Sous
la présidence d’André LARONDE, professeur à la Sorbonne
CINQ SIECLES D’HISTOIRE : GRANDS MOMENTS, GRANDES
FIGURES
Mesdames, Messieurs,
Monsieur le Professeur, je vous remercie pour vos accortes
paroles.
Monsieur le Président Charre, je vous sais gré d’avoir bien
voulu, à l’élégante manière des protecteurs de la Renaissance, vous situer
comme promoteur convaincu et actif de mon livre « Grenoble Antique ».
J’y suis sensible, vous le savez. Mais, assurément, l’un de vos grands talents
est d’avoir su me convaincre – avec la force de persuasion qu’on vous connaît –
d’engager ce cycle, fort ambitieux au demeurant, de conférences spécifiquement
consacrées à ce thème générique.
De surcroît vous avez souhaité – et obtenu – tant votre
carnet d’adresses se révèle prestigieux, faire présider ces conférences par M.
le Professeur Laronde, sommité en matière d’histoire
ancienne, reconnu à Grenoble, à l’évidence, mais encore à la Sorbonne et,
surtout, en Cyrénaïque, cet immense territoire grand comme une fois et demie la
France qui va des autels de Philène à l’Ouest,
jusqu’à Antipygos – le Tobrouk moderne – à l’Est.
Monsieur le Professeur, vous êtes l’incontesté spécialiste de la Pentapole – un
moment Hexapole avez vous fait observer – donc de Ptolemaïs et d’Appolonia, selon
un thème que vous avez largement traité.
Est ce dire combien Grenoble Antique, que vous connaissez au
demeurant parfaitement bien, dont vous avez notamment étudié les limites
possibles de ses îlots urbains – je pense tout particulièrement à la place aux
Herbes – doit vous paraître un peu étroite à l’aune de l’ancienne Lybie.
Si je suis, bien évidemment, très sensible à l’éminent
honneur que vous me faites en présidant ces séances limitées à l’histoire de
notre modeste cité, j’en mesure aussi, à la fois, le redoutable enjeu et tout
le degré d’exigence que, dès lors, on attend sans doute de moi.
Je ne suis, on le sais largement, ni historien, ni
archéologue de formation, mais j’espère être devenu un peu l’un et l’autre
depuis les très nombreuses années – je devrais, en fait, parler de décennies
car il y en a déjà presque trois – que j’ai consacrées à l’histoire locale et,
notamment, à l’époque gallo romaine.
D’aucuns trouvent ce choix limité ; il me semble, au
contraire, quant à moi, fort vaste si l’on veut bien se souvenir que, dans
notre région, ce qu’il est convenu d’appeler l’époque gallo romaine, a duré 570
ans, c’est à dire un temps à celui qui nous sépare du lointain règne de Charles
VII.
Mais pourquoi ce choix d’époque ?
Il s’agit là de nature et de goût que je ne saurais
rationnellement expliquer. Que l’on sache toutefois que j’ai accompli, en leur
temps, mes obligations militaires à Trèves, capitale d’Empire de la Tétrarchie
jusqu’à Gratien, dernier Empereur à faire de la plus ancienne ville de
Germanie, sa résidence avant de procéder au transfert du siège de l’Empire
d’Occident à Milan.
L’Empire romain, Gratien, Gratianopolis !
Il y a là, sans doute, un possible fil conducteur à cette quasi passion,
davantage pour tous les aspects d’une époque, du reste, que pour les seuls
personnages historiques, « non point » - si l’on m’autorise cet
emprunt à Shakespeare – « que j’aimais moins César, mais que j’aimais Rome
plus encore ».
J’ai, par ailleurs, expliqué lors de la soirée de
présentation du livre à mes souscripteurs, que deux raisons majeures m’avaient
conduites à écrire cet ouvrage :
-
l’achèvement
d’une trilogie consacrée à l’Isère gallo romaine
-
et
l’envie, irrépressible, de montrer, sinon de démontrer, que Grenoble méritait
infiniment mieux que le statut de « bourgade » dont on l’a parfois
affublée.
