Grenoble Antique

 

Succédant à deux ouvrages sur l’Isère gallo romaine (1985 et 1987), aujourd’hui repris dans la « carte archéologique de l’Isère » du présent site Internet, j’ai publié, à compte d’auteur, en 1999, une quasi thèse sur « Grenoble antique ».

 

A quelques exceptions notables (le professeur André LARONDE, aujourd’hui Président de l’Académie Delphinale, Jean Pierre CHARRE, ancien président du Comité de Sauvegarde du Vieux Grenoble, la « librairie archéologique » qui a bien voulu commercialiser l’ouvrage, les « Affiches de Grenoble et du Dauphiné », les revues « Archéologia » et « Archéologie nouvelle », la société dauphinoise d’Ethnologie et d’archéologie » (présidée par Aimé BOCQUET) et quelques articles du « Dauphiné Libéré », cet ouvrage n’a pas reçu à mon sens l’accueil qu’il aurait pu mériter eu égard aux longues recherches qu’il a nécessitées, notamment de la ville dont il retraçait le riche passé.

 

C’est pourquoi j’ai décidé de l’inclure dans mon actuel site Internet afin qu’il puisse bénéficier à un large public. Toutefois, pour des raisons pratiques, je n’ai pu reproduire la cartographie et l’iconographie que présentaient l’ouvrage original.

 

J’ajoute que la présente version bénéficie de quelques mises à jour postérieures.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

          

PREFACE

 

« Tous ceux que l’histoire du Dauphiné, et plus particulièrement celle du département de l’Isère, intéresse ont, depuis quelques années placé dans leur bibliothèque les deux ouvrages que Jean Claude MICHEL fit paraître, le premier en 1985 et le second en 1987 intitulés « Isère gallo romaine ».

 

L’ensemble constitue, à mon sens, le plus précis et le plus méthodique recensement archéologique de toutes les communes de l’Isère à l’époque gallo romaine.

 

Véritable répertoire départemental des vestiges archéologiques d’époque gallo romaine « connus, supposés ou pressentis » selon l’heureuse formule de l’auteur, il demeure un magnifique et précieux outil de travail pour les historiens de ce département.

 

Ajoutons pour ceux qui craindraient de plonger dans un ouvrage un peu ésotérique ou seulement difficile d’accès qu’ils ne risquent pas ce désagrément puisque style et vocabulaire sont ceux d’un amoureux de l’histoire que d’un historien confirmé et reconnu.

 

Mais il convenait aujourd’hui de couronner cette somme historique et de combler une lacune assez inexplicable par un ouvrage spécifiquement consacré à Grenoble.

 

Avec ce « Grenoble antique » voilà qui est fait.

 

Le très bel ouvrage que nous avons l’honneur de préfacer brosse, de manière très détaillée, le panorama, somme toute exhaustif à notre sens, de Grenoble à l’époque gallo romaine.

 

Superbement illustré, précisément référencé, le livre de Jean Claude MICHEL ne laisse aucun secteur de recherche dans l’oubli.

 

Livre d’envergure, d’une grande rigueur et honnêteté intellectuelle, il se révèle aussi d’un réel agrément de lecture. C’est bien à une saisissante et vivante reconstitution d’un Grenoble gallo romain méconnu que nous sommes conviés. De la civitas des Allobroges à la Civitas Gratianopolitana, le Grenoble antique nous est livré sans sa totalité et surtout dans sa complexité

 

L’historien scrupuleux préfère quelquefois avouer son incertitude et ses doutes et se contente rarement, car sa science est grande, de formuler des hypothèses péremptoires ou définitives. 

 

On ait saisi d’étonnement, pour ne pas dire d’admiration, quand on songe que l’auteur, cadre dirigeant de l’une des plus importantes entreprises grenobloises, a pris sur ses rares loisirs le temps de dresse ce prodigieux recensement.

La quatrième partie du livre, consacrée aux tables et index, est particulièrement édifiante car elle comporte également une bibliographie de plus de huit cent références ! Près de cinquante cartes ont été établies et plus de trois cents clichés ont été sélectionnés par l’auteur parmi une collection que je sais considérable.

 

Ceci montre, s’il en était besoin, et de la manière la plus éloquente qui soit l’importance de la tâche dont Jean Claude MICHEL est venu à bout.

 

La réussite de l’entreprise n’a d’égale que l’importance de l’attente ressentie par tous ceux qui, sans aucun doute, souhaitaient voir paraître un ouvrage de ce type sur un tel sujet.

 

 Ces quelques lignes d’introduction à la lecture de « Grenoble antique » n’ont pas été écrites par un spécialiste de l’époque gallo romaine. Elles souhaitent seulement, et avant toute autre considération, inviter à la lecture d’un livre qui nous a enthousiasmé. Elles veulent aussi, au premier chef, témoigner de l’amitié indéfectible que nous portons à son auteur.

 

                                     Yves ARMAND, Secrétaire Perpétuel de l’Académie Delphinale

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

AVERTISSEMENT

 

Sans doute pourrait-on considérer qu’il y a comme une sorte de provocation de publier, au seuil de l’an 2000, un ouvrage entièrement consacré au Grenoble antique mais l’on voudra bien admettre qu’il était plus ou moins envisageable – sinon prévisible – qu’après l’édition de deux volumes composant une « Isère Gallo Romaine » (Tome 1 : arrondissement de Grenoble (Grenoble exceptée) en 1985 et Tome 2 : arrondissements de la Tour du Pin de Vienne (Vienne exceptée) en 1987, prodromes d’un ensemble plus vaste, soit un jour publié le présent ouvrage, troisième pièce d’une trilogie désormais achevée, Vienne ayant déjà donné lieu, quant à elle, à de vastes synthèses par son meilleur connaisseur, André PELLETIER. Au demeurant, un fascicule de la Carte Archéologique de la Gaule devrait lui être consacrée.

 

Ma participation, logique en soi mais assez inespérée eu égard à mon absence de titres universitaires dans le domaine de l’archéologie antique, à la rédaction de la Carte Archéologique de l’Isère, éditée en décembre 1994 dans le cadre de l’ambitieux programme national de la Carte Archéologique de la Gaule (105 volumes publiés à ce jour) tout en s’inscrivant dans une consolidation de mes travaux antérieurs et aussi de leur reconnaissance officielle,  ouvrait dans le même temps la perspective d’écrits futurs intégralement consacrés à ma ville natale.

 

Ainsi est né ce « Grenoble Antique », sans doute plus abouti que mes ouvrages antérieurs car plus longuement mûri.

Venant peut être combler une lacune, comme le pense mon préfacier, il serait néanmoins vain et illusoire de considérer pour autant que ce travail est exhaustif : trop d’obstacles existent encore qui rendent impossible toute vision globale du passé antique de Grenoble.

 

En effet, si les chapitres consacrés à l’épigraphie lapidaire peuvent, en l’état actuel des connaissances, être considérés comme complets, d’autres ne sauraient l’être : ainsi en va-t-il de la topographie générale de de ce Grenoble gallo romain encore trop imparfaitement connu – surtout en ce qui concerne le haut empire – et dont le sous sol n’a livré, à l’aube du troisième millénaire que fort peu de ses probables vestiges. Mais, les livrera t-il jamais ?

 

Cet ouvrage n’est donc pas en l’état, tant s’en faut, une thèse mais il a vocation à constituer une large synthèse didactique, sans doute la plus ambitieuse publiée à ce jour sur ce seul sujet.

 

Est-ce dire que l’un des souhaits de son auteur est qu’elle ne devienne point trop rapidement obsolète.

 

Sa rédaction a nécessité, en effet, la consultation d’une considérable bibliographie – plus de huit cents références figurent en annexe dont cent soixante qui sont exclusivement ou globalement consacrées à Grenoble – mais, en définitive, les synthèses partielles auxquelles ce livre doit l’essentiel de ses vertus – si l’on veut bien au demeurant lui en reconnaître quelques unes – sont en nombre fort limité : ce sont celles d’Hippolyte Müller, d’André Laronde, de Bernard Dangréaux, d’Alain de Montjoye, de Jean Pascal Jospin et d’André Pelletier.

 

Néanmoins et bien que largement cités dans le présent ouvrage, ces auteurs majeurs ne sauraient, même pris collectivement, représenter la totalité de nos connaissances sur Grenoble durant l’antiquité.

 

La relecture attentive de tous les écrits – toutes époques confondues – l’élargissement de la vision, du rôle et de la réalité de Grenoble durant les périodes pré romaine et romaine tout autant que la connaissance approfondie de la ville et de son observation pragmatique constante, depuis plusieurs décennies, ont permis d’aboutir à cet impressionnant inventaire qu’à l’évidence, hormis dans des cercles très spécialisés, peu de nos concitoyens soupçonnent.

 

Malheureusement, trop peu de vestiges demeurent aujourd’hui accessibles et un large effort conceptuel est donc attendu du lecteur.

 

Enfin, qu’il me soit permis de confesser que de la lointaine préfiguration de ce livre jusqu’à sa publication, long et difficile a été le parcours eu égard à mon constant souci d’en faire à la fois un document de travail pour un public spécialisé tout autant qu’un ouvrage global pour des lecteurs moins avertis mais désireux de mieux connaître le passé antique de Grenoble.

 

Il est toujours dans l’ordre des choses de rédiger ce type d’avertissement lorsqu’une œuvre d’une telle nature est achevée, alors même que surgissent pour l’auteur les doutes, les regrets, les inquiétudes et la nécessité, en vue de la mise ne pages définitive, de réséquer certains développements.

 

Je n’y faillis point ; ainsi aurais-je bien évidemment souhaité davantage encore de rigueur, de méthodologie, tout autant qu’une cartographie plus complète et une iconographie plus inédite et de plus grande qualité.

 

Mais, nonobstant ces regrets, j’ai la satisfaction d’avoir pu mener à terme cet ancien et ambitieux projet.

 

Suis-je parvenu à éviter totalement incertitudes, imprécisions et autres ratiocinations ? Cela est moins évident.

 

Le bon accueil que l’on voudra peut être réserver à ce Grenoble Antique pourrait apaiser les craintes et les doutes de l’auteur au moment où sont écrites ces lignes.

 

 

 

 

 

Première partie :

 

DONNEES GENERALES

 

 

 

Chapitre 1

 

Présentation et méthodologie

 

La méthodologie retenue est assez classique et s’inspire largement de celle retenue, au plan national, par la Carte Archéologique de la Gaule.

 

Ainsi, l’ouvrage est-il articulé en quatre parties distinctes :

 

Ø  une première partie intitulée « données générales » résume les connaissances, rappelle et développe les problématiques, synthétise les faits historiques et étudie en détail – ce qui n’avait pas été fait aussi complètement jusqu’alors – la très importante épigraphie lapidaire de Grenoble.

Ø  Une seconde partie, la plus délicate, tente d’apporter une vision globale de l’urbanisme antique tel qu’on peut l’appréhender aujourd’hui, et suggère quelques réflexions exploratoires. Il s’agit là, j’en ai pleinement conscience, d’un rapport d’étape et non d’une synthèse définitive.

Ø  Une troisième partie, conçue comme un inventaire archéologique et muséologique, vise à dresser un état des connaissances le plus complet possible sans prétendre à une quelconque exhaustivité.

Ø  La quatrième partie, réservée essentiellement aux chercheurs, comporte tables et index à entrée multiple et référence la bibliographie utilisée.

 

Quelques précisions complémentaires s’imposent :

 

Limites temporelles : bien que consacré par choix délibéré à la période gallo romaine, l’ouvrage comporte de larges débordements, chaque fois que nécessaire, en amont sur la protohistoire, voire même la préhistoire et, en aval, sur le haut moyen âge.

 

Limites territoriales : au-delà du strict territoire de Grenoble, c’est bien évidemment l’agglomération antique qui a été considérée avec ses débordements sur une partie des actuelles communes de la Tronche et de Saint Martin le Vinoux.

 

Bibliographie : afin de faciliter la consultation présente et les recherches futures, un e bibliographie sélective a été mentionnée à la fin de chaque chapitre, à la fin de chaque étude spécifique et figure également, chaque fois que nécessaire, au niveau de l’étude de détail (inscriptions, édifices, objets…) de préférence au système de justification systématique par notes qui a été écarté à seule fin de permettre une meilleure lisibilité de l’ouvrage.

 

Iconographie : l’ouvrage comporte de nombreuses cartes et photographiques dont seules les plus significatives sont reproduites dans la présente version numérisée. Sauf indication contraire, elles sont de l’auteur.

 

Références muséologiques : les références indiquées sont celles sous lesquelles les objets décrits sont usuellement répertoriés. En ce qui concerne celles conservées au Musée Dauphinois, M. JOSPIN, conservateur, a bien voulu, au prix d’un minutieux et long travail, vérifier notamment toutes les sources épigraphiques.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre II : histoire des recherches archéologiques

 

Avant le 19ème siècle, même si l’antiquité a eu la ferveur de quelques auteurs (Aymar du Rivail, Chorier, Valbonnais…) leur lecture nécessite aujourd’hui de grandes précautions.

 

Il en va de même des inscriptions romaines de Guy ALLARD qui avait copié BARLET lequel avait déjà repris Antoine de GOVEA qui, le premier au début du 16ème siècle, s’était intéressé aux inscriptions romaines de Grenoble.

 

Au 18ème siècle, Nicolas CHARBOT devait livrer une utile, mais souvent confuse, compilation de ces trois auteurs.

 

A partir du début du 19ème siècle des érudits, tels J. J. CHAMPOLION FIGEAC, le frère de l’égyptologue, et J. J. A. PILOT commencent à étudier les antiquités de la ville tout en signalant les découvertes archéologiques révélées à l’occasion de voirie

 

L’abbé J. C. MARTIN, pour sa part. se dit le dans son « Cularo «  le continuateur de Nicolas CHARBOT.

 

La fin du 19ème siècle voit la production d’œuvres considérables dans le domaine de l’épigraphie qui, aujourd’hui encore, demeurent des références de tout premier ordre : les « inscriptions antiques de Vienne en Dauphiné » d’A. ALLMER et le T XII du Corpus Inscriptionum Latinarum (CIL) d’Otto HIRSCHFELD.

 

Les revues régionales s’intéressent également de plus en plus à l’archéologie : ainsi, le Bulletin de la Société Scientifique de l’Isère, à compter de 1838, le Bulletin de l’Académie Delphinale, à compter de 1846, et le Bulletin de la Société Dauphinoise d’Ethnologie et d’Anthropologie (puis d’Archéologie), à compter de 1894.

 

De l’extrême fin du 19ème siècle jusqu’à 1930 domine nettement l’activité débordante, avisée, souvent visionnaire d’Hippolyte MULLER qui a été déterminante pour la connaissance de Grenoble et de ses proches environs, même si l’on ne peut que déplorer qu’une grande partie du matériel récupéré par ses soins soit aujourd’hui égarée.

 

Mais, dans le même temps, ne sauraient être minimalisées les recherches d’érudits régionaux tels F. VALLENTIN, A. PRUDHOMME ou encore H. FERRAND.

 

Les années soixante et soixante dix sont marquées par des auteurs tels que le R. P. HOSTACHY, R. BORNECQUE et, surtout, R. GIRARD.

 

Dès la fin des années soixante dix, sous l’impulsion de Michel COLARDELLE et avec la création du Centre d’Archéologie Historique des Musées de Grenoble et de l’Isère (C. A. H. M. G. I.) et de la Société Alpine de Documentation et de Recherche en Archéologie Historique (S. A. D. R. A. H.) sont multipliées fouilles, expositions et publications.

 

La recherche collective, naguère peu prisée, s’intensifie dès cette période : ainsi, peut-on citer, entre autres nombreux exemples, des publications comme « Archéologie chez Vous » (10 fascicules), « Patrimoine en Isère » (4 fascicules), la « Pierre et l’Ecrit » (8 livraisons) ou encore la « Carte Archéologique de la Gaule, 38/1 ».

 

Mais, pour importante que soit cette recherche collective, elle ne saurait faire oublier la production scientifique personnelle et de tout premier ordre que l’on doit à quelques chercheurs locaux : Aimé BOCQUET pour ce qui concerne la préhistoire et la protohistoire, Michel COLARDELLE, Bernard BANGREAUX, Alain de MONTJOYE ou Jean Pascal JOSPIN notamment pour l’époque romaine et le haut moyen âge.

 

L’importance de la bibliographie évoquée dans cet ouvrage témoigne de cette accélération de la recherche et de sa vitalité, même qi l’on peut regretter que, jusqu’alors, Grenoble n’ait pas fait l’objet d’une étude globale en ce qui concerne la seule période antique à l’exception, notable il est vrai, de la large synthèse faite par André LARONDE dans l’Histoire de Grenoble, d’André PELLETIER dans la carte archéologique de l’Isère précitée et de celle, plus récente (1998) et exemplaire à maints égards, de l’équipe pluridisciplinaire (AFAN et CPI) mais limitée au seul groupe épiscopal de Grenoble.

 

Ainsi, le présent ouvrage viendra peut être combler en partie cette lacune… C’est du moins le souhait de son auteur.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre III : données actuelles sur l’occupation préhistorique et protohistorique de la région grenobloise

 

Même si, durant les trente dernières années, nombreuses ont été les découvertes propres à ces périodes, l’ouvrage de référence en la matière reste toujours « l’Isère préhistorique et protohistorique » d’Aimé BOCQUET (1969).

 

Cet ouvrage fondamental sert donc d’ossature générale à ce chapitre mais il a été largement complété, chaque fois que nécessaire, des découvertes faites postérieurement à sa parution notamment dans le Vercors et dans le pré Vercors, bien étudiés par le Centre Régional de Préhistoire du Vercors (CRPV).

 

Le tableau chronologique qui suit permet, à qui n’est pas familier de la préhistoire et de la protohistoire, de suivre l’ordonnancement de cette synthèse.

 

Préhistoire :

 

-       800 000 à – 80 000 : paléolithique inférieur ou ancien

(Glaciation de Mindel : - 600 000 à – 400 000)

(Glaciation de Riss : - 235 000 à – 150 000)

-       80 000 à – 35 000 : paléolithique moyen (moustérien)

-       35 000 à – 10 000 : paléolithique supérieur

(Glaciation de Würm : - 80 000 à – 12 000)

-       10 000 à – 3500 : épipaléolithique ou mésolithique

-       3 500 à – 2 300 : néolithique (chasséen)

-       2 300 à – 1 800 : charnière entre la préhistoire et la protohistoire : début de l’âge des métaux ou âge du cuivre

 

Protohistoire :

 

-       1800 à – 1500 : bronze ancien (campaniforme final)

-       1500 à – 1200 : bronze moyen (civilisation des tumulus)

-       1200 à – 800 : bronze final (civilisation des champs d’urnes)

-       800 à – 500 : époque de Hallstatt (1er âge du fer)

-       500 à – 120 : époque de la Tène (2ème âge du fer)

 

 

 

 

Préhistoire :  

 

Il y a un peu moins de 15 000 ans, le site de Grenoble disparaissait sous les glaciers qui confluaient près de l’étrave du Rabot. Les actuelles vallées de l’Isère et du Drac étaient comblées par des fleuves de glace jusqu’à une altitude moyenne de 1000 à 1200 mètres. Les traces des parties supérieures de ces glaciers ont été retrouvées en maints endroits, toujours à une altitude dépassant 1000 mètres : plateau des Petites Roches à l’ouest, moraine des Seiglières et site du Luitel au sud est, plateaux de Laffrey au sud et de Saint Nizier au nord.

 

Cette dernière glaciation, dite de Würm (les quatre grandes glaciations – Gunz, Mindel, Riss et Würm – ont été nommées du nom des affluents du Danube où elles ont été mises en évidence pour la première fois) d’une durée estimée à 70 000 ans a, par sa longévité et par l’érosion intense qu’ont provoquée les glaciers, fait disparaître – s’il y en eut jamais une – toute trace d’occupation humaine. Aussi, est-il évident qu’aucun reste antérieur à cette dernière période glaciaire n’ait jamais pu être trouvée dans la cuvette grenobloise.

 

Mais ceci ne signifie pas pour autant que l’homme était absent de la région. En effet, quelques vestiges ténus sont connus pour la période préhistorique la plus ancienne, celle du paléolithique inférieur.

 

On rappellera préalablement, la controverse ayant opposé en 1972 Francis et Florent CAMOIN et la communauté scientifique locale à propos d’une découverte faite à la Croix Perrin : tête minéralisée de plus de 400 000 ans pour les premiers, simple galet ayant vaguement la forme d’un crâne pour les seconds (articles du Dauphiné Libéré des 3, 4, 6 et 10 décembre 1972).

 

Les photographies de la « tête » que j’ai pu réaliser en 1973 chez l’inventeur et l’impression générale qu’elle m’a laissée m’incitent assez nettement à me ranger à l’avis des seconds.

 

Quelques rares vestiges sont néanmoins connus :

 

Ø  « les Poulats » sur Villard de Lans où, à 1000 mètres d’altitude sur les sédiments déposés au fond d’un ancien lac glaciaire, ont été découverts des éclats de silex de type « levaloisien » datés de 250 000 ans. Ce sont les plus anciens restes découverts à ce jour dans notre région. Ils sont le fait d’Homo Erectus ou Homo Sapien Néandertalensis, sans doute les premiers chasseurs à affronter le Vercors à la faveur d’un réchauffement temporaire (interglaciaire Mindel – Riss) et la faune qui y vit alors : mammouth, rhinocéros laineux, grand cheval, grand cerf, ours de Deninger, sanglier, lion des cavernes…

Ø  Le gisement de « Mayoussière » à Vinay (- 150 000),

Ø  L’aire des « Mourets » sur les pentes du Cornafion (- 120 000).

 

Paléolithique moyen (- 80 000 à – 35 000) : il est présent en site de moyenne montagne à la grotte des Eugles de Saint Laurent du Pont que l’homme de Neandertal a fréquenté à la belle saison il y a 70 000 ans, cependant que le grand ours des cavernes l’occupait pour son hibernation ainsi qu’à la grotte de Préletang à Presles ou à celle de la Passagère à Méaudre.

 

Paléolithique supérieur (- 35 000 à – 10 000) : il a livré, pour sa période la plus ancienne, des restes d’industrie lithique cromagnoïde aux Guillets à Saint Nizier (vers – 30 000).

Puis, pour sa période la plus récente qui coïncide avec la fin de la glaciation de Würm, le réchauffement du climat, en amenant la fonte des glaciers, crée un immense lac, dit du Grésivaudan, dont la limite aval se situait semble t-il bien au-delà de Voreppe. Sa profondeur – plus de 400 mètres – donne une idée de l’importance de la cuvette s’étalant au pied du rocher de la Bastille. Peu à peu ce lac régressera pour disparaître définitivement il y a 10 000 ans, laissant une très importante couche de sédiments de plus de 15 mètres d’épaisseur.

 

Ainsi vers 1930, une exploitation de gravière, située sur la rive gauche de l’Isère en amont du confluent du Drac (ancien site dit du polygone d’artillerie) a amené l’extraction à 15 mètres de profondeur d’arbres sub fossiles (peupliers, ormes, chênes de grande taille) couchés dans les graviers qui avaient été, selon toute évidence, charriés par les eux il y a 10 000 ans.

 

De cette période, de probantes traces de tribus migrantes ont été découvertes toujours dans le Val de Lans (Clos de Lans, station des Coins…) mais aussi en plaine où, dès après la fin de la glaciation de Würm, les derniers chasseurs de rennes de la fin du paléolithique installent des camps dans une ambiance froide et sèche, notamment à Fontaine (Balme de Glos) et à la Buisse (grotte à Bibi…). Un atelier de taille du silex du magdalénien final (- 11 000) a également été observé à Proveyzieux.

 

La pleine décrue de la dernière des glaciations, il y a 10 000 ans, ouvre une nouvelle période dont les vestiges sont mieux conservés tout en étant plus nombreux.

 

Les trouvailles de cette période post Würm, dite épipaléolithique ou mésolithique (-10 000 à – 3500) sont au moins de deux cultures apparentes : la tradition magdalénienne et la tradition azilienne.

 

Mais, à l’exception peut être de quelques tribus mésolithiques qui paraissent s’être sédentarisées en Chartreuse vers 1300, 1400 mètres d’altitude sous un climat sans doute moins clément qu’il ne l’est aujourd’hui et de celles de quelques chasseurs de bouquetins et de marmottes montant en Vercors par les gorges du Furon qui ont laissé à Sassenage des traces de leur passage ainsi que dans leurs stations d’altitude (Roybon sur Villard de Lans), les autres traces paraissent assez sporadiques : Mont Rachais, Col de Porte, grotte de l’Olette à Engins, grottes Colomb et de la Passagère à Méaudre ou encore découverts récemment à l’occasion des travaux de l’autoroute A 51 (gisement sauveterrien de la Blanchette à Sinard).

 

Après plusieurs millénaires d’occupation ponctuelle, la région n’est habitée, de manière permanente, qu’à la suite de l’explosion démographique due à ce que l’on appelle conventionnellement la « révolution néolithique » (-3500 à – 2300), période de grandes migrations parties du pourtour méditerranéen, qui a laissé dans la proche région de Grenoble de nombreuses traces de ces premiers défricheurs de territoires vierges, introduisant élevage et agriculture et dont les caractéristiques (taille du silex, céramique…) se rattachent au grand complexe chasséen du midi de la France :   

 

. Grottes de Fontabert et du Trou Noir à la Buisse,

. Grotte des Fées à Noyarey,

. La Grande Rivoire, Pra Paris et la grotte du doigt de Dieu à Sassenage,

. Saint Loup à Vif,

. Balme sous le Moucherotte et Château Bouvier à Claix,

. Saint Robert à Saint Egrève,

. Rochefort à Varces…

 

… autant de sites archéologiques connus de longue date auxquels on se doit d’ajouter des sites inédits découverts sur les hauts plateaux du Vercors et, plus surprenant à Varces à la faveur de la construction de l’autoroute A 51 : foyers néolithiques et site de débitage du silex de Lachar, fosses néolithiques de Champ Nigat et traces, sur ce dernier site, de structures – au demeurant très rares – d’une grande maison néolithique.

 

La phase finale du néolithique voit l’apparition des premiers métaux et marque traditionnellement la fin de la préhistoire (âge de la pierre) et le début de la protohistoire (âge des métaux).

 

Protohistoire :

 

La première phase dite chalcolithique (ou âge du cuivre, - 2300 à – 1800) voit la perduration de nombreux sites néolithiques mais aussi le développement de nouveaux sites d’habitat, souvent connus d’ailleurs grâce aux nécropoles qui en dépendent ainsi, notamment :

 

Ø  le trou du Renard à Claix,

Ø  la nécropole de Saint Paul de Varces, l’une des plus significatives de cette époque,

Ø  la grotte de l’Ermitage à Saint Martin le Vinoux,

Ø  la grotte de l’Echaillon à Saint Quentin sur Isère,

Ø  la grotte des Sarrasins à Seyssinet Pariset,

Ø  le rocher du Cornillon au Fontanil,

Ø  Berme Bigou à Fontaine,

Ø  Le col de la Faita à Saint Ismier.

 

Au bronze ancien (- 1800 à – 1500) des contacts commerciaux entre le sud de la France et les Alpes sont attestés avec les « porteurs du gobelet campaniforme », prospecteurs de mines, métallurgistes ambulants, ayant introduit les premiers outils de cuivre dès le chalcolithique.

Leur présence est connue sur de nombreux sites locaux. Outre ceux précédemment cités et qui perdurent, on peut évoquer la Tronche (poignards de cuivre), le Fontanil, Qaint Quentin sur Isère…

Un ou deux siècles plus tard la civilisation dite « du Rhône » exporte depuis le Valais des haches spatules, des haches à bords droits que l’on a retrouvées en maints endroits : Pontcharra, Voreppe, Sinard, Saint Martin le Vinoux…

 

Du bronze moyen (-1500 à – 1200) on possède de notables vestiges au titre desquels on se contentera ici de citer les haches des environs de Grenoble (Cf. IIIème partie, chapitre I), la pointe de flèche du Sappey, le mobilier domestique de la grotte des Sarrasins, le mobilier et les bijoux de Saint Paul de Varces et de Rochefort…

 

Le bronze final (-1200 à – 800) voit la mise en place et le développement de la civilisation dite des « champs d’urnes » venue d’Europe centrale vers – 1100, sans que, jusqu’alors, des nécropoles caractéristiques de cette civilisation aient été découvertes dans la région grenobloise.

 

Néanmoins, une occupation assez dense est notée autour de Grenoble :

 

Ø  la Buisse,

Ø  Pariset,

Ø  Fontaine (sciallet des Vouillants),

Ø  Rochefort à Varces,

Ø  Rochepleine à Saint Egrève,

Ø  Sassenage (Bonne Conduite et grotte des chèvres),

Ø  Saint Martin le Vinoux (station de surface de la Buisserate),

Ø  Cossey à Claix (atelier de fondeur ?).

 

A cette période se rapportent des objets considérés comme provenant de Grenoble (bracelets, épée métallique, poignée d’épée à antenne, cuirasse en bronze (infra IIIème partie, chapitre I) et d’autres similaires, provenant des proches environs de Grenoble, telle par exemple l’épée en bronze de Pont de Claix.

 

Dès l’époque de Hallstatt (-800 à – 500), du nom éponyme de la très importante nécropole autrichienne caractérisant la civilisation du premier âge du fer, une voie reliant le bas Dauphiné à l’Italie est bien attestée par la concordance des sites du « groupe de l’Oisans » (la Palud d’Ornon, Mont de Lans) et ceux de Rochefort (nécropoles est et ouest) ; il s’agit sans doute de l’une des branches de la route de l’étain des Etrusques et des Grecs, Grenoble représentant, selon toute probabilité, un point de passage obligé sur cette route.

Dans l’immédiate région grenobloise, les périodes ancienne et moyenne du Hallstatt (8ème, 7ème siècles avant notre ère) ont laissé des traces discrètes et il faut attendre la période finale (6ème siècle avant notre ère) pour assister au développement de plusieurs nouveaux centres : la Tronche (infra, IIIème partie, chapitre I), Fontaine (l’Echelette), Saint Egrève (la Monta), Seyssinet (le Chatelas), Claix (couche inférieure du Val d’Allières) et, récemment fouillée en sauvetage, la plaine du Lavanchon à Varces (Drabuyard).

 

Les migrations celtiques marquent, traditionnellement, le début du 2ème âge du fer ou époque de la Tène, du nom de la station éponyme découverte en Suisse à l’extrémité orientale du lac de Neuchâtel.

 

A partir du 5ème siècle avant notre ère, s’amplifie le courant d’échanges commerciaux d’une part en direction de la plaine du Pô et de l’Etrurie par le Mont Genèvre, d’autre part avec la colonie grecque de Massilia par le col de la Croix Haute et la vallée du Rhône. Les influences grecques, si nombreuses en Provence et en Haute Provence, restent fort limitées dans notre région : la Buisse, Voiron (Sermorens), Saint Loup à Vif…

 

L’invasion des Celtes inaugure le début de cette colonisation, d’abord à l’est de la région (plateau savoyard) puis, progressivement, le bas Dauphiné et la vallée du Rhône. Les tribus gauloises semblent n’avoir imprégné que très progressivement  les autochtones des régions de montagne. Quelques nécropoles gauloises sont connues : Rives, Sassenage, Voreppe et divers sites attestent de la présence de ces nouveaux occupants : perles d’ambre de Saint Martin le Vinoux, Engins (le Mercier), Claix (trou du renard), Meylan, Pariset, Varces (Rochefort), la Tronche (pré Margat)…

Récemment la plaine du Lavanchon à Varces a, sur le tracé de l’autoroute A 51, révélé des établissements laténiens (Champ Nigat, Drabuyard).

 

La fin de l’indépendance gauloise (3ème et 2ème siècles avant notre ère) est également jalonnée par diverses trouvailles monétaires (Saint Quentin sur Isère, Saint Laurent du Pont, Vaulnaveys le Haut, Rochefort, la Tronche…).

 

En 118 avant notre ère, notre région entre pour une très longue période sous contrôle de Rome ; la protohistoire cède ainsi le pas à l’histoire.

 

Bibliographie sélective :

 

La bibliographie relative aux périodes préhistorique et protohistorique est considérable. Seuls les ouvrages directement utilisés pour cette synthèse sont cités ci-après dans l’ordre chronologique de leur publication.

 

H. MULLER :

- fouilles pratiquées dans une grotte située aux Balmes près de la Buisse près de Voreppe (Isère), BSEDEA T 1, n° 3 (1894), pages 187 à 191

- nouvelles fouilles aux Balmes de Fontaine, station de Barme Bigou, BSDEA T 2, n° 2 (1895), pages 73 à 77

- fouilles pratiquées dans les grottes et abris des Balmes de la Buisse en 1894 – 1895, BSDEA T 2, n° 2 (1895), pages 77 à 81

- fouilles pratiquées à la station néolithique des Balmes de Fontaine, BSDEA, T 4, n° 2 (1897), pages 145 à 156

- compte rendu des fouilles pratiquées aux Balmes de la Buisse en 1897 – 1899, BSDEA T 6 (1901), pages 259 à 265

- découverte et fouille d’une station néolithique dans les gorges d’Engins, AFAS 32ème session (1903), pages 820 à 823

- une nouvelle station néolithique près des Balmes de Fontaine (Balmes de Glos), AFAS (1904), pages 972 à 983

- notes sur les stations préhistoriques en plein air des environs de Grenoble, AFAS (1904), pages 1005 à 1011

- coup d’œil général sur le préhistorique des environs de Grenoble (1905), pages 185 à 188

- description de pointes de flèches en bronze trouvées en Dauphiné, BSDEA n° 69 (1906)

- une grotte sépulcrale présumée de l’âge du bronze à l’Echaillon, AFAS (1906), pages 140 et 141

- le camp de Rochefort près de Pont de Claix, AFAS (1907), page 288

- station néolithique et gallo romaine du Trou aux loups à la Buisse, AFAS (1907), pages 293 et 294

- la grotte néolithique funéraire à la Buisse, le croissant de Jade et analyse des fouilles successives, AFAS (1909), pages 782 à 796

- notes sur les stations aziliennes des environs de Grenoble (1912), pages 558 à 565

- une station magdalénienne de la grotte de l’Hermitage, AFAS (1913), page 115

- station magdalénienne de la grotte dite à Bibi des balmes de Voreppe, AFAS (1914), pages 627 à 634

- considérations sur le préhistorique de la région grenobloise, RGA, T V (1917), pages 386 à 402

- une épée de l’âge du bronze trouvée dans les dragages du Saut du Moine près de Pont de Claix, BSDEA T XXI (1921), pages 21 à 25

- la préhistoire et la protohistoire des environs de Grenoble dans Grenoble et sa région (1925), pages 673 à 684

V. PIRAUD : arbres sub fossiles trouvés dans le sous sol grenoblois, BSDEA n° 59 (1934)

H. MULLER et F. GAUTIER : fouilles à la Balme et à Château Bouvier, BSDEA T XXIX (1936), pages 39 et 40

GALLIA préhistoire : T IV (1961), page 328 et T VI (1963), pages 289 à 291

F. GAUTIER : rapport préliminaire sur le gisement de Balme sous le Moucherotte et sur l’oppidum dit Château Bouvier, manuscrit inédit (1982)

A. BOCQUET :

- la nécropole protohistorique de Saint Paul de Varces (1963)

- le sciallet funéraire du bois des Vouillants, Fontaine (Isère), bulletin de la société préhistorique de France, T 60 (1963), pages 847 et 857

- un vase de l’abri de Bzrme Bigou et le problème de la civilisation campaniforme dans la région grenobloise, BSDEA T 41 (1965), pages 22 à 28

A. BOCQUET et M. PAPET : la grotte des Sarrasins, Seyssinet Pariset, Isère, BSDEA T XXXXII (1966), pages 119 à 124

A. BOCQUET :

- une station protohistorique à Sassenage du bronze final III, bulletin de la société préhistorique de France, T 64 (1967), pages 501 à 516

- l’Isère préhistorique et protohistorique, GALLIA préhistoire T 2 (1969)

- catalogue des collections préhistoriques et protohistoriques du musée dauphinois (1969)

COLLECTIF : le Vercors, terre de préhistoire, cahiers culturels du parc du Vercors n°1 (sd, vers 1971)

J. C. MICHEL :

- la préhistoire dans le canton de Vif, bulletin des AVG n° 8 (1979), pages 4 à 17

- le mont Saint Loup, acropole vifoise, bulletin des AVG n° 14 (1984), pages 6 à 12 avec bibliographie du site

COLLECTIF : les climats de la préhistoire, Histoire et Archéologie n° 93 (avril 1985)

COLLECTIF : archéologie chez vous n° 4, la vallée de la Gresse (1985) : notices de Régis Picavet, Aimé Bocquet et J. C. Michel

J. C. MICHEL :

- à propos de quelques objets préhistoriques de Saint Paul de Varces, bulletin des AVG n° 17 (1986), pages 21 et 22

- Saint Paul de Varces à l’aube de l’histoire, bulletin des AVG n° 26 (1989), pages 51 à 55

R. PICAVET : la sépulture collective de Comboire, CRPV bulletin n° 4 (1989)

COLLECTIF : Vassieux (sd, vers 1990)

J. C. MICHEL :

- Comboire, les traces de l’histoire, Claix magazine n° 1 (1989)

- le Grand Rochefort, bulletin des AVG n° 32 (1993), pages 44 et 59 avec bibliographie du site

- A 51 : découvertes archéologiques, bulletin des AVG n° 38 (1996), pages 23 à 26

- le rocher de Comboire de la préhistoire à aujourd’hui, bulletin des AVG n° 39 (1997), pages 9 à 12 avec bibliographie. 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre IV : Grenoble

 

I – le site de pont

 

Pourquoi une ville est-elle née à cet emplacement ?

