
quelques substructions correspondant au chevet et des sépultures qui,
malheureusement, n’ont pas été décrites. En 2005, lors des travaux de
rénovation du dallage de la place l’église est réapparue momentanément.
-
Eglise
Saint Pierre : elle est également mentionnée dans le cartulaire de Saint
Hugues mais son emplacement n’est pas connu précisément. On sait seulement
qu’elle était établie hors les murs de la Porte Romaine. Faut-il y voir un
témoin de la christianisation de l’hypothétique nécropole du bas empire évoquée
par Pilot ? (supra, chapitre précédent).
En
raison de leur vocable, grande est la tentation de faire remonter l’origine de
ces deux édifices aux premiers temps de l’église de Grenoble.
-
J.
MARION : les cartulaires de l’église cathédrale de Grenoble dits cartulaires
de Saint Hugues, 1869
-
G.
VALLIER : l’église Saint Jean à Grenoble, Mélanges dauphinois, 1887
-
A.
de MONTJOYE : op. cit. pages 22, 27 et 29
-
J.
C. MICHEL : l’église Saint Jean de Vif des origines au 12ème
siècle, bulletin des AVG n° 38, 1996, pages 4 à 16
CHAPITRE
XXI – LES ACCES A LA VILLE ET LES VOIES ROMAINES
Cularo,
on l’a vu, est citée dans deux itinéraires antiques, la Table de Peutinger et
l’Anonyme de Ravenne (supra, 1ère partie, chapitre IV, 3) comme
station de la voie romaine de Vienne à l’Italie par le Montgenèvre.
Au-delà
de cette voie, au demeurant l’une des plus importantes de l’antiquité et dont
les origines remontent au moins à la protohistoire, d’autres axes secondaires,
chemins gaulois utilisant les lignes de faîte, voies romaines mettant à profit
vastes plaines, larges couloirs fluviaux et vallées alpines, font de Grenoble
un carrefour antique significatif.
Au
moins huit de ces voies ont été repérées.
1 – la
voie de Vienne à l’Italie :
Elle
traversait Cularo où elle pénétrait par la Porte Viennoise (la direction de
Vienne) et d’où elle sortait par la Porte Romaine (la direction de Rome).
Un
érudit local, J. B. Morel s’est même interrogé à cet égard sur la fonction
accessoire d’indicateur routier que les inscriptions monumentales apposées sur
les deux portes auraient pu avoir ! En effet, dans une administration
aussi formaliste et hiérarchisée que l’était l’administration romaine, les
voies principales de communication étaient du privilège direct des empereurs comme
l’un des ressorts vitaux de leur sécurité.
Le
premier segment de la Table de Peutinger relatif à la Gaule mentione sur cette
voie huit stations entre Vienne et le Montgenèvre : (Vigenna), Turecionno,
Morginno, Culabone, Catorissium, Mellosedo, Durotinco, Stabatione, (in Alpe
Cotia).
L’anonyme
de Ravenne mentionne une station supplémentaire entre Culabone et
Catorissium : Fines.
a) itinéraire
de Grenoble à Vienne :
S’il
est bien un point sur lequel – et le fait n’est pas si courant – se sont
accordés tous les auteurs c’est sur cette partie de l’axe routier.
Empruntant,
du fait d’une topographie imposée par la nature, un chemin sans doute de très
haute origine, la voie romaine quittait Cularo au débouché du pont sur l’Isère,
se poursuivait par l’actuelle montée Chalemont et le chemin du Fort Rabot,
passait près de la demeure de Guy Pape et rejoignait le territoire de
l’actuelle commune de Saint Martin le Vinoux. En ce lieu, l’exploitation de
carrières a défiguré le paysage ancien, mêm si la tradition locale a toujours
conservé le souvenir de la « voie romaine ». C’était en effet le seul
accès possible en direction de Vienne, l’Isère venant alors affleurer la base
de la colline à l’emplacement actuel du quai et de la Porte de France dont la
voirie ne fut établie qu’au début du 17ème siècle.
Mais
cette voie a encore été parfois utilisée postérieurement au tracé inférieur.
Ainsi, en 1724 « … l’Isère n’a point de lit fixe, principalement dans la
partie de Grenoble jusqu’au dessous de Moirans… Le grand chemin de Grenoble à
Lyon risque d’être emporté… ce qui obligera de chercher le grand chemin dans la
montagne… » (ADI IIc 815, 52).