Certes, les écrits du Professeur Laronde
dans l’Histoire de Grenoble, de Bernard Dangréaux,
dans son essai sur les origines de Grenoble, d’Alain de Montjoye
ou de Jean Pascal Jospin, ont montré que la ville avait sans doute eu un passé
plus conséquent que les vestiges ténus qui subsistent mais il s’agissait là de
chapitres dans des ensembles plus vastes ou d’analyses, au demeurant limitées à
une problématique spécifique.
L’absence, jusqu’alors, de synthèse d’envergure sur la seule
époque gallo romaine laissait nécessairement accroire, sinon conforter, trop
commodément, un sentiment assez général de grande indigence de notre histoire
locale pour la période considérée.
Le but essentiel de mon ouvrage est donc la découverte,
sinon la révélation, de ce Grenoble Antique qu’il convenait, à mon sens, de
réhabiliter face à la mésestime, quasi générale, qui a prévalu jusqu’alors.
Dès lors, que de révélations abstruses !
Mais il est temps d’aborder la conférence proprement dite,
consacrée aujourd’hui à un survol de cinq siècles d’époque romaine. Quelques
mots, si vous le voulez bien, sur le plan adopté et sur la méthode retenue.
Monsieur le Président, vous m’avez laissé libre de l’un
comme de l’autre et je vous en remercie mais c’est aussi dire combien j’en
assume seul l’entière responsabilité.
Je souhaite, avant tout, rester simple, intelligible et
précis, autant que faire se peut en pareille matière, pour ceux que le thème
intéresse sans pour autant qu’ils soient spécialistes de l’antiquité, tout en
n’offusquant point, bien évidemment, l’Université ce qui va me conduire à
louvoyer entre méthode discursive et présentation ex professo.
Dès lors, vous le comprendrez, je suis amené à solliciter
dès à présent votre compréhension et, le cas échéant, votre indulgence.
Le plan de l’intervention est fort simple. Cette anamnèse
comportera six parties :
-
la
première ne sera, somme toute, qu’une introduction consacrée à dresser un
rapide état des lieux de Grenoble et de ses environs durant la préhistoire et
la protohistoire,
-
la
seconde partie sera consacrée à un état des lieux juste avant la conquête
romaine, Hannibal n’étant point oublié
-
une
troisième partie étudiera, sommairement, les principaux faits historiques de la
conquête du territoire des Allobroges jusqu’à son inclusion dans la Provincia
-
une
quatrième partie visera à mieux comprendre la civitas
du Haut Empire, ses limites territoriales et le rôle de Grenoble durant cette
période
-
la
cinquième partie sera consacrée à la Civitas Gratianopolitana et à la problématique de ses origines
-
et,
enfin, une sixième et dernière partie concernera, à titre complétif, le tant
décrié mais si mal connu Empereur Gratien auquel Grenoble doit, sinon son
statut, du moins, ce qui n’est guère contestable, son nom.
J’ajoute qu’afin de vous éviter, dans toute la mesure du
possible, une quelconque lassitude, seront projetées, à la fin de chacune de
ces parties, et, selon les thèmes, soit des diapositives, soit des cartes ou
des plans.
Mais abordons, sans plus attendre, la partie introductive.
Tout ce que l’on sait des environs de Grenoble à la
préhistoire est dû, pour l’essentiel, aux fouilles d’H. Müller à la fin du 19ème
siècle et au tout début du 20ème siècle et à la magistrale synthèse
qu’Aimé Bocquet a consacré, en 1969, à l’Isère préhistorique et
protohistorique.
Je procèderai à une rapide évocation des sites les plus
marquants avant de projeter quelques vues s’y rapportant.
Si l’on prend – ce qui va de soi – les choses selon l’ordre
chronologique, on constate que les plus anciens éclats de silex découverts,
ceux qui remontent au paléolithique supérieur, l’ont surtout été dans le
Vercors : éclats de type levalloisien aux Poulats
sur Villard de Lans, aire des Mourets sur les pentes
du Cornafion ou gisement de Mayoussière
à Vinay (entre 250 000 pour les plus précoces et 120 000 avant notre ère pour
les plus récents).
Le paléolithique moyen, toujours en site de montagne, est
présent à la grotte des Eugles à Saint Laurent du
Pont que l’homme de Néanderthal a fréquentée à la
belle saison il y a 70 000 ans, cependant que le grand ours des cavernes
l’occupait pour son hibernation, ainsi qu’à la grotte de Préletang
à Presles et celle de la Passagère à Méaudre.
