Grenoble Antique
Succédant
à deux ouvrages sur l’Isère gallo romaine (1985 et 1987), aujourd’hui repris
dans la « carte archéologique de l’Isère » du présent site Internet, j’ai
publié, à compte d’auteur, en 1999, une quasi thèse sur « Grenoble
antique ».
A
quelques exceptions notables (le professeur André LARONDE, aujourd’hui
Président de l’Académie Delphinale, Jean Pierre CHARRE, ancien président du
Comité de Sauvegarde du Vieux Grenoble, la « librairie
archéologique » qui a bien voulu commercialiser l’ouvrage, les
« Affiches de Grenoble et du Dauphiné », les revues
« Archéologia » et « Archéologie nouvelle », la société
dauphinoise d’Ethnologie et d’archéologie » (présidée par Aimé BOCQUET) et
quelques articles du « Dauphiné Libéré », cet ouvrage n’a pas reçu à
mon sens l’accueil qu’il aurait pu mériter eu égard aux longues recherches
qu’il a nécessitées, notamment de la ville dont il retraçait le riche passé.
C’est
pourquoi j’ai décidé de l’inclure dans mon actuel site Internet afin qu’il
puisse bénéficier à un large public. Toutefois, pour des raisons pratiques, je
n’ai pu reproduire la cartographie et l’iconographie que présentaient l’ouvrage
original.
J’ajoute
que la présente version bénéficie de quelques mises à jour postérieures.
PREFACE
« Tous
ceux que l’histoire du Dauphiné, et plus particulièrement celle du département
de l’Isère, intéresse ont, depuis quelques années placé dans leur bibliothèque
les deux ouvrages que Jean Claude MICHEL fit paraître, le premier en 1985 et le
second en 1987 intitulés « Isère gallo romaine ».
L’ensemble
constitue, à mon sens, le plus précis et le plus méthodique recensement
archéologique de toutes les communes de l’Isère à l’époque gallo romaine.
Véritable
répertoire départemental des vestiges archéologiques d’époque gallo romaine
« connus, supposés ou pressentis » selon l’heureuse formule de
l’auteur, il demeure un magnifique et précieux outil de travail pour les
historiens de ce département.
Ajoutons
pour ceux qui craindraient de plonger dans un ouvrage un peu ésotérique ou
seulement difficile d’accès qu’ils ne risquent pas ce désagrément puisque style
et vocabulaire sont ceux d’un amoureux de l’histoire que d’un historien
confirmé et reconnu.
Mais
il convenait aujourd’hui de couronner cette somme historique et de combler une
lacune assez inexplicable par un ouvrage spécifiquement consacré à Grenoble.
Avec
ce « Grenoble antique » voilà qui est fait.
Le
très bel ouvrage que nous avons l’honneur de préfacer brosse, de manière très
détaillée, le panorama, somme toute exhaustif à notre sens, de Grenoble à
l’époque gallo romaine.
Superbement
illustré, précisément référencé, le livre de Jean Claude MICHEL ne laisse aucun
secteur de recherche dans l’oubli.
Livre
d’envergure, d’une grande rigueur et honnêteté intellectuelle, il se révèle
aussi d’un réel agrément de lecture. C’est bien à une saisissante et vivante
reconstitution d’un Grenoble gallo romain méconnu que nous sommes conviés. De
la civitas des Allobroges à la Civitas Gratianopolitana, le Grenoble antique
nous est livré sans sa totalité et surtout dans sa complexité
L’historien
scrupuleux préfère quelquefois avouer son incertitude et ses doutes et se
contente rarement, car sa science est grande, de formuler des hypothèses
péremptoires ou définitives.
On
ait saisi d’étonnement, pour ne pas dire d’admiration, quand on songe que
l’auteur, cadre dirigeant de l’une des plus importantes entreprises
grenobloises, a pris sur ses rares loisirs le temps de dresse ce prodigieux
recensement.
La
quatrième partie du livre, consacrée aux tables et index, est particulièrement
édifiante car elle comporte également une bibliographie de plus de huit cent
références ! Près de cinquante cartes ont été établies et plus de trois
cents clichés ont été sélectionnés par l’auteur parmi une collection que je
sais considérable.
Ceci
montre, s’il en était besoin, et de la manière la plus éloquente qui soit
l’importance de la tâche dont Jean Claude MICHEL est venu à bout.
La
réussite de l’entreprise n’a d’égale que l’importance de l’attente ressentie
par tous ceux qui, sans aucun doute, souhaitaient voir paraître un ouvrage de
ce type sur un tel sujet.
Ces quelques lignes d’introduction à la
lecture de « Grenoble antique » n’ont pas été écrites par un
spécialiste de l’époque gallo romaine. Elles souhaitent seulement, et avant
toute autre considération, inviter à la lecture d’un livre qui nous a
enthousiasmé. Elles veulent aussi, au premier chef, témoigner de l’amitié
indéfectible que nous portons à son auteur.
Yves ARMAND, Secrétaire Perpétuel
de l’Académie Delphinale
AVERTISSEMENT
Sans
doute pourrait-on considérer qu’il y a comme une sorte de provocation de
publier, au seuil de l’an 2000, un ouvrage entièrement consacré au Grenoble
antique mais l’on voudra bien admettre qu’il était plus ou moins envisageable –
sinon prévisible – qu’après l’édition de deux volumes composant une
« Isère Gallo Romaine » (Tome 1 : arrondissement de Grenoble
(Grenoble exceptée) en 1985 et Tome 2 : arrondissements de la Tour du Pin
de Vienne (Vienne exceptée) en 1987, prodromes d’un ensemble plus vaste, soit
un jour publié le présent ouvrage, troisième pièce d’une trilogie désormais
achevée, Vienne ayant déjà donné lieu, quant à elle, à de vastes synthèses par
son meilleur connaisseur, André PELLETIER. Au demeurant, un fascicule de la
Carte Archéologique de la Gaule devrait lui être consacrée.
Ma
participation, logique en soi mais assez inespérée eu égard à mon absence de titres
universitaires dans le domaine de l’archéologie antique, à la rédaction de la
Carte Archéologique de l’Isère, éditée en décembre 1994 dans le cadre de
l’ambitieux programme national de la Carte Archéologique de la Gaule (105
volumes publiés à ce jour) tout en s’inscrivant dans une consolidation de mes
travaux antérieurs et aussi de leur reconnaissance officielle, ouvrait dans le même temps la perspective
d’écrits futurs intégralement consacrés à ma ville natale.
Ainsi
est né ce « Grenoble Antique », sans doute plus abouti que mes
ouvrages antérieurs car plus longuement mûri.
Venant
peut être combler une lacune, comme le pense mon préfacier, il serait néanmoins
vain et illusoire de considérer pour autant que ce travail est exhaustif :
trop d’obstacles existent encore qui rendent impossible toute vision globale du
passé antique de Grenoble.
En
effet, si les chapitres consacrés à l’épigraphie lapidaire peuvent, en l’état
actuel des connaissances, être considérés comme complets, d’autres ne sauraient
l’être : ainsi en va-t-il de la topographie générale de de ce Grenoble
gallo romain encore trop imparfaitement connu – surtout en ce qui concerne le
haut empire – et dont le sous sol n’a livré, à l’aube du troisième millénaire
que fort peu de ses probables vestiges. Mais, les livrera t-il jamais ?
Cet
ouvrage n’est donc pas en l’état, tant s’en faut, une thèse mais il a vocation
à constituer une large synthèse didactique, sans doute la plus ambitieuse
publiée à ce jour sur ce seul sujet.
Est-ce
dire que l’un des souhaits de son auteur est qu’elle ne devienne point trop
rapidement obsolète.
Sa
rédaction a nécessité, en effet, la consultation d’une considérable
bibliographie – plus de huit cents références figurent en annexe dont cent
soixante qui sont exclusivement ou globalement consacrées à Grenoble – mais, en
définitive, les synthèses partielles auxquelles ce livre doit l’essentiel de
ses vertus – si l’on veut bien au demeurant lui en reconnaître quelques unes –
sont en nombre fort limité : ce sont celles d’Hippolyte Müller, d’André
Laronde, de Bernard Dangréaux, d’Alain de Montjoye, de Jean Pascal Jospin et
d’André Pelletier.
Néanmoins
et bien que largement cités dans le présent ouvrage, ces auteurs majeurs ne
sauraient, même pris collectivement, représenter la totalité de nos
connaissances sur Grenoble durant l’antiquité.
La
relecture attentive de tous les écrits – toutes époques confondues –
l’élargissement de la vision, du rôle et de la réalité de Grenoble durant les
périodes pré romaine et romaine tout autant que la connaissance approfondie de
la ville et de son observation pragmatique constante, depuis plusieurs
décennies, ont permis d’aboutir à cet impressionnant inventaire qu’à
l’évidence, hormis dans des cercles très spécialisés, peu de nos concitoyens
soupçonnent.
Malheureusement,
trop peu de vestiges demeurent aujourd’hui accessibles et un large effort
conceptuel est donc attendu du lecteur.
Enfin,
qu’il me soit permis de confesser que de la lointaine préfiguration de ce livre
jusqu’à sa publication, long et difficile a été le parcours eu égard à mon
constant souci d’en faire à la fois un document de travail pour un public
spécialisé tout autant qu’un ouvrage global pour des lecteurs moins avertis
mais désireux de mieux connaître le passé antique de Grenoble.
Il
est toujours dans l’ordre des choses de rédiger ce type d’avertissement
lorsqu’une œuvre d’une telle nature est achevée, alors même que surgissent pour
l’auteur les doutes, les regrets, les inquiétudes et la nécessité, en vue de la
mise ne pages définitive, de réséquer certains développements.
Je
n’y faillis point ; ainsi aurais-je bien évidemment souhaité davantage
encore de rigueur, de méthodologie, tout autant qu’une cartographie plus
complète et une iconographie plus inédite et de plus grande qualité.
Mais,
nonobstant ces regrets, j’ai la satisfaction d’avoir pu mener à terme cet
ancien et ambitieux projet.
Suis-je
parvenu à éviter totalement incertitudes, imprécisions et autres
ratiocinations ? Cela est moins évident.
Le
bon accueil que l’on voudra peut être réserver à ce Grenoble Antique pourrait
apaiser les craintes et les doutes de l’auteur au moment où sont écrites ces
lignes.
Première
partie :
DONNEES
GENERALES
Chapitre
1
Présentation
et méthodologie
La
méthodologie retenue est assez classique et s’inspire largement de celle
retenue, au plan national, par la Carte Archéologique de la Gaule.
Ainsi,
l’ouvrage est-il articulé en quatre parties distinctes :
Ø
une
première partie intitulée « données générales » résume les
connaissances, rappelle et développe les problématiques, synthétise les faits
historiques et étudie en détail – ce qui n’avait pas été fait aussi
complètement jusqu’alors – la très importante épigraphie lapidaire de Grenoble.
Ø
Une
seconde partie, la plus délicate, tente d’apporter une vision globale de
l’urbanisme antique tel qu’on peut l’appréhender aujourd’hui, et suggère
quelques réflexions exploratoires. Il s’agit là, j’en ai pleinement conscience,
d’un rapport d’étape et non d’une synthèse définitive.
Ø
Une
troisième partie, conçue comme un inventaire archéologique et muséologique,
vise à dresser un état des connaissances le plus complet possible sans
prétendre à une quelconque exhaustivité.
Ø
La
quatrième partie, réservée essentiellement aux chercheurs, comporte tables et
index à entrée multiple et référence la bibliographie utilisée.
Quelques
précisions complémentaires s’imposent :
Limites
temporelles : bien
que consacré par choix délibéré à la période gallo romaine, l’ouvrage comporte
de larges débordements, chaque fois que nécessaire, en amont sur la
protohistoire, voire même la préhistoire et, en aval, sur le haut moyen âge.
Limites
territoriales : au-delà
du strict territoire de Grenoble, c’est bien évidemment l’agglomération antique
qui a été considérée avec ses débordements sur une partie des actuelles
communes de la Tronche et de Saint Martin le Vinoux.
Bibliographie : afin de faciliter la consultation
présente et les recherches futures, un e bibliographie sélective a été mentionnée
à la fin de chaque chapitre, à la fin de chaque étude spécifique et figure
également, chaque fois que nécessaire, au niveau de l’étude de détail
(inscriptions, édifices, objets…) de préférence au système de justification
systématique par notes qui a été écarté à seule fin de permettre une meilleure
lisibilité de l’ouvrage.
Iconographie : l’ouvrage comporte de nombreuses
cartes et photographiques dont seules les plus significatives sont reproduites
dans la présente version numérisée. Sauf indication contraire, elles sont de
l’auteur.
Références
muséologiques : les
références indiquées sont celles sous lesquelles les objets décrits sont
usuellement répertoriés. En ce qui concerne celles conservées au Musée
Dauphinois, M. JOSPIN, conservateur, a bien voulu, au prix d’un minutieux et
long travail, vérifier notamment toutes les sources épigraphiques.
Chapitre
II : histoire des recherches archéologiques
Avant
le 19ème siècle, même si l’antiquité a eu la ferveur de quelques
auteurs (Aymar du Rivail, Chorier, Valbonnais…) leur lecture nécessite
aujourd’hui de grandes précautions.
Il
en va de même des inscriptions romaines de Guy ALLARD qui avait copié BARLET
lequel avait déjà repris Antoine de GOVEA qui, le premier au début du 16ème
siècle, s’était intéressé aux inscriptions romaines de Grenoble.
Au
18ème siècle, Nicolas CHARBOT devait livrer une utile, mais souvent
confuse, compilation de ces trois auteurs.
A
partir du début du 19ème siècle des érudits, tels J. J. CHAMPOLION
FIGEAC, le frère de l’égyptologue, et J. J. A. PILOT commencent à étudier les
antiquités de la ville tout en signalant les découvertes archéologiques
révélées à l’occasion de voirie
L’abbé
J. C. MARTIN, pour sa part. se dit le dans son « Cularo « le
continuateur de Nicolas CHARBOT.
La
fin du 19ème siècle voit la production d’œuvres considérables dans
le domaine de l’épigraphie qui, aujourd’hui encore, demeurent des références de
tout premier ordre : les « inscriptions antiques de Vienne en Dauphiné »
d’A. ALLMER et le T XII du Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL) d’Otto
HIRSCHFELD.
Les
revues régionales s’intéressent également de plus en plus à
l’archéologie : ainsi, le Bulletin de la Société Scientifique de l’Isère,
à compter de 1838, le Bulletin de l’Académie Delphinale, à compter de 1846, et
le Bulletin de la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie (puis
d’Archéologie), à compter de 1894.
De
l’extrême fin du 19ème siècle jusqu’à 1930 domine nettement
l’activité débordante, avisée, souvent visionnaire d’Hippolyte MULLER qui a été
déterminante pour la connaissance de Grenoble et de ses proches environs, même
si l’on ne peut que déplorer qu’une grande partie du matériel récupéré par ses
soins soit aujourd’hui égarée.
Mais,
dans le même temps, ne sauraient être minimalisées les recherches d’érudits
régionaux tels F. VALLENTIN, A. PRUDHOMME ou encore H. FERRAND.
Les
années soixante et soixante dix sont marquées par des auteurs tels que le R. P.
HOSTACHY, R. BORNECQUE et, surtout, R. GIRARD.
Dès
la fin des années soixante dix, sous l’impulsion de Michel COLARDELLE et avec
la création du Centre d’Archéologie Historique des Musées de Grenoble et de
l’Isère (C. A. H. M. G. I.) et de la Société Alpine de Documentation et de
Recherche en Archéologie Historique (S. A. D. R. A. H.) sont multipliées
fouilles, expositions et publications.
La
recherche collective, naguère peu prisée, s’intensifie dès cette période :
ainsi, peut-on citer, entre autres nombreux exemples, des publications comme
« Archéologie chez Vous » (10 fascicules), « Patrimoine en
Isère » (4 fascicules), la « Pierre et l’Ecrit » (8 livraisons)
ou encore la « Carte Archéologique de la Gaule, 38/1 ».
Mais,
pour importante que soit cette recherche collective, elle ne saurait faire
oublier la production scientifique personnelle et de tout premier ordre que
l’on doit à quelques chercheurs locaux : Aimé BOCQUET pour ce qui concerne
la préhistoire et la protohistoire, Michel COLARDELLE, Bernard BANGREAUX, Alain
de MONTJOYE ou Jean Pascal JOSPIN notamment pour l’époque romaine et le haut
moyen âge.
L’importance
de la bibliographie évoquée dans cet ouvrage témoigne de cette accélération de
la recherche et de sa vitalité, même qi l’on peut regretter que, jusqu’alors,
Grenoble n’ait pas fait l’objet d’une étude globale en ce qui concerne la seule
période antique à l’exception, notable il est vrai, de la large synthèse faite
par André LARONDE dans l’Histoire de Grenoble, d’André PELLETIER dans la carte
archéologique de l’Isère précitée et de celle, plus récente (1998) et
exemplaire à maints égards, de l’équipe pluridisciplinaire (AFAN et CPI) mais
limitée au seul groupe épiscopal de Grenoble.
Ainsi,
le présent ouvrage viendra peut être combler en partie cette lacune… C’est du
moins le souhait de son auteur.
Chapitre
III : données actuelles sur l’occupation préhistorique et protohistorique
de la région grenobloise
Même
si, durant les trente dernières années, nombreuses ont été les découvertes
propres à ces périodes, l’ouvrage de référence en la matière reste toujours
« l’Isère préhistorique et protohistorique » d’Aimé BOCQUET (1969).
Cet
ouvrage fondamental sert donc d’ossature générale à ce chapitre mais il a été
largement complété, chaque fois que nécessaire, des découvertes faites
postérieurement à sa parution notamment dans le Vercors et dans le pré Vercors,
bien étudiés par le Centre Régional de Préhistoire du Vercors (CRPV).
Le
tableau chronologique qui suit permet, à qui n’est pas familier de la
préhistoire et de la protohistoire, de suivre l’ordonnancement de cette
synthèse.
Préhistoire :
-
800 000
à – 80 000 : paléolithique inférieur ou ancien
(Glaciation de Mindel : - 600 000 à –
400 000)
(Glaciation de Riss : - 235 000 à –
150 000)
-
80 000
à – 35 000 : paléolithique moyen (moustérien)
-
35 000
à – 10 000 : paléolithique supérieur
(Glaciation de Würm : - 80 000 à – 12 000)
-
10 000
à – 3500 : épipaléolithique ou mésolithique
-
3 500
à – 2 300 : néolithique (chasséen)
-
2 300
à – 1 800 : charnière entre la préhistoire et la protohistoire :
début de l’âge des métaux ou âge du cuivre
Protohistoire :
-
1800
à – 1500 : bronze ancien (campaniforme final)
-
1500
à – 1200 : bronze moyen (civilisation des tumulus)
-
1200
à – 800 : bronze final (civilisation des champs d’urnes)
-
800
à – 500 : époque de Hallstatt (1er âge du fer)
-
500
à – 120 : époque de la Tène (2ème âge du fer)
Préhistoire :
Il
y a un peu moins de 15 000 ans, le site de Grenoble disparaissait sous les
glaciers qui confluaient près de l’étrave du Rabot. Les actuelles vallées de
l’Isère et du Drac étaient comblées par des fleuves de glace jusqu’à une
altitude moyenne de 1000 à
Cette
dernière glaciation, dite de Würm (les quatre grandes glaciations – Gunz, Mindel,
Riss et Würm – ont été nommées du nom des affluents du Danube où elles ont été
mises en évidence pour la première fois) d’une durée estimée à 70 000 ans
a, par sa longévité et par l’érosion intense qu’ont provoquée les glaciers,
fait disparaître – s’il y en eut jamais une – toute trace d’occupation humaine.
Aussi, est-il évident qu’aucun reste antérieur à cette dernière période
glaciaire n’ait jamais pu être trouvée dans la cuvette grenobloise.
Mais
ceci ne signifie pas pour autant que l’homme était absent de la région. En
effet, quelques vestiges ténus sont connus pour la période préhistorique la
plus ancienne, celle du paléolithique inférieur.
On
rappellera préalablement, la controverse ayant opposé en 1972 Francis et
Florent CAMOIN et la communauté scientifique locale à propos d’une découverte
faite à la Croix Perrin : tête minéralisée de plus de 400 000 ans
pour les premiers, simple galet ayant vaguement la forme d’un crâne pour les
seconds (articles du Dauphiné Libéré des 3, 4, 6 et 10 décembre 1972).
Les
photographies de la « tête » que j’ai pu réaliser en 1973 chez
l’inventeur et l’impression générale qu’elle m’a laissée m’incitent assez
nettement à me ranger à l’avis des seconds.
Quelques
rares vestiges sont néanmoins connus :
Ø
« les
Poulats » sur Villard de Lans où, à
Ø
Le
gisement de « Mayoussière » à Vinay (- 150 000),
Ø
L’aire
des « Mourets » sur les pentes du Cornafion (- 120 000).
Paléolithique moyen (- 80 000 à – 35 000) :
il est présent en site de moyenne montagne à la grotte des Eugles de Saint
Laurent du Pont que l’homme de Neandertal a fréquenté à la belle saison il y a
70 000 ans, cependant que le grand ours des cavernes l’occupait pour son
hibernation ainsi qu’à la grotte de Préletang à Presles ou à celle de la
Passagère à Méaudre.
Paléolithique supérieur (- 35 000 à – 10 000) :
il a livré, pour sa période la plus ancienne, des restes d’industrie lithique
cromagnoïde aux Guillets à Saint Nizier (vers – 30 000).
Puis,
pour sa période la plus récente qui coïncide avec la fin de la glaciation de
Würm, le réchauffement du climat, en amenant la fonte des glaciers, crée un
immense lac, dit du Grésivaudan, dont la limite aval se situait semble t-il
bien au-delà de Voreppe. Sa profondeur – plus de
Ainsi
vers 1930, une exploitation de gravière, située sur la rive gauche de l’Isère
en amont du confluent du Drac (ancien site dit du polygone d’artillerie) a
amené l’extraction à
De
cette période, de probantes traces de tribus migrantes ont été découvertes
toujours dans le Val de Lans (Clos de Lans, station des Coins…) mais aussi en
plaine où, dès après la fin de la glaciation de Würm, les derniers chasseurs de
rennes de la fin du paléolithique installent des camps dans une ambiance froide
et sèche, notamment à Fontaine (Balme de Glos) et à la Buisse (grotte à Bibi…).
Un atelier de taille du silex du magdalénien final (- 11 000) a également
été observé à Proveyzieux.
La
pleine décrue de la dernière des glaciations, il y a 10 000 ans, ouvre une
nouvelle période dont les vestiges sont mieux conservés tout en étant plus
nombreux.
Les
trouvailles de cette période post Würm, dite épipaléolithique ou mésolithique
(-10 000 à – 3500) sont au moins de deux cultures apparentes : la
tradition magdalénienne et la tradition azilienne.
Mais,
à l’exception peut être de quelques tribus mésolithiques qui paraissent s’être
sédentarisées en Chartreuse vers 1300,
Après
plusieurs millénaires d’occupation ponctuelle, la région n’est habitée, de
manière permanente, qu’à la suite de l’explosion démographique due à ce que
l’on appelle conventionnellement la « révolution
néolithique » (-3500 à – 2300), période de grandes migrations parties
du pourtour méditerranéen, qui a laissé dans la proche région de Grenoble de
nombreuses traces de ces premiers défricheurs de territoires vierges,
introduisant élevage et agriculture et dont les caractéristiques (taille du
silex, céramique…) se rattachent au grand complexe chasséen du midi de la
France :
.
Grottes de Fontabert et du Trou Noir à la Buisse,
.
Grotte des Fées à Noyarey,
.
La Grande Rivoire, Pra Paris et la grotte du doigt de Dieu à Sassenage,
.
Saint Loup à Vif,
.
Balme sous le Moucherotte et Château Bouvier à Claix,
.
Saint Robert à Saint Egrève,
.
Rochefort à Varces…
…
autant de sites archéologiques connus de longue date auxquels on se doit
d’ajouter des sites inédits découverts sur les hauts plateaux du Vercors et,
plus surprenant à Varces à la faveur de la construction de l’autoroute A
51 : foyers néolithiques et site de débitage du silex de Lachar, fosses
néolithiques de Champ Nigat et traces, sur ce dernier site, de structures – au
demeurant très rares – d’une grande maison néolithique.
La
phase finale du néolithique voit l’apparition des premiers métaux et marque
traditionnellement la fin de la préhistoire (âge de la pierre) et le début de
la protohistoire (âge des métaux).
Protohistoire :
La
première phase dite chalcolithique
(ou âge du cuivre, - 2300 à – 1800) voit la perduration de nombreux sites
néolithiques mais aussi le développement de nouveaux sites d’habitat, souvent
connus d’ailleurs grâce aux nécropoles qui en dépendent ainsi, notamment :
Ø
le
trou du Renard à Claix,
Ø
la
nécropole de Saint Paul de Varces, l’une des plus significatives de cette
époque,
Ø
la
grotte de l’Ermitage à Saint Martin le Vinoux,
Ø
la
grotte de l’Echaillon à Saint Quentin sur Isère,
Ø
la
grotte des Sarrasins à Seyssinet Pariset,
Ø
le
rocher du Cornillon au Fontanil,
Ø
Berme
Bigou à Fontaine,
Ø
Le
col de la Faita à Saint Ismier.
Au
bronze ancien (- 1800 à – 1500) des
contacts commerciaux entre le sud de la France et les Alpes sont attestés avec
les « porteurs du gobelet campaniforme », prospecteurs de mines,
métallurgistes ambulants, ayant introduit les premiers outils de cuivre dès le
chalcolithique.
Leur
présence est connue sur de nombreux sites locaux. Outre ceux précédemment cités
et qui perdurent, on peut évoquer la Tronche (poignards de cuivre), le
Fontanil, Qaint Quentin sur Isère…
Un
ou deux siècles plus tard la civilisation dite « du Rhône » exporte
depuis le Valais des haches spatules, des haches à bords droits que l’on a
retrouvées en maints endroits : Pontcharra, Voreppe, Sinard, Saint Martin
le Vinoux…
Du
bronze moyen (-1500 à – 1200) on
possède de notables vestiges au titre desquels on se contentera ici de citer
les haches des environs de Grenoble (Cf. IIIème partie, chapitre I), la pointe
de flèche du Sappey, le mobilier domestique de la grotte des Sarrasins, le
mobilier et les bijoux de Saint Paul de Varces et de Rochefort…
Le
bronze final (-1200 à – 800) voit la
mise en place et le développement de la civilisation dite des « champs
d’urnes » venue d’Europe centrale vers – 1100, sans que, jusqu’alors, des
nécropoles caractéristiques de cette civilisation aient été découvertes dans la
région grenobloise.
Néanmoins,
une occupation assez dense est notée autour de Grenoble :
Ø
la
Buisse,
Ø
Pariset,
Ø
Fontaine
(sciallet des Vouillants),
Ø
Rochefort
à Varces,
Ø
Rochepleine
à Saint Egrève,
Ø
Sassenage
(Bonne Conduite et grotte des chèvres),
Ø
Saint
Martin le Vinoux (station de surface de la Buisserate),
Ø
Cossey
à Claix (atelier de fondeur ?).
A
cette période se rapportent des objets considérés comme provenant de Grenoble
(bracelets, épée métallique, poignée d’épée à antenne, cuirasse en bronze
(infra IIIème partie, chapitre I) et d’autres similaires, provenant des proches
environs de Grenoble, telle par exemple l’épée en bronze de Pont de Claix.
Dès
l’époque de Hallstatt (-800 à –
500), du nom éponyme de la très importante nécropole autrichienne caractérisant
la civilisation du premier âge du fer, une voie reliant le bas Dauphiné à
l’Italie est bien attestée par la concordance des sites du « groupe de
l’Oisans » (la Palud d’Ornon, Mont de Lans) et ceux de Rochefort
(nécropoles est et ouest) ; il s’agit sans doute de l’une des branches de
la route de l’étain des Etrusques et des Grecs, Grenoble représentant, selon
toute probabilité, un point de passage obligé sur cette route.
Dans
l’immédiate région grenobloise, les périodes ancienne et moyenne du Hallstatt
(8ème, 7ème siècles avant notre ère) ont laissé des
traces discrètes et il faut attendre la période finale (6ème siècle
avant notre ère) pour assister au développement de plusieurs nouveaux centres :
la Tronche (infra, IIIème partie, chapitre I), Fontaine (l’Echelette), Saint
Egrève (la Monta), Seyssinet (le Chatelas), Claix (couche inférieure du Val
d’Allières) et, récemment fouillée en sauvetage, la plaine du Lavanchon à
Varces (Drabuyard).
Les
migrations celtiques marquent, traditionnellement, le début du 2ème
âge du fer ou époque de la Tène, du nom de la station
éponyme découverte en Suisse à l’extrémité orientale du lac de Neuchâtel.
A
partir du 5ème siècle avant notre ère, s’amplifie le courant
d’échanges commerciaux d’une part en direction de la plaine du Pô et de
l’Etrurie par le Mont Genèvre, d’autre part avec la colonie grecque de Massilia
par le col de la Croix Haute et la vallée du Rhône. Les influences grecques, si
nombreuses en Provence et en Haute Provence, restent fort limitées dans notre
région : la Buisse, Voiron (Sermorens), Saint Loup à Vif…
L’invasion
des Celtes inaugure le début de cette colonisation, d’abord à l’est de la
région (plateau savoyard) puis, progressivement, le bas Dauphiné et la vallée
du Rhône. Les tribus gauloises semblent n’avoir imprégné que très
progressivement les autochtones des
régions de montagne. Quelques nécropoles gauloises sont connues : Rives,
Sassenage, Voreppe et divers sites attestent de la présence de ces nouveaux
occupants : perles d’ambre de Saint Martin le Vinoux, Engins (le Mercier),
Claix (trou du renard), Meylan, Pariset, Varces (Rochefort), la Tronche (pré
Margat)…
Récemment
la plaine du Lavanchon à Varces a, sur le tracé de l’autoroute A 51, révélé des
établissements laténiens (Champ Nigat, Drabuyard).
La
fin de l’indépendance gauloise (3ème et 2ème siècles
avant notre ère) est également jalonnée par diverses trouvailles monétaires
(Saint Quentin sur Isère, Saint Laurent du Pont, Vaulnaveys le Haut, Rochefort,
la Tronche…).
En
118 avant notre ère, notre région entre pour une très longue période sous
contrôle de Rome ; la protohistoire cède ainsi le pas à l’histoire.
Bibliographie
sélective :
La
bibliographie relative aux périodes préhistorique et protohistorique est
considérable. Seuls les ouvrages directement utilisés pour cette synthèse sont
cités ci-après dans l’ordre chronologique de leur publication.
H.
MULLER :
-
fouilles pratiquées dans une grotte située aux Balmes près de la Buisse près de
Voreppe (Isère), BSEDEA T 1, n° 3 (1894), pages 187 à 191
-
nouvelles fouilles aux Balmes de Fontaine, station de Barme Bigou, BSDEA T 2,
n° 2 (1895), pages 73 à 77
-
fouilles pratiquées dans les grottes et abris des Balmes de la Buisse en 1894 –
1895, BSDEA T 2, n° 2 (1895), pages 77 à 81
-
fouilles pratiquées à la station néolithique des Balmes de Fontaine, BSDEA, T
4, n° 2 (1897), pages 145 à 156
-
compte rendu des fouilles pratiquées aux Balmes de la Buisse en 1897 – 1899,
BSDEA T 6 (1901), pages 259 à 265
-
découverte et fouille d’une station néolithique dans les gorges d’Engins, AFAS
32ème session (1903), pages 820 à 823
-
une nouvelle station néolithique près des Balmes de Fontaine (Balmes de Glos),
AFAS (1904), pages 972 à 983
-
notes sur les stations préhistoriques en plein air des environs de Grenoble,
AFAS (1904), pages 1005 à 1011
-
coup d’œil général sur le préhistorique des environs de Grenoble (1905), pages
185 à 188
-
description de pointes de flèches en bronze trouvées en Dauphiné, BSDEA n° 69
(1906)
-
une grotte sépulcrale présumée de l’âge du bronze à l’Echaillon, AFAS (1906),
pages 140 et 141
-
le camp de Rochefort près de Pont de Claix, AFAS (1907), page 288
-
station néolithique et gallo romaine du Trou aux loups à la Buisse, AFAS
(1907), pages 293 et 294
-
la grotte néolithique funéraire à la Buisse, le croissant de Jade et analyse
des fouilles successives, AFAS (1909), pages 782 à 796
-
notes sur les stations aziliennes des environs de Grenoble (1912), pages 558 à
565
-
une station magdalénienne de la grotte de l’Hermitage, AFAS (1913), page 115
-
station magdalénienne de la grotte dite à Bibi des balmes de Voreppe, AFAS
(1914), pages 627 à 634
-
considérations sur le préhistorique de la région grenobloise, RGA, T V (1917),
pages 386 à 402
-
une épée de l’âge du bronze trouvée dans les dragages du Saut du Moine près de
Pont de Claix, BSDEA T XXI (1921), pages 21 à 25
-
la préhistoire et la protohistoire des environs de Grenoble dans Grenoble et sa
région (1925), pages 673 à 684
V.
PIRAUD : arbres sub fossiles trouvés dans le sous sol grenoblois, BSDEA n°
59 (1934)
H.
MULLER et F. GAUTIER : fouilles à la Balme et à Château Bouvier, BSDEA T
XXIX (1936), pages 39 et 40
GALLIA
préhistoire : T IV (1961), page 328 et T VI (1963), pages 289 à 291
F.
GAUTIER : rapport préliminaire sur le gisement de Balme sous le
Moucherotte et sur l’oppidum dit Château Bouvier, manuscrit inédit (1982)
A.
BOCQUET :
-
la nécropole protohistorique de Saint Paul de Varces (1963)
-
le sciallet funéraire du bois des Vouillants, Fontaine (Isère), bulletin de la
société préhistorique de France, T 60 (1963), pages 847 et 857
-
un vase de l’abri de Bzrme Bigou et le problème de la civilisation campaniforme
dans la région grenobloise, BSDEA T 41 (1965), pages 22 à 28
A.
BOCQUET et M. PAPET : la grotte des Sarrasins, Seyssinet Pariset, Isère,
BSDEA T XXXXII (1966), pages 119 à 124
A.
BOCQUET :
-
une station protohistorique à Sassenage du bronze final III, bulletin de la
société préhistorique de France, T 64 (1967), pages 501 à 516
-
l’Isère préhistorique et protohistorique, GALLIA préhistoire T 2 (1969)
-
catalogue des collections préhistoriques et protohistoriques du musée
dauphinois (1969)
COLLECTIF :
le Vercors, terre de préhistoire, cahiers culturels du parc du Vercors n°1 (sd,
vers 1971)
J.
C. MICHEL :
-
la préhistoire dans le canton de Vif, bulletin des AVG n° 8 (1979), pages 4 à
17
-
le mont Saint Loup, acropole vifoise, bulletin des AVG n° 14 (1984), pages 6 à
12 avec bibliographie du site
COLLECTIF :
les climats de la préhistoire, Histoire et Archéologie n° 93 (avril 1985)
COLLECTIF :
archéologie chez vous n° 4, la vallée de la Gresse (1985) : notices de
Régis Picavet, Aimé Bocquet et J. C. Michel
J.
C. MICHEL :
-
à propos de quelques objets préhistoriques de Saint Paul de Varces, bulletin
des AVG n° 17 (1986), pages 21 et 22
-
Saint Paul de Varces à l’aube de l’histoire, bulletin des AVG n° 26 (1989),
pages 51 à 55
R.
PICAVET : la sépulture collective de Comboire, CRPV bulletin n° 4 (1989)
COLLECTIF :
Vassieux (sd, vers 1990)
J.
C. MICHEL :
-
Comboire, les traces de l’histoire, Claix magazine n° 1 (1989)
-
le Grand Rochefort, bulletin des AVG n° 32 (1993), pages 44 et 59 avec
bibliographie du site
-
A 51 : découvertes archéologiques, bulletin des AVG n° 38 (1996), pages 23
à 26
-
le rocher de Comboire de la préhistoire à aujourd’hui, bulletin des AVG n° 39
(1997), pages 9 à 12 avec bibliographie.