Des
carrières, la voie se poursuivait sur le coteau vers le cimetière et l’église
de Saint Martin le Vinoux, suivait à l’horizontale le chemin du Canet puis le
chemin de l’église, rejoignant alors le Souchet et le franchissant à Pique
Pierre. De là, elle gagnait la Buisserate au bas des pentes, sans doute
derrière le château de la Balme.
Revenue
au niveau de la plaine au bas du Néron, la voie se continuait par le quartier
de la Maladière, la ferme de Fiancey et le hameau du Muret dont le mur du
château la borde encore. Elle passait sans doute ensuite le long des flancs du
Néron jusqu’à la Monta. De là et jusqu’à Voreppe, l’itinéraire suivait
strictement les contreforts de la Chartreuse, passant à Rocheplaine, au
Fontanil (croix de chemin), à Saint Vincent du Plâtre et au Chevallon. Sur ce
segment elle est encore très lisible.
L’importance
de la voie est soulignée par l’occupation, à but apparemment militaire, de
certaines hauteurs la surplombant tels le Néron (supra, chapitre II) ou le
rocher de Cornillon.
De
l’église du Chevallon par le « chemin vieux », la voie passait au
« Bourg Vieux » de Voreppe et se dirigeait au quartier des Balmes de
la Buisse. Sur ce tronçon elle portait, au moyen âge, le nom de « chemin
des Chevaliers ».
Au-delà
d’une fabrique de matériaux de construction elle se confond actuellement sur
De
là jusqu’à Moirans, la route actuelle semble avoir recouvert l’ancien tracé par
Saint Jean de Moirans, la voie est encore très discernable au Bois du Four sur
la commune de Charnècles : Ri Dolon (pont d’origine antique ?),
sources cultuelles du Rochat, Tréfond, les Etrats (Via strata ?), Mercuel…
A
Izeaux était vraisemblablement situé originellement l’un des rares milliaires
conservés de cette voie.
« Imp(eratori)
caes(ari) / Fl(avio) Vale(erio) / Constantino / P(io) f(elici) / Aug(usta) …
(CIL XII, 5508).
Ce
milliaire sert aujourd’hui de support de bénitier dans l’église de Saint Paul
d’Izeaux.
On
n’insistera pas sur la suite de l’itinéraire qui, par Turecionno (Tourdan)
gagnait Vienne.
b) de
Grenoble au Montgenèvre :
Sortant
de Cularo par la Porte Romaine, la voie suivait l’actuelle rue Saint Jacques et
se dirigeait par l’ancien chemin du même nom vers la commanderie d’Echirolles.
De
là, on peut la situer à l’oratoire de Bresson puis sur le plateau de Haute
Jarrie qu’elle joignait par le chemin encore appelé « chemin ferré ».
Elle
se continuait par la Croix de la Vue, Cornage, les Mattons et passait à
l’emplacement du cimetière de Vizille sur le site duquel sera fondé en 726 le
monastère Sainte Marie de Viceria qu’un peu plus de dix ans après le Patrice
d’Abon unira à l’abbaye de la Novalaise dans le Val de Suse.
Au-delà
de Vizille, la voie se poursuivait par Fines (lieudit actuel Lavorant à l’est
de Livet), Catorissium (Bourg d’Oisans ou la Garde), Mellosedo (Mont de Lans ou
Mizoën), Durotinco (Villard d’Arène), Stabatione (Monétier les Bains),
Brigantione (Briançon)) pour atteindre In Alpe Cottia (le col du Montgenèvre).
Bien
qu’étudiée par des dizaines et des dizaines d’auteurs, la voie romaine de
l’Oisans est toujours aussi mal connue et même certains de ses vestiges les
plus probants (Rochetaillée, porte de Bons) remis périodiquement en question.
Il
ne s’agit pas ici de s’aventurer sur le terrain ô combien difficile de la voie
romaine de l’Oisans dans son secteur le plus controversé, Fines – Stabatione.
J’ai par ailleurs tenté cet exercice périlleux et la bibliographie sélective
placée à la fin de ce chapitre donne, pour qui le souhaite, les principales références
en la matière.