Le paléolithique supérieur a livré, pour sa période la plus
ancienne, des restes d’industrie lithique cromagnoïde
aux Guillets à Saint Nizier.
Puis, pour la période la plus récente qui coïncide avec la
fin de la glaciation de Würm, le réchauffement du climat, en amenant la fonte
des glaciers, crée un immense lac, dit du Grésivaudan, dont la limite aval se
situait, semble t-il, bien au delà de la cluse de Voreppe. Sa profondeur – plus
de
Ainsi, vers 1930, une exploitation de gravière située sur la
rive gauche de l’Isère, en amont du confluent du Drac (ancien site dit du
polygone d’artillerie) a amené l’extraction à 15-
De cette période, de probantes traces de tribus migrantes
ont été découvertes, toujours dans le Val de Lans (Clos de Lans, station des
Coins…) mais aussi en plaine où, dès après la fin de la glaciation de Würm, les
derniers chasseurs de rennes de la fin du paléolithique installent des camps
dans une ambiance froide et sèche, notamment à Fontaine (Balmes de Glos) et à la Buisse (Grotte à Bibi….). Un atelier de silex
du magdalénien final a également été observé à Proveyzieux.
La pleine décrue de la dernière des glaciations, il y a
environ 10 000 ans, ouvre une nouvelle période dont les vestiges sont mieux
conservés, tout en étant plus nombreux.
Les trouvailles de cette période post Wurm,
dite épipaléolithique ou mésolithique (- 10000 à – 3500) sont au moins de deux
cultures apparentes : la tradition magdalénienne et la tradition
azilienne.
Mais, à l’exception peut-être de quelques tribus
mésolithiques qui paraissent s’être partiellement sédentarisées en Chartreuse,
vers 1300-
Après plusieurs millénaires d’occupation ponctuelle, la
région n’est habitée, de manière permanente, qu’à la suite de l’explosion
démographique due à ce que l’on appelle conventionnellement la
« révolution néolithique » (-3500 à –2300), période de grandes
migrations parties du pourtour méditerranéen, qui a laissé dans la proche
région de Grenoble de nombreuses traces de ces premiers défricheurs de
territoires vierges, introduisant élevage et agriculture et dont les
caractéristiques (taille du silex, céramique…) se rattachent au grand complexe
chasséen du Midi de la France :
-
Grottes
de Fontabert et du Trou Noir à la Buisse
-
Grotte
des Fées à Noyarey
-
La
Grande Rivoire, Pra Paris, la grotte du Doigt de Dieu à Sassenage
-
Le
rocher de Saint Loup à Vif
-
Balme
sous le Moucherotte et Château Bouvier à Claix
-
Saint
Robert à Saint Egrève
-
Rochefort
à Varces
Et bien d’autres sites préhistoriques connus de longue date
auxquels il convient d’ajouter des sites inédits, découverts à Varces à l’occasion des travaux de construction de
l’autoroute A 51 : foyers néolithiques de Champ Nigat
et structures d’habitat.
De la préhistoire, passons à la protohistoire dont la
première phase dite chalcolithique voit la perdurance
de nombreux sites mais aussi le développement de nouveaux habitats souvent
connus d’ailleurs grâce aux nécropoles qui en dépendaient.
De cette période on doit mentionner :
-
la
nécropole de Saint Paul de Varces, sans doute la plus
significative de toutes
-
la
grotte de l’Ermitage à Saint Martin le Vinoux
-
celle
des Sarrasins à Seyssinet Pariset
-
celle
de l’Echaillon à Saint Quentin sur Isère, ou encore
le « Pré Margat » à la Tronche et le Grand
Rochefort à Varces.
Dès 1800 avant notre ère, début conventionnel du Bronze
Ancien, des contacts commerciaux entre le Sud de la France et les Alpes sont
attestés avec les porteurs du gobelet campaniforme, prospecteurs de mines et
métallurgistes ambulants ayant introduit les premiers outils de cuivre. Leur
présence est connue dans la plupart des sites que j’ai déjà évoqués ainsi qu’à
la Tronche, au Fontanil et à Saint Quentin sur Isère.