 

En région de montagne, il faut bien admettre que toutes les villes d’origine antique sont liées à la circulation : toutes se sont installées dans les vallées de préférence aux carrefours, pour surveiller un passage ou encore parce qu’il existait un site de pont.

 

Grenoble réunissait plusieurs de ces critères : elle était située sur une route transversale importante puisque reliant Rome et l’Italie à la vallée du Rhône qui devait, pour ce faire, franchir sans trop de danger l’Isère et cela n’était possible qu’à Grenoble (infra, 2ème partie, chapitre V). En effet, de la Savoie à Saint Gervais aucun autre pont ne put être construit avant le 19ème siècle, exception faite d’une passerelle (qualifiée de « mauvaise ») jetée à la hauteur de Goncelin aux 16ème, 17ème siècles succédant à un gué ancien qui n’eut jamais sans doute qu’un usage local.

 

Grenoble est donc née d’un site de pont. Celui-ci est transcrit, dans la réalité historique, par la convergence de plusieurs voies antiques (infra, 2ème partie, chapitre XXI) dont trois au moins sont fondamentales. La plus importante, déjà citée, qui mène de Vienne à Turin par l’Oisans, Briançon et le col de Montgenèvre : c’est celle que mentionne la Table de Peutinger. Une seconde voie remonte en Grésivaudan la rive droite de l’Isère pour rejoindre près de Mantala (Saint Jean de la Porte en Savoie) la route d’Italie par le col du petit Saint Bernard. Une troisième, enfin, relie Grenoble à Fréjus par le col de la Croix Haute, Sisteron et Riez : c’est celle empruntée par L. Munatius Plancus pour se porter, avec ses légions, de Lyon à Forum Voconii en 43 avant notre ère (infra, 2ème partie, chapitre V).

 

Bibliographie sélective :

 

P. et G. VEYRET et F. GERMAIN : Grenoble, capitale alpine (1976), pages 41 et 43

V. CHOMEL (Dion) : histoire de Grenoble (1976), pages 16 à 18

B. DANGREAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances (1996), page 7

 

 

II – Cularo et Chalemont

 

Les anciens historiens (Savaing de Boissieu, Expilly, Aymar du Rivail, Guy Allard…) situaient Cularo rive droite de l’Isère, eu égard au fait qu’il paraissait alors improbable que les Allobroges n’aient pas choisi, pour s’établir, un site d’oppidum que seule la rive droite pouvait offrir.

J. F. Champollion Figeac le premier, devait soutenir et développer une thèse inverse : arguant de la lettre de Munatius Plancus qui, selon lui, démontrait que le territoire Allobroge se terminait sur la rive droite de l’Isère, situait Cularo sur la rive gauche mais en territoire Voconce (voir sur ce point, infra I, 4 : les limites de la civitas).

A. Prudhomme, pourtant visionnaire sur bien des points, considérait également que les habitudes des Allobroges ne pouvaient que les conduire à s’installer sur un site d’habitat qu’il voyait – nécessairement – sur la rive droite de l’Isère, allant même jusqu’à vouloir démontrer que le berceau de Grenoble se situait, précisément, dans la partie occupée aujourd’hui par le quai Perrière et la rue Saint Laurent.

 

Il est frappant de constater que cette opinion a perduré et qu’elle prévalait récemment encore auprès d’archéologues contemporains : ainsi, G. CHAPOTAT sui hésitait encore entre rive gauche et rive droite mais que l’on sentait enclin à opter pour cette dernière et, plus récemment encore, R. GIRARD pour qui la lettre de Plancus ne laissait aucun doute : Cularo était sur la rive droite.

 

Et pourtant, la géologie et l’archéologie s’accordent totalement : Cularo semble avoir pris naissance sur la rive gauche.

 

Dans un long combat qui, sans doute, a du durer des millénaires, le Drac a repoussé l’Isère en un lit étroit, se faufilant au pied des escarpements lithoniques de la Bastille Dompté par le « Dragon », le « Serpent » doit renoncer ici à ses caprices et de ce fait créer les conditions idoines de son franchissement.

 

Alors que la rive droite de l’actuel quartier Saint Laurent étiré entre la rivière et les abruptes pentes de la Bastille n’offrait aucune sécurité pour y implanter un habitat, la rive gauche bénéficiait elle, semble t-il, d’un « tertre » s’élevant de quelques mètres à peine au dessus du niveau de la plaine entre deux bras dérivés du Drac, le Draquet et le Verderet : de la rue Brocherie à la rue des Clercs par la place aux Herbes et la place Claveyson, cette plate forme, de quelques hectares, pouvait offrir un abri exigu mais hors d’atteinte des eaux : ceci a largement été vérifié lors des innombrables innondations qu’a subies Grenoble : ainsi, lors des crues d’août 1525, les bouchers transportent leur commerce sur l’actuelle place aux Herbes ; le 14 novembre 1651 l’eau parcourt toute la ville à l’exception des rues Brocherie et du Palais et de la place aux Herbes ; le 14 novembre 1651, l’eau parcourt toute la ville à l’exception des rues Brocherie et du Palais et de la place aux Herbes. En 1733 les eaux, qui emportent le pont de bois, n’épargnent que l’îlot de cette même place et la place Claveyson ; c’est encore ces deux places et la place Brocherie qui seront protégées lors du « déluge de la Saint Crépin » en octobre 1778 et de même en en novembre 1859 lorsque l’Isère élève sa cote de plus de cinq mètres.  

 

Or, rappelle Raoul BLANCHARD, « c’est juste à l’endroit où l’Isère resserrée contre la montagne possède son minimum de largeur et est le moins disponible à divaguer… ».

 

C’est donc bien, selon lui « sur la tête de ce tertre » que vient s’appuyer le pont romain de Munatius Plancus, ajoutant : « rien n’empêche de croire que sur cet emplacement favorable est née la bourgade de Cularo ».

 

Faut-il enfin rappeler, comme l’avait fait H. MULLER, que si la rive droite n’a pas, à ce jour, livré de vestiges antérieurs à notre ère, la rive gauche, par contre et très précisément le cône de déjection identifié par R. BALANCHARD ont livré nombre d’objets des premiers temps de l’occupation romaine, voire même d’une occupation antérieure à celle-ci : fibules du 1er siècle avant notre ère, céramiques de la Tène, monnaies républicaines…

 

Même si l’hypothèse de la « tête de pont », telle que l’a développée R. BALANCHARD est aujourd’hui contestée par des travaux récents (le « môle » n’étant semble t-il que du remblaiement humain et non un cône naturel), l’assimilation de Cularo avec la rive gauche de l’Isère est aujourd’hui l’interprétation dominante. Mais celle-ci ne s’oppose nullement du reste à l’existence, dans le même temps, d’un « village » de Chalemont sur la rive droite.

 

Les deux toponyes sont d’ailleurs sans doute d’aussi haute origine. Pour les auteurs de « l’Histoire de Grenoble » (direction V. CHOMEL), le caractère celtique du toponyme Cularo est assuré. Selon  P. L. ROUSSET, Cularone peut se décomposer en « cul-ar-one » ; « cul », mot indo européen serait passé du sens gaulois « dos » au sens latin « cul », derrière, puis aurait évolué en patois vers « fond » et « creux ». Il est sans ambiguïté et ne peut pas être d’origine latine puisque le village s’appelait déjà de cette façon lorsque Munatius Plancus s’y arrêta. On retrouve encore ce mot aujourd’hui sous la forme « kul » et « kil » en irlandais et en gallois avec la signification « dos ».

 

Le franco provençal en ces lieux retirés en a aussi gardé une trace ; ainsi, en Oisans, « ku » au dos de la montagne de l’Homme. Il signifie donc bien que le petit bourg d’alors était « au dos », adossé à l’extrémité des derniers contreforts de la Chartreuse (et non sur ceux-ci). 

 

La syllabe « ar » pourrait être un élargissement que l’on retrouve en d’autres lieux tels « Cadarossa » (Caderousse) dans le Vaucluse ou « Cattarosco » (Caderot) dans les  Bouches du Rhône.

 

La finale « one », déjà employée en ancien provençal comme elle le sera en français, est peut être diminutive ou pourrait représenter un suffixe utilisé à l’époque gallo romaine pour désigner de petits domaines.

 

C’est ainsi que P. L. ROUSSET s’interroge même pour savoir si, en définitive, le petit bourg de Cularo et son maigre terroir n’occupaient pas les deux rives, notant à cette occasion, que les toponymes de ce type se retrouvent en de nombreux « cul », « cula », culasson », « culaz », « cule », culée » alpins ou « reculées » du Jura. Ainsi, localement, « culas » au Moutaret et les « Culattes » à la Ferrière d’Allevard et à Chapareillan. Dans tous les cas ce sont des croupes ou des lieux adossés à des pentes ou des rochers….

 

« Chalemont » selon R. BLANCHARD est un nom « dans lequel il ne semble pas malaisé de retrouver la racine Ibère « calma » qui a donné dans les Alpes tant de noms de lieux… ».

 

P. L. ROUSSET y voit l’assemblage de deux ternes indo européens : « Chal » et « Mont ». « Chal », très répandu serait, selon lui, issu de la racine « calmis », la lande. Accolé avec « mont » ce serait la lande ou le pâturage de la montagne. Il imagine bien ces deux toponymes comme étant inséparables du mot qui leur était accolé « montée ». La montée de Chalemont, c’est donc le chemin qui donnait accès aux petits pâturages de la Bastille (alors Mont Asson ou Esson), du Jalla et du Rachais…

 

Le débat est-il pour autant clos ? 

 

Si l’on est désormais assuré du sens qu’il convient de donner aux termes employés par Plancus dans sa lettre à Cicéron « ex finibus Allobrigum », il manque néanmoins encore la preuve définitive permettant de situer avec précision laquelle de la rive droite ou de la rive gauche a vu les premières origines urbaines de Cularo. Mais une telle preuve, même si une quasi certitude est désormais acquise en faveur de la rive gauche, existera t-elle jamais ?  

 

 

Bibliographie :

 

J. J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble ou histoire ancienne de cette ville d’après ses monuments (1807), notamment pages 8 et ss

J. J. A. PILOT : Grenoble inondée (1859)

A. PRUDHOMME : histoire de Grenoble (1888)

R. BLANCHARD : Grenoble, étude de géographie urbaine, bulletin de l’Académie Delphinale, 5ème série, T IV (1910), pages 107 à 261

H. MULLER : les origines de Grenoble (1930)

V. PIRAUD : le site de Grenoble, ses rapports avec l’archéologie, BSDEA n° 182 à 184 (1948), pages 3 à 5

G. CHAPOTAT : contribution à l’étude de la préhistoire et de la protohistoire dans la région viennoise (1959), pages 44 à 46

P. et G. VEYRET et F. GERMAIN : Grenoble, capitale alpine (1967)

R. GIRARD : Grenoble dans l’antiquité, manuscrit CAHMGI (1969)

V. CHOMEL (Direction) : histoire de Grenoble (1976)

B. DANGRAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances, Cahiers d’Histoire T XXXI (1986)

CAG 38/1 (1994), pages 67 et 68

J. L. PEIREY et C. FEOUGIER : à propos de la fondation de Grenoble : un réexamen de l’hypothèse d’une installation primitive sur un môle alluvial, DARA n ° 15

 

 

 

 

 

 

 

 

III – Le nom de Grenoble dans les sources antiques et dans l’épigraphie

 

Grenoble antique est connue sous deux noms principaux : Cularo et Gratianopolis.

 

Guy ALLARD dans sa « description historique de la Ville de Grenoble » dit que Ptolémée donne à Grenoble le nom d’Acusion, Colonia Acusianorum. L’œuvre de Ptolémée, géographe alexandrin de langue grecque de la première moitié du deuxième siècel de notre ère se réduit, on le sait, à des listes administratives de peuples et de cités ave leur position vaguement géographique.

 

Ainsi cite t-il pour la Gaule Narbonnaise (chapitres II, X, VIII) « Acusio colonia » sous les Segallauni et dans les villes des Cavares.

Dès lors, l’erreur de Guy ALLARD est manifeste.

Sachant qu’il a tiré l’essentiel de ses sources d’Etienne BARLET, lequel avait en partie copié Antoine de GOVEA (infra, épigraphie lapidaire) on peut se demander s’il n’avait pas pris cette information erronée dans l’œuvre de ses prédécesseurs bien qu’il n’en fasse nulle mention.

 

Cette assimilation d’Acusio à Grenoble devait néanmoins perdurer et il faut attendre PILOT pour voir naître les premiers doutes sérieux. Néanmoins, en 1962, un auteur grenoblois faisait encore dériver le nom de Cularo d’ « Aculonia, colonie d’Acusiens (sic) fixée à Grenoble.  

 

Depuis lors, G. BARRUOL a définitivement montré qu’Acusio était en fait le » Dourion » de Strabon et devait être situé près de Montélimar, sans doute au lieudit actuel « Notre Dame d’Aygu ».

 

Le nom de Cularo et ses variantes graphiques (Cularone, Cularonis, Cujarone, Cularonensis, Culabone, Curarore, Curarone, Calarone) est cité 8 fois dans les sources antiques et, pour la première fois, dans la célèbre lettre de Munatius Plancus de l’an 43 avant notre ère expédiée de « Cularone ex fibibus Allobrogum » (infra 2ème partie, chapitre V).

 

Le nom de Cularo se retrouve ensuite dans quatre inscriptions lapidaires :

 

. l’inscription funéraire de Publius Primitivus « librario » à la « stationis Cularonensis » datée du début du 3ème siècle (infra, inscription n° 40),

.  l’inscription funéraire de Gaius Sollius Marcullus, également receveur à la « Stationis Cularonis » qui est aujourd’hui la seule inscription conservée portant le nom de Cularo (infra, inscription n° 39). Difficilement datable, elle est en tous cas antérieure à la fin du 3ème siècle,

. les inscriptions dédicatoires de la Porte Viennoise et de la Porte Romaine (fin du 3ème siècle) et des murs de Cularo « murus Cularonensibus » (infra, inscriptions n° 15 et 16).

 

On le retrouve également dans les itinéraires antiques :

 

-       la « Table de Peutinger » : alors que l’on considérait traditionnellement ce document fondamental comme une compilation de trois cartes d’époques différentes (Agrippa (*), Caracalla et début du 5ème siècle) on s’accorde aujourd’hui à penser en fait que cette « table » a connu deux phases significatives :

Ø  l’une du début du 3èe siècle avec une rédaction en Orient,

Ø  l’autre de la fin du 4ème siècle ou du début du 5ème siècle (époque de Théodose II) incluant les stations d’Orient.

 

(*) il est à noter qu’à l’intérieur du « Porticus Vipsania » construit à Rome par Vispania Pollia, sœur d’Agrippa, était exposée, peinte sur un mur, une carte du monde antique de laquelle est peut être tirée une partie de la Table de Peutinger

 

On sait que la copie du document antique fut effectuée par un moine de Colmar au 13ème siècle et reçue au 16ème siècle  par Konrad Peutinger d’Augsbourg par dispositions testamentaires pour la publier. Elle ne le sera partiellement qu’en 1591 puis en totalité en 1598.

La partie occidentale qui nous intéresse ici ne semble pas avoir été modifiée et traduirait donc les appellations en vigueur au 3ème siècle. Grenoble y apparaît sous la forme « Culabone » ou « Curarore ».

 

L’Itinéraire Antonin, autre carte antique de la fin du 3ème siècle qui pourrait confirmer les données de la Table de Peutinger présente malheureusement de nombreuses lacunes pour la Gaule et Cularo n’y figure pas.

 

La Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne : il s’agit d’une compilation de la fin du 8ème siècle due à un moine érudit qu’on a cherché à identifier avec le cosmographe latin Castorius ou alors avec Flavius Castorius de Ravenne. L’ensemble est divisé en cinq livres. L’auteur abrège des documents qui remontent au 5ème siècle. A en juger par les toponymes, l’état du 5ème siècle est lui-même le résultat du dépouillement d’une carte routière sans doute plus complète que la Table de Peutinger mais comportant beaucoup d’erreurs.

 

Grenoble y est mentionnée sous la forme « Curarore ».

 

On la retrouve enfin dans la Notitia Dignitatum Imperii, sorte de catalogue des fonctionnaires et des corps de troupe de tout l’empire.

 

Dans son état actuel, la Notitia Dignitatum pourrait dater des environs de 430 et serait un exemplaire appartenant au principia des notaires d’Occident mais la rédaction primitive remonterait aux environs de 364, ce qui expliquerait alors pourquoi Grenoble y figure toujours sous le nom de « Calarone » : « In Provincia Gallia riparens tribunum cohortis priame Flavia Sabaudia Calarone » (XLII, 13-17) : « dans la province de Gaule Ripuaire, le tribun de la cohorte première à Cularo de Sapaudia ».

 

Ceci mérite attention et divers éléments sont à considérer.

 

La « Provincia Gallia Riparen(sis) », province de Gaule Ripuaire, est une éphémère province militaire qui semble avoir été constituée pour la défense contre les invasions germaniques vers la fin du 3ème siècle sous Dioclétien dans la région du Rhône et des Alpes, depuis le lac Léman jusqu’à la Méditerranée. Selon toutes probabilités, elle n’existait plus depuis longtemps au début du 5ème siècle, ce qui pourrait montrer que la « Notitia » superpose des éléments relevant d’époques fort différentes. Il en subsiste toutefois, comme témoignage onomastique, la « Doria Riparia » ou Doire Ripuaire, torrent prenant sa source non loin du Montgenèvre.

 

La « Cohors Prima Flavia » rappelle, qunt à elle, la famille des Flaviens et relève sans doute u règne de Constantin (début du 4ème siècle).

 

Mais ce qui pose également problème est la mention « Sabaudia Calarone ».

 

Pendant des siècles, on a admit comme évidence que la Sapaudia ne pouvait être que la Savoie et plusieurs régions voisines (Dombes, Bourgogne…). Or, Grenoble n’en a jamais fait partie.

 

C’est la raison pour laquelle cet énigmatique « Calarone » a été située par certains auteurs à Châtillon de Chalarone » dans l’Ain, au bord d’une rivière affluente de la Saône et à proximité de voies de passages fréquentées ; aucune preuve ne permet cependant d’étayer cette hypothèse.

 

Grenoble qui avait au cours de son histoire accueilli plusieurs fois des armées importantes (celle de Munatius Plancus, celle de Placidianus notamment) se prête mieux, selon toute évidence (stratégique, infrastructures…) au stationnement d’une cohorte (600 hommes environ).

 

On peut aussi, il est vrai, imaginer qu’une cohorte formée de soldats originaires de la Sapaudia, en garnison à Grenoble, ait conservé le souvenir de son pays d’origine comme l’avait fait, jadis, la légion Thébaine par exemple.

 

L’autre nom antique de Grenoble, Gratianopolis et ses variantes Gratianopolitana, Gratianopolitanus… apparaît sept fois dans les sources antiques.

 

Tout d’abord dans la « Notitia Galliarum » ou « Notice des Provinces et cités de Gaule » : il s’agit, pour l’essentiel, d’un document de l’extrême fin du 4ème siècle avec des adjonctions allant jusqu’au 6ème siècle. Grenoble y apparaît pour la première fois  sous la forme « Civitas Gratianopolitana ». De ce fait, tous les auteurs, ou presque, ont assimilé par analogie onomastique le second nom de Grenoble à celui de l’empereur Flavius Gratianus – Gratien – qui régna de 367 à 383 ce qui parait du reste hautement probable (sur Gratien, infra V).

 

Toutefois, certains avis discordants ont été exprimés ; ainsi PILOT y voyait un dérivé d’une famille Gratia, Gratiana comme d’ailleurs l’avaient vu avant lui Salvaing de Boissieu et Champollion et HOSTACHY un dérivé de « Granus » (Apollon) ce qu’un auteur contemporain (S. BATTFOI) n’hésite pas à reprendre, faisant dériver le nom de Grenoble de Granos, Granopolis.

 

Mais sur le changement de nom de la ville, les auteurs divergent quelque peu.

 

Ainsi CHORIER y voyait-il le souvenir d’une compagnie de cavalerie « equites Gratiana » ayant donné le nom de son maître à la ville ou elle tenait garnison ( !).

 

Guy ALLARD avait quant à lui deux avis différenciés : dans le « Description historique… » il affirmait : « le nom de Gratianopolis, Urbs Gratiani, lui fut donné parce qu’on y célébrait des jeux en l’honneur de cet empereur qui furent si magnifiques qu’estant connus de tout l’empire on commença à lui donner le nom de Ville de Gratien », cependant que dans son « dictionnaire » il indiquait que Grenoble avait changé de nom par suite d’un « décret impérial » que Gratien aurait signé « dans la ville même ».

 

Les auteurs modernes s’accordent à penser non seulement que le nom de Grenoble découle bien de celui de l’empereur Gratien mais qu’il y aurait eu simultanéité entre le changement de nom et le changement de statut de la ville (G. BARRUOL, B. BLIGNY, V. CHOMEL, A. PELLETIER, A. BOCQUET, M. COLARDELLE…) ce qui, on le verra, est loin d’être établi avec certitude.

 

La date présumée de ce changement est fixée par ces mêmes auteurs entre 379 et 383.

 

Nombre d’entre eux y voient, plus précisément, une relation avec le concile d’Aquilée du 3 ou du 5 septembre 381 au cours duquel seront condamnés les évêques ariens Pallade et Secondien ainsi que le prêtre Attale et dont on note, parmi les participants, dûment attestés « Dominus, episcopus Gratianopolitanus », Domnin, évêque de Grenoble.

 

On a dès lors imaginé l’enchaînement suivant : Gratien, en se constituant bras séculier contre l’hérésie arienne, s’était attiré toutes les faveurs de la chrétienté et, notamment, celles du pape Damase et d’Ambroise, archevêque de Milan. On a dit, à cet égard, que ce dernier connaissait bien Domnin et qu’il aurait pu être le maître d’œuvre de la création de l’évêché de Grenoble et de sa renomination sous le vocable d’un empereur que le christianisme se devait de saluer, de remercier et d’honorer.

 

G. de MANTEYER, pour sa part, allait encore plus loin dans des explications qui, aujourd’hui, semblent en partie contestables :

 

« Il est évident que le nom de Gratianopolis qui remplaça celui de Cularo, ne peut avoir été imaginé que pendant les années du règne de Gratien (367 – 383)… et plus précisément en 378 ou 379. Et MANTEYER d’expliquer que le nouveau nom de Grenoble est emprunté à la langue grecque et que « Gratien ne peut l’avoir conféré que pendant les quelques mois où, résidant à Sirmium, il régnait aussi bien sur l’orient grec que sur l’occident latin de l’empire… ».

 

Il est vrai que les analogies du même type, Antibes (Antipolis), Théopolis (Théoule), Néapolis (la Napoule) remontent aux comptoirs grecs de Gaule mais l’on peut aussi noter que l’usage du mot « polis) se généralise en Occident à cette période avec le composé « Métropolis » qui s’applique aux chefs lieux de province et, peu après, avec la mythique « Théopolis » (ou cité de Dieu ?) de Dardanus dans les environs de Saint Geniez.

 

On a aussi dit, sans preuves, que Gratien avait passé l’hiver 379 à Grenoble qui aurait alors pris son nom.

 

Il n’en demeure pas moins que c’est bien dans la fourchette de temps relativement précise de 379 – septembre 381 qu’il faut situer le remplacement du nom de Cularo par celui de Gratianopolis, ce qui ne saurait pour autant signifier que le changement de statut de la ville ait été concomitant (infra, chapitre suivant).

 

Des quelques cités de Gaule portant le nom d’un empereur du bas empire, Grenoble est assurément la plus tardive : le changement de nom d’Orléans (Cenabum) pour celui d’Aurelianorum étant intervenu entre 270 et 275 et celui de Coutances (Cosedia) pour celui de Constantia (par la volonté de Constance Chlore), datant de 305 – 306.

 

Par ailleurs, G. BARRUOL relève que le changement de nom de Grenoble a eu pour effet – et cela est exceptionnel – de faire disparaître totalement le toponyme indigne, qui n’a laissé rigoureusement aucune trace, alors que non seulement le nouveau nom a perduré dans celui de la ville mais il a également laissé une trace définitive dans le pagus environnant : pagus Gratianopolitanus, qui deviendra le Graisivaudan.

 

Dès lors, la dénomination de la ville ne change plus :

 

-       Saint Augustin (De Civitate Dei) vers 413 – 426 parlant de la « Fontaine Ardente », la situe « non longe à Gratianopoli civitate ».

-       Lettre du 5 mai 450 du pape Léon aux évêques comprovinciaux de la métropole d’Arles : « l’évêque de Vienne aura pour suffragants… Gratianopolis »

-       Peu après (été 450), lettre de l’évêque Ceretius de Gratianopolis au pale Léon le remerçaiant de son instruction à Flavien, évêque de Constantinople, qu’il a fait lire dans son église.

-       Sidoine Appolinaire (Epitres III, 14, 1) vers le milieu du 5ème siècle écrivant à Placide, évêque de Grenoble « quanquam re tua tenet Gratianopolis »

-       Grégoire de Tours (Historia Francorum IV, 44) vers 594.

 

Bibliographie :

 

Sources antiques :

 

-       PTOLEMEE : géographie, Ed. C. Müller, Paris Didot, 1883

-       STRABON : géographie, livre IV, Ed. Les Belles Lettres, Paris, 1966

-       SAINT AUGUSTIN : De civitate Dei, livre 2, chapitre VIII (Marrou, 1937)

-       SIDOINE APPOLINAIRE : Epitres, III, 14, 1

-       Grégoire de TOURS : Historia Francorum, IV, 44 (Krush et Lewison, 1951)

-       J. SCNETZ : Iitnaria III (Leiptzig 1940) : Table de Peutinger et Cosmographie de l’Anonyme de Ravenne, IV, 27, page 241

-       O. SEEK : Notitia Galliarum et Notitia Dignitatum Imperri, 1876, XI, 5 et XLII, 13 à 17

 

Autres sources :

 

-       Guy ALLARD : description historique de la ville de Grenoble, vers 1660, réédition 1992, pages 7 à 10 ; dictionnaire du Dauphiné, 1664, (édition 1884), T 1, pages 385 à 389

-       J. J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble ou Histoire de cette ville d’après ses monuments, 1807, pages 12 à 16 et pages 24 à 27

-       J. J. A. PILOT : histoire de Grenoble et de ses environs, 1829 et Recherches sur les antiquités dauphinoises, 1833, page 74

-       B. GUERARD : essai sur les divisions territoriales de la Gaule, 1832, pages 12 à 34

-       A. ALLMER et H. de TERREBASSE : inscriptions antiques et du moyen âge, 1875 – 1876, T 3, pages 120 à 122

-       A. PRUDHOMME : histoire de Grenoble, 1888, pages 25 à 27

-       O. HIRSCHFELD : Corpus inscriptionum latinarum, T XII, 1888, pages 273 à 276

-       U. CHEVALLIER : Regeste Dauphinois, T 1, 1913, n° 37, page 9, n° 40, page 10,  n° 46, page 11, n° 78, page 17, n° 87, page 19, n° 88, page 19

-       R. P. HOSTACHY : les vraies origines de Grenoble, 1962, pages 11 et 55

-       G. BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 24 à 26, 77, 123, 300 et 303

-       J. MOREAU : dictionnaire de géographie de la Gaule et de la Franbce, 1972, page 129

-       B. BLIGNY (direction) : histoire du Dauphiné, 1973, page 79

-       H. P. EYDOUX : réalités ethniques de l’archéologie, 1975, pages 151 à 172

-       S. BATFROI : histoire secrète des Alpes, 1981, page 89

-       J. PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, histoire et archéologie, 1983, pages 297, 298, 303 et 317 à 319

-       B. DANGREAUX : les origines de Grenoble, l’état des connaissances, 1986, pages 1 à 3

-       Collectif : premiers chrétiens en Gaule méridionale, antiquité tardive et haut moyen âge, 3ème, 5ème siècles (1996), pages 30 à 32

-       A. PELLETIER et alii : histoire et archéologie de la France ancienne, Rhône Alpes, de l’âge du fer au haut moyen âge, 1988 (notamment page 56)

-       R. BEDON, R. CHEVALLIER et P. PINON : architecture et urbanisme en Gaule romaine, T 2, 1988, page 149

-       A. de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des villes de France, Grenoble, 1990, page 21

-       J. BOUDON et H. ROUGIER (direction) : histoire du Dauphiné, T 1, 1992, pages 133 et 134

-       P. L. ROUSSET : plaidoyer pour un empereur, Gratien, Gratianopolis et Grenoble, 1992

-       A. PELLETIER, F. DORY, W. MEYER et J. C. MICHEL : carte archéologique de la Gaule : l’Isère 38/1, 1994, pages 43 et 68

-       F. COARELLI : guide archéologique de Rome, 1994, page 171

-       B. REMY, F. BALLET et E. FERBER : carte archéologique de la Savoie, 73, 1996, page 73 (la question de Cularone)

-       R. CHEVALLIER : itinéraires routiers dan l’Archéologie  n° 28, février mars 1997, pages 12 et ss

 

 

 

 

IV – des origines de la civitas des Allobroges à la civitas Gratianopolita

 

1 – les origines :

 

Ø  avant la conquête :

 

Au 4ème siècle avant notre ère, différentes tribus gauloises, d’origines et d’ethnies différentes, sont déjà solidement implantées dans notre région. : Allobroges de la vallée du Rhône au Léman, Vocontii au sud, Ucenii (ou Iconii) en Oisans, Tricorii dans la vallée du Drac et le Trièves, Segovellaunii en Basse Isère, Vertamocorri dans l’actuel Vercors.

 

En ce qui concerne les Allobroges, on pense qu’ils seraient arrivés – peut être d’Europe Centrale – vers 450 avant notre ère et qu’ils se seraient sédentarisés dans les basses plaines jusqu’alors délaissées : Voreppe, Sassenage, Fontaine, rives de l’Isère…

Si l’origine précise de ce peuple (peut être confédéré) n’est pas connue avec certitude, on pense que leur nom pourrait dériver – à moins que ce ne soit l’inverse – de la divinité Allobrox dont une dédicace a été trouvée en 1857 dans les ruines de ce qui devait être un sanctuaire à la Bâtie Montsaléeon dans les Hautes Alpes (pourtant en territoire Voconce !) (CIL XII, 1531). Cette inscription, aujourd’hui conservée au Musée de Gap est la suivante :

 

« Pompeia Lucilla / Allobrog(i) / V(otum) S(olvit) L(iberis) M(erito) » soit « Pompeia Lucilla à Allobrox. Elle s’est acquittée de son vœu de bon gré et à juste titre ».

 

Il est vrai que l’on a essayé de proposer une autre lecture : « Allobrog(ibus) » (ou « Allobrog(icis) » et, sous entendu « Matribus », l’épithète s’appliquant alors aux Mâtres, les déesses mères, dont le culte est particulièrement bien attesté (infra, inscriptions n° 8 et 9). Mais les propres auteurs de cette lecture différenciée reconnaissent qu’il faut préférer la première interprétation.

 

                                                                       oOo

 

Dès au moins la fin du 3ème siècle avant notre ère, les Allobroges occupaient continûment les deux rives de la moyenne Isère lorsque cette vallée fut empruntée par l’armée carthaginoise d’Hannibal. C’est POLYBE, le premier, qui les mentionne expressément, alors même que pour se faire une opinion sur les récits contradictoires qui couraient déjà à son époque sur la traversée des Alpes par Hannibal, il refait – vers 150 avant notre ère – le parcours tant controversé depuis, des évènements de 218 avant notre ère, déclarant : « je puis parler de ces évènements avec assurance parce que je tiens mes renseignements de témoins contemporains ( ?) et que j’en ai visité le théâtre au cours d’un voyage que j’ai fait dans les Alpes pour observer de mes propres yeux ce qui en était » (3, 48).

 

Près de 150 ans après lui, TITE LIVE, on le sait, reprendra en partie ses écrits, les mêlant à d’autres sources non identifiées pour tenter également de reconstituer la fabuleuse épopée.

 

« Avec l’appui des Allobroges » dit POLYBE, et « pendant dix jours Hannibal longe l’Isère sur huit cent stades » (environ 145 km) ce qui, si l’on part du confluent de l’Isle vers Valence l’aurait amené aux environs de Pontcharra.

 

Mêmes si les récits de POLYBE et de TITE LIVE divergent ensuite sur la traversée des Alpes, du moins s’accordent-ils sur cette partie d’itinéraire et, après eux, la presque totalité des auteurs qui ont cherché à reconstituer le parcours d’Hannibal.

 

L’extravagante armée, composée encore lors de sa traversée du pays Allobroge, de 38 000 fantassins, 8000 cavaliers et 37 éléphants, aurait donc longé l’Isère soit jusqu’à Pontcharra si l’on opte ensuite pour le col du Cucheron (PRIEUR), soit même jusqu’au confluent de l’Arc (BARRUOL par exemple) et serait donc nécessairement passée par Grenoble (rive gauche). Telle est aujourd’hui l’opinion de la majeure partie des auteurs (et notamment de S. LANCEL) mais il ne saurait être question de chercher ici à aller au-delà de cet état de fait (*)

 

(*) Voir néanmoins à cet égard, les différentes thèses en présence dans la rubrique « Hannibal » du présent site Internet.

 

En cette fin du 3ème siècle avant notre ère, il semble que le système monarchique ait prévalu chez les Allobroges. Le roi est alors assisté d’un sénat qui réunit les membres de l’aristocratie, ceux que César nommera plus tard « equites ». Un siècle plus tard, la monarchie est remplacée par un système oligarchique avec des magistrats, un sénat et une assemblée du peuple. Des relations commerciales suivies s’instaurent avec le sud de la Gaule, Marseille, l’Italie et même la Grèce.  

 

 

Ø  De la conquête romaine à la Provincia

 

Près d’un siècle après le passage d’Hannibal sur le territoire des Allobroges, on connaît de manière plus assurée les grandes étapes de la pénétration romaine en Gaule méridionale. Si l’occasion de la première intervention de Rome vers 154 avant notre ère avait été la menace que les Ligures faisaient peser sur les comptoirs massaliotes, les deux premières expéditions militaires conséquentes furent celles de 125 et 124 avant notre ère, respectivement commandées par Fulvius Flacus et Sextus Calvinus qui vainquirent les Salyens et détruirent leur forteresse d’Entremont vers Aix en Provence.

 

C’est alors la fondation d’ Aquae Sextiae » (Aix en Provence) par Sextius, première implantation permanente des romains en Gaule.

 

Le conseul Cneius Domitius Ahehobarnus, successeur de Sextius Calvinus, prenant alors le prétexte de ce que les Allobroges protégeaient Teutomatius, le chef gaulois vaincu d’Entremont, et refusaient de le livrer – ce qui en faisait à ses yeux un casus belli – leur déclare la guerre. On sait ce qu’il advint : au début de l’année 121 avant notre ère, C. D. Ahenobarbus bat les Allobroges à Vindalium  au nord est d’Avignon : selon Tite Live ces derniers perdent 20 000 hommes et abandonnent aux légions romaines 3000 prisonniers.

 

Dans l’été de la même année, les Allobroges sont de nouveau battus, et de manière décisive, au confluent du Rhône et de l’Isère par Quintus Fabius Maximus. Les pertes gauloises sont considérables : 120 000 hommes selon TITE LIVE (Epit. 61), 130 000 selon PLINE (Hist. Nat. 7, 166), 150 000 selon OROSE (4,13,2) voire même 200 000 selon STRABON (4,1,11).