2 – la voie de Grenoble
à Chambéry (rive droite de l’Isère) :
Selon
D. Van Berchem il s’agirait de la route primitive de Vienne au col du Petit
Saint Bernard mentionnée par Strabon.
Sortant
de Cularo par la Porte Viennoise, cette voie traversait l’Isère sur le pont
primitif et passait probablement, comme semble l’indiquer la morphologie du
terrain, au dessus de l’actuelle rue Saint Laurent et à l’est du clocher de
l’église.
Bordée
de nécropoles, selon l’habitude antique, elle est identifiable par
celles-ci : Saint Laurent, Porte Saint Laurent, Saint Sixte, Saint Ferjus
(supra, chapitre XIX). Cette voie doit être assez profondément enfouie,
probablement un peu plus bas qu’à l’entrée de l’église médiévale. Dans
certaines de ses sections la voie est encore nommée « chemin de
l’empereur » en souvenir dit Pilot d’Aurélien qui l’aurait fait réparer et
élargir en plusieurs endroits vers 273.
Elle
est encore identifiable en maints endroits : Montfleury (croix), Saint
Martin de Montbonnot, Charvinières (Saint Ismier), la Grande Vie (Crolles), la
croix de Saint Aupré (Montfort), Pouliot sur Lumbin (milliaire
anépigraphe ?), la Terrasse (sanctuaire à Mercure), Saint Vincent de
Mercuze (trésors), la Buissière, Chapareillan (traces exhumées au lieudit
significatif l’Etraz, Via Strata), Saint Martin et Chambéry (Lemencum).
3 – la voie de la rive
gauche de l’Isère :
C’est
celle qu’aurait suivie Hannibal en 218 avant notre ère de Valence à Cularo et à
Pontcharra (supra, 1ère partie, chapitre IV).
a) de
Valentia à Cularo :
Selon
toutes probabilités, la voie longeait l’Isère sur l’essentiel de son parcours
comme le fait aujourd’hui la RN 532. Elle passait à Saint Just de Claix, non
loin de l’oppidum dit des « Quatre Têtes », au confluent de l’Isère
et de la Bourne (Ventia ?), puis à Village Vieux, à Saint Romans, à
Beauvoir en Royans où le site de l’ancien château delphinal laisse présumer, en
contrebas, la voie médiévale qui, vraisemblablement ici comme ailleurs ne
devait être autre que la voie romaine. Traversant Izeron, elle devait ensuite gagner Rovon (les
Charrets) puis Saint Gervais, la Rivière (la Charrière) et Saint Quentin sur
Isère.
De
là, par un tracé problématique, elle devait gagner Veurey non par la route
côtière actuelle mais en franchissant le Bec de l’Echaillon par le Replat, la
Crête et la chapelle Saint Ours. De là, elle devait redescendre par le chemin
pavé subsistant sur Veurey.
De
Veurey, par Noyarey, Sassenage, Fontaine et Seyssinait Pariset, elle tendait
vers Cularo. L’aboutissement de cette voie n’est pas identifié : S. Lancel
pense que, du temps d’Hannibal, un gué existait sur le Drac vers Comboire.
b) de
Cularo à Pontcharra :
Le
tracé de cette seconde voie du Grésivaudan est moins aisé à définir que celui
de la rive droite de l’Isère. C’est néanmoins l’axe suivi par Hannibal selon la
majeure partie des auteurs qui se sont penchés sur le mythique itinéraire.
Une
proposition de tracé peut être suggérée à partir des indices toponymiques et de
certains vestiges archéologiques : Saint Martin d’Hères (chemin du Pavé),
Gières (Vie Vieille), Domène (les Quatre Chemins), Le Versoud (chemin de la
Charrière), Froges (lieudits Constantin et Mazeretières), le Champ près Froges
(la Grande Vie), la Pierre (le Ferrat), Goncelin (traces de chaussée ?) et
Pontcharra.
4 – la voie dite de
Munatius Plancus :
C’est
sans doute la voie principale du Trièves et aussi la plus ancienne assurément.
Tite Live dit qu’une piste existait déjà au 3ème siècle avant notre
ère. C’est ce chemin que parcourt Munatius Plancus en 43 avant notre ère (sur
ces évènements et sur le tracé global, supra chapitre V).