Un ou deux siècles plus tard, la civilisation dite du Rhône,
exporte, depuis le Valais, des haches-spatules et des haches à bords
droits : des exemples éloquents sont connus à Pontcharra, Voreppe, Sinard, Allevard…
Du Bronze Moyen on peut retenir les nombreuses haches
trouvées à Grenoble même ou dans les proches environs : Rochefort, le Sappey, Saint Paul de Varces…
Le Bronze final (-1200 à –800) voit la mise en place et le
développement de la civilisation dite des Champs d’Urnes, venue d’Europe
centrale vers – 1100 sans que, jusqu’alors, des nécropoles caractéristiques de
cette civilisation aient été découvertes dans la région grenobloise. Néanmoins,
une occupation assez dense est notée autour de Grenoble, à la Buisse, Pariset, Fontaine, Varces, Saint
Martin le Vinoux et Sassenage.
Dès l’époque de Hallstatt – du nom éponyme de la très
importante nécropole autrichienne caractérisant la civilisation du Premier Age
du Fer, une voie reliant le Bas Dauphiné à l' Italie est bien attestée par la
concordance des « Groupes de l’Oisans » (la Palud d’Ornon, Mont de Lans) et ceux de Rochefort (nécropoles Est
et Ouest) : il s’agit sans doute de l’une des branches de la route de
l’étain des Etrusques et des Grecs, Grenoble représentant, selon toute
probabilité, un point de passage obligé sur cette route.
Dans l’immédiate région grenobloise, les périodes ancienne
et moyenne du Hallstatt ont laissé des traces discrètes et il faut attendre la
période finale (6ème siècle avant notre ère) pour assister au
développement de plusieurs nouveaux centres : La Tronche, Fontaine
(l’Echelette), Saint Egrève (la Monta), Seyssinet (le Châtelas), Claix
(couche inférieure du Val d’Allières) et, récemment
fouillée en sauvetage, la plaine du Lavanchon à Varces (Drabuyard).
Les migrations celtiques marquent, traditionnellement, le
début du Deuxième Age du Fer ou époque de la Tène du nom de la station éponyme
découverte en Suisse à l’extrémité orientale du lac de Neuchâtel.
A partir du 5ème siècle avant notre ère, s’amplifie
le courant d’échanges commerciaux, d’une part en direction de la plaine du Pô
et de l’Etrurie par le Mont Genèvre, d’autre part avec la colonie grecque de Massilia par le col de la Croix Haute et la vallée du
Rhône. Les influences grecques, si nombreuses en Provence et Huate Provence, restent fort limitées dans notre
région ; on en a toutefois quelques exemples : la Buisse, Sermorens, Vif…
L’invasion des Celtes inaugure le début de cette
colonisation, d’abord à l’Est de la région puis, progressivement, le Bas
Dauphiné et la vallée du Rhône. Les tribus gauloises semblent n’avoir imprégné
que très progressivement les autochtones des régions de montagne. Quelques
nécropoles gauloises sont connues Rives, Sassenage, Voreppe et divers
sites attestent de la présence de ces nouveaux occupants perles d'ambre
de Saint Martin le Vinoux, Engins (le Mercier), Comboire (trou du Renard), Meylan, Pariset,
Rochefort, La Tronche…
Récemment, la plaine du Lavanchon
à Varces a révélé des établissements laténiens (Champ Nigat, Drabuyard).
La fin de l’indépendance gauloise est également jalonnée par
diverses trouvailles monétaires (Saint Quentin sur Isère, Saint Laurent du
Pont, Vaulnaveys le Haut, Rochefort, la Tronche…).
En 118 avant J. C. notre région entre, pour une très longue
période sous le contrôle de Rome : la protohistoire cède ainsi le pas à
l’histoire.
J’y reviendrai bien évidemment largement dans quelques
instants.
Mais, préalablement, et pour ce qui concerne spécifiquement
Grenoble, que nous reste t-il de ces époques préhistorique et
protohistorique ?