 

Fussent-ils largement exagérés, ces chiffres montrent bien l’ampleur de la défaite qui vaudra à Quintus Fabius le surnom d’ « Allobrogicus » (Ammien Marcellin, XV,12). Celui-ci fit ériger à Rome un monument commémoratif en forme d’arc, le « fornix Fabianus ». De cet arc de triomphe, l’un des plus anciens du monde romain, mentionné plusieurs fois (Cicéron, Sénèque, l’Histoire Auguste…) qui se situait à l’entrée du forum, près du temple de Vesta, on a retrouvé les fondations, témoignages au centre même de la capitale romaine de l’entrée de l’Allobrogie dans le monde romain.

 

Avec le territoire des Allobroges entrait d’ailleurs sous le contrôle de Rome tout le sud de la Gaule qui, dès 118- 117, peut-être même dès 120 avant notre ère qui allait constituer la Provincia Citerior ou Gaule Cisalpine dont la première capitale fut sans doute Aix en Provence avant d’être transférée, beaucoup plus tard, à Narbonne.

 

On est mal renseigné sur cette première organisation. On sait seulement que le sénat romain établit d’abord un règlement pour les territoires conquis en Transalpine entre 125 et 120 mais il ne s’agit pas encore de l’organisation coloniale qui n’interviendra, de manière quasi générale, que près d’un siècle plus tard.

 

PILOT situait la fondation par Quintus Fabius d’une colonie militaire à Cularo dès cette haute époque (Antiquités du Dauphiné, II, page 74).

 

Mais, ainsi que PRUDHOMME devait le relever dès la fin du 19ème siècle, cela ne repose sur aucun fondement. On est néanmoins assuré que les Allobroges occupaient alors un immense territoire qui, des abords de Valence jusqu’à Genève couvrait tout le Dauphiné septentrional et la Savoie.

 

STRABON insiste sur la mutation de ce peuple intervenue alors : « les Allobroges qui entreprirent naguère tant d’expéditions avec des armées de plusieurs dizaines de milliers d’hommes en sont réduits aujourd’hui à cultiver cette plaine et les vallées des Alpes… En général, ils vivent dispersés dans les bourgs : toute la noblesse pourtant habite Vienna (4, 1,11). Cette capitale primitive est bien localisée depuis les travaux de G. CHAPOTAT à Vienne, sur la colline de Sainte Blandine.

 

Vaincue mais encore « puissante entre toutes », selon les termes d’APPOLODORE (livre 21,35,5), la nation des Allobroges n’était pas pour autant définitivement soumise.

 

Ainsi, en 77 avant notre ère, les Allobroges se heurtent à Pompée lors de son passage pour se rendre en Espagne. En 69, au nom de l’ensemble des peuples de la Provincia, ils envoient à Rome une ambassade conduite par Indutiomaris nanti spécialement de tous les pouvoirs pour se plaindre des exactions commises par M. Fonteius, gouverneur de la Province.

 

Celui-ci, accusé de vénalité et de concussion aura, on le sait, pour illustre défenseur Cicéron qui ne sortira du reste guère grandi de sa célèbre plaidoirie (le pro Fonteio) même si, selon toute probabilité, elle aboutit à l’acquittement de l’accusé.  

 

En 63, intervient une nouvelle ambassade pour se plaindre du nouveau gouverneur, Lucius Murena. Mais Rome est en pleine effervescence : Catilina résiste à Cicéron et prépare sa « conjuration ». N’obtenant rien de la justice de Rome, les Allobroges n’avaient alors que le choix de l’insurrection.

 

La révolte éclate en 62 avant notre ère, conduite par Catugnatos. Elle se généralise durant deux années. On sait par Dion Cassius (XXXVIII, 47, 3-48) qu’elle est écrasée par l’armée de Caius Pomptinus qui s’empare des places fortes Allobroges et notamment Solonion (Soyons ? Salagnon ? Saint Chef ?) et Ventia.

 

On a beaucoup disserté sur cette dernière qui n’a jamais été identifiée et que l’on a, selon les auteurs, placée à Valence (V(al)entia), en Ardèche vers Tournon, à Vienne ? à Vinay ? voire même dans la proche région grenobloise ou a. MACE voyait dans le nom du torrent de la Vence la survivance de l’oppidum qu’il situait, pour sa part, sur le rocher de Cornillon.

 

Durant la guerre des Gaules, César séjourne à plusieurs reprises chez les Allobroges : ainsi, en 58 avant notre ère « il mène son armée sur le territoire des Allobroges » (Bellum Gallicum, 1,10) ; en 56 « il hiverna chez les Allobroges » (B. G. III,6) et en février 52 « il se rend à grandes journées à Vienne » (B. G. VII,9).

 

Lors de l’insurrection de 52 qui fut quasi générale en Gaule, les peuples de la Povincia et notamment les Allobroges, ce « peuple rebelle par excellence aux yeux de Cicéron dans le Pro Fonteio, demeurèrent fidèles à Rome bien que César, au souvenir de leur récente révolte, ait éprouvé de vives inquiétudes (B. G. 1, 6 et 7).

 

Ils en furent récompensés par l’élévation de Vienne au droit latin.

 

On ne sait d’ailleurs toujours pas si César en fit une simple colonie latine (c'est-à-dire ville indigène dotée du droit latin) ou y établit une colonie romaine composée de vétérans.

 

Les fondations de la colonie de Vienne et l’évolution de son statut politique ont donné lieu à de nombreuses controverses. Pour A. PELLETIER, elle est colonie latine en 50 avant notre ère, en 46 elle reçoit un conventus civium romanorum et en 16-15 elle devient colonie romaine.

Pour R. FABIA, elle est encore colonie latine sous Auguste.

Pour M. RAMBAUD, César y établit une colonie romaine en 46 avec les vétérans de la 5ème légion.

Pour sa part, PLINE, décrivant l’organisation de la Narbonnaise sous Auguste, la cite comme colonie romaine (III,36).

 

Il parait toutefois établi que, sous les Triumvirs, elle est colonie : Colonia Iulia Vienna.

 

Enfin, vers 36-41 de notre ère, elle reçut le droit italique, privilège exceptionnel qu’elle était seule à partager en Gaule avec Lyon et Cologne, qui effaçait les derniers restes de la conquête en dispensant ses habitants du paiement du tribut et de la taxe personnelle.

 

 

2 – la civitas du haut empire :

 

Ø  organisation :

 

L’organisation administrative de la Provincia se fit progressivement. A une période imprécise du 1er siècle avant notre ère, la Provincia reçut le nom de Narbonnaise.

 

Des vingt cités de la Narbonnaise, celle des Allobroges était la plus étendue. Elle occupait un territoire considérable correspondant aux actuels départements de l’Isère, de la Haute Savoie et une partie du canton de Genève et des départements de l’Ain, de la Savoie, du Rhône, de la Loire, de l’Ardèche et de la Drôme, c'est-à-dire tout l’espace compris entre le Rhône, l’Isère et les Alpes, grandes frontières naturelles qui, selon B. REMY, étaient dépassées un peu partout.  

 

Dès l’établissement de la « Colonia Iulia Augusta Florentia Vienna » les habitants de l’ ager Allobrogum sont désormais appelés Viennenses du nom de Vienne.

 

Contrairement à ce que l’on a pu observer dans d’autres civitates voisines (par exemple Axima Ceutronum), le nom du peuple Allobroge n’est pour ainsi dire plus employé à partir de ce moment là.

 

Si sous César les civitates désignaient en fait les peuples et les nations, à partir d’Auguste le terme civitas prit un sens plus particulier : c’est alors la cellule fondamentale de l’organisation administrative impériale. Mais, peu à peu, de la circonscription territoriale initiale le mot tendit à s’appliquer principalement et bientôt exclusivement au seul chef lieu de cette circonscription, devenu prépondérant dans la vie administrative, politique et religieuse.

 

La civitas de Vienne recouvre presque exactement l’ancien territoire Allobroge : ainsi le prouve la borne du col de la Forclaz près de Saint Gervais qui mentionne qu’en 74 de notre ère sur ordre de Vespasien le légat commandant de Germanie Supérieure fixa la frontière entre le territoire des Ceutrones et celui des Allobroges désignés non sous leu nom de peuple mais sous celui de Viennenses, Viennois.

 

Ø  Limites territoriales :

 

On peut mesure ce qu’était l’immense cité des Allobroges (entre 10 000 et 13 000 km2) à l’étude des reconstitutions topographiques, sensiblement identiques, faites par A. PELLETIER et B. REMY.

 

Celui-ci, à défaut de documents précis, en se basant sur des critères comme la toponymie, l’épigraphie ou les limites ecclésiastiques des premiers évêchés, a tenté de délimiter assez précisément certains secteurs frontaliers. Ceux-ci correspondraient au nord au Rhône et au lac Léman, à l’est à la vallée de la Dranse. La vallée de l’Arly devrait être laissée aux Alpes Graies. Enfin, le Grand Arc et la chaîne de Belledonne faisaient très vraisemblablement frontière avec les Alpes Cottiennes. 

 

Il convient de s’attarder quelque peu aux limites qui nous intéressent tout particulièrement ici : celles de la région grenobloise.

 

B. REMY considère que la frontière des Allobroges était située nettement au sud de Grenoble et, contrairement à la plupart des auteurs qui, s’en tenant à une interprétation littérale des termes de Plancus « Cularo ex finibus Allobrogum » (Ad Familiares 23 et ci après IIème partie, chapitre V) estimaient que le territoire des Voconces commençait dès la rive gauche de Grenoble (Champollion Figeac) ou immédiatement aux confins de celle-ci (Prudhomme, Allmer, Barruol…) il propose une nouvelle lecture de ces termes. Pour lui, l’expression signifie bien « en territoire Allobroge » et non « aux confins » ou « sur la frontière ». Il relève que lorsque des fleuves font limite territoriale, César emploie des expressions différentes. Ainsi, pour la limite entre Bituriges et Eduens écrit-il « pertinere ad flumen » (B. G. VII,5) ou encore, pour l’extrême frontière des Rèmes sur l’Aisne « flumen axoman quod est in extremis remorum finibus » (B. G. II,5). Il note, avec pertinence, qu’il n’y a pas lieu de penser que l’usage de Plancus dans de telles expressions ait pu être différent de celui de César.

 

Ainsi propose t-il de fixer la limite du territoire allobroge à l’est de Pariset et d’Echirolles, sur la rive gauche de la Romanche à Vizille et dans la région de Gavet où la définitive étude d’E. THEVENOT a montré qu’il convenait d’y situer la station de Fines de l’Anonyme de Ravenne, séparant à cet emplacement le territoire des Allobroges et celui des Iconii ou Ucenni.

 

Par contre, il situe déjà Vif et la basse vallée de la Gresse en territoire voconce : le postulat est peut être discutable et j’étais jusqu’alors enclin à situer la limite avec les Vertacomorii, peut être même avec les Tricorii plus au sud, dans les environs de Château Bernard (Cf contribution à l’étude du mur dit des Sarrasins en bibliographie ci après). Mais les récentes découvertes faites à l’Achard sur Varces laissent à penser à une agglomération secondaire frontière disposant peut être d’un bureau frontière de la Quadragesima Galliarum. Si tel est bien le cas, les limites des civitates des Allobroges et des Voconces seraient alors à situer dans ces parages (Cf. infra : le quarantième des Gaules).

 

Ø  Pagi et Vici :

 

De cette immense civitas seuls quatre pagi (districts, pays) sont connus :

 

-       le pagus Vale(rius) ou (rianus) dans la région du confluent Isère / Arly (CIL XII, 2346)

-       le pagus Dia(mensis ?) du Rhône à l’Isère (CIL XII, 2558, 2561)

-       le pagus Oct(avianus) d’Aoste à Vienne (CIL XII, 2395)

-       le pagus At((is) ou (ius) près de Grenoble (ILGN 340 et chapitre V ci après, inscription n° 37)

 

La liste n’est guère plus longue en ce qui concerne les vici dont seuls six sont assurés :

 

-       le vicus Albinnensium (Albinnum, Albens, Savoie) (CIL XII, 2492 et 2493)

-       le vicus Augustum ou Augustanorum (Aoste, Isère) (CIL XII, 2392 et 2395)

-       le vicus Aquarum (Aquae, Aix les Bains ? Savoie) (CIL XII, 2352)

-       le vicus Genavensium ou Genaventibus (Genua, Genava, Genève, Suisse) (CIL XII, 2606, 2607 et 2611)

-       le vicus Rep(entinis ?) (Reventin Vaugris, Isère ?) (CIL XII, 1844)

-       le vicus Se…(région de Saint Innocent, Savoie) (CIL XII, 2449).

 

Par toute une série de déductions, P. BROISE y ajoute :

 

-       Ad Publicanos (environs d’Albertville, peut être Gilly en Savoie)

-       Mantala (Saint Pierre d’Albigny ou Saint Jean de la Porte, Savoie)

-       Lemincum (Lemenc, Chambéry, Savoie)

-       Bergusium (Bourgoin, Isère)

-       Lavisco (les Echelles ? Savoie)

-       Morginum (Moirans, Isère)

-       Turedonum (Tourdan, Isère)

-       Figlinae (vers Roussillon ou limites Isère et Drôme)

-       Ursolae (Saint Vallier, Drôme)

-       Tegan (Tain, Drôme)

-       Casuaria (Viuz, Faverges, Haute Savoie)

-       Etanna (non localisé)

-       Ad Tur… (Tournon ou Tours vers Albertville, Savoie)

-       Voldunium (Saint Jean de la Porte, Savoie)

-       Condate (Seyssel, Savoie)

 

Et, bien évidemment, Cularo, Grenoble, qui n’est pourtant cependant jamais cité formellement comme vicus dans les textes ou par l’épigraphie.

 

Néanmoins, tous les auteurs s’accordent à considérer Cularo comme l’un des vici les plus importants de la cité des Allobroges : en effet, dès le haut empire les deux agglomérations de Genève et de Grenoble – qui deviendront ensuite chef lieu de civitas – fournissaient déjà à la cité le plus grand nombre de magistrats, prêtres et sévirs : 12 % dans l’un et l’autre des cas selon A. LARONDE.

 

B. REMY a également noté que sur l’ensemble des épitaphes de la cité de Vienne (hors Vienne), 29,3 % étaient attribuées à Grenoble et 16,7 à Genève. Il ajoute que certaines inscriptions (CIL 2243, 2245 et 2249) sont relatives à un décurion, un questeur et triumvir locorum publicorum (Infra chapitre V, inscriptions n° 21, 23 et 34) et démontrent que Cularo était bien un vicus.

 

C’est à la même conclusion qu’aboutit A. PELLETIER à l’examen des inscriptions CIL 2227, 2229 et 2            252  relatives aux dédicaces des portes de Grenoble et aux receveurs de la Quadragesima Galliarum  (infra chapitre V, inscriptions n° 15, 16, 39 et 40).

 

 

3 – la Civitas Gratianopolitana

 

Ø  origine :

 

La situation décrite précédemment devait perdurer jusqu’à la grande organisation administrative de la Gaule sous la Tétrarchie.

 

On sait par la « Laterculus Veronesis » (la liste de Vérone) datée des débuts de la Tétrarchie (vers 292 – 297 pour l’estimation la plus précoce, vers 305 pour la plus tardive) que l’empire est à ce moment là divisé en douze diocèses dont deux pour les Gaules : le diocèse des Gaules (capitale Trêves) et le diocèse des Gaules (capitale Vienne) dit aussi des « Sept Provinces ».

 

Pourquoi Vienne ?

 

Selon A. PELLETIER il faut y voir avant tout des raisons de logistique : Vienne est située sur la grande rocade défensive qui de Sirmium sur la Save (ex Yougoslavie) par Aquilée et Milan en Italie du nord longe en profondeur la frontière du Danube au Rhin.  Celles-ci bouleversent donc fondamentalement toutes les organisations territoriales antérieures : Lyon perd sa place de capitale des Trois Gaules et elle n’est plus que le modeste chef lieu d’une province amputée des deux tiers de son territoire par rapport au haut empire.

 

Vienne, après Trêves, est la seconde ville de Gaule. De simple chef lieu de cité elle devient métropole d’une nouvelle province – la Viennoise – et capitale de l’un des douze diocèses de l’empire, celui des « Sept Provinces ou de Viennoise – comprenant la Novempopulanie, l’Aquitaine Première, l’Aquitaine Seconde, la Narbonnaise Première, la Narbonnaise Seconde, les Alpes Maritimes et la Viennoise proprement dite qui s’étend de Genève à Marseille et qui comporte les cités suivantes : Marseille, Arles, Cavaillon, Carpentras, Avignon, Saint Paul Trois Châteaux, Die, Vaison,  Alba, Valence, Vienne et probablement Grenoble et Genève.

 

C’est sans doute à l’occasion de cette réorganisation que les deux vici furent transformés en cités de plein exercice.

 

Bien que cette supposition soit loin d’être l’idée dominante, elle ne manque cependant pas d’une certaine logique.

 

La difficulté vient du fait que presque la totalité des auteurs aient considéré que l’élévation de Grenoble au rang de civitas était le fait de Gratien. Ce qui est indiscutable au plan onomastique (supra : le nom de Grenoble) ne démontre aucunement qu’il y ait eu concomitance entre le changement de nom de Cularo et son changement de statut. Au-delà, un certain nombre d’arguments, qui pourraient plaider en faveur plus précoce qu’on ne l’a généralement admis à la création d’une civitas à Grenoble peuvent être invoqués :

 

Ø  il y a homogénéité de période entre la grande réforme et la donation par Dioclétien et Maximien de remparts à Grenoble (infra : 2ème partie, chapitres I et II) : on imagine mal en effet (et C. JULLIAN avait déjà relevé le fait) que les empereurs aient pu doter personnellement l’enceinte d’un simple vicus (le cas serait alors unique dans tout l’empire), voire même de l’honorer. On notera de surcroît que, depuis une disposition de Marc Aurèle, un rempart ne pouvait être construit sans l’accord de l’empereur. La conjonction de ces deux éléments plaide donc en faveur du fait que Grenoble ait bien été une civitas dès l’époque de la Tétrarchie.

Ø  Il y a homogénéité de période avec la division de la civitas voisine des Voconces qui, avant la fin du 3ème siècle, est divisée en quatre civitates : Vaison, Die, Gap et Sisteron

 

Tel était, jusqu’alors, l’avis de quelques auteurs et, notamment, O. HIRSCHFELD dans le CIL XII (page 272), M. IHM et A. BRUHL dans la « Real Encyclopädie » et également de G. DUBY.

 

Mais la démonstration la plus convaincante pourrait venir des recherches faites par D. VAN BERCHEM. Celui-ci, à l’égard de Genève (dont le changement de statut se pose dans les mêmes conditions que celui de Grenoble) opte pour une élévation du vicus à la civitas au tout début du 3ème siècle : il note, en effet, que le milliaire d’Hermance sur la rive gauche du lac de Genève, bien daté de la période 305 – 306 (CIL XII, 5535) indique les milles (VI) à partir de Genève et non de Vienne ce qui a toutes chances de signifier que la première est déjà, à cette date, affranchie de la seconde.

 

A l’égard de Grenoble il tient le même type de raisonnement : allant plus loin dans l’analyse de l’enceinte de Grenoble, il relève que les dédicaces de ses portes (infra 2ème partie, chapitre II) ne font aucune mention des Viennois ce qui ne serait guère concevable si la ville n’avait eu à ce moment là le statut de civitas.

 

On le voit, le problème de la dation de la civitas est désormais sérieusement posé et il convient sans doute d’envisager que Grenoble ait pu être chef lieu de cité dès les premières années du 4ème siècle (et non lors de son changement de nom intervenu sous Gratien vers 378 – 379) voire même, comme le proposait B. DANGREAUX, à la fin du 3ème siècle. Cette dernière datation est du reste celle qu’envisage le récent Musée de l’Ancien Evêché de Grenoble.

 

Ø  territoire :

 

Les limites précises de la Civitas Gratianopolitana n’ont pas fait l’objet, du moins jusqu’alors, d’études précises.

B. REMY pense que le territoire de la nouvelle cité a sans doute été accru par rapport aux limites de la civitas des Allobroges et, notamment, aux dépens des Voconces dans certaines régions comme le nord du Vercors, la montagne de Lans et l’outre Drac.

 

Pour G. BARRUOL, l’ancien territoire des Iconii (totalité de l’Oisans) aurait été englobé dans la nouvelle cité, de même que la plus grande partie du territoire des Tricorii.

 

En tout état de cause, les limites de cette cité paraissent avoir déterminé, par la suite, les limites du diocèse de Grenoble telles que nous les connaissons très précisément à partir des 11ème et 12ème siècles. Mais se fonder sur celles-ci pour définir les limites possibles de la civitas Gratianopolitana relèverait d’un exercice périlleux dont on comprendra aisément qu’il ne soit pas envisagé ici.

 

Bibliographie :

 

Sources antiques :

 

-       POLYBE : Histoires (traduction P. Waltz, 1921), III, 50 à 56 et 60

-       TITE LIVE : Histoire romaine (les Belles Lettres), 1966

-       STRABON : Géographie (traduction F. Lasserre, les Belles Lettres), livre IV, 1996

-       Ammien MARCELLIN : Histoire (les Belles Lettres), chapitre XV, 1968

-       PLINE L’ANCIEN : Histoire naturelle, édition 1961

-       DION CASSIUS : Histoire romaine, XXXVII, édition 1960

-       PTOLEMEE : Géographie, C. Müller, 1901

-       CICERON : Pro Fonteio (les Belles Lettres), 1971

-       OROSTE : histoire contre les païens, les Belles Lettres, 1991

-       SALUSTRE : Catilina, XL, XLI

-       CESAR : Bellum Gallicum, édition 1964 (M. Rat) et 1994 (C. Goudineau)

-       Laterculus Veronenis dans la « Notitia Dignitatum », O. SECK, 1876, pages 249 à 350

 

Autres sources :

 

-       J. J. CHAMPOLLION FIGEAC : antiquités de Grenoble, 1807, pages 4 et ss

-       A. MACE : guide itinéraire, I, 1861

-       G. de MANTEYER : les origines chrétiennes de la IIe Narbonnaise, des Alpes Maritimes et de la Viennoise, 1924

-       F. FABIA : la table claudienne de Lyon, 1929

-       E. THEVENOT : la station de Fines et les limites du pays des Uceni, REA, 44, 1952, pages 238 et ss

-       PAULY et WISSOWA : Real Encyclopädie, III, 1901, col. 1742 (article Cularo par M. Ihm) et col. 2113-2118 (article Vienna par A. Bruhl)

-       M. RAMBAUD : l’origine militaire de la colonie de Lugdunum, 1964

-       G. BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969

-       B. REMY : les limites de la cité des Allobroges, Cahiers d’Histoire, XV, 1970, pages 195 à 213

-       V. CHOMEL (direction) : histoire de Grenoble, 1976

-       J. PRIEUR : l’épopée d’Hannibal à travers les Alpes, Archéologia n° 121, août 1978, pages 59 et ss

-       B. BLIGNY (direction) : le diocèse de Grenoble, 1979

-       G. DUBY (direction) : histoire de la France urbaine, 1980, pages 114, 405 et 408

-       D. VAN BERCHEM : la promotion de Genève au rang de cité, Bulletin d’histoire et d’archéologie de Genève, T XVII, I, 1980, pages 3 à 16 et les routes et l’histoire, étude sur les Helvètes et leurs voisins dans l’empire romain, 1982

-       J. PRIEUR et alii : la Savoie des origines à nos jours, 1983

-       R. LAUXEROIS : Vienne aux premiers temps chrétiens, GAF n° 11, 1986

-       P. BROISE : les vici viennois d’après l’épigraphie lapidaire, le vicus gallo romain, Caesarodunum, 1986, pages 205 à 209  

-       A. PELLETIER et alii : histoire et archéologie de la France ancienne, Rhône Alpes, 1988

-       J. ROUGIER : Aoste romaine (Aoste, Isère), 1988, pages 54 et 56

-       B. DANGREAUX : les origines de Grenoble : l’état des connaissances, Cahiers d’histoire, T 31, 1986-1 et recherches sur les origines de Grenoble d’après l’étude du mobilier archéologique, GALLIA, T 46, 1989, notamment page 97

-       B. LIOU : inscriptions romaines du musée départemental de Gap, Archéologie des Hautes 1lpes, 1991, page 256

-       C. JULLIAN : histoire de la Gaule, réédition 1993, I, pages 411 à 414 et 1026 à 1028

-       F. DORY : nouvelles recherches épigraphiques d’anthroponymie gallo romaine aux environs de Vienne, bulletin de la société des amis de Vienne n° 89, 1994, pages 21 à 25

-       Carte archéologique de la Gaule 38/1, 1985, pages 43 à 67

-       Archéologia n° 335, juin 1997, pages 20 à 31

-       S. LANCEL : Hannibal, 1997

 

 

IV – Gratien : du mythe à la réalité :

 

Il n’y a pas grand risque à considérer, comme l’ont fait du reste pratiquement tous les auteurs, que Grenoble doit sinon son statut de civitas au bas empire (supra chapitre précédent) du moins son second nom antique, Gratianopolis, à l’empereur Gratien.

 

Celui-ci n’a guère eu la faveur des historiens et, dans une belle unanimité, ils se sont accordés à constater son incapacité à régner voyant en lui un esprit davantage tourné vers les dévotions que vers les réalités d’un empire romain en déliquescence. De lui, Rufin, l’historien de l’église, dira même un peu cruellement qu’il a été « plus pieux qu’utile à l’état ». Seul à ce jour P. L. ROUSSET a tenté un plaidoyer pour cet empereur mal aimé et décrié que l’on connaît assez mal au demeurant : quelques rares textes, quelques monnaies, surtout émises à Trêves (une seule connue pour la région grenobloise et encore douteuse, découverte lors des fouilles de sauvetage du Val d’Allières à Claix en 1980) et un buste découvert près de la basilique impériale de Trêves.

 

Mais, dans un tel ouvrage, Gratien méritait pour le moins qu’on lui consacrât quelques pages.

 

Avec Julien, dernier survivant mâle de la famille de Constantin, s’éteint en février 364 la dynastie fondée par ce dernier en 307. Un officier romain, de condition modeste, originaire de Pannonie, est alors élevé à la dignité d’empereur, Valentinien 1er. En mars 364, celui-ci nomme son frère cadet, Valens, co-empereur. Valentinien se charge de l’Illyrie et des provinces occidentales, cependant que le reste des Balkans et l’Orient sont confiés à Valens.

 

Tous deux sont de fervents chrétiens. Ignorant l’aristocratie traditionnelle, ils choisissent leurs officiers et ministres parmi leurs compatriotes pannoniens ou parmi les lumières du temps (le poète Ausone par exemple qui sera appelé à la cour de Trêves). Valentinien consacre la majeure partie de son règne à combattre les Alamans sur le Rhin supérieur. En 375 il se rend en Illyrie pour prévenir une invasion des Quades et des Sarmates. Bon guerrier, Valentinien était aussi semble t-il bourru, coléreux et brutal. Il élevait, dit-on, deux ourses près de sa chambre. Au cours d’une audience accordée à une délégation ennemie il entre dans une colère telle quelle lui provoque une fatale crise d’apoplexie.

 

Son fils aîné, Flavius Gratianus – Gratien – né le 18 avril (ou le 23 mai) 359 à Cibalae (aujourd’hui Vinkovci en Hongrie), nommé Auguste à Amiens dès le 23 août 367 selon la relation d’Ammien Marcellin lui succède donc assez naturellement le 17 novembre 375 bien que n’étant âgé alors que de 16 ans. Son premier acte est de nommer co-empereur son demi frère Valentinien II mais celui-ci, âgé de 4 ans est bien évidemment cantonné dans un rôle strictement symbolique.

 

D’après les canons de l’époque, Gratien est un bel homme (le buste de Trêves en témoigne) aimant la chasse et les livres mais beaucoup moins l’effort ; de plus, il semble être totalement dépourvu du sens du commandement.

 

En 374, il avait épousé Constantia, fille posthume de l’empereur Constance II, ce mariage ayant eu pour seule évidence semble t-il de le rattacher à la dynastie emblématique de Constantin.

 

En 377, apprenant que son oncle Valens, l’empereur d’Orient, est aux prises avec une nouvelle invasion des barbares mettant à feu et à sang la Thrace, il décide de lui porter secours. Mais, informé peu après son départ de la tentative de franchissement du Rhin par les Alamans, il revient sur ses pas, les décime près de Horbourg en Alsace – Jérôme parlera de 30 000 morts ! – et refoule les survivants dans les montagnes de la Forêt Noire. C’est historiquement la dernière fois qu’un empereur romain lancera une expédition au-delà du Rhin. Gratien qui, de ce fait, n’a pu secourir Valens, apprend le 9 août 378 sa mort lors de la terrible défaite d’Andrinople en Thrace.

 

Végèce, auteur du traité d’art militaire « Epitola rei militaris » rédigé après la mort de Gratien soulignera que l’armement ancien, insuffisant pour une guerre de ce type, a été « en usage depuis la fondation de Rome jusqu’à l’époque du divin Gratien » et expliquera ainsi le désastre d’Andrinople.

 

L’Orient n’ayant dès lors plus d’empereur, Gratien proclame pour succéder à Valens Théodose, le meilleur de ses généraux. Tous deux coordonnent leurs efforts pour redresser la situation sur le front danubien mais en vain : les barbares s’installent en Pannonie.

 

C’est à cette époque que Gratien, initié aux questions théologiques par Ambroise, évêque de Milan, publie un édit de tolérance en faveur des Ariens, accordant à chacun le droit, extraordinaire, de se tromper.

 

Mais, le 3 août 379 poussé, semble t-il, par Théodose, chrétien quelque peu fanatique, Ambroise et le pape Damase il abroge cet édit et interdit d’enseigner les doctrines qui, telle celle d’Arius, sont jugées hérétiques par l’église.

 

En mai 381, il siège au concile d’Aquilée sur les bords de l’Adriatique, non loin de Trieste, qui condamne définitivement l’arianisme : parmi les 35 membres de l’assemblée figure Domnin, premier évêque attesté de Grenoble.

 

A l’automne 382, Gratien va encore plus loin mettant quasiment hors la loi, par un décret resté célèbre, la religion romaine au propre sénat de Rome.

 

Cette mesure provoque une résistance ouverte, aggravée par le fait que Gratien renonce à porter le titre de « pontifex maximus » comme l’avaient fait depuis Auguste tous ses prédécesseurs, signifiant ainsi ouvertement la séparation du paganisme et de l’état pour tendre à constituer un empire chrétien.

 

Il quitte dans le même temps Trêves, capitale officielle de l’empire depuis Constantin, pour Milan dont il fait sa nouvelle capitale. En juin 383, au décès de son épouse Constantia qui ne lui avait pas donné d’enfant (*) il se remarie avec une très jeune femme, Laeta.

 

(*) on lui prête néanmoins parfois de ce premier mariage un fils dont on ne sait rien.

 

Dans le même temps, alors qu’il part combattre une nouvelle fois les Alamans en Rhétie, l’un de ses officiers, Maxime, commandant de l’armée de Bretagne, se fait proclamer empereur par ses troupes. Cet usurpateur sait que les hauts dignitaires de l’armée méprisent Gratien qu’ils jugent faible, incapable et livré à ses conseillers. Il n’ignore pas, en outre, que les classes aisées de l’empire se rebellent contre la décision prise par Gratien, à la fin de l’année 383, de supprimer les exemptions d’impôts et les privilèges dont elles jouissaient. Fort de cette situation, Maxime débarque en mer du Nord, aux bouches du Rhin.

 

L’armée de Germanie le reconnaît immédiatement comme empereur. Gratine n’a alors d’autre solution que de se porter contre Maxime. La rencontre a lieu près de Paris. Mais son armée le trahit et rejoint Maxime. Gratien n’a que le temps de fuir avec 300 cavaliers Alains qui lui sont restés fidèles. Il est rejoint à Lyon le 15 août 383 par Andragathuis, général de Maxime. Fait prisonnier, il est exécuté peu après, le 25 août 383 (*)

 

(*) Zosime, par une erreur peu explicable le fait mourir à Singidunum (aujourd’hui Belgrade)

Maxime, qui désavouera ce meurtre et fera inhumer Gratine à Trêves, devient alors le maître des provinces situées au nord des Alpes.

 

Apprenant la mort de Gratien, Ambroise, pour sa part, lui décernera le titre de « Christianissimus Imperator ».

 

De huit ans d’un règne difficile et d’une courte vie que l’histoire jugera sévèrement, il convient cependant de relever l’avis nuancé d’Ammien Marcellin, connu pour son impartialité et pour la pertinence de ses attendus : « … si la destinée l’avait permis et si ses proches avaient été à la hauteur, il aurait été un empereur digne d’être mis en parallèle avec les plus choisis d’autrefois… ».

 

De fait, il fut empereur trop jeune et, parmi les proches ainsi visés, figure sans aucun doute Ausone, appelé à la cour de Trêves par Valentinien pour éduquer Gratien et qui abusa largement de sa situation de précepteur puisqu’il se fit nommer consul et devint le principal conseiller de son élève.

 

Il n’est pas établi qu’au cours de son mouvementé règne, Gratien soit jamais venu à Grenoble et cela apparaît du reste assez peu probable. Néanmoins, certains auteurs ont accrédité l’idée de son passage dans la région lors de son premier voyage dans les Gaules en 377 ou au cours de l’hiver 379. On a ainsi conjecturé son arrêt à Grenoble (Allard), à Moirans * (Chorier, Clerc-Jacquier) ou encore à Parménie (Bouvier et Burkard)

 

* ou à été récemment apposée une plaque indiquant que Gratien y aurait fait édifier un rempart en 377 ( !)

 

 

 Sa mort même a été localement embellie par l’inscription – fausse – dite du « Divin Gratien » (infra, chapitre V, 9, inscription n° 103) très probablement inspirée par l’oraison funèbre prononcée en 392 à Milan par Saint Ambroise lors de la mort de son demi frère Valentinien II : « O Gratien, O Valentinien… Je pleure sur toi Gratien mon enfant si doux à mes yeux… Je pleure aussi sur toi Valentinien mon enfant si beau à mes yeux ».

 

Bibliographie sélective :

 

MICHAUD : biographie universelle, ancienne et moderne, T 17, 1854, pages 382 et 383

Dr HOEFER : nouvelle biographie générale, T XXI, 1857, pages 721 à 723

G. ALLARD : dictionnaire historique du Dauphiné, édition 1864, Vol 1 article Gratien page 580

J. CLERC JACQUIER : histoire de Moirans, 1881

PAULY et WISSOWA : Real Encyclopäsie, article Gratianus par J. B. METZIER, 1912

J. R. PALANQUE : Saint Ambroise et l’empire romain, 1933

SAINT JEROME (Hieromynus) : chroniques d’Eusèbe, édition 1956, A 377

RUFFIN : histoire ecclésiastique, édition 1961

BOUVIER et BURKARD : Parménie, haut lieu lassalien, 1966

SAINT AMBROISE : Enarrationes, édition 1968 L XI, 17

H. P. EYDOUX : réalités et énigmes de l’archéologie, 1975, page 163

COLLECTIF : la civilisation romaine de la Moselle à la Sarre, 1983, pages 38, 304, 321 et 323

AMMIEN MARCELLIN : Histoire, édition les Belles Lettres, T V, 1984, chapitre XXVII

P. L. ROUSSET : plaidoyer pour un empereur, Gratien, Gratianopolis et Grenoble, bulletin de l’Académie delphinale, mars avril 1992

Histoire Auguste : traduction et présentation d’A. CHASTAGNOL, 1994, introduction générale pages XCI, XCII, CLX, CLXII et introduction à la vie de Claude, page 22

C. SCARRE : chronique des empereurs romains, 1995, pages 226 à 229

F. ZOSSO et C. ZINGG : les empereurs romains, 1995, pages 164 à 166

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Chapitre V : EPIGRAPHIE LAPIDAIRE

 

I - Présentation générale

 

Pour l’essentiel des inscriptions étudiées (plus d’une centaine), la méthodologie de présentation retenue a été la suivante :

 

Ø  lieu et, le cas échéant, circonstances de la découverte

Ø nature de l’inscription

Ø date de la découverte

Ø lieu de conservation ou disparition. Les références d’inventaire du Musée Dauphinois ont été établies, pour l’essentiel, par M. J. P. JOSPIN, conservateur et spécialiste de l’époque gallo romaine, grâce à un long et obligeant travail de vérification engagé à ma sollicitation

Ø reproduction intégrale du texte de l’inscription

Ø développement le plus probable ou le plus usuellement admis de l’inscription

Ø transcription de l’inscription

Ø bibliographie spécifique chronologique présentée, pour les principaux auteurs, de manière abrégée conventionnelle, la bibliographie générale relative aux inscriptions figurant à la fin de cette présentation générale. Dans bon nombre de cas, tel ou tel aspect de l’inscription est développé à la suite de l’inscription concernée.