Selon
toutes probabilités, après avoir franchi le Drac sur un gué soit à
l’emplacement du Pont de Claix, soit vers le « Saut du Moine », la
voie suivait la vallée de la Gresse jusqu’à Vif puis gagnait Monestier de
Clermont et le col du Fau qui semble avoir été un carrefour de voies antiques
et où des vestiges remontant à la protohistoire ont été récemment observés.
De
là, par Saint Michel les Portes, Clelles, le Percy et Saint Maurice en Trièves,
la voie gagnait le col de la Croix Haute et, au-delà, Sisteron, Riez et Fréjus.
5 – la voie de Grenoble
à Gap par la Matheysine :
Au
sortir de Grenoble, cette voie empruntait la grande voie de l’Italie qu’elle
quittait pour franchir la Romanche soit vers l’emplacement de l’ancien pont de
Champ, soit un peu avant Vizille. Par Saint Pierre de Mésage, elle gagnait le
plateau de Laffrey et Pierre Châtel. Puis, par les Josserands, la Fayolle, les
Thénaux, Sersigaud, Tors, Pontcharra et le plateau du Païon elle arrivait au
pied du calvaire de la Mure où son tracé est encore évident.
De
la Mure (probable vicus, voire même chef lieu des Tricorii), la voie se
dédoublait. L’axe principal se poursuivait par Pré Sabot, la Croix, les Rampes
(où un tronçon pavé subsiste toujours), Pont Haut (emplacement de pont romain),
les terrasses, les Méarotz, la Salle, Corps (ou Pellafol où des traces de pont
sur le Drac ont jadis été relevées), Chauffayer, Saint Bonnet, Forest Saint
Julien (Geminae ?) et Gap.
Un
axe secondaire joignait la Mure à Mens par les Saguettes, Cognet (pont
romain sur le Drac ?), Saint Jean d’Hérans (relais routier ?) et
le col Accarias.
Enfin,
un axe antérieur à l’époque romaine allait de la Mure à Bourg d’Oisans par
Valbonnais, le Périer, Chantelouve et le col d’Ornon (supra, 1ère
partie, chapitre III).
6 – la voie de Grenoble
à Mens :
Le
nom même du Trièves semble provenir de « trievos », les trois voies.
Mais, en dépit de cette évidence toponymique, le point reste controversé. Si la
voie du Trièves (ou les voies) n’ont pas connu autant de recherches passionnées
que la voie de l’Oisans, il n’en demeure pas moins que nombre d’auteurs ont
travaillé sur le sujet et que divers trajets sont envisageables.
Même
si en l’état actuel de la recherche Mens n’a toujours pas livré des preuves
tangibles d’une occupation à l’époque romaine, il semble avéré qu’une voie
existait entre Grenoble et Mens.
Jusqu’à
Vif, son tracé devait être celui de la voie principale du Trièves suivie par
Munatius Plancus (ci avant, 4). Mais l’on sait qu’il existait également un
tracé parallèle évitant Grenoble lorsqu’on arrivait par la rive gauche de
l’Isère (ci avant, 3a). De Seyssinet, en effet, une voie gagnait Seyssins puis
montait au col de Cossey ou de Comboire où son tracé est encore bien marqué. De
là, elle traversait le territoire de Claix et gagnait Varces où son emplacement
a été retrouvé à diverses reprises et notamment lors des fouilles récente du
site de l’Achard.
Reprenant
à Varces le tracé principal, la voie se poursuivait sur Vif. Elle devait
ensuite bifurquer sur Saint Martin de la Cluse, Avignonet, Sinard et Monestier
de Clermont. Elle franchissait l’Ebron à Roissard par un pont et gagnait
Lavars. Ces deux dernières localités sont de haute origine puisqu’elles sont
cités dans le testament du patrice d’Abon daté de 739.
De
Lavars, la voie devait rejoindre Mens par Cornillon en Trièves.
Au-delà
de Mens, elle se dirigeait sur le col de la Croix Haute par Mas Martinet (traces
de voie), Prébois, Toucheboeuf (gué sur l’Ebron) et Saint Maurice en Trièves.
Egalement
de Mens, est supposée une voie secondaire qui, par Cornillon en Trièves,
Villarnet, Mayres Savel (pont sur le Drac à Savel ?), Marcieu et Roac
gagnait la station thermale de la Motte Saint Martin. Cette dernière localité
pouvait être reliée à Grenoble par une voie joignant Avignonet (emplacement de
pont connu sur le Drac) puis Vif.