Assez peu de choses en vérité, mais néanmoins quelques
objets significatifs :
-
6
haches conservées au Musée Dauphinois et inscrites comme provenant de Grenoble
ou des environs, dont 2 d’ époque néolithique et 3 du Bronze Ancien
-
3
autres haches, également du Bronze, conservées au Muséum d’histoire naturelle
de Lyon
-
un
ensemble d’objets (bracelets, boutons, plaquettes de bronze, perle d’ambre…)
paraissant provenir de la Tronche.
-
Des
bracelets en bronze provenant de Grenoble, la Tronche et Saint Martin le Vinoux.
Sont également décrits comme pouvant provenir de Grenoble,
mais non conservés ici à l’exception d’un fragment d’épée en bronze du 14ème
siècle avant notre ère, un poignard italiote, une poignée d’épée à antennes et
une cuirasse protohistorique dite de Grenoble, conservée, selon A. Bocquet, au
Musée de l’Armée à Paris.
On doit ajouter à cette rapide énumération des silex jadis
découverts à la Bastille, la pierre à cupules de Clémencières,
de la céramique protohistorique provenant de la Bastille et du Pré Marguin à la Tronche et des tessons de la Tène finale
provenant de Grenoble même, maigres indices d’une occupation du site durant
l’indépendance gauloise.
Voilà ce qu’était Grenoble et son proche environnement
jusqu’au 3ème siècle avant notre ère et ce qui a été révélé jusqu’à
ce jour.
Je vous propose maintenant quelques vues des sites évoqués
ou des éléments découverts.
1ère série de projections
1 – reproduite dans mon livre cette vue d’artiste
représentant les chasseurs du Val de Lans il y a 250 000 ans et la faune
caractéristique de cette époque : mammouth, rhinocéros laineux, grand
cerf, ours de Deninger…
2 – reconstitué dans un autre contexte, le mammouth,
qu’assurément côtoyèrent les premières peuplades des moyennes montagnes
entourant Grenoble.
3 – ces tous premiers occupants étaient peut être
ainsi : il s’agit là de reconstitutions proposées au parc préhistorique de
l’Aven Marzal.
4 – Parmi les sites que j’ai évoqués : le Mont Saint
Loup à Vif qui a livré, dans des fonds de cabanes, nombre d’objets du
néolithique et du Bronze
5 – on en voit ici un échantillonnage
6 – la nécropole de Saint Paul de Varces // et les très beaux objets qu’elle a révélés
(diapos 7 à 10)
11 – le Grand Rochefort à Varces
12 – son enceinte protohistorique, réutilisée à l’époque
gallo romaine
13 – et quelques aspects de son matériel lithique
14 – la grotte Vallier à Seyssins
15 – l’abri de Balme sous le Moucherotte
ou des sites découverts récemment,
16 – Pingallas et ses gisements du
Sauveterrien au Bronze Final
17 – dont on voit ici des fragments de vases néolithiques
récemment recueillis
18 – le col du Fau et sas campements temporaires
néolithiques sur une voie de passage immémoriale
19 – ou encore Champ Nigat dans la
plaine du Lavanchon qui a livré des trous de poteaux
d’une probable maison néolithique…
20 - … qui pouvait avoir cette apparence.
II – Avant la conquête
Au 4ème siècle avant notre ère, différentes
tribus gauloises d’origines et d’ethnies différentes sont déjà solidement
implantées dans notre région : Allobroges de la vallée du Rhône au Léman, Vocontii au Sud, Ucenii ou Iconii en Oisans, Tricorii dans
la Vallée du Drac et le Trièves, Segovellauni
en Basse Isère, Vertamocorii dans l’actuel Vercors.
La carte de Barruol, que nous
verrons tout à l’heure, donne une vision saisissante de la grande diversité de
ces peuples. En ce qui concerne plus particulièrement les Allobroges, on pense
qu’ils seraient arrivés – peut-être d’Europe Centrale – vers 450 avant notre
ère et qu’ils se seraient sédentarisés dans les basses plaines jusqu’alors
délaissées : Voreppe, Sassenage, Fontaine, rives de l’Isère…
Si l’origine précise de ce peuple n’est pas connue, on sait
que leur nom pourrait dériver – à moins que ce ne soit l’inverse – de la
divinité Allobrox dont une dédicace a été trouvée en
1857 dans les ruines de ce qui devait être un sanctuaire à la Bâtie Montsaléon dans les Hautes Alpes, pourtant en territoire Voconce !