 

Les inscriptions ont été réparties en divers groupes :

 

-       dédicaces aux divinités (n° 1 à 12)

-      dédicaces aux empereurs (n° 13 à 16)

-      fonctions militaires (n° 17 à 20)

-      fonctions municipales (n° 21 à 38)

-      administration publique (n° 39 et 40)

-      autres inscriptions conservées (n° 41 à 67)

-      autres inscriptions perdues (n° 68 à 99)

-      inscriptions réputées fausses (n° 100 à 105)

 

Les inscriptions paléochrétiennes sont traitées spécifiquement.

 

 

 

 

 

 

Généralités sur les inscriptions :

 

Afin de ne pas alourdir la présentation de chacune de ces 105 inscriptions, il a paru utile de rappeler préalablement certaines des particularités de l’épigraphie romaine qui se retrouvent fréquemment dans les documents étudiés.

 

La Gens : ensemble de personnes portant le même nom (gentilice) et se considérant comme les descendants d’un ancêtre commun (Aelius, Atticus, Cassius…)

 

Les tria nomina : ce sont les trois noms romains composés du prénom (praenomen), du nom de famille (nomen ou nomen gentilicium), du surnom (cognomen) et énoncés dans cet ordre immuable.

On notera que 42 % des inscriptions de Grenoble présentent les tria nomina.

 

Dans la civilisation romaine, seule une quinzaine de prénoms sont usuels :

 

Aulus (A), Caius ou Gaius (C), Cnaeus ou Gnaeus (Cn), Decimus (D), Lucius (L), Marcus (M), Marius (M’), Numerius (N), Publius (P), Quintus (Q), Servius (Serv), Sextus (Sext), Spurius (Sp), Tiberius (Tib), Titus (T), Vibius (V).

 

Dans l’épigraphie grenobloise, onze de ces prénoms sont présents, ce qui traduit une population fortement romanisée.

 

Les femmes, généralement, n’avaient pas de prénom et conservaient comme nom de famille celui de leur père au féminin. On lit parfois, à la suite de leur nom, le nom de leur mari au génitif : ainsi Attius (père) + Marcianus (époux) = Attia Marciana. La plupart des personnages féminins mentionnés dans les inscriptions de Grenoble portent les duo nomina.

 

Les surnoms (cognomen) sont souvent choisis par les parents en se référant à divers ordres d’idées : ainsi, le fils aîné est-il surnommé « Primus », le second « Secondus », le troisième « Tertius »…

Le mois de naissance dicte parfois les surnoms : « Aprilis » (avril), « Augustus » (août)…

 

Quant aux esclaves, ils n’avaient qu’un nom. Affranchis, ils prenaient le prénom et le nom de leur maître, leur nom d’esclave devenant alors cognomen : par exemple : Publius Primitivus.

 

Les formules : à en croire les inscriptions, tous les maris auraient été « pleins de mérites » et toutes les épouses « incomparables ». D’elles surtout on loue leur douceur, leur vertu, leur bonté, leur parfait caractère. Presque systématiquement, les maris proclament leurs louanges. Sin incontrôlable que soit leur sincérité, notamment sur leurs vertus conjugales, elles témoignent du moins que ces qualités étaient publiquement appréciées. Elles ne doivent cependant pas nous abuser. Déjà, Guy ALLARD, il y a de cela plus de trois siècles, à propos des louanges faites par son mari à Hilaria Quintilla (inscription n° 26), notait non sans humour : « ce mary avait des sentiments bien avantageux pour sa femme de croire que celle-ci estoit vierge lorsqu’il l’épousa. Je doute que la foy des maris de ce siècle soit aussi grande… » (Inscriptions romaines de Grenoble, page 28).

L’éloge que la femme adresse couramment à son défunt mari est d’un ton moins emphatique, plus réservé : la veuve atteste parfois que la vie commune fut sans nuage mais le plus souvent se borne à regretter un époux « plein de mérites », « très doux », « très cher », « très digne ».

 

En ce qui concerne les enfants, les pères surtout pleurent leurs enfants « très chers », « très doux », tout en louant leurs « rares qualités », le « respect » d’un fils, « l’élégance » d’une fille ».

 

Inversement, les enfants pleurent des parents « si affectionnés », « très chers »….

 

On ne s’arrêtera pas ici aux abréviations usuellement employées dans l’épigraphie romaine et dont la signification est donnée avec l’épitaphe qui les contient (SLV, TPI, TFI,DD…). On notera seulement que la formule VSP « Vivus sibi posuit » (a élevé de son vivant) que l’on rencontre fréquemment montre combien ces gens s’attachaient profondément à l’idée que leurs pierres tombales, souvent acquises par une vie de labeur, souvent élevées par précaution aussi de leur vivant, leur vaudraient une sorte de survie. A cet égard, ils ne se sont pas trompés : éparses aujourd’hui dans nos musées ou conservées dans nos ouvrages, elles n’ont pas encore cessé de nous parler d’eux.

 

Dans le même ordre d’idée sera rappelé que la formule « Dis Manibus », presque toujours abrégée en « DM », indiquait que l’on consacrait la sépulture aux « Dieux Manes » : sous ce terme générique – les bons – on désignait les esprits des morts et, plus particulièrement, ceux que l’on était parvenu à se concilier en donnant aux morts une sépulture convenable et en les honorant régulièrement.

 

Moins aisée est l’interprétation de l’ « ascia » figurée sur de nombreuses stèles et de la formule subséquente « SAD » (Sub ascia dedicavit). Le rite de l’ ascia est né, semble t-il, en Dalmatie avant le milieu du 1er siècle de notre ère et à pris pied, selon A. AUDIN, à Lyon vers la fin du même siècle pour se généraliser dans toute la région de manière foudroyante. Dans le monde romain où l’usage le plus répandu était la crémation des corps il se répandit d’abord dans le milieu militaire où les soldats demandaient à être inhumés et non brûlés après leur mort.

 

Selon toutes probabilités, ces inhumations se firent avec l’ ascia, sorte de hache à tout faire des maçons tout autant que des charpentiers ou des bûcherons mais qui était également incluse dans l’équipement individuel du légionnaire. L’inhumé trouvait la garantie d’un bienfaisant repos dans la terre si son propre outil était jeté sur son corps avant que la tombe ne soit close. Sa transcription progressive sur les stèles avec la formule « dédiée sous l’ascia » laisse à penser que cet outil symbolique conférait à la tombe une protection en lui assurant l’inviolabilité.

 

Enfin, on notera que dans une dizaine d’inscriptions, l’appartenance du dédicataire à la « tribu Voltinia » est indiquée. On sait que la représentation des citoyens en tribu remonte à l’origine de Rome. La Narbonnaise avait été versée en bloc dans la « tribu Voltinia » qui, à la suite des quatre tribus urbaines (Palatina, Collina, Esquilina, Suburana) venait au second rang des tribus rustiques, immédiatement après la « Romula ». En 47 de notre ère, lors de la fondation de la Colonia Iulia Viennensium, tous les citoyens Allobroges furent classés dans la « tribu Voltinia ». L’origine précise de cette dénomination n’est cependant pas connue. Cette mention, assez usuelle au début du haut empire, cessera avec Caracalla qui, en étendant le droit de cité à tous les habitants de l’empire, rendit inutile l’indication de l’appartenance à une tribu.

 

Bibliographie sélective :

 

-       R. CAGNAT : cours d’épigraphie latine, 1889, pages 37 à 57

-       G. HAQUART, J. DAUTRY et O. MASANI : guide romain antique, 1952, pages 30 à 32

-       P. PETIT : la paix romaine, 1967, pages 103 et 104

-       G. COULON : les gallo romains au carrefour de deux civilisations, 1985, pages 243 et 244

-       J. C. FREDOUILLE : dictionnaire de la civilisation romaine, notamment pages 57, 118, 149, 171, 172 et 238

-       J. C. MICHEL : Isère gallo romaine, T 1, 1985, page 119 et T 2, page 66

-       P. M. DUVAL : LA Gaule pendant la paix romaine, 1991, notamment pages 92, 93, 95, 141, 142 et 329

-       M. C. HOWATSON (direction) : dictionnaire de l’antiquité, 1996

 

 

L’épigraphie lapidaire de Grenoble par rapport aux autres cités antiques :

 

L’Histoire de la France Urbaine (direction G. DUBY, 1980) classe les villes romaines de Gaule et de Germanie par le nombre d’inscriptions latines recensées par les CIL XII et XIII à partir d’un seuil de 50 inscriptions.

 

27 villes de Gaule et de Germanie sont ainsi concernées par ce classement (op. cit. page 49) :

 

Ø  2 villes ont plus de 1000 inscriptions : Nîmes et Narbonne

Ø  2 villes également ont livré plus de 500 inscriptions : Mayence et Lyon

Ø  5 villes ont plus de 250 inscriptions : Cologne, Trêves, Vienne, Arles et Bordeaux

Ø  9 villes ont livré plus de 100 inscriptions : Bonn, Metz, Reims, Dijon, Autun, Bourges, Périgueux, Die et Vaison

Ø  9 enfin ont livré plus de 50 inscriptions : Grenoble (que l’on pourrait selon mon recensement faire figurer dans la liste précédente), Sens, Avenches, Genève, Orange, Aix en Provence, Marseille, Saintes et Béziers.

 

Ainsi, selon le seul critère de l’épigraphie retenu ici, Grenoble figure t-elle dans les 19 (ou 27) cités antiques les plus importantes.

 

 

Provenance et répartition des inscriptions :

 

Sur les 105 inscriptions romaines étudiées ci après :

 

-       25 proviennent de la Porte Romaine,

-       20 proviennent de la Porte Viennoise

-       38 proviennent d’emplacements grenoblois authentifiés

-       20 sont de provenance inconnue mais traditionnellement attribuée à la ville

-       2 sont extérieures.

 

46 de ces inscriptions subsistent encore :

 

-       41 au Musée Dauphinois

-       2 à la cathédrale Notre Dame

-       1, in situ, 20 Grande Rue

-       1 rue Saint Laurent

-       A à Echirolles

 

66 de ces inscriptions globales  sont complètes, cependant que 38 sont fragmentaires.

 

69 sont des inscriptions funéraires dans lesquelles la formule « Dis Manibus » se retrouve 38 fois, cependant que l’ascia est figurée 16 fois.

 

Bibliographie générale des inscriptions étudiées :

 

Peu fiable en ce qui concerne les sources d’archives les plus anciennes, elle présente néanmoins un intérêt évident, notamment en ce qui concerne les inscriptions perdues dont certaines avaient été vues par les premiers auteurs.

 

A cet égard n’est-il sans doute pas inutile de rappeler que CHAMPOLLION FIGEAC estimait, sans doute à juste titre, qu’ALLARD n’avait fait que copier BARLET qui, lui-même, aurait copié Antoine de GOVEA, jurisconsulte de Vienne qui, alors qu’il enseignait le droit à Grenoble au début du 16ème siècle, s’était intéressé aux inscriptions antiques de Grenoble. C’est, en l’état actuel des connaissances, le plus ancien auteur connu en matière de recherche épigraphique. Malheureusement, son manuscrit n’est plus localisé.

 

Les références bibliographiques qui suivent sont données dans l’ordre chronologique des auteurs et une abréviation conventionnelle est indiquée afin de faciliter et de simplifier l’analyse des 116 inscriptions étudiées pour les sources les plus fréquentes. Les autres sont intégralement citées.

 

-       Antoine de GOVEA (début du 16ème siècle), manuscrit perdu

-       E. BARLET : Allobrogis jurisperii Gratianopolitae absconditarum rerum antiquarum et mirabilum gentis suae monimenta, manuscrit (vers 1547-1559) : in folio de 96 pages, BN (man. 17728). Une copie postérieure est également conservée à la bibliothèque Sainte Geneviève à Paris (référence : Barlet)

-       E. de CLAVIERE : floridum liber singularis, 1621

-       G. ALLARD : inscriptions romaines de la ville de Grenoble dans « description historique de la ville de Grenoble », réédition 1992 (les références correspondent à cette dernière édition). Dictionnaire historique, chronologique, géographique, généalogique, héraldique, politique et botanographique du Dauphiné, manuscrit vers 1664 (référencé Allard, dictionnaire)

-       N. CHORIER : Histoire du Dauphiné, T 1, Grenoble, 1661, réédition 1971 (référencé Chorier)

-       N. CHARBOT : histoire de la ville de Grenoble, manuscrit in quarto vers 1717 (BMG 1665) (contient toutes les inscriptions romaines de Grenoble d’après Barlet, Allard et Chorier) (référencé Charbot)

-       Abbé J. C. MARTIN : Cularo plus tard Grenoble ou histoire ancienne et moderne, religieuse et civile de cette ville et de nombre de localités, sd, man. BMG Q 527 (référencé Martin)

-       J. J. CHAMPOLLION FIGEAC : inscriptiones Cularonenses restituae (réferencé Champollion 1804) ; antiquité de Grenoble ou histoire ancienne de cette ville d’après ses monuments (référencé Champollion, 1807)

-       J. J. A. PILOT : histoire de Grenoble et de ses environs depuis sa fondation sous le nom de Cularo jusqu’à nos jours, 1829 (référencé Pilot, 1829) ; Recherches sur les antiquités dauphinoises, 1883 (référencé Pilot 1883) ; les monuments du département de l’Isère, bulletin de l’Académie Delphinale, I, 1842-1845 (référence Pilot, 1842-1845) ; les inscriptions gallo romaines de Grenoble (référencé Pilot, 1860)

-       A. ALLME et A. de TERREBASSE : inscriptions antiques et du moyen âge de Vienne en Dauphiné, 6 volumes et 1 atlas. Les quatre premiers volumes, rédigés par A. Allmer concernent les inscriptions antiques et les inscriptions jusqu’au 8ème siècle, 1875-1876 (référencé Allmer avec le tome, le numéro d’inscription et le numéro de reproduction dans l’atlas)

-       E. LE BLANT : inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au 8ème siècle, I, 1856 et 1865 (référencé Le Blant avec le tome et le numéro d’inscription)

-       O. HIRSCHFELD : Corpus inscriptionum latinarum, T XII (référencé CIL XII avec le numéro d’inscription)

-       A. PRUDHOMME : histoire de Grenoble, 1888 (référencé Prudhomme)

-       C. JULLIAN : histoire de la Gaule, 1920-1926, 6 volumes, réédition 1993 en 2 volumes (les références de pagination, Jullian, correspondent à cette dernière édition)

-       Dom E. LECLERCQ : dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie, VI, 2, 1925 (colonnes 1797 à 1810, Grenoble) (référencé DACL)

-       S. CHABERT : catalogue des inscriptions romaines du Musée Dauphinois, 1927 (référencé Chabert)

-       E. ESPERANDIEU : inscriptions latines de Gaule (Narbonnaise), supplément au CIL XII, 1929 (référencé ILGN avec le numéro d’inscription)

-       H. MULLER : les origines de Grenoble : sa formation depuis l’époque gauloise jusqu’au VIIème siècle d’après les documents extraits de son sous sol, 1930 (référencé Müller)

-       E. DIEHL : inscriptiones latinae christiana veteres, 1931 (référencé ILCV avec le numéro d’inscription)

-       R. P. HOSTACHY : les vraies origines de Grenoble, 1962 (référencé Hostachy)

-       V. CHOMEL (direction) : histoire de Grenoble, 1976 (référencé Chomel)

-       R. TURCAN : les religions de l’Asie dans la vallée du Rhône, EPRO, 32, 1972 (référencé Turcan)

-       A. PELLETIER : Vienne antique, 1982 (référencé Pelletier)

-       H. G. PFLAUM : les fastes de la province Narbonnaise, XXXème supplément à Gallia, 1978 (référencé Pflaum)

-       F. DESCOMBES : recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures à la renaissance carolingienne, XV, Viennoise du nord, 1985 (référencé Descombes)

-       J. C. MICHEL : Isère gallo romaine, I, 1985 et II, 1987 (référencé Isère gallo romaine I ou II)

-       B. DANGREAUX : les origines de Grenoble : l’état des connaissances, Cahiers d’histoire, T XXXI, 1986-1 (référencé Dangreaux : la numérotation des pages correspond à celle du tiré à part)

-       A. de MONTJOYE : documents d’évaluation du patrimoine archéologique des villes de France : Grenoble, 1990 (référencé A. de Montjoye)

-       A. PELLETIER, F. DORY, W. MEYER, J. C. MICHEL : carte archéologique de la Gaule, Isère 38/1, 1994 (référencé CAG 38/1)

 

 

II – INSCRIPTIONS AUX DIVINITES

 

N° 1 : Esculape et Isis

 

Autel consacré à Esculape découvert sous la Porte Romaine à une époque non précisée :

 

                                               AESCVLAPIO

                                               SACR  M

                                               CAECVS

                                               ISIDIS AEDIT

                                                           P

 

« Aesculapio / Sacr(u)m / Caecus / Isidus aedit(umus) / P(osuit)

 

A Esculape, Caecus, gardien du temple d’Isis a élevé (cet autel)

 

Le culte d’Esculape en Gaule n’a pas suscité, semble t-il, beaucoup d’intérêt. Il s’agit néanmoins d’une manifestation des influences hellénistiques : dans la mythologie grecque, Esculape est le fils d’Apollon et de Coronis, fille du roi des Lapithes, Phlgyas. C’est un dieu gréco romain : Asklepios grec et Aesculapius romain, dieu de la médecine. La Narbonnaise semble avoir très peu développé ce culte : seules trois représentations figurées sont connues à Arles, Avignon et Vienne encore que cette dernière soit douteuse. A cela s’ajoutent quelques inscriptions (8 au total) notamment à Nîmes, Riez, Aoste et Grenoble.

Le fait, dans ces deux derniers cas, que le dieu soit désigné sous son nom grec pourrait laisser conjecturer que c’est le fait de dévots d’ascendance grecque : c’est particulièrement vrai à Aoste où la dédicace du temple à Esculape (CIL XII, 2386) est faite par Marcus Pennius Apollonius.

Il n’en va toutefois pas de même pour Caecus qui ne dispose pas d’un cognomen connu. Par contre, celui-ci est prêtre d’Isis, ce qui montre que le culte de celle ci existait à Grenoble ou dans les proches environs (infra 2ème partie, chapitre XI).

 

-       ALLARD : dictionnaire T 1, page 427 et Inscriptions, page 27

-       CHORIER : T 1, pages 189 et 240

-       CHARBOT : n° IV, page 40

-       PILOT : 1829, pages 5 et 298 ; 1833, page 73 et 1842-1845, page 64

-       ALLMER : n° 2045

-       CIL XII, n° 2215

-       C. JULLIAN : T 2, pages 162 et 642

-       L. VIDMAN : Sylloge inscriptionum religionis Isiacae et Sarapiacae, 1969, n° 740, page 314

-       Isère gallo romaine, I, pages 178, 179 et 184 et II, page 51

-       A. PELLETIER : page 429

-       E. SIKORA : le culte d’Esculape en Gaule dans la médecine en Gaule, 1985, pages 195 à 205

-       R. ROUGIER : Aoste la romaine, 1988, page 65

-       CAG 38/1, page 84

 

N° 2 Fortunes :

 

Autel de provenance non identifiée dédiée aux Fortunes (perdu)

 

                                   FORTINIVS

                        L. SVRIVS IVCVNDVS

                                        SLM

 

« Fortunis / L(ucius) Surius Iucundus / S(uluit) L(ibens) M(erito) »

 

Aux Fortunes, Lucius Surius Iucundus s’est acquitté de son vœu de bon gré et à juste titre.

 

C’est également à Aoste qu’il faut se référer pour trouver un autre exemple du culte à la Fortune (ou aux Fortunes) où une statuette fut trouvée en 1861 près de Pigneux.

 

-       CIL XII, n° 2216

-       E. ESPERANDIEU, n° 2644

-       A. PELLETIER : pages 405 à 407

-       Isère gallo romaine, II, page 52

-       CAG 38/1, page 84

 

N° 3 Jupiter :

 

Fragments de marbre blanc de Paros trouvés en 1895, 1 rue Jean François Hche. C’est à tort qu’ESPERANDIEU situe cette découverte en 1904 place Notre Dame. Fragments jadis conservés au Musée Dauphinois et aujourd’hui perdus.

 

                                               I O M

                                               …… us f

                                               ……. da

 

« …. I(ovi) O(ptimo) M(aximo) / …… us f(?) / ….. da(t)”

 

A Jupiter très bon, très grand………. use….. donne

 

Le culte de Jupiter a laissé de nombreux vestiges dans notre région évoquant soit le dieu officiel de Rome soit une divinité locale assimilée.

 

-       J. ROMAN : BSAF, 1904, page 299

-       ILGN n° 337, page 104

-       CAG 38/1, page 84

 

N° 4 Maïa Auguste :

 

Dédicace très mutilée trouvée en 1934 à un mètre de profondeur devant l’immeuble 2 rue Brocherie.

 

Conservée au Musée Dauphinois n° 34-5728

 

                                               M

                                         G  S C

 

« M(aiae)… / (Au)g(ustae) S(a)c(rum)”

 

Consacré à Maïa Augusta

 

Les Allobroges semblent avoir eu une ferveur toute particulière pour le culte de Maïa. Rien que dans le département de l’Isère cinq inscriptions sont connues : celle-ci, une seconde dédicace à Grenoble (infra n° 5), une autre à Pact (CIL XII, 5867) et deux enfin à Chatte (CIL XII, 2194 et 2196). Un temple lui était peut être consacré à Grenoble (infra 2ème partie, chapitre X).

 

-       le Dauphiné, T 22, 9 mai 1866, page 475

-       CIL XII, n° 5870

-       MULLER : page 30

-       CHABERT : pages 36 et 37

-       Isère gallo romaine, I, page 160 et II, page 95

-       CAG 38/1, pages 50, 84 et 128

 

N° 5 Maïa

 

Plaque en bronze trouvée en 1896, 3 place Sainte Claire à 3,50 m de profondeur. Fracturée dans son angle droit. Elle pouvait orner un autel domestique consacré à la déesse mais on a aussi conjecturé un temple (infra 2ème partie, chapitre X).

Conservée au Musée Dauphinois (n° D 67.3.288). Actuellement au Musée de l’ancien évêché, 1ère salle d’accès au baptistère.

 

                                               MAIA

                                      V V S L    ME

                                   C ATTIVS ATTICVS

 

« Maia(e) / (u)t V(overat) S(olvit) L(ibens) M(erito) / C(aius) Attius Atticus »

 

A Maia, Caius Attius Atticus a accompli son voeu comme il l’avait promis, de bon gré et à juste titre.

La facture des lettres permet d’attribuer cette inscription au 1er ou au 2ème siècle. H. Müller l’attribuait pour sa part au 1er siècle.

 

Caius Attius Atticus est, selon toutes probabilités, un parent de Sextus Attius Atticus qui était flamine de la Narbonnaise et avait sa statue à Rome.

 

Cette famille Attius est d’ailleurs largement connue dans la cité de Vienne et notamment à Grenoble (infra n° 37 et 59) au point qu’on se soit interrogé sur une relation directe possible entre cette famille et le pagus Ati…us mal connu (supra chapitre IV : la civitas des Allobroges).

 

-       A. CHABERT : page 59

-       C. GUIRIMAND :inscription en l’honneur de Maïa découverte à Grenoble, bulletin de l’Académie Delphinale, 4ème série, T 1, 1896, pages 387 à 392

-       A. ALLMER : Revue épigraphique du Midi, 1890-1898, n° 1158 ; l’année épigraphique, 1896, n° 81

-       ILGN n° 338, page 104

-       H. MULLER : une inscription romaine sur plaque de bronze trouvée

 

N° 6 : Mars :

 

Inscription à Mars Auguste trouvée en 1777 près de la Tour Rabot (sanctuaire ? Infra 2ème partie, chapitre X).

Conservée au Musée Dauphinois n° 34.56.86

 

                                               MARTI AVG

                                                    CASSI

                                               SEVERINVS

                                               CENSORINVS

 

« Marti Aug(usto) / Cassi(i) / Severinus / Censorinus »

 

A Mars Auguste, Cassius Severinus et Cassius Censorinus (ont consacré cet autel).

 

Mars a connu un grand succès sur le territoire des Allobroges et les témoignages de son culte y sont presque aussi nombreux que ceux à Mercure.

 

-       CHAMPOLLION, 1807, pages 36 à 41

-       PILOT, 1829, page 299 et 1860, page 331

-       ALLMER :T 3, n° 454, pages 124 et 125 et atlas n° 269-9

-       CIL XII, n° 2219

-       MULLER : pages 35 et 36

-       CHABERT, page 24

 

N° 7 : Mars :

 

Autel encastré, jusqu’en 1808, « dans la tour de l’Evêché » selon le CIL ou « dans le mur du Lycée selon Pilot. Déposé ensuite dans la cour d’une maison rue Bayard. Il est considéré comme le piédestal d’une statue (1er siècle). Conservé au Musée Dauphinois n° 34-5685.

                                               MARTI

                                   D. DECMANIVS CAPER

                                               T P I

 

« Marti / D(ecimus) Decmanius Caper / T(estamento) P(oni) I(ussit) »

 

A Mars, Decimus Decmanius Caper a ordonné par testament que (ce monument) soit élevé.

 

S’agissait-il d’un temple ? (infra 2ème partie, Chapitre X). Inscription du 1er siècle. On sait, par une autre inscription, que D. Decmanius Caper était sous préfet de cavalerie de l’ Alia Agrippina.

 

-       PILOT : 1829, pages 296 et 297 et 1860, page 331

-       ALLMER : n° 453 et atlas n° 269-8

-       CIL XII, n° 2218

-       CHABERT : pages 23 et 24

-       PELLETIER : page 271

-       PFAULM : pages 235 à 237

-       A. de MONTJOYE : page 18

-       CAG 38/1, page 84

 

N° 8 : les Mères Augustes :

 

Autel découvert en 1863 à l’occasion de travaux sous la nef de la cathédrale pour l’établissement d’un calorifère (et non « dans les démolitions de la Grande Rue » comme l’indique Allmer).

 

Conservé au Musée Dauphinois, n° 34-5687

 

                                                           MATRIS AVG

                                                                SACRVM

                                                           T CASSIVS EROS

 

« Matris Aug(ustalis) / Sacrum / T(itus) Cassius Eros ».

 

Consacré aux Mères Augustes (par) Titus Cassius Eros.

 

Les Matres sont des divinités tutélaires locales figurant à huit reprises dans l’épigraphie de la cité de Vienne (Grenoble, Aoste, Saint Innocent, Genève).

 

Titus Cassius Eros est connu par une autre inscription comme dédicataire à Junon Reine (CIL XII, 1816) trouvée à Seyssuel et qui est sans doute postérieure à celle-ci (début du 2ème siècle ?) puisque y figurent également ses trois fils : Cassius Priscus, Cassius Euphemus et Cassius Secundus.

 

-       J. J. A. PILOT : autel gallo romain trouvé dans les fondations de la cathédrale de Grenoble, BSSI 2ème série, T VII, 1864, pages 424 à 427

-       ALLMER : T 3, n° 456, pages 126 et 127 et atlas n° 269-166

-       CIL XII, n° 2220

-       CHABERT : pages 24 et 25

-       B. BLIGNY (direction) : Histoire du Dauphiné, 1973, page 75

-       PELLETIER : pages 387 à 389

-       A. PELLETIER : paganisme et christianisme à Vienne au 2ème siècle, Archéologie n° 48, décembre 1980, pages 69 à 71

-       Isère gallo romaine, T 2, pages 159 et 161

-       CAG 38/1, page 84

 

N° 9 : Mères Nemetiales :

 

Partie supérieure d’un autel trouvée en 1822 (ou en 1842 ?) dans le cimetière de l’ancienne église Saint Jean, place Saint André.

 

Conservée au Musée Dauphinois n° 34-5688

 

                                                           MATRIS

                                                       NEMETIALI

                                                     LV CRETIA Q

                                                           LIB IVM

 

« Matris / Nemetiali(bus) / Lucretia Q(uinti) / Lib(erta) … ium »

 

Aux Mères Némétiales, Lucretia, affranchie de Quintus (a consacré cet autel).

 

Certains des cultes pratiqués en Narbonnaise traduisent le double aspect de la popularité du culte des Mères qui remonte au vieux fond néolithique du peuplement. Le culte des « Mères Némétiales » est de ceux-ci et, bien qu’inconnu ailleurs dans l’épigraphie de la Gaule Narbonnaise, est à apparenter aux « Mères Augustes ». On peut toutefois noter que « Némétiales » est à rapprocher sans doute de « Nemetum », le lieu consacré.

Un sanctuaire aux « Mères Némétiales » existait-il à Grenoble ? (infra, 2ème partie, chapitre X).

 

-       PILOT : 1860, page 342

-       ALLMER : T III n° 457, pages 127 et 128 et atlas n° 269-11

-       CIL XII, n° 2221

-       CHABERT : page 25

-       CHOMEL (direction) : page 32

-       CAG 38/1, page 84

 

N° 10 : Saturne :

 

Autel du 1er siècle (piédestal d’une statue) qui se trouvait autrefois dans la cour d’une maison rue Bayard.

 

Conservé au Musée Dauphinois n°  34-5689, visible dans le cloître.

 

                                                           SATVRNO

                                                  D. DECMANIVS CAPER

                                                                T P I

«  Saturno / D(ecimus) Decmanius Caper / T(estamento) P(oni) I(ussit) »

 

A Saturne, Decimus Decmanius Caper a ordonné par testament que (ce monument) soit élevé.

 

Cette inscription, d’un personnage cité trois fois dans l’épigraphie grenobloise, (supra n° 7 et infra n° 19) est formulée de manière identique à l’inscription qu’il avait dans le même temps consacrée à Mars.

 

La référence à Saturne est rare : aucune autre n’est connue en Narbonnaise. Allmer pensait que, retiré à Cularo après sa carrière militaire, Decmanius Caper avait voulu, en choisissant pour motifs de sa libéralité des statues des deux divinités qui symbolisaient la guerre (Mars) et la paix (Saturne) marquer les deux occupations entre lesquelles s’était partagé le cours de son existence. Mais Pfaulm suppose que toutes les divinités du panthéon romain avaient pu être représentées.

 

-       PILOT : 1829, page 299 et 1860, page 332

-       ALLMER : T 2, n° 240 page 383 et 3, n° 452, pages 122 et 123 ; atlas n° 269-7

-       CIL XII, n° 2225

-       CHABERT : page 26

-       PFAULM : pages 235 à 237

-       CAG 38/1, page 65

 

N° 11 : divinités des Empereurs et Diane :

 

Fragment de dédicace (perdu) dont le lieu de la découverte doit être situé rue des Clercs plutôt que place Sainte Claire.

 

Du temps de Guy Allard elle était « en la maison de Jean de Belièvre, premier président au Parlement ».

 

                                                           NVMINIBVS AVG

                                                                ET DEA DIAN

 

« Numinibus Aug(ustorum) / …. Et Dea Dian(ae) ».

 

Aux divinités des empereurs et de la déesse Diane.

 

Les dédicaces au numen impérial sont bien connues dans la cité de Vienne : Aoste, notamment, en conserve cinq.

Le culte a Diane est plus limité. Trois découvertes dans le département de l’Isère la concernent : une statuette à Jarcieu, un autel polythéiste à Agnin et un buste aux Roches de Condrieu. Le culte de Diane est par ailleurs présumé à Aix les Bains.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 27

-       CHORIER : T 1, page 188

-       CHARBOT : page 39

-       PILOT : 1829, page 299

-       ALLMER : T 3, n° 455, pages 125 et 126

-       CIL XII, n° 2224

-       J. ROUGIER : Aoste la Romaine, 1988, pages 50 et 51

-       J. PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, 1983, page 260

-       CAG 38/1, pages 48, 85, 112 et 152

 

N° 12 : Mercure :

 

Bien que située depuis toujours à Echirolles, cette inscription est indissociable de l’histoire de Grenoble, Echirolles ayant même été jadis assimilée à Cularo par H. Gariel qui en faisait dériver le nom (« ex Cularo » !).

L’inscription était, sous Chorier, à la porte de l’ancienne église Saint JACQUES D4Echirolles ? qui passait pour avoir été bâtie des ruines et sur l’emplacement d’un temple à Mercure (infra, 2ème partie, chapitre X).

Depuis au moins l’époque de Champollion, elle est située sur la terrasse du château de Saint Jacques.

 

                                                           MERCVRIO

                                                           L MANILIVS

                                                             SILANVS

 

« Mercurio / L(ucius) Manilius / Silanus »

 

A Mercure, Lucius Manilius Silanus.

 

Mercure était, semble t-il, le dieu le plus honoré de la Gaule. Le texte de César concernant le culte de Mercure est bien connu : « le dieu qu’ils honorent le plus est Mercure : ses statues sont les plus nombreuses. Ils le considèrent comme l’inventeur de tous les arts. Il est pour eux le dieu qui indique la route à suivre, qui guide le voyageur. Il est celui qui est le plus capable de faire gagner de l’argent et de protéger le commerce ».

 

Depuis Barlet, que tous les auteurs postérieurs ont repris, il a semblé admis que L. Manilius avait été « un tribun militaire, dont la famille a donné plusieurs consuls à la ville de Rome, envoyé en cette qualité chez les Allobroges par Auguste ». Mais ceci semble devoir être écarté aujourd’hui.

 

-       CESAR : De Bello Gallico, VI, 17

-       BARLET : manuscrit 17ème siècle

-       CHORIER : T 1, page 187

-       ALLARD : inscriptions, page 27 et dictionnaire, T 2, page 183

-       CHARBOT : n° 111, page 25

-       H. GARIEL : histoire du Dauphiné, 1864

-       ALLMER : T 3, n° 783, pages 466 et 467 et atlas n° 269-10

-       CHAMPOLLION, 1807, pages 45 à 49

-       CIL XII, n° 2223

-       Collectif : à la découverte du vieil Echirolles, 1970, pages 13 et 14, 68 et 241

-       Isère gallo romaine, I, page 49

-       CAG 38/1 : page 168

-       C. GOUDINEAU : Jules César, guerre des Gaules, 1994, page 256

 

III – INSCRIPTIONS AUX EMPEREURS :

 

N° 13 : Antonin :

 

Inscription rapportée par J. J. CHAMPOLLION FIGEAC bien qu’elle n’existât déjà plus de son temps. Etait-ce le piédestal d’une statue ?

 

 

                                               IMP CAES T AEL HAD

                                                   ANT AVG PIO P P

                                               P M TR POT X COS IIIi

 

“Imp(eratori) Caes(ari) T(ito) Ael(io) Had(riano) / Ant(onion) Aug(usto) pio p(atri) p(atriae) / P(ontifici) M(axiom) Tr(ibunicia) Pot(estate) decimae co(n)s(ulli) ter (?)”

 

A l’empereur César Titus Aelius Hadrianus Antoninus August, pieux, père de la patrie, grand pontife dans sa dixième puissance tribunicienne, consul pour la troisième ( ?) fois.

 

Cette inscription présente un bon exemple d’épigraphie sur la titulature impériale ; elle mentionne notamment la qualité d’Auguste – titre sacré accordé pour la première fois à Octave – de père de la patrie – honneur décerné par le Sénat et le peuple romain – de grand pontife – chef suprême de la religion romaine, dans sa 10ème puissance tribunicienne – titre donnant pouvoir et immunité des tribuns de la plèbe, reconduit annuellement le 10 décembre depuis Trajan et consul – magistrature suprême –

 

Il n’en demeure pas moins que cette inscription comporte une anomalie flagrante. Antonin le Pieux, dont le principat dura de juillet 138 à mars 161, obtint sa dixième puissance tribunicienne en 146-147, cependant que son troisième consulat intervint de 140 à 145.

L’inscription de Grenoble (dont l’origine reste d’ailleurs totalement inconnue) se situe donc, soit à cette dernière époque et préalablement à son quatrième et dernier consulat obtenu en 145, soit vers 146-147, époque de sa dixième puissance tribunicienne.