Chapitre
IV : Grenoble
I – le
site de pont
Pourquoi
une ville est-elle née à cet emplacement ?
En
région de montagne, il faut bien admettre que toutes les villes d’origine
antique sont liées à la circulation : toutes se sont installées dans les
vallées de préférence aux carrefours, pour surveiller un passage ou encore
parce qu’il existait un site de pont.
Grenoble
réunissait plusieurs de ces critères : elle était située sur une route
transversale importante puisque reliant Rome et l’Italie à la vallée du Rhône
qui devait, pour ce faire, franchir sans trop de danger l’Isère et cela n’était
possible qu’à Grenoble (infra, 2ème partie, chapitre V). En effet,
de la Savoie à Saint Gervais aucun autre pont ne put être construit avant le 19ème
siècle, exception faite d’une passerelle (qualifiée de « mauvaise »)
jetée à la hauteur de Goncelin aux 16ème, 17ème siècles
succédant à un gué ancien qui n’eut jamais sans doute qu’un usage local.
Grenoble
est donc née d’un site de pont. Celui-ci est transcrit, dans la réalité
historique, par la convergence de plusieurs voies antiques (infra, 2ème
partie, chapitre XXI) dont trois au moins sont fondamentales. La plus
importante, déjà citée, qui mène de Vienne à Turin par l’Oisans, Briançon et le
col de Montgenèvre : c’est celle que mentionne la Table de Peutinger. Une
seconde voie remonte en Grésivaudan la rive droite de l’Isère pour rejoindre
près de Mantala (Saint Jean de la Porte en Savoie) la route d’Italie par le col
du petit Saint Bernard. Une troisième, enfin, relie Grenoble à Fréjus par le
col de la Croix Haute, Sisteron et Riez : c’est celle empruntée par L.
Munatius Plancus pour se porter, avec ses légions, de Lyon à Forum Voconii en
43 avant notre ère (infra, 2ème partie, chapitre V).
Bibliographie
sélective :
P.
et G. VEYRET et F. GERMAIN : Grenoble, capitale alpine (1976), pages 41 et
43
V.
CHOMEL (Dion) : histoire de Grenoble (1976), pages 16 à 18
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances (1996),
page 7
II –
Cularo et Chalemont
Les
anciens historiens (Savaing de Boissieu, Expilly, Aymar du Rivail, Guy Allard…)
situaient Cularo rive droite de l’Isère, eu égard au fait qu’il paraissait
alors improbable que les Allobroges n’aient pas choisi, pour s’établir, un site
d’oppidum que seule la rive droite pouvait offrir.
J.
F. Champollion Figeac le premier, devait soutenir et développer une thèse
inverse : arguant de la lettre de Munatius Plancus qui, selon lui,
démontrait que le territoire Allobroge se terminait sur la rive droite de
l’Isère, situait Cularo sur la rive gauche mais en territoire Voconce (voir sur
ce point, infra I, 4 : les limites de la civitas).
A.
Prudhomme, pourtant visionnaire sur bien des points, considérait également que
les habitudes des Allobroges ne pouvaient que les conduire à s’installer sur un
site d’habitat qu’il voyait – nécessairement – sur la rive droite de l’Isère,
allant même jusqu’à vouloir démontrer que le berceau de Grenoble se situait,
précisément, dans la partie occupée aujourd’hui par le quai Perrière et la rue
Saint Laurent.
Il
est frappant de constater que cette opinion a perduré et qu’elle prévalait
récemment encore auprès d’archéologues contemporains : ainsi, G. CHAPOTAT
sui hésitait encore entre rive gauche et rive droite mais que l’on sentait
enclin à opter pour cette dernière et, plus récemment encore, R. GIRARD pour
qui la lettre de Plancus ne laissait aucun doute : Cularo était sur la
rive droite.
Et
pourtant, la géologie et l’archéologie s’accordent totalement : Cularo
semble avoir pris naissance sur la rive gauche.
Dans
un long combat qui, sans doute, a du durer des millénaires, le Drac a repoussé
l’Isère en un lit étroit, se faufilant au pied des escarpements lithoniques de
la Bastille Dompté par le « Dragon », le « Serpent » doit
renoncer ici à ses caprices et de ce fait créer les conditions idoines de son
franchissement.
Alors
que la rive droite de l’actuel quartier Saint Laurent étiré entre la rivière et
les abruptes pentes de la Bastille n’offrait aucune sécurité pour y implanter
un habitat, la rive gauche bénéficiait elle, semble t-il, d’un
« tertre » s’élevant de quelques mètres à peine au dessus du niveau
de la plaine entre deux bras dérivés du Drac, le Draquet et le Verderet :
de la rue Brocherie à la rue des Clercs par la place aux Herbes et la place Claveyson,
cette plate forme, de quelques hectares, pouvait offrir un abri exigu mais hors
d’atteinte des eaux : ceci a largement été vérifié lors des
innombrables innondations qu’a subies Grenoble : ainsi, lors des crues
d’août 1525, les bouchers transportent leur commerce sur l’actuelle place aux
Herbes ; le 14 novembre 1651 l’eau parcourt toute la ville à l’exception
des rues Brocherie et du Palais et de la place aux Herbes ; le 14 novembre
1651, l’eau parcourt toute la ville à l’exception des rues Brocherie et du
Palais et de la place aux Herbes. En 1733 les eaux, qui emportent le pont de
bois, n’épargnent que l’îlot de cette même place et la place Claveyson ;
c’est encore ces deux places et la place Brocherie qui seront protégées lors du
« déluge de la Saint Crépin » en octobre 1778 et de même en en
novembre 1859 lorsque l’Isère élève sa cote de plus de cinq mètres.
Or,
rappelle Raoul BLANCHARD, « c’est juste à l’endroit où l’Isère resserrée
contre la montagne possède son minimum de largeur et est le moins disponible à
divaguer… ».
C’est
donc bien, selon lui « sur la tête de ce tertre » que vient
s’appuyer le pont romain de Munatius Plancus, ajoutant : « rien
n’empêche de croire que sur cet emplacement favorable est née la bourgade de
Cularo ».
Faut-il
enfin rappeler, comme l’avait fait H. MULLER, que si la rive droite n’a pas, à
ce jour, livré de vestiges antérieurs à notre ère, la rive gauche, par contre
et très précisément le cône de déjection identifié par R. BALANCHARD ont livré
nombre d’objets des premiers temps de l’occupation romaine, voire même d’une
occupation antérieure à celle-ci : fibules du 1er siècle avant
notre ère, céramiques de la Tène, monnaies républicaines…
Même
si l’hypothèse de la « tête de pont », telle que l’a développée R. BALANCHARD
est aujourd’hui contestée par des travaux récents (le « môle »
n’étant semble t-il que du remblaiement humain et non un cône naturel),
l’assimilation de Cularo avec la rive gauche de l’Isère est aujourd’hui
l’interprétation dominante. Mais celle-ci ne s’oppose nullement du reste à
l’existence, dans le même temps, d’un « village » de Chalemont sur la
rive droite.
Les
deux toponyes sont d’ailleurs sans doute d’aussi haute origine. Pour les
auteurs de « l’Histoire de Grenoble » (direction V. CHOMEL), le
caractère celtique du toponyme Cularo est assuré. Selon P. L. ROUSSET, Cularone peut se décomposer en
« cul-ar-one » ; « cul », mot indo européen serait
passé du sens gaulois « dos » au sens latin « cul »,
derrière, puis aurait évolué en patois vers « fond » et
« creux ». Il est sans ambiguïté et ne peut pas être d’origine latine
puisque le village s’appelait déjà de cette façon lorsque Munatius Plancus s’y
arrêta. On retrouve encore ce mot aujourd’hui sous la forme « kul »
et « kil » en irlandais et en gallois avec la signification
« dos ».
Le
franco provençal en ces lieux retirés en a aussi gardé une trace ; ainsi,
en Oisans, « ku » au dos de la montagne de l’Homme. Il signifie donc
bien que le petit bourg d’alors était « au dos », adossé à l’extrémité
des derniers contreforts de la Chartreuse (et non sur ceux-ci).
La
syllabe « ar » pourrait être un élargissement que l’on retrouve en
d’autres lieux tels « Cadarossa » (Caderousse) dans le Vaucluse ou
« Cattarosco » (Caderot) dans les
Bouches du Rhône.
La
finale « one », déjà employée en ancien provençal comme elle le sera
en français, est peut être diminutive ou pourrait représenter un suffixe
utilisé à l’époque gallo romaine pour désigner de petits domaines.
C’est
ainsi que P. L. ROUSSET s’interroge même pour savoir si, en définitive, le
petit bourg de Cularo et son maigre terroir n’occupaient pas les deux rives,
notant à cette occasion, que les toponymes de ce type se retrouvent en de
nombreux « cul », « cula », culasson »,
« culaz », « cule », culée » alpins ou
« reculées » du Jura. Ainsi, localement, « culas » au
Moutaret et les « Culattes » à la Ferrière d’Allevard et à
Chapareillan. Dans tous les cas ce sont des croupes ou des lieux adossés à des
pentes ou des rochers….
« Chalemont »
selon R. BLANCHARD est un nom « dans lequel il ne semble pas malaisé de
retrouver la racine Ibère « calma » qui a donné dans les Alpes tant
de noms de lieux… ».
P.
L. ROUSSET y voit l’assemblage de deux ternes indo européens :
« Chal » et « Mont ». « Chal », très répandu
serait, selon lui, issu de la racine « calmis », la lande. Accolé
avec « mont » ce serait la lande ou le pâturage de la montagne. Il
imagine bien ces deux toponymes comme étant inséparables du mot qui leur était
accolé « montée ». La montée de Chalemont, c’est donc le chemin qui
donnait accès aux petits pâturages de la Bastille (alors Mont Asson ou Esson),
du Jalla et du Rachais…
Le
débat est-il pour autant clos ?
Si
l’on est désormais assuré du sens qu’il convient de donner aux termes employés
par Plancus dans sa lettre à Cicéron « ex finibus Allobrigum », il
manque néanmoins encore la preuve définitive permettant de situer avec
précision laquelle de la rive droite ou de la rive gauche a vu les premières
origines urbaines de Cularo. Mais une telle preuve, même si une quasi certitude
est désormais acquise en faveur de la rive gauche, existera t-elle
jamais ?
Bibliographie :
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble ou histoire ancienne de
cette ville d’après ses monuments (1807), notamment pages 8 et ss
J.
J. A. PILOT : Grenoble inondée (1859)
A.
PRUDHOMME : histoire de Grenoble (1888)
R.
BLANCHARD : Grenoble, étude de géographie urbaine, bulletin de l’Académie
Delphinale, 5ème série, T IV (1910), pages 107 à 261
H.
MULLER : les origines de Grenoble (1930)
V.
PIRAUD : le site de Grenoble, ses rapports avec l’archéologie, BSDEA n°
182 à 184 (1948), pages 3 à 5
G.
CHAPOTAT : contribution à l’étude de la préhistoire et de la protohistoire
dans la région viennoise (1959), pages 44 à 46
P.
et G. VEYRET et F. GERMAIN : Grenoble, capitale alpine (1967)
R.
GIRARD : Grenoble dans l’antiquité, manuscrit CAHMGI (1969)
V.
CHOMEL (Direction) : histoire de Grenoble (1976)
B.
DANGRAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances, Cahiers
d’Histoire T XXXI (1986)
CAG
38/1 (1994), pages 67 et 68
J.
L. PEIREY et C. FEOUGIER : à propos de la fondation de Grenoble : un
réexamen de l’hypothèse d’une installation primitive sur un môle alluvial, DARA
n ° 15
III –
Le nom de Grenoble dans les sources antiques et dans l’épigraphie
Grenoble
antique est connue sous deux noms principaux : Cularo et Gratianopolis.
Guy
ALLARD dans sa « description historique de la Ville de Grenoble » dit
que Ptolémée donne à Grenoble le nom d’Acusion, Colonia Acusianorum. L’œuvre de
Ptolémée, géographe alexandrin de langue grecque de la première moitié du
deuxième siècel de notre ère se réduit, on le sait, à des listes
administratives de peuples et de cités ave leur position vaguement
géographique.
Ainsi
cite t-il pour la Gaule Narbonnaise (chapitres II, X, VIII) « Acusio
colonia » sous les Segallauni et
dans les villes des Cavares.
Dès
lors, l’erreur de Guy ALLARD est manifeste.
Sachant
qu’il a tiré l’essentiel de ses sources d’Etienne BARLET, lequel avait en
partie copié Antoine de GOVEA (infra, épigraphie lapidaire) on peut se demander
s’il n’avait pas pris cette information erronée dans l’œuvre de ses
prédécesseurs bien qu’il n’en fasse nulle mention.
Cette
assimilation d’Acusio à Grenoble devait néanmoins perdurer et il faut attendre
PILOT pour voir naître les premiers doutes sérieux. Néanmoins, en 1962, un
auteur grenoblois faisait encore dériver le nom de Cularo d’ « Aculonia,
colonie d’Acusiens (sic) fixée à Grenoble.
Depuis
lors, G. BARRUOL a définitivement montré qu’Acusio était en fait le »
Dourion » de Strabon et devait être situé près de Montélimar, sans doute
au lieudit actuel « Notre Dame d’Aygu ».
Le
nom de Cularo et ses variantes graphiques (Cularone, Cularonis, Cujarone, Cularonensis,
Culabone, Curarore, Curarone, Calarone) est cité 8 fois dans les sources
antiques et, pour la première fois, dans la célèbre lettre de Munatius Plancus
de l’an 43 avant notre ère expédiée de « Cularone ex fibibus
Allobrogum » (infra 2ème partie, chapitre V).
Le
nom de Cularo se retrouve ensuite dans quatre inscriptions lapidaires :
.
l’inscription funéraire de Publius Primitivus « librario » à la
« stationis Cularonensis » datée du début du 3ème siècle
(infra, inscription n° 40),
.
l’inscription funéraire de Gaius Sollius
Marcullus, également receveur à la « Stationis Cularonis » qui est
aujourd’hui la seule inscription conservée portant le nom de Cularo (infra,
inscription n° 39). Difficilement datable, elle est en tous cas antérieure à la
fin du 3ème siècle,
.
les inscriptions dédicatoires de la Porte Viennoise et de la Porte Romaine (fin
du 3ème siècle) et des murs de Cularo « murus
Cularonensibus » (infra, inscriptions n° 15 et 16).
On
le retrouve également dans les itinéraires antiques :
-
la
« Table de Peutinger » : alors que l’on considérait
traditionnellement ce document fondamental comme une compilation de trois
cartes d’époques différentes (Agrippa (*), Caracalla et début du 5ème
siècle) on s’accorde aujourd’hui à penser en fait que cette « table »
a connu deux phases significatives :
Ø
l’une
du début du 3èe siècle avec une rédaction en Orient,
Ø
l’autre
de la fin du 4ème siècle ou du début du 5ème siècle
(époque de Théodose II) incluant les stations d’Orient.
(*)
il est à
noter qu’à l’intérieur du « Porticus Vipsania » construit à Rome par
Vispania Pollia, sœur d’Agrippa, était exposée, peinte sur un mur, une carte du
monde antique de laquelle est peut être tirée une partie de la Table de
Peutinger
On
sait que la copie du document antique fut effectuée par un moine de Colmar au
13ème siècle et reçue au 16ème siècle par Konrad Peutinger d’Augsbourg par
dispositions testamentaires pour la publier. Elle ne le sera partiellement
qu’en 1591 puis en totalité en 1598.
La
partie occidentale qui nous intéresse ici ne semble pas avoir été modifiée et
traduirait donc les appellations en vigueur au 3ème siècle. Grenoble
y apparaît sous la forme « Culabone » ou « Curarore ».
L’Itinéraire
Antonin, autre carte antique de la fin du 3ème siècle qui pourrait
confirmer les données de la Table de Peutinger présente malheureusement de
nombreuses lacunes pour la Gaule et Cularo n’y figure pas.
La
Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne : il s’agit d’une compilation de la
fin du 8ème siècle due à un moine érudit qu’on a cherché à
identifier avec le cosmographe latin Castorius ou alors avec Flavius Castorius
de Ravenne. L’ensemble est divisé en cinq livres. L’auteur abrège des documents
qui remontent au 5ème siècle. A en juger par les toponymes, l’état
du 5ème siècle est lui-même le résultat du dépouillement d’une carte
routière sans doute plus complète que la Table de Peutinger mais comportant
beaucoup d’erreurs.
Grenoble
y est mentionnée sous la forme « Curarore ».
On
la retrouve enfin dans la Notitia Dignitatum
Imperii, sorte de catalogue des fonctionnaires et des corps de troupe de
tout l’empire.
Dans
son état actuel, la Notitia Dignitatum pourrait
dater des environs de 430 et serait un exemplaire appartenant au principia des notaires d’Occident mais
la rédaction primitive remonterait aux environs de 364, ce qui expliquerait alors
pourquoi Grenoble y figure toujours sous le nom de
« Calarone » : « In Provincia Gallia riparens tribunum cohortis
priame Flavia Sabaudia Calarone » (XLII, 13-17) : « dans la province
de Gaule Ripuaire, le tribun de la cohorte première à Cularo de
Sapaudia ».
Ceci
mérite attention et divers éléments sont à considérer.
La
« Provincia Gallia Riparen(sis) », province de Gaule Ripuaire, est
une éphémère province militaire qui semble avoir été constituée pour la défense
contre les invasions germaniques vers la fin du 3ème siècle sous
Dioclétien dans la région du Rhône et des Alpes, depuis le lac Léman jusqu’à la
Méditerranée. Selon toutes probabilités, elle n’existait plus depuis longtemps
au début du 5ème siècle, ce qui pourrait montrer que la
« Notitia » superpose des éléments relevant d’époques fort
différentes. Il en subsiste toutefois, comme témoignage onomastique, la
« Doria Riparia » ou Doire Ripuaire, torrent prenant sa source non
loin du Montgenèvre.
La
« Cohors Prima Flavia » rappelle, qunt à elle, la famille des
Flaviens et relève sans doute u règne de Constantin (début du 4ème
siècle).
Mais
ce qui pose également problème est la mention « Sabaudia Calarone ».
Pendant
des siècles, on a admit comme évidence que la Sapaudia ne pouvait être que la Savoie et plusieurs régions
voisines (Dombes, Bourgogne…). Or, Grenoble n’en a jamais fait partie.
C’est
la raison pour laquelle cet énigmatique « Calarone » a été située par
certains auteurs à Châtillon de Chalarone » dans l’Ain, au bord d’une
rivière affluente de la Saône et à proximité de voies de passages
fréquentées ; aucune preuve ne permet cependant d’étayer cette hypothèse.
Grenoble
qui avait au cours de son histoire accueilli plusieurs fois des armées
importantes (celle de Munatius Plancus, celle de Placidianus notamment) se
prête mieux, selon toute évidence (stratégique, infrastructures…) au
stationnement d’une cohorte (600 hommes environ).
On
peut aussi, il est vrai, imaginer qu’une cohorte formée de soldats originaires
de la Sapaudia, en garnison à Grenoble, ait conservé le souvenir de son pays
d’origine comme l’avait fait, jadis, la légion Thébaine par exemple.
L’autre
nom antique de Grenoble, Gratianopolis et ses variantes Gratianopolitana,
Gratianopolitanus… apparaît sept fois dans les sources antiques.
Tout
d’abord dans la « Notitia Galliarum » ou « Notice des
Provinces et cités de Gaule » : il s’agit, pour l’essentiel,
d’un document de l’extrême fin du 4ème siècle avec des adjonctions
allant jusqu’au 6ème siècle. Grenoble y apparaît pour la première
fois sous la forme « Civitas
Gratianopolitana ». De ce fait, tous les auteurs, ou presque, ont assimilé
par analogie onomastique le second nom de Grenoble à celui de l’empereur Flavius
Gratianus – Gratien – qui régna de 367 à 383 ce qui parait du reste hautement
probable (sur Gratien, infra V).
Toutefois,
certains avis discordants ont été exprimés ; ainsi PILOT y voyait un
dérivé d’une famille Gratia, Gratiana
comme d’ailleurs l’avaient vu avant lui Salvaing de Boissieu et Champollion et
HOSTACHY un dérivé de « Granus » (Apollon) ce qu’un auteur
contemporain (S. BATTFOI) n’hésite pas à reprendre, faisant dériver le nom de
Grenoble de Granos, Granopolis.
Mais
sur le changement de nom de la ville, les auteurs divergent quelque peu.
Ainsi
CHORIER y voyait-il le souvenir d’une compagnie de cavalerie « equites
Gratiana » ayant donné le nom de son maître à la ville ou elle tenait
garnison ( !).
Guy
ALLARD avait quant à lui deux avis différenciés : dans le
« Description historique… » il affirmait : « le nom de
Gratianopolis, Urbs Gratiani, lui fut donné parce qu’on y célébrait des jeux en
l’honneur de cet empereur qui furent si magnifiques qu’estant connus de tout l’empire
on commença à lui donner le nom de Ville de Gratien », cependant que dans
son « dictionnaire » il indiquait que Grenoble avait changé de nom
par suite d’un « décret impérial » que Gratien aurait signé
« dans la ville même ».
Les
auteurs modernes s’accordent à penser non seulement que le nom de Grenoble
découle bien de celui de l’empereur Gratien mais qu’il y aurait eu simultanéité
entre le changement de nom et le changement de statut de la ville (G. BARRUOL,
B. BLIGNY, V. CHOMEL, A. PELLETIER, A. BOCQUET, M. COLARDELLE…) ce qui, on le
verra, est loin d’être établi avec certitude.
La
date présumée de ce changement est fixée par ces mêmes auteurs entre 379 et
383.
Nombre
d’entre eux y voient, plus précisément, une relation avec le concile d’Aquilée
du 3 ou du 5 septembre 381 au cours duquel seront condamnés les évêques ariens
Pallade et Secondien ainsi que le prêtre Attale et dont on note, parmi les
participants, dûment attestés « Dominus, episcopus
Gratianopolitanus », Domnin, évêque de Grenoble.
On
a dès lors imaginé l’enchaînement suivant : Gratien, en se constituant
bras séculier contre l’hérésie arienne, s’était attiré toutes les faveurs de la
chrétienté et, notamment, celles du pape Damase et d’Ambroise, archevêque de
Milan. On a dit, à cet égard, que ce dernier connaissait bien Domnin et qu’il
aurait pu être le maître d’œuvre de la création de l’évêché de Grenoble et de
sa renomination sous le vocable d’un empereur que le christianisme se devait de
saluer, de remercier et d’honorer.
G.
de MANTEYER, pour sa part, allait encore plus loin dans des explications qui,
aujourd’hui, semblent en partie contestables :
« Il
est évident que le nom de Gratianopolis qui remplaça celui de Cularo, ne peut
avoir été imaginé que pendant les années du règne de Gratien (367 – 383)… et
plus précisément en 378 ou 379. Et MANTEYER d’expliquer que le nouveau nom de
Grenoble est emprunté à la langue grecque et que « Gratien ne peut l’avoir
conféré que pendant les quelques mois où, résidant à Sirmium, il régnait aussi
bien sur l’orient grec que sur l’occident latin de l’empire… ».
Il
est vrai que les analogies du même type, Antibes (Antipolis), Théopolis
(Théoule), Néapolis (la Napoule) remontent aux comptoirs grecs de Gaule mais
l’on peut aussi noter que l’usage du mot « polis) se généralise en
Occident à cette période avec le composé « Métropolis » qui
s’applique aux chefs lieux de province et, peu après, avec la mythique
« Théopolis » (ou cité de Dieu ?) de Dardanus dans les environs
de Saint Geniez.
On
a aussi dit, sans preuves, que Gratien avait passé l’hiver 379 à Grenoble qui
aurait alors pris son nom.
Il
n’en demeure pas moins que c’est bien dans la fourchette de temps relativement
précise de 379 – septembre 381 qu’il faut situer le remplacement du nom de
Cularo par celui de Gratianopolis, ce qui ne saurait pour autant signifier que
le changement de statut de la ville ait été concomitant (infra, chapitre
suivant).
Des
quelques cités de Gaule portant le nom d’un empereur du bas empire, Grenoble
est assurément la plus tardive : le changement de nom d’Orléans (Cenabum)
pour celui d’Aurelianorum étant intervenu entre 270 et 275 et celui de
Coutances (Cosedia) pour celui de Constantia (par la volonté de Constance
Chlore), datant de 305 – 306.
Par
ailleurs, G. BARRUOL relève que le changement de nom de Grenoble a eu pour
effet – et cela est exceptionnel – de faire disparaître totalement le toponyme
indigne, qui n’a laissé rigoureusement aucune trace, alors que non seulement le
nouveau nom a perduré dans celui de la ville mais il a également laissé une
trace définitive dans le pagus environnant : pagus Gratianopolitanus, qui
deviendra le Graisivaudan.
Dès
lors, la dénomination de la ville ne change plus :
-
Saint
Augustin (De Civitate Dei) vers 413 – 426 parlant de la « Fontaine
Ardente », la situe « non longe à Gratianopoli civitate ».
-
Lettre
du 5 mai 450 du pape Léon aux évêques comprovinciaux de la métropole
d’Arles : « l’évêque de Vienne aura pour suffragants…
Gratianopolis »
-
Peu
après (été 450), lettre de l’évêque Ceretius de Gratianopolis au pale Léon le
remerçaiant de son instruction à Flavien, évêque de Constantinople, qu’il a
fait lire dans son église.
-
Sidoine
Appolinaire (Epitres III, 14, 1) vers le milieu du 5ème siècle
écrivant à Placide, évêque de Grenoble « quanquam re tua tenet
Gratianopolis »
-
Grégoire
de Tours (Historia Francorum IV, 44) vers 594.
Bibliographie :
Sources
antiques :
-
PTOLEMEE :
géographie, Ed. C. Müller, Paris Didot, 1883
-
STRABON :
géographie, livre IV, Ed. Les Belles Lettres, Paris, 1966
-
SAINT
AUGUSTIN : De civitate Dei, livre 2, chapitre VIII (Marrou, 1937)
-
SIDOINE
APPOLINAIRE : Epitres, III, 14, 1
-
Grégoire
de TOURS : Historia Francorum, IV, 44 (Krush et Lewison, 1951)
-
J.
SCNETZ : Iitnaria III (Leiptzig 1940) : Table de Peutinger et
Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne, IV, 27, page 241
-
O.
SEEK : Notitia Galliarum et Notitia Dignitatum Imperri, 1876, XI, 5 et
XLII, 13 à 17
Autres
sources :
-
Guy
ALLARD : description historique de la ville de Grenoble, vers 1660,
réédition 1992, pages 7 à 10 ; dictionnaire du Dauphiné, 1664, (édition
1884), T 1, pages 385 à 389
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble ou Histoire de cette ville
d’après ses monuments, 1807, pages 12 à 16 et pages 24 à 27
-
J.
J. A. PILOT : histoire de Grenoble et de ses environs, 1829 et Recherches
sur les antiquités dauphinoises, 1833, page 74
-
B.
GUERARD : essai sur les divisions territoriales de la Gaule, 1832, pages
12 à 34
-
A.
ALLMER et H. de TERREBASSE : inscriptions antiques et du moyen âge, 1875 –
1876, T 3, pages 120 à 122
-
A.
PRUDHOMME : histoire de Grenoble, 1888, pages 25 à 27
-
O.
HIRSCHFELD : Corpus inscriptionum latinarum, T XII, 1888, pages 273 à 276
-
U.
CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, T 1, 1913, n° 37, page 9, n° 40, page
10, n° 46, page 11, n° 78, page 17, n°
87, page 19, n° 88, page 19
-
R.
P. HOSTACHY : les vraies origines de Grenoble, 1962, pages 11 et 55
-
G.
BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 24 à
26, 77, 123, 300 et 303
-
J.
MOREAU : dictionnaire de géographie de la Gaule et de la Franbce, 1972,
page 129
-
B.
BLIGNY (direction) : histoire du Dauphiné, 1973, page 79
-
H.
P. EYDOUX : réalités ethniques de l’archéologie, 1975, pages 151 à 172
-
S.
BATFROI : histoire secrète des Alpes, 1981, page 89
-
J.
PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, histoire et
archéologie, 1983, pages 297, 298, 303 et 317 à 319
-
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances, 1986,
pages 1 à 3
-
Collectif :
premiers chrétiens en Gaule méridionale, antiquité tardive et haut moyen âge, 3ème,
5ème siècles (1996), pages 30 à 32
-
A.
PELLETIER et alii : histoire et archéologie de la France ancienne, Rhône
Alpes, de l’âge du fer au haut moyen âge, 1988 (notamment page 56)
-
R.
BEDON, R. CHEVALLIER et P. PINON : architecture et urbanisme en Gaule
romaine, T 2, 1988, page 149
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France, Grenoble, 1990, page 21
-
J.
BOUDON et H. ROUGIER (direction) : histoire du Dauphiné, T 1, 1992, pages
133 et 134
-
P.
L. ROUSSET : plaidoyer pour un empereur, Gratien, Gratianopolis et
Grenoble, 1992
-
A.
PELLETIER, F. DORY, W. MEYER et J. C. MICHEL : carte archéologique de la
Gaule : l’Isère 38/1, 1994, pages 43 et 68
-
F.
COARELLI : guide archéologique de Rome, 1994, page 171
-
B.
REMY, F. BALLET et E. FERBER : carte archéologique de la Savoie, 73, 1996,
page 73 (la question de Cularone)
-
R.
CHEVALLIER : itinéraires routiers dan l’Archéologie n° 28, février mars 1997, pages 12 et ss
IV –
des origines de la civitas des Allobroges à la civitas Gratianopolita
1 – les
origines :
Ø
avant la conquête :
Au
4ème siècle avant notre ère, différentes tribus gauloises,
d’origines et d’ethnies différentes, sont déjà solidement implantées dans notre
région. : Allobroges de la
vallée du Rhône au Léman, Vocontii au
sud, Ucenii (ou Iconii) en Oisans, Tricorii
dans la vallée du Drac et le Trièves, Segovellaunii
en Basse Isère, Vertamocorri dans
l’actuel Vercors.
En
ce qui concerne les Allobroges, on pense qu’ils seraient arrivés – peut être
d’Europe Centrale – vers 450 avant notre ère et qu’ils se seraient sédentarisés
dans les basses plaines jusqu’alors délaissées : Voreppe, Sassenage,
Fontaine, rives de l’Isère…
Si
l’origine précise de ce peuple (peut être confédéré) n’est pas connue avec
certitude, on pense que leur nom pourrait dériver – à moins que ce ne soit
l’inverse – de la divinité Allobrox dont
une dédicace a été trouvée en 1857 dans les ruines de ce qui devait être un
sanctuaire à la Bâtie Montsaléeon dans les Hautes Alpes (pourtant en territoire
Voconce !) (CIL XII, 1531). Cette inscription, aujourd’hui conservée au
Musée de Gap est la suivante :
« Pompeia
Lucilla / Allobrog(i) / V(otum) S(olvit) L(iberis) M(erito) » soit
« Pompeia Lucilla à Allobrox. Elle s’est acquittée de son vœu de bon gré
et à juste titre ».
Il
est vrai que l’on a essayé de proposer une autre lecture :
« Allobrog(ibus) » (ou « Allobrog(icis) » et, sous entendu
« Matribus », l’épithète s’appliquant alors aux Mâtres, les déesses
mères, dont le culte est particulièrement bien attesté (infra, inscriptions n°
8 et 9). Mais les propres auteurs de cette lecture différenciée reconnaissent
qu’il faut préférer la première interprétation.
oOo
Dès
au moins la fin du 3ème siècle avant notre ère, les Allobroges
occupaient continûment les deux rives de la moyenne Isère lorsque cette vallée
fut empruntée par l’armée carthaginoise d’Hannibal. C’est POLYBE, le premier,
qui les mentionne expressément, alors même que pour se faire une opinion sur les
récits contradictoires qui couraient déjà à son époque sur la traversée des
Alpes par Hannibal, il refait – vers 150 avant notre ère – le parcours tant
controversé depuis, des évènements de 218 avant notre ère, déclarant :
« je puis parler de ces évènements avec assurance parce que je tiens mes
renseignements de témoins contemporains ( ?) et que j’en ai visité le
théâtre au cours d’un voyage que j’ai fait dans les Alpes pour observer de mes
propres yeux ce qui en était » (3, 48).
Près
de 150 ans après lui, TITE LIVE, on le sait, reprendra en partie ses écrits,
les mêlant à d’autres sources non identifiées pour tenter également de
reconstituer la fabuleuse épopée.
« Avec
l’appui des Allobroges » dit POLYBE, et « pendant dix jours Hannibal
longe l’Isère sur huit cent stades » (environ
Mêmes
si les récits de POLYBE et de TITE LIVE divergent ensuite sur la traversée des
Alpes, du moins s’accordent-ils sur cette partie d’itinéraire et, après eux, la
presque totalité des auteurs qui ont cherché à reconstituer le parcours
d’Hannibal.
L’extravagante
armée, composée encore lors de sa traversée du pays Allobroge, de 38 000
fantassins, 8000 cavaliers et 37 éléphants, aurait donc longé l’Isère soit
jusqu’à Pontcharra si l’on opte ensuite pour le col du Cucheron (PRIEUR), soit
même jusqu’au confluent de l’Arc (BARRUOL par exemple) et serait donc
nécessairement passée par Grenoble (rive gauche). Telle est aujourd’hui
l’opinion de la majeure partie des auteurs (et notamment de S. LANCEL) mais il
ne saurait être question de chercher ici à aller au-delà de cet état de fait
(*)
(*)
Voir néanmoins à cet égard, les différentes thèses en présence dans la rubrique
« Hannibal » du présent site Internet.
En
cette fin du 3ème siècle avant notre ère, il semble que le système
monarchique ait prévalu chez les Allobroges. Le roi est alors assisté d’un
sénat qui réunit les membres de l’aristocratie, ceux que César nommera plus
tard « equites ». Un siècle
plus tard, la monarchie est remplacée par un système oligarchique avec des
magistrats, un sénat et une assemblée du peuple. Des relations commerciales
suivies s’instaurent avec le sud de la Gaule, Marseille, l’Italie et même la Grèce.
Ø
De la conquête romaine à la Provincia
Près
d’un siècle après le passage d’Hannibal sur le territoire des Allobroges, on
connaît de manière plus assurée les grandes étapes de la pénétration romaine en
Gaule méridionale. Si l’occasion de la première intervention de Rome vers 154
avant notre ère avait été la menace que les Ligures faisaient peser sur les
comptoirs massaliotes, les deux premières expéditions militaires conséquentes
furent celles de 125 et 124 avant notre ère, respectivement commandées par
Fulvius Flacus et Sextus Calvinus qui vainquirent les Salyens et détruirent
leur forteresse d’Entremont vers Aix en Provence.
C’est
alors la fondation d’ Aquae
Sextiae » (Aix en Provence) par Sextius, première implantation
permanente des romains en Gaule.
Le
conseul Cneius Domitius Ahehobarnus, successeur de Sextius Calvinus, prenant
alors le prétexte de ce que les Allobroges protégeaient Teutomatius, le chef
gaulois vaincu d’Entremont, et refusaient de le livrer – ce qui en faisait à
ses yeux un casus belli – leur
déclare la guerre. On sait ce qu’il advint : au début de l’année 121 avant
notre ère, C. D. Ahenobarbus bat les Allobroges à Vindalium au nord est
d’Avignon : selon Tite Live ces derniers perdent 20 000 hommes et
abandonnent aux légions romaines 3000 prisonniers.
Dans
l’été de la même année, les Allobroges sont de nouveau battus, et de manière
décisive, au confluent du Rhône et de l’Isère par Quintus Fabius Maximus. Les
pertes gauloises sont considérables : 120 000 hommes selon TITE LIVE
(Epit. 61), 130 000 selon PLINE (Hist. Nat. 7, 166), 150 000 selon
OROSE (4,13,2) voire même 200 000 selon STRABON (4,1,11).