Dès au moins la fin du 3ème siècle avant J. C.
les Allobroges occupaient continûment les deux rives de la moyenne Isère
lorsque cette vallée fut empruntée par l’armée carthaginoise d’Hannibal. C’est
Polybe, en effet, qui, le premier, les mentionne expressément, alors même que
pour se faire une opinion sur les récits contradictoires qui couraient déjà à
son époque sur la traversée des Alpes par Hannibal, il refait – vers – 150 – le
parcours, tant étudié depuis des évènements de 218 avant J. C. déclarant :
« je puis parler de ces évènements avec assurance parce que je tiens mes
renseignements de témoins contemporains (?) et que j’en ai visité le
théâtre au cours d’un voyage que j’ai fait dans les Alpes pour observer de mes
propres yeux ce qui en était ».
Près de 150 ans après lui, Tite Live, on le sait, reprendra
en partie ses écrits, les mêlant à d’autres sources non identifiées pour tenter
également de reconstituer la fabuleuse épopée.
« Avec l’appui des Allobroges », dit Polybe, et
« pendant dix jours, Hannibal longe l’Isère sur 800 stades » (environ
Même si les récits de Polybe et de Tite Live divergent
ensuite sur la traversée des Alpes, du moins s’accordent-ils sur cette partie
d’itinéraire et, après eux, la presque totalité des auteurs qui ont cherché à
reconstituer le parcours d’Hannibal.
L’extravagante armée, composée encore, lors de sa traversée
du pays Allobroge de 38 000 fantassins, 8000 cavaliers et 37 éléphants aurait
donc longé l’Isère soit jusque vers Pontcharra si l’on opte ensuite pour le col
du Cucheron, soit jusqu’au confluent de l’Arc et
serait donc nécessairement passée par Grenoble, rive gauche, après avoir
franchi le Drac à gué, sans doute à hauteur de Comboire.
Telle est l’opinion de nombre d’auteurs au titre desquels on peut citer Camille
Jullian, Paul Azan, Guy Barruol,
Roger Dion, Jean Prieur et Serge Lancel.
Il ne saurait toutefois être question, dans le cadre de
cette conférence, d’aller plus loin. L’on quittera donc Hannibal et ses
éléphants tout en relevant qu’en cette fin du 3ème siècle avant
notre ère il semble bien que le système monarchique ait prévalu chez les
Allobroges. Le roi est alors assisté d’un sénat qui réunit les membres de
l’aristocratie, ceux que César appellera equites.
Au siècle suivant, la Monarchie est remplacée par un système
oligarchique avec des magistrats, un sénat et une assemblée du peuple. Des
relations régulières et suivies s’instaurent alors avec le Sud de la Gaule, Marseille,
l’Italie et même la Grèce.
0
0
0
2ème série de projections
Retroprojection :
-
carte
de Barruol
-
itinéraire
d’Hannibal
Diapos :
1 – tout partit de Carthage on le sait et de la
soif de conquête d’Hannibal qui, en 218 avant J. C. entreprit son fabuleux
périple avec peut-être 90 000 hommes à pied, 12 000 cavaliers et 37 éléphants.
2 – si l’on en croit nombre d’auteurs, et
notamment Serge Lancel que je suis tout à fait
disposé à suivre dans ses explications, Hannibal aurait longé la rive gauche de
l’Isère jusqu’au site de Grenoble devant, pour ce faire, franchir en première
porte des grandes Alpes, le Bec de l’Echaillon par
une voie sans doute d’origine protohistorique que l’époque romaine aménagera
durablement : la voie de Saint Ours que l’on voit ici.
3 – il n’est pas dans l’objet de cette
conférence de traiter du trajet emprunté par Hannibal mais, pour avoir
fréquenté la plupart des cols qu’il aurait pu franchir, je reste
personnellement attaché à la vallée de l’Arc, au vallon de Savine
et au col de Savine Coche, dit aussi de Lavis Trafford, à très peu de distance du col du Clapier
4 et
5
6 – on me pardonnera peut-être d’avoir
cru y voir le promontoire d’où Hannibal aurait harangué son armée en lui
montrant, à ses pieds, les plaines padanes et l’Italie toute entière.