 

-       CHAMPOLLION : 1804, page 144

-       ALLMER : T 1, n° 15, pages 65 et 66

-       C. MERMET : Mémento monétaire de l’empire romain, 1982, page 15

-       CAG 38/1 : page 85

-       C. SCARRE : Chronique des empereurs romains, 1995, pages 13 et 106 à 111

 

N° 14 : Claude II dit le Gothique :

 

Inscription trouvée en mai 1879 place Lavalette, dans le mur d’enceinte de la citadelle construite par Lesdiguières, à l’occasion de travaux faits par le Génie militaire pour établir une porte donnant sur la place Lavalette.

Etait-ce un piédestal de statue ? (infra 2ème partie, chapitre II).

Inscription conservée au Musée Dauphinois n° 34-5692

 

                                                                       IMP CAESAR

                                                                   M AVR CLAVDIO

                                                                 PIO FELICI INVICTO

                                                                 AVG GERMANICO

                                                              MAX P M TRIB POTES

                                                             TATIS II COS PATRI PA

                                                               TRIAE PROC VEXIL

                                                                       LATIONES ADQVE

                                                                   EQVITES ITEMQVE

                                                                 PRAEPOSITI ET DVCE

                                                                 NAR PROTECT TEN

                                                                 DENTES IN NARB

                                                                 PROV SVB CVRA IVL

                                                                 PLACIDIANI V P PRAE

                                                                 FECT VIGIL DEVOTI

                                                                 NUMINI MAIESTA

                                                                            TIQ EIVS

 

« Imp(eratori) Caesar(i) / M(arco) Aur(elio) Claudio / pio felici invisto / Aug(usto) Germanico / Max(imo) P(ontifici) M(aximo) trib(uniciae) potes / tati iterum co(n)s(uli) patri pa / triae proc(onsuli) vexi / lationes adque / equites itemque / praepositi et duce / nar(ii) protectors ten / dentes in Narb(onensi) / Prov(incia) subcura Iul(ius) Placidiani(us) V(iri) P(erfectissimi) prae / fect(i) Vigil(um) devoti / numini maiesta : tiq(ue) eius ».

 

A l’empereur César Marcus Aurelius Claudius, pieux, heureux, invincible Auguste, très grand vainqueur des Germains, grand pontife, dans sa seconde puissance tribunicienne, consul, père de la patrie, proconsul, les « vexillationes », les « adque equites » de même que les « praepositi » et les « ducenarii protectores » cantonnés dans la province de Narbonnaise sous le commandement de Iulius Placidianus, homme perfectissime, préfet des Vigiles, dévoué(s) à la puissance et à la souveraineté de l’empereur (ont élevé ce monument).

 

Les « vexillationes » sont, au 3ème siècle, les légionnaires et les auxiliaires maintenus en réserve dans les villes fortifiées du nord de l’Italie (Milan notamment) qui forment les détachements expéditionnaires. Les « adque equites » correspondent aux troupes de cavalerie, cependant que les « praepositi » désignet ici les officiers placés à la tête des vexillationes et des adque equites. Ce qualificatif s’applique presque toujours, à l’époque de l’inscription, aux commandants des détachements expéditionnaires. Enfin, en ce qui concerne les « duceranii protectores », Allmer traduit le terme par « tribuns des cohortes prétoriennes » et la CAG 38 par « ducénaires gardes du corps ». Or, il semble qu’à compter de Gordien III ou de Valérien, les « protectores » aient remplacé les « equites singulares », anciens soldats de la garde à cheval de l’empereur : c’est un corps d’élite, sans doute constitué d’anciens décurions qui ont rang d’officiers.

 

Il s’agit donc là en l’espèce de soldats de la garde impériale. Pfaulm y voit les gardes du corps de Placidianus qu’il qualifie de « dux » (Fastes, page 193).

Quant au dernier terme de l’inscription, que la CAG propose de transcrire par « dévoués à sa divinité et à sa majesté » nous pensons préférable d’adopter la formulation retenue ci avant, rappelant par ailleurs qu’une querelle d’auteurs, qui est ancienne mais qui perdure encore, existe sur la question de savoir s’il convient de traiter le mot « dévoué » au singulier ou au pluriel.

 

Cette insciption parait devoir se situer dans le milieu ou avant la fin de l’année 269. En tout état de cause, elle est postérieure au 10 décembre 268, début de la seconde puissance tribunicienne de Claude II et antérieure à sa troisième puissance tribunicienne connue par une inscription de la colonie de Thubursicu Numidarum (aujourd’hui Khamissa en Algérie) qui le montre également consul pour la seconde fois (CIL VIII, 4876).

 

Il n’est plus dans cette dernière inscription qualifié de « Germanico Maximo », mais de « Gothico Maximo », le très grand gothique, ce qui montre qu’entre les deux dédicaces avait eu lieu la grande bataille de Naissus en Mésie Supérieure, où il aurait défait une armée de Goths composée de « armantorum trecenta vingti milia », 320 000 hommes en arme, selon l’Histoire Auguste, chiffre étonnant que reprend pourtant Ammien Marcellin (XXXI, 5, 15).

 

En ce qui concerne les raisons du stationnement à Grenoble de ces importants corps de troupe et sur la présence à leur tête de Iulius Placidianus, on voudra bien se reporter à l’étude spécifique ci après.

 

Bibliographie propre à l’inscription :

 

-       l’Impartial des Alpes : 2 août 1879

-       F. VALLENTIN : l’inscription de Grenoble, BM, 45, 1979, pages 433 à 436, découvertes archéologiques faites en Dauphiné pendant l’année 1879, bulletin de l’Académie Delphinale, 1879, pages 41 à 73, Revue anthropologique, 38, 1879, page 120 et inscription latine découverte à Grenoble en mai 1879 relative à un monument élevé dans cette ville en l’an 269 en l’honneur de l’empereur Claude le Gothique, Congrès archéologique de France, 66ème session, 1879, pages 323 à 332

-       E. PILOT de THOREY : inscription découverte à Grenoble à la Citadelle, BSSI, 3ème série, T X, 1880, pages 5 et 6

-       A. ALLMER : 3ème supplément aux inscriptions antiques de Vienne, 1880, n° 2069, page 215

-       CIL XII, n° 2228

-       H. SESSAU : Inscriptiones Latinae Selectae, 1892-1916, n° 569

-       MULLER : pages 34 et 35  

-       CHABERT : pages 27 à 29

-       Trésors du Musée Dauphinois, 1968, n° 39, pages 38 à 40

-       PFAULM : pages 191 à 193

-       E. CIZEK : l’empereur Aurélien et son temps, 1994, pages 80 à 82

-       CAG : page 85

-       M. REDDE : l’armée romaine en Gaule, 1996, pages 229 et ss

-       M. CHRISTOL : l’empire romain au 3ème siècle, 1997, page 157

-       M. BATS, S. BENOIT et S. LEFEBVRE : l’empire romain au 3ème siècle, 1997, pages 334, 335 et 338

-       X. LORIOT, D. NONY : la crise de l’empire romain, 1997, page 95

 

Autres éléments bibliographiques :

 

-       Histoire Auguste ; traduction A. CHASTAGNOL, 1994, pages 938 et 939

-       AMMIEN MARCELLIN : Histoire, édition les Belles Lettres, 1968-1984

-       F. ZOSSO, C. ZINGG : les empereurs romains, 1995, pages 102 et 103

-       C. SCARRE : chronique des empereurs romains, 1995, pages 182 à 184

 

Le séjour de Placidianus à Grenoble :

 

La synthèse de ce qui suit est pour l’essentiel extraite d’une étude que j’ai consacrée en 1982 au séjour de ce haut personnage à Grenoble et à Vif, publiée sous le titre « à la recherche de Placidianus » dans le 9 du bulletin des Amis de la Vallée de la Gresse » (juin 1982). Elle intègre toutefois divers compléments.

 

Comme le montre l’inscription, un important corps de troupes – peut être même une armée – sous le commandement de Iulius Placidianus (son praenomen n’est pas connu, peut être Caius) mais son nomen pourrait l’apparenter à la gens Iulia, peut être celle à laquelle avait appartenu César lui-même (Caius Iulius Cesar) ; quant à son cognomen – le Placide – il pourrait résulter d’un trait de caractère marquant. Placidianus était alors le préfet des Vigiles de Rome (*)

 

(*) des traces de la caserne des Vigiles de Rome ont été retrouvées dans la 7ème région de Rome à proximité de l’actuelle piazza dei SS apostoli.

 

On doit s’interroger sur les raisons de ce séjour d’un corps expéditionnaire d’élite composé de soldats pris dans la propre garde impériale ! Il faut, à cet égard, se souvenir qu’à cette période Autun se révolte contre les usurpateurs du pouvoir et appelle Claude II à son secours. Celui-ci, qui lutte contre les Goths, ne peut venir en personne à l’aide de l’emblématique capitale de la civitas des Eduens mais, soucieux de reprendre le contrôle de la Gaule, envoie alors semble t-il, Iulius Placidianus, son préfet des Vigiles, avec une petite armée.

 

Le contexte de l’époque était en effet relativement compliqué.

 

Au moment de l’accession à l’empire de Claude II en mais 268, l’unité romaine était rompue depuis 259, époque où Postumus, commandant du front rhénan, avait été proclamé empereur par ses troupes. De l’avis des historiens, cet acte n’avait d’ailleurs pas fatalement une volonté de sécession. Il s’agissait non de constituer un « empire gaulois » mais bien un « empire romain des Gaules », d’assurer sa défense contre les barbares et, par là, de sauver le monde romain.

 

Postumus régna sagement et habilement jusqu’en 267 ou 268, époque où il fut assassiné par ses propres troupes. De cet évènement naquit en Gaule une période de guerre civile qui incita, semble t-il, l’Espagne et la Narbonnaise à reconnaître Claude II plutôt que Laetianus et Victorinus, les pâles successeurs de Postumus.

 

C’est dans ces conditions qu’Autun, se refusant à faire allégeance à Victorinus, appelle Claude II à son secours. Fort occupé, comme on l’a vu avec les Goths qu’il veut vaincre définitivement et préoccupé par la sécession palmyrénienne, celui envoie Placidianus. Certains auteurs vont même jusqu’à penser qu’il aurait pu confier à ce grand personnage, totalement fidèle à sa personne, la responsabilité de l’ensemble des provinces européennes. D’autres lui confèrent le titre de « dux » (Pfaulm, Christol).

 

Les troupes de Placidianus sont à Grenoble lorsqu’elles apprennent les succès de Claude et celui-ci fait alors graver la dédicace qui a été conservée.

 

On ignore les raisons qui empêchent alors Placidianus de secourir autun qui, après un siège de sept mois disent les « Panegyrici » tombe aux mains de Victorinus qui procède alors à une sanglante vengeance.

 

On ne sait pas si cet évènement dramatique est survenu alors que Placidianus était en marche ou si, délibérément, il avait cantonné son armée à Cularo dès le début du siège d’Autun, peut être en attendant des renforts ou l’empereur lui-même.

Les historiens ne savent pas expliquer les raisons de l’attitude de Placidianus. Sans doute répondait-elle à de sérieux motifs car il est tout à fait établi qu’il a séjourné, avec ses troupes, longuement dans la région grenobloise, au sein de cette province Narbonnaise toute acquise au pouvoir de Rome. En effet, on sait que Placidianus très postérieurement à son arrivée à Cularo et à la dédicace consacrée à Claude était encore sur place : en témoigne une seconde inscription, aujourd’hui encastrée dans le clocher de l’église Saint Jean Baptiste de Vif :

 

                                                           IGNIBVS

                                                      AETERNIS IVL

                                                       PLACIDIANVS

                                                    V C PRAF PRAE

                                                                 TORI

                                                     EX VOTO POSVIT

 

« Ignibus / Aeternis Iul(ius) / Placidianus / v(ir) c(larissimus) praef(ectus) prae / tori(o) / ex voto posuit ».

 

Aux feux éternels, Julius Placidianus, clarissime, préfet du prétoire, a élevé (cet autel) à la suite d’un vœu.

 

On s’est longuement interrogé sur ces « feux éternels » : s’agissait-il de ceux de la Fontaine Ardente proche ou l’allusion au culte solaire dont Aurélien avait fait l’un des éléments fondamentaux de sa réforme religieuse ?

 

J’ai longuement discuté cette problématique dans l’étude susvisée (complétée et reprise dans ce même site Internet) et il ne parait pas nécessaire d’y revenir ici. Mais, l’intérêt majeur de cette inscription est que Placidianus y apparaît comme préfet du prétoire, la préfecture la plus élevée de l’empire en cette seconde moitié du 3ème siècle, faisant de son titulaire un quasi vice empereur.

 

La question est : quand Placidianus fut-il élevé à cette dignité ? Deux réponses sont possibles : soit à l’extrême fin du règne de Claude II, soit plus probablement au début de celui d’Aurélien. Les auteurs ne sont toutefois pas d’accord pour situer la mort de Claude II : fin 269 ? début 270 , 26 août ou 6 septembre 270 ?. Il en découle, corrélativement, une incertitude de même nature sur le début du règne d’Aurélien.

Ce qui est toutefois établi est que Placidianus est l’unique préfet du prétoire d’Aurélien à être connu avec certitude (*).

 

(*) l’Histoire Auguste qui, curieusement, ne mentionne pas Placidianus, cite comme préfet du prétoire Ablavius Murena, personnage qui semble avoir été inventé de toutes pièces.

 

L’inscription de Vif se situe donc à une date comprise entre la mi 270 et 272. Cette dernière ne fait aucun doute puisque l’on sait par ailleurs que dès le 1er janvier 273, Placidianus était devenu consul ordinaire.

 

Son séjour à Grenoble aurait donc duré du début du siège d’Autun (fin 269) jusqu’à fin 270 pour l’amplitude la plus courte ou jusqu’à fin 272 pour l’amplitude la plus longue, soit entre un et trois ans ce qui, dans les deux cas est considérable.

 

Cela montre – et trop peu d’auteurs l’ont jusqu’alors relevé – que Cularo devait disposer d’infrastructures suffisamment importantes pour accueillir aussi longtemps un tel personnage et son armée.

 

Pour sa part, C. JULLIAN y voit le lieu de concentration des armées impériales pour surveiller et menacer les empereurs des Gaules et E. CIZECK conjecture que Placidianus était originaire de Narbonnaise et qu’il y jouissait d’une notable réputation.

 

Mais à quoi une telle armée aurait pu être employée ?

 

Certains auteurs, limités il est vrai, pensent que Placidianus aurait profité de ce long séjour pour commencer, dès 269, la fortification de Grenoble ; ceci n’est pas du tout improbable quand on sait qu’une pièce de Claude II a été retrouvée dans les substructions (voir à cet égard le chapitre consacré à l’enceinte).

 

Par ailleurs, le nombre important de monnaies de Claude II et d’Aurélien trouvées à Grenoble ou dans les proches environs (Vif, Saint Martin le Vinoux, le Fontanil, Brézins, Veurey…) atteste également des évènements importants dont Grenoble fut témoin à la charnière des règnes de Claude II et d’Aurélien.

 

On ne sait plus rine de Placidianus postérieurement à ces évènements sauf, comme cela a été indiqué, qu’il fut consul ordinaire en 273 en compagnie d’Aulus Tacitus, le successeur d’Aurélien.

 

Peut être suivit-il Aurélien lors du semblant de campagne menée contre Tétricus ? Peut être retourna t-il à Rome siéger au sénat auquel il avait accédé lors de sa désignation comme préfet du prétoire ainsi que l’atteste l’inscription de Vif ?

 

On ne sait rien de cela car ce personnage, pourtant illustre, n’est pas autrement connu que par les deux inscriptions évoquées ci avant et par les « Fastes consulaires ».

 

Bibliographie :

 

-       J. C. MICHEL : à la recherche de Placidianus, bulletin des AVG n° 9, juin 1982, pages 5 à 21

-       Histoire Auguste : traduction A. CHASTAGNOL, 1994, Tyranni Triginta, pages 837 à 915, Divus Claudius, pages 933 à 953, Divus Aurelianus, pages 957 à 1023

 

Par ailleurs, le séjour de Placidianus à Grenoble a été évoqué par de nombreux auteurs. La synthèse qui précède et l’étude complète dont elle est tirée résulte de la consultation des textes suivants :

 

-       J. J. A. PILOT : note sur une inscription gallo romaine gravée su une pierre du clocher de l’église de Vif, BSSI, 4, 1860, pages 366 à 368

-       A. PRUDHOMME : pages 19 à 21

-       L. HOMO : de Cauldio Gothico, romanorum imperatore, 1903, pages 474 et 475  et essai sur le règne d’Auréline, 1904

-       C. JULLIAN : T 1, pages 860 et 1246

-       J. CHEVALLIER : sur l’inscription de Vif, bulletin de l’Académie Delphinale, 1923, pages 2 à 7

-       A. MERCIER et A. SEGUIN : l’épigraphie et les fontaines ardentes, bulletin de l’association française des techniciens du pétrole, 1939, pages 48 et 49

-       Prosopographia Imperii Romani, IV, 3, 1943, page 249

-       P. LE GENTILHOMME : le désastre d’Autun en 269, Revue des Etudes Anciennes, 45, 1943, pages 223 à 240  

-       E. GALLETIER : les panégyriques latins, VIII et IV, 1949-1955

-       E. THEVENOT : les gallo romains, 1948, pages 103 à 105

-       J. J. HATT : histoire de la Gaule romaine, 1959

-       HOEFER : nouvelle biographie générale, T IX, 1964, pages 687 à 689

-       J. LAFAURIE : chronologie impériale de 249 à 285, bulletin de la société nouvelle des antiquaires de France, 1965, pages 139 à 154

-       J. F. MICHAUD : biographie universelle ancienne et moderne, T VIII, 1966, pages 335 et 336

-       TURCAN : pages 30 et 31

-       J. SCHWARTZ : la mort de Claude le Gothique, Historia, 1973, pages 358 à 362

-       H. G. PFAULM : les fastes de la province Narbonnaise, 1978, pages 191 à 193

-       G. DUBY (direction) : histoire de la France urbaine, 1980, page 404

-       C. MERMET : mémento monétaire de l’empire romain, 1982, pages 36 et 38

-       M. CHRISTOL : l’empire romain du 3ème siècle, 1977, pages 148, 157 et 161 et essai sur les carrières sénatoriales dans la 2ème moitié du 3ème siècle, 1986, pages 110 à 114 et 119

-       J. C. MICHEL : inscription votive de Vif, Archéologie chez vous n° 4, 1985, pages 25 et 26

-       Isère gallo romaine I, page 221

-       A. REBOURG : CAG 71/1 (Autun), 1993, pages 335 et 336

-       E. CIZEK : l’empereur Aurélien et son temps, 1994, pages 81 à 84, 185 et 230 à 232

-       F. ZOSSO et C. ZINGG : les empereurs romains, 1995, pages 103 à 105

-       X. LORIOT et D. NONY : la crise de l’empire romain, 1997, page 85

-       M. BATS, S. BENOIST, S. LEFEBVRE : l’empire romain au 3ème siècle, 1997, pages 334 à 338

-       CAG 38/1 : pages 155 et 156

-       C. SCARRE : chronique des empereurs romains, 1995, pages 182 à 184 et 185 à 187

 

N° 15 : Dioclétien et Maximien :

 

Inscription dédicatoire de la porte Viennoise ou Herculéenne (place Notre Dame), relevée au 16ème siècle et en 1802. Perdue lors de l’écroulement de la porte et de sa démolition progressive (1802-1810) (la porte Viennoise est étudiée au chapitre 1er de la 2ème partie).

 

L’inscription monumentale comportait trois lignes :

 

D N IMP CAES GAIVS AUREL VALERIVS DIOCLETIANVS P F INVICTVS AVGVSTVS ET IMP CAESAR MARCVS AVREL VALERIVS MAXIMIANVS PIVS FELIX

INVICTVS AVG MVRIS CVLARONENSIBVS CVM INTERIORIBVS AEDIFICIIS PROVENTIA SVA INSTITVTIS ADQVE PERFECTIS PORTAM

VIENNENSEM HERCVLEAM VOCARI IVSSERVNT

 

« D(omini) n(ostri duao) imp(erator) Caes(ar) Gaius Aurel(ius) Valerius Diocletianus p(ius) f(elix) invictus Augustus et imp(erator) Caesar Marcus Aurel(ius) Valerius Maximianus pius felic / invictus Augu(ustus) muris Cularonensibus cum interiobus aedificus providentia sua institus adque perfectis portum / Viennesem Herculeam vocari iusserunt »

 

Nos deux maîtres, l’empereur César Gaius Aurélius Valérius Dioclétianus, pieux, heureux, invincible auguste après qu’aient été construits grâce à leur prévoyance et achevés les murs de Cularo avec leurs bâtiments intérieurs ont ordonné que la porte Viennoise soit appelée Herculéenne.

 

 

N° 16 : Dioclétien et Maximien :

 

Inscription de la porte Taine (porte romaine ou Jovienne) relevée au 16ème siècle. Perdue lors de la démolition de la porte en 1594. Cette porte est étudiée au chapitre I de la 2ème partie.

 

L’inscription, sur trois lignes, est rigoureusement identique à celle de la porte Viennoise (ci avant) à l’exception de la 3ème ligne

 

                                   ROMANAM IOVIAM VOCARI IVSSERVNT

 

« Que la porte romaine soit appelée Jovienne ».

 

Bibliographie commune aux deux portes :

 

-       A. de GOVEA : (relevé des inscriptions au 16ème siècle)

-       Anonyme : recueil abrégé de certaines choses concernant le gouvernement des pays du Dauphiné et Savoye présenté en 1547 à François de Lorraine, comte d’Aumale (ADI J 500)

-       AYMAR du RIVAIL : de Allobrogibus, man. 16ème siècle publié en 1852 par A. ALLMER et A. de TERREBASSE, page 51

-       ALLARD : inscriptions, pages 8 et 9

-       MARTIN : pages 21 et 22

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 28 à 35

-       BERRIAT de SAINT PRIX : annuaire statistique du département de l’Isère, 1803-1804, page 182

-       PILOT : 1829, pages 8 à 10

-       J. J. A PILOT : découvertes archéologiques à Grenoble : inscriptions au dessus de la porte Romaine appelée Porte Traine et inscription au dessus de la porte Viennoise appelée porte de l’Evêché, BSSI 2ème série, T 5, 1861, pages 388 à 393

-       ALLMER : T 2, pages 385 à 388

-       CIL XII : n° 2229

-       PRUDHOMME : pages 22 à 24, 120 et 244

-       MULLER : pages 15 et 16

-       HOSTACHY : pages 52 et 53

-       CHABERT : pages 29 et 30

-       E. CHATEL : étude sur les portes de l’enceinte gallo romaine de Grenoble d’après deux dessins du 16ème siècle, Cahiers archéologiques n° 38, 1990, pages 17 à 24

-       DANGREAUX : page 13

-       A. de MONTJOYE : page 23

-       CAG 38/1 : page 85

 

 

IV – fonctions militaires :

 

N° 17 : épitaphe d’un vétéran de la 3ème légion Gallica :

 

Trouvée autrefois dans le couvent des Franciscains (place Lavalette, parc S. Allende) ou dans celui des Minimes (rue du Vieux Temple). Perdue.

 

                                                                       D M

                                                           T CAMVLI L F LAVENI

                                                                EMERITI LEGIONIS

                                                                       GALLIC

                                                           HONESTA MISSIONE DO

                                                           NATI AB IMP ANTONINO

                                                           AVG PIO ET EX VOLVNNTATE

                                                           IMP HADRIANI AVG TOR

                                                           QVIBVS ET ARMILIVS AVRE

                                                           IS SVFFRAGIO LEGIONIS

                                                           HONORATI CAMVLIA SOROR

                                                           EIVS ET PATEGORIA E

                                                           MERITA EIVS PATRONO OP

                                                           TIMO ET PISSIMO

 

«  D(is) M(anibus) / T(iti) Camuli L(ucii)) F(illi) Laverni / emeriti legionis/ (tertae) Gallicae / Honesta mission do / nati ab imper(atore) Antonino / Aug(usto) pio et ex voluntae / Imp(eratoris) Hadriana Aug(usti) tor / quibus et armillis aure / is suffragio legionis / honorati Camulia Soror / eius et pategoria E / merita elus patrono op / timo et piisimo ».

 

Aux dieux manes de Titus Camulius Lavernus, fils de Lucius, vétéran de la troisième légion Gallica, gratifié du congé honorable par l’empereur Antonin auguste, pieux et décoré par la volonté de l’empereur Hadrien, Auguste, d’après le suffrage de la légion, de colliers et de bracelets d’ors, Camulia sa sœur et Pategoria Emerita à son patron très bon et affectionné.

 

Il s’agit là d’un soldat d’élite qui, après avoir fait la guerre sur les bords du Rhin et sans doute en Syrie où la 3ème légion Gallica tint garnison à Raphanae, obtint des récompenses militaires de l’empereur Hadrien entre 132 et 135 et se retira à Cularo, ou selon toute vraisemblance étaient ses origines ou du moins ses attaches familiales.

 

Ses récompenses – Torquibus et Armillis – étaient respectivement des cercles en or se portant sur la poitrine (torques) et des bracelets également en or, plats ou cylindriques à quatre tours de spirale (armillis).

 

-       ALLARD : inscriptions, page 33

-       CHAMPOLLION : pages 25 et 40

-       PILOT : 1829, page 302

-       ALLMER : T 1, pages 363 à 368 et 437 à 480

-       CIL XII : n° 2230

-       HOSTACHY : pages 47 et 48

-       CHOMEL : page 31

-       PFAULM : pages 85 et 86

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 18 : Tribun de légion :

 

Inscription mutilée, autrefois dans l’église Saint Laurent, aujourd’hui perdue.

 

                                                           POMPEIO

                                                           POLLIONI

                                                           TRIBVN

                                                     MILIT LEG PRIMAE

 

« Pompeio / Pollioni / Tribun(o) / Milit(um) Leg(ionis) Primae… »

 

A Pompeius Pollion, tribun des soldats de la première légion…

 

L’inscription, qui semble dater du 1er siècle, est incomplète car elle ne donne pas le nom de la légion concernée. Selon ALLMER, cinq légions ont eu le nom de « Legionis Primae » :

 

Ø  la première Germanica instituée par Auguste,

Ø  la première Italica créée par Néron,

Ø  la première Adjutrix sous Galba

Ø  la première Minervia sous Dioclétien

Ø  la première Parthica sous Septime Sévère.

 

Pompeius Pollioni, qui fut tribun de l’une de ces légions, était sans doute originaire de Cularo.

 

-       ALLMER : T 1, pages 353, 354 et 427 à 434

-       CIL XII : n° 2233

-       PFLAUM : pages 257 et 263

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 19 : sous préfet de cavalerie :

 

Inscription fragmentaire trouvée en 1591 « dans le fond de la Porte Traine ». Perdue.

Le texte a été en partie reconstitué grâce aux deux autres inscriptions grenobloises qui mentionnent le même personnage (supra n° 7 et n° 10).

 

Etienne BARLET, repris par ALLARD avait lu vers 1570 :

 

                                                           DECMANIO

                                                               CAPRO

                                                 SVB PRAEF EQVIT

                                                   ALAE AGRIPPIAN

                                                   QVI IN EEE (*) INSTA

                                                                 TVA

                                                    VT ET AENEARVM

                                                     …………………….

                                                     …….  QVIT ………

 

(*) trois E lunaires à contresens

 

En extrapolant quelque peu, ALLMER  proposé la restitution suivante :

 

«  (Decimo) Decmanio / Capro / sub praefecto equitum / Alae Agrippian(ae) / qui (sestertium (IJJJ) quinquaginta millium mummum) sta / tuas (Martis et Saturni) : aenas et t(eg)ul(arum) (t)e (c)  t(um) aenarearum / (……. Testamento dedit Cularenses statuam in habitu) e qui(ti (romani decreverunt ».

 

A Decimus Decmanius sous préfet de cavalerie de l’Ala Agrippiana qui a donné par testament 50 000 sesterces pour des statues de Mars et de Saturne en bronze et un toit de tuiles en bronze destinés à l’ornement de ……… Les habitants de Cularo ont élevé cette statue qui le représente en costume de chevalier romain.

 

Decmanius Caper est effectivement connu par les deux inscriptions susvisées gravées sur des piédestaux de statues de Mars et de Saturne dont il avait financé l’érection par son testament. PFLAUM n’exclut pas que Decmanius Caper ait d’ailleurs fait représenter en statues toutes les divinités du panthéon romain.

 

ALLMER a aussi considéré (mais sans preuve) qu’en reconnaissance de l’embellissement procuré à leur ville par son don généreux les Cularonenses lui auraient édifié une statue équestre le représentant en chevalier romain, dignité que lui avait acquise son grade de sous préfet d’aile de cavalerie.

 

Jusqu’au milieu du 1er siècle avant notre ère, le terme « alae » désigne deux corps de troupes « alliés » qui flanquent une légion. Ensuite, le mot prend le sens restreint de cavalerie car, après les réformes augustéennes, « alae » désigne les troupes montées des auxiliaires servant de renfort à l’armée régulière des légionnaires. La cavalerie des ailes était répartie en « turnes » ou escadrons, chaque turne étant commandée par un décurion, chaque décurion obéissant au décurion « princeps » dépendant d’un sous préfet, lui-même sous les ordres d’un préfet ou d’un tribun. Decmanius Caper avait donc un grade élevé dans la hiérarchie militaire.

Quant à cette « aile Agrippine » qui ne figure dans aucune autre inscription de Narbonnaise, peut être s’agissait-il de l’aile de cavalerie de la légion première Germanica qui, notamment sous Claude, fondateur de la Colonia Agrippinensis, du nom de sa seconde épouse, était justement en campement d’été à Vetera, à une vingtaine de lieues de Cologne. Cette aile n’est, jusqu’ici, connue que par cette inscription de Grenoble et une seconde (épitaphe d’un cavalier) à Worms (CIL XIII, 4235).

 

L’estimation du don ainsi fait par Caper peut correspondre à environ 150 000 ou 200 000 F de 1999 soit l’équivalent d’au moins un an de traitement, un préfet d’aile percevant, au début du 1er siècle de notre ère environ 15 000 deniers soit 60 000 sesterces (*)

 

(*) mais le rang et le rôle de subpraefecti est très mal connu car, hormis l’inscription étudiée ici, on ne connaît que deux autres mentions de sous préfets : un sub praefectus equitum  et un sub prafectus alae scubulorum toutes deux découvertes à Aquilée.

 

Enfin, en ce qui concerne le présumé toit de tuiles en bronze il y a lieu de noter qu’une inscription de même époque (1er siècle), trouvée à Vienne fait mention d’un flaminique qui a également donné de ses deniers les « tuiles en bronze doré de la toiture d’un temple » (ALLMER T 2, n° 191).

 

-       ALLARD : inscriptions page 30 et Dictionnaire, T 2, page 397

-       CHAMPOLLION : page 142

-       ALLMER : T 2, n° 240, pages 382 à 384

-       CIL XII : n° 2231

-       PRUDHOMME : pages 15 et 19

-       MULLER : pages 16 et 17

-       HOSTACHY : page 48

-       CHABERT : pages 23 et 24

-       CHOMEL : page 30

-       PFLAUM : pages 235 à 237 et 262 et 263

-       DANGREAUX : page 16

-       G. DUBY (direction) : sur l’équivalence des Sesterces, Histoire de la France urbaine, 1980, page 328

-       CAG 38/1 : page 86

-       J. L. LAMBOLEY : sur les ailes de cavalerie, Lexique d’histoire et de civilisation romaines, 1995, pages 42, 63, 83 et 227

-       J. P. JOSPIN : Archéologia n° 335, juin 1997, page 25

 

N° 20 : centurion :

 

Inscription autrefois à la Porte Traine vue par Barlet selon G. Allard. Perdue.

 

                                                           SEX SAMMIO VOLT

                                                           SEVERO LEG PRIM

                                                           GERMANIC QVI

                                                           E D CO S QVO MILIT

                                                           COEPIT AQVIFILER

                                                           FACTVS EST ANNO XIII

                                                           AQVILI ER MILITAVIT

                                                           … FACTVS C ANTIS

                                                           TIO VETERE II M SVI

                                                           LLIO NERVLLINO CO S

                                                                          EX STA

 

Dans la lecture d’Allard, selon Barlet, sont ajoutées fautivement trois lignes :

 

                                                           M TITIO M FIL

                                                                   VOLT

                                                                    GRATO

 

Qui, en fait, concernent une autre inscription (infra n° 78).

 

«  Sex(to) Sammio Volt(inia tribu) / Severo (centurioni) leg(ionis) Prim(ae) Germanic(ae) qui / e(o) d(em) co(n)s(ule) quo milit(are) / coepit quilifer / factus est anno(s) XIII / aquili(f)er militavit / (centurion) factus C(aio) Antis / tio vetere II M(arco) sui / llio Nerullino co(n)s(ulibus) / ex(te) sta(mento)”

 

A Sextus Sammius Severus de la tribu Voltinia, centurion de la première legion Germanica qui, sous ce même consul, entra dans l’armée romaine comme porte enseigne, y demeura pendant 13 ans, fut ensuite fait centurion sous le consulat de Caïus Antisius Vetus pour la seconde fois et de Marcus Sullius Nerullinus, en vertu de son testament.

 

On sait que dans une légion le centurion était l’officier subalterne commandant environ 100 hommes (une centurie). Même si, selon la formule de P. PETIT « les centurions sont l’âme de l’armée romaine » on connait assez mal la graduation : principales, signifer, aquilifer, duplicarius, benefiarus

 

Ce personnage, aquilifer, avant de devenir centurion de la Première Germanica (supra inscription n° 18) présente les tria nomina, ce qui montre sa citoyenneté romaine (*)

 

(*) la LEGIO Prima Germanica, créée par Tibère après un court séjour à Ara Ubiorum (Cologne) avait été transférée vers 25- 30 au camp de Bonna (Bonn).

 

L’indication de son appartenance à la « tribu Voltinia » permet de dater l’inscription d’une période antérieure au règne de Caracalla.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 30 et Dictionnaire T 1, page 586

-       CHAMPOLLION : page 143

-       PILOT : 1829, page 298

-       ALLMER : T 1, pages 345 à 349 et 427 à 434

-       CIL XII : n° 2234

-       HOSTACHY : page 47

-       CHABERT : pages 48 et 49

-       J. B. MOREL : quelques aperçus sur les mœurs gallo romaines de la cité de Vienne, bulletin de l’Académie Delphinale, juin 1957, page 6

-       FFLAUM : pages 244, 270 et 404

-       CHOMEL : page 31

-       CAG 38/1 : page 86

 

 

V – FONCTIONS MUNICIPALES :

 

En ce qui concerne les inscriptions de Grenoble, les fonctions municipales ont été réparties en deux groupes :

 

Ø  les fonctions liées aux cultes,

Ø  les fonctions liées à l’administration de la cité.

 

 

1 – Fonctions liées aux cultes :

 

Le plus haut magistrat est le flamine du culte impérial desservant du culte romain sous la direction d’un flamine provincial dont la circonscription comprenait toute la province. Souvent perpétuels, les flamines du culte impérial étaient recrutés parmi des citoyens ayant rempli précédemment des fonctions municipales (Cf. inscription n° 21).

 

Si le flaminat du culte impérial est très fréquent en Gaule, il n’en va pas de même du flaminat attaché à une divinité qui n’apparaît que dans quelques cités (Aix, Lyon…) et il se rapporte toujours à Mars (inscription n° 22) sauf dans la cité de Vienne où, à coté des flamines de Mars, on rencontre aussi des flamines de la jeunesse (inscriptions n° 23 et 24).

 

Le rôle des flaminiques est par contre mal connu : épouses des flamines les assistant dans leur charge ou prêtresses des cultes ordinaires (inscriptions n° 25 et 26).

 

Enfin, les sévirs augustaux, membres d’un collège de six membres, sont pris parmi les affranchis ou les gens de la plèbe et nommés par les décurions de la cité.

 

La célébration d’un culte impérial fut à Grenoble le fait d’un nombre appréciable de sévirs augustaux issus, pour l’essentiel, d’un milieu d’affranchis (inscriptions 27 à 31).

 

Ces sévirs augustaux assuraient le culte des anciens dieux allobroges, admis par Auguste dans le panthéon romain à titre de dieux lares.

 

2 – fonctions liées à l’administration locale :

 

Dès qu’elle devint colonie romaine, la cité de Vienne fut administrée à l’image de Rome.

 

A l’origine, la magistrature suprême était assurée par quatre magistrats, les quattuovirs, remplacés à la fin du règne de Tibère ou de Cligula par les duumvirs (les deux), l’un chargé des finances (aerarius) (inscription n° 21) et l’autre de la justice (juredicundo) (inscription n° 24).