Fussent-ils
largement exagérés, ces chiffres montrent bien l’ampleur de la défaite qui
vaudra à Quintus Fabius le surnom d’ « Allobrogicus » (Ammien
Marcellin, XV,12). Celui-ci fit ériger à Rome un monument commémoratif en forme
d’arc, le « fornix Fabianus ». De cet arc de triomphe, l’un des plus
anciens du monde romain, mentionné plusieurs fois (Cicéron, Sénèque, l’Histoire
Auguste…) qui se situait à l’entrée du forum, près du temple de Vesta, on a
retrouvé les fondations, témoignages au centre même de la capitale romaine de
l’entrée de l’Allobrogie dans le monde romain.
Avec
le territoire des Allobroges entrait d’ailleurs sous le contrôle de Rome tout
le sud de la Gaule qui, dès 118- 117, peut-être même dès 120 avant notre ère
qui allait constituer la Provincia
Citerior ou Gaule Cisalpine dont
la première capitale fut sans doute Aix en Provence avant d’être transférée,
beaucoup plus tard, à Narbonne.
On
est mal renseigné sur cette première organisation. On sait seulement que le
sénat romain établit d’abord un règlement pour les territoires conquis en
Transalpine entre 125 et 120 mais il ne s’agit pas encore de l’organisation coloniale
qui n’interviendra, de manière quasi générale, que près d’un siècle plus tard.
PILOT
situait la fondation par Quintus Fabius d’une colonie militaire à Cularo dès
cette haute époque (Antiquités du Dauphiné, II, page 74).
Mais,
ainsi que PRUDHOMME devait le relever dès la fin du 19ème siècle,
cela ne repose sur aucun fondement. On est néanmoins assuré que les Allobroges
occupaient alors un immense territoire qui, des abords de Valence jusqu’à
Genève couvrait tout le Dauphiné septentrional et la Savoie.
STRABON
insiste sur la mutation de ce peuple intervenue alors : « les
Allobroges qui entreprirent naguère tant d’expéditions avec des armées de
plusieurs dizaines de milliers d’hommes en sont réduits aujourd’hui à cultiver
cette plaine et les vallées des Alpes… En général, ils vivent dispersés dans
les bourgs : toute la noblesse pourtant habite Vienna (4, 1,11). Cette capitale primitive est bien localisée
depuis les travaux de G. CHAPOTAT à Vienne, sur la colline de Sainte Blandine.
Vaincue
mais encore « puissante entre toutes », selon les termes d’APPOLODORE
(livre 21,35,5), la nation des Allobroges n’était pas pour autant
définitivement soumise.
Ainsi,
en 77 avant notre ère, les Allobroges se heurtent à Pompée lors de son passage
pour se rendre en Espagne. En 69, au nom de l’ensemble des peuples de la
Provincia, ils envoient à Rome une ambassade conduite par Indutiomaris nanti
spécialement de tous les pouvoirs pour se plaindre des exactions commises par
M. Fonteius, gouverneur de la Province.
Celui-ci,
accusé de vénalité et de concussion aura, on le sait, pour illustre défenseur
Cicéron qui ne sortira du reste guère grandi de sa célèbre plaidoirie (le pro Fonteio) même si, selon toute
probabilité, elle aboutit à l’acquittement de l’accusé.
En
63, intervient une nouvelle ambassade pour se plaindre du nouveau gouverneur,
Lucius Murena. Mais Rome est en pleine effervescence : Catilina résiste à
Cicéron et prépare sa « conjuration ». N’obtenant rien de la justice
de Rome, les Allobroges n’avaient alors que le choix de l’insurrection.
La
révolte éclate en 62 avant notre ère, conduite par Catugnatos. Elle se
généralise durant deux années. On sait par Dion Cassius (XXXVIII, 47, 3-48)
qu’elle est écrasée par l’armée de Caius Pomptinus qui s’empare des places
fortes Allobroges et notamment Solonion (Soyons ?
Salagnon ? Saint Chef ?) et Ventia.
On
a beaucoup disserté sur cette dernière qui n’a jamais été identifiée et que
l’on a, selon les auteurs, placée à Valence (V(al)entia), en Ardèche vers
Tournon, à Vienne ? à Vinay ? voire même dans la proche région
grenobloise ou a. MACE voyait dans le nom du torrent de la Vence la survivance
de l’oppidum qu’il situait, pour sa part, sur le rocher de Cornillon.
Durant
la guerre des Gaules, César séjourne à plusieurs reprises chez les
Allobroges : ainsi, en 58 avant notre ère « il mène son armée sur le
territoire des Allobroges » (Bellum Gallicum, 1,10) ; en 56 « il
hiverna chez les Allobroges » (B. G. III,6) et en février 52 « il se
rend à grandes journées à Vienne » (B. G. VII,9).
Lors
de l’insurrection de 52 qui fut quasi générale en Gaule, les peuples de la
Povincia et notamment les Allobroges, ce « peuple rebelle par excellence
aux yeux de Cicéron dans le Pro Fonteio,
demeurèrent fidèles à Rome bien que César, au souvenir de leur récente révolte,
ait éprouvé de vives inquiétudes (B. G. 1, 6 et 7).
Ils
en furent récompensés par l’élévation de Vienne au droit latin.
On
ne sait d’ailleurs toujours pas si César en fit une simple colonie latine
(c'est-à-dire ville indigène dotée du droit latin) ou y établit une colonie
romaine composée de vétérans.
Les
fondations de la colonie de Vienne et l’évolution de son statut politique ont
donné lieu à de nombreuses controverses. Pour A. PELLETIER, elle est colonie
latine en 50 avant notre ère, en 46 elle reçoit un conventus civium romanorum et en 16-15 elle devient colonie
romaine.
Pour
R. FABIA, elle est encore colonie latine sous Auguste.
Pour
M. RAMBAUD, César y établit une colonie romaine en 46 avec les vétérans de la 5ème
légion.
Pour
sa part, PLINE, décrivant l’organisation de la Narbonnaise sous Auguste, la
cite comme colonie romaine (III,36).
Il
parait toutefois établi que, sous les Triumvirs, elle est colonie : Colonia Iulia Vienna.
Enfin,
vers 36-41 de notre ère, elle reçut le droit italique, privilège exceptionnel
qu’elle était seule à partager en Gaule avec Lyon et Cologne, qui effaçait les
derniers restes de la conquête en dispensant ses habitants du paiement du
tribut et de la taxe personnelle.
2 – la civitas
du haut empire :
Ø
organisation :
L’organisation
administrative de la Provincia se fit progressivement. A une période imprécise
du 1er siècle avant notre ère, la Provincia reçut le nom de
Narbonnaise.
Des
vingt cités de la Narbonnaise, celle des Allobroges était la plus étendue. Elle
occupait un territoire considérable correspondant aux actuels départements de
l’Isère, de la Haute Savoie et une partie du canton de Genève et des
départements de l’Ain, de la Savoie, du Rhône, de la Loire, de l’Ardèche et de
la Drôme, c'est-à-dire tout l’espace compris entre le Rhône, l’Isère et les
Alpes, grandes frontières naturelles qui, selon B. REMY, étaient dépassées un
peu partout.
Dès
l’établissement de la « Colonia Iulia Augusta Florentia Vienna » les
habitants de l’ ager Allobrogum sont
désormais appelés Viennenses du nom
de Vienne.
Contrairement
à ce que l’on a pu observer dans d’autres civitates
voisines (par exemple Axima Ceutronum), le nom du peuple Allobroge n’est pour
ainsi dire plus employé à partir de ce moment là.
Si
sous César les civitates désignaient
en fait les peuples et les nations, à partir d’Auguste le terme civitas prit un sens plus
particulier : c’est alors la cellule fondamentale de l’organisation
administrative impériale. Mais, peu à peu, de la circonscription territoriale
initiale le mot tendit à s’appliquer principalement et bientôt exclusivement au
seul chef lieu de cette circonscription, devenu prépondérant dans la vie
administrative, politique et religieuse.
La
civitas de Vienne recouvre presque
exactement l’ancien territoire Allobroge : ainsi le prouve la borne du col
de la Forclaz près de Saint Gervais qui mentionne qu’en 74 de notre ère sur
ordre de Vespasien le légat commandant de Germanie Supérieure fixa la frontière
entre le territoire des Ceutrones et celui des Allobroges désignés non sous leu
nom de peuple mais sous celui de Viennenses,
Viennois.
Ø
Limites territoriales :
On
peut mesure ce qu’était l’immense cité des Allobroges (entre 10 000 et
13 000 km2) à l’étude des reconstitutions topographiques, sensiblement
identiques, faites par A. PELLETIER et B. REMY.
Celui-ci,
à défaut de documents précis, en se basant sur des critères comme la toponymie,
l’épigraphie ou les limites ecclésiastiques des premiers évêchés, a tenté de
délimiter assez précisément certains secteurs frontaliers. Ceux-ci
correspondraient au nord au Rhône et au lac Léman, à l’est à la vallée de la
Dranse. La vallée de l’Arly devrait être laissée aux Alpes Graies. Enfin, le
Grand Arc et la chaîne de Belledonne faisaient très vraisemblablement frontière
avec les Alpes Cottiennes.
Il
convient de s’attarder quelque peu aux limites qui nous intéressent tout
particulièrement ici : celles de la région grenobloise.
B.
REMY considère que la frontière des Allobroges était située nettement au sud de
Grenoble et, contrairement à la plupart des auteurs qui, s’en tenant à une
interprétation littérale des termes de Plancus « Cularo ex finibus
Allobrogum » (Ad Familiares 23 et ci après IIème partie, chapitre V) estimaient
que le territoire des Voconces commençait dès la rive gauche de Grenoble
(Champollion Figeac) ou immédiatement aux confins de celle-ci (Prudhomme,
Allmer, Barruol…) il propose une nouvelle lecture de ces termes. Pour lui,
l’expression signifie bien « en territoire Allobroge » et non
« aux confins » ou « sur la frontière ». Il relève que
lorsque des fleuves font limite territoriale, César emploie des expressions
différentes. Ainsi, pour la limite entre Bituriges et Eduens écrit-il
« pertinere ad flumen » (B. G. VII,5) ou encore, pour l’extrême
frontière des Rèmes sur l’Aisne « flumen axoman quod est in extremis
remorum finibus » (B. G. II,5). Il note, avec pertinence, qu’il n’y a pas
lieu de penser que l’usage de Plancus dans de telles expressions ait pu être
différent de celui de César.
Ainsi
propose t-il de fixer la limite du territoire allobroge à l’est de Pariset et
d’Echirolles, sur la rive gauche de la Romanche à Vizille et dans la région de
Gavet où la définitive étude d’E. THEVENOT a montré qu’il convenait d’y situer
la station de Fines de l’Anonyme de
Ravenne, séparant à cet emplacement le territoire des Allobroges et celui des
Iconii ou Ucenni.
Par
contre, il situe déjà Vif et la basse vallée de la Gresse en territoire
voconce : le postulat est peut être discutable et j’étais jusqu’alors
enclin à situer la limite avec les Vertacomorii, peut être même avec les
Tricorii plus au sud, dans les environs de Château Bernard (Cf contribution à
l’étude du mur dit des Sarrasins en bibliographie ci après). Mais les récentes
découvertes faites à l’Achard sur Varces laissent à penser à une agglomération
secondaire frontière disposant peut être d’un bureau frontière de la Quadragesima Galliarum. Si tel est bien
le cas, les limites des civitates des Allobroges et des Voconces seraient alors
à situer dans ces parages (Cf. infra : le quarantième des Gaules).
Ø
Pagi et Vici :
De
cette immense civitas seuls quatre pagi (districts, pays) sont
connus :
-
le
pagus Vale(rius) ou (rianus) dans la région du confluent Isère / Arly (CIL XII,
2346)
-
le
pagus Dia(mensis ?) du Rhône à l’Isère (CIL XII, 2558, 2561)
-
le
pagus Oct(avianus) d’Aoste à Vienne (CIL XII, 2395)
-
le
pagus At((is) ou (ius) près de Grenoble (ILGN 340 et chapitre V ci après,
inscription n° 37)
La
liste n’est guère plus longue en ce qui concerne les vici dont seuls six sont assurés :
-
le
vicus Albinnensium (Albinnum, Albens, Savoie) (CIL XII, 2492 et 2493)
-
le
vicus Augustum ou Augustanorum (Aoste, Isère) (CIL XII, 2392 et 2395)
-
le
vicus Aquarum (Aquae, Aix les Bains ? Savoie) (CIL XII, 2352)
-
le
vicus Genavensium ou Genaventibus (Genua, Genava, Genève, Suisse) (CIL XII,
2606, 2607 et 2611)
-
le
vicus Rep(entinis ?) (Reventin Vaugris, Isère ?) (CIL XII, 1844)
-
le
vicus Se…(région de Saint Innocent, Savoie) (CIL XII, 2449).
Par
toute une série de déductions, P. BROISE y ajoute :
-
Ad
Publicanos (environs d’Albertville, peut être Gilly en Savoie)
-
Mantala
(Saint Pierre d’Albigny ou Saint Jean de la Porte, Savoie)
-
Lemincum
(Lemenc, Chambéry, Savoie)
-
Bergusium
(Bourgoin, Isère)
-
Lavisco
(les Echelles ? Savoie)
-
Morginum
(Moirans, Isère)
-
Turedonum
(Tourdan, Isère)
-
Figlinae
(vers Roussillon ou limites Isère et Drôme)
-
Ursolae
(Saint Vallier, Drôme)
-
Tegan
(Tain, Drôme)
-
Casuaria
(Viuz, Faverges, Haute Savoie)
-
Etanna
(non localisé)
-
Ad
Tur… (Tournon ou Tours vers Albertville, Savoie)
-
Voldunium
(Saint Jean de la Porte, Savoie)
-
Condate
(Seyssel, Savoie)
Et,
bien évidemment, Cularo, Grenoble, qui n’est pourtant cependant jamais cité
formellement comme vicus dans les textes ou par l’épigraphie.
Néanmoins,
tous les auteurs s’accordent à considérer Cularo comme l’un des vici les plus importants de la cité des
Allobroges : en effet, dès le haut empire les deux agglomérations de
Genève et de Grenoble – qui deviendront ensuite chef lieu de civitas –
fournissaient déjà à la cité le plus grand nombre de magistrats, prêtres et
sévirs : 12 % dans l’un et l’autre des cas selon A. LARONDE.
B.
REMY a également noté que sur l’ensemble des épitaphes de la cité de Vienne
(hors Vienne), 29,3 % étaient attribuées à Grenoble et 16,7 à Genève. Il ajoute
que certaines inscriptions (CIL 2243, 2245 et 2249) sont relatives à un
décurion, un questeur et triumvir locorum publicorum (Infra chapitre V,
inscriptions n° 21, 23 et 34) et démontrent que Cularo était bien un vicus.
C’est
à la même conclusion qu’aboutit A. PELLETIER à l’examen des inscriptions CIL
2227, 2229 et 2 252 relatives aux dédicaces des portes de Grenoble
et aux receveurs de la Quadragesima
Galliarum (infra chapitre V,
inscriptions n° 15, 16, 39 et 40).
3 – la
Civitas Gratianopolitana
Ø
origine :
La
situation décrite précédemment devait perdurer jusqu’à la grande organisation
administrative de la Gaule sous la Tétrarchie.
On
sait par la « Laterculus Veronesis » (la liste de Vérone) datée des
débuts de la Tétrarchie (vers 292 – 297 pour l’estimation la plus précoce, vers
305 pour la plus tardive) que l’empire est à ce moment là divisé en douze
diocèses dont deux pour les Gaules : le diocèse des Gaules (capitale
Trêves) et le diocèse des Gaules (capitale Vienne) dit aussi des « Sept
Provinces ».
Pourquoi
Vienne ?
Selon
A. PELLETIER il faut y voir avant tout des raisons de logistique : Vienne
est située sur la grande rocade défensive qui de Sirmium sur la Save (ex
Yougoslavie) par Aquilée et Milan en Italie du nord longe en profondeur la
frontière du Danube au Rhin. Celles-ci
bouleversent donc fondamentalement toutes les organisations territoriales
antérieures : Lyon perd sa place de capitale des Trois Gaules et elle
n’est plus que le modeste chef lieu d’une province amputée des deux tiers de
son territoire par rapport au haut empire.
Vienne,
après Trêves, est la seconde ville de Gaule. De simple chef lieu de cité elle
devient métropole d’une nouvelle province – la Viennoise – et capitale de l’un
des douze diocèses de l’empire, celui des « Sept Provinces ou de Viennoise
– comprenant la Novempopulanie, l’Aquitaine Première, l’Aquitaine Seconde, la
Narbonnaise Première, la Narbonnaise Seconde, les Alpes Maritimes et la
Viennoise proprement dite qui s’étend de Genève à Marseille et qui comporte les
cités suivantes : Marseille, Arles, Cavaillon, Carpentras, Avignon, Saint
Paul Trois Châteaux, Die, Vaison, Alba,
Valence, Vienne et probablement Grenoble et Genève.
C’est
sans doute à l’occasion de cette réorganisation que les deux vici furent transformés en cités de
plein exercice.
Bien
que cette supposition soit loin d’être l’idée dominante, elle ne manque
cependant pas d’une certaine logique.
La
difficulté vient du fait que presque la totalité des auteurs aient considéré
que l’élévation de Grenoble au rang de civitas était le fait de Gratien. Ce qui
est indiscutable au plan onomastique (supra : le nom de Grenoble) ne
démontre aucunement qu’il y ait eu concomitance entre le changement de nom de
Cularo et son changement de statut. Au-delà, un certain nombre d’arguments, qui
pourraient plaider en faveur plus précoce qu’on ne l’a généralement admis à la
création d’une civitas à Grenoble peuvent être invoqués :
Ø
il
y a homogénéité de période entre la grande réforme et la donation par
Dioclétien et Maximien de remparts à Grenoble (infra : 2ème
partie, chapitres I et II) : on imagine mal en effet (et C. JULLIAN avait
déjà relevé le fait) que les empereurs aient pu doter personnellement l’enceinte
d’un simple vicus (le cas serait alors unique dans tout l’empire), voire même
de l’honorer. On notera de surcroît que, depuis une disposition de Marc Aurèle,
un rempart ne pouvait être construit sans l’accord de l’empereur. La
conjonction de ces deux éléments plaide donc en faveur du fait que Grenoble ait
bien été une civitas dès l’époque de la Tétrarchie.
Ø
Il
y a homogénéité de période avec la division de la civitas voisine des Voconces
qui, avant la fin du 3ème siècle, est divisée en quatre civitates :
Vaison, Die, Gap et Sisteron
Tel
était, jusqu’alors, l’avis de quelques auteurs et, notamment, O. HIRSCHFELD
dans le CIL XII (page 272), M. IHM et A. BRUHL dans la « Real
Encyclopädie » et également de G. DUBY.
Mais
la démonstration la plus convaincante pourrait venir des recherches faites par
D. VAN BERCHEM. Celui-ci, à l’égard de Genève (dont le changement de statut se
pose dans les mêmes conditions que celui de Grenoble) opte pour une élévation
du vicus à la civitas au tout début du 3ème siècle : il note,
en effet, que le milliaire d’Hermance sur la rive gauche du lac de Genève, bien
daté de la période 305 – 306 (CIL XII, 5535) indique les milles (VI) à partir
de Genève et non de Vienne ce qui a toutes chances de signifier que la première
est déjà, à cette date, affranchie de la seconde.
A
l’égard de Grenoble il tient le même type de raisonnement : allant plus
loin dans l’analyse de l’enceinte de Grenoble, il relève que les dédicaces de
ses portes (infra 2ème partie, chapitre II) ne font aucune mention
des Viennois ce qui ne serait guère concevable si la ville n’avait eu à ce
moment là le statut de civitas.
On
le voit, le problème de la dation de la civitas est désormais sérieusement posé
et il convient sans doute d’envisager que Grenoble ait pu être chef lieu de
cité dès les premières années du 4ème siècle (et non lors de son
changement de nom intervenu sous Gratien vers 378 – 379) voire même, comme le
proposait B. DANGREAUX, à la fin du 3ème siècle. Cette dernière
datation est du reste celle qu’envisage le récent Musée de l’Ancien Evêché de
Grenoble.
Ø
territoire :
Les
limites précises de la Civitas Gratianopolitana n’ont pas fait l’objet, du
moins jusqu’alors, d’études précises.
B.
REMY pense que le territoire de la nouvelle cité a sans doute été accru par
rapport aux limites de la civitas des Allobroges et, notamment, aux dépens des
Voconces dans certaines régions comme le nord du Vercors, la montagne de Lans
et l’outre Drac.
Pour
G. BARRUOL, l’ancien territoire des Iconii (totalité de l’Oisans) aurait été
englobé dans la nouvelle cité, de même que la plus grande partie du territoire
des Tricorii.
En
tout état de cause, les limites de cette cité paraissent avoir déterminé, par
la suite, les limites du diocèse de Grenoble telles que nous les connaissons
très précisément à partir des 11ème et 12ème siècles.
Mais se fonder sur celles-ci pour définir les limites possibles de la civitas
Gratianopolitana relèverait d’un exercice périlleux dont on comprendra aisément
qu’il ne soit pas envisagé ici.
Bibliographie :
Sources
antiques :
-
POLYBE :
Histoires (traduction P. Waltz, 1921), III, 50 à 56 et 60
-
TITE
LIVE : Histoire romaine (les Belles Lettres), 1966
-
STRABON :
Géographie (traduction F. Lasserre, les Belles Lettres), livre IV, 1996
-
Ammien
MARCELLIN : Histoire (les Belles Lettres), chapitre XV, 1968
-
PLINE
L’ANCIEN : Histoire naturelle, édition 1961
-
DION
CASSIUS : Histoire romaine, XXXVII, édition 1960
-
PTOLEMEE :
Géographie, C. Müller, 1901
-
CICERON :
Pro Fonteio (les Belles Lettres), 1971
-
OROSTE :
histoire contre les païens, les Belles Lettres, 1991
-
SALUSTRE :
Catilina, XL, XLI
-
CESAR :
Bellum Gallicum, édition 1964 (M. Rat) et 1994 (C. Goudineau)
-
Laterculus
Veronenis dans la « Notitia Dignitatum », O. SECK, 1876, pages 249 à
350
Autres
sources :
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble, 1807, pages 4 et ss
-
A.
MACE : guide itinéraire, I, 1861
-
G.
de MANTEYER : les origines chrétiennes de la IIe Narbonnaise, des Alpes
Maritimes et de la Viennoise, 1924
-
F.
FABIA : la table claudienne de Lyon, 1929
-
E.
THEVENOT : la station de Fines et les limites du pays des Uceni, REA, 44,
1952, pages 238 et ss
-
PAULY
et WISSOWA : Real Encyclopädie, III, 1901, col. 1742 (article Cularo par
M. Ihm) et col. 2113-2118 (article Vienna par A. Bruhl)
-
M.
RAMBAUD : l’origine militaire de la colonie de Lugdunum, 1964
-
G.
BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969
-
B.
REMY : les limites de la cité des Allobroges, Cahiers d’Histoire, XV,
1970, pages 195 à 213
-
V.
CHOMEL (direction) : histoire de Grenoble, 1976
-
J.
PRIEUR : l’épopée d’Hannibal à travers les Alpes, Archéologia n° 121, août
1978, pages 59 et ss
-
B.
BLIGNY (direction) : le diocèse de Grenoble, 1979
-
G.
DUBY (direction) : histoire de la France urbaine, 1980, pages 114, 405 et
408
-
D.
VAN BERCHEM : la promotion de Genève au rang de cité, Bulletin d’histoire
et d’archéologie de Genève, T XVII, I, 1980, pages 3 à 16 et les routes et
l’histoire, étude sur les Helvètes et leurs voisins dans l’empire romain, 1982
-
J.
PRIEUR et alii : la Savoie des origines à nos jours, 1983
-
R.
LAUXEROIS : Vienne aux premiers temps chrétiens, GAF n° 11, 1986
-
P.
BROISE : les vici viennois d’après l’épigraphie lapidaire, le vicus gallo
romain, Caesarodunum, 1986, pages 205 à 209
-
A.
PELLETIER et alii : histoire et archéologie de la France ancienne, Rhône
Alpes, 1988
-
J.
ROUGIER : Aoste romaine (Aoste, Isère), 1988, pages 54 et 56
-
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble : l’état des connaissances,
Cahiers d’histoire, T 31, 1986-1 et recherches sur les origines de Grenoble
d’après l’étude du mobilier archéologique, GALLIA, T 46, 1989, notamment page
97
-
B.
LIOU : inscriptions romaines du musée départemental de Gap, Archéologie
des Hautes 1lpes, 1991, page 256
-
C.
JULLIAN : histoire de la Gaule, réédition 1993, I, pages 411 à 414 et 1026
à 1028
-
F.
DORY : nouvelles recherches épigraphiques d’anthroponymie gallo romaine
aux environs de Vienne, bulletin de la société des amis de Vienne n° 89, 1994,
pages 21 à 25
-
Carte
archéologique de la Gaule 38/1, 1985, pages 43 à 67
-
Archéologia
n° 335, juin 1997, pages 20 à 31
-
S.
LANCEL : Hannibal, 1997
IV –
Gratien : du mythe à la réalité :
Il
n’y a pas grand risque à considérer, comme l’ont fait du reste pratiquement
tous les auteurs, que Grenoble doit sinon son statut de civitas au bas empire
(supra chapitre précédent) du moins son second nom antique, Gratianopolis, à
l’empereur Gratien.
Celui-ci
n’a guère eu la faveur des historiens et, dans une belle unanimité, ils se sont
accordés à constater son incapacité à régner voyant en lui un esprit davantage
tourné vers les dévotions que vers les réalités d’un empire romain en
déliquescence. De lui, Rufin, l’historien de l’église, dira même un peu
cruellement qu’il a été « plus pieux qu’utile à l’état ». Seul à ce
jour P. L. ROUSSET a tenté un plaidoyer pour cet empereur mal aimé et décrié
que l’on connaît assez mal au demeurant : quelques rares textes, quelques
monnaies, surtout émises à Trêves (une seule connue pour la région grenobloise
et encore douteuse, découverte lors des fouilles de sauvetage du Val d’Allières
à Claix en 1980) et un buste découvert près de la basilique impériale de
Trêves.
Mais,
dans un tel ouvrage, Gratien méritait pour le moins qu’on lui consacrât
quelques pages.
Avec
Julien, dernier survivant mâle de la famille de Constantin, s’éteint en février
364 la dynastie fondée par ce dernier en 307. Un officier romain, de condition
modeste, originaire de Pannonie, est alors élevé à la dignité d’empereur,
Valentinien 1er. En mars 364, celui-ci nomme son frère cadet,
Valens, co-empereur. Valentinien se charge de l’Illyrie et des provinces
occidentales, cependant que le reste des Balkans et l’Orient sont confiés à
Valens.
Tous
deux sont de fervents chrétiens. Ignorant l’aristocratie traditionnelle, ils
choisissent leurs officiers et ministres parmi leurs compatriotes pannoniens ou
parmi les lumières du temps (le poète Ausone par exemple qui sera appelé à la
cour de Trêves). Valentinien consacre la majeure partie de son règne à
combattre les Alamans sur le Rhin supérieur. En 375 il se rend en Illyrie pour
prévenir une invasion des Quades et des Sarmates. Bon guerrier, Valentinien
était aussi semble t-il bourru, coléreux et brutal. Il élevait, dit-on, deux
ourses près de sa chambre. Au cours d’une audience accordée à une délégation
ennemie il entre dans une colère telle quelle lui provoque une fatale crise
d’apoplexie.
Son
fils aîné, Flavius Gratianus – Gratien – né le 18 avril (ou le 23 mai) 359 à
Cibalae (aujourd’hui Vinkovci en Hongrie), nommé Auguste à Amiens dès le 23
août 367 selon la relation d’Ammien Marcellin lui succède donc assez
naturellement le 17 novembre 375 bien que n’étant âgé alors que de 16 ans. Son
premier acte est de nommer co-empereur son demi frère Valentinien II mais
celui-ci, âgé de 4 ans est bien évidemment cantonné dans un rôle strictement
symbolique.
D’après
les canons de l’époque, Gratien est un bel homme (le buste de Trêves en
témoigne) aimant la chasse et les livres mais beaucoup moins l’effort ; de
plus, il semble être totalement dépourvu du sens du commandement.
En
374, il avait épousé Constantia, fille posthume de l’empereur Constance II, ce
mariage ayant eu pour seule évidence semble t-il de le rattacher à la dynastie
emblématique de Constantin.
En
377, apprenant que son oncle Valens, l’empereur d’Orient, est aux prises avec
une nouvelle invasion des barbares mettant à feu et à sang la Thrace, il décide
de lui porter secours. Mais, informé peu après son départ de la tentative de
franchissement du Rhin par les Alamans, il revient sur ses pas, les décime près
de Horbourg en Alsace – Jérôme parlera de 30 000 morts ! – et refoule
les survivants dans les montagnes de la Forêt Noire. C’est historiquement la
dernière fois qu’un empereur romain lancera une expédition au-delà du Rhin.
Gratien qui, de ce fait, n’a pu secourir Valens, apprend le 9 août 378 sa mort
lors de la terrible défaite d’Andrinople en Thrace.
Végèce,
auteur du traité d’art militaire « Epitola rei militaris » rédigé
après la mort de Gratien soulignera que l’armement ancien, insuffisant pour une
guerre de ce type, a été « en usage depuis la fondation de Rome jusqu’à
l’époque du divin Gratien » et expliquera ainsi le désastre d’Andrinople.
L’Orient
n’ayant dès lors plus d’empereur, Gratien proclame pour succéder à Valens
Théodose, le meilleur de ses généraux. Tous deux coordonnent leurs efforts pour
redresser la situation sur le front danubien mais en vain : les barbares
s’installent en Pannonie.
C’est
à cette époque que Gratien, initié aux questions théologiques par Ambroise, évêque
de Milan, publie un édit de tolérance en faveur des Ariens, accordant à chacun
le droit, extraordinaire, de se tromper.
Mais,
le 3 août 379 poussé, semble t-il, par Théodose, chrétien quelque peu
fanatique, Ambroise et le pape Damase il abroge cet édit et interdit
d’enseigner les doctrines qui, telle celle d’Arius, sont jugées hérétiques par
l’église.
En
mai 381, il siège au concile d’Aquilée sur les bords de l’Adriatique, non loin
de Trieste, qui condamne définitivement l’arianisme : parmi les 35 membres
de l’assemblée figure Domnin, premier évêque attesté de Grenoble.
A
l’automne 382, Gratien va encore plus loin mettant quasiment hors la loi, par
un décret resté célèbre, la religion romaine au propre sénat de Rome.
Cette
mesure provoque une résistance ouverte, aggravée par le fait que Gratien
renonce à porter le titre de « pontifex maximus » comme l’avaient
fait depuis Auguste tous ses prédécesseurs, signifiant ainsi ouvertement la
séparation du paganisme et de l’état pour tendre à constituer un empire
chrétien.
Il
quitte dans le même temps Trêves, capitale officielle de l’empire depuis
Constantin, pour Milan dont il fait sa nouvelle capitale. En juin 383, au décès
de son épouse Constantia qui ne lui avait pas donné d’enfant (*) il se remarie
avec une très jeune femme, Laeta.
(*)
on lui prête néanmoins parfois de ce premier mariage un fils dont on ne sait
rien.
Dans
le même temps, alors qu’il part combattre une nouvelle fois les Alamans en
Rhétie, l’un de ses officiers, Maxime, commandant de l’armée de Bretagne, se
fait proclamer empereur par ses troupes. Cet usurpateur sait que les hauts
dignitaires de l’armée méprisent Gratien qu’ils jugent faible, incapable et
livré à ses conseillers. Il n’ignore pas, en outre, que les classes aisées de
l’empire se rebellent contre la décision prise par Gratien, à la fin de l’année
383, de supprimer les exemptions d’impôts et les privilèges dont elles
jouissaient. Fort de cette situation, Maxime débarque en mer du Nord, aux
bouches du Rhin.
L’armée
de Germanie le reconnaît immédiatement comme empereur. Gratine n’a alors
d’autre solution que de se porter contre Maxime. La rencontre a lieu près de
Paris. Mais son armée le trahit et rejoint Maxime. Gratien n’a que le temps de
fuir avec 300 cavaliers Alains qui lui sont restés fidèles. Il est rejoint à
Lyon le 15 août 383 par Andragathuis, général de Maxime. Fait prisonnier, il
est exécuté peu après, le 25 août 383 (*)
(*)
Zosime, par une erreur peu explicable le fait mourir à Singidunum (aujourd’hui
Belgrade)
Maxime,
qui désavouera ce meurtre et fera inhumer Gratine à Trêves, devient alors le
maître des provinces situées au nord des Alpes.
Apprenant
la mort de Gratien, Ambroise, pour sa part, lui décernera le titre de
« Christianissimus Imperator ».
De
huit ans d’un règne difficile et d’une courte vie que l’histoire jugera
sévèrement, il convient cependant de relever l’avis nuancé d’Ammien Marcellin,
connu pour son impartialité et pour la pertinence de ses attendus :
« … si la destinée l’avait permis et si ses proches avaient été à la
hauteur, il aurait été un empereur digne d’être mis en parallèle avec les plus
choisis d’autrefois… ».
De
fait, il fut empereur trop jeune et, parmi les proches ainsi visés, figure sans
aucun doute Ausone, appelé à la cour de Trêves par Valentinien pour éduquer
Gratien et qui abusa largement de sa situation de précepteur puisqu’il se fit
nommer consul et devint le principal conseiller de son élève.
Il
n’est pas établi qu’au cours de son mouvementé règne, Gratien soit jamais venu
à Grenoble et cela apparaît du reste assez peu probable. Néanmoins, certains
auteurs ont accrédité l’idée de son passage dans la région lors de son premier
voyage dans les Gaules en 377 ou au cours de l’hiver 379. On a ainsi conjecturé
son arrêt à Grenoble (Allard), à Moirans * (Chorier, Clerc-Jacquier) ou encore
à Parménie (Bouvier et Burkard)
* ou à été récemment apposée une plaque
indiquant que Gratien y aurait fait édifier un rempart en 377 ( !)
Sa mort même a été localement embellie par
l’inscription – fausse – dite du « Divin Gratien » (infra, chapitre
V, 9, inscription n° 103) très probablement inspirée par l’oraison funèbre
prononcée en 392 à Milan par Saint Ambroise lors de la mort de son demi frère
Valentinien II : « O Gratien, O Valentinien… Je pleure sur toi
Gratien mon enfant si doux à mes yeux… Je pleure aussi sur toi Valentinien mon
enfant si beau à mes yeux ».
Bibliographie
sélective :
MICHAUD :
biographie universelle, ancienne et moderne, T 17, 1854, pages 382 et 383
Dr
HOEFER : nouvelle biographie générale, T XXI, 1857, pages 721 à 723
G.
ALLARD : dictionnaire historique du Dauphiné, édition 1864, Vol 1 article
Gratien page 580
J.
CLERC JACQUIER : histoire de Moirans, 1881
PAULY
et WISSOWA : Real Encyclopäsie, article Gratianus par J. B. METZIER, 1912
J.
R. PALANQUE : Saint Ambroise et l’empire romain, 1933
SAINT
JEROME (Hieromynus) : chroniques d’Eusèbe, édition
RUFFIN :
histoire ecclésiastique, édition 1961
BOUVIER
et BURKARD : Parménie, haut lieu lassalien, 1966
SAINT
AMBROISE : Enarrationes, édition
H.
P. EYDOUX : réalités et énigmes de l’archéologie, 1975, page 163
COLLECTIF :
la civilisation romaine de la Moselle à la Sarre, 1983, pages 38, 304, 321 et
323
AMMIEN
MARCELLIN : Histoire, édition les Belles Lettres, T V, 1984, chapitre
XXVII
P.
L. ROUSSET : plaidoyer pour un empereur, Gratien, Gratianopolis et
Grenoble, bulletin de l’Académie delphinale, mars avril 1992
Histoire
Auguste : traduction et présentation d’A. CHASTAGNOL, 1994, introduction
générale pages XCI, XCII, CLX, CLXII et introduction à la vie de Claude, page
22
C.
SCARRE : chronique des empereurs romains, 1995, pages 226 à 229
F.