7 et
8 : clôturons cette brève digression par ce portrait présumé
d’Hannibal jeune sur un bronze de Volubilis.
III – De la conquête à la Provincia
Près
d’un siècle après le passage d’Hannibal sur le territoire des Allobroges, on
connaît de manière plus assurée les grandes étapes de la pénétration romaine en
Gaule méridionale. Si l’occasion de la première intervention de Rome, vers 154
avant notre ère, avait été la menace que le Ligures faisaient peser sur les
comptoirs massaliotes, les deux premières expéditions conséquentes furent
celles de 125 et 124 avant J. C. respectivement commandées par Fulvius Flacus et Sextius Calvinus qui vainquirent les Salyens et détruisirent leur
forteresse d’Entremont.
C’est alors la fondation d’Aquae Sextiae par Sextius, pemière
implantation permanente des Romains en Gaule.
Le consul Cneius Domitius Ahenobarbus, successeur
de Sextius Calvinus, prenant alors le prétexte de ce
que les Allobroges protégeaient Teutomatius, le chef
vaincu d’Entremont, et refusaient de le livrer – ce qui en faisait un casus
belli – leur déclare la guerre. On sait ce qui advint : au début de
l’année 121, Domitius Ahenobarbus
bat les Allobroges à Vindalium, au Nord Est
d’Avignon : selon Tite Live, ils perdent 20 000 hommes et abandonnent aux
légions romaines 3000 prisonniers. Dans l’été de la même année, les Allobroges
sont de nouveau battus de manière décisive, au confluent du Rhône et de l’Isère
par Quintus Fabius Maximus.
Les pertes sont considérables : 120 000 hommes selon Tite Live, 130 000
selon Pline, 150 000 selon Orose, voire même 200 000 selon Strabon.
Fussent-ils largement exagérés, ces chiffres montrent bien
l’ampleur de la défaite qui vaudra à Quintus Fabius
le surnom d’ « Allobrogicus ». Celui
ci fit ériger à Rome un monument commémoratif en forme d’arc, le « fornix Fabianus ». De cet
arc de triomphe, l’un des plus anciens du monde romain, qui se situait à
l’entrée du forum, près du temple de Vesta, on a retrouvé les fondations,
témoignages au centre même de la capitale romaine de l’entrée de l’Allobrogie dans le monde romain.
Avec le territoire des Allobroges entrait sous contrôle de
Rome tout le Sud de la Gaule qui, dès 118-117 avant J. C. (peut être même dès
120), allait constituer la Provincia Romanorum ou Provincia Ulterior (ou encore Gaule Transalpine) par opposition à la Provincia Citerior ou Gaule
Cisalpine, dont la première capitale fut sans doute Aix en Provence avant
d’être transférée à Narbonne.
On est mal renseigné sur cette première organisation. On
sait seulement que le Sénat romain établit d’abord un règlement pour les
territoires conquis en Cisalpine entre 125 et 120 mais il ne s’agit pas encore
de l’organisation coloniale qui n’interviendra, de manière quasi générale, que
près d’un siècle plus tard.
On rappellera que Pilot situait la fondation par Quintus Fabius d’une colonie militaire à Cularo dès cette haute époque. Mais, ainsi que Prudhomme,
dès la fin du 19ème siècle, devait le relever cela ne repose sur
aucun fondement.
Les Allobroges occupaient alors un immense territoire qui,
des abords de Valence jusqu’à Genève, couvrait tout le Dauphiné septentrional
et la Savoie. Strabon insiste sur la mutation de ce peuple intervenue
alors : « les Allobroges –dit-il – qui entreprirent naguère tant
d’expéditions avec des armées de plusieurs dizaines de milliers d’hommes, en
sont réduits aujourd’hui à cultiver cette plaine – la vallée du Rhône – et les
vallées des Alpes… En général ils vivent dispersés dans les bourgs : toute
la noblesse pourtant habite Vienna. Cette capitale primitive est bien
localisée, depuis les travaux de G. Chapotat, sur la
colline de Sainte Blandine à Vienne.