 

On ne sait pas très bien situer la fonction de triumvir locarum publicorum persequendorum qui n’est connue qu’à Vienne, postérieurement aux quattuovirs et qui est peut être même une sorte de censure (inscription n° 23).

 

Enfin, les questeurs étaient chargés de la gestion des finances locales (inscriptions n° 23 et 38).

 

Par ailleurs, un conseil de décurions, ordo decurionum, est connu dans de nombreuses cités de Narbonnaise : Apt, Arles, Béziers, Fréjus, Orange, Riez, Vaison, Valence…

 

Vienne avait également sa curie composée de cent membres choisis parmi les riches citoyens et nommés pour cinq ans. C’est parmi eux qu’étaient désignés les magistrats municipaux : questeurs, édiles, duumvirs… (inscriptions n° 33 à 36).

 

-       PRUDHOMME : 1888, page 45

-       C. JULLIAN : T 1, pages 770 et 1202

-       P. PETIT : la paix romaine, 1967, pages 151 et 187 ss

-       CHOMEL : page 31

-       J. PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an mil, 1983, pages 204 et 205

-       PELLETIER : pages 80 et ss et 421, 422

-       P. M. DUVAL : la Gaule pendant la paix romaine, 2ème édition, 1991, page 208

-       J. C. FREDOUILLE : dictionnaire de la civilisation romaine, 1968, pages 82, 84, 93, 95, 109, 148, 198 et 205

-       A. PELLETIER : paganisme et christianisme à Vienne au 2ème siècle, Archéologia n° 111, octobre 1977, page 35

 

N° 21 : flamine d’Auguste, duumvir aerari, triumvir locorum :

 

Inscription trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise. Il n’en subsiste plus qu’un fragment conservé au Musée Dauphinois (n° 34-5699) :

 

                                                           ……. VIRO  O……. O

                                                           …………. PI …… SIMO

 

Grâce à un autre fragment qui existait au temps de Champollion, une lecture presque complète peut en être proposée :

 

                                               … DVVMVIR AER FLAM AVG VIRO LOCOR

                                                                                  P P…..

                                                                       PARENTES PIISSIMO FILIO

 

« …. duumvir(o) aer(arii) flam(ini) Aug(usti) (trium)viro locor(um) / P(ublicorum) p(ersequemdorum)… /  parentes pissimo filio »

 

A ……. Duumvir chargé du trésor, flamine d’Auguste, triumvir chargé de gérer le domaine public… ses parents à leur fils très sérieux.

 

Champollion et Pilot avaient fautivement lu « sevir » alors qu’il convient bien de restituer « triumvir locorum publicorum », l’un des trois administrateurs du domaine public, sommet du cursus viennois.

 

B. Dangréaux date l’inscription d’une période comprise entre 70 et 125.

 

-       CHAMPOLLION : pages 82 à 85

-       PILOT : 1829, page 277 et 1860, page 323

-       ALLMER : T 2, n° 169, pages 249 et 250 et atlas n° 255-4

-       CIL XII : n° 2249

-       CHABERT : pages 35 et 36

-       B. BLIGNY (direction) : histoire du Dauphiné, 1973, page 71

-       PFLAUM : page 256

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 22 : flamine de Mars :

 

Inscription découverte par Etienne Clavier en 1622 « près du Temple » puis encastrée dans l’ancien Hôtel de Ville, 4 place Grenette. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5694).

 

                                                           A CAPRILIO ANTVLLO

                                                           FLAMINIS MARTIS

                                                                       PRIMVLVS

                                                                  LIB PATRONO

C’est l’une des plus belles inscriptions de Grenoble. B. Dangréaux la pense postérieure à 70.

 

« A(ulo) Caprilio Antullo / Flamini Martis / Primulus / Lib(ertus) patrono ».

 

A Aulus Caprilius Antullus, flamine de Mars, Primulus, affranchi, à son patron.

 

ALLARD : dictionnaire T 1, page 506 et T 2, page 309 ; inscriptions, page 34

CHARBOT : n° VII, pages 26 et 39

MARTIN : 2ème partie, page 41

CHAMPOLLION : 1807, pages 61 à 65

PILOT : 1829, page 299 et 1860, page 343

ALLMER : T 2, n° 197, pages 286 et 287 et atlas n° 255-7

CIL XII : n° 2236

CHABERT : page 31

DANGREAUX : page 120

CAG 38/1 : page 86

 

N° 23 : flamine de la jeunesse (questeur et édile) :

 

Fragments d’un sarcophage trouvé intact avec son couvercle en 1804 en réemploi dans l’une des tours flanquant la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5697).

 

                                                                       D M

                                               SEX IVL CONDIANI DEF ANN XXV

                                              FLAMINIS IVVENTIVS Q C V AEDIL

                                               M VALERIVS IVLIANVS SOCER ET

                                               VAL SECVNDILLA CONIVGI PIISSIMO

 

« D(is) M(anibus) / Sex(ti) Jul(ii) Condiani def(uncti) ann(orum) XXV / Flaminis Iuventis q(aestori) C(oloniae) V(iennensium) Aedil(is) / M(arcus) Valerius Julianus Socer et / Val(eria) Secundilla coniugi pissimo ».

 

Aux dieux manes de Sextus Julius Condianus décédé à l’âge de 25 ans, flamine de la jeunesse, questeur de la colonie de vienne, édile, Valerius Julianus son beau père et Valeria Secundilla à son épouc très pieux.

 

Pilot traduisait « Q C V Aedili » par « questeur, édile de Cularo pour la cinquième fois ». Or l’on sait depuis que les lettres « C V » représentent conventionnellement sur un grand nombre d’inscriptions la colonie de Vienne, « Coloniae Viennensium ». B. Dangréaux propose une datation large, entre 125 et le début du 3ème siècle.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 65 à 76

-       PILOT : 1829, page 279 et 1860, page 324

-       ALLMER : T 2, n° 176, pages 265 à 267 et atlas n° 255 ter

-       MARTIN : page 11

-       CHABERT : pages 33 et 34

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 67

N° 24 : flamine de la jeunesse (vaillance ?) (duumvir juredicento) :

 

Inscription trouvée autrefois dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.

 

Deux lectures en ont été données par Allard et par l’abbé Martin :

 

Allard                                                                        Martin

 

D M                                                               T CASSIO

C CASSI                                                      MANSVERO

MANSVETI                                                  FLAMINI VIRB

FLAMINI VIRT                                             SCRIB AED

SC BIB EA RAT                                          IIV VIR DI

II VIR IVR DICT                                           CASSIA ATTIA

PATRVELLI                                                 PATRVELI

 

Mais Allmer et le CIL ont adopté la lecture suivante :

 

                                                           D M

                                                     T CASSIO

                                                     MANSVET

                                               FLAMINI VIRT

                                               SCRIB AERAR

                                               VIR IVR DIC

                                               CASSIA ATTIA

                                               PATRVELLI

 

« D(is) M(anibus) / T(ito Cassio / Mansuet(o) / Flamini vir(utis ?) / scrib(ae) aerar(ii) / (duum) vir(o) iur(e) dic(undo) / Cassia Attia / Patruelli »

 

Aux dieux manes à Titus Cassius Mansuetus, flamine de la vaillance ( ?) commis du trésor, duumvir chargé de dire le droit, Cassia Attia à son cousin germain.

 

Le flaminat de la « vaillance » n’étant pas connu, il convient sans doute de penser qu’était visé dans cette inscription le flaminat de la jeunesse.

 

-       ALLARD : dictionnaire T 1, page 211 et page 506 ; inscriptions, page 37

-       CHARBOT : page 39

-       CHAMPOLLION : 1804, page 142

-       ALLMER : T 2, n° 156, pages 225 et 227 et atlas n° 255

-       CIL XII : n° 2238

 

N° 25 : flaminique :

 

Inscription autrefois dans la Porte Traine. Perdue.

 

                                                           DEVILLIAE

                                                           ATTICAE

                                                           FLAMINICAE

                                                           HEREDES

« A Devillia Attica, flaminique, ses héritiers ».

 

Selon B. Dangréaux l’inscription est antérieure à l’an 70.

 

-       ALLARD : dictionnaire T 1, page 506 ; inscriptions, page 32

-       CHORIER : I, 239

-       CHARBOT : n° XIII, page 25

-       ALLMER : n° 2039 et atlas n° 255-8

-       CIL XII : n° 2241

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 26 : flaminique et sevir augustal :

 

Autrefois à la porte de Bonne selon Allard. Perdue.

 

                                                           HILARIAE QVINTILLAE FLAMINICAE

                                                           SEX ATTIVS MYROSIES VIR AVG

                                                           CONIVGI KARISSIMAE QVAE VIXIT

                                                           MECVM EX VIRGINITATE ANNOS

                                                           XXXV ME S II DIES XI ET SIBI VIVVS

                                                           FECIT ET SVB ASCIA DEDICAVIT

 

« Hilariae Quintillae Flaminicae / Sex(tus Attius Myrosies (se)vir aug(ustalis) / coniugi karissimae quae vixit / mecum et virginitate annos / XXXV me(n)s(es) II et dies XI et sibi vivius / fecit et sub ascia dedicavit ».

 

A Hilaria Quintilla flaminique, Sextus Attius Myrosies sevir augustal à son épouse qui vécut avec lui depuis sa jeunesse, trente cinq ans deux mois et onze jours et à lui, de son vivant, a fait (ce monument) et l’a dédié sous l’ascia.

 

Datation : entre 125 et le début du 3ème siècle selon B. Dangréaux.

 

-       CHORIER : T 1, page 192

-       ALLARD : dictionnaire T 1, page 506 ; inscriptions, page 28

-       CHAMPOLLION : 1804, page 145

-       CHARBOT : page 39

-       ALLMER : T 2, n° 203, pages 316 et 317 et atlas n° 255-13

-       CIL XII : n° 2244

-       TURCAN : page 54

-       DANGREAUX : page 20

-       A. PELLETIER : paganisme et christianisme à Vienne au 2ème siècle, Archéologia n° 111, octobre 1977, page 30

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 27 : sevir augustal :

 

Inscription trouvée dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.

 

                                                           D M

                                               Q VET I NOB

                                                           IL

                                                     LIBERTI

                                                     EPICTETI

                                                     V R AVG

                                                     HEREDES

 

« D(is) M(anibus) / Q(uinti Vet(t) i(i) nob / il(is) / liberti / Epicteti / (se)v(ir) aug(ustalis) / heredes ».

 

Aux dieux manes de Quintus Vettius Epictetus affranchi de Nobilis, sevir augustal, ses héritiers.

 

G. Allard avait lu « IIII VR » c'est-à-dire quartumvir ou quattuorvir.

 

Q. Vettius Epictetus est également mentionné dans une autre inscription consacrée à son épouse Decimia Albina (infra n° 46).

 

Ce cognomen d’affranchi se retrouve maintes fois dans l’épigraphie de la Narbonnaise. B. Dangréaux date l’inscription entre 70 et 125.

 

-       ALLARD : dictionnaire, T 1, page 426 ; inscriptions, page 28

-       CHAMPOLLION : 1804, page 140

-       PILOT : 1860, page 339

-       ALLMER : T 2, n° 204, pages 318 et 319 et atlas n° 255

-       CIL XII : n° 2248

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 28 : sévir augustal :

 

Inscription autrefois dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.

 

                                                           P CASSI

                                                           HERMETIO

                                                           A V G

                                                           V S P

 

Allard et Chorier en donnent une lecture légèrement différente :

 

Allard                                                                        Chorier

 

P CASSIVS                                                 P CASSIVS

HERMETIO                                                  HERLLETIO

V S P                                                            V S P

IIIIII AVG                                                       IIII AVG

 

“P(ublio) Cassi(o) / Hermetio / (seviro) aug(ustalis) / V(ivus) S(ibi) P(osuit)”.

 

A Publius Cassius Hermetio, sévir augustal de son vivant, pour lui, a élevé (ce monument).

 

Inscription antérieure à 70 selon B. Dangréaux.

 

Sur P. Cassius Hermetion voir aussi infra inscriptions n° 54 et 74.

 

-       CHORIER : T 1, page 191

-       ALLARD : dictionnaire, T 1, page 210 et inscriptions, page 31

-       CHARBOT : n° 21, pages 26 et 39

-       CHAMPOLLION : 1807, page 140

-       ALLMER : T 2, n° 201, pages 314 et 315 et atlas n° 255-11

-       CIL XII : n° 2237

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 29 ( ?) : sevir augustal :

 

Allard donne une inscription presque identique à la précédente « rapportée par M. de Boissieux, premier président au Parlement ». Celui la tenait probablement du manuscrit d’E. Barlet, avocat au Parlement vers 1570.

 

                                                           P CASSIVS

                                                           SELVET

                                                           V S P

                                                           (IIII) AVGST

 

« P(ublius) Cassius / Selvet(ius) / (sevir) ausgust(ali) / V(ivus) S(ibi) P(osuit) ».

 

A Publius Cassius Selvetius, sévir augustal, de son vivant, pour lui a élevé (ce monument).

 

Cette inscription n’est donnée par aucun autre auteur, ce qui pourrait laisser penser qu’il s’agit en fait de la même inscription que la précédente. G. Allard est du reste familier des variantes, son manuscrit ayant été établi, selon toute probabilité, avec certaines discontinuités.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 27

 

 

N° 30 : sévir augustal :

 

Pierre rectangulaire contenant, côte à côte, dans un cadre mouluré, deux inscriptions. Probablement trouvée sur les flancs de la Bastille, elle était du temps d’Allard « contre la muraille de l’église Sainte Cécile des filles de Saint Bernard », rue Servan (ancienne rue Neuve). Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5696).

 

A gauche :                                       GRATIAE GRATINAE

                                                           ANIMAE

                                                           DVLCISSIMAE

                                                           Q IVLIVS

                                                           SATVRNINVS

                                                           ET SIBI T F I

 

Où Allard avait lu « Gratiae Grat / Fil… / Dulcissimae / Murbibus / et sibi T F P »

 

On proposera plutôt, l’inscription ne posant pas de difficulté particulière d’interprétation : « Gratiae Gratinae / animae / dulcissimae / Q(intus) Julius / Saturninus / et sibi t(estamento) f(ieri) i(ussit) ».

 

A Gratia Gratina, âme très douce et à lui-même Quintus Julius Saturninus a ordonné par testament d’élever (ce monument).

 

A droite :                                           Q IVLIO

                                                           SATVRNINO

                                                           R AVG

 

« Q(uinto) Julio / Saturnino / (sevi)r(o) aug(ustali) ».

 

A Quintus Julius Saturninus sévir augustal.

 

On peut penser que lé sévir augustal mentionné sur cette seconde partie était le mari de Gratia Gratina mais il se pourrait aussi qu’il s’agisse du fils des époux Q. Julius Saturninus et Gratia Gratina.

 

Selon B. Dangréaux, ces deux inscriptions sont antérieures à 70.

 

-       ALLARD : dictionnaire, T 1, page 578

-       CHAMPOLLION : 1807, page 123

-       CHARBOT : pages 26 et 42

-       ALLMER : T 2, n° 200, pages 312 à 314 et atlas n° 255-9

-       CIL XII : n° 2242

-       CHABERT : pages 32 et 33

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 31 : sévir augustal :

 

Grande inscription qui provenait peut être des fondations de la Porte Traine. G. Allard l’a vue « devant la maison du sieur Ferrand ». Elle était déjà alors partiellement détruite mais Barlet l’avait précédemment copiée en totalité. Perdue.

 

                                   SEXTILLIO GALLO AVG ATTIA ATTICI FIL BELLICA

                                   CONIVGI SANCTISS ET SIBI VIVA POSTERISQ SVIS FEC

 

« Sextillo Gallo (sevir) aug(ustali) Attia Attici fil(la) bellica / coniugi sanctiss(imo) et sibi viva posteriq(ue) suis fec(it) ».

 

A Sextillius Gallus, sévir augustal, Attia fille d’Atticus Bellica à son mari très digne et à elle de son vivant et à leurs descendants a fait (ce monument).

Datation : entre 70 et 125 selon B. Dangréaux.

 

-       CHORIER : I, page 191

-       ALLARD : inscriptions, page 33

-       CHAMPOLLION : 1804, page 141

-       CHARBOT : page 40

-       PILOT : 1860, page 333

-       ALLMER : T 2, n° 202, pages 315 et 316 et atlas n° 255-10

-       CIL XII : n° 2247

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 32 : questeur et duumvir ou triumvir locorum :

 

Fragment d’inscription autrefois dans les fondations de la Porte Traine. Perdue.

 

                                                           T C A

                                                           SECVNDO

                                                           Q C V

                                                           VIRO

 

La lecture est très incertaine : « TCA / Secundo / Q(aestori) C(oloniae) V(iennensium) / (duum)viro » ?

 

A ……… Secundus, questeur de la colonie de Vienne, duumvir ?

 

G. Allard dit que Barlet avait vu : «  T C M / SECVNIO / Q VII VIR

L’abbé en donne la lecture suivante : « T H C / SECVNDO / Q Q II VIR » qu’il développe comme suit : « T(estamento) H(eredes) C(aius) / Secundos / duumvir quinquennal ».

Pour sa part, Allmer traduit « viro) par « triumvir » et non « duumvir » pensant que de la questure qui était le degré inférieur des honneurs de la colonie de Vienne, Secundus n’avait pu être élevé au duumvirat. Il propose de lire : « Q C V IIIVIR ».

 

Selon B. Dangréaux, l’inscription est antérieure à 70.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 32

-       CHAMPOLLION : 1804, page 141

-       MARTIN : page 10

-       ALLMER : T 2, pages 267 et 268 et atlas n° 255-6

-       CIL XII : n° 2239

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 33 : décurion :

 

Stèle triangulaire trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise. Depuis 1934 au Musée Dauphinois (n° 34-5698) et aujourd’hui au Musée de l’ancien Evêché (salles du 1er étage).

 

                                                                       D M

                                                           G PAPIO SECV

                                                           NDO DECVRIO

                                                           NI C V INTERCEP

                                                           TVS AN XXXX ET

                                                           SECVNDANO FILLIO

                                                           ERECTVS AN X

                                                           SEN IA MARCVULA

                                                           CONIVGI

                                                           KARISSIMO ET

                                                           SVB ASCIA

                                                           DED CAV

 

« D(is) M(anibus) / G(aio) Papio / Secu / do decurio / ni C(oloniae V(iennensium) intercept / us an(norum) XXXX et / Secundano Fillio (sic) : ereptus an(norum) X / Sen(n)ia Marcula / coniugi / karissimo et /  sub ascia / ded(i)cav(it) ».

 

Champollion avait lu faussement “decurioni Cularonensi” pour “decurioni C(oloniae) V(iennensium)”.

 

Aux dieux manes à Gaius Papius Secundus, décurion de la colonie de Vienne, décédé à l’âge de 40 ans et à Secundanus, son fils, décédé à l’âge de 10 ans, Sennia Marcula à son époux très cher a dédié (ce monument) sous l’ascia.

 

La datation est très large : entre 125 et le début du 3ème siècle.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 77 à 81

-       PILOT : 1829, page 301 et 1860, page 326

-       PRUDHOMME : pages 13 et 14

-       ALLMER : T 2, n° 132, pages 174 à 177 et atlas n° 262

-       CIL XII : n° 2246

-       CHABERT : pages 34 et 35

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 34 : décurion :

 

Inscription trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise. D’après la description donnée par Pilot, il semblerait que ce soit la partie antérieure d’un sarcophage avec une inscription dans un cadre rectangulaire flanqué de deux appendices en queue d’aronde. Perdue.

 

                                                                       D M

                                                           P HELVIVS MASSO

                                                           DEC VIENNENSI

                                                           VIVOS SIBI

 

« D(is) M(anibus) / P(ublius) Helvius Masso / dec(urio) Viennensi(s) / Vivos sibi ».

 

Aux dieux manes, Publius Helvius Masso, décurion de Vienne (a fait élever ce monument ou ce tombeau) de son vivant pour lui.

 

Datation : entre 70 ét 125.

Le même Publius Helvius Masso figure également sur l’inscription dédiée à son épouse Apronia Cassata (infra n° 68).

 

-       CHAMPOLLION : 1804, page 134

-       PILOT : 1860, page 348

-       ALLMER : T 2, n° 130

-       CIL XII : n° 2243

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 35 : décurion :

 

Stèle à fronton triangulaire trouvée lors de la démolition de la tour de l’Evêché en 1811. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5695) visible dans le cloître.

 

Dans le fronton, disque et ascia superposés :

 

                                                                       D M

                                                                C COELI

                                                                LVCINI

                                                                DECVR VIENN

                                                               SEXTIA THREPTE

                                                                CO IVGI

                                                                KARISSIMO ET COHEREDES

 

« D(is) M(anibus) / C(ai) Coeli / Lucini / decur(ionis) Vienn(ensis) / Sextia Threpte / co(n)iugi / karissimo et cohederes ».

 

Aux dieux manes de Caius Coetius Lucinus, décurion de Vienne, Sextia Threpete à son époux très cher et à ses cohéritiers (a élevé ce monument).

 

Threpte est probablement un nom grec d’affranchie.

 

L’inscription est datée entre 70 et 125.

 

-       CHORIER : I, page 544

-       PILOT : 1829, page 258, 1833, page 258 et 1860, page 335, 

-       ALLMER : T 2, n° 131, pages 173 et 174 et atlas n° 252

-       CIL XII : n° 2240

-       CHABERT : page 32

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 36 : magistrat :

 

Grande inscription de provenance inconnue. Au Musée Dauphinois (n° 34-5693). Visible dans le cloître.

 

                                                                       D M

                                                           SEX ATTI ATTICI

                                                           OMNI VS HONORIBVS FVNCTI

                                                           SEX A TIVS ATTICVS FIL

 

« D(is) M(anibus) / Sex(ti) Atti(i) Attici / omni(b)us honoribus functi / Sex(tus) A(t)tiius Atticus Fil(ius)”.

 

Aux dieux manes, Sextius Attius Atticus qui a rempli toutes les functions (dans sa cite), Sextus Attius Atticus son fils (a élevé ce monument).

 

Originaire de Vienne, Sextus Attius Atticus, après avoir fourni toute la carrière des honneurs municipaux dans sa patrie, a fait partie du concile de la province de Narbonnaise en sa qualité de « flamen provinciae Narbonensis » (CIL VI, 2698). Il est probable qu’il a érigé l’inscription de Grenoble à son père éponyme qui, lui aussi, avait déjà géré les honneurs municipaux de la colonie de Vienne.

Il se peut également que l’Attius Atticus mentionné dans l’inscription funéraire de Iulius Julianus et Ingenua Bellica ait été le père de Sextius Atticus honoré dans la présente épitaphe et donc le grand père du flamine provincial.

 

Datation : fin du 1er ou début du 2ème siècles.

 

-       PILOT : 1829, page 281 et 1860, page 332

-       ALLMER : T 2, n° 135, pages 192 à 194 et atlas n° 255 bis

-       CIL XII : n° 2235

-       MULLER : page 37

-       CHABERT : page 31

-       CHOMEL : page 31

-       DANGREAUX : page 20

-       CAG 38/1 : page 86

 

N° 37 : préfet de pagus :

 

Inscription très fragmentaire trouvée en 1895 dans les travaux de fondation de la nouvelle aile du Palais de Justice. Elle était en remploi dans la partie de l’enceinte romaine qui traversait la place des Cordeliers (actuellement place de Bérulle). Musée Dauphinois (n° 34-5791).

 

                                                                       IVS CLEMENS

                                                                       VS PAGI ATI VS

 

« … ius Clemens / (praefect)us pagi Ati…us ».

 

Le style des lettres de forme demi cursive incline à dater cette inscription du 2ème siècle.  

 

Le pagus qui est la subdivision territoriale de la civitas est une circonscription dont l’extension diffère selon les époques et selon que l’on se trouve dans la Provincia ou en Gallia Comata.

 

A l’intérieur de la cité des Allobroges, quelques pagi sont connus : notamment le pagus Oct(avianus) à Aoste, également administré par un praefectus pagi (CIL XII, 2395) ; près d’Albertville, le pagus Valer(ius ou ianus) (CIL XII, 2346) et près d’Hauteville, le pagus Dia(nensis) (CIL XII, 2358). Mais leur administration demeure assez obscure. Le pouvoir de la cité y semble représenté par un praefectus pagi.

 

Le pagus « Attius », si ce nom est bien complet, n’est pas autrement connu que par cette inscription. On le situe traditionnellement près de Grenoble. Son nom pourrait être issu d’une famille prépondérante.

 

-       A. ALLMER : procès verbal dans Revue Epigraphique du Midi, III, 1890-1898, n° 1120, page 356

-       ILGN : n° 340, page 105

-       MULLER : page 37

-       CHABERT : page 27

-       G. BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 127 et 129

-       PELLETIER : page 91

-       CHOMEL : page 31

-       Le vicus gallo romain, actes du colloque, 1976, page 161

-       Isère gallo romaine II, pages 49 et 50

-       J. BOURDON et H. ROUGIER (direction) : histoire du Dauphiné, T 1, 1992, page 113

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 38 : questeur duumvir :

 

Inscription sans doute faussement attribuée à Grenoble par G. Allard.

 

                                                                       V F

                                                           T PARRIDIVS PARRIONIS

                                                           FIL QVIR GRATVS QVAEST

                                                           VIR MVNIC BRIGANTIEM

                                                           SIBI ET PARRIONI EXCINGI F PATRI

                                                           VENNAE NEMATEVI F MATRI

                                                           SOLITAE SORORI V ADNEMAE SORORI

                                                           V TITTONIAE TITTONIIS F TERTIA VXORI

                                                           V T PARRIOIO INGENVO FILIO

                                                           V PARRIDIAE GRATAE FILIAE

 

“V(ivus) F(ecit) / T(itus) Parridius Parrionis / Fil(ius) Quir(ina tribu) Gratus quaest(or) / (duum)vir munic(ipi) Brigantien(sium) / Sibi et Parrioni Excingi f(illio) patri / Vennae Nematevi f(iliae) matri / solitae sovori vi(vae) adnemae Sorori / V(ivae) Tittoniae Tittonis f(iliae) tertia uxori / v(ivo) T(ito) Parrido Ingenuo filio / vi(vae) parridiae Gratae fililae”.

 

A fait ce tombeau de son vivant Titus Parridius Gratus, fils de Pario de la tribu Quirina, questeur, duumvir du municipe de Brigantio pour lui et pour Parrio fils d’Excingus son père pour Venna, fille de Namateuus sa mere, pour Solita sa soeur, pour Adnena sa soeu qui est toujours envie, pour Tittoria Tertia, fille de Titto, son épouse, qui est toujours en vie, pour Titus Parridius Ingenuus son fils, toujours en vie, pour Parrida Grata, sa fille, toujours en vie.

 

Inscription antérieurement remployée au dessus de la porte du château de Briançon, aujourd’hui conservée à Gap.

 

On comprend mal la raison pour laquelle Allard la classe parmi les inscriptions de Grenoble, alors même que dans le texte qu’il a relévé et qui diffère un peu de la lecture littérale figure clairement l’inscription « Munic. Brigantiem ».

 

-       ALLARD : inscriptions, page 31

-       CIL XII : page 95

-       E. ESPERANDIEU : recueil général des bas reliefs, statues et bustes de a Gaule romaine, I, 1907, n° 18, pages 22 et 23

-       B. LIOU : inscriptions romaines du Musée départemental de Gap, 1991, n° 229, page 273

-       CAG 05 : page 89

 

 

VI – ADMINISTRATION PUBLIQUE :

 

N° 39 : receveur du quarantième des Gaules :

 

C’est sans doute l’une des plus importantes inscriptions romaines du Grenoble antique. Elle fut trouvée en 1846 dans les fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5724) et en exposition au Musée de l’ancien Evêché (salle d’accès au baptistère).

 

                                                           D (ascia) M

                                                     G SOLLI MARCVLI

                                                     LIBRARI XL GALLIAR

                                                     STATIONIS CVLAR

                                                     OBIITIANNOR XXVI

                                                     G SOLLIVS MARCVS

                                                     PATER FIL PISSIMO

                                                     ET ATTIA MARCIAN

                                                     ET MARCVLA SORORES

                                                     FRATRIPIISSIMO ET

                                                     ATTIA AVRELIA CON

                                                     IVGI INCOMPARAB

                                                     SVB ASCIA DEDICAV

 

« Dis) M(anibus) / G(aius) Solli(i) Marculi / Librari(i) (quadragesimae) Galliar(um) / Stationis Cular(onis) / obbit annor(um) XXXVI : G(aius) Sollius Marcus / pater fili(io) pissimo et / Attia Marcian(a) / et Marcula sorores : fratri piisimo et / Attia Aurelia con / iugi incomparab(ili) / sub ascia dedicavit » .

 

Aux dieux manes, Gaius Sollius Marculus receveur du Quarantième des Gaules à la station de Cularo. Il est mort à 26 ans. Gaius Sollius Marcus à son fils si affectionné. Attia Marciana et Marcula, ses sœurs, à leur frère très affecrionné et Attia Aurelia à son mari incomparable ont dédié (ce monument) sous l’ascia.

 

Le receveur du quarantième des Gaules (infra) porte le titre original de « librarius » qui n’est connu que par une autre inscription également de Grenoble (infra n° 40).

 

Au sens principal, « librarius » signifie libraire mais il a un second sens (celui qui prévaut ici) : copiste, scribe, secrétaire…

 

C. Jullian lui donnait la signification de « teneur de livre » et Allmer celle de « comptable ».

 

La traduction par « receveur » parait la plus adaptée.

 

Cette inscription est aujourd’hui le seul témoignage conservé de l’identification certaine de Grenoble avec Cularo. Elle est donc antérieure à la fin du 3ème siècle, époque à partir de laquelle se substitue à Cularo une civitas au nom inconnu. Bien que R. Cagnat intègre la fonction de « librarius » dans les fonctions municipales, nous préférons la classer au titre de l’administration publique de l’état.

 

-       PILOT : 1860, page 390

-       C. REVILLOUT : lettre sur l’inscription de C. Sollius Marculus trouvée à Grenoble, BSSI, 2ème série, VI, 1861, pages 394 à 396

-       ALLMER : T 2, n° 79, pages 329 à 332 et atlas n° 234-34

-       CIL XII : n° 2252

-       R. CAGNAT : cours d’épigraphie latine, 2ème édition, 1889, page 148

-       JULLIAN : T 1, page 1196

-       MULLER : pages 34 et 35

-       F. GAFFIOT : dictionnaire latin français, 1934

-       HOSTACHY : page 49

-       CHABERT : pages 36 et 37

-       CHOMEL : page 27

-       Trésors du Musée Dauphinois, 1968, pages 30 à 32

-       PFLAUM : pages 183 et 186

-       J. C. FREDOUILLE : dictionnaire de la civilisation romaine, 1968, page 42

-       DANGREAUX : pages 17 et 18

-       M. COLARDELLE et E. VERDEL : en attendant le jugement dernier, archéologie funéraire dans les Alpes, 1995, n° 19

-       Archéologia n° 335, juin 1997, page 25

-       C. MAZARD (direction) : atlas du patrimoine de l’Isère, 1998, pages 60 et 61

 

N° 40 : receveur du quarantième des Gaules :

 

Inscription en remploi à la Porte de Bonne du temps de Charbot. Perdue.

 

                                                                       D M

                                                           P PRIMITIVVS

                                                           AVGUSTOR

                                                                      L

                                                           LIB O STAT

                                                           CVLARON ET

                                                           QVARTINIA

                                                           CONFI

                                                           PRO SE ET

                                                           SVIS

                                                           D D

 

Allard et Charbot qui ont vu cette inscription en donnent une restitution un peu différente.

 

                                                           D M

                                                           P TRIMITINVS

                                                           AVGUSTOR

                                                           LIBITO PAT

                                                           CVLARON ET

                                                           QVARTINIA

                                                           MITANI CON

                                                           PRO SE ET HEREDIS BVS

                                                           SVIS

                                                           DONUM DANT

 

« D(is) M(anibus) / P(ublius) Primitivus / Augistor(um) / L(ibertus / Lib(ariri)o sta(tionis) Cularon(ensis) et Quartinia / …. Confi(ux) pro set et / suis d(onum) d(ant) ».

 

Aux dieux manes, Publius Primitivus, affranchi des Augustes, receveur de la station de Cularo et Quartinia…. son épouse pour eux et pour les leurs ont fait d=ce don.

 

S’agissant d’un affranchi des Augustes, l’inscription ne peut être antérieure à 161 date à laquelle deux empereurs, Marc Aurèle et Lucius Verus ont régné conjointement.

 

Pour Allmer, elle serait m^me à plaer entre 209 et 212, années du règne de Geta dont l’affranchi aurait gardé le praenomen Publius. Mais Hirschfled préférait restituer A(urelius) à la place de P(ublius), datant l’inscription du règne conjoint des deux augustes soit d’une période plus haute comprise entre 161 et la fin du 2ème siècle.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 30 ; dictionnaire T 1, page 360

-       CHARBOT : page 41

-       MARTIN : page 11

-       CHAMPOLLION : 1804, page 142

-       PILOT : 1829, pages 297 et 298

-       ALLMER : T 1, n° 80, pages 382 à 386

-       CIL XII : n° 2227

-       DANGREAUX : page 17

-       PFLAUM : pages 184 à 186

-       CAG 38/1 : page 85

 

Le quarantième des Gaules :

 

Le territoire de l’empire romain était divisé en un certain nombre de grandes circonscriptions douanières englobant souvent plusieurs provinces. Sous le haut empire, la Gaule, la Germanie et les Alpes forment la circonscription du « quarantième des Gaules » encerclée par un véritable cordon douanier. L’impôt du « quarantième des Gaules » frappait de 2,5 % toutes les marchandises, sauf les bagages personnels, en provenance ou à destination de la Gaule. Ces précisions sont données dans les « déclamations » de Quintillien : « à part les bagages pour le voyage, toutes les marchandises sont soumises au quarantième à verser à l’agent préposé à cet impôt : l’agent a le droit de fouiller ; les marchandises non déclarées seront confisquées ; il n’est pas permis (à l’agent) de toucher une matrone… ».

 

Cet impôt, à but essentiellement fiscal, a subsisté pendant toute l’époque impériale ; jusqu’à Commode (161-192) il fut sans doute affermé puis l’état perçut directement la taxe.

 

Le quarantième des Gaules semble avoir remplacé dans les Alpes un ancien droit de péage, le portorium. Avant l’administration romaine et là où la topographie rendait malaisé le transport des marchandises, la population gauloise se réservait le droit de l’assurer contre rétribution.

 

Avec la construction des routes par les romains, le « portorium » parait avoir été remplacé par le « quarantième des Gaules », contrepartie alors à un avantage fourni par l’état. Sur la voie du Montgenèvre, deux bureaux du quarantième des Gaules sont attestés : l’un en vallée de Suse, à Avigliana, à la limite du royaume de Cottius et de l’Italie proprement dite, l’autre à Grenoble, attesté par les deux inscriptions ci avant (n° 39 et 40). Il y avait donc, sur cette importante route, un double contrôle douanier.

 

La direction générale des douanes, recouvrant dans les postes frontières la taxe de 2,5 % était fixée à Lyon dès le 1er siècle.

 

Outre Grenoble et Avigliana, où plusieurs documents épigraphiques attestant de l’importance de la station douanière ont été retrouvées (CIL V, 7209, 7211, 7213 et 7214) ainsi que le tabularium (CIL V, 7424) situé dans les bâtiments de la station exhumés par les fouilles, diverses stations de la « Quadragesima Galliarum » sont également connus dans les Alpes et, notamment :

 

Ø  à Bourg Saint Dalmas près de Coni (Pedostatio) (CIL V, 7852),

Ø  à Susa (CIL V, 7263 et 7264)

Ø  à Saint Maurice (Acaunum) (ILS n° 9035),

Ø  à Tournon (Ad Turonem) près d’Albertville (CIL XII, 2358),

Ø  à Genève (Geneva) (ILGN n° 362).

 

Ceci montre que les stations de la Q G ne jalonnaient pas systématiquement pas systématiquement les frontières des districts ou des province : les postes de douane se trouvaient en fait situés au pied des Alpes, souvent aux carrefours des vallées, ce qui est particulièrement le cas pour la basse Isère.

Enfin, en direction du sud, peut être l’agglomération secondaire de l’Achard sur la coommune de Varces, fouillée en sauvetage en 1994-1995 assurait-elle une fonction de contrôle des voyageurs et des marchandises à la sortie du territoire des Allobroges ? Un bureau du Quarantième des Gaules n’y est pas improbable selon les fouilleurs.