ZOSSO et C. ZINGG : les empereurs romains, 1995, pages 164 à 166
Chapitre
V : EPIGRAPHIE LAPIDAIRE
I - Présentation
générale
Pour
l’essentiel des inscriptions étudiées (plus d’une centaine), la méthodologie de
présentation retenue a été la suivante :
Ø
lieu
et, le cas échéant, circonstances de la découverte
Ø nature de l’inscription
Ø date de la découverte
Ø lieu de conservation ou disparition.
Les références d’inventaire du Musée Dauphinois ont été établies, pour
l’essentiel, par M. J. P. JOSPIN, conservateur et spécialiste de l’époque gallo
romaine, grâce à un long et obligeant travail de vérification engagé à ma
sollicitation
Ø reproduction intégrale du texte de
l’inscription
Ø développement le plus probable ou le
plus usuellement admis de l’inscription
Ø transcription de l’inscription
Ø bibliographie spécifique chronologique
présentée, pour les principaux auteurs, de manière abrégée conventionnelle, la
bibliographie générale relative aux inscriptions figurant à la fin de cette
présentation générale. Dans bon nombre de cas, tel ou tel aspect de l’inscription
est développé à la suite de l’inscription concernée.
Les
inscriptions ont été réparties en divers groupes :
-
dédicaces
aux divinités (n° 1 à 12)
-
dédicaces
aux empereurs (n° 13 à 16)
-
fonctions
militaires (n° 17 à 20)
-
fonctions
municipales (n° 21 à 38)
-
administration
publique (n° 39 et 40)
-
autres
inscriptions conservées (n° 41 à 67)
-
autres
inscriptions perdues (n° 68 à 99)
-
inscriptions
réputées fausses (n° 100 à 105)
Les
inscriptions paléochrétiennes sont traitées spécifiquement.
Généralités
sur les inscriptions :
Afin
de ne pas alourdir la présentation de chacune de ces 105 inscriptions, il a
paru utile de rappeler préalablement certaines des particularités de
l’épigraphie romaine qui se retrouvent fréquemment dans les documents étudiés.
La Gens : ensemble de personnes portant le même
nom (gentilice) et se considérant comme les descendants d’un ancêtre commun
(Aelius, Atticus, Cassius…)
Les tria nomina : ce sont les trois noms romains
composés du prénom (praenomen), du nom de famille (nomen ou nomen gentilicium),
du surnom (cognomen) et énoncés dans cet ordre immuable.
On
notera que 42 % des inscriptions de Grenoble présentent les tria nomina.
Dans
la civilisation romaine, seule une quinzaine de prénoms sont usuels :
Aulus
(A), Caius ou Gaius (C), Cnaeus ou Gnaeus (Cn), Decimus (D), Lucius (L), Marcus
(M), Marius (M’), Numerius (N), Publius (P), Quintus (Q), Servius (Serv),
Sextus (Sext), Spurius (Sp), Tiberius (Tib), Titus (T), Vibius (V).
Dans
l’épigraphie grenobloise, onze de ces prénoms sont présents, ce qui traduit une
population fortement romanisée.
Les
femmes, généralement, n’avaient pas de prénom et conservaient comme nom de
famille celui de leur père au féminin. On lit parfois, à la suite de leur nom,
le nom de leur mari au génitif : ainsi Attius (père) + Marcianus (époux) =
Attia Marciana. La plupart des personnages féminins mentionnés dans les
inscriptions de Grenoble portent les duo
nomina.
Les
surnoms (cognomen) sont souvent choisis par les parents en se référant à divers
ordres d’idées : ainsi, le fils aîné est-il surnommé « Primus »,
le second « Secondus », le troisième « Tertius »…
Le
mois de naissance dicte parfois les surnoms : « Aprilis »
(avril), « Augustus » (août)…
Quant
aux esclaves, ils n’avaient qu’un nom. Affranchis, ils prenaient le prénom et
le nom de leur maître, leur nom d’esclave devenant alors cognomen : par exemple : Publius Primitivus.
Les formules : à en croire les inscriptions, tous les
maris auraient été « pleins de mérites » et toutes les épouses
« incomparables ». D’elles surtout on loue leur douceur, leur vertu,
leur bonté, leur parfait caractère. Presque systématiquement, les maris
proclament leurs louanges. Sin incontrôlable que soit leur sincérité, notamment
sur leurs vertus conjugales, elles témoignent du moins que ces qualités étaient
publiquement appréciées. Elles ne doivent cependant pas nous abuser. Déjà, Guy
ALLARD, il y a de cela plus de trois siècles, à propos des louanges faites par
son mari à Hilaria Quintilla (inscription n° 26), notait non sans humour :
« ce mary avait des sentiments bien avantageux pour sa femme de croire que
celle-ci estoit vierge lorsqu’il l’épousa. Je doute que la foy des maris de ce
siècle soit aussi grande… » (Inscriptions romaines de Grenoble, page 28).
L’éloge
que la femme adresse couramment à son défunt mari est d’un ton moins
emphatique, plus réservé : la veuve atteste parfois que la vie commune fut
sans nuage mais le plus souvent se borne à regretter un époux « plein de
mérites », « très doux », « très cher », « très
digne ».
En
ce qui concerne les enfants, les pères surtout pleurent leurs enfants « très
chers », « très doux », tout en louant leurs « rares
qualités », le « respect » d’un fils, « l’élégance »
d’une fille ».
Inversement,
les enfants pleurent des parents « si affectionnés », « très
chers »….
On
ne s’arrêtera pas ici aux abréviations usuellement employées dans l’épigraphie
romaine et dont la signification est donnée avec l’épitaphe qui les contient
(SLV, TPI, TFI,DD…). On notera seulement que la formule VSP « Vivus sibi
posuit » (a élevé de son vivant) que l’on rencontre fréquemment montre
combien ces gens s’attachaient profondément à l’idée que leurs pierres
tombales, souvent acquises par une vie de labeur, souvent élevées par précaution
aussi de leur vivant, leur vaudraient une sorte de survie. A cet égard, ils ne
se sont pas trompés : éparses aujourd’hui dans nos musées ou conservées
dans nos ouvrages, elles n’ont pas encore cessé de nous parler d’eux.
Dans
le même ordre d’idée sera rappelé que la formule « Dis Manibus »,
presque toujours abrégée en « DM », indiquait que l’on consacrait la
sépulture aux « Dieux Manes » : sous ce terme générique – les
bons – on désignait les esprits des morts et, plus particulièrement, ceux que
l’on était parvenu à se concilier en donnant aux morts une sépulture convenable
et en les honorant régulièrement.
Moins
aisée est l’interprétation de l’ « ascia » figurée sur de nombreuses
stèles et de la formule subséquente « SAD » (Sub ascia dedicavit). Le
rite de l’ ascia est né, semble t-il,
en Dalmatie avant le milieu du 1er siècle de notre ère et à pris
pied, selon A. AUDIN, à Lyon vers la fin du même siècle pour se généraliser
dans toute la région de manière foudroyante. Dans le monde romain où l’usage le
plus répandu était la crémation des corps il se répandit d’abord dans le milieu
militaire où les soldats demandaient à être inhumés et non brûlés après leur
mort.
Selon
toutes probabilités, ces inhumations se firent avec l’ ascia, sorte de hache à tout faire des maçons tout autant que des
charpentiers ou des bûcherons mais qui était également incluse dans
l’équipement individuel du légionnaire. L’inhumé trouvait la garantie d’un
bienfaisant repos dans la terre si son propre outil était jeté sur son corps
avant que la tombe ne soit close. Sa transcription progressive sur les stèles
avec la formule « dédiée sous l’ascia » laisse à penser que cet outil
symbolique conférait à la tombe une protection en lui assurant l’inviolabilité.
Enfin,
on notera que dans une dizaine d’inscriptions, l’appartenance du dédicataire à
la « tribu Voltinia » est indiquée. On sait que la représentation des
citoyens en tribu remonte à l’origine de Rome. La Narbonnaise avait été versée
en bloc dans la « tribu Voltinia » qui, à la suite des quatre tribus
urbaines (Palatina, Collina, Esquilina, Suburana) venait au second rang des
tribus rustiques, immédiatement après la « Romula ». En 47 de notre
ère, lors de la fondation de la Colonia Iulia Viennensium, tous les citoyens
Allobroges furent classés dans la « tribu Voltinia ». L’origine
précise de cette dénomination n’est cependant pas connue. Cette mention, assez
usuelle au début du haut empire, cessera avec Caracalla qui, en étendant le
droit de cité à tous les habitants de l’empire, rendit inutile l’indication de
l’appartenance à une tribu.
Bibliographie
sélective :
-
R.
CAGNAT : cours d’épigraphie latine, 1889, pages 37 à 57
-
G.
HAQUART, J. DAUTRY et O. MASANI : guide romain antique, 1952, pages 30 à
32
-
P.
PETIT : la paix romaine, 1967, pages 103 et 104
-
G.
COULON : les gallo romains au carrefour de deux civilisations, 1985, pages
243 et 244
-
J.
C. FREDOUILLE : dictionnaire de la civilisation romaine, notamment pages
57, 118, 149, 171, 172 et 238
-
J.
C. MICHEL : Isère gallo romaine, T 1, 1985, page 119 et T 2, page 66
-
P.
M. DUVAL : LA Gaule pendant la paix romaine, 1991, notamment pages 92, 93,
95, 141, 142 et 329
-
M.
C. HOWATSON (direction) : dictionnaire de l’antiquité, 1996
L’épigraphie
lapidaire de Grenoble par rapport aux autres cités antiques :
L’Histoire
de la France Urbaine (direction G. DUBY, 1980) classe les villes romaines de
Gaule et de Germanie par le nombre d’inscriptions latines recensées par les CIL
XII et XIII à partir d’un seuil de 50 inscriptions.
27
villes de Gaule et de Germanie sont ainsi concernées par ce classement (op.
cit. page 49) :
Ø
2
villes ont plus de 1000 inscriptions : Nîmes et Narbonne
Ø
2
villes également ont livré plus de 500 inscriptions : Mayence et Lyon
Ø
5
villes ont plus de 250 inscriptions : Cologne, Trêves, Vienne, Arles et
Bordeaux
Ø
9
villes ont livré plus de 100 inscriptions : Bonn, Metz, Reims, Dijon,
Autun, Bourges, Périgueux, Die et Vaison
Ø
9
enfin ont livré plus de 50 inscriptions : Grenoble (que l’on pourrait
selon mon recensement faire figurer dans la liste précédente), Sens, Avenches,
Genève, Orange, Aix en Provence, Marseille, Saintes et Béziers.
Ainsi,
selon le seul critère de l’épigraphie retenu ici, Grenoble figure t-elle dans
les 19 (ou 27) cités antiques les plus importantes.
Provenance
et répartition des inscriptions :
Sur
les 105 inscriptions romaines étudiées ci après :
-
25
proviennent de la Porte Romaine,
-
20
proviennent de la Porte Viennoise
-
38
proviennent d’emplacements grenoblois authentifiés
-
20
sont de provenance inconnue mais traditionnellement attribuée à la ville
-
2
sont extérieures.
46
de ces inscriptions subsistent encore :
-
41
au Musée Dauphinois
-
2
à la cathédrale Notre Dame
-
-
1
rue Saint Laurent
-
A
à Echirolles
66
de ces inscriptions globales sont
complètes, cependant que 38 sont fragmentaires.
69
sont des inscriptions funéraires dans lesquelles la formule « Dis
Manibus » se retrouve 38 fois, cependant que l’ascia est figurée 16 fois.
Bibliographie
générale des inscriptions étudiées :
Peu
fiable en ce qui concerne les sources d’archives les plus anciennes, elle
présente néanmoins un intérêt évident, notamment en ce qui concerne les
inscriptions perdues dont certaines avaient été vues par les premiers auteurs.
A
cet égard n’est-il sans doute pas inutile de rappeler que CHAMPOLLION FIGEAC
estimait, sans doute à juste titre, qu’ALLARD n’avait fait que copier BARLET
qui, lui-même, aurait copié Antoine de GOVEA, jurisconsulte de Vienne qui,
alors qu’il enseignait le droit à Grenoble au début du 16ème siècle,
s’était intéressé aux inscriptions antiques de Grenoble. C’est, en l’état
actuel des connaissances, le plus ancien auteur connu en matière de recherche
épigraphique. Malheureusement, son manuscrit n’est plus localisé.
Les
références bibliographiques qui suivent sont données dans l’ordre chronologique
des auteurs et une abréviation conventionnelle est indiquée afin de faciliter
et de simplifier l’analyse des 116 inscriptions étudiées pour les sources les
plus fréquentes. Les autres sont intégralement citées.
-
Antoine
de GOVEA (début du 16ème siècle), manuscrit perdu
-
E.
BARLET : Allobrogis jurisperii Gratianopolitae absconditarum rerum
antiquarum et mirabilum gentis suae monimenta, manuscrit (vers
1547-1559) : in folio de 96 pages, BN (man. 17728). Une copie postérieure
est également conservée à la bibliothèque Sainte Geneviève à Paris
(référence : Barlet)
-
E.
de CLAVIERE : floridum liber singularis, 1621
-
G.
ALLARD : inscriptions romaines de la ville de Grenoble dans
« description historique de la ville de Grenoble », réédition 1992
(les références correspondent à cette dernière édition). Dictionnaire
historique, chronologique, géographique, généalogique, héraldique, politique et
botanographique du Dauphiné, manuscrit vers 1664 (référencé Allard,
dictionnaire)
-
N.
CHORIER : Histoire du Dauphiné, T 1, Grenoble, 1661, réédition 1971
(référencé Chorier)
-
N.
CHARBOT : histoire de la ville de Grenoble, manuscrit in quarto vers 1717
(BMG 1665) (contient toutes les inscriptions romaines de Grenoble d’après
Barlet, Allard et Chorier) (référencé Charbot)
-
Abbé
J. C. MARTIN : Cularo plus tard Grenoble ou histoire ancienne et moderne,
religieuse et civile de cette ville et de nombre de localités, sd, man. BMG Q
527 (référencé Martin)
-
J.
J. CHAMPOLLION FIGEAC : inscriptiones Cularonenses restituae (réferencé
Champollion 1804) ; antiquité de Grenoble ou histoire ancienne de cette
ville d’après ses monuments (référencé Champollion, 1807)
-
J.
J. A. PILOT : histoire de Grenoble et de ses environs depuis sa fondation
sous le nom de Cularo jusqu’à nos jours, 1829 (référencé Pilot, 1829) ;
Recherches sur les antiquités dauphinoises, 1883 (référencé Pilot 1883) ;
les monuments du département de l’Isère, bulletin de l’Académie Delphinale, I,
1842-1845 (référence Pilot, 1842-1845) ; les inscriptions gallo romaines
de Grenoble (référencé Pilot, 1860)
-
A.
ALLME et A. de TERREBASSE : inscriptions antiques et du moyen âge de
Vienne en Dauphiné, 6 volumes et 1 atlas. Les quatre premiers volumes, rédigés
par A. Allmer concernent les inscriptions antiques et les inscriptions jusqu’au
8ème siècle, 1875-1876 (référencé Allmer avec le tome, le numéro
d’inscription et le numéro de reproduction dans l’atlas)
-
E.
LE BLANT : inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au 8ème
siècle, I, 1856 et 1865 (référencé Le Blant avec le tome et le numéro
d’inscription)
-
O.
HIRSCHFELD : Corpus inscriptionum latinarum, T XII (référencé CIL XII avec
le numéro d’inscription)
-
A.
PRUDHOMME : histoire de Grenoble, 1888 (référencé Prudhomme)
-
C.
JULLIAN : histoire de la Gaule, 1920-1926, 6 volumes, réédition 1993 en 2
volumes (les références de pagination, Jullian, correspondent à cette dernière
édition)
-
Dom
E. LECLERCQ : dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, VI, 2,
1925 (colonnes 1797 à 1810, Grenoble) (référencé DACL)
-
S.
CHABERT : catalogue des inscriptions romaines du Musée Dauphinois, 1927
(référencé Chabert)
-
E.
ESPERANDIEU : inscriptions latines de Gaule (Narbonnaise), supplément au
CIL XII, 1929 (référencé ILGN avec le numéro d’inscription)
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble : sa formation depuis l’époque
gauloise jusqu’au VIIème siècle d’après les documents extraits de son sous sol,
1930 (référencé Müller)
-
E.
DIEHL : inscriptiones latinae christiana veteres, 1931 (référencé ILCV
avec le numéro d’inscription)
-
R.
P. HOSTACHY : les vraies origines de Grenoble, 1962 (référencé Hostachy)
-
V.
CHOMEL (direction) : histoire de Grenoble, 1976 (référencé Chomel)
-
R.
TURCAN : les religions de l’Asie dans la vallée du Rhône, EPRO, 32, 1972
(référencé Turcan)
-
A.
PELLETIER : Vienne antique, 1982 (référencé Pelletier)
-
H.
G. PFLAUM : les fastes de la province Narbonnaise, XXXème supplément à
Gallia, 1978 (référencé Pflaum)
-
F.
DESCOMBES : recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à
la renaissance carolingienne, XV, Viennoise du nord, 1985 (référencé Descombes)
-
J.
C. MICHEL : Isère gallo romaine, I, 1985 et II, 1987 (référencé Isère
gallo romaine I ou II)
-
B.
DANGREAUX : les origines de Grenoble : l’état des connaissances,
Cahiers d’histoire, T XXXI, 1986-1 (référencé Dangreaux : la numérotation
des pages correspond à celle du tiré à part)
-
A.
de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des
villes de France : Grenoble, 1990 (référencé A. de Montjoye)
-
A.
PELLETIER, F. DORY, W. MEYER, J. C. MICHEL : carte archéologique de la
Gaule, Isère 38/1, 1994 (référencé CAG 38/1)
II –
INSCRIPTIONS AUX DIVINITES
N° 1 : Esculape et
Isis
Autel
consacré à Esculape découvert sous la Porte Romaine à une époque non
précisée :
AESCVLAPIO
SACR M
CAECVS
ISIDIS
AEDIT
P
« Aesculapio
/ Sacr(u)m / Caecus / Isidus aedit(umus) / P(osuit)
A
Esculape, Caecus, gardien du temple d’Isis a élevé (cet autel)
Le
culte d’Esculape en Gaule n’a pas suscité, semble t-il, beaucoup d’intérêt. Il
s’agit néanmoins d’une manifestation des influences hellénistiques : dans
la mythologie grecque, Esculape est le fils d’Apollon et de Coronis, fille du
roi des Lapithes, Phlgyas. C’est un dieu gréco romain : Asklepios grec et
Aesculapius romain, dieu de la médecine. La Narbonnaise semble avoir très peu
développé ce culte : seules trois représentations figurées sont connues à
Arles, Avignon et Vienne encore que cette dernière soit douteuse. A cela
s’ajoutent quelques inscriptions (8 au total) notamment à Nîmes, Riez, Aoste et
Grenoble.
Le
fait, dans ces deux derniers cas, que le dieu soit désigné sous son nom grec pourrait
laisser conjecturer que c’est le fait de dévots d’ascendance grecque :
c’est particulièrement vrai à Aoste où la dédicace du temple à Esculape (CIL
XII, 2386) est faite par Marcus Pennius Apollonius.
Il
n’en va toutefois pas de même pour Caecus qui ne dispose pas d’un cognomen
connu. Par contre, celui-ci est prêtre d’Isis, ce qui montre que le culte de
celle ci existait à Grenoble ou dans les proches environs (infra 2ème
partie, chapitre XI).
-
ALLARD :
dictionnaire T 1, page 427 et Inscriptions, page 27
-
CHORIER :
T 1, pages 189 et 240
-
CHARBOT :
n° IV, page 40
-
PILOT :
1829, pages 5 et 298 ; 1833, page 73 et 1842-1845, page 64
-
ALLMER :
n° 2045
-
CIL
XII, n° 2215
-
C.
JULLIAN : T 2, pages 162 et 642
-
L.
VIDMAN : Sylloge inscriptionum religionis Isiacae et Sarapiacae, 1969, n°
740, page 314
-
Isère
gallo romaine, I, pages 178, 179 et 184 et II, page 51
-
A.
PELLETIER : page 429
-
E.
SIKORA : le culte d’Esculape en Gaule dans la médecine en Gaule, 1985,
pages 195 à 205
-
R.
ROUGIER : Aoste la romaine, 1988, page 65
-
CAG
38/1, page 84
N° 2 Fortunes :
Autel
de provenance non identifiée dédiée aux Fortunes (perdu)
FORTINIVS
L. SVRIVS IVCVNDVS
SLM
« Fortunis
/ L(ucius) Surius Iucundus / S(uluit) L(ibens) M(erito) »
Aux
Fortunes, Lucius Surius Iucundus s’est acquitté de son vœu de bon gré et à
juste titre.
C’est
également à Aoste qu’il faut se référer pour trouver un autre exemple du culte
à la Fortune (ou aux Fortunes) où une statuette fut trouvée en 1861 près de
Pigneux.
-
CIL
XII, n° 2216
-
E.
ESPERANDIEU, n° 2644
-
A.
PELLETIER : pages 405 à 407
-
Isère
gallo romaine, II, page 52
-
CAG
38/1, page 84
N° 3 Jupiter :
Fragments
de marbre blanc de Paros trouvés en 1895, 1 rue Jean François Hche. C’est à
tort qu’ESPERANDIEU situe cette découverte en 1904 place Notre Dame. Fragments
jadis conservés au Musée Dauphinois et aujourd’hui perdus.
I
O M
……
us f
…….
da
« ….
I(ovi) O(ptimo) M(aximo) / …… us f(?) / ….. da(t)”
A
Jupiter très bon, très grand………. use….. donne
Le
culte de Jupiter a laissé de nombreux vestiges dans notre région évoquant soit
le dieu officiel de Rome soit une divinité locale assimilée.
-
J.
ROMAN : BSAF, 1904, page 299
-
ILGN
n° 337, page 104
-
CAG
38/1, page 84
N° 4 Maïa Auguste :
Dédicace
très mutilée trouvée en 1934 à un mètre de profondeur devant l’immeuble 2 rue
Brocherie.
Conservée
au Musée Dauphinois n° 34-5728
M
G
S C
« M(aiae)…
/ (Au)g(ustae) S(a)c(rum)”
Consacré à
Maïa Augusta
Les
Allobroges semblent avoir eu une ferveur toute particulière pour le culte de Maïa.
Rien que dans le département de l’Isère cinq inscriptions sont connues :
celle-ci, une seconde dédicace à Grenoble (infra n° 5), une autre à Pact (CIL
XII, 5867) et deux enfin à Chatte (CIL XII, 2194 et 2196). Un temple lui était
peut être consacré à Grenoble (infra 2ème partie, chapitre X).
-
le
Dauphiné, T 22, 9 mai 1866, page 475
-
CIL
XII, n° 5870
-
MULLER :
page 30
-
CHABERT :
pages 36 et 37
-
Isère
gallo romaine, I, page 160 et II, page 95
-
CAG
38/1, pages 50, 84 et 128
N° 5 Maïa
Plaque
en bronze trouvée en 1896, 3 place Sainte Claire à
Conservée
au Musée Dauphinois (n° D 67.3.288). Actuellement au Musée de l’ancien évêché,
1ère salle d’accès au baptistère.
MAIA
V V S L
ME
C ATTIVS
ATTICVS
« Maia(e)
/ (u)t V(overat) S(olvit) L(ibens) M(erito) / C(aius) Attius Atticus »
A
Maia, Caius Attius Atticus a accompli son voeu comme il l’avait promis, de bon
gré et à juste titre.
La
facture des lettres permet d’attribuer cette inscription au 1er ou
au 2ème siècle. H. Müller l’attribuait pour sa part au 1er
siècle.
Caius
Attius Atticus est, selon toutes probabilités, un parent de Sextus Attius
Atticus qui était flamine de la Narbonnaise et avait sa statue à Rome.
Cette
famille Attius est d’ailleurs largement connue dans la cité de Vienne et
notamment à Grenoble (infra n° 37 et 59) au point qu’on se soit interrogé sur
une relation directe possible entre cette famille et le pagus Ati…us mal connu
(supra chapitre IV : la civitas des Allobroges).
-
A.
CHABERT : page 59
-
C.
GUIRIMAND :inscription en l’honneur de Maïa découverte à Grenoble,
bulletin de l’Académie Delphinale, 4ème série, T 1, 1896, pages 387
à 392
-
A.
ALLMER : Revue épigraphique du Midi, 1890-1898, n° 1158 ; l’année
épigraphique, 1896, n° 81
-
ILGN
n° 338, page 104
-
H.
MULLER : une inscription romaine sur plaque de bronze trouvée
N° 6 : Mars :
Inscription
à Mars Auguste trouvée en 1777 près de la Tour Rabot (sanctuaire ? Infra 2ème
partie, chapitre X).
Conservée
au Musée Dauphinois n° 34.56.86
MARTI
AVG
CASSI
SEVERINVS
CENSORINVS
« Marti
Aug(usto) / Cassi(i) / Severinus / Censorinus »
A
Mars Auguste, Cassius Severinus et Cassius Censorinus (ont consacré cet autel).
Mars
a connu un grand succès sur le territoire des Allobroges et les témoignages de
son culte y sont presque aussi nombreux que ceux à Mercure.
-
CHAMPOLLION,
1807, pages 36 à 41
-
PILOT,
1829, page 299 et 1860, page 331
-
ALLMER :T
3, n° 454, pages 124 et 125 et atlas n° 269-9
-
CIL
XII, n° 2219
-
MULLER :
pages 35 et 36
-
CHABERT,
page 24
N° 7 : Mars :
Autel
encastré, jusqu’en 1808, « dans la tour de l’Evêché » selon le CIL ou
« dans le mur du Lycée selon Pilot. Déposé ensuite dans la cour d’une
maison rue Bayard. Il est considéré comme le piédestal d’une statue (1er
siècle). Conservé au Musée Dauphinois n° 34-5685.
MARTI
D. DECMANIVS
CAPER
T
P I
« Marti
/ D(ecimus) Decmanius Caper / T(estamento) P(oni) I(ussit) »
A
Mars, Decimus Decmanius Caper a ordonné par testament que (ce monument) soit
élevé.
S’agissait-il
d’un temple ? (infra 2ème partie, Chapitre X). Inscription du 1er
siècle. On sait, par une autre inscription, que D. Decmanius Caper était sous
préfet de cavalerie de l’ Alia Agrippina.
-
PILOT :
1829, pages 296 et 297 et 1860, page 331
-
ALLMER :
n° 453 et atlas n° 269-8
-
CIL
XII, n° 2218
-
CHABERT :
pages 23 et 24
-
PELLETIER :
page 271
-
PFAULM :
pages 235 à 237
-
A.
de MONTJOYE : page 18
-
CAG
38/1, page 84
N° 8 : les Mères
Augustes :
Autel
découvert en 1863 à l’occasion de travaux sous la nef de la cathédrale pour
l’établissement d’un calorifère (et non « dans les démolitions de la
Grande Rue » comme l’indique Allmer).
Conservé
au Musée Dauphinois, n° 34-5687
MATRIS
AVG
SACRVM
T
CASSIVS EROS
« Matris
Aug(ustalis) / Sacrum / T(itus) Cassius Eros ».
Consacré
aux Mères Augustes (par) Titus Cassius Eros.
Les
Matres sont des divinités tutélaires locales figurant à huit reprises dans
l’épigraphie de la cité de Vienne (Grenoble, Aoste, Saint Innocent, Genève).
Titus
Cassius Eros est connu par une autre inscription comme dédicataire à Junon
Reine (CIL XII, 1816) trouvée à Seyssuel et qui est sans doute postérieure à
celle-ci (début du 2ème siècle ?) puisque y figurent également
ses trois fils : Cassius Priscus, Cassius Euphemus et Cassius Secundus.
-
J.
J. A. PILOT : autel gallo romain trouvé dans les fondations de la
cathédrale de Grenoble, BSSI 2ème série, T VII, 1864, pages 424 à
427
-
ALLMER :
T 3, n° 456, pages 126 et 127 et atlas n° 269-166
-
CIL
XII, n° 2220
-
CHABERT :
pages 24 et 25
-
B.
BLIGNY (direction) : Histoire du Dauphiné, 1973, page 75
-
PELLETIER :
pages 387 à 389
-
A.
PELLETIER : paganisme et christianisme à Vienne au 2ème siècle,
Archéologie n° 48, décembre 1980, pages 69 à 71
-
Isère
gallo romaine, T 2, pages 159 et 161
-
CAG
38/1, page 84
N° 9 : Mères
Nemetiales :
Partie
supérieure d’un autel trouvée en 1822 (ou en 1842 ?) dans le cimetière de
l’ancienne église Saint Jean, place Saint André.
Conservée
au Musée Dauphinois n° 34-5688
MATRIS
NEMETIALI
LV CRETIA Q
LIB
IVM
« Matris
/ Nemetiali(bus) / Lucretia Q(uinti) / Lib(erta) … ium »
Aux
Mères Némétiales, Lucretia, affranchie de Quintus (a consacré cet autel).
Certains
des cultes pratiqués en Narbonnaise traduisent le double aspect de la
popularité du culte des Mères qui remonte au vieux fond néolithique du
peuplement. Le culte des « Mères Némétiales » est de ceux-ci et, bien
qu’inconnu ailleurs dans l’épigraphie de la Gaule Narbonnaise, est à apparenter
aux « Mères Augustes ». On peut toutefois noter que
« Némétiales » est à rapprocher sans doute de « Nemetum »,
le lieu consacré.
Un
sanctuaire aux « Mères Némétiales » existait-il à Grenoble ?
(infra, 2ème partie, chapitre X).
-
PILOT :
1860, page 342
-
ALLMER :
T III n° 457, pages 127 et 128 et atlas n° 269-11
-
CIL
XII, n° 2221
-
CHABERT :
page 25
-
CHOMEL
(direction) : page 32
-
CAG
38/1, page 84
N° 10 :
Saturne :
Autel
du 1er siècle (piédestal d’une statue) qui se trouvait autrefois
dans la cour d’une maison rue Bayard.
Conservé
au Musée Dauphinois n° 34-5689, visible
dans le cloître.
SATVRNO
D. DECMANIVS CAPER
T P I
«
Saturno / D(ecimus) Decmanius Caper / T(estamento) P(oni) I(ussit) »
A
Saturne, Decimus Decmanius Caper a ordonné par testament que (ce monument) soit
élevé.
Cette
inscription, d’un personnage cité trois fois dans l’épigraphie grenobloise,
(supra n° 7 et infra n° 19) est formulée de manière identique à l’inscription
qu’il avait dans le même temps consacrée à Mars.
La
référence à Saturne est rare : aucune autre n’est connue en Narbonnaise.
Allmer pensait que, retiré à Cularo après sa carrière militaire, Decmanius
Caper avait voulu, en choisissant pour motifs de sa libéralité des statues des
deux divinités qui symbolisaient la guerre (Mars) et la paix (Saturne) marquer
les deux occupations entre lesquelles s’était partagé le cours de son
existence. Mais Pfaulm suppose que toutes les divinités du panthéon romain
avaient pu être représentées.
-
PILOT :
1829, page 299 et 1860, page 332
-
ALLMER :
T 2, n° 240 page 383 et 3, n° 452, pages 122 et 123 ; atlas n° 269-7
-
CIL
XII, n° 2225
-
CHABERT :
page 26
-
PFAULM :
pages 235 à 237
-
CAG
38/1, page 65
N° 11 : divinités
des Empereurs et Diane :
Fragment
de dédicace (perdu) dont le lieu de la découverte doit être situé rue des
Clercs plutôt que place Sainte Claire.
Du
temps de Guy Allard elle était « en la maison de Jean de Belièvre, premier
président au Parlement ».
NVMINIBVS
AVG
ET DEA DIAN
« Numinibus
Aug(ustorum) / …. Et Dea Dian(ae) ».
Aux
divinités des empereurs et de la déesse Diane.
Les
dédicaces au numen impérial sont bien connues dans la cité de Vienne :
Aoste, notamment, en conserve cinq.
Le
culte a Diane est plus limité. Trois découvertes dans le département de l’Isère
la concernent : une statuette à Jarcieu, un autel polythéiste à Agnin et
un buste aux Roches de Condrieu. Le culte de Diane est par ailleurs présumé à
Aix les Bains.
-
ALLARD :
inscriptions, page 27
-
CHORIER :
T 1, page 188
-
CHARBOT :
page 39
-
PILOT :
1829, page 299
-
ALLMER :
T 3, n° 455, pages 125 et 126
-
CIL
XII, n° 2224
-
J.
ROUGIER : Aoste la Romaine, 1988, pages 50 et 51
-
J.
PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, 1983, page 260
-
CAG
38/1, pages 48, 85, 112 et 152
N° 12 :
Mercure :
Bien
que située depuis toujours à Echirolles, cette inscription est indissociable de
l’histoire de Grenoble, Echirolles ayant même été jadis assimilée à Cularo par
H. Gariel qui en faisait dériver le nom (« ex Cularo » !).
L’inscription
était, sous Chorier, à la porte de l’ancienne église Saint JACQUES
D4Echirolles ? qui passait pour avoir été bâtie des ruines et sur
l’emplacement d’un temple à Mercure (infra, 2ème partie, chapitre
X).
Depuis
au moins l’époque de Champollion, elle est située sur la terrasse du château de
Saint Jacques.
MERCVRIO
L
MANILIVS
SILANVS
« Mercurio
/ L(ucius) Manilius / Silanus »
A
Mercure, Lucius Manilius Silanus.
Mercure
était, semble t-il, le dieu le plus honoré de la Gaule. Le texte de César
concernant le culte de Mercure est bien connu : « le dieu qu’ils
honorent le plus est Mercure : ses statues sont les plus nombreuses. Ils
le considèrent comme l’inventeur de tous les arts. Il est pour eux le dieu qui
indique la route à suivre, qui guide le voyageur. Il est celui qui est le plus
capable de faire gagner de l’argent et de protéger le commerce ».
Depuis
Barlet, que tous les auteurs postérieurs ont repris, il a semblé admis que L.
Manilius avait été « un tribun militaire, dont la famille a donné
plusieurs consuls à la ville de Rome, envoyé en cette qualité chez les
Allobroges par Auguste ». Mais ceci semble devoir être écarté aujourd’hui.
-
CESAR :
De Bello Gallico, VI, 17
-
BARLET :
manuscrit 17ème siècle
-
CHORIER :
T 1, page 187
-
ALLARD :
inscriptions, page 27 et dictionnaire, T 2, page 183
-
CHARBOT :
n° 111, page 25
-
H.
GARIEL : histoire du Dauphiné, 1864
-
ALLMER :
T 3, n° 783, pages 466 et 467 et atlas n° 269-10
-
CHAMPOLLION,
1807, pages 45 à 49
-
CIL
XII, n° 2223
-
Collectif :
à la découverte du vieil Echirolles, 1970, pages 13 et 14, 68 et 241
-
Isère
gallo romaine, I, page 49
-
CAG
38/1 : page 168
-
C.
GOUDINEAU : Jules César, guerre des Gaules, 1994, page 256
III –
INSCRIPTIONS AUX EMPEREURS :
N° 13 :
Antonin :
Inscription
rapportée par J. J. CHAMPOLLION FIGEAC bien qu’elle n’existât déjà plus de son
temps. Etait-ce le piédestal d’une statue ?
IMP
CAES T AEL HAD
ANT AVG PIO P P
P M
TR POT X
“Imp(eratori)
Caes(ari) T(ito) Ael(io) Had(riano) / Ant(onion) Aug(usto) pio p(atri)
p(atriae) / P(ontifici) M(axiom) Tr(ibunicia) Pot(estate) decimae co(n)s(ulli)
ter (?)”
A
l’empereur César Titus Aelius Hadrianus Antoninus August, pieux, père de la
patrie, grand pontife dans sa dixième puissance tribunicienne, consul pour la
troisième ( ?) fois.