Vaincue mais encore « puissante entre toutes »
selon les termes d’Appolodore, la nation des
Allobroges n’était pas pour autant définitivement soumise. En effet, en 77
avant notre ère, ceux ci se heurtent à Pompée lors de son passage pour se
rendre en Espagne. En 69, au nom de l’assemblée des peuples de la Provincia ils envoient à Rome une ambassade conduite par Indutiomarus pour se plaindre des exactions commises par Fonteius, le gouverneur de la Province. Celui ci, accusé de
vénalité et de concussion aura, on le sait, comme illustre défenseur Cicéron
qui ne sortira du reste guère grandi de sa célèbre plaidoirie (« Pro Fonteio »), même si, selon toute probabilité elle
aboutit à l’acquittement de l’accusé. En
N’obtenant rien de Rome, les Allobroges n’avaient que le
choix de l’insurrection. La révolte éclate en 62, conduite par Catugnatos. Elle se généralise durant deux années. On sait
par Dion Cassius qu’elle est écrasée par l’armée de Caius Pomptinus
qui s’emparre des places fortes allobroges, notamment
Solonion et Ventia. On a
beaucoup disserté sur cette dernière qui n’a jamais été identifiée et que l’on
a, selon les auteurs, placée à Valence, en Ardèche vers Tournon, à Vienne, à
Vinay voire même dans la proche région grenobloise où Antonin Macé voyait dans
le nom du torrent de la Vence la survivance de l’oppidum de Ventia
qu’il situait, quant à lui, sur le rocher de Cornillon.
Durant la guerre des Gaules, César séjourne à plusieurs
reprises chez les Allobroges. Ainsi, selon le « Bellum
Gallicum » en 58 avant J. C. « il mène son
armée sur le territoire des Allobroges ». En 56 « il hiverna chez les
Allobroges » et, en Février 52, « il se rend à grandes journées à
Vienne ». Passa t-il à Cularo ? C’est
probable même s’il n’en fait pas mention explicite. En effet, lors de la
campagne de 58, César dit qu’avec cinq légions il se porte d’Aquilée en Gaule
Ultérieure en prenant au plus court à travers les Alpes. On connaît donc le
point de départ : Aquilée puis on sait qu’il passe à Ocelum
dans les Alpes, agglomération qui doit être localisée à Chiusa,
à
Lors de l’insurrection de 52, qui fut quasi générale en
Gaule, les peuples de la Provincia, et notamment les
Allobroges, ce « peuple rebelle par excellence » aux yeux de Cicéron,
demeurèrent néanmoins fidèles à Rome, bien que César, au souvenir de leur
révolte de 62 ait éprouvé de vives inquiétudes. Ils en furent récompensés par
l’élévation de Vienne au droit latin.
Je ne traiterai pas aujourd’hui de Munatius
Plancus et des évènements de Mai Juin 43 avant notre
ère, où le sort du monde se joua peut-être à Cularo,
car cela est le thème principal de la troisième conférence et je vous propose
d’enchaîner directement avec la 4ème partie.
L’organisation administrative de la Provincia
se fit progressivement. A une époque imprécise du 1er siècle avant
notre ère, la Provincia reçut le nom de Narbonnaise,
du nom de sa capitale, Narbonne.
Des vingt cités de la Narbonnaise, celle des Allobroges
était la plus étendue. Elle occupait un territoire considérable qui correspond
actuellement aux départements de l’Isère et de la Haute Savoie, à une partie du
canton de Genève et des départements de l’Ain, de la Savoie, du Rhône, de la
Loire, de l’Ardèche et de la Drome, c’est à dire tout le l’espace compris entre
le Rhône, l’Isère et les Alpes, grandes frontières naturelles, qui, selon
Bernard Rémy, étaient pourtant dépassées un peu partout.
Dès l’établissement de la « Colonia Julia Augusta Florentia Vienna (14 avant J. C.) les habitants de l’ager Allobrogum sont désormais
appelés Viennenses, du nom du chef lieu de la civitas. Contrairement à ce que l’on peut observer dans
d’autres civitas voisines (Axima
Ceutronum, Forum Segusiavorum),
le nom du peuple des Allobroges n’est pour ainsi dire plus employé à partir de
ce moment là.
Si, sous César, les civitates
désignaient en fait les peuples, les nations, à partir d’Auguste le terme civitas prend