 

Outre la bibliographie citée pour les inscriptions 39 et 40 ci avant on pourra se reporter, pour ce qui concerne plus particulièrement la « Quadragesima Galliarum » aux ouvrages ou articles ci après :

 

-       DION CASSIUS : Histoire romaine, Edition E. Gros et V. Boissée, 1845-1870, pages 37, 47 et 48

-       PRUDHOMME : pages 17 et 18

-       JULIAN : T 1, page 755

-       L’Année Epigraphique, 1945, n° 123

-       G. BARRUOL : les peuples préromains du sud est de la Gaule, 1969, pages 60, 67, 70, 105, 180, 303 et 332

-       BLIGNY : pages 64 et 65

-       PFLAUM : pages 151, 152, 183 à 186 et 279

-       J. PRIEUR et alii : la Savoie des origines à l’an Mil, 1983, pages 203 et 204

-       Archéologia n° 335, juin 1997, page 25

-       DRAC Rhône Alpes : bilan scientifique, 1995, pages 120 et 121

-       J. France : quadragesima galliarum, 2001

 

 

VII – INSCRIPTIONS FUNERAIRES ET INSCRIPTIONS INDETERMINEES CONSERVEES

 

N° 41 : inscription funéraire :

 

Stèle à fronton triangulaire (employé du 40ème des Gaules ?) trouvée lors de la démolition de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5702).

 

                                                                       (ascia)

                                                                       D M

                                                                 T AEL AVG

                                                                 LIB TAVRO

                                                                 BINVS MARCEL

                                                                 NA TAVRVS FILI

                                                                 PISSIMO

                                                                 ICE CO IV

                                                                 M PARABI

                                                                           LI

 

« D(is) M(anibus) / T(ito) Ael(io) Aug(ustorum) / Lib(erto) Tauro / (Sa)binus Marcel / (li)na Taurus filii(i) / (patri) pissimo / (et ital)ice co(n)iu(gi) / (inco)marabi / li ».

 

Aux dieux manes, à Titus Aelius Taurus, affranchi des deux empereurs, Sabinus, Marcellina, Taurus, ses enfants, à leur père si affectionné et Italice à son époux incomparable.

 

Selon Pflaum, le pluriel Augustorum se justifierait par la transmission des droits du patronat d’Antonin le Pieux, l’affranchisseur présumé de Taurus, à ses deux fils adoptifs, Marc Aurèle et Lucius Vérus et la présence de cet affranchi impérial pourrait s’expliquer par le fait qu’il aurait été – mais sans y insister comme ses collègues ci avant – également employé par la station XL Galliarum de Cularo.

 

-       CLAVIERE : chapitre XXXII

-       ALLARD : inscriptions, page 34 et dictionnaire, page 658

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 104 à 107

-       ALLMER : T 3, n° 558, pages 128 à 131 et atlas n° 269-12

-       CIL XII : n° 2254

-       CHOMEL : page 32

-       CHABERT : pages 38 et 39

-       PFLAUM : pages 183 et 184

-       CAG 38/1 : page 87

 

N° 42 : inscription funéraire :

 

Autel funéraire autrefois en réemploi dans la Porte Traine qu’Allard aurait vu à la Porte de Bonne. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5712).

 

                                                                       QVIETI PERP

                                                                       NAMMIAE SATVR

                                                                       NINAE ET TAVRO

                                                                       PARENT PIENTISS

                                                                       AELIA ITALICA E

                                                                       AEL TAVRINIANV

                                                                       S FILI DE SVO POSV

                                                                       ERVNT (ascia)

 

« Quieti perp(etuae) / Nammiae Satur / minae et Tauro / parent(ibus) pientiss(imis) / Aelia Italica e(t) / Aelius Taurinianu / s fili(i) de suo posu / erunt ».

 

Au repos perpétuel, à Nammia Saturnina et à Taurus leurs parents très affectionnés. Aelia Italica et Aelius Taurinianus, leurs enfants, d’eux-mêmes ont élevé (ce monument).

 

Cette inscription est à rapprocher de la précédente (n° 41), ce qui permet de reconstituer la « stemma » de cette famille :

 

Parents : Titus Aelius Taurus et Italice

Enfants : Aelia Marcellina, Aelius Sabinus, Aelius Taurus marié à Nammia Saturnina

                 lesquels ont deux enfants

Petits enfants : Aelia Italica et Aelius Taurinianus

 

-       ALLARD ; inscriptions, page 28 et dictionnaire, T 2, page 594

-       CHARBOT : page 41

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 108 et 109

-       ALLMER : T 3, n° 459, pages 131 à 133 et atlas n° 269-21

-       CIL XII : n° 2283

-       CHABERT : page 46

-       PFLAUM : pages 183, 184 et 239 à 241

-       CAG 38/1 : pages 87 et 88

 

N° 43 : inscription funéraire :

 

Découverte « dans une maison proche du rempart place Grenette » (CAG) ou « dans les jardins de la famille de Rabot (Grande Rue) (Allard). Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5701).

 

                                                                                  D M

                                                                       T AELII FORTVNA

                                                                       TI ET PARIRIAE

                                                                       QVIETAE PAREN

                                                                       TIVM ET T AELII

                                                                       QVIETI FRATRIS

                                                                       T AELIVS FORTV

                                                                       NATVS PIISSI

                                                                       MIS

 

« D(is) M(anibus) / T(iti) Aeli Fortuna / ti et paririae / Quietae paren : tium et T(iti) Aelii / quietis fratris / T(itus) Aelius Fortu / natus piissi / mis ».

 

Aux dieux manes de Titus Aelius Fortunatus et de Papria Quieta, ses parents, et de Titus Aelius Quietius, son frère, Titus Aelius Fortunatus aux siens très affectionnés.

 

Il s’agit probablement d’une famille d’affranchis de l’empereur Antonin dont Titus Aelius a pris le nom comme cognomen (Antoninus), qui est probablement apparentée aux Aelius des inscriptions 41 et 42 ci avant.

 

-       ALLARD : dictionnaire, T 1, page 519

-       CHARBOT : page 40

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 110 et 111

-       PILOT : 1860, page 341

-       ALLMER : T 3, n° 460, pages 133 et 134 et atlas n° 269-13

-       CIL XII : n° 2253

-       CHABERT : page 28

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 44 : inscription funéraire :

 

Découverte dans les fondations de la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5703).

 

                                                                       Q ANDIO

                                                                       QVINTINI

                                                                       FILIO

                                                                       QVINTANO

                                                                       A XX

 

« Q(uinto) Andio / Quintini / filio / Quintano / a(nnorum) XX ».

 

A Quintus Andius Quintanus, fils de Quintinus, décédé à 20 ans.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, page 128

-       PILOT : 1860, page 327

-       ALLMER : T 3, n° 462, page 135 et atlas n° 269-14

-       CIL XII : n° 2256

-       CHABERT : pages 39 et 40

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 45 : inscription funéraire :

 

Découverte jadis dans les fondations de la Porte Viennoise. Du temps d’Allard, elle était au cloître Saint Laurent. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5704).

 

                                                                       D (ascia) M

                                                                       M ANTONII

                                                                      EVDAEMONIS ET

                                                                       VI E ATTINAE

                                                                       CONI S

                                                                       AN TI E

                                                                       T GRA A FIL

                                                                       P RENTIBVS PIENTIS

                                                                       SIM

                                                                       TIS AC SEPVLTIVS

 

« D(is) M(anibus) / M(arci) Antonii / Eudaemonis et / Vi(reia)e (Gr)atinae / coni(ugi elu) s / An(tonia Gra)ti(nula) et Gra(t)a fil(iae) / p(a)rentibus pientis(simis) / sim(ula vita func) / tis acsepultis ».

 

Aux dieux manes de Marcus Antonius Eudaemon et de Vireia Gratina son épouse. Antonia Gratinula et Grata, leurs filles, à leurs parents si affectionnés qui, ensemble, sont morts et ont été ensevelis.

 

Eudemon semble être un cognomen d’affranchi.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 29 et dictionnaire, T 1, page 578

-       CHARBOT : page 41

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 112 à 114

-       PILOT : 1860, page 338

-       ALLMER : T 3, n° 463, pages 136 et 137 et atlas n° 279-193

-       CIL XII : n° 2258

-       CHABERT : pages 40 et 41

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 46 : inscription funéraire :

 

Autrefois au cloître Saint Laurent et aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5707).

 

                                                                       D M

                                                                       DECIMIAE

                                                                       ALBINAE

                                                                       Q VETTIVS

                                                                       EPICTETVS

                                                                       CONIVGI

                                                                       SANCTISSIMAE

 

« D(is) M(anibus) / Decimiae / Albinae / Q(uintus) Vettius / Epictetus / coniugi / sanctissimae ».

 

Aux dieux manes de Decima Albina, Quintus Vettius Epictetus à son épouse très vertueuse. On sait que Quintus Vettius Epictetus était un sévir augustal (supra, inscription n° 27).

 

-       ALLARD : inscriptions, page 29 et dictionnaire, T 1, page 426

-       CHARBOT : page 26 et n° 29, page 40

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 115 à 116

-       PILOT : 1860, page 338

-       ALLMER : T 3, n° 475, pages 149 et 150 et atlas n° 269-15

-       CIL XII : n° 2268

-       CHABERT : pages 42 et 43

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 47 : inscription funéraire :

 

Découverte en 1804 en réemploi dans la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5709).

 

                                                                       D (ascia) M

                                                                       ET MEMOR AETER

                                                                       GNATI E VERINVL E

                                                                       MILITVS TITVLLIN

                                                                       VS CONI KAR

                                                                       SVB AS DD

 

« D(is) M(anibus) / et memor(iae) aeter(nae) / Gnati(a)e Verinul(a)e / Militus Titulin / us coni(ugi) kar(issimae) / sub as(cia) d(e)d(icavit ».

 

Aux dieux manes et à la mémoire éternelle de Gnatia Verunila, Militis Titulinus à son épouse très chérie a dédié (ce monument) sous l’ascia.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 121 et 122

-       PILOT : 1860, page 330

-       ALLMER : T 3, n° 479, pages 154 et 155 et atlas n° 269-19

-       CIL XII : n° 2272

-       CHABERT : page 44

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 48 : inscription funéraire :

 

Découverte dans les fondations de la Porte Viennoise et transportée au cloître Saint Laurent où Allard l’avait vue « contre la muraille du prieuré ». Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5768).

 

                                                                             D M

                                                                       DEVILLIAE

                                                                       CATVLLINI FIL

                                                                       TITIOLAE

                                                                       BAEBIVS GRATINVS

                                                                       ET BAEBIA

                                                                       GRATINA

                                                                       MATRI

                                                                       PIENTISSIMAE

 

« D(is) M(anibus) / Devilliae / Catullini fil(iae) / Titiolae / Baebius Gratinus / et Baebia / Gratina / matri / pientissimae ».

 

Aux dieux manes de Devillia Titiola, fille de Catulinus, Baebius Gratinus et Baebia Gratina à leur mère très affectionnée.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 29 et dictionnaire T 1, page 578

-       CHARBOT : page 40

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 117 et 118

-       PILOT : 1860, page 336

-       ALLMER : T 3, n° 477, pages 151 et 152 et atlas n° 269-16

-       CIL XII : n° 2271

-       CHABERT : pages 43 et 44

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 49 : inscription funéraire :

 

Trouvée en 1859 dans les fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5705).

 

                                                                       RICIAE

                                                                       DEF ANNOR XXVI

                                                                       BITVGIA MODESTINA

                                                                       MATER

 

« …. Riciae / def(unctuae) annor(um) XXVI / Bitugia Modestina / Mater ».

 

A …….. Ricia, décédée à 26 ans, Bitugia Modestina sa mère.

 

Le nom de Bitugia semble être d’origine gauloise.

 

-       PILOT : 1860, page 391

-       ALLMER : T 3, n° 470, page 143 et atlas n° 269-170

-       CIL XII : n° 2263

-       CHABERT : page 41

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 50 : inscription funéraire :

 

Fragment supérieur d’une stèle à fronton triangulaire orné d’un disque, trouvé dans les fondations de la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5715).

 

                                                           SEX BEBIVS FIL VOLT

                                                           PACATVS SIBI PATRI

 

« Sex(tus) Bebius…. Fil(ius) Volt(inia tribu) / Pacatus Sibi patri… ».

 

Sextus Bebius… fils de… de la tribu Voltinia pour lui et pour son père.

 

Inscription antérieure au règne de Caracalla.

 

-       CAHMAPOLLION : 1807, page 128

-       PILOT : 1860, page 326

-       ALLMER : T 3, n° 469, page 142 et atlas n° 269-167

-       CIL XII : n° 2291

-       CHABERT : pages 48 et 49

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 51 : inscription funéraire :

 

Autel funéraire coiffé d’un cône en forme de pomme de pin trouvé en 1859 dans les fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5711).

 

                                                                       (ascia)

                                                                  D           M

                                                               IVL SEVERAE

                                                              VETTIVS

                                                              TERTIOLV

                                                              CONIVGI

                                                              INCOMPAR

 

« D(is) M(anibus) / Jul(iae) Severae / Vettius / Tertiolu(s) / coniugi / incompar(abili)”.

 

Aux dieux manes de Julia Severa, Vetius Tertiolus à son épouse incomparable.

 

-       PILOT : 1860, page 391

-       ALLMER : T 3, n° 481, pages 156 et 157 et atlas n° 259-168

-       CIL XII : n° 2275

-       CHABERT : pages 45 et 46

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 52 : inscription funéraire :

 

Découverte dans les fondations de la Porte Viennoise en 1804. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5710).

 

                                                                       D M MEMOR

                                                                       AETERNAE

                                                                       C INNOCENTI

                                                                       SICONI

                                                                       C ANNORVM

                                                                       SEX ET M S VIIII

                                                                       ET DIES XVI           

                                                                       F

                                                                       (ascia)

                                                                       M

 

« D(is) M(anibus et) memor / (iae) aeterna / C(ai) Innocenti(i) / Siconi(s ?) (defun) / c(ti) annorum / sex et m(en)s(es) VIIII : et dies XVI / f(ecit) / m(ater)”.

 

Aux dieux manes et à la mémoire éternelle de Caius Innocentius Siconi(us) décédé à six ans, neuf mois et seize jours, sa mère a fait (ce monument).

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 131 et 132

-       PILOT : 1860, page 329

-       ALLMER : T 3, n° 480, pages 155 et 156 et atlas n° 269-20

-       CIL XII : n° 2273

-       CHABERT : pages 44 et 45

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 53 : inscription funéraire :

 

Découverte en 180 dans les fondations de la Porte Viennoise. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5706).

 

                                                                       D         M

                                                           C SI SE VNDI FILI

                                                                       PIENTISS

                                                                       PATRI

                                                                       KARISSIM

                                                                       (ascia)

 

« D(is) M(anibus) / C(ai)… si se(c)undi filli(i) / pientiss(imi) / patri / karissim(o)”.

 

Aux dieux manes de Caius… sus secundus, ses fils très aimants à leur père très cher.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, page 129

-       PILOT : 1860 : page 328

-       ALLMER : T 3, n° 500, pages 172 et 173 et atlas n° 269-169

-       CIL XII : n° 2267

-       CHABERT : page 42

-       CAG 38/1 : page 90  

 

N° 54 : inscription funéraire :

 

Autel trouvé autrefois en réemploi dans le rempart du bas empire et, selon Allard « tiré des vieux murs au jardin de M. de Rabot » (Grande Rue). Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5719).

 

                                                                       D        M

                                                                       VRITEAE TITAE

                                                                       P C H

                                                                       CO IVGI

                                                                       SANCTISSIMAE

 

« D(is) M(anibus) / Uriteae Tita    e / P(ublius) C(assius) H(ermetio) / co(n)iugi / sanctissimae”.

 

Aux dieux manes de Uritae Tita, Publius Cassius Hermetio à son épouse très vertueuse.

 

Publius Cassius Hermetio est connu par une autre inscription qui le signale comme sévir augustal (supra n° 28) et par l’inscription consacrée à sa fille (infra n° 74).

 

-       ALLARD : inscriptions n° 39

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 124 et 125

-       PILOT : 1860 : page 342

-       ALLMER : T 3, n° 471, pages 143 à 145 et atlas n° 269-24

-       CIL XII : n° 2299

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 55 : inscription funéraire :

 

Découverte en 1591 lors de la démolition de la Porte Traine. Depuis au Musée Dauphinois (n° 34-5717) et actuellement dans la cour d’un immeuble rue Saint Laurent.

 

                                                                       D         M

                                                                       VERATIAE

                                                                       LVCI FILIAE

                                                                       CINAE

 

« D(is) M(anibus) / Veratiae / Luci(i) filiae / (Lu)cinae ».

 

Allard avait lu, fautivement : “DM / MERIATIAE / MATRI FILIA / LVCINAE”.

 

Aux dieux manes de Veratia Lucina, fille de Lucius.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 32 et dictionnaire T 1, page 122 et T 2, page 748

-       CHARBOT : page 41

-       CHAMPOLLION : 1804, page 143

-       PILOT : 1860, page 334

-       ALLMER : T 3, n° 498, pages 170 et 171 et atlas n° 269-25

-       CIL XII : n° 2297

-       CHABERT : page 50

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 56 : inscription funéraire :

 

Grande inscription fragmentaire trouvée en 1802 dans la voûte de la Porte Viennoise. Depuis 1620 elle aurait été réemployée comme clé de voûte lors du surélèvement de l’arc. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5714).

 

                                                                       D         M

                                                                       Q QVINTII

                                                                       ALENTINI FIL

                                                                       VITALIS

                                                                       DEF AN XXIII

                                                                       BITVN TITIOL

 

« D(is) M(anibus) / Q(uinti) Quintii / (V)alentini fil(ii) / Vitalis / def(uncti) an(norum) XXIII / Bitun(ia) Titiol(a mater ?) »

 

Aux dieux manes de Quintus Quintius Vitalis, fils de Valentinus, décédé à l’âge de 23 ans, Bitunia Titiola (sa mère ?).

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 126 et 127

-       ALLMER : T 3, n° 488, pages 163 et 164 et atlas n° 269-172

-       CIL XII : n° 2288

-       CHABERT : pages 47 et 48

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 57 : inscription funéraire :

 

Fragment d’une grande inscription en cinq lignes dans un cadre mouluré, trouvée jadis à la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5720).

 

                                                                       E M FIL

                                                                       …….. E

                                                                       OPTIMA

                                                                       Q FILA

                                                                       MATE

 

« (… a)e M(arci) fil(iae) / ( …)e / optima(e) / (….) Q(uinti) filia / (…) mate(r) ».

 

A … fille de Marcus… la meilleure… fille de Quintus sa mère

 

Chabert a aussi proposé de traduire : « aux dieux manes de … fille de Marcus, jeune fille accomplie, sa mère… fille de Quintus ».

 

-       ALLARD : inscriptions, page 28

-       CHAMPOLLION : 1804, page 136

-       PILOT : 1860, page 334

-       ALLMER : T 3, n° 501, pages 173 et 174 et atlas n° 269-23

-       CIL XII : n° 2302

-       CHABERT : page 52

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 58 : inscription funéraire :

 

Stèle à fronton triangulaire renfermant un disque et une ascia trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Traine. Aujourd’hui au Musée Dauphinois, dans le cloître (n° 34-5718).

 

                                                                       (ascia) D M

                                                                       SEX VINIC

                                                                       IVLIANI

                                                                       DEFVNCT ROM

                                                                       VINICIA VERA

                                                                       PATRI

                                                                       PISSIMO

 

« D(is) M(anibus) / Sex(ti Vinic(ii) / Juliani / defunct(i) roma(ae) / Vinicia Vera / patri / pissimo ».

 

Aux dieux manes de Sextus Vinicius Julianus décédé à Rome, Vinicia Vera à son père si affectionné.

 

Comme rine n’indique un transfert à Cularo des cendres du défunt nous sommes peut être en présence d’un cénotaphe.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, page 133

-       PILOT : 1860, page 325

-       ALLMER : T 3, n° 499, pages 171 et 172 et atlas n° 269-26

-       CIL XII : n° 2298

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 59 : inscription funéraire :

 

La surveillance archéologique réalisée lors des dragages de l’Isère faite en 1978 en vue de l’établissement d’un collecteur d’eaux usées a permis de récupérer deux inscriptions antiques, probablement réutilisées dans une pile d’un pont aujourd’hui détruit : la présente inscription et l’inscription n° 64. Celle-ci aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 79-231).

 

                                                           MEMORIAE

                                                           IVL ANNIOLAE

                                                           DEFVNCT ANN VII

                                                           M IVL CALLISTVS

                                                           ALLVMNAE CARISSIMAE

 

« Memoriae / Jul(ia) Anniolae / defunct(ae) ann(orum) VII / M(arcus) Jul(ius) Callistus / alumnae carissimae ».

 

Aux dieux manes de Julia Annolia décédée à 7 ans. Macus Julius Calmistus à sa très chère enfant.

 

Le texte est bien conservé. D’après le style et la forme des lettres l’inscription doit dater du 2ème ou du 3ème siècles.

 

-       Année épigraphique, 1980, n° 620

-       J. P. BOUCHER : infrormations archéologiques, GALLIA 38, 1980, page 511

-       Collectif : archéologie en Rhône Alpes, 1983-1984, page 41

-       CAF 38/1 : page 89

 

N° 60 : inscripton indéterminée :

 

Pierre mutilée ayant fait partie d’une frise trouvée en 1863 dans les travaux de la Grande Rue et dont il subsiste une partie de la dernière ligne. Aujourd’hui au Musée Dauphinois (n° 34-5716).

 

                                                                       V

                                                           ALERIA VERA PAT

 

« V / aleria Vera pat(ri) ».

 

Valeria Vera à son père.

 

Une Valeria Octavia, dédicataire d’une inscription donnée par sa mère Valeria Vera est connue dans la colonie de Nîmes (CIL XII n° 2397).

 

-       ALLMER : T 3, n° 495, page 168 et atlas n° 269-171

-       CIL : n° 2295

-       CHABERT : page 49

-       CAG 38/1 : pages 90 et 91

-       CAG 30/1, 1996, n° 89, page 507

 

N° 61 : inscription indéterminée :

 

Fragment de provenance indéterminée, autrefois au Musée Dauphinois. Perdu. Lecture incertaine.

 

                                                                       ET VAL

 

« … et Val(erius ?) ».

 

-       CIL XIIn n° 2296

-       CHABERT : page 49

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 62 : inscription indéterminée :

 

Au Musée Dauphinois (n° 34-5722).

 

« Voltinia tribu) ?

 

-       CIL XII, n° 2305

-       CHABERT : page 53

 

N° 63 : inscriptions indétermineés :

 

Cinq fagments trouvés lors de la démolition de la Tour de l’Evêché.

 

Bien que se rapportant à des inscriptions différentes, ces fragments ont, depuis le CIL, tarditionnellement présentées ensemble. Aujourd’hui au usée Dauphinois (n° 34-5721).

 

                                               1 – R RIO GAI

                                                           ALIO V

                                               2 – FRATER ET S

                                                           OROR

                                               3 – D M

                                               4 – F CESENSAE

                                               …. (memoriae) aeterna(e)

 

-       CHAMPOLLION : 1807, page 32

-       PILOT : 1860, page 325

-       ALLMER : T 3, n° 494, page 503 et 504 , pages 174 et 175 et atlas n° 269-174

-       CIL XII : n° 2303, a, b, c, e

-       CHABERT : page 52

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 64: inscription funéraire :

 

Pierre tombale connue comme étant jadis “contre le jardin de l’hôpital’ (CIL). Perdue puis retrouvée en 1978 dans les circonstances décrites ci avant à propos de l’inscription n° 59.Selon B. REMY elle serair perdue. Elle est en fait conservée au Musée Dauphinois (n° 79-232).

 

                                                                       D M

                                                           Q IVVENTIO

                                                           VISTORIS ET PAULINAE

                                                           FILIO

                                                           CASSIANO

                                                           BIMO

                                                           Q IVVENTIVS

                                                           VICTOR

 

« D(is) Manibus / Q(uinto) Iuventio / Victoris et Paulinae / filio / Cassiano  / Bimo / Q(uintus) Juventus / Victor ».

 

Aux dieux manes, à quintus Juventius / Victoris et Paulinae / filio / Cassiano / Bimo / Q(uintus) Juventus / Victor ».

 

Aux dieux manes, à Quintus Iuventus Cassianus, fils de Victor et de Paulina, âgé de 2 ans, Quintus Juventus Victor.  

 

Cette inscription est à mettre en relation avec les inscriptions 28, 54 et 70.

 

-       ALLARD : inscriptions, pages 31 et 38 et dictionnaire, T 1, pages 211 et 708

-       CHARBOT : page 41

-       L’Année épigraphique, 1980, n° 619

-       GALLIA n° XXXVIII, 1980, page 511

-       B/ REMY : les inscriptions lapidaires de la cité de Vienne, essai de localisation, Art et archéologie en Rhône Alpes n° 2, 1986, pages 104 et ss

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 65 : inscription funéraire :

 

Engagée dans un mur de l’arrière cour de l’immeuble 20 Grande Rue et provenant de la démolition de la Porte Traine. Protégée comme monument historique (objets mobiliers) depuis 1975.

 

                                                                       Q SCIBONIO

                                                                       VOC (*) LVCVLLO

                                                                       ET IVLLIAE LVCII

                                                                       FIL GRATILLAE

                                                                       VXSORI

 

« Q(uinto) Scribonio / Voc(ontio) Lucullo / et Juliae Lucci / fil(iae) Gratillae / uxsori (sic) »

 

A Quintus Scribonius Lucullus, voconce et à Julia Gratilla fille de Lucius, son épouse.

 

(*) 2 lectures sont possibles : VOL (tribu Voltinia) mais en ce cas l’abréviation usuelle est VOLT ou VOC (vocontio) rentenue ici.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 97 à 100

-       PILOT : 1860, page 344

-       ALLMER : T 3, n° 490, pages 164 et 165 et atlas n° 269-18

-       CIL XII : n° 2289

-       MULLER : pages 12 et 13

-       CHABERT : page 61

-       M. RIVIERE SESTIER : Grenoble secret, 1969, page 61

-       E. CHATEL : cahiers archéologiques n° 38, 1990, page 19

-       CAG 38/1 : pages 89 et 90

 

N° 66 : inscription funéraire :

 

Découverte anciennement « dans la cathédrale » et enchâssée sur le quatrième pilier de la grande nef à droite.

 

                                                                       D    M

                                                           IVLIAE MARTIA

                                                                       T F I

                                                           M IVL SATVRNINVS

                                                                       HERES

                                                           ET T ANDIVS EV

 

« (Dis) M(anibus) / Iulia Martiae / t(estamento) f(ieri) i(ussit) / M(arcus) Iul(ius) Saturninus / heres / et T(itus) Andius Eu………….. / ……………….. ».

 

Aux dieux manes de Julia Martia, Marcus Julius Saturninus son héritier a ordonné que conformément à son testament (ce monument) soit élevé et Titus Andus Eu…….

 

-       CHARBOT : n° 43, page 26

-       CHAMPOLLION : 1804, page 138

-       PILOT : 1860, page 344

-       ALLMER : T 3, n° 483, pages 158 et 159

-       CIL XII : n° 2274

-       CHABERT : pages 59 et 60

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 67 : inscription funéraire :

 

Trouvée anciennement « dans la cathédrale ». En réemploi au pied du 5ème pilier de la grande nef à droite.

 

                                                                       D   M

                                                                       ALERIVS

                                                                       VGI

                                                                      ECIT

 

« D(is) M(anibus) / …. (v)alerius / … (coni)iugi / …. (f)ecit ».

 

Aux dieux manes … Valerius ….. a son épouse …. A élevé (ce monument).

 

-       CHARBOT : page 41

-       PILOT : 1860 : page 345

-       ALLMER : T 3, n° 496, page 169 et atlas n° 269-173

-       CIL XII : n° 2293

-       CHABERT : page 60

-       CAG 38/1 : page 90

 

 

VIII – INSCRIPTIONS PERDUES

 

N° 68 : inscription funéraire :

 

Découverte anciennement Montée de Chalement. Du temps de Clavière, elle aurait été déposée « auprès de l’évêché » mais elle est perdue depuis.

 

                                                                       D M

                                                           APRONIAE SABINI

                                                           FIL CASSATAE

                                                           P HELVIVS MASSO

                                                           CONIVGI CARISSIMAE

 

« D(is) M(anibus / Aproniae Sabini : fil(iae) Cassatae / P(ublius) Helvius Masso / coniugi carrissimae ».

 

Aux dieux manes d’Apronia Cassata, fille de Sabine, Publius Helvius Masso à son épouse très chère.

 

Publius Helvus Masso, qui était décurion de Vienne, est connu par une autre inscription (supra n° 34).

 

-       ALLARD : inscriptions, page 37 et dictionnaire T 1, page 643

-       CHAMPOLLION : 1804, page 138

-       PILOT : 1860, page 345

-       ALLMER : T 3, n° 465, pages 138 et 139

-       CIL XII : n° 2259

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 69 : inscription funéraire :

 

Fragment supérieur de stèle à fronton triangulaire contenant l’ascia, autrefois en réemploi comme seuil de porte d’une maison « au milieu de la rue des Clercs», « place Sainte Claire » ou « au coin de la rue des Clercs et de la place Sainte Claire ». Perdue.

 

                                                                       (ascia)

                                                                       D      M

« D(is) M(anibus) / ………… “

 

Aux dieux manes ……….

 

-       CHARBOT : n° 1, page 25

-       ALLMER : T 3, n° 505, pages 175 et 176

-       CIL XII : n° 2306

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 70 : inscription funéraire :

 

Deux fragments provenant sans doute de la même inscription. Localisation inconnue. Perdus.

 

                                               1 – M VALERII MATRI PIENTISSIMAE

                                               2 – FRATER SORORI SANCTISSIMAE

 

« M(arci) Valerii matri pientissimae / …. Frater sorori sanctissimae ».

 

Marcus Valerius à sa mère si affectionnée.

… Son frère à sa sœur si vertueuse.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 38

-       CHAMPOLLION : 1804, page 138

-       ALLMER : T 3, n° 497, pages 169 et 170

-       CIL XII : n° 2294 et n° 2300

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 72 : inscription funéraire :

 

Inscription découverte lors de la démolition de la Porte Viennoise puis perdue.

 

                                                           L C F IVLIANO ET

                                                           INGENVIAE T F BELLICAE

                                                           ATTI F IVLIANVS ET ATTICVS

                                                           PARENTIBUS

 

« L(ucio) C(ai) f(ilio) Iuliano et / Ingenuiae T(iti) f(iliae) Bellicae / Atti(i) f(ilii) Iulianus et Atticus / parentibus ».

 

A Lucius Julianus, fils de Caius et à Ingenuia Bellica, fille de Titus, leurs fils Attius Julianus et (Attius) Atticus à leurs parents.

 

Les Atticii sont l’une des plus marquantes familles de la colonie de Vienne. Attius Atticus mentionné dans cette épitaphe était peut être le père de Sextus Attius Atticus (supra, inscription n° 36).

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 90 à 93

-       PILOT : 1860, page 333

-       ALLMER : T 3, n° 468, pages 140 à 142

-       CIL XII : n° 2262

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 73 : inscription funéraire :

 

Trouvée autrefois en réemploi à la Porte Traine. Perdue.

 

                                                                       D       M

                                                           FRONTONIS

                                                           ACTORIS HVIVS

                                                           LOCI MATERNA

                                                           CONIVGI KARISSIMO

                                                           ILVSA PATRI DVL

                                                           CISSIMO FA CIEN

                                                           DVM CVRAVIT

                                                           ET EVDREPITES

                                                           FILIVS PARENTI

                                                           OPTIMO SVB ASCIA

                                                           D

 

« D(is) M(anibus) / Frontonis / actoris huius / loci materna / coniugi karissimo / (Ph)ilusa patri dul / cissimo facien / dum curavit / et Eudepites / filius parenti / optimo sub ascia / d(edicavit) ».

 

Aux dieux manes de Fronto, régisseur de ce domain, Materna à son époux très cher, Philusa à son père très chéri ont pris soin de faire élever (ce monument) et Eudrepites son fils au meilleur des pères l’a dédié sous l’ascia.

 

Les actores étaient des intendants de domaines. On connaît, du même gentilice, un préfet de cavalerie, quatuovir au vicus d’Aoste (CIL XII, 2393) et le père d’un duumvir aerarius honoré à Fréterive (Savoie) (CIL XII, 2333).

 

-       CHARBOT : n° 25, pages 26 et 40

-       ALLARD : inscriptions, page 30 et dictionnaire, T 1, page 94

-       CHAMPOLLION : page 141

-       PILOT : 1829, page 302

-       ALLMER : T 3, n° 478, pages 152 à 154

-       CIL XII : n° 2250

-       HOSTACHY : pages 48 et 49

-       CHOMEL : page 32

-       J. PRIEUR : catalogue des collections du Musée de Chambéry (époque romaine), page 31

-       J. ROUGIER : Aoste la Romaine, 1988, pages 54 et 55

-       CAG 38/1 : page 89

-       CAG 73 : page 160

 

N° 74 : inscription funéraire :

 

Trouvée en réemploi dans la Porte Traine puis perdue.

 

                                                                       D M

                                                                       CASSIAE

                                                                       PAVLINAE

                                                                       ANN XVII

                                                                       P CASSIVS

                                                                       HERMETIO

                                                                       FILAE

                                                                       PISSIMAE

 

« D(is) M(anibus) / Cassiae / Paulinae / ann(orum) XII / P(ublius) Cassius / Hermetio / filiae / pissimae ».

 

Aux dieux manes de Cassia Paulina décédée à l’âge de 17 ans. Publius Cassius Hermetio à sa fille très affectionnée.

 

G. Allard, reprenant Barlet, l’avait donnée en deux épitaphes :

 

                                                                       D M

                                                                       CASSIAE

                                                                       CAVLINVLAE

                                                                       ANNO XVII

                                                                       ………………..

                                                                       P CASSIVS

                                                                       HERMENTIAE

                                                                       FILIAE

                                                                       PISSIMAE

 

Publis Cassius Hermentio est connu par deux autres inscriptions grenobloises (supra n° 28 et n° 54).

 

-       ALLARD : inscriptions, page 31 et dictionnaire, T 1, page 210

-       CHARBOT : page 39

-       CHAMPOLLION : 1804, page 137

-       ALLMER : T 3, n° 472, pages 145 et 146

-       CIL XII : page 2264

-       CAG 38/1, page 88

 

N° 75 : inscription funéraire :

 

Pierre moulurée trouvée en 1804 dans les fondations de la Porte Viennoise puis perdue.

 

                                                                       P CATIO

                                                                       VERTERO

                                                                       H EX T

 

« P(ublio) Catio / Vertero / h(eres) ex t(estamento) ».

 

A Publius Catius Veterus son héritier, conformément à son testament.

 

Allmer voyait en Vertero un patronyme gaulois.

 

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 101 à 103

-       ALLMER : T 3, n° 474, pages 147 et 148

-       CIL XII : n° 2265

-       MULLER : page 36

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 76 : inscription funéraire :

 

Inscription fragmentaire trouvée autrefois à la Porte Traine. Perdue.

 

                                                                       (ascia)

                                                                       ……………….

                                                                       LARINIVS ET PILIANI

                                                                       F LARINIA DE SVO POSVERVNT

 

« …. Larinus et Pilani / f(ilia) Larinia de suo posuerunt ».

 

…. Larinus et Larini, fille de Pilianus, ont élevé d’eux-mêmes (ce monument).

 

-       CLAVIERE : chapitre 36, IV

-       ALLARD : inscriptions, page 38 et dictionnaire T 1, page 684

-       CHARBOT : n° 36, pages 26 et 42

-       CHAMPOLLION : 1804, page 139

-       ALLMER : T 3, n° 484, pages 159 et 160

-       CIL XII : n° 2279

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 77 : inscription funéraire :

 

Trouvée autrefois à la Porte Traine.

 

Allard l’aurait vue au couvent Sainte Cécile d’où il l’aurait tirée pour échapper à un martelage (infra, inscription n° 97). Perdue.

 

                                                                       D M

                                                                       NIGIDIAE

                                                                       IVLIANAE

                                                                       T VALERIVS

                                                                       VALERIANVS

                                                                       CONIVGI

                                                                       SANCTISSIMAE

 

« D(is) M(anibus) / Nigidiae / Iulianae / T(itus) Valerius / Valerianus / coniugi / sanctissimae ».

 

Aux dieux manes de Nigidia Juliana, Titus Valerius Valerianus à son épouse si vertueuse.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 32 et dictionnaire, T 2, page 726

-       CHAMPOLLION : 1804, page 138

-       ALLMER : T 3, n° 487, pages 162 et 163

-       CIL XII : n° 2284

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 78 : inscription funéraire :

 

Trouvée autrefois à la Porte Traine puis perdue.

 

                                                                       M TITIO M FIL

                                                                       VOLT

                                                                       GRATO

 

« M(arco) Titio M(arci) fil(io / Volt(inia tribu) / Grato”.

 

A Marcus Titisu Gratus, fils de Marcus, de la tribu Voltinia.

 

Allard reprenant Barlet l’avait mise à la suite de l’inscription à Sexto Sammio (supra, inscription n° 20).

Cette épitaphe et la suivante (n° 79) ont pu appartenir à un même monument funéraire.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 38 et dictionnaire, T 1, page 586

-       CHARBOT : n° 14, page 25

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 94 à 96

-       ALLMER : T 3, n° 492, pages 166 et 167

-       CIL XII : n° 2290

-       MULLER : page 36

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 79 : inscription funéraire :  

 

Trouvée autrefois « à proximité de l’évêché ». Elle était déjà perdue du temps de Champollion. Cette inscription et la précédente (n° 78) ont pu appartenir à un même monument funéraire.

 

                                                                       C TITIO VETTII

                                                                       FIL VO

                                                                       TITVLO

 

« C(aio) Titio Vettii ( ?) / fil(io) Vo(ltinia tribu ?) ou Vo(contio ?) titulo…”

 

A Caius Titus Titulus, fils de Vetius (?) de la tribu Voltinia (ou voconce)…

 

Clavière avait lu « C TITIO VADRO » et Charbot « T TITIO VALIO ».

 

-       CLAVIERE : chapitre 37

-       ALLARD : inscriptions, page 38

-       CHAMPOLLION : 1804, page 138

-       ALLMER : T 3, n° 491, page 165

-       CHARBOT : n° 35, pages 26 et 40

-       CIL XII : n° 2292

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 80 : inscription funéraire :

 

Fragment d’inscription trouvé autrefois dans les fondations de la Porte Traine. N’existait déjà plus du temps de Champollion.

 

                                                                       D MA

                                                                       ANNIAE

 

Ou                                                                 D ANNIAE

 

« D (is) Ma(nibus ?) Anniae… »

 

Clavière avait lu « DIVA ANNIA » et Champollion indique « DIVAE ANNIAE ».

 

-       ALLARD : inscriptions, page 38

-       CHARBOT : n° 38, page 26

-       CHAMPOLLION : 1804, page 139

-       ALLMER : T 3, n° 464, page 136

-       CIL XII : n° 2257

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 81 : inscription funéraire :

 

« Touvée à Grenoble ».

 

                                                                       C CILTIO VO T

                                                                       MANSVETO

                                                                       H EX T

 

« Q(uinto) Ciltio Vo(l)t(inia tribu) / Mansuetus H(eres) ex t(estamento) ».

 

A Quintus Citius Mansuetus de la tribu Voltinia, conormément à son testament.

 

-       CIL XII : n° 2266

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 82 : inscription funéraire :

 

« Autrefois dans les fondations de la Porte Traine ».

 

                                                                       Ascia)

                                                                       D        M

                                                                       MEMORIAE

                                                                       AETERNAE

                                                                       DEVILLIAE ATILIAE

                                                                       L LEPIDVS BASILAE

                                                                       VS CONIVG KAR

                                                                       PONEND CVRAV

                                                                       ET SVB ASC DEDIC

 

« D(is) M(anibus) / et memoriae / aeternae / Devilliae Atiliae / L(ucius Lepidus Basilae / us coniug(i) kar(issimae) / ponend(um) curav(it) / e sub ascia dedic(avit) ».

 

Aux dieux manes et à la mémoire éternelle de Devillia Atilia, Lucius Lepidus Basilacus à son épouse très chère a pris soin délever (ce tombeau) et l’a dédié sous l’ascia.

 

-       CHAMPOLLION : 1804, page 140

-       ALLMER : T 3, n° 476, pages 150 et 151

-       CIL XII : n° 2270

-       CAG 38/1 : pages 88 et 89

 

N° 83 : inscription funéraire :

 

Stèle à fronton triangulaire trouée dans les fondations de la Porte Viennoise en 1804.

                                                                       IVLIAE MARI

                                                                       FIL TERTIAE ET

                                                                       TITIAE F FIL SABINAE

 

« Iulia… mari / fil(iae) Tertiae et / Ttitae T(iti) fili(iae) Sabinae ».

 

A Juilia Tertia, fille de …. Marus et à Ttitia Sabina, fille de Titus.

 

-       CHAMPOLLION : 1807 : pages 86 à 89

-       ALLMER : T 3, n° 482, pages 157 et 158

-       CIL XII : n° 2276

-       CAG 38/1 : page 89

 

N° 84 : inscription funéraire :

 

Fragment d’inscription trouvé lors de la démolition de la Porte Viennoise.

 

                                                                       TTI CILLAE ANN

                                                                       …………………..

                                                                       INIVS IVLIA

 

« …… / (A)tticilae ann(orum)…. / …. Inius Iulia(nus ?) »

 

Aux dieux manes (?) d’Atticilla décédée à … ans… inius Julianus ?

 

-       CHAMPOLLION : 1807, page 125

-       ALLMER : T 3, n° 467, pages 139 et 140

-       CIL XII : n° 2261

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 85 : inscription indéterminée :

 

Fragment dcouvert « dans la démolition de la tour de l’évêché ».

 

                                                                       AEMILIA STI

 

-       CHAMPOLLION : 1807, page 132

-       ALLMER : T 3, n° 461, page 135

-       CIL XII : n° 2255

-       CAG 38/1 : page 88

 

N° 86 : inscription indéterminée :

 

Fragment trouvé autrefois « dans la Grande Rue ».

 

                                                                       ATISIO

 

« … Atisius…. »

 

Les Attisii sont connus par au moins une douzaine de membres, tous installés en pays allobroge et plus particulièrement à Aoste domme fabricants de pelves et de mortiers.

En ce qui concerne Grenoble, voir également l’inscription suivante.

 

-       CLAVIERE : chapitre 37

-       ALLARD : inscriptions, page 38

-       CHAMPOLLION : 1804, page 141

-       PILOT : 1860 : page 345

-       ALLMER : T 3, n° 466, page 139

-       CIL XII : n° 2260

-       J. ROUGIER : Aoste la Romaine, 1988, pages 117 et ss

-       Isère gallo romaine, T 2, page 50

-       CAG 8/1 : page 90

 

N° 87 : inscription indéteminée :

 

Découverte le 23 novembre 1890 parmi les matériaux de l’ancienne prison, place Saint André.

 

                                                                       SEX ATIS

 

« … Sex(tus) Atis(ius)… ».

 

Ce gentilice est largement connu (supra, inscription n° 86).

Outre Aoste, un Caius Atisius est mentionné à Saint Aupré où il a consacré un tombeau à sa femme et à sa fille (CIL XII, n° 2303).

 

-       A. ALLMER : procès verval dans Revue Epigraphique du Midi, III, 1890-1898, n° 847

-       ILGN : n° 341, page 105

-       MULLER : page 37

-       CHABERT : page 56

-       Isère gallo romaine, I, page 262

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 88 : inscription indéterminée :

 

Trouvée autrefois à la cathédrale Notre Dame. Déjà perdue sous Champollion.

 

                                                                       NIAE LABEONIS FIL

 

« …. Niae Laebonis fili(iae)… ».

 

A (ou de) …. Nia, fille de de Labeo…

 

-       CHAMPOLLION : 1804, page 141

-       ALLMER : T 3, n° 493, page 163

-       CIL XII : n° 2278

-       CAG 38/1 : page 90

N° 89 : inscription indéterminée :

 

Vue autrefois par Clavière.

 

                                                                       RVTILIO VERINIO

 

A Rutilius Verinius.

 

-       CLAVIERE : chapitre 37

-       ALLARD : inscriptions, page 38

-       CHAMPOLLION : 1804, page 139

-       ALLMER : T 3, n° 489, page 164

-       CIL XII : n° 2287

-       CAG 38/1 : page 90

 

N° 90 : inscription indéterminée :

 

Sans lieu ni date connus de découverte.

 

                                                                       MODESTO SVLPICIO

                                                                       SECVNDINA NEPTI

 

-       ALLARD : inscriptions, page 31

 

N° 91 : inscription funéraire :

 

Sans lieu ni date connus de découverte. Inscription douteuse.

 

                                                                       D         M

                                                                       CHARMIDES ET

                                                                       TIAE LIB

                                                                      ANN XVIII PHEVVE

                                                                       MIT FILIO CARISSI

                                                                       MO

 

-       ALLARD : dictionnaire, T 2, page 310

 

N° 92 : inscription indéterminée :

 

Sans lieu ni date connus de découverte. Inscription douteuse.

 

                                                                       VSV V SVSPITI SEXTINI

                                                                       F TERTVLIA NEPTI

 

-       ALLARD : inscriptions, page 31

 

N° 93 : inscription funéraire :

 

Jadis découverte « à la Porte de Bonne ».

 

                                                                       D G M

                                                                       MERCVTIAE

                                                                       MATRI FILIA

                                                                       LVANA

 

« D(is) G ? M(anibus) / Mercutiae / matri filia / Luana ».

 

Aux dieux manes ( ?) de Mercutiae sa mère, Luana sa fille ?

 

-       ALLARD : inscriptions, page 39

 

N° 94 : inscription indéterminée :

 

Vue par Clavière mais déjà perdue sous Allard.

 

                                                                       CENTVRIONIS ET

                                                                       SEX SAMMICI

 

INxription très douteuse à rapprocher de l’inscription consacrée à Sexto Sammio, centurion de la 1ère légion Germanica (supra n° 20).

 

-       CLAVIERE : chapitre 36, inscription V

-       ALLARD : inscriptions, page 38 et dictionnaire, T 1, page 684

-       CHARBOT : n° 34, page 26

 

N° 95 : inscription indéterminée :

 

Vue par Clavière mais déjà perdue sous Allard.

 

                                                                       VRITIANI TITINI PC

 

-       CLAVIERE : chapitre 37, inscription XI

-       ALLARD : inscriptions, page 38 et dictionnaire T 1, page 685

 

N° 96 : inscription indéterminée :

 

Vue par Allard « attachée à la muraille du monastère de Sainte Cécile ».

 

                                                                       E IVLIO

                                                                       TVRININO

                                                                       LIB AVG

 

Inscription funéraire d’un affranchi ?

 

-       ALLARD : dictionnaire, T 2, page 700

 

N° 97 : inscription funéraire (Meylan ?) :

 

Inscription traditionnellement attribuée à Meylan mais provenant sans doute de Grenoble.

G. Allard dit en effet l’avoir vue avec l’inscription consacrée par T. Valerius Valerianus à son épouse (supra n° 77) « attachée à la muraille d’une maison appartenant aux filles religieuses de Saint Bernard sous le titre de Sainte Cécile » (rue Servan) d’où il les aurait extraites « pour échapper à un martelage envisagé par quelque dévôt les ayant persuadées qu’il ne fallait pas qu’elles eussent ainsi des monuments du paganisme ».

Est-ce à cette occassion que l’inscription aurait été transportée à Meylan… puis perdue ?

Toujours est-il qu’elle fut (re) découverte au début du 19ème siècle dans la propriété d’Aimé Dubois.

Aujourd’hui conservée au Musée Dauphinois (n° 34-5713).

 

                                                                       D       M

                                                                       L PRIMI

                                                                       VALERI

                                                                       ET POTTIAE

                                                                       CARILLAE

                                                                       PRIMI

                                                                       VASSILIVS

                                                                       ET VALERIA

                                                                       PARENTIB

 

« D(is) M(anibus) / L(uci Primi / Valeri / et Pottiae / Carillae / Primi / Vassilius / et Valeria / parentib(us) ».

 

Aux dieux manes de Lucius Primus Velerius et de Pottia Carilla, Primus Vassilius et Prima Valerai à leurs parents.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 32 et dictionnaire T 2, page 726

-       ALLMER : T 3, n° 506, pages 166 à 167 et atlas n° 269-22

-       CIL XII : n° 2286

-       CHABERT : page 47

-       Isère gallo romaine, I, page 69

-       CAG 38/1 : page 170

 

N° 98 : inscription funéraire (la Tronche) :

 

« Autrefois à la Tronche » mais classée par Allard au titre des inscriptions de Grenoble d’après Barlet. Perdue.

 

                                                                       D       M

                                                                       MAGIAE RVFI

                                                                       NAE CN VERG

                                                                       IOSIMVS CON

                                                                       IVGI SANTISSIMAE

 

«  D(is) M(anibus) / Magia Rufi(nae) / Cn(aeus) Verg(ilius ?) / (inuis) ?) Iosimus con / iugi sanctissimae ».

 

Aux dieux manes de Magia Rufina, Cnaeus Verg ( ?) Iosimus à sa vertueuse épouse.

 

-       ALLARD : inscriptions, page 32 et dictionnaire T 2, page 520

-       CHARBOT : n° 31, page 26

-       ALLMER : T 3, n° 485, page 161

-       CIL XII : n° 2282

-       CAG 38/1 : page 170

 

N° 99 : inscription funéraire (la Tronche) :

 

« Autrefois à la Tronche ». Allard dit l’avoir trouvée à Grenoble sans toutefois en préciser le lieu ni la date.

 

                                                                       D       M

                                                                       M MAGIO

                                                                       POTENTINO

                                                                       MAGGI MACRINVS

                                                                       ET ATILIVS FILII

                                                                       PATRI PEINTISS

 

« D(is) M(anibus) / M(arco) Magio / Potentino / Maggi Macrinus / et Atilius filii / patri pientiss(imo) ».

 

Aux dieux manes, à Marcus Magius Potentinus, Magius Macrinus et Magius Atilius ses fils, à leur excellent père.

 

-       CLAVIERE : chapitre 36

-       ALLARD : inscriptions, pages 32 et 39 et dictionnaire T 2, page 377

-       CHARBOT : n° 19, pages 26 et 41

-       ALLMER : T 3, n° 486, pages 161 et 162

-       CIL XII : n° 2281

-       CAG 38/1 : page 170

 

 

IX – INSCRIPTIONS REPUTEES FAUSSES :

 

Les trois inscriptions qui suivent sont réputées fausses depuis Allmer. Elles n’existaient déjà plus du temps d’Allard qui les mentionne néanmoins en citant Barlet. Il en fait la relation suivante :

 

« Il nous reste peu des inscriptions que je ceux rendre publiques. Jean de Saint Marcel d’Acançon, avocat général en ce parlement, avait eu le soin de faire porter dans la maison qu’il avait en cette ville les pierres ou plusieurs estoient gravées ; cette maison ayant été acquise par les PP Minimes ils n’en ont pas connu le prix car ils les ont fait ensevelir dans les fondations de leur église. N’est-ce pas une espèce de barbarie ou si l’on veut d’une crasse ignorance ! Quel outrage à la sacrée antiquité et quelle injure à la curiosité des savants qui doivent encore une grande obligation aux recherches de Berlet… ».

 

Ces inscriptions sont-elles sous le couvent des Minimes, fondé en 1613 dans la rue du même nom ? S’agit-il d’inscriptions controuvées ou au contraire d’inscriptions pouvant provenir d’un culte impérial ? Aucune indicatio ne permet aujourd’hui d’incliner définitivement vers l’une ou l’autre de ces hypothèses. Seules des fouilles sous l’ancien couvent permettraient peut être d’être fixé (infra, 2ème partie, chapitre X).

 

N° 100 :

 

                        IMP C I CAESAR PP III COS DICT / PERPE PRAET QVAET N M AED CVR TRIB / MIL QVI V OCTO TRIVMVIRO GAL ALEX / PONT AFFR HISP IN SENATV III ET XX / CONFOSS REVINER INTERIIT AD MART / NATVS C MAR ET L FLAC COS III IDEM / QVINTVS VIR ANN VI ET L ET IN DEORVM / NVMER VICI RELATVS CORNELIA CINNAE IIII COS FIL C I CAES DEDV VX QVAM / DEFVNCTAM PRO ROSTR LAVDAVIT

 

N° 101 :

 

                        IMP OCTAVIVS CAES AVGVSTVS TVIR D / IVL NEPOS IN NOM ET FAMIL ADOPT / HAERESQVE INST POST III VIR MVL PHILIP / PERVS SIC ASIAT PELLIS CONFECT DOMIT / CARTAB AQVIL PANNON DALM ILLIR III OCTO / TRIOMPH LONGA PACE POTITVS OB SEX POMP / ET SEX APVL COL XIIII CALAD OCT LXX ET / V AET SVA ANNO LIVIA OCT VXOR IN / CIVIVS ET IN HAC VOCE DEFICIT LIVIA / NOSTRI CONIVGI MEMOR VIVE ET VALE

 

N° 102 :

 

                        IMP M VLP TRAIANVS PP ABD / NRVA IN FIL LOCVM INQ IMPERII PORTAM / IN INNVMERANDA GENTIVM VID CLARIVS / IMPERII FINES AD INDOS TIGRIDE CLAVSIT / IN QVO DOMI SANCTITA MILITAT FORTITVDO / VTROBIQVE PROVIDENTIA SEN DEO OPT / COGNOMEN MERVIT VI ANNO LXXIIII / PLATINA IMP TRAIANI VXOR CIVIVS / SOLERTIA EMENTITA ADOPT HADRI AD / IMP FASTIGIVM PERVENIT

 

Pour ces trois inscriptions :

 

-       ALLARD : inscriptions pages 26 et 34 à 37

-       MARTIN : page 15

-       CHAMPOLLION : 1807, pages 146 à 148

-       PILOT : 1829, pages 299 et 300 et 1833, pages 236 à 239

-       ALLMER : T 4, inscriptions fausses n° 9, 10 et 11, page 492

-       CAG 38/1 : page 74

 

N° 103 : inscription fausse :

 

Cette inscription a largement été citée. Bien qu’attribuée non à Grenoble mais à Moirans, il a paru intéressant de la faire figurer avec l’épigraphie grenobloise en raison de la référence à Gratien (voir aussi supra, chapitre V, 5).

 

                                               DIVO GRATIANO TYRANNIDE

                                                                       VINDICATA

                                               THEODOSIVS ET VALENTINIANVS AVG EX VOTO

 

Au divin Gratine, après avoir vaincu la tyranie, Théodose et Valentinien, Augustes, d’après leur vœu.

Selon Pilot il s’agissait d’un souvenir de la victoire remportée par les deux empereurs Théodose et Valentinien sur l’usurpateur Maxime qui avait détroné Gratine et qui fut surpris et tué dans l’Aquilée.

Cette inscription, prétenduement trouvée à Moirans, avait laissé accroire que Gratien avait été tué à Morginum et non à Lyon comme on l’indique traditionnellement.

 

-       H. BOUCHE : chronographie ou description de la Provence et l’histoire chronologique du même pays, 1664, Livre 4, chapitre 6

-       ALLARD : inscriptions, page 38

-       MARTIN : page 16

-       PILOT : 1829, page 301 et 1833, page 242

-       F. de SAINT ANDEOL : Moirans, Album du Dauphiné, T 4, 1869, page 60

-       J. J. A. PILOT : précis statistique des antiquités du département de l’Isère, BSSI, 3, 1843, page 112

-       R. GERY : bulle de Valentinien II, Revue des Alpes n° 102 du 11 juin 1859, page 418, col. 13, note 1

-       ALLMER : inscriptions fausses, T 4, n° 14

-       CIL XII : inscriptions fausses n° 180

-       U. CHEVALIER : Regeste dauphinois, T 1, 1913, n° 41, page 10

-       P. L. ROUSSET : plaidoyer pour un empereur, Gratien, Gratianopolis, Grenoble, 1992

-       Isère gallo romaine, I, page 115

-       CAG 38/1 : page 109

 

N° 104 : inscription fausse :

 

Attribuée à Grenoble par Charbot et Pilot.

 

                                                                       GIORDANO FIORENTISS

                                                                       PRINCIPI ET DO

                                                                       DE PARTHIS OB AET

                                                                       REBELLIVS LAVREAM

                                                                       ADEPTO

 

-       CHAMPOLLION : 1804, page 144

-       CHARBOT : n° 6, page 25

-       PILOT : 1829, page 301 et 1833, page 242

-       ALLMER : inscriptions fausses, T IV, n° 12, page 492

 

N° 105 : inscription fausse :

 

Cette inscription prétenduement trouvée « au-delà de Grésy, au site d’Ad Publicanos » n’est mentionnée ici que parce qu’elle aurait comporté le nom de Cularo.

 

                                                                       SVPER PONTVI

                                                                       ERAT CVLARO

                                                                       POPVL FECIT

                                                                       PISCEN ALVEO

 

-       P. FECHOZ : une vieille inscription au nom de Cularo, bulletin de l’Académie Delphinale, juin 1957, pages CCVII et CCVIII

 

 X – FRAGMENTS LAPIDAIRES :

 

Les fouilles du groupe épiscopal ont livré quelques fragments lapidaires mais ceux-ci n’ont pas été publiés et, notamment, un atel ou cippe funéraire qui a été aprçu au bas de la face externe de l’aile ouest de l’ancien évêché. Il s’agit, selon toute vraisemblance, d’un réemploi fait au 13ème ou au 14ème siècles. L’autel a aujourd’hui disparu sous le sol d’un local technique aménagé à cet endroit.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

XI – INSCRIPTIONS FUNERAIRES CHRETIENNES

 

Françoise Descombes dans son recensement général des inscriptions chrétiennes de Viennoise du Nord n’est pas particulièrement accorte avec Grenoble. Elle y indique en effet que « les conditions de découverte, de publication et de conservation des inscriptions ont été éxécrables ». Elle ajoute que « la seule épitaphe entière qui nous ait été transmise est de provenance inconnue, comme d’ailleurs est inconnue la date de sa découverte » et que « les autres inscriptions, toutes mutilées, n’ont pas été trouvées en place mais en réemploi » et enfin « qu’aucune ne parait avoir été conservée jusqu’à nos jours ».

 

De fait, Grenoble est aussi pauvre en inscriptions paléochrétiennes qu’elle est riche en inscriptions romaines. Françoise Descombes en retrace sept pour Grenoble ce celle dite de Populonia trouvée à la Tronche.

 

Le présent inventaire en étudie quatre de plus.

 

-       F. DESCOMBES : recueil des inscriptions chrétiennes de la Gaule, antérieures à la renaissance carolingienne, T IV, Viennoise du nord, 1985, pages 16 et 615 à 624.

 

N° 1 : épitaphe funéraire :

 

Trouvée à Saint Laurent lors de travaux en 1851. Perdue.

 

                                               HIC REQVIISCIT IN PA…

                                               EMORIAE AVNICISCIVS QV…

                                               NNOS QVINQVAGINTA ET VNVM

                                               …. ES TRES OBIIT SEXTKL

 

« Hic requiiscit in pa(ce bonae m) / emoria Auni(g)isc(l)us qu(i vixit) / (a)nnos quinquaginta et unum / (mens ou di)es tres obiit sex(to) k(a)l(endas…).

 

Ici repose en paix Aunigisclus de bonne mémoire qui vécut cinquante et un ans et trois (mois ou jours). Il est mort le sixième jour des calendes de… (milieu ou seconde moitié du 6ème siècle).

 

-       J. J. A. PILOT : note sur les anciens cimetières de Grenoble, BSSI, 2ème série, 2, 1854, page 135 qui transcrivait « Auniciscius » là ou F. Descombes propose « Aunigisclus ».

-       M. REYMOND et C. GIRAUD : la chapelle Saint Laurent à Grenoble, bulletin des archives communales, 1893, page 12

-       Dom H. LECLERCQ : dictionnaire d’archéologie chrétienne et de liturgie (DACL), T IV, 2, 1923, col. 1804

-       F. DESCOMBES : op. cit. XV, 230, pages 615 et 616

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 2 épitaphe de Cassianus :

 

 

Découverte en janvier 1777, brisée en 8 morceaux fichés en terre de manière à délimiter lemplacement de 7 tombeaux alignés cote à cote « dans les vignes des religieuses de la Visitation de Sainte Marie d’en Haut ». Disparue.

 

L’exemplaire manuscrit d’une reproduction grossière de l’inscription subsiste à la bibliothèque Calvet d’Avignon (Ms 2365, f° 474).

 

                                                                       … C REQ

                                                                       BONE MEMORIAE

                                                                       D E I CASSIANVS

                                                                       ……. VRREXIO

                                                                       ……. RDIAE C I

                                                                       ……………. ITA

                                                                       ………………….

 

« (Hi)c req(uiescit in pace) / bone memoriae (famulus) / Dei Cassianus / (in spe res(urrexion)is / (miserico)rdiae C(hrist)i / (qui vix)it a(nnos…) / ….”.

 

Ici repose en paix de bonne mémoire un serviteur de Dieu, Cassianusn dans l’espérance de la résurrectio et de la miséricorde du Christ… qui a vécu… années…

 

L’indiction ne subsistant plus, cette inscription ne peut faire l’objet que d’une fourchette de datation assez large : de 484 à 564, bornes extrêmes entre lesquelles se retrouve la formulation initiale « hic requiescit in pace bonae mémoriae ».  Mais F. Descombes propose plus précisément la seconde moitié du 6ème siècle.

 

-       J. P. VALLET : lettre écrite à une dame sur les sept tombeaux antiques qui ont été découverts à Grenoble le 23 janvier 1777 dans les vignes des Dames religieuses de la Visitation de Sainte Marie d’en Haut, les Affiches, annonces et avis du Dauphiné, 21 février 1777, page 175

-       CHAMPOLLION : 1807, page 38

-       PILOT : 1807, page 38

-       J. J. A. PILOT : histoire de Grenoble et de ses environs, 1829, page 297

-       E. LE BLANT : inscriptions chrétiennes de la Gaule antérieures au VIIIème siècle, II, 1865, n° 470 A

-       CIL XII : n° 2310

-       E. DIEHL : ILCV, II, 1931, n° 3467

-       DACL : VI, 2, col. 1807

-       U. CHEVALIER : Regeste Dauphinois, T 1, 1913, n° 93, page 19

-       F. DESCOMBES : XV, 231, pages 616 et 617

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 3 : épitaphe funéraire :

 

Trouvée lors de travaux à Saint Laurent en 1851. Perdue.

 

                                                                       HIC REQVIESCIT

                                                                       ION HILRITIV

                                                                       ESR MISER

                                                                       F III KL IV

 

La lecture qu’en a laissée Pilot est incompréhensible sur plus points. Mme Descombes en propose la restitution suivante :

 

                                                                       HIC REQVIES

                                                                       HILRITIV

                                                                       MISER

                                                                       T III KL IV

 

« Hiq requiesc(it in pace bonae me) / (moriae) Hilritiu (in spe ressure) / (xionis) miser(icordiae Christi) / ? (obit) III K(a)l(endas) iu(lias) (ou – nias)”.

 

Ici repose en paix de bonne mémoire Hilarinus (ou Hilaritius) (dans l’espoir de la résurrection) et de la miséricorde du Christ. Il est mort le 3 das calendes de juin (ou juillet). Datation proposée : milieu du 6ème siècle.

 

-       J. J. A. PILOT : note sur les anciens cimetières, op. cit. page 135

-       M. REYMOND et C. GIRAUD : op. cit. page 12

-       DACL : VI, 2, colonne 1804

-       F. DESCOMBES : XV, 232, pages 617 et 618

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 4 : épitaphe funéraire :

 

Trouvée peut être lors des travaux de 1856 dans les déblais de la crypte Saint Laurent. Perdue mais reproduite dans Le Blant.

 

 

                                                           D  croix  colombe M

                                                           HIC REQV

                                                           ESCIT PRO

                                                           …………………

 

« D(is) M(anibus) / hiq requ(i) / escit pro / ………. ».

 

Aux dieux manes, ici repose Pro… (Proiectus, Protatius, Protasius ?)

La mention “Dis Manibus” conduit à proposer une datation assez haute : 5ème siècle ?

 

-       E. Le BLANT : n° 470 B

-       ILCV : n° 2930

-       DACL : VI, 2, col. 1807

-       F. DESCOMBES : XV, 233, pages 618 et 619

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 5 : épitaphe funéraire :

 

Trouvée lors des travaux à Saint Laurent en 1851. Perdue mais connues par une copie de Pilot.

 

                                                           ……….VIESCIT

                                                           ……….MEMORI

                                                           ……….ANELLA

                                                           ……..SSA QVE

                                                           …………………

 

« (His req)uiescit (in pa) / (ce bone) memori(ae) / …… anella…… / ……. ssa qu(a)e (vixit)…”.

 

Il s’agit selon toute vraisemblance d’un nom de femme, probablement latin, suivi sans doute d’une ou de plusieurs épithètes élogieuses. 6ème siècle ?

 

-       PILOT : op. cit. page 136

-       M. REYMOND et C. GIRAUD : page 12

-       DACL : VI, 2, col. 1804

-       F. DESCOMBES : XV, 234, page 619

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 6 : épitaphe funéraire :

 

Trouvée à Saint Laurent vers 1856 dans les déblais de la crypte. Perdue mais reproduite dans Le Blant.

 

                                                           IN HOC TOMV

                                                           CIT BONEM

                                                           NPA IN SP

 

« In hoc tomu(lo requies) / cit bone m(emoriae…) / npa in sp(e resurrectionis) / (misericordiae Christi)….”.

 

Dans ce tombeau repose de bonne mémoire… npa dans l’espoir (de la résurrection et de la miséricorde du Christ). « npa » ne peut être que la fin d’un nom propre latin, celui d’une femme. Seconde moitié du 6ème siècle.

 

-       E. Le BLANT : n° 470 C

-       CIL XII : n° 1312

-       ILCV : n° 3467

-       DACL : VI, 2, col. 1807

-       F. DESCOMBES : XV, 235, pages 619 et 620

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 7 : épitaphe funéraire de Claudianus :

 

Grande inscription attribuée à Grenoble mais dont le lieu et la date de découverte ne sont pas connus. Conservée au Musée Dauphinois (n° 34-5726).

 

                                                           (hedera) HIC REQVIESCIT

                                                           BONE MEMORIAE CLAV

                                                           DIANVS PR B IN PACE

                                                           QVI VIXIT AN LVI ET OB

                                                           IIII NO NOB RVSTI

                                                           ANO ET VITALIANO VCC

                                                                       (palmes)

                                                           (colombe, vase, colombe)

 

« Hic requiescit / bone memoriae Clau / dianus pr(es)b(yter) in pace / qui vixit an(nos) LVI et ob(iit) / IIII no(nas) nob(embres) Rusti / (i)ano et Vitaliano v(iris) c(larissimis) c(onsolibus) ».

 

Ici repose, de bonne mémoire, Claudianus prêtre qui vécut 56 ans et mourut le 4 des nones de novembre sous le consultat dde Rustianus et Vitalianus, clarissimes.

Très précisément datée du 2 novembre 520.

 

-       S. CHABERT : 1927, page 55

-       L’année épigraphique : 1920, n° 117

-       ILGN : n° 339, page 104

-       F. DESCOMBES : XV, 236, pages 620 à 622

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 8 : épitaphe funéraire :

 

Plaque de marbre réemployée en guise de couvercle de tombe, trouvée en 1935 à la nécropole Saint Sixte puis perdue.

 

                                                           REQVIESCIT IN PA

                                                           CE QVI NOS XXIII

 

« Requiescit in pa / ce qui (vixit an)nos XXIII / ………… ».

 

….. Repose en paix, qui a vécu 23 ans…

 

-       J. FLANDRIN : le Petit Dauphinois du 4 avril 1935

-       M. et R. COLARDELLE : la nécropole paléochrétienne de Saint Sixte et la topographie chrétienne de Grenoble, 108ème congrès national des sociétés savantes (Grenoble, 1983), 1987, page 136

-       CAG 38/1 : page 91

 

N° 9 : épitaphe funéraire de Populonia :

 

Plaque en marbre de Carrare découverte le 27 avril 1920 dans le cimetière de la Tronche, sur l’emplacement du caveau de la famille Besson, dans une tombe en maçonnerie de pierres plates et de tegulae. L’inscription était placée sous les pieds de la défunte. Aujour’dhui au Musée Dauphinois (n° 34-5730).

 

                                                           OMOLO REQVI

                                                           T IN PACE BON E ME

                                                           RIAE FAMOLA DI SACR

                                                           DO PVELLA POPVLINI

                                                           A IN SPE RESVRRICXIONIS

                                                           MISERICORDI ET XRI QVE VI

                                                           XIT ANNVS XXV ET OB DE ID OCT B

                                                           INDICT DVODECIMA

 

« (In hoc ()omolo requi / (esci)t in pace bon(a)e me / (mo)riae famola D(e)i sacr(ata) / D(e)o puella populuni / a in spe ressuricxionis / misericordi(ae) Xr(ist)i qu(a)e vi / xit annus XXV et ob(iit) d(i)e id(us) oct(o)b(res) / indict(ione) duodecima ».

 

Dans ce tombeau repose en paix de bonne mémoire, servante de Dieu consacrée au Seigneur (ou Vierge consacrée à Dieu) Populonia dans l’espoir de la résurrection et de la miséricorde du Christ qui vécut 25 ans et mourut le jours des ides d’octobre, la douzième année de l’indiction.

 

Populonia est un nom d’origine géographique (Populonia en Etrurie). Il est extrêment rare et on n’en connaît que deux autres exemples, également chrétiens / Populonius à Rome et à Macon.

La datation de l’épitaphe est incertaine car l’habituelle référence aux consulats de l’empire romain d’Orient fait ici défaut. Il y a, entre la seconde moitié du 6ème siècle et le début du 7ème siècle, une indiction XII en octobre correspondant aux années 563, 578, 593, 608 et 623. Mme Descombes penche pour l’une de ces trois dernières dates.

 

-       S. CHABERT : sépultures et inscription gallo romaine découvertes à la Tronche près de Grenoble, REA, 23, 1921, pages 225 et 226

-       H. MULLER : sépultures et inscription gallo romaine découvertes à la Tronche près de Grenoble, Rhodania, 2, 1921, pages 126 à 129

-       ILGN : n° 342, page 105

-       L’année épigraphique : 1922, n° 114, page 35

-       H. MULLER : les origines de Grenoble, 1930, page 37

-       S. CHABERT : pages 57 et 58

-       F. DESCOMBES : XV, 237, pages 622 à 624

-       E. CHATEL : recueil général des monuments sculptés en France pendant le haut moyen âge (IVe – Xe s), T 2, 1982, page 222 et pl. XVI

-       Archéologie chez vous n° 3, cantons de Meylan et du Touvet, notice n° 82, page 22

-       CAG 38/1 : page 170

 

N° 10 : épitaphe funéraire :

 

Découverte sur le site de Saint Laurent. Sans doute au Musée Dauphinois mais enregistrement non établi.

 

                                                                       HIC REQVE

                                                                       ESCET MA

RIVS IN PA

CE VIXIT

NNIS

XIIII

« Hic requ(i)e / escet (sic) Ma / rius in pa / ce vixit / (a)nnis / XIIII (ou XXIII).

 

Ici repose Marius en paix. Il a vécu 14 ans (ou 24 ans).

La datation n’est pas établie.

 

-       R. COLARDELLE : Grenoble aux premiers temps chrétiens : Saint Laurent et ses nécropoles. GAF n° 9, 1986, page 60

 

N° 11 : épitaphe funéraire :

 

Encastrée (horizontalement) dans l’église musée de Saint Laurent à l’ouest du clocher. Non décrite à ce jour.

 

                                                                       HIC REQVIESCIT

                                                                       IN PACE EVFRASIVS

                                                                       VIXIT ANNVS XXI

                                                                       OBIET X CAL MAIAS

                                                                       INDICTIONE QVARTA

                                                                       DECEM… SCONS

                                                                       RV…. CIANIET

                                                                       VA AVANIP

 

Ici repose en paix Eufrasius qui vécut 21 ans. Il est mort le dixième jour des calendes de mai, quatrième indiction.

Datation proposée : avril 521.

 

N° 12 : épitaphe funéraire :

 

Inscription découverte dans le cloître Saint Laurent.

Conservation probable au Musée Dauphinois (mais non confirmée). Photographie au musée archéologique de Saint Laurent.

 

                                                                       HIC REQVIES

                                                                       CE TI IN PA

                                                                       CAE FLVREIA

                                                                       VIX SETANNVS

                                                                       III MENSES OCTO

                                                                                  +

 

Ici repose en paix Flureia. Elle vécut 3 ans et 8 mois.

Datation : fin du 4ème siècle au début du 6ème siècle.