Cette
inscription présente un bon exemple d’épigraphie sur la titulature
impériale ; elle mentionne notamment la qualité d’Auguste – titre sacré
accordé pour la première fois à Octave – de père de la patrie – honneur décerné
par le Sénat et le peuple romain – de grand pontife – chef suprême de la
religion romaine, dans sa 10ème puissance tribunicienne – titre
donnant pouvoir et immunité des tribuns de la plèbe, reconduit annuellement le
10 décembre depuis Trajan et consul – magistrature suprême –
Il
n’en demeure pas moins que cette inscription comporte une anomalie flagrante.
Antonin le Pieux, dont le principat dura de juillet 138 à mars 161, obtint sa
dixième puissance tribunicienne en 146-147, cependant que son troisième
consulat intervint de 140 à 145.
L’inscription
de Grenoble (dont l’origine reste d’ailleurs totalement inconnue) se situe
donc, soit à cette dernière époque et préalablement à son quatrième et dernier
consulat obtenu en 145, soit vers 146-147, époque de sa dixième puissance
tribunicienne.
-
CHAMPOLLION :
1804, page 144
-
ALLMER :
T 1, n° 15, pages 65 et 66
-
C.
MERMET : Mémento monétaire de l’empire romain, 1982, page 15
-
CAG
38/1 : page 85
-
C.
SCARRE : Chronique des empereurs romains, 1995, pages 13 et 106 à 111
N° 14 : Claude II
dit le Gothique :
Inscription
trouvée en mai 1879 place Lavalette, dans le mur d’enceinte de la citadelle
construite par Lesdiguières, à l’occasion de travaux faits par le Génie
militaire pour établir une porte donnant sur la place Lavalette.
Etait-ce
un piédestal de statue ? (infra 2ème partie, chapitre II).
Inscription
conservée au Musée Dauphinois n° 34-5692
IMP
CAESAR
M AVR CLAVDIO
PIO FELICI INVICTO
AVG GERMANICO
MAX P M TRIB POTES
TATIS II COS PATRI PA
TRIAE PROC VEXIL
LATIONES
ADQVE
EQVITES ITEMQVE
PRAEPOSITI ET DVCE
NAR PROTECT TEN
DENTES IN NARB
PROV SVB CVRA IVL
PLACIDIANI V P PRAE
FECT VIGIL DEVOTI
NUMINI MAIESTA
TIQ EIVS
« Imp(eratori)
Caesar(i) / M(arco) Aur(elio) Claudio / pio felici invisto / Aug(usto)
Germanico / Max(imo) P(ontifici) M(aximo) trib(uniciae) potes / tati iterum
co(n)s(uli) patri pa / triae proc(onsuli) vexi / lationes adque / equites
itemque / praepositi et duce / nar(ii) protectors ten / dentes in Narb(onensi)
/ Prov(incia) subcura Iul(ius) Placidiani(us) V(iri) P(erfectissimi) prae /
fect(i) Vigil(um) devoti / numini maiesta : tiq(ue) eius ».
A
l’empereur César Marcus Aurelius Claudius, pieux, heureux, invincible Auguste,
très grand vainqueur des Germains, grand pontife, dans sa seconde puissance
tribunicienne, consul, père de la patrie, proconsul, les
« vexillationes », les « adque equites » de même que les
« praepositi » et les « ducenarii protectores » cantonnés
dans la province de Narbonnaise sous le commandement de Iulius Placidianus,
homme perfectissime, préfet des Vigiles, dévoué(s) à la puissance et à la
souveraineté de l’empereur (ont élevé ce monument).
Les
« vexillationes » sont, au 3ème siècle, les légionnaires
et les auxiliaires maintenus en réserve dans les villes fortifiées du nord de
l’Italie (Milan notamment) qui forment les détachements expéditionnaires. Les
« adque equites » correspondent aux troupes de cavalerie, cependant
que les « praepositi » désignet ici les officiers placés à la tête
des vexillationes et des adque equites. Ce qualificatif s’applique presque
toujours, à l’époque de l’inscription, aux commandants des détachements
expéditionnaires. Enfin, en ce qui concerne les « duceranii
protectores », Allmer traduit le terme par « tribuns des cohortes prétoriennes »
et la CAG 38 par « ducénaires gardes du corps ». Or, il semble qu’à
compter de Gordien III ou de Valérien, les « protectores » aient
remplacé les « equites singulares », anciens soldats de la garde à
cheval de l’empereur : c’est un corps d’élite, sans doute constitué
d’anciens décurions qui ont rang d’officiers.
Il
s’agit donc là en l’espèce de soldats de la garde impériale. Pfaulm y voit les
gardes du corps de Placidianus qu’il qualifie de « dux » (Fastes,
page 193).
Quant
au dernier terme de l’inscription, que la CAG propose de transcrire par
« dévoués à sa divinité et à sa majesté » nous pensons préférable
d’adopter la formulation retenue ci avant, rappelant par ailleurs qu’une
querelle d’auteurs, qui est ancienne mais qui perdure encore, existe sur la
question de savoir s’il convient de traiter le mot « dévoué » au
singulier ou au pluriel.
Cette
insciption parait devoir se situer dans le milieu ou avant la fin de l’année
269. En tout état de cause, elle est postérieure au 10 décembre 268, début de
la seconde puissance tribunicienne de Claude II et antérieure à sa troisième
puissance tribunicienne connue par une inscription de la colonie de Thubursicu
Numidarum (aujourd’hui Khamissa en Algérie) qui le montre également consul pour
la seconde fois (CIL VIII, 4876).
Il
n’est plus dans cette dernière inscription qualifié de « Germanico
Maximo », mais de « Gothico Maximo », le très grand gothique, ce
qui montre qu’entre les deux dédicaces avait eu lieu la grande bataille de
Naissus en Mésie Supérieure, où il aurait défait une armée de Goths composée de
« armantorum trecenta vingti milia », 320 000 hommes en arme,
selon l’Histoire Auguste, chiffre étonnant que reprend pourtant Ammien
Marcellin (XXXI, 5, 15).
En
ce qui concerne les raisons du stationnement à Grenoble de ces importants corps
de troupe et sur la présence à leur tête de Iulius Placidianus, on voudra bien
se reporter à l’étude spécifique ci après.
Bibliographie propre à
l’inscription :
-
l’Impartial
des Alpes : 2 août 1879
-
F.
VALLENTIN : l’inscription de Grenoble, BM, 45, 1979, pages 433 à 436,
découvertes archéologiques faites en Dauphiné pendant l’année 1879, bulletin de
l’Académie Delphinale, 1879, pages 41 à 73, Revue anthropologique, 38, 1879,
page 120 et inscription latine découverte à Grenoble en mai 1879 relative à un
monument élevé dans cette ville en l’an 269 en l’honneur de l’empereur Claude
le Gothique, Congrès archéologique de France, 66ème session, 1879,
pages 323 à 332
-
E.
PILOT de THOREY : inscription découverte à Grenoble à la Citadelle, BSSI,
3ème série, T X, 1880, pages 5 et 6
-
A.
ALLMER : 3ème supplément aux inscriptions antiques de Vienne,
1880, n° 2069, page 215
-
CIL
XII, n° 2228
-
H.
SESSAU : Inscriptiones Latinae Selectae, 1892-1916, n° 569
-
MULLER :
pages 34 et 35
-
CHABERT :
pages 27 à 29
-
Trésors
du Musée Dauphinois, 1968, n° 39, pages 38 à 40
-
PFAULM :
pages 191 à 193
-
E.
CIZEK : l’empereur Aurélien et son temps, 1994, pages 80 à 82
-
CAG :
page 85
-
M.
REDDE : l’armée romaine en Gaule, 1996, pages 229 et ss
-
M.
CHRISTOL : l’empire romain au 3ème siècle, 1997, page 157
-
M.
BATS, S. BENOIT et S. LEFEBVRE : l’empire romain au 3ème
siècle, 1997, pages 334, 335 et 338
-
X.
LORIOT, D. NONY : la crise de l’empire romain, 1997, page 95
Autres éléments
bibliographiques :
-
Histoire
Auguste ; traduction A. CHASTAGNOL, 1994, pages 938 et 939
-
AMMIEN
MARCELLIN : Histoire, édition les Belles Lettres, 1968-1984
-
F.
ZOSSO, C. ZINGG : les empereurs romains, 1995, pages 102 et 103
-
C.
SCARRE : chronique des empereurs romains, 1995, pages 182 à 184
Le séjour de
Placidianus à Grenoble :
La
synthèse de ce qui suit est pour l’essentiel extraite d’une étude que j’ai
consacrée en 1982 au séjour de ce haut personnage à Grenoble et à Vif, publiée
sous le titre « à la recherche de Placidianus » dans le 9 du bulletin
des Amis de la Vallée de la Gresse » (juin 1982). Elle intègre toutefois
divers compléments.
Comme
le montre l’inscription, un important corps de troupes – peut être même une
armée – sous le commandement de Iulius Placidianus (son praenomen n’est pas connu, peut être Caius) mais son nomen pourrait l’apparenter à la gens
Iulia, peut être celle à laquelle avait appartenu César lui-même (Caius Iulius
Cesar) ; quant à son cognomen –
le Placide – il pourrait résulter d’un trait de caractère marquant. Placidianus
était alors le préfet des Vigiles de Rome (*)
(*)
des traces de la caserne des Vigiles de Rome ont été retrouvées dans la 7ème
région de Rome à proximité de l’actuelle piazza dei SS apostoli.
On
doit s’interroger sur les raisons de ce séjour d’un corps expéditionnaire
d’élite composé de soldats pris dans la propre garde impériale ! Il faut,
à cet égard, se souvenir qu’à cette période Autun se révolte contre les
usurpateurs du pouvoir et appelle Claude II à son secours. Celui-ci, qui lutte
contre les Goths, ne peut venir en personne à l’aide de l’emblématique capitale
de la civitas des Eduens mais, soucieux de reprendre le contrôle de la Gaule,
envoie alors semble t-il, Iulius Placidianus, son préfet des Vigiles, avec une
petite armée.
Le
contexte de l’époque était en effet relativement compliqué.
Au
moment de l’accession à l’empire de Claude II en mais 268, l’unité romaine
était rompue depuis 259, époque où Postumus, commandant du front rhénan, avait
été proclamé empereur par ses troupes. De l’avis des historiens, cet acte
n’avait d’ailleurs pas fatalement une volonté de sécession. Il s’agissait non
de constituer un « empire gaulois » mais bien un « empire romain
des Gaules », d’assurer sa défense contre les barbares et, par là, de
sauver le monde romain.
Postumus
régna sagement et habilement jusqu’en 267 ou 268, époque où il fut assassiné
par ses propres troupes. De cet évènement naquit en Gaule une période de guerre
civile qui incita, semble t-il, l’Espagne et la Narbonnaise à reconnaître
Claude II plutôt que Laetianus et Victorinus, les pâles successeurs de
Postumus.
C’est
dans ces conditions qu’Autun, se refusant à faire allégeance à Victorinus,
appelle Claude II à son secours. Fort occupé, comme on l’a vu avec les Goths
qu’il veut vaincre définitivement et préoccupé par la sécession palmyrénienne,
celui envoie Placidianus. Certains auteurs vont même jusqu’à penser qu’il
aurait pu confier à ce grand personnage, totalement fidèle à sa personne, la
responsabilité de l’ensemble des provinces européennes. D’autres lui confèrent
le titre de « dux » (Pfaulm, Christol).
Les
troupes de Placidianus sont à Grenoble lorsqu’elles apprennent les succès de
Claude et celui-ci fait alors graver la dédicace qui a été conservée.
On
ignore les raisons qui empêchent alors Placidianus de secourir autun qui, après
un siège de sept mois disent les « Panegyrici » tombe aux mains de
Victorinus qui procède alors à une sanglante vengeance.
On
ne sait pas si cet évènement dramatique est survenu alors que Placidianus était
en marche ou si, délibérément, il avait cantonné son armée à Cularo dès le
début du siège d’Autun, peut être en attendant des renforts ou l’empereur
lui-même.
Les
historiens ne savent pas expliquer les raisons de l’attitude de Placidianus.
Sans doute répondait-elle à de sérieux motifs car il est tout à fait établi
qu’il a séjourné, avec ses troupes, longuement dans la région grenobloise, au
sein de cette province Narbonnaise toute acquise au pouvoir de Rome. En effet,
on sait que Placidianus très postérieurement à son arrivée à Cularo et à la
dédicace consacrée à Claude était encore sur place : en témoigne une
seconde inscription, aujourd’hui encastrée dans le clocher de l’église Saint
Jean Baptiste de Vif :
IGNIBVS
AETERNIS IVL
PLACIDIANVS
V C PRAF PRAE
TORI
EX VOTO POSVIT
« Ignibus
/ Aeternis Iul(ius) / Placidianus / v(ir) c(larissimus) praef(ectus) prae /
tori(o) / ex voto posuit ».
Aux
feux éternels, Julius Placidianus, clarissime, préfet du prétoire, a élevé (cet
autel) à la suite d’un vœu.
On
s’est longuement interrogé sur ces « feux éternels » :
s’agissait-il de ceux de la Fontaine Ardente proche ou l’allusion au culte
solaire dont Aurélien avait fait l’un des éléments fondamentaux de sa réforme
religieuse ?
J’ai
longuement discuté cette problématique dans l’étude susvisée (complétée et
reprise dans ce même site Internet) et il ne parait pas nécessaire d’y revenir
ici. Mais, l’intérêt majeur de cette inscription est que Placidianus y apparaît
comme préfet du prétoire, la préfecture la plus élevée de l’empire en cette
seconde moitié du 3ème siècle, faisant de son titulaire un quasi
vice empereur.
La
question est : quand Placidianus fut-il élevé à cette dignité ? Deux
réponses sont possibles : soit à l’extrême fin du règne de Claude II, soit
plus probablement au début de celui d’Aurélien. Les auteurs ne sont toutefois
pas d’accord pour situer la mort de Claude II : fin 269 ? début 270 ,
26 août ou 6 septembre 270 ?. Il en découle, corrélativement, une
incertitude de même nature sur le début du règne d’Aurélien.
Ce
qui est toutefois établi est que Placidianus est l’unique préfet du prétoire
d’Aurélien à être connu avec certitude (*).
(*)
l’Histoire Auguste qui, curieusement, ne mentionne pas Placidianus, cite comme
préfet du prétoire Ablavius Murena, personnage qui semble avoir été inventé de
toutes pièces.
L’inscription
de Vif se situe donc à une date comprise entre la mi 270 et 272. Cette dernière
ne fait aucun doute puisque l’on sait par ailleurs que dès le 1er
janvier 273, Placidianus était devenu consul ordinaire.
Son
séjour à Grenoble aurait donc duré du début du siège d’Autun (fin 269) jusqu’à
fin 270 pour l’amplitude la plus courte ou jusqu’à fin 272 pour l’amplitude la
plus longue, soit entre un et trois ans ce qui, dans les deux cas est
considérable.
Cela
montre – et trop peu d’auteurs l’ont jusqu’alors relevé – que Cularo devait
disposer d’infrastructures suffisamment importantes pour accueillir aussi
longtemps un tel personnage et son armée.
Pour
sa part, C. JULLIAN y voit le lieu de concentration des armées impériales pour
surveiller et menacer les empereurs des Gaules et E. CIZECK conjecture que
Placidianus était originaire de Narbonnaise et qu’il y jouissait d’une notable
réputation.
Mais
à quoi une telle armée aurait pu être employée ?
Certains
auteurs, limités il est vrai, pensent que Placidianus aurait profité de ce long
séjour pour commencer, dès 269, la fortification de Grenoble ; ceci n’est
pas du tout improbable quand on sait qu’une pièce de Claude II a été retrouvée
dans les substructions (voir à cet égard le chapitre consacré à l’enceinte).
Par
ailleurs, le nombre important de monnaies de Claude II et d’Aurélien trouvées à
Grenoble ou dans les proches environs (Vif, Saint Martin le Vinoux, le
Fontanil, Brézins, Veurey…) atteste également des évènements importants dont
Grenoble fut témoin à la charnière des règnes de Claude II et d’Aurélien.
On
ne sait plus rine de Placidianus postérieurement à ces évènements sauf, comme
cela a été indiqué, qu’il fut consul ordinaire en 273 en compagnie d’Aulus
Tacitus, le successeur d’Aurélien.
Peut
être suivit-il Aurélien lors du semblant de campagne menée contre
Tétricus ? Peut être retourna t-il à Rome siéger au sénat auquel il avait
accédé lors de sa désignation comme préfet du prétoire ainsi que l’atteste
l’inscription de Vif ?
On
ne sait rien de cela car ce personnage, pourtant illustre, n’est pas autrement
connu que par les deux inscriptions évoquées ci avant et par les « Fastes
consulaires ».
Bibliographie :
-
J.
C. MICHEL : à la recherche de Placidianus, bulletin des AVG n° 9, juin
1982, pages 5 à 21
-
Histoire
Auguste : traduction A. CHASTAGNOL, 1994, Tyranni Triginta, pages 837 à 915,
Divus Claudius, pages 933 à 953, Divus Aurelianus, pages 957 à 1023
Par
ailleurs, le séjour de Placidianus à Grenoble a été évoqué par de nombreux
auteurs. La synthèse qui précède et l’étude complète dont elle est tirée
résulte de la consultation des textes suivants :
-
J.
J. A. PILOT : note sur une inscription gallo romaine gravée su une pierre
du clocher de l’église de Vif, BSSI, 4, 1860, pages 366 à 368
-
A.
PRUDHOMME : pages 19 à 21
-
L.
HOMO : de Cauldio Gothico, romanorum imperatore, 1903, pages 474 et
475 et essai sur le règne d’Auréline,
1904
-
C.
JULLIAN : T 1, pages 860 et 1246
-
J.
CHEVALLIER : sur l’inscription de Vif, bulletin de l’Académie Delphinale,
1923, pages 2 à 7
-
A.
MERCIER et A. SEGUIN : l’épigraphie et les fontaines ardentes, bulletin de
l’association française des techniciens du pétrole, 1939, pages 48 et 49
-
Prosopographia
Imperii Romani, IV, 3, 1943, page 249
-
P.
LE GENTILHOMME : le désastre d’Autun en 269, Revue des Etudes Anciennes,
45, 1943, pages 223 à 240
-
E.
GALLETIER : les panégyriques latins, VIII et IV, 1949-1955
-
E.
THEVENOT : les gallo romains, 1948, pages 103 à 105
-
J.
J. HATT : histoire de la Gaule romaine, 1959
-
HOEFER :
nouvelle biographie générale, T IX, 1964, pages 687 à 689
-
J.
LAFAURIE : chronologie impériale de 249 à 285, bulletin de la société
nouvelle des antiquaires de France, 1965, pages 139 à 154
-
J.
F. MICHAUD : biographie universelle ancienne et moderne, T VIII, 1966,
pages 335 et 336
-
TURCAN :
pages 30 et 31
-
J.
SCHWARTZ : la mort de Claude le Gothique, Historia, 1973, pages 358 à 362
-
H.
G. PFAULM : les fastes de la province Narbonnaise, 1978, pages 191 à 193
-
G.
DUBY (direction) : histoire de la France urbaine, 1980, page 404
-
C.
MERMET : mémento monétaire de l’empire romain, 1982, pages 36 et 38
-
M.
CHRISTOL : l’empire romain du 3ème siècle, 1977, pages 148, 157
et 161 et essai sur les carrières sénatoriales dans la 2ème moitié
du 3ème siècle, 1986, pages 110 à 114 et 119
-
J.
C. MICHEL : inscription votive de Vif, Archéologie chez vous n° 4, 1985,
pages 25 et 26
- Isère
gallo romaine I, page 221
-
A.
REBOURG : CAG 71/1 (Autun), 1993, pages 335 et 336
-
E.
CIZEK : l’empereur Aurélien et son temps, 1994, pages 81 à 84, 185 et 230
à 232
-
F.
ZOSSO et C. ZINGG : les empereurs romains, 1995, pages 103 à 105
-
X.
LORIOT et D. NONY : la crise de l’empire romain, 1997, page 85
-
M.
BATS, S. BENOIST, S. LEFEBVRE : l’empire romain au 3ème siècle,
1997, pages 334 à 338
-
CAG
38/1 : pages 155 et 156
-
C.
SCARRE : chronique des empereurs romains, 1995, pages 182 à 184 et 185 à
187
N° 15 : Dioclétien
et Maximien :
Inscription
dédicatoire de la porte Viennoise ou Herculéenne (place Notre Dame), relevée au
16ème siècle et en 1802. Perdue lors de l’écroulement de la porte et
de sa démolition progressive (1802-1810) (la porte Viennoise est étudiée au
chapitre 1er de la 2ème partie).
L’inscription
monumentale comportait trois lignes :
D
N IMP CAES GAIVS AUREL VALERIVS DIOCLETIANVS P F INVICTVS AVGVSTVS ET IMP
CAESAR MARCVS AVREL VALERIVS MAXIMIANVS PIVS FELIX
INVICTVS
AVG MVRIS CVLARONENSIBVS CVM INTERIORIBVS AEDIFICIIS PROVENTIA SVA INSTITVTIS
ADQVE PERFECTIS PORTAM
VIENNENSEM
HERCVLEAM VOCARI IVSSERVNT
« D(omini)
n(ostri duao) imp(erator) Caes(ar) Gaius Aurel(ius) Valerius Diocletianus
p(ius) f(elix) invictus Augustus et imp(erator) Caesar Marcus Aurel(ius)
Valerius Maximianus pius felic / invictus Augu(ustus) muris Cularonensibus cum
interiobus aedificus providentia sua institus adque perfectis portum /
Viennesem Herculeam vocari iusserunt »
Nos
deux maîtres, l’empereur César Gaius Aurélius Valérius Dioclétianus, pieux,
heureux, invincible auguste après qu’aient été construits grâce à leur
prévoyance et achevés les murs de Cularo avec leurs bâtiments intérieurs ont
ordonné que la porte Viennoise soit appelée Herculéenne.
N° 16 : Dioclétien
et Maximien :
Inscription
de la porte Taine (porte romaine ou Jovienne) relevée au 16ème
siècle. Perdue lors de la démolition de la porte en 1594. Cette porte est
étudiée au chapitre I de la 2ème partie.
L’inscription,
sur trois lignes, est rigoureusement identique à celle de la porte Viennoise
(ci avant) à l’exception de la 3ème ligne
ROMANAM
IOVIAM VOCARI IVSSERVNT
« Que
la porte romaine soit appelée Jovienne ».
Bibliographie commune
aux deux portes :
-
A.
de GOVEA : (relevé des inscriptions au 16ème siècle)
-
Anonyme :
recueil abrégé de certaines choses concernant le gouvernement des pays du
Dauphiné et Savoye présenté en 1547 à François de Lorraine, comte d’Aumale (ADI
J 500)
-
AYMAR
du RIVAIL : de Allobrogibus, man. 16ème siècle publié en 1852
par A. ALLMER et A. de TERREBASSE, page 51
-
ALLARD :
inscriptions, pages 8 et 9
-
MARTIN :
pages 21 et 22
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 28 à 35
-
BERRIAT
de SAINT PRIX : annuaire statistique du département de l’Isère, 1803-1804,
page 182
-
PILOT :
1829, pages 8 à 10
-
J.
J. A PILOT : découvertes archéologiques à Grenoble : inscriptions au
dessus de la porte Romaine appelée Porte Traine et inscription au dessus de la
porte Viennoise appelée porte de l’Evêché, BSSI 2ème série, T 5,
1861, pages 388 à 393
-
ALLMER :
T 2, pages 385 à 388
-
CIL
XII : n° 2229
-
PRUDHOMME :
pages 22 à 24, 120 et 244
-
MULLER :
pages 15 et 16
-
HOSTACHY :
pages 52 et 53
-
CHABERT :
pages 29 et 30
-
E.
CHATEL : étude sur les portes de l’enceinte gallo romaine de Grenoble
d’après deux dessins du 16ème siècle, Cahiers archéologiques n° 38,
1990, pages 17 à 24
-
DANGREAUX :
page 13
-
A.
de MONTJOYE : page 23
-
CAG
38/1 : page 85
IV –
fonctions militaires :
N° 17 : épitaphe
d’un vétéran de la 3ème légion Gallica :
Trouvée
autrefois dans le couvent des Franciscains (place Lavalette, parc S. Allende)
ou dans celui des Minimes (rue du Vieux Temple). Perdue.
D
M
T
CAMVLI L F LAVENI
EMERITI LEGIONIS
GALLIC
HONESTA
MISSIONE DO
NATI
AB IMP ANTONINO
AVG
PIO ET EX VOLVNNTATE
IMP
HADRIANI AVG TOR
QVIBVS
ET ARMILIVS AVRE
IS
SVFFRAGIO LEGIONIS
HONORATI
CAMVLIA SOROR
EIVS
ET PATEGORIA E
MERITA
EIVS PATRONO OP
TIMO
ET PISSIMO
«
D(is) M(anibus) / T(iti) Camuli L(ucii)) F(illi) Laverni / emeriti legionis/
(tertae) Gallicae / Honesta mission do / nati ab imper(atore) Antonino /
Aug(usto) pio et ex voluntae / Imp(eratoris) Hadriana Aug(usti) tor / quibus et
armillis aure / is suffragio legionis / honorati Camulia Soror / eius et
pategoria E / merita elus patrono op / timo et piisimo ».
Aux
dieux manes de Titus Camulius Lavernus, fils de Lucius, vétéran de la troisième
légion Gallica, gratifié du congé honorable par l’empereur Antonin auguste,
pieux et décoré par la volonté de l’empereur Hadrien, Auguste, d’après le
suffrage de la légion, de colliers et de bracelets d’ors, Camulia sa sœur et
Pategoria Emerita à son patron très bon et affectionné.
Il
s’agit là d’un soldat d’élite qui, après avoir fait la guerre sur les bords du
Rhin et sans doute en Syrie où la 3ème légion Gallica tint garnison
à Raphanae, obtint des récompenses militaires de l’empereur Hadrien entre 132
et 135 et se retira à Cularo, ou selon toute vraisemblance étaient ses origines
ou du moins ses attaches familiales.
Ses
récompenses – Torquibus et Armillis – étaient respectivement des cercles en or se
portant sur la poitrine (torques) et des bracelets également en or, plats ou
cylindriques à quatre tours de spirale (armillis).
-
ALLARD :
inscriptions, page 33
-
CHAMPOLLION :
pages 25 et 40
-
PILOT :
1829, page 302
-
ALLMER :
T 1, pages 363 à 368 et 437 à 480
-
CIL
XII : n° 2230
-
HOSTACHY :
pages 47 et 48
-
CHOMEL :
page 31
-
PFAULM :
pages 85 et 86
-
CAG
38/1 : page 86
N° 18 : Tribun de
légion :
Inscription
mutilée, autrefois dans l’église Saint Laurent, aujourd’hui perdue.
POMPEIO
POLLIONI
TRIBVN
MILIT LEG PRIMAE
« Pompeio
/ Pollioni / Tribun(o) / Milit(um) Leg(ionis) Primae… »
A
Pompeius Pollion, tribun des soldats de la première légion…
L’inscription,
qui semble dater du 1er siècle, est incomplète car elle ne donne pas
le nom de la légion concernée. Selon ALLMER, cinq légions ont eu le nom de
« Legionis Primae » :
Ø
la
première Germanica instituée par Auguste,
Ø
la
première Italica créée par Néron,
Ø
la
première Adjutrix sous Galba
Ø
la
première Minervia sous Dioclétien
Ø
la
première Parthica sous Septime Sévère.
Pompeius
Pollioni, qui fut tribun de l’une de ces légions, était sans doute originaire
de Cularo.
-
ALLMER :
T 1, pages 353, 354 et 427 à 434
-
CIL
XII : n° 2233
-
PFLAUM :
pages 257 et 263
-
CAG
38/1 : page 86
N° 19 : sous préfet
de cavalerie :
Inscription
fragmentaire trouvée en 1591 « dans le fond de la Porte Traine ».
Perdue.
Le
texte a été en partie reconstitué grâce aux deux autres inscriptions
grenobloises qui mentionnent le même personnage (supra n° 7 et n° 10).
Etienne
BARLET, repris par ALLARD avait lu vers 1570 :
DECMANIO
CAPRO
SVB PRAEF EQVIT
ALAE AGRIPPIAN
QVI IN EEE (*) INSTA
TVA
VT ET AENEARVM
…………………….
…….
QVIT ………
(*)
trois E lunaires à contresens
En
extrapolant quelque peu, ALLMER proposé
la restitution suivante :
«
(Decimo) Decmanio / Capro / sub praefecto equitum / Alae Agrippian(ae) / qui
(sestertium (IJJJ) quinquaginta millium mummum) sta / tuas (Martis et
Saturni) : aenas et t(eg)ul(arum) (t)e (c)
t(um) aenarearum / (……. Testamento dedit Cularenses statuam in habitu)
e qui(ti (romani decreverunt ».
A
Decimus Decmanius sous préfet de cavalerie de l’Ala Agrippiana qui a donné par
testament 50 000 sesterces pour des statues de Mars et de Saturne en
bronze et un toit de tuiles en bronze destinés à l’ornement de ……… Les
habitants de Cularo ont élevé cette statue qui le représente en costume de
chevalier romain.
Decmanius
Caper est effectivement connu par les deux inscriptions susvisées gravées sur
des piédestaux de statues de Mars et de Saturne dont il avait financé
l’érection par son testament. PFLAUM n’exclut pas que Decmanius Caper ait
d’ailleurs fait représenter en statues toutes les divinités du panthéon romain.
ALLMER
a aussi considéré (mais sans preuve) qu’en reconnaissance de l’embellissement
procuré à leur ville par son don généreux les Cularonenses lui auraient édifié
une statue équestre le représentant en chevalier romain, dignité que lui avait
acquise son grade de sous préfet d’aile de cavalerie.
Jusqu’au
milieu du 1er siècle avant notre ère, le terme « alae »
désigne deux corps de troupes « alliés » qui flanquent une légion.
Ensuite, le mot prend le sens restreint de cavalerie car, après les réformes
augustéennes, « alae » désigne les troupes montées des auxiliaires
servant de renfort à l’armée régulière des légionnaires. La cavalerie des ailes
était répartie en « turnes » ou escadrons, chaque turne étant commandée
par un décurion, chaque décurion obéissant au décurion « princeps »
dépendant d’un sous préfet, lui-même sous les ordres d’un préfet ou d’un
tribun. Decmanius Caper avait donc un grade élevé dans la hiérarchie militaire.
Quant
à cette « aile Agrippine » qui ne figure dans aucune autre
inscription de Narbonnaise, peut être s’agissait-il de l’aile de cavalerie de
la légion première Germanica qui, notamment sous Claude, fondateur de la
Colonia Agrippinensis, du nom de sa seconde épouse, était justement en
campement d’été à Vetera, à une vingtaine de lieues de Cologne. Cette aile
n’est, jusqu’ici, connue que par cette inscription de Grenoble et une seconde
(épitaphe d’un cavalier) à Worms (CIL XIII, 4235).
L’estimation
du don ainsi fait par Caper peut correspondre à environ 150 000 ou
(*)
mais le rang et le rôle de subpraefecti est
très mal connu car, hormis l’inscription étudiée ici, on ne connaît que deux
autres mentions de sous préfets : un sub
praefectus equitum et un sub prafectus alae scubulorum toutes
deux découvertes à Aquilée.
Enfin,
en ce qui concerne le présumé toit de tuiles en bronze il y a lieu de noter
qu’une inscription de même époque (1er siècle), trouvée à Vienne
fait mention d’un flaminique qui a également donné de ses deniers les
« tuiles en bronze doré de la toiture d’un temple » (ALLMER T 2, n°
191).
-
ALLARD :
inscriptions page 30 et Dictionnaire, T 2, page 397
-
CHAMPOLLION :
page 142
-
ALLMER :
T 2, n° 240, pages 382 à 384
-
CIL
XII : n° 2231
-
PRUDHOMME :
pages 15 et 19
-
MULLER :
pages 16 et 17
-
HOSTACHY :
page 48
-
CHABERT :
pages 23 et 24
-
CHOMEL :
page 30
-
PFLAUM :
pages 235 à 237 et 262 et 263
-
DANGREAUX :
page 16
-
G.
DUBY (direction) : sur l’équivalence des Sesterces, Histoire de la France
urbaine, 1980, page 328
-
CAG
38/1 : page 86
-
J.
L. LAMBOLEY : sur les ailes de cavalerie, Lexique d’histoire et de
civilisation romaines, 1995, pages 42, 63, 83 et 227
-
J.
P. JOSPIN : Archéologia n° 335, juin 1997, page 25
N° 20 :
centurion :
Inscription
autrefois à la Porte Traine vue par Barlet selon G. Allard. Perdue.
SEX
SAMMIO VOLT
SEVERO
LEG PRIM
GERMANIC
QVI
E D
CO S QVO MILIT
COEPIT
AQVIFILER
FACTVS
EST ANNO XIII
AQVILI
ER MILITAVIT
…
FACTVS C ANTIS
TIO
VETERE II M SVI
LLIO
NERVLLINO CO S
EX STA
Dans
la lecture d’Allard, selon Barlet, sont ajoutées fautivement trois lignes :
M
TITIO M FIL
VOLT
GRATO
Qui,
en fait, concernent une autre inscription (infra n° 78).
«
Sex(to) Sammio Volt(inia tribu) / Severo (centurioni) leg(ionis) Prim(ae)
Germanic(ae) qui / e(o) d(em) co(n)s(ule) quo milit(are) / coepit quilifer /
factus est anno(s) XIII / aquili(f)er militavit / (centurion) factus C(aio)
Antis / tio vetere II M(arco) sui / llio Nerullino co(n)s(ulibus) / ex(te)
sta(mento)”
A
Sextus Sammius Severus de la tribu Voltinia, centurion de la première legion
Germanica qui, sous ce même consul, entra dans l’armée romaine comme porte
enseigne, y demeura pendant 13 ans, fut ensuite fait centurion sous le consulat
de Caïus Antisius Vetus pour la seconde fois et de Marcus Sullius Nerullinus,
en vertu de son testament.
On
sait que dans une légion le centurion était l’officier subalterne commandant
environ 100 hommes (une centurie). Même si, selon la formule de P. PETIT
« les centurions sont l’âme de l’armée romaine » on connait assez mal
la graduation : principales,
signifer, aquilifer, duplicarius, benefiarus…
Ce
personnage, aquilifer, avant de
devenir centurion de la Première Germanica (supra inscription n° 18) présente
les tria nomina, ce qui montre sa
citoyenneté romaine (*)
(*)
la LEGIO Prima Germanica, créée par Tibère après un court séjour à Ara Ubiorum
(Cologne) avait été transférée vers 25- 30 au camp de Bonna (Bonn).
L’indication
de son appartenance à la « tribu Voltinia » permet de dater
l’inscription d’une période antérieure au règne de Caracalla.
-
ALLARD :
inscriptions, page 30 et Dictionnaire T 1, page 586
-
CHAMPOLLION :
page 143
-
PILOT :
1829, page 298
-
ALLMER :
T 1, pages 345 à 349 et 427 à 434
-
CIL
XII : n° 2234
-
HOSTACHY :
page 47
-
CHABERT :
pages 48 et 49
-
J.
B. MOREL : quelques aperçus sur les mœurs gallo romaines de la cité de
Vienne, bulletin de l’Académie Delphinale, juin 1957, page 6
-
FFLAUM :
pages 244, 270 et 404
-
CHOMEL :
page 31
-
CAG
38/1 : page 86
V –
FONCTIONS MUNICIPALES :
En
ce qui concerne les inscriptions de Grenoble, les fonctions municipales ont été
réparties en deux groupes :
Ø
les
fonctions liées aux cultes,
Ø
les
fonctions liées à l’administration de la cité.
1 –
Fonctions liées aux cultes :
Le
plus haut magistrat est le flamine du culte impérial desservant du culte romain
sous la direction d’un flamine provincial dont la circonscription comprenait
toute la province. Souvent perpétuels, les flamines du culte impérial étaient
recrutés parmi des citoyens ayant rempli précédemment des fonctions municipales
(Cf. inscription n° 21).
Si
le flaminat du culte impérial est très fréquent en Gaule, il n’en va pas de
même du flaminat attaché à une divinité qui n’apparaît que dans quelques cités
(Aix, Lyon…) et il se rapporte toujours à Mars (inscription n° 22) sauf dans la
cité de Vienne où, à coté des flamines de Mars, on rencontre aussi des flamines
de la jeunesse (inscriptions n° 23 et 24).
Le
rôle des flaminiques est par contre mal connu : épouses des flamines les
assistant dans leur charge ou prêtresses des cultes ordinaires (inscriptions n°
25 et 26).
Enfin,
les sévirs augustaux, membres d’un collège de six membres, sont pris parmi les
affranchis ou les gens de la plèbe et nommés par les décurions de la cité.
La
célébration d’un culte impérial fut à Grenoble le fait d’un nombre appréciable
de sévirs augustaux issus, pour l’essentiel, d’un milieu d’affranchis
(inscriptions 27 à 31).
Ces
sévirs augustaux assuraient le culte des anciens dieux allobroges, admis par
Auguste dans le panthéon romain à titre de dieux lares.
2 –
fonctions liées à l’administration locale :
Dès
qu’elle devint colonie romaine, la cité de Vienne fut administrée à l’image de
Rome.
A
l’origine, la magistrature suprême était assurée par quatre magistrats, les quattuovirs, remplacés à la fin du règne
de Tibère ou de Cligula par les duumvirs (les
deux), l’un chargé des finances (aerarius)
(inscription n° 21) et l’autre de la justice (juredicundo) (inscription n° 24).
On
ne sait pas très bien situer la fonction de triumvir
locarum publicorum persequendorum qui n’est connue qu’à Vienne,
postérieurement aux quattuovirs et
qui est peut être même une sorte de censure (inscription n° 23).
Enfin,
les questeurs étaient chargés de la gestion des finances locales (inscriptions
n° 23 et 38).
Par
ailleurs, un conseil de décurions, ordo
decurionum, est connu dans de nombreuses cités de Narbonnaise : Apt,
Arles, Béziers, Fréjus, Orange, Riez, Vaison, Valence…
Vienne
avait également sa curie composée de cent membres choisis parmi les riches
citoyens et nommés pour cinq ans. C’est parmi eux qu’étaient désignés les
magistrats municipaux : questeurs, édiles, duumvirs… (inscriptions n° 33 à
36).
-
PRUDHOMME :
1888, page 45
-
C.
JULLIAN : T 1, pages 770 et 1202
-
P.
PETIT : la paix romaine, 1967, pages 151 et 187 ss
-
CHOMEL :
page 31
-
J.
PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an mil, 1983, pages 204 et 205
-
PELLETIER :
pages 80 et ss et 421, 422
-
P.
M. DUVAL : la Gaule pendant la paix romaine, 2ème édition,
1991, page 208
-
J.
C. FREDOUILLE : dictionnaire de la civilisation romaine, 1968, pages 82,
84, 93, 95, 109, 148, 198 et 205
-
A.
PELLETIER : paganisme et christianisme à Vienne au 2ème siècle,
Archéologia n° 111, octobre 1977, page 35
N° 21 : flamine
d’Auguste, duumvir aerari, triumvir locorum :
Inscription
trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise. Il n’en subsiste
plus qu’un fragment conservé au Musée Dauphinois (n° 34-5699) :
…….
VIRO O……. O
………….
PI …… SIMO
Grâce
à un autre fragment qui existait au temps de Champollion, une lecture presque
complète peut en être proposée :
…
DVVMVIR AER FLAM AVG VIRO LOCOR
P
P…..
PARENTES
PIISSIMO FILIO
« ….
duumvir(o) aer(arii) flam(ini) Aug(usti) (trium)viro locor(um) / P(ublicorum)
p(ersequemdorum)… / parentes pissimo
filio »
A
……. Duumvir chargé du trésor, flamine d’Auguste, triumvir chargé de gérer le
domaine public… ses parents à leur fils très sérieux.
Champollion
et Pilot avaient fautivement lu « sevir » alors qu’il convient bien
de restituer « triumvir locorum publicorum », l’un des trois
administrateurs du domaine public, sommet du cursus viennois.
B.
Dangréaux date l’inscription d’une période comprise entre 70 et 125.
-
CHAMPOLLION :
pages 82 à 85
-
PILOT :
1829, page 277 et 1860, page 323
-
ALLMER :
T 2, n° 169, pages 249 et 250 et atlas n° 255-4
-
CIL
XII : n° 2249
-
CHABERT :
pages 35 et 36
-
B.
BLIGNY (direction) : histoire du Dauphiné, 1973, page 71
-
PFLAUM :
page 256
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 87
N° 22 : flamine de
Mars :
Inscription
découverte par Etienne Clavier en 1622 « près du Temple » puis
encastrée dans l’ancien Hôtel de Ville, 4 place Grenette. Aujourd’hui au Musée
Dauphinois (n° 34-5694).
A
CAPRILIO ANTVLLO
FLAMINIS
MARTIS
PRIMVLVS
LIB PATRONO
C’est
l’une des plus belles inscriptions de Grenoble. B. Dangréaux la pense
postérieure à 70.
« A(ulo)
Caprilio Antullo / Flamini Martis / Primulus / Lib(ertus) patrono ».
A
Aulus Caprilius Antullus, flamine de Mars, Primulus, affranchi, à son patron.
ALLARD :
dictionnaire T 1, page 506 et T 2, page 309 ; inscriptions, page 34
CHARBOT :
n° VII, pages 26 et 39
MARTIN :
2ème partie, page 41
CHAMPOLLION :
1807, pages 61 à 65
PILOT :
1829, page 299 et 1860, page 343
ALLMER :
T 2, n° 197, pages 286 et 287 et atlas n° 255-7
CIL
XII : n° 2236
CHABERT :
page 31
DANGREAUX :
page 120
CAG
38/1 : page 86
N° 23 : flamine de
la jeunesse (questeur et édile) :
Fragments
d’un sarcophage trouvé intact avec son couvercle en 1804 en réemploi dans l’une
des tours flanquant la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n°
34-5697).
D
M
SEX
IVL CONDIANI DEF ANN XXV
FLAMINIS IVVENTIVS Q C V AEDIL
M
VALERIVS IVLIANVS SOCER ET
VAL
SECVNDILLA CONIVGI PIISSIMO
« D(is)
M(anibus) / Sex(ti) Jul(ii) Condiani def(uncti) ann(orum) XXV / Flaminis
Iuventis q(aestori) C(oloniae) V(iennensium) Aedil(is) / M(arcus) Valerius
Julianus Socer et / Val(eria) Secundilla coniugi pissimo ».
Aux
dieux manes de Sextus Julius Condianus décédé à l’âge de 25 ans, flamine de la
jeunesse, questeur de la colonie de vienne, édile, Valerius Julianus son beau
père et Valeria Secundilla à son épouc très pieux.
Pilot
traduisait « Q C V Aedili » par « questeur, édile de Cularo pour
la cinquième fois ». Or l’on sait depuis que les lettres « C V »
représentent conventionnellement sur un grand nombre d’inscriptions la colonie
de Vienne, « Coloniae Viennensium ». B. Dangréaux propose une
datation large, entre 125 et le début du 3ème siècle.
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 65 à 76
-
PILOT :
1829, page 279 et 1860, page 324
-
ALLMER :
T 2, n° 176, pages 265 à 267 et atlas n° 255 ter
-
MARTIN :
page 11
-
CHABERT :
pages 33 et 34
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 67
N° 24 : flamine de
la jeunesse (vaillance ?) (duumvir juredicento) :
Inscription
trouvée autrefois dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.
Deux
lectures en ont été données par Allard et par l’abbé Martin :
Allard
Martin
D
M T
CASSIO
C
CASSI MANSVERO
MANSVETI
FLAMINI
VIRB
FLAMINI
VIRT SCRIB
AED
SC
BIB EA RAT IIV
VIR DI
II
VIR IVR DICT CASSIA
ATTIA
PATRVELLI
PATRVELI
Mais
Allmer et le CIL ont adopté la lecture suivante :
D
M
T CASSIO
MANSVET
FLAMINI
VIRT
SCRIB
AERAR
VIR
IVR DIC
CASSIA
ATTIA
PATRVELLI
« D(is)
M(anibus) / T(ito Cassio / Mansuet(o) / Flamini vir(utis ?) / scrib(ae)
aerar(ii) / (duum) vir(o) iur(e) dic(undo) / Cassia Attia / Patruelli »
Aux
dieux manes à Titus Cassius Mansuetus, flamine de la vaillance ( ?) commis
du trésor, duumvir chargé de dire le droit, Cassia Attia à son cousin germain.
Le
flaminat de la « vaillance » n’étant pas connu, il convient sans
doute de penser qu’était visé dans cette inscription le flaminat de la
jeunesse.
-
ALLARD :
dictionnaire T 1, page 211 et page 506 ; inscriptions, page 37
-
CHARBOT :
page 39
-
CHAMPOLLION :
1804, page 142
-
ALLMER :
T 2, n° 156, pages 225 et 227 et atlas n° 255
-
CIL
XII : n° 2238
N° 25 :
flaminique :
Inscription
autrefois dans la Porte Traine. Perdue.
DEVILLIAE
ATTICAE
FLAMINICAE
HEREDES
« A
Devillia Attica, flaminique, ses héritiers ».
Selon
B. Dangréaux l’inscription est antérieure à l’an 70.
-
ALLARD :
dictionnaire T 1, page 506 ; inscriptions, page 32
-
CHORIER :
I, 239
-
CHARBOT :
n° XIII, page 25
-
ALLMER :
n° 2039 et atlas n° 255-8
-
CIL
XII : n° 2241
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 86
N° 26 : flaminique
et sevir augustal :
Autrefois
à la porte de Bonne selon Allard. Perdue.
HILARIAE
QVINTILLAE FLAMINICAE
SEX
ATTIVS MYROSIES VIR AVG
CONIVGI
KARISSIMAE QVAE VIXIT
MECVM
EX VIRGINITATE ANNOS
XXXV
ME S II DIES XI ET SIBI VIVVS
FECIT
ET SVB ASCIA DEDICAVIT
« Hilariae
Quintillae Flaminicae / Sex(tus Attius Myrosies (se)vir aug(ustalis) / coniugi
karissimae quae vixit / mecum et virginitate annos / XXXV me(n)s(es) II et dies
XI et sibi vivius / fecit et sub ascia dedicavit ».
A
Hilaria Quintilla flaminique, Sextus Attius Myrosies sevir augustal à son
épouse qui vécut avec lui depuis sa jeunesse, trente cinq ans deux mois et onze
jours et à lui, de son vivant, a fait (ce monument) et l’a dédié sous l’ascia.
Datation :
entre 125 et le début du 3ème siècle selon B. Dangréaux.
-
CHORIER :
T 1, page 192
-
ALLARD :
dictionnaire T 1, page 506 ; inscriptions, page 28
-
CHAMPOLLION :
1804, page 145
-
CHARBOT :
page 39
-
ALLMER :
T 2, n° 203, pages 316 et 317 et atlas n° 255-13
-
CIL
XII : n° 2244
-
TURCAN :
page 54
-
DANGREAUX :
page 20
-
A.
PELLETIER : paganisme et christianisme à Vienne au 2ème siècle,
Archéologia n° 111, octobre 1977, page 30
-
CAG
38/1 : page 87
N° 27 : sevir
augustal :
Inscription
trouvée dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.
D
M
Q
VET I NOB
IL
LIBERTI
EPICTETI
V R AVG
HEREDES
« D(is)
M(anibus) / Q(uinti Vet(t) i(i) nob / il(is) / liberti / Epicteti / (se)v(ir) aug(ustalis)
/ heredes ».
Aux
dieux manes de Quintus Vettius Epictetus affranchi de Nobilis, sevir augustal,
ses héritiers.
G.
Allard avait lu « IIII VR » c'est-à-dire quartumvir ou quattuorvir.
Q.
Vettius Epictetus est également mentionné dans une autre inscription consacrée à
son épouse Decimia Albina (infra n° 46).
Ce
cognomen d’affranchi se retrouve
maintes fois dans l’épigraphie de la Narbonnaise. B. Dangréaux date
l’inscription entre 70 et 125.
-
ALLARD :
dictionnaire, T 1, page 426 ; inscriptions, page 28
-
CHAMPOLLION :
1804, page 140
-
PILOT :
1860, page 339
-
ALLMER :
T 2, n° 204, pages 318 et 319 et atlas n° 255
-
CIL
XII : n° 2248
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 87
N° 28 : sévir
augustal :
Inscription
autrefois dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.
P
CASSI
HERMETIO
A
V G
V
S P
Allard
et Chorier en donnent une lecture légèrement différente :
Allard
Chorier
P
CASSIVS P
CASSIVS
HERMETIO HERLLETIO
V S P V
S P
IIIIII AVG IIII
AVG
“P(ublio)
Cassi(o) / Hermetio / (seviro) aug(ustalis) / V(ivus) S(ibi) P(osuit)”.
A
Publius Cassius Hermetio, sévir augustal de son vivant, pour lui, a élevé (ce
monument).
Inscription
antérieure à 70 selon B. Dangréaux.
Sur
P. Cassius Hermetion voir aussi infra inscriptions n° 54 et 74.
-
CHORIER :
T 1, page 191
-
ALLARD :
dictionnaire, T 1, page 210 et inscriptions, page 31
-
CHARBOT :
n° 21, pages 26 et 39
-
CHAMPOLLION :
1807, page 140
-
ALLMER :
T 2, n° 201, pages 314 et 315 et atlas n° 255-11
-
CIL
XII : n° 2237
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 86
N° 29 ( ?) :
sevir augustal :
Allard
donne une inscription presque identique à la précédente « rapportée par M.
de Boissieux, premier président au Parlement ». Celui la tenait
probablement du manuscrit d’E. Barlet, avocat au Parlement vers 1570.
P
CASSIVS
SELVET
V
S P
(IIII)
AVGST
« P(ublius)
Cassius / Selvet(ius) / (sevir) ausgust(ali) / V(ivus) S(ibi) P(osuit) ».
A
Publius Cassius Selvetius, sévir augustal, de son vivant, pour lui a élevé (ce
monument).
Cette
inscription n’est donnée par aucun autre auteur, ce qui pourrait laisser penser
qu’il s’agit en fait de la même inscription que la précédente. G. Allard est du
reste familier des variantes, son manuscrit ayant été établi, selon toute
probabilité, avec certaines discontinuités.
-
ALLARD :
inscriptions, page 27
N° 30 : sévir
augustal :
Pierre
rectangulaire contenant, côte à côte, dans un cadre mouluré, deux inscriptions.
Probablement trouvée sur les flancs de la Bastille, elle était du temps
d’Allard « contre la muraille de l’église Sainte Cécile des filles de
Saint Bernard », rue Servan (ancienne rue Neuve). Aujourd’hui au Musée
Dauphinois (n° 34-5696).
A
gauche : GRATIAE
GRATINAE
ANIMAE
DVLCISSIMAE
Q
IVLIVS
SATVRNINVS
ET
SIBI T F I
Où
Allard avait lu « Gratiae Grat / Fil… / Dulcissimae / Murbibus / et sibi T
F P »
On
proposera plutôt, l’inscription ne posant pas de difficulté particulière
d’interprétation : « Gratiae Gratinae / animae / dulcissimae /
Q(intus) Julius / Saturninus / et sibi t(estamento) f(ieri) i(ussit) ».
A
Gratia Gratina, âme très douce et à lui-même Quintus Julius Saturninus a
ordonné par testament d’élever (ce monument).
A
droite : Q
IVLIO
SATVRNINO
R
AVG
« Q(uinto)
Julio / Saturnino / (sevi)r(o) aug(ustali) ».
A Quintus
Julius Saturninus sévir
augustal.
On
peut penser que lé sévir augustal mentionné sur cette seconde partie était le
mari de Gratia Gratina mais il se pourrait aussi qu’il s’agisse du fils des
époux Q. Julius Saturninus et Gratia Gratina.
Selon
B. Dangréaux, ces deux inscriptions sont antérieures à 70.
-
ALLARD :
dictionnaire, T 1, page 578
-
CHAMPOLLION :
1807, page 123
-
CHARBOT :
pages 26 et 42
-
ALLMER :
T 2, n° 200, pages 312 à 314 et atlas n° 255-9
-
CIL
XII : n° 2242
-
CHABERT :
pages 32 et 33
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 86
N° 31 : sévir
augustal :
Grande
inscription qui provenait peut être des fondations de la Porte Traine. G.
Allard l’a vue « devant la maison du sieur Ferrand ». Elle était déjà
alors partiellement détruite mais Barlet l’avait précédemment copiée en
totalité. Perdue.
SEXTILLIO
GALLO AVG ATTIA ATTICI FIL BELLICA
CONIVGI SANCTISS ET SIBI VIVA
POSTERISQ SVIS FEC
« Sextillo
Gallo (sevir) aug(ustali) Attia Attici fil(la) bellica / coniugi sanctiss(imo)
et sibi viva posteriq(ue) suis fec(it) ».
A
Sextillius Gallus, sévir augustal, Attia fille d’Atticus Bellica à son mari
très digne et à elle de son vivant et à leurs descendants a fait (ce monument).
Datation :
entre 70 et 125 selon B. Dangréaux.
-
CHORIER :
I, page 191
-
ALLARD :
inscriptions, page 33
-
CHAMPOLLION :
1804, page 141
-
CHARBOT :
page 40
-
PILOT :
1860, page 333
-
ALLMER :
T 2, n° 202, pages 315 et 316 et atlas n° 255-10
-
CIL
XII : n° 2247
-
CAG
38/1 : page 87
N° 32 : questeur et
duumvir ou triumvir locorum :
Fragment
d’inscription autrefois dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.
T
C A
SECVNDO
Q
C V
VIRO
La
lecture est très incertaine : « TCA / Secundo / Q(aestori) C(oloniae)
V(iennensium) / (duum)viro » ?
A
……… Secundus, questeur de la colonie de Vienne, duumvir ?
G.
Allard dit que Barlet avait vu : « T C M / SECVNIO / Q VII VIR
L’abbé
en donne la lecture suivante : « T H C / SECVNDO / Q Q II VIR »
qu’il développe comme suit : « T(estamento) H(eredes) C(aius) /
Secundos / duumvir quinquennal ».
Pour
sa part, Allmer traduit « viro) par « triumvir » et non
« duumvir » pensant que de la questure qui était le degré inférieur
des honneurs de la colonie de Vienne, Secundus n’avait pu être élevé au
duumvirat. Il propose de lire : « Q C V IIIVIR ».
Selon
B. Dangréaux, l’inscription est antérieure à 70.
-
ALLARD :
inscriptions, page 32
-
CHAMPOLLION :
1804, page 141
-
MARTIN :
page 10
-
ALLMER :
T 2, pages 267 et 268 et atlas n° 255-6
-
CIL
XII : n° 2239
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 86
N° 33 :
décurion :
Stèle
triangulaire trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise. Depuis
1934 au Musée Dauphinois (n° 34-5698) et aujourd’hui au Musée de l’ancien
Evêché (salles du 1er étage).
D
M
G
PAPIO SECV
NDO
DECVRIO
NI
C V INTERCEP
TVS
AN XXXX ET
SECVNDANO
FILLIO
ERECTVS
AN X
SEN
IA MARCVULA
CONIVGI
KARISSIMO
ET
SVB
ASCIA
DED
CAV
« D(is)
M(anibus) / G(aio) Papio / Secu / do decurio / ni C(oloniae V(iennensium)
intercept / us an(norum) XXXX et / Secundano Fillio (sic) : ereptus an(norum) X
/ Sen(n)ia Marcula / coniugi / karissimo et / sub ascia / ded(i)cav(it) ».
Champollion
avait lu faussement “decurioni Cularonensi” pour “decurioni C(oloniae)
V(iennensium)”.
Aux
dieux manes à Gaius Papius Secundus, décurion de la colonie de Vienne, décédé à
l’âge de 40 ans et à Secundanus, son fils, décédé à l’âge de 10 ans, Sennia
Marcula à son époux très cher a dédié (ce monument) sous l’ascia.
La
datation est très large : entre 125 et le début du 3ème siècle.
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 77 à 81
-
PILOT :
1829, page 301 et 1860, page 326
-
PRUDHOMME :
pages 13 et 14
-
ALLMER :
T 2, n° 132, pages 174 à 177 et atlas n° 262
-
CIL
XII : n° 2246
-
CHABERT :
pages 34 et 35
-
CAG
38/1 : page 87
N° 34 :
décurion :
Inscription
trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise. D’après la
description donnée par Pilot, il semblerait que ce soit la partie antérieure
d’un sarcophage avec une inscription dans un cadre rectangulaire flanqué de
deux appendices en queue d’aronde. Perdue.
D
M
P
HELVIVS MASSO
DEC
VIENNENSI
VIVOS
SIBI
« D(is)
M(anibus) / P(ublius) Helvius Masso / dec(urio) Viennensi(s) / Vivos
sibi ».
Aux
dieux manes, Publius Helvius Masso, décurion de Vienne (a fait élever ce
monument ou ce tombeau) de son vivant pour lui.
Datation :
entre 70 ét 125.
Le
même Publius Helvius Masso figure également sur l’inscription dédiée à son
épouse Apronia Cassata (infra n° 68).
-
CHAMPOLLION :
1804, page 134
-
PILOT :
1860, page 348
-
ALLMER :
T 2, n° 130
-
CIL
XII : n° 2243
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 87
N° 35 :
décurion :
Stèle
à fronton triangulaire trouvée lors de la démolition de la tour de l’Evêché en
1811. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5695) visible dans le cloître.
Dans
le fronton, disque et ascia superposés :
D
M
C COELI
LVCINI
DECVR VIENN
SEXTIA THREPTE
CO IVGI
KARISSIMO ET COHEREDES
« D(is)
M(anibus) / C(ai) Coeli / Lucini / decur(ionis) Vienn(ensis) / Sextia Threpte /
co(n)iugi / karissimo et cohederes ».
Aux
dieux manes de Caius Coetius Lucinus, décurion de Vienne, Sextia Threpete à son
époux très cher et à ses cohéritiers (a élevé ce monument).
Threpte
est probablement un nom grec d’affranchie.
L’inscription
est datée entre 70 et 125.
-
CHORIER :
I, page 544
-
PILOT :
1829, page 258, 1833, page 258 et 1860, page 335,
-
ALLMER :
T 2, n° 131, pages 173 et 174 et atlas n° 252
-
CIL
XII : n° 2240
-
CHABERT :
page 32
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 86
N° 36 :
magistrat :
Grande
inscription de provenance inconnue. Au Musée Dauphinois (n° 34-5693). Visible
dans le cloître.
D
M
SEX
ATTI ATTICI
OMNI
VS HONORIBVS FVNCTI
SEX
A TIVS ATTICVS FIL
« D(is)
M(anibus) / Sex(ti) Atti(i) Attici / omni(b)us honoribus functi / Sex(tus)
A(t)tiius Atticus Fil(ius)”.
Aux
dieux manes, Sextius Attius Atticus qui a rempli toutes les functions (dans sa
cite), Sextus Attius Atticus son fils (a élevé ce monument).
Originaire
de Vienne, Sextus Attius Atticus, après avoir fourni toute la carrière des
honneurs municipaux dans sa patrie, a fait partie du concile de la province de
Narbonnaise en sa qualité de « flamen provinciae Narbonensis » (CIL
VI, 2698). Il est probable qu’il a érigé l’inscription de Grenoble à son père
éponyme qui, lui aussi, avait déjà géré les honneurs municipaux de la colonie
de Vienne.
Il
se peut également que l’Attius Atticus mentionné dans l’inscription funéraire
de Iulius Julianus et Ingenua Bellica ait été le père de Sextius Atticus honoré
dans la présente épitaphe et donc le grand père du flamine provincial.
Datation :
fin du 1er ou début du 2ème siècles.
-
PILOT :
1829, page 281 et 1860, page 332
-
ALLMER :
T 2, n° 135, pages 192 à 194 et atlas n° 255 bis
-
CIL
XII : n° 2235
-
MULLER :
page 37
-
CHABERT :
page 31
-
CHOMEL :
page 31
-
DANGREAUX :
page 20
-
CAG
38/1 : page 86
N° 37 : préfet de pagus :
Inscription
très fragmentaire trouvée en 1895 dans les travaux de fondation de la nouvelle
aile du Palais de Justice. Elle était en remploi dans la partie de l’enceinte
romaine qui traversait la place des Cordeliers (actuellement place de Bérulle).
Musée Dauphinois (n° 34-5791).
IVS
CLEMENS
VS
PAGI ATI VS
« … ius
Clemens / (praefect)us pagi Ati…us ».
Le
style des lettres de forme demi cursive incline à dater cette inscription du
2ème siècle.
Le
pagus qui est la subdivision territoriale de la civitas est une circonscription
dont l’extension diffère selon les époques et selon que l’on se trouve dans la
Provincia ou en Gallia Comata.
A
l’intérieur de la cité des Allobroges, quelques pagi sont connus :
notamment le pagus Oct(avianus) à Aoste, également administré par un praefectus
pagi (CIL XII, 2395) ; près d’Albertville, le pagus Valer(ius ou ianus)
(CIL XII, 2346) et près d’Hauteville, le pagus Dia(nensis) (CIL XII, 2358).
Mais leur administration demeure assez obscure. Le pouvoir de la cité y semble
représenté par un praefectus pagi.
Le
pagus « Attius », si ce nom est bien complet, n’est pas autrement
connu que par cette inscription. On le situe traditionnellement près de
Grenoble. Son nom pourrait être issu d’une famille prépondérante.
-
A.
ALLMER : procès verbal dans Revue Epigraphique du Midi, III, 1890-1898, n°
1120, page 356
-
ILGN :
n° 340, page 105
-
MULLER :
page 37
-
CHABERT :
page 27
-
G.
BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 127
et 129
-
PELLETIER :
page 91
-
CHOMEL :
page 31
-
Le
vicus gallo romain, actes du colloque, 1976, page 161
-
Isère
gallo romaine II, pages 49 et 50
-
J.
BOURDON et H. ROUGIER (direction) : histoire du Dauphiné, T 1, 1992, page
113
-
CAG
38/1 : page 87
N° 38 : questeur
duumvir :
Inscription
sans doute faussement attribuée à Grenoble par G. Allard.
V
F
T
PARRIDIVS PARRIONIS
FIL
QVIR GRATVS QVAEST
VIR
MVNIC BRIGANTIEM
SIBI
ET PARRIONI EXCINGI F PATRI
VENNAE
NEMATEVI F MATRI
SOLITAE
SORORI V ADNEMAE SORORI
V
TITTONIAE TITTONIIS F TERTIA VXORI
V
T PARRIOIO INGENVO FILIO
V
PARRIDIAE GRATAE FILIAE
“V(ivus)
F(ecit) / T(itus) Parridius Parrionis / Fil(ius) Quir(ina tribu) Gratus
quaest(or) / (duum)vir munic(ipi) Brigantien(sium) / Sibi et Parrioni Excingi
f(illio) patri / Vennae Nematevi f(iliae) matri / solitae sovori vi(vae)
adnemae Sorori / V(ivae) Tittoniae Tittonis f(iliae) tertia uxori / v(ivo)
T(ito) Parrido Ingenuo filio / vi(vae) parridiae Gratae fililae”.
A
fait ce tombeau de son vivant Titus Parridius Gratus, fils de Pario de la tribu
Quirina, questeur, duumvir du municipe de Brigantio pour lui et pour Parrio
fils d’Excingus son père pour Venna, fille de Namateuus sa mere, pour Solita sa
soeur, pour Adnena sa soeu qui est toujours envie, pour Tittoria Tertia, fille
de Titto, son épouse, qui est toujours en vie, pour Titus Parridius Ingenuus
son fils, toujours en vie, pour Parrida Grata, sa fille, toujours en vie.
Inscription
antérieurement remployée au dessus de la porte du château de Briançon,
aujourd’hui conservée à Gap.
On
comprend mal la raison pour laquelle Allard la classe parmi les inscriptions de
Grenoble, alors même que dans le texte qu’il a relévé et qui diffère un peu de
la lecture littérale figure clairement l’inscription « Munic.
Brigantiem ».
-
ALLARD :
inscriptions, page 31
-
CIL
XII : page 95
-
E.
ESPERANDIEU : recueil général des bas reliefs, statues et bustes de a
Gaule romaine, I, 1907, n° 18, pages 22 et 23
-
B.
LIOU : inscriptions romaines du Musée départemental de Gap, 1991, n° 229,
page 273
-
CAG
05 : page 89
VI –
ADMINISTRATION PUBLIQUE :
N° 39 : receveur du
quarantième des Gaules :
C’est
sans doute l’une des plus importantes inscriptions romaines du Grenoble
antique. Elle fut trouvée en 1846 dans les fondations de la Porte Traine.
Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5724) et en exposition au Musée de
l’ancien Evêché (salle d’accès au baptistère).
D
(ascia) M
G SOLLI MARCVLI
LIBRARI XL GALLIAR
STATIONIS CVLAR
OBIITIANNOR XXVI
G SOLLIVS MARCVS
PATER FIL PISSIMO
ET ATTIA MARCIAN
ET MARCVLA SORORES
FRATRIPIISSIMO ET
ATTIA AVRELIA CON
IVGI INCOMPARAB
SVB ASCIA DEDICAV
« Dis)
M(anibus) / G(aius) Solli(i) Marculi / Librari(i) (quadragesimae) Galliar(um) /
Stationis Cular(onis) / obbit annor(um) XXXVI : G(aius) Sollius Marcus /
pater fili(io) pissimo et / Attia Marcian(a) / et Marcula sorores : fratri
piisimo et / Attia Aurelia con / iugi incomparab(ili) / sub ascia
dedicavit » .
Aux
dieux manes, Gaius Sollius Marculus receveur du Quarantième des Gaules à la
station de Cularo. Il est mort à 26 ans. Gaius Sollius Marcus à son fils si
affectionné. Attia Marciana et Marcula, ses sœurs, à leur frère très
affecrionné et Attia Aurelia à son mari incomparable ont dédié (ce monument)
sous l’ascia.
Le
receveur du quarantième des Gaules (infra) porte le titre original de
« librarius » qui n’est connu que par une autre inscription également
de Grenoble (infra n° 40).
Au
sens principal, « librarius » signifie libraire mais il a un second
sens (celui qui prévaut ici) : copiste, scribe, secrétaire…
C.
Jullian lui donnait la signification de « teneur de livre » et Allmer
celle de « comptable ».
La
traduction par « receveur » parait la plus adaptée.
Cette
inscription est aujourd’hui le seul témoignage conservé de l’identification
certaine de Grenoble avec Cularo. Elle est donc antérieure à la fin du 3ème
siècle, époque à partir de laquelle se substitue à Cularo une civitas au nom
inconnu. Bien que R. Cagnat intègre la fonction de « librarius » dans
les fonctions municipales, nous préférons la classer au titre de
l’administration publique de l’état.
-
PILOT :
1860, page 390
-
C.
REVILLOUT : lettre sur l’inscription de C. Sollius Marculus trouvée à
Grenoble, BSSI, 2ème série, VI, 1861, pages 394 à 396
-
ALLMER :
T 2, n° 79, pages 329 à 332 et atlas n° 234-34
-
CIL
XII : n° 2252
-
R.
CAGNAT : cours d’épigraphie latine, 2ème édition, 1889, page
148
-
JULLIAN :
T 1, page 1196
-
MULLER :
pages 34 et 35
-
F.
GAFFIOT : dictionnaire latin français, 1934
-
HOSTACHY :
page 49
-
CHABERT :
pages 36 et 37
-
CHOMEL :
page 27
-
Trésors
du Musée Dauphinois, 1968, pages 30 à 32
-
PFLAUM :
pages 183 et 186
-
J.
C. FREDOUILLE : dictionnaire de la civilisation romaine, 1968, page 42
-
DANGREAUX :
pages 17 et 18
-
M.
COLARDELLE et E. VERDEL : en attendant le jugement dernier, archéologie
funéraire dans les Alpes, 1995, n° 19
-
Archéologia
n° 335, juin 1997, page 25
-
C.
MAZARD (direction) : atlas du patrimoine de l’Isère, 1998, pages 60 et 61
N° 40 : receveur du
quarantième des Gaules :
Inscription
en remploi à la Porte de Bonne du temps de Charbot. Perdue.
D
M
P
PRIMITIVVS
AVGUSTOR
L
LIB
O STAT
CVLARON
ET
QVARTINIA
CONFI
PRO
SE ET
SVIS
D
D
Allard
et Charbot qui ont vu cette inscription en donnent une restitution un peu
différente.
D
M
P
TRIMITINVS
AVGUSTOR
LIBITO
PAT
CVLARON
ET
QVARTINIA
MITANI
CON
PRO
SE ET HEREDIS BVS
SVIS
DONUM
DANT
« D(is)
M(anibus) / P(ublius) Primitivus / Augistor(um) / L(ibertus / Lib(ariri)o
sta(tionis) Cularon(ensis) et Quartinia / …. Confi(ux) pro set et / suis
d(onum) d(ant) ».
Aux
dieux manes, Publius Primitivus, affranchi des Augustes, receveur de la station
de Cularo et Quartinia…. son épouse pour eux et pour les leurs ont fait d=ce
don.
S’agissant
d’un affranchi des Augustes, l’inscription ne peut être antérieure à 161 date à
laquelle deux empereurs, Marc Aurèle et Lucius Verus ont régné conjointement.
Pour
Allmer, elle serait m^me à plaer entre 209 et 212, années du règne de Geta dont
l’affranchi aurait gardé le praenomen Publius.
Mais Hirschfled préférait restituer A(urelius) à la place de P(ublius), datant
l’inscription du règne conjoint des deux augustes soit d’une période plus haute
comprise entre 161 et la fin du 2ème siècle.
-
ALLARD :
inscriptions, page 30 ; dictionnaire T 1, page 360
-
CHARBOT :
page 41
-
MARTIN :
page 11
-
CHAMPOLLION :
1804, page 142
-
PILOT :
1829, pages 297 et 298
-
ALLMER :
T 1, n° 80, pages 382 à 386
-
CIL
XII : n° 2227
-
DANGREAUX :
page 17
-
PFLAUM :
pages 184 à 186
-
CAG
38/1 : page 85
Le quarantième des
Gaules :
Le
territoire de l’empire romain était divisé en un certain nombre de grandes
circonscriptions douanières englobant souvent plusieurs provinces. Sous le haut
empire, la Gaule, la Germanie et les Alpes forment la circonscription du
« quarantième des Gaules » encerclée par un véritable cordon
douanier. L’impôt du « quarantième des Gaules » frappait de 2,5 %
toutes les marchandises, sauf les bagages personnels, en provenance ou à
destination de la Gaule. Ces précisions sont données dans les « déclamations »
de Quintillien : « à part les bagages pour le voyage, toutes les
marchandises sont soumises au quarantième à verser à l’agent préposé à cet
impôt : l’agent a le droit de fouiller ; les marchandises non
déclarées seront confisquées ; il n’est pas permis (à l’agent) de toucher
une matrone… ».
Cet
impôt, à but essentiellement fiscal, a subsisté pendant toute l’époque
impériale ; jusqu’à Commode (161-192) il fut sans doute affermé puis
l’état perçut directement la taxe.
Le
quarantième des Gaules semble avoir remplacé dans les Alpes un ancien droit de
péage, le portorium. Avant
l’administration romaine et là où la topographie rendait malaisé le transport
des marchandises, la population gauloise se réservait le droit de l’assurer
contre rétribution.
Avec
la construction des routes par les romains, le « portorium » parait
avoir été remplacé par le « quarantième des Gaules », contrepartie
alors à un avantage fourni par l’état. Sur la voie du Montgenèvre, deux bureaux
du quarantième des Gaules sont attestés : l’un en vallée de Suse, à
Avigliana, à la limite du royaume de Cottius et de l’Italie proprement dite,
l’autre à Grenoble, attesté par les deux inscriptions ci avant (n° 39 et 40).
Il y avait donc, sur cette importante route, un double contrôle douanier.
La
direction générale des douanes, recouvrant dans les postes frontières la taxe
de 2,5 % était fixée à Lyon dès le 1er siècle.
Outre
Grenoble et Avigliana, où plusieurs documents épigraphiques attestant de
l’importance de la station douanière ont été retrouvées (CIL V, 7209, 7211,
7213 et 7214) ainsi que le tabularium (CIL
V, 7424) situé dans les bâtiments de la station exhumés par les fouilles,
diverses stations de la « Quadragesima Galliarum » sont également
connus dans les Alpes et, notamment :
Ø
à
Bourg Saint Dalmas près de Coni (Pedostatio) (CIL V, 7852),
Ø
à
Susa (CIL V, 7263 et 7264)
Ø
à
Saint Maurice (Acaunum) (ILS n° 9035),
Ø
à
Tournon (Ad Turonem) près d’Albertville (CIL XII, 2358),
Ø
à
Genève (Geneva) (ILGN n° 362).
Ceci
montre que les stations de la Q G ne jalonnaient pas systématiquement pas
systématiquement les frontières des districts ou des province : les postes
de douane se trouvaient en fait situés au pied des Alpes, souvent aux
carrefours des vallées, ce qui est particulièrement le cas pour la basse Isère.
Enfin,
en direction du sud, peut être l’agglomération secondaire de l’Achard sur la
coommune de Varces, fouillée en sauvetage en 1994-1995 assurait-elle une
fonction de contrôle des voyageurs et des marchandises à la sortie du
territoire des Allobroges ? Un bureau du Quarantième des Gaules n’y est
pas improbable selon les fouilleurs.
Outre
la bibliographie citée pour les inscriptions 39 et 40 ci avant on pourra se
reporter, pour ce qui concerne plus particulièrement la « Quadragesima
Galliarum » aux ouvrages ou articles ci après :
-
DION
CASSIUS : Histoire romaine, Edition E. Gros et V. Boissée, 1845-1870,
pages 37, 47 et 48
-
PRUDHOMME :
pages 17 et 18
-
JULIAN :
T 1, page 755
-
L’Année
Epigraphique, 1945, n° 123
-
G.
BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 60,
67, 70, 105, 180, 303 et 332
-
BLIGNY :
pages 64 et 65
-
PFLAUM :
pages 151, 152, 183 à 186 et 279
-
J.
PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, 1983, pages 203 et 204
-
Archéologia
n° 335, juin 1997, page 25
-
DRAC
Rhône Alpes : bilan scientifique, 1995, pages 120 et 121
-
J.
France : quadragesima galliarum, 2001
VII –
INSCRIPTIONS FUNERAIRES ET INSCRIPTIONS INDETERMINEES CONSERVEES
N° 41 : inscription
funéraire :
Stèle
à fronton triangulaire (employé du 40ème des Gaules ?) trouvée
lors de la démolition de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n°
34-5702).
(ascia)
D
M
T AEL AVG
LIB TAVRO
BINVS MARCEL
NA TAVRVS FILI
PISSIMO
ICE CO IV
M PARABI
LI
« D(is)
M(anibus) / T(ito) Ael(io) Aug(ustorum) / Lib(erto) Tauro / (Sa)binus
Marcel / (li)na Taurus filii(i) / (patri) pissimo / (et ital)ice
co(n)iu(gi) / (inco)marabi / li ».
Aux
dieux manes, à Titus Aelius Taurus, affranchi des deux empereurs, Sabinus,
Marcellina, Taurus, ses enfants, à leur père si affectionné et Italice à son
époux incomparable.
Selon
Pflaum, le pluriel Augustorum se justifierait par la transmission des droits du
patronat d’Antonin le Pieux, l’affranchisseur présumé de Taurus, à ses deux
fils adoptifs, Marc Aurèle et Lucius Vérus et la présence de cet affranchi
impérial pourrait s’expliquer par le fait qu’il aurait été – mais sans y
insister comme ses collègues ci avant – également employé par la station XL
Galliarum de Cularo.
-
CLAVIERE :
chapitre XXXII
-
ALLARD :
inscriptions, page 34 et dictionnaire, page 658
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 104 à 107
-
ALLMER :
T 3, n° 558, pages 128 à 131 et atlas n° 269-12
-
CIL
XII : n° 2254
-
CHOMEL :
page 32
-
CHABERT :
pages 38 et 39
-
PFLAUM :
pages 183 et 184
-
CAG
38/1 : page 87
N° 42 : inscription
funéraire :
Autel
funéraire autrefois en réemploi dans la Porte Traine qu’Allard aurait vu à la
Porte de Bonne. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5712).
QVIETI
PERP
NAMMIAE
SATVR
NINAE
ET TAVRO
PARENT
PIENTISS
AELIA
ITALICA E
AEL
TAVRINIANV
S
FILI DE SVO POSV
ERVNT
(ascia)
« Quieti
perp(etuae) / Nammiae Satur / minae et Tauro / parent(ibus) pientiss(imis) /
Aelia Italica e(t) / Aelius Taurinianu / s fili(i) de suo posu / erunt ».
Au
repos perpétuel, à Nammia Saturnina et à Taurus leurs parents très
affectionnés. Aelia Italica et Aelius Taurinianus, leurs enfants, d’eux-mêmes
ont élevé (ce monument).
Cette
inscription est à rapprocher de la précédente (n° 41), ce qui permet de
reconstituer la « stemma » de cette famille :
Parents :
Titus Aelius Taurus et Italice
Enfants :
Aelia Marcellina, Aelius Sabinus, Aelius Taurus marié à Nammia Saturnina
lesquels ont deux enfants
Petits
enfants : Aelia Italica et Aelius Taurinianus
-
ALLARD ;
inscriptions, page 28 et dictionnaire, T 2, page 594
-
CHARBOT :
page 41
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 108 et 109
-
ALLMER :
T 3, n° 459, pages 131 à 133 et atlas n° 269-21
-
CIL
XII : n° 2283
-
CHABERT :
page 46
-
PFLAUM :
pages 183, 184 et 239 à 241
-
CAG
38/1 : pages 87 et 88
N° 43 : inscription
funéraire :
Découverte
« dans une maison proche du rempart place Grenette » (CAG) ou
« dans les jardins de la famille de Rabot (Grande Rue) (Allard).
Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5701).
D
M
T
AELII FORTVNA
TI
ET PARIRIAE
QVIETAE
PAREN
TIVM
ET T AELII
QVIETI
FRATRIS
T
AELIVS FORTV
NATVS
PIISSI
MIS
« D(is)
M(anibus) / T(iti) Aeli Fortuna / ti et paririae / Quietae paren : tium et
T(iti) Aelii / quietis fratris / T(itus) Aelius Fortu / natus piissi /
mis ».
Aux
dieux manes de Titus Aelius Fortunatus et de Papria Quieta, ses parents, et de
Titus Aelius Quietius, son frère, Titus Aelius Fortunatus aux siens très
affectionnés.
Il
s’agit probablement d’une famille d’affranchis de l’empereur Antonin dont Titus
Aelius a pris le nom comme cognomen
(Antoninus), qui est probablement apparentée aux Aelius des inscriptions 41 et
42 ci avant.
-
ALLARD :
dictionnaire, T 1, page 519
-
CHARBOT :
page 40
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 110 et 111
-
PILOT :
1860, page 341
-
ALLMER :
T 3, n° 460, pages 133 et 134 et atlas n° 269-13
-
CIL
XII : n° 2253
-
CHABERT :
page 28
-
CAG
38/1 : page 88
N° 44 : inscription
funéraire :
Découverte
dans les fondations de la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n°
34-5703).
Q
ANDIO
QVINTINI
FILIO
QVINTANO
A
XX
« Q(uinto)
Andio / Quintini / filio / Quintano / a(nnorum) XX ».
A
Quintus Andius Quintanus, fils de Quintinus, décédé à 20 ans.
-
CHAMPOLLION :
1807, page 128
-
PILOT :
1860, page 327
-
ALLMER :
T 3, n° 462, page 135 et atlas n° 269-14
-
CIL
XII : n° 2256
-
CHABERT :
pages 39 et 40
-
CAG
38/1 : page 88
N° 45 : inscription
funéraire :
Découverte
jadis dans les fondations de la Porte Viennoise. Du temps d’Allard, elle était
au cloître Saint Laurent. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5704).
D
(ascia) M
M
ANTONII
EVDAEMONIS ET
VI
E ATTINAE
CONI
S
AN
TI E
T
GRA A FIL
P
RENTIBVS PIENTIS
SIM
TIS
AC SEPVLTIVS
« D(is)
M(anibus) / M(arci) Antonii / Eudaemonis et / Vi(reia)e (Gr)atinae / coni(ugi
elu) s / An(tonia Gra)ti(nula) et Gra(t)a fil(iae) / p(a)rentibus
pientis(simis) / sim(ula vita func) / tis acsepultis ».
Aux
dieux manes de Marcus Antonius Eudaemon et de Vireia Gratina son épouse.
Antonia Gratinula et Grata, leurs filles, à leurs parents si affectionnés qui, ensemble,
sont morts et ont été ensevelis.
Eudemon
semble être un cognomen d’affranchi.
-
ALLARD :
inscriptions, page 29 et dictionnaire, T 1, page 578
-
CHARBOT :
page 41
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 112 à 114
-
PILOT :
1860, page 338
-
ALLMER :
T 3, n° 463, pages 136 et 137 et atlas n° 279-193
-
CIL
XII : n° 2258
-
CHABERT :
pages 40 et 41
-
CAG
38/1 : page 88
N° 46 : inscription
funéraire :
Autrefois
au cloître Saint Laurent et aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5707).
D
M
DECIMIAE
ALBINAE
Q
VETTIVS
EPICTETVS
CONIVGI
SANCTISSIMAE
« D(is)
M(anibus) / Decimiae / Albinae / Q(uintus) Vettius / Epictetus / coniugi /
sanctissimae ».
Aux
dieux manes de Decima Albina, Quintus Vettius Epictetus à son épouse très
vertueuse. On sait que Quintus Vettius Epictetus était un sévir augustal
(supra, inscription n° 27).
-
ALLARD :
inscriptions, page 29 et dictionnaire, T 1, page 426
-
CHARBOT :
page 26 et n° 29, page 40
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 115 à 116
-
PILOT :
1860, page 338
-
ALLMER :
T 3, n° 475, pages 149 et 150 et atlas n° 269-15
-
CIL
XII : n° 2268
-
CHABERT :
pages 42 et 43
-
CAG
38/1 : page 88
N° 47 : inscription
funéraire :
Découverte
en 1804 en réemploi dans la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n°
34-5709).
D
(ascia) M
ET
MEMOR AETER
GNATI
E VERINVL E
MILITVS
TITVLLIN
VS
CONI KAR
SVB
AS DD
« D(is)
M(anibus) / et memor(iae) aeter(nae) / Gnati(a)e Verinul(a)e / Militus Titulin
/ us coni(ugi) kar(issimae) / sub as(cia) d(e)d(icavit ».
Aux
dieux manes et à la mémoire éternelle de Gnatia Verunila, Militis Titulinus à
son épouse très chérie a dédié (ce monument) sous l’ascia.
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 121 et 122
-
PILOT :
1860, page 330
-
ALLMER :
T 3, n° 479, pages 154 et 155 et atlas n° 269-19
-
CIL
XII : n° 2272
-
CHABERT :
page 44
-
CAG
38/1 : page 89
N° 48 : inscription
funéraire :
Découverte
dans les fondations de la Porte Viennoise et transportée au cloître Saint
Laurent où Allard l’avait vue « contre la muraille du prieuré ».
Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5768).
D M
DEVILLIAE
CATVLLINI
FIL
TITIOLAE
BAEBIVS
GRATINVS
ET
BAEBIA
GRATINA
MATRI
PIENTISSIMAE
« D(is)
M(anibus) / Devilliae / Catullini fil(iae) / Titiolae / Baebius Gratinus / et
Baebia / Gratina / matri / pientissimae ».
Aux
dieux manes de Devillia Titiola, fille de Catulinus, Baebius Gratinus et Baebia
Gratina à leur mère très affectionnée.
-
ALLARD :
inscriptions, page 29 et dictionnaire T 1, page 578
-
CHARBOT :
page 40
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 117 et 118
-
PILOT :
1860, page 336
-
ALLMER :
T 3, n° 477, pages 151 et 152 et atlas n° 269-16
-
CIL
XII : n° 2271
-
CHABERT :
pages 43 et 44
-
CAG
38/1 : page 89
N° 49 : inscription
funéraire :
Trouvée
en 1859 dans les fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois
(n° 34-5705).
RICIAE
DEF
ANNOR XXVI
BITVGIA
MODESTINA
MATER
« ….
Riciae / def(unctuae) annor(um) XXVI / Bitugia Modestina / Mater ».
A
…….. Ricia, décédée à 26 ans, Bitugia Modestina sa mère.
Le
nom de Bitugia semble être d’origine gauloise.
-
PILOT :
1860, page 391
-
ALLMER :
T 3, n° 470, page 143 et atlas n° 269-170
-
CIL
XII : n° 2263
-
CHABERT :
page 41
-
CAG
38/1 : page 88
N° 50 : inscription
funéraire :
Fragment
supérieur d’une stèle à fronton triangulaire orné d’un disque, trouvé dans les
fondations de la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5715).
SEX
BEBIVS FIL VOLT
PACATVS
SIBI PATRI
« Sex(tus)
Bebius…. Fil(ius) Volt(inia tribu) / Pacatus Sibi patri… ».
Sextus
Bebius… fils de… de la tribu Voltinia pour lui et pour son père.
Inscription
antérieure au règne de Caracalla.
-
CAHMAPOLLION :
1807, page 128
-
PILOT :
1860, page 326
-
ALLMER :
T 3, n° 469, page 142 et atlas n° 269-167
-
CIL
XII : n° 2291
-
CHABERT :
pages 48 et 49
-
CAG
38/1 : page 88
N° 51 : inscription
funéraire :
Autel
funéraire coiffé d’un cône en forme de pomme de pin trouvé en 1859 dans les
fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5711).
(ascia)
D M
IVL SEVERAE
VETTIVS
TERTIOLV
CONIVGI
INCOMPAR
« D(is)
M(anibus) / Jul(iae) Severae / Vettius / Tertiolu(s) / coniugi / incompar(abili)”.
Aux
dieux manes de Julia Severa, Vetius Tertiolus à son épouse incomparable.
-
PILOT :
1860, page 391
-
ALLMER :
T 3, n° 481, pages 156 et 157 et atlas n° 259-168
-
CIL
XII : n° 2275
-
CHABERT :
pages 45 et 46
-
CAG
38/1 : page 89
N° 52 : inscription
funéraire :
Découverte
dans les fondations de la Porte Viennoise en 1804. Aujourd’hui au Musée
Dauphinois (n° 34-5710).
D
M MEMOR
AETERNAE
C
INNOCENTI
SICONI
C
ANNORVM
SEX
ET M S VIIII
ET
DIES XVI
F
(ascia)
M
« D(is)
M(anibus et) memor / (iae) aeterna / C(ai) Innocenti(i) / Siconi(s ?) (defun) / c(ti) annorum / sex et
m(en)s(es) VIIII : et dies XVI / f(ecit) / m(ater)”.
Aux
dieux manes et à la mémoire éternelle de Caius Innocentius Siconi(us) décédé à
six ans, neuf mois et seize jours, sa mère a fait (ce monument).
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 131 et 132
-
PILOT :
1860, page 329
-
ALLMER :
T 3, n° 480, pages 155 et 156 et atlas n° 269-20
-
CIL
XII : n° 2273
-
CHABERT :
pages 44 et 45
-
CAG
38/1 : page 89
N° 53 : inscription
funéraire :
Découverte
en 180 dans les fondations de la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée
Dauphinois (n° 34-5706).
D M
C
SI SE VNDI FILI
PIENTISS
PATRI
KARISSIM
(ascia)
« D(is)
M(anibus) / C(ai)… si se(c)undi filli(i) / pientiss(imi) / patri /
karissim(o)”.
Aux
dieux manes de Caius… sus secundus, ses fils très aimants à leur père très
cher.
-
CHAMPOLLION :
1807, page 129
-
PILOT :
1860 : page 328
-
ALLMER :
T 3, n° 500, pages 172 et 173 et atlas n° 269-169
-
CIL
XII : n° 2267
-
CHABERT :
page 42
-
CAG
38/1 : page 90
N° 54 : inscription
funéraire :
Autel
trouvé autrefois en réemploi dans le rempart du bas empire et, selon Allard
« tiré des vieux murs au jardin de M. de Rabot » (Grande Rue).
Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5719).
D M
VRITEAE
TITAE
P
C H
CO
IVGI
SANCTISSIMAE
« D(is)
M(anibus) / Uriteae Tita e / P(ublius)
C(assius) H(ermetio) / co(n)iugi / sanctissimae”.
Aux
dieux manes de Uritae Tita, Publius Cassius Hermetio à son épouse très
vertueuse.
Publius
Cassius Hermetio est connu par une autre inscription qui le signale comme sévir
augustal (supra n° 28) et par l’inscription consacrée à sa fille (infra n° 74).
-
ALLARD :
inscriptions n° 39
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 124 et 125
-
PILOT :
1860 : page 342
-
ALLMER :
T 3, n° 471, pages 143 à 145 et atlas n° 269-24
-
CIL
XII : n° 2299
-
CAG
38/1 : page 90
N° 55 : inscription
funéraire :
Découverte
en 1591 lors de la démolition de la Porte Traine. Depuis au Musée Dauphinois
(n° 34-5717) et actuellement dans la cour d’un immeuble rue Saint Laurent.
D M
VERATIAE
LVCI
FILIAE
CINAE
« D(is)
M(anibus) / Veratiae / Luci(i) filiae / (Lu)cinae ».
Allard
avait lu, fautivement : “DM / MERIATIAE / MATRI FILIA / LVCINAE”.
Aux
dieux manes de Veratia Lucina, fille de Lucius.
-
ALLARD :
inscriptions, page 32 et dictionnaire T 1, page 122 et T 2, page 748
-
CHARBOT :
page 41
-
CHAMPOLLION :
1804, page 143
-
PILOT :
1860, page 334
-
ALLMER :
T 3, n° 498, pages 170 et 171 et atlas n° 269-25
-
CIL
XII : n° 2297
-
CHABERT :
page 50
-
CAG
38/1 : page 90
N° 56 : inscription
funéraire :
Grande
inscription fragmentaire trouvée en 1802 dans la voûte de la Porte Viennoise.
Depuis 1620 elle aurait été réemployée comme clé de voûte lors du surélèvement
de l’arc. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5714).
D
M
Q
QVINTII
ALENTINI
FIL
VITALIS
DEF
AN XXIII
BITVN
TITIOL
« D(is)
M(anibus) / Q(uinti) Quintii / (V)alentini fil(ii) / Vitalis / def(uncti)
an(norum) XXIII / Bitun(ia) Titiol(a mater ?) »
Aux
dieux manes de Quintus Quintius Vitalis, fils de Valentinus, décédé à l’âge de
23 ans, Bitunia Titiola (sa mère ?).
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 126 et 127
-
ALLMER :
T 3, n° 488, pages 163 et 164 et atlas n° 269-172
-
CIL
XII : n° 2288
-
CHABERT :
pages 47 et 48
-
CAG
38/1 : page 89
N° 57 : inscription
funéraire :
Fragment
d’une grande inscription en cinq lignes dans un cadre mouluré, trouvée jadis à
la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5720).
E
M FIL
……..
E
OPTIMA
Q
FILA
MATE
« (…
a)e M(arci) fil(iae) / ( …)e / optima(e) / (….) Q(uinti) filia / (…)
mate(r) ».
A …
fille de Marcus… la meilleure… fille de Quintus sa mère
Chabert
a aussi proposé de traduire : « aux dieux manes de … fille de Marcus,
jeune fille accomplie, sa mère… fille de Quintus ».
-
ALLARD :
inscriptions, page 28
-
CHAMPOLLION :
1804, page 136
-
PILOT :
1860, page 334
-
ALLMER :
T 3, n° 501, pages 173 et 174 et atlas n° 269-23
-
CIL
XII : n° 2302
-
CHABERT :
page 52
-
CAG
38/1 : page 90
N° 58 : inscription
funéraire :
Stèle
à fronton triangulaire renfermant un disque et une ascia trouvée en 1804 dans
les fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois, dans le
cloître (n° 34-5718).
(ascia)
D M
SEX
VINIC
IVLIANI
DEFVNCT
ROM
VINICIA
VERA
PATRI
PISSIMO
« D(is)
M(anibus) / Sex(ti Vinic(ii) / Juliani / defunct(i) roma(ae) / Vinicia Vera /
patri / pissimo ».
Aux
dieux manes de Sextus Vinicius Julianus décédé à Rome, Vinicia Vera à son père
si affectionné.
Comme
rine n’indique un transfert à Cularo des cendres du défunt nous sommes peut
être en présence d’un cénotaphe.
-
CHAMPOLLION :
1807, page 133
-
PILOT :
1860, page 325
-
ALLMER :
T 3, n° 499, pages 171 et 172 et atlas n° 269-26
-
CIL
XII : n° 2298
-
CAG
38/1 : page 90
N° 59 : inscription
funéraire :
La
surveillance archéologique réalisée lors des dragages de l’Isère faite en 1978
en vue de l’établissement d’un collecteur d’eaux usées a permis de récupérer
deux inscriptions antiques, probablement réutilisées dans une pile d’un pont
aujourd’hui détruit : la présente inscription et l’inscription n° 64.
Celle-ci aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 79-231).
MEMORIAE
IVL
ANNIOLAE
DEFVNCT
ANN VII
M
IVL CALLISTVS
ALLVMNAE
CARISSIMAE
« Memoriae
/ Jul(ia) Anniolae / defunct(ae) ann(orum) VII / M(arcus) Jul(ius) Callistus /
alumnae carissimae ».
Aux
dieux manes de Julia Annolia décédée à 7 ans. Macus Julius Calmistus à sa très
chère enfant.
Le
texte est bien conservé. D’après le style et la forme des lettres l’inscription
doit dater du 2ème ou du 3ème siècles.
-
Année
épigraphique, 1980, n° 620
-
J.
P. BOUCHER : infrormations archéologiques, GALLIA 38, 1980, page 511
-
Collectif :
archéologie en Rhône Alpes, 1983-1984, page 41
-
CAF
38/1 : page 89
N° 60 : inscripton
indéterminée :
Pierre
mutilée ayant fait partie d’une frise trouvée en 1863 dans les travaux de la
Grande Rue et dont il subsiste une partie de la dernière ligne. Aujourd’hui au
Musée Dauphinois (n° 34-5716).
V
ALERIA
VERA PAT
« V
/ aleria Vera pat(ri) ».
Valeria
Vera à son père.
Une
Valeria Octavia, dédicataire d’une inscription donnée par sa mère Valeria Vera
est connue dans la colonie de Nîmes (CIL XII n° 2397).
-
ALLMER :
T 3, n° 495, page 168 et atlas n° 269-171
-
CIL :
n° 2295
-
CHABERT :
page 49
-
CAG
38/1 : pages 90 et 91
-
CAG
30/1, 1996, n° 89, page 507
N° 61 : inscription
indéterminée :
Fragment
de provenance indéterminée, autrefois au Musée Dauphinois. Perdu. Lecture
incertaine.
ET
VAL
« …
et Val(erius ?) ».
-
CIL
XIIn n° 2296
-
CHABERT :
page 49
-
CAG
38/1 : page 90
N° 62 : inscription
indéterminée :
Au
Musée Dauphinois (n° 34-5722).
« Voltinia
tribu) ?
-
CIL
XII, n° 2305
-
CHABERT :
page 53
N° 63 :
inscriptions indétermineés :
Cinq
fagments trouvés lors de la démolition de la Tour de l’Evêché.
Bien
que se rapportant à des inscriptions différentes, ces fragments ont, depuis le
CIL, tarditionnellement présentées ensemble. Aujourd’hui au usée Dauphinois (n°
34-5721).
1
– R RIO GAI
ALIO
V
2
– FRATER ET S
OROR
3
– D M
4
– F CESENSAE
….
(memoriae) aeterna(e)
-
CHAMPOLLION :
1807, page 32
-
PILOT :
1860, page 325
-
ALLMER :
T 3, n° 494, page 503 et 504 , pages 174 et 175 et atlas n° 269-174
- CIL
XII : n°
- CHABERT
: page 52
- CAG
38/1 : page 91
N° 64: inscription funéraire :
Pierre
tombale connue comme étant jadis “contre le jardin de l’hôpital’ (CIL). Perdue
puis retrouvée en 1978 dans les circonstances décrites ci avant à propos de
l’inscription n° 59.Selon B. REMY elle serair perdue. Elle est en fait
conservée au Musée Dauphinois (n° 79-232).
D
M
Q
IVVENTIO
VISTORIS
ET PAULINAE
FILIO
CASSIANO
BIMO
Q
IVVENTIVS
VICTOR
« D(is)
Manibus / Q(uinto) Iuventio / Victoris et Paulinae / filio / Cassiano / Bimo / Q(uintus) Juventus / Victor ».
Aux
dieux manes, à quintus Juventius / Victoris et Paulinae / filio / Cassiano /
Bimo / Q(uintus) Juventus / Victor ».
Aux
dieux manes, à Quintus Iuventus Cassianus, fils de Victor et de Paulina, âgé de
2 ans, Quintus Juventus Victor.
Cette
inscription est à mettre en relation avec les inscriptions 28, 54 et 70.
-
ALLARD :
inscriptions, pages 31 et 38 et dictionnaire, T 1, pages 211 et 708
-
CHARBOT :
page 41
-
L’Année
épigraphique, 1980, n° 619
-
GALLIA
n° XXXVIII, 1980, page 511
-
B/
REMY : les inscriptions lapidaires de la cité de Vienne, essai de
localisation, Art et archéologie en Rhône Alpes n° 2, 1986, pages 104 et ss
-
CAG
38/1 : page 89
N° 65 : inscription
funéraire :
Engagée
dans un mur de l’arrière cour de l’immeuble 20 Grande Rue et provenant de la
démolition de la Porte Traine. Protégée comme monument historique (objets
mobiliers) depuis 1975.
Q
SCIBONIO
VOC
(*) LVCVLLO
ET
IVLLIAE LVCII
FIL
GRATILLAE
VXSORI
« Q(uinto)
Scribonio / Voc(ontio) Lucullo / et Juliae Lucci / fil(iae) Gratillae /
uxsori (sic) »
A
Quintus Scribonius Lucullus, voconce et à Julia Gratilla fille de Lucius, son
épouse.
(*)
2 lectures sont possibles : VOL (tribu Voltinia) mais en ce cas
l’abréviation usuelle est VOLT ou VOC (vocontio) rentenue ici.
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 97 à 100
-
PILOT :
1860, page 344
-
ALLMER :
T 3, n° 490, pages 164 et 165 et atlas n° 269-18
-
CIL
XII : n° 2289
-
MULLER :
pages 12 et 13
-
CHABERT :
page 61
-
M.
RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1969, page 61
-
E.
CHATEL : cahiers archéologiques n° 38, 1990, page 19
-
CAG
38/1 : pages 89 et 90
N° 66 : inscription
funéraire :
Découverte
anciennement « dans la cathédrale » et enchâssée sur le quatrième
pilier de la grande nef à droite.
D M
IVLIAE MARTIA
T
F I
M
IVL SATVRNINVS
HERES
ET
T ANDIVS EV
« (Dis)
M(anibus) / Iulia Martiae / t(estamento) f(ieri) i(ussit) / M(arcus) Iul(ius)
Saturninus / heres / et T(itus) Andius Eu………….. / ……………….. ».
Aux
dieux manes de Julia Martia, Marcus Julius Saturninus son héritier a ordonné
que conformément à son testament (ce monument) soit élevé et Titus Andus Eu…….
-
CHARBOT :
n° 43, page 26
-
CHAMPOLLION :
1804, page 138
-
PILOT :
1860, page 344
-
ALLMER :
T 3, n° 483, pages 158 et 159
-
CIL
XII : n° 2274
-
CHABERT :
pages 59 et 60
-
CAG
38/1 : page 89
N° 67 : inscription
funéraire :
Trouvée
anciennement « dans la cathédrale ». En réemploi au pied du 5ème
pilier de la grande nef à droite.
D M
ALERIVS
VGI
ECIT
« D(is)
M(anibus) / …. (v)alerius / … (coni)iugi / …. (f)ecit ».
Aux
dieux manes … Valerius ….. a son épouse …. A élevé (ce monument).
-
CHARBOT :
page 41
-
PILOT :
1860 : page 345
-
ALLMER :
T 3, n° 496, page 169 et atlas n° 269-173
-
CIL
XII : n° 2293
-
CHABERT :
page 60
-
CAG
38/1 : page 90
VIII –
INSCRIPTIONS PERDUES
N° 68 : inscription
funéraire :
Découverte
anciennement Montée de Chalement. Du temps de Clavière, elle aurait été déposée
« auprès de l’évêché » mais elle est perdue depuis.
D
M
APRONIAE
SABINI
FIL
CASSATAE
P
HELVIVS MASSO
CONIVGI
CARISSIMAE
« D(is)
M(anibus / Aproniae Sabini : fil(iae) Cassatae / P(ublius) Helvius Masso /
coniugi carrissimae ».
Aux
dieux manes d’Apronia Cassata, fille de Sabine, Publius Helvius Masso à son
épouse très chère.
Publius
Helvus Masso, qui était décurion de Vienne, est connu par une autre inscription
(supra n° 34).
-
ALLARD :
inscriptions, page 37 et dictionnaire T 1, page 643
-
CHAMPOLLION :
1804, page 138
-
PILOT :
1860, page 345
-
ALLMER :
T 3, n° 465, pages 138 et 139
-
CIL
XII : n° 2259
-
CAG
38/1 : page 88
N° 69 : inscription
funéraire :
Fragment
supérieur de stèle à fronton triangulaire contenant l’ascia, autrefois en
réemploi comme seuil de porte d’une maison « au milieu de la rue des
Clercs», « place Sainte Claire » ou « au coin de la rue des
Clercs et de la place Sainte Claire ». Perdue.
(ascia)
D M
« D(is)
M(anibus) / ………… “
Aux
dieux manes ……….
-
CHARBOT :
n° 1, page 25
-
ALLMER :
T 3, n° 505, pages 175 et 176
-
CIL
XII : n° 2306
-
CAG
38/1 : page 90
N° 70 : inscription
funéraire :
Deux
fragments provenant sans doute de la même inscription. Localisation inconnue.
Perdus.
1
– M VALERII MATRI PIENTISSIMAE
2
– FRATER SORORI SANCTISSIMAE
« M(arci)
Valerii matri pientissimae / …. Frater sorori sanctissimae ».
Marcus
Valerius à sa mère si affectionnée.
…
Son frère à sa sœur si vertueuse.
-
ALLARD :
inscriptions, page 38
-
CHAMPOLLION :
1804, page 138
-
ALLMER :
T 3, n° 497, pages 169 et 170
-
CIL
XII : n° 2294 et n° 2300
-
CAG
38/1 : page 90
N° 72 : inscription
funéraire :
Inscription
découverte lors de la démolition de la Porte Viennoise puis perdue.
L
C F IVLIANO ET
INGENVIAE
T F BELLICAE
ATTI
F IVLIANVS ET ATTICVS
PARENTIBUS
« L(ucio)
C(ai) f(ilio) Iuliano et / Ingenuiae T(iti) f(iliae) Bellicae / Atti(i) f(ilii)
Iulianus et Atticus / parentibus ».
A
Lucius Julianus, fils de Caius et à Ingenuia Bellica, fille de Titus, leurs
fils Attius Julianus et (Attius) Atticus à leurs parents.
Les
Atticii sont l’une des plus marquantes familles de la colonie de Vienne. Attius
Atticus mentionné dans cette épitaphe était peut être le père de Sextus Attius
Atticus (supra, inscription n° 36).
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 90 à 93
-
PILOT :
1860, page 333
-
ALLMER :
T 3, n° 468, pages 140 à 142
-
CIL
XII : n° 2262
-
CAG
38/1 : page 88
N° 73 : inscription
funéraire :
Trouvée
autrefois en réemploi à la Porte Traine. Perdue.
D M
FRONTONIS
ACTORIS
HVIVS
LOCI MATERNA
CONIVGI
KARISSIMO
ILVSA
PATRI DVL
CISSIMO
FA CIEN
DVM
CVRAVIT
ET
EVDREPITES
FILIVS
PARENTI
OPTIMO
SVB ASCIA
D
« D(is)
M(anibus) / Frontonis / actoris huius / loci materna / coniugi karissimo /
(Ph)ilusa patri dul / cissimo facien / dum curavit / et Eudepites / filius
parenti / optimo sub ascia / d(edicavit) ».
Aux
dieux manes de Fronto, régisseur de ce domain, Materna à son époux très cher,
Philusa à son père très chéri ont pris soin de faire élever (ce monument) et
Eudrepites son fils au meilleur des pères l’a dédié sous l’ascia.
Les
actores étaient des intendants de
domaines. On connaît, du même gentilice, un préfet de cavalerie, quatuovir au
vicus d’Aoste (CIL XII, 2393) et le père d’un duumvir aerarius honoré à
Fréterive (Savoie) (CIL XII, 2333).
-
CHARBOT :
n° 25, pages 26 et 40
-
ALLARD :
inscriptions, page 30 et dictionnaire, T 1, page 94
-
CHAMPOLLION :
page 141
-
PILOT :
1829, page 302
-
ALLMER :
T 3, n° 478, pages 152 à 154
-
CIL
XII : n° 2250
-
HOSTACHY :
pages 48 et 49
-
CHOMEL :
page 32
-
J.
PRIEUR : catalogue des collections du Musée de Chambéry (époque romaine),
page 31
-
J.
ROUGIER : Aoste la Romaine, 1988, pages 54 et 55
-
CAG
38/1 : page 89
-
CAG
73 : page 160
N° 74 : inscription
funéraire :
Trouvée
en réemploi dans la Porte Traine puis perdue.
D
M
CASSIAE
PAVLINAE
ANN
XVII
P
CASSIVS
HERMETIO
FILAE
PISSIMAE
« D(is)
M(anibus) / Cassiae / Paulinae / ann(orum) XII / P(ublius) Cassius / Hermetio /
filiae / pissimae ».
Aux
dieux manes de Cassia Paulina décédée à l’âge de 17 ans. Publius Cassius
Hermetio à sa fille très affectionnée.
G.
Allard, reprenant Barlet, l’avait donnée en deux épitaphes :
D
M
CASSIAE
CAVLINVLAE
ANNO
XVII
………………..
P
CASSIVS
HERMENTIAE
FILIAE
PISSIMAE
Publis
Cassius Hermentio est connu par deux autres inscriptions grenobloises (supra n°
28 et n° 54).
-
ALLARD :
inscriptions, page 31 et dictionnaire, T 1, page 210
-
CHARBOT :
page 39
-
CHAMPOLLION :
1804, page 137
-
ALLMER :
T 3, n° 472, pages 145 et 146
-
CIL
XII : page 2264
-
CAG
38/1, page 88
N° 75 : inscription
funéraire :
Pierre
moulurée trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise puis perdue.
P
CATIO
VERTERO
H
EX T
« P(ublio)
Catio / Vertero / h(eres) ex t(estamento) ».
A
Publius Catius Veterus son héritier, conformément à son testament.
Allmer
voyait en Vertero un patronyme gaulois.
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 101 à 103
-
ALLMER :
T 3, n° 474, pages 147 et 148
-
CIL
XII : n° 2265
-
MULLER :
page 36
-
CAG
38/1 : page 88
N° 76 : inscription
funéraire :
Inscription
fragmentaire trouvée autrefois à la Porte Traine. Perdue.
(ascia)
……………….
LARINIVS
ET PILIANI
F
LARINIA DE SVO POSVERVNT
« ….
Larinus et Pilani / f(ilia) Larinia de suo posuerunt ».
….
Larinus et Larini, fille de Pilianus, ont élevé d’eux-mêmes (ce monument).
-
CLAVIERE :
chapitre 36, IV
-
ALLARD :
inscriptions, page 38 et dictionnaire T 1, page 684
-
CHARBOT :
n° 36, pages 26 et 42
-
CHAMPOLLION :
1804, page 139
-
ALLMER :
T 3, n° 484, pages 159 et 160
-
CIL
XII : n° 2279
-
CAG
38/1 : page 89
N° 77 : inscription
funéraire :
Trouvée
autrefois à la Porte Traine.
Allard
l’aurait vue au couvent Sainte Cécile d’où il l’aurait tirée pour échapper à un
martelage (infra, inscription n° 97). Perdue.
D
M
NIGIDIAE
IVLIANAE
T
VALERIVS
VALERIANVS
CONIVGI
SANCTISSIMAE
« D(is)
M(anibus) / Nigidiae / Iulianae / T(itus) Valerius / Valerianus / coniugi /
sanctissimae ».
Aux
dieux manes de Nigidia Juliana, Titus Valerius Valerianus à son épouse si
vertueuse.
-
ALLARD :
inscriptions, page 32 et dictionnaire, T 2, page 726
-
CHAMPOLLION :
1804, page 138
-
ALLMER :
T 3, n° 487, pages 162 et 163
-
CIL
XII : n° 2284
-
CAG
38/1 : page 89
N° 78 : inscription
funéraire :
Trouvée
autrefois à la Porte Traine puis perdue.
M
TITIO M FIL
VOLT
GRATO
« M(arco)
Titio M(arci) fil(io / Volt(inia tribu) / Grato”.
A
Marcus Titisu Gratus, fils de Marcus, de la tribu Voltinia.
Allard
reprenant Barlet l’avait mise à la suite de l’inscription à Sexto Sammio
(supra, inscription n° 20).
Cette
épitaphe et la suivante (n° 79) ont pu appartenir à un même monument funéraire.
-
ALLARD :
inscriptions, page 38 et dictionnaire, T 1, page 586
-
CHARBOT :
n° 14, page 25
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 94 à 96
-
ALLMER :
T 3, n° 492, pages 166 et 167
-
CIL
XII : n° 2290
-
MULLER :
page 36
-
CAG
38/1 : page 90
N° 79 : inscription
funéraire :
Trouvée
autrefois « à proximité de l’évêché ». Elle était déjà perdue du
temps de Champollion. Cette inscription et la précédente (n° 78) ont pu
appartenir à un même monument funéraire.
C
TITIO VETTII
FIL
VO
TITVLO
« C(aio)
Titio Vettii ( ?) / fil(io) Vo(ltinia tribu ?) ou Vo(contio ?)
titulo…”
A
Caius Titus Titulus, fils de Vetius (?) de la tribu Voltinia (ou voconce)…
Clavière
avait lu « C TITIO VADRO » et Charbot « T TITIO VALIO ».
-
CLAVIERE :
chapitre 37
-
ALLARD :
inscriptions, page 38
-
CHAMPOLLION :
1804, page 138
-
ALLMER :
T 3, n° 491, page 165
-
CHARBOT :
n° 35, pages 26 et 40
-
CIL
XII : n° 2292
-
CAG
38/1 : page 90
N° 80 : inscription
funéraire :
Fragment
d’inscription trouvé autrefois dans les fondations de la Porte Traine.
N’existait déjà plus du temps de Champollion.
D
MA
ANNIAE
Ou
D
ANNIAE
« D
(is) Ma(nibus ?) Anniae… »
Clavière
avait lu « DIVA ANNIA » et Champollion indique « DIVAE
ANNIAE ».
-
ALLARD :
inscriptions, page 38
-
CHARBOT :
n° 38, page 26
-
CHAMPOLLION :
1804, page 139
-
ALLMER :
T 3, n° 464, page 136
-
CIL
XII : n° 2257
-
CAG
38/1 : page 88
N° 81 : inscription
funéraire :
« Touvée
à Grenoble ».
C
CILTIO VO T
MANSVETO
H
EX T
« Q(uinto)
Ciltio Vo(l)t(inia tribu) / Mansuetus H(eres) ex t(estamento) ».
A
Quintus Citius Mansuetus de la tribu Voltinia, conormément à son testament.
-
CIL
XII : n° 2266
-
CAG
38/1 : page 88
N° 82 : inscription
funéraire :
« Autrefois
dans les fondations de la Porte Traine ».
Ascia)
D M
MEMORIAE
AETERNAE
DEVILLIAE
ATILIAE
L
LEPIDVS BASILAE
VS
CONIVG KAR
PONEND
CVRAV
ET
SVB ASC DEDIC
« D(is)
M(anibus) / et memoriae / aeternae / Devilliae Atiliae / L(ucius Lepidus
Basilae / us coniug(i) kar(issimae) / ponend(um) curav(it) / e sub ascia
dedic(avit) ».
Aux
dieux manes et à la mémoire éternelle de Devillia Atilia, Lucius Lepidus
Basilacus à son épouse très chère a pris soin délever (ce tombeau) et l’a dédié
sous l’ascia.
-
CHAMPOLLION :
1804, page 140
-
ALLMER :
T 3, n° 476, pages 150 et 151
-
CIL
XII : n° 2270
-
CAG
38/1 : pages 88 et 89
N° 83 : inscription
funéraire :
Stèle
à fronton triangulaire trouée dans les fondations de la Porte Viennoise en
1804.
IVLIAE
MARI
FIL
TERTIAE ET
TITIAE
F FIL SABINAE
« Iulia…
mari / fil(iae) Tertiae et / Ttitae T(iti) fili(iae) Sabinae ».
A
Juilia Tertia, fille de …. Marus et à Ttitia Sabina, fille de Titus.
-
CHAMPOLLION :
1807 : pages 86 à 89
-
ALLMER :
T 3, n° 482, pages 157 et 158
-
CIL
XII : n° 2276
-
CAG
38/1 : page 89
N° 84 : inscription
funéraire :
Fragment
d’inscription trouvé lors de la démolition de la Porte Viennoise.
TTI
CILLAE ANN
…………………..
INIVS
IVLIA
« …… /
(A)tticilae ann(orum)…. / …. Inius Iulia(nus ?) »
Aux
dieux manes (?) d’Atticilla décédée à … ans… inius Julianus ?
-
CHAMPOLLION :
1807, page 125
-
ALLMER :
T 3, n° 467, pages 139 et 140
-
CIL
XII : n° 2261
-
CAG
38/1 : page 88
N° 85 : inscription
indéterminée :
Fragment
dcouvert « dans la démolition de la tour de l’évêché ».
AEMILIA
STI
-
CHAMPOLLION :
1807, page 132
-
ALLMER :
T 3, n° 461, page 135
-
CIL
XII : n° 2255
-
CAG
38/1 : page 88
N° 86 : inscription
indéterminée :
Fragment
trouvé autrefois « dans la Grande Rue ».
ATISIO
« …
Atisius…. »
Les
Attisii sont connus par au moins une douzaine de membres, tous installés en
pays allobroge et plus particulièrement à Aoste domme fabricants de pelves et
de mortiers.
En
ce qui concerne Grenoble, voir également l’inscription suivante.
-
CLAVIERE :
chapitre 37
-
ALLARD :
inscriptions, page 38
-
CHAMPOLLION :
1804, page 141
-
PILOT :
1860 : page 345
-
ALLMER :
T 3, n° 466, page 139
-
CIL
XII : n° 2260
-
J.
ROUGIER : Aoste la Romaine, 1988, pages 117 et ss
-
Isère
gallo romaine, T 2, page 50
-
CAG
8/1 : page 90
N° 87 : inscription
indéteminée :
Découverte
le 23 novembre 1890 parmi les matériaux de l’ancienne prison, place Saint
André.
SEX
ATIS
« …
Sex(tus) Atis(ius)… ».
Ce
gentilice est largement connu (supra,
inscription n° 86).
Outre
Aoste, un Caius Atisius est mentionné à Saint Aupré où il a consacré un tombeau
à sa femme et à sa fille (CIL XII, n° 2303).
-
A.
ALLMER : procès verval dans Revue Epigraphique du Midi, III, 1890-1898, n°
847
-
ILGN :
n° 341, page 105
-
MULLER :
page 37
-
CHABERT :
page 56
-
Isère
gallo romaine, I, page 262
-
CAG
38/1 : page 90
N° 88 : inscription
indéterminée :
Trouvée
autrefois à la cathédrale Notre Dame. Déjà perdue sous Champollion.
NIAE
LABEONIS FIL
« ….
Niae Laebonis fili(iae)… ».
A
(ou de) …. Nia, fille de de Labeo…
-
CHAMPOLLION :
1804, page 141
-
ALLMER :
T 3, n° 493, page 163
-
CIL
XII : n° 2278
-
CAG
38/1 : page 90
N° 89 : inscription
indéterminée :
Vue
autrefois par Clavière.
RVTILIO
VERINIO
A
Rutilius Verinius.
-
CLAVIERE :
chapitre 37
-
ALLARD :
inscriptions, page 38
-
CHAMPOLLION :
1804, page 139
-
ALLMER :
T 3, n° 489, page 164
-
CIL
XII : n° 2287
-
CAG
38/1 : page 90
N° 90 : inscription
indéterminée :
Sans
lieu ni date connus de découverte.
MODESTO
SVLPICIO
SECVNDINA
NEPTI
-
ALLARD :
inscriptions, page 31
N° 91 : inscription
funéraire :
Sans
lieu ni date connus de découverte. Inscription douteuse.
D M
CHARMIDES
ET
TIAE
LIB
ANN XVIII
PHEVVE
MIT
FILIO CARISSI
MO
-
ALLARD :
dictionnaire, T 2, page 310
N° 92 : inscription
indéterminée :
Sans
lieu ni date connus de découverte. Inscription douteuse.
VSV
V SVSPITI SEXTINI
F
TERTVLIA NEPTI
-
ALLARD :
inscriptions, page 31
N° 93 : inscription
funéraire :
Jadis
découverte « à la Porte de Bonne ».
D
G M
MERCVTIAE
MATRI
FILIA
LVANA
« D(is)
G ? M(anibus) / Mercutiae / matri filia / Luana ».
Aux
dieux manes ( ?) de Mercutiae sa mère, Luana sa fille ?
-
ALLARD :
inscriptions, page 39
N° 94 : inscription
indéterminée :
Vue
par Clavière mais déjà perdue sous Allard.
CENTVRIONIS
ET
SEX
SAMMICI
INxription
très douteuse à rapprocher de l’inscription consacrée à Sexto Sammio, centurion
de la 1ère légion Germanica (supra n° 20).
-
CLAVIERE :
chapitre 36, inscription V
-
ALLARD :
inscriptions, page 38 et dictionnaire, T 1, page 684
-
CHARBOT :
n° 34, page 26
N° 95 : inscription
indéterminée :
Vue
par Clavière mais déjà perdue sous Allard.
VRITIANI
TITINI PC
-
CLAVIERE :
chapitre 37, inscription XI
-
ALLARD :
inscriptions, page 38 et dictionnaire T 1, page 685
N° 96 : inscription
indéterminée :
Vue
par Allard « attachée à la muraille du monastère de Sainte Cécile ».
E
IVLIO
TVRININO
LIB
AVG
Inscription
funéraire d’un affranchi ?
-
ALLARD :
dictionnaire, T 2, page 700
N° 97 : inscription
funéraire (Meylan ?) :
Inscription
traditionnellement attribuée à Meylan mais provenant sans doute de Grenoble.
G.
Allard dit en effet l’avoir vue avec l’inscription consacrée par T. Valerius
Valerianus à son épouse (supra n° 77) « attachée à la muraille d’une
maison appartenant aux filles religieuses de Saint Bernard sous le titre de
Sainte Cécile » (rue Servan) d’où il les aurait extraites « pour
échapper à un martelage envisagé par quelque dévôt les ayant persuadées qu’il
ne fallait pas qu’elles eussent ainsi des monuments du paganisme ».
Est-ce
à cette occassion que l’inscription aurait été transportée à Meylan… puis
perdue ?
Toujours
est-il qu’elle fut (re) découverte au début du 19ème siècle dans la
propriété d’Aimé Dubois.
Aujourd’hui
conservée au Musée Dauphinois (n° 34-5713).
D M
L
PRIMI
VALERI
ET
POTTIAE
CARILLAE
PRIMI
VASSILIVS
ET
VALERIA
PARENTIB
« D(is)
M(anibus) / L(uci Primi / Valeri / et Pottiae / Carillae / Primi / Vassilius /
et Valeria / parentib(us) ».
Aux
dieux manes de Lucius Primus Velerius et de Pottia Carilla, Primus Vassilius et
Prima Valerai à leurs parents.
-
ALLARD :
inscriptions, page 32 et dictionnaire T 2, page 726
-
ALLMER :
T 3, n° 506, pages 166 à 167 et atlas n° 269-22
-
CIL
XII : n° 2286
-
CHABERT :
page 47
-
Isère
gallo romaine, I, page 69
-
CAG
38/1 : page 170
N° 98 : inscription
funéraire (la Tronche) :
« Autrefois
à la Tronche » mais classée par Allard au titre des inscriptions de
Grenoble d’après Barlet. Perdue.
D M
MAGIAE
RVFI
NAE
CN VERG
IOSIMVS
CON
IVGI
SANTISSIMAE
«
D(is) M(anibus) / Magia Rufi(nae) / Cn(aeus) Verg(ilius ?) /
(inuis) ?) Iosimus con / iugi sanctissimae ».
Aux
dieux manes de Magia Rufina, Cnaeus Verg ( ?) Iosimus à sa vertueuse
épouse.
-
ALLARD :
inscriptions, page 32 et dictionnaire T 2, page 520
-
CHARBOT :
n° 31, page 26
-
ALLMER :
T 3, n° 485, page 161
-
CIL
XII : n° 2282
-
CAG
38/1 : page 170
N° 99 : inscription
funéraire (la Tronche) :
« Autrefois
à la Tronche ». Allard dit l’avoir trouvée à Grenoble sans toutefois en
préciser le lieu ni la date.
D M
M
MAGIO
POTENTINO
MAGGI
MACRINVS
ET
ATILIVS FILII
PATRI
PEINTISS
« D(is)
M(anibus) / M(arco) Magio / Potentino / Maggi Macrinus / et Atilius filii /
patri pientiss(imo) ».
Aux
dieux manes, à Marcus Magius Potentinus, Magius Macrinus et Magius Atilius ses
fils, à leur excellent père.
-
CLAVIERE :
chapitre 36
-
ALLARD :
inscriptions, pages 32 et 39 et dictionnaire T 2, page 377
-
CHARBOT :
n° 19, pages 26 et 41
-
ALLMER :
T 3, n° 486, pages 161 et 162
-
CIL
XII : n° 2281
-
CAG
38/1 : page 170
IX –
INSCRIPTIONS REPUTEES FAUSSES :
Les
trois inscriptions qui suivent sont réputées fausses depuis Allmer. Elles
n’existaient déjà plus du temps d’Allard qui les mentionne néanmoins en citant
Barlet. Il en fait la relation suivante :
« Il
nous reste peu des inscriptions que je ceux rendre publiques. Jean de Saint
Marcel d’Acançon, avocat général en ce parlement, avait eu le soin de faire
porter dans la maison qu’il avait en cette ville les pierres ou plusieurs
estoient gravées ; cette maison ayant été acquise par les PP Minimes ils
n’en ont pas connu le prix car ils les ont fait ensevelir dans les fondations
de leur église. N’est-ce pas une espèce de barbarie ou si l’on veut d’une crasse
ignorance ! Quel outrage à la sacrée antiquité et quelle injure à la
curiosité des savants qui doivent encore une grande obligation aux recherches
de Berlet… ».
Ces
inscriptions sont-elles sous le couvent des Minimes, fondé en 1613 dans la rue
du même nom ? S’agit-il d’inscriptions controuvées ou au contraire
d’inscriptions pouvant provenir d’un culte impérial ? Aucune indicatio ne
permet aujourd’hui d’incliner définitivement vers l’une ou l’autre de ces
hypothèses. Seules des fouilles sous l’ancien couvent permettraient peut être
d’être fixé (infra, 2ème partie, chapitre X).
N° 100 :
IMP C I CAESAR PP III
COS DICT / PERPE PRAET QVAET N M AED CVR TRIB / MIL QVI V OCTO TRIVMVIRO
GAL ALEX / PONT AFFR HISP IN SENATV III ET XX / CONFOSS REVINER INTERIIT AD
MART / NATVS C MAR ET L FLAC COS III IDEM / QVINTVS VIR ANN VI ET L ET IN
DEORVM / NVMER VICI RELATVS CORNELIA CINNAE IIII COS FIL C I CAES DEDV VX QVAM
/ DEFVNCTAM PRO ROSTR LAVDAVIT
N° 101 :
IMP
OCTAVIVS CAES AVGVSTVS TVIR D / IVL NEPOS IN NOM ET FAMIL ADOPT / HAERESQVE
INST POST III VIR MVL PHILIP / PERVS SIC ASIAT PELLIS CONFECT DOMIT / CARTAB
AQVIL PANNON DALM ILLIR III OCTO / TRIOMPH LONGA PACE POTITVS OB SEX POMP / ET
SEX APVL COL XIIII CALAD OCT LXX ET / V AET SVA ANNO LIVIA OCT VXOR IN / CIVIVS
ET IN HAC VOCE DEFICIT LIVIA / NOSTRI CONIVGI MEMOR VIVE ET VALE
N° 102 :
IMP M VLP TRAIANVS PP
ABD / NRVA IN FIL LOCVM INQ IMPERII PORTAM / IN INNVMERANDA GENTIVM VID CLARIVS
/ IMPERII FINES AD INDOS TIGRIDE CLAVSIT / IN QVO DOMI SANCTITA MILITAT
FORTITVDO / VTROBIQVE PROVIDENTIA SEN DEO OPT / COGNOMEN MERVIT VI ANNO LXXIIII
/ PLATINA IMP TRAIANI VXOR CIVIVS / SOLERTIA EMENTITA ADOPT HADRI AD / IMP
FASTIGIVM PERVENIT
Pour
ces trois inscriptions :
-
ALLARD :
inscriptions pages 26 et 34 à 37
-
MARTIN :
page 15
-
CHAMPOLLION :
1807, pages 146 à 148
-
PILOT :
1829, pages 299 et 300 et 1833, pages 236 à 239
-
ALLMER :
T 4, inscriptions fausses n° 9, 10 et 11, page 492
-
CAG
38/1 : page 74
N° 103 :
inscription fausse :
Cette
inscription a largement été citée. Bien qu’attribuée non à Grenoble mais à
Moirans, il a paru intéressant de la faire figurer avec l’épigraphie
grenobloise en raison de la référence à Gratien (voir aussi supra, chapitre V,
5).
DIVO
GRATIANO TYRANNIDE
VINDICATA
THEODOSIVS
ET VALENTINIANVS AVG EX VOTO
Au
divin Gratine, après avoir vaincu la tyranie, Théodose et Valentinien,
Augustes, d’après leur vœu.
Selon
Pilot il s’agissait d’un souvenir de la victoire remportée par les deux
empereurs Théodose et Valentinien sur l’usurpateur Maxime qui avait détroné
Gratine et qui fut surpris et tué dans l’Aquilée.
Cette
inscription, prétenduement trouvée à Moirans, avait laissé accroire que Gratien
avait été tué à Morginum et non à Lyon comme on l’indique traditionnellement.
-
H.
BOUCHE : chronographie ou description de la Provence et l’histoire
chronologique du même pays,
-
ALLARD :
inscriptions, page 38
-
MARTIN :
page 16
-
PILOT :
1829, page 301 et 1833, page 242
-
F.
de SAINT ANDEOL : Moirans, Album du Dauphiné, T 4, 1869, page 60
-
J.
J. A. PILOT : précis statistique des antiquités du département de l’Isère,
BSSI, 3, 1843, page 112
-
R.
GERY : bulle de Valentinien II, Revue des Alpes n° 102 du 11 juin 1859,
page 418, col. 13, note 1
-
ALLMER :
inscriptions fausses, T 4, n° 14
-
CIL
XII : inscriptions fausses n° 180
-
U.
CHEVALIER : Regeste dauphinois, T 1, 1913, n° 41, page 10
-
P.
L. ROUSSET : plaidoyer pour un empereur, Gratien, Gratianopolis, Grenoble,
1992
-
Isère
gallo romaine, I, page 115
-
CAG
38/1 : page 109
N° 104 :
inscription fausse :
Attribuée
à Grenoble par Charbot et Pilot.
GIORDANO
FIORENTISS
PRINCIPI
ET DO
DE
PARTHIS OB AET
REBELLIVS
LAVREAM
ADEPTO
-
CHAMPOLLION :
1804, page 144
-
CHARBOT :
n° 6, page 25
-
PILOT :
1829, page 301 et 1833, page 242
-
ALLMER :
inscriptions fausses, T IV, n° 12, page 492
N° 105 :
inscription fausse :
Cette
inscription prétenduement trouvée « au-delà de Grésy, au site d’Ad
Publicanos » n’est mentionnée ici que parce qu’elle aurait comporté le nom
de Cularo.
SVPER
PONTVI
ERAT
CVLARO
POPVL
FECIT
PISCEN
ALVEO
-
P.
FECHOZ : une vieille inscription au nom de Cularo, bulletin de l’Académie
Delphinale, juin 1957, pages CCVII et CCVIII
X – FRAGMENTS
LAPIDAIRES :
Les
fouilles du groupe épiscopal ont livré quelques fragments lapidaires mais
ceux-ci n’ont pas été publiés et, notamment, un atel ou cippe funéraire qui a
été aprçu au bas de la face externe de l’aile ouest de l’ancien évêché. Il
s’agit, selon toute vraisemblance, d’un réemploi fait au 13ème ou au
14ème siècles. L’autel a aujourd’hui disparu sous le sol d’un local
technique aménagé à cet endroit.
XI –
INSCRIPTIONS FUNERAIRES CHRETIENNES
Françoise
Descombes dans son recensement général des inscriptions chrétiennes de
Viennoise du Nord n’est pas particulièrement accorte avec Grenoble. Elle y
indique en effet que « les conditions de découverte, de publication et de
conservation des inscriptions ont été éxécrables ». Elle ajoute que
« la seule épitaphe entière qui nous ait été transmise est de provenance
inconnue, comme d’ailleurs est inconnue la date de sa découverte » et que
« les autres inscriptions, toutes mutilées, n’ont pas été trouvées en
place mais en réemploi » et enfin « qu’aucune ne parait avoir été
conservée jusqu’à nos jours ».
De
fait, Grenoble est aussi pauvre en inscriptions paléochrétiennes qu’elle est
riche en inscriptions romaines. Françoise Descombes en retrace sept pour
Grenoble ce celle dite de Populonia trouvée à la Tronche.
Le
présent inventaire en étudie quatre de plus.
-
F.
DESCOMBES : recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, antérieures
à la renaissance carolingienne, T IV, Viennoise du nord, 1985, pages 16 et 615
à 624.
N° 1 : épitaphe
funéraire :
Trouvée
à Saint Laurent lors de travaux en 1851. Perdue.
HIC
REQVIISCIT IN PA…
EMORIAE
AVNICISCIVS QV…
NNOS
QVINQVAGINTA ET VNVM
….
ES TRES OBIIT SEXTKL
« Hic
requiiscit in pa(ce bonae m) / emoria Auni(g)isc(l)us qu(i vixit) / (a)nnos
quinquaginta et unum / (mens ou di)es tres obiit sex(to) k(a)l(endas…).
Ici
repose en paix Aunigisclus de bonne mémoire qui vécut cinquante et un ans et
trois (mois ou jours). Il est mort le sixième jour des calendes de… (milieu ou
seconde moitié du 6ème siècle).
-
J.
J. A. PILOT : note sur les anciens cimetières de Grenoble, BSSI, 2ème
série, 2, 1854, page 135 qui transcrivait « Auniciscius » là ou F.
Descombes propose « Aunigisclus ».
-
M.
REYMOND et C. GIRAUD : la chapelle Saint Laurent à Grenoble, bulletin des
archives communales, 1893, page 12
-
Dom
H. LECLERCQ : dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie (DACL),
T IV, 2, 1923, col. 1804
-
F.
DESCOMBES : op. cit. XV, 230, pages 615 et 616
-
CAG
38/1 : page 91
N° 2 épitaphe de Cassianus :
Découverte
en janvier 1777, brisée en 8 morceaux fichés en terre de manière à délimiter
lemplacement de 7 tombeaux alignés cote à cote « dans les vignes des
religieuses de la Visitation de Sainte Marie d’en Haut ». Disparue.
L’exemplaire
manuscrit d’une reproduction grossière de l’inscription subsiste à la
bibliothèque Calvet d’Avignon (Ms 2365, f° 474).
…
C REQ
BONE
MEMORIAE
D
E I CASSIANVS
…….
VRREXIO
…….
RDIAE C I
…………….
ITA
………………….
« (Hi)c req(uiescit
in pace) / bone memoriae (famulus) / Dei Cassianus / (in spe res(urrexion)is /
(miserico)rdiae C(hrist)i / (qui vix)it a(nnos…) / ….”.
Ici
repose en paix de bonne mémoire un serviteur de Dieu, Cassianusn dans
l’espérance de la résurrectio et de la miséricorde du Christ… qui a vécu…
années…
L’indiction
ne subsistant plus, cette inscription ne peut faire l’objet que d’une
fourchette de datation assez large : de 484 à 564, bornes extrêmes entre
lesquelles se retrouve la formulation initiale « hic requiescit in pace
bonae mémoriae ». Mais F. Descombes
propose plus précisément la seconde moitié du 6ème siècle.
-
J.
P. VALLET : lettre écrite à une dame sur les sept tombeaux antiques qui
ont été découverts à Grenoble le 23 janvier 1777 dans les vignes des Dames
religieuses de la Visitation de Sainte Marie d’en Haut, les Affiches, annonces
et avis du Dauphiné, 21 février 1777, page 175
-
CHAMPOLLION :
1807, page 38
-
PILOT :
1807, page 38
-
J.
J. A. PILOT : histoire de Grenoble et de ses environs, 1829, page 297
-
E.
LE BLANT : inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIème
siècle, II, 1865, n°
-
CIL
XII : n° 2310
-
E.
DIEHL : ILCV, II, 1931, n° 3467
-
DACL :
VI, 2, col. 1807
-
U.
CHEVALIER : Regeste Dauphinois, T 1, 1913, n° 93, page 19
-
F.
DESCOMBES : XV, 231, pages 616 et 617
-
CAG
38/1 : page 91
N° 3 : épitaphe
funéraire :
Trouvée
lors de travaux à Saint Laurent en 1851. Perdue.
HIC
REQVIESCIT
ION
HILRITIV
ESR
MISER
F
III KL IV
La
lecture qu’en a laissée Pilot est incompréhensible sur plus points. Mme
Descombes en propose la restitution suivante :
HIC
REQVIES
HILRITIV
MISER
T
III KL IV
« Hiq
requiesc(it in pace bonae me) / (moriae) Hilritiu (in spe ressure) / (xionis)
miser(icordiae Christi) / ? (obit)
III K(a)l(endas) iu(lias) (ou – nias)”.
Ici
repose en paix de bonne mémoire Hilarinus (ou Hilaritius) (dans l’espoir de la
résurrection) et de la miséricorde du Christ. Il est mort le 3 das calendes de
juin (ou juillet). Datation proposée : milieu du 6ème siècle.
-
J.
J. A. PILOT : note sur les anciens cimetières, op. cit. page 135
-
M.
REYMOND et C. GIRAUD : op. cit. page 12
-
DACL :
VI, 2, colonne 1804
-
F.
DESCOMBES : XV, 232, pages 617 et 618
-
CAG
38/1 : page 91
N° 4 : épitaphe
funéraire :
Trouvée
peut être lors des travaux de 1856 dans les déblais de la crypte Saint Laurent.
Perdue mais reproduite dans Le Blant.
D croix
colombe M
HIC
REQV
ESCIT
PRO
…………………
« D(is)
M(anibus) / hiq requ(i) / escit pro / ………. ».
Aux
dieux manes, ici repose Pro… (Proiectus, Protatius, Protasius ?)
La
mention “Dis Manibus” conduit à proposer une datation assez haute : 5ème siècle
?
-
E.
Le BLANT : n° 470 B
-
ILCV :
n° 2930
-
DACL :
VI, 2, col. 1807
-
F.
DESCOMBES : XV, 233, pages 618 et 619
-
CAG
38/1 : page 91
N° 5 : épitaphe
funéraire :
Trouvée
lors des travaux à Saint Laurent en 1851. Perdue mais connues par une copie de
Pilot.
……….VIESCIT
……….MEMORI
……….ANELLA
……..SSA
QVE
…………………
« (His
req)uiescit (in pa) / (ce bone) memori(ae) / …… anella…… / ……. ssa qu(a)e
(vixit)…”.
Il
s’agit selon toute vraisemblance d’un nom de femme, probablement latin, suivi
sans doute d’une ou de plusieurs épithètes élogieuses. 6ème
siècle ?
-
PILOT :
op. cit. page 136
-
M.
REYMOND et C. GIRAUD : page 12
-
DACL :
VI, 2, col. 1804
-
F.
DESCOMBES : XV, 234, page 619
-
CAG
38/1 : page 91
N° 6 : épitaphe
funéraire :
Trouvée
à Saint Laurent vers 1856 dans les déblais de la crypte. Perdue mais reproduite
dans Le Blant.
IN
HOC TOMV
CIT
BONEM
NPA
IN SP
« In hoc
tomu(lo requies) / cit bone m(emoriae…) / npa in sp(e resurrectionis) /
(misericordiae Christi)….”.
Dans
ce tombeau repose de bonne mémoire… npa dans l’espoir (de la résurrection et de
la miséricorde du Christ). « npa » ne peut être que la fin d’un nom
propre latin, celui d’une femme. Seconde moitié du 6ème siècle.
-
E.
Le BLANT : n°
-
CIL
XII : n° 1312
-
ILCV :
n° 3467
-
DACL :
VI, 2, col. 1807
-
F.
DESCOMBES : XV, 235, pages 619 et 620
-
CAG
38/1 : page 91
N° 7 : épitaphe
funéraire de Claudianus :
Grande
inscription attribuée à Grenoble mais dont le lieu et la date de découverte ne
sont pas connus. Conservée au Musée Dauphinois (n° 34-5726).
(hedera)
HIC REQVIESCIT
BONE
MEMORIAE CLAV
DIANVS
PR B IN PACE
QVI
VIXIT AN LVI ET OB
IIII
NO NOB RVSTI
ANO
ET VITALIANO VCC
(palmes)
(colombe,
vase, colombe)
« Hic
requiescit / bone memoriae Clau / dianus pr(es)b(yter) in pace / qui vixit
an(nos) LVI et ob(iit) / IIII no(nas) nob(embres) Rusti / (i)ano et Vitaliano
v(iris) c(larissimis) c(onsolibus) ».
Ici
repose, de bonne mémoire, Claudianus prêtre qui vécut 56 ans et mourut le 4 des
nones de novembre sous le consultat dde Rustianus et Vitalianus, clarissimes.
Très
précisément datée du 2 novembre 520.
-
S.
CHABERT : 1927, page 55
-
L’année
épigraphique : 1920, n° 117
-
ILGN :
n° 339, page 104
-
F.
DESCOMBES : XV, 236, pages 620 à 622
-
CAG
38/1 : page 91
N° 8 : épitaphe
funéraire :
Plaque
de marbre réemployée en guise de couvercle de tombe, trouvée en 1935 à la
nécropole Saint Sixte puis perdue.
REQVIESCIT
IN PA
CE
QVI NOS XXIII
« Requiescit
in pa / ce qui (vixit an)nos XXIII / ………… ».
…..
Repose en paix, qui a vécu 23 ans…
-
J.
FLANDRIN : le Petit Dauphinois du 4 avril 1935
-
M.
et R. COLARDELLE : la nécropole paléochrétienne de Saint Sixte et la
topographie chrétienne de Grenoble, 108ème congrès national des
sociétés savantes (Grenoble, 1983), 1987, page 136
-
CAG
38/1 : page 91
N° 9 : épitaphe
funéraire de Populonia :
Plaque
en marbre de Carrare découverte le 27 avril 1920 dans le cimetière de la
Tronche, sur l’emplacement du caveau de la famille Besson, dans une tombe en
maçonnerie de pierres plates et de tegulae. L’inscription était placée sous les
pieds de la défunte. Aujour’dhui au Musée Dauphinois (n° 34-5730).
OMOLO
REQVI
T
IN PACE BON E ME
RIAE
FAMOLA DI SACR
DO
PVELLA POPVLINI
A
IN SPE RESVRRICXIONIS
MISERICORDI
ET XRI QVE VI
XIT
ANNVS XXV ET OB DE ID OCT B
INDICT
DVODECIMA
« (In hoc
()omolo requi / (esci)t in pace bon(a)e me / (mo)riae famola D(e)i sacr(ata) /
D(e)o puella populuni / a in spe ressuricxionis / misericordi(ae) Xr(ist)i
qu(a)e vi / xit annus XXV et ob(iit) d(i)e id(us) oct(o)b(res) / indict(ione)
duodecima ».
Dans
ce tombeau repose en paix de bonne mémoire, servante de Dieu consacrée au
Seigneur (ou Vierge consacrée à Dieu) Populonia dans l’espoir de la
résurrection et de la miséricorde du Christ qui vécut 25 ans et mourut le jours
des ides d’octobre, la douzième année de l’indiction.
Populonia
est un nom d’origine géographique (Populonia en Etrurie). Il est extrêment rare
et on n’en connaît que deux autres exemples, également chrétiens / Populonius à
Rome et à Macon.
La
datation de l’épitaphe est incertaine car l’habituelle référence aux consulats
de l’empire romain d’Orient fait ici défaut. Il y a, entre la seconde moitié du
6ème siècle et le début du 7ème siècle, une indiction XII
en octobre correspondant aux années 563, 578, 593, 608 et 623. Mme Descombes
penche pour l’une de ces trois dernières dates.
-
S.
CHABERT : sépultures et inscription gallo romaine découvertes à la Tronche
près de Grenoble, REA, 23, 1921, pages 225 et 226
-
H.
MULLER : sépultures et inscription gallo romaine découvertes à la Tronche
près de Grenoble, Rhodania, 2, 1921, pages 126 à 129
-
ILGN :
n° 342, page 105
-
L’année
épigraphique : 1922, n° 114, page 35
-
H.
MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 37
-
S.
CHABERT : pages 57 et 58
-
F.
DESCOMBES : XV, 237, pages 622 à 624
-
E.
CHATEL : recueil général des monuments sculptés en France pendant le haut
moyen âge (IVe – Xe s), T 2, 1982, page 222 et pl. XVI
-
Archéologie
chez vous n° 3, cantons de Meylan et du Touvet, notice n° 82, page 22
-
CAG
38/1 : page 170
N° 10 : épitaphe
funéraire :
Découverte
sur le site de Saint Laurent. Sans doute au Musée Dauphinois mais
enregistrement non établi.
HIC
REQVE
ESCET
MA
RIVS IN PA
CE VIXIT
NNIS
XIIII
« Hic
requ(i)e / escet (sic) Ma / rius in pa / ce vixit / (a)nnis / XIIII (ou XXIII).
Ici
repose Marius en paix. Il a vécu 14 ans (ou 24 ans).
La
datation n’est pas établie.
-
R.
COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens : Saint Laurent et
ses nécropoles. GAF n° 9, 1986, page 60
N° 11 : épitaphe
funéraire :
Encastrée
(horizontalement) dans l’église musée de Saint Laurent à l’ouest du clocher.
Non décrite à ce jour.
HIC
REQVIESCIT
IN
PACE EVFRASIVS
VIXIT
ANNVS XXI
OBIET
X CAL MAIAS
INDICTIONE
QVARTA
DECEM…
SCONS
RV….
CIANIET
VA
AVANIP
Ici
repose en paix Eufrasius qui vécut 21 ans. Il est mort le dixième jour des
calendes de mai, quatrième indiction.
Datation
proposée : avril 521.
N° 12 : épitaphe
funéraire :
Inscription
découverte dans le cloître Saint Laurent.
Conservation
probable au Musée Dauphinois (mais non confirmée). Photographie au musée
archéologique de Saint Laurent.
HIC
REQVIES
CE
TI IN PA
CAE
FLVREIA
VIX
SETANNVS
III
MENSES OCTO
+
Ici
repose en paix Flureia. Elle vécut 3 ans et 8 mois.
Datation :
fin du 4ème siècle au début du 6ème siècle.