Prudhomme
admettait implicitement l’existence de cette voie puisqu’il pensait que
« les riches gallo romains de Cularo fréquentaient les thermes d’Uriage et
ceux de la Motte Saint Martin ».
7 – la voie de Cularo à
Dea Augusta :
Très
vieille piste, devenue voie romaine avant d’être, jusqu’au 19ème
siècle, le Grand Chemin de Die à Grenoble. Cet axe direct représentait une
distance inférieure à
De
Grenoble au col du Fau, son tracé était, selon toute évidence, celui de la voie
principale du Trièves. Du col du Fau elle devait gagner Saint Michel les
Portes, Gresse (citée dans le testament d’Abon de 739), la Bâtie de Gresse et
le Pas de la Selle où subsistent sur près de
De
là, la voie se poursuivait par la vallée de la Queyrie (carrières romaines), le
Pas de Chabrinel, les Gravelles et Romeyer d’où elle gagnait Die.
8 – l’Avia Publica ou
Voie du Vercors :
Un
chemin de grande communication, d’origine non établie, existait entre Grenoble
et le Vercors. Ce chemin est nommé « Avia Publica » dans les textes
médiévaux. S’agit-il d’une Via Publica antique ?
F.
Camoin le fait passer à Sassenage puis aux Côtes où des traces de voie ont été
observées, à Engins (Laliarey, le Fournel, les Merciers), à Lans (l’Olette, le
Peuil), à Villard de Lans (Villevieille, les Lombards, l’Essarton, la Font de
la Meya), à Corrençon (les Martins, la Fleur du Roy).
De
là, il se serait poursuivi par le Pas de l’Ane et Saint Martin en Vercors
(dhemin de la Pia, corruption probable de Via).
Bibliographie
sélective :
Sur l’ensemble des voies
évoquées :
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S.
GRAS : les voies romaines du Dauphiné, Revue du Dauphiné, 1, 1837, pages
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-
G.
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l’antiquité romaine, Information régionale n° 16, 1974, pages 1 à 18
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J.
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thèse 1980
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J.
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CAG
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J.
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G.
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et 53
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J.
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J.
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Sur les voies du
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J.
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-
Archéologie
chez vous n° 3, 1984, pages 10 et 11
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Sur la voie de Valence à
Grenoble (rive gauche de l’Isère) :
-
F.
de VILLENOISY : Seyssins et la voie de la rive gauche de l’Isère, Le
Dauphiné du 2 octobre 1882
-
W.
MEYER : l’ancien mandement se Saint Marcellin (Isère) à l’époque gallo
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-
S.
LANCEL : Hannibal, 1995, page 128
Sur les voies du
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H.
TERRAS : la vicomté de Trièves et la baronnie de Gresse en vallée
chevaleureuse, 1970, pages 171 et ss
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JULLIAN : histoire de la Gaule, réédition 1993, 1, pages 1148 et 1149
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A.
BEAUP : géographie du Trièves, 1982, pages 127 et ss
-
A.
FRANCES : à propos du mot Trièves : essai d’une nouvelle
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Collectif :
patrimoine en Isère, Trièves, 1996, pages 34 à 36
-
J.
C. MICHEL : les voies romaines du Trièves, bulletin des AVG n° 43 et n°
44, 1999
-
J.
C. MICHEL : les voies antiques du Trièves (à paraître en 2010)
Sur les voies de la
Matheysine :
-
E.
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A.
DUSSERT : essai historique sur la Mure et son mandement, 1903
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L.
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V.
MIARD : la Mure et la Matheysine à travers l’histoire, 1965, pages 37 à 40
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Archéologie
chez vous n° 7, 1989, page 10
Sur la voie de Grenoble
à Die :
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J.
X. CHIROSEL : Glandasse, 1981
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GAUTIER : sur le chemin de la Vie, bulletin des AVG n° 20, 1987, page 56
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14
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Patrimoine
en Isère, Trièves, 1997, pages 37 à 40
Sur l’Avia
Publica :
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F.
CAMOIN : Villard de Lans, son site, son histoire, 1955, pages 89 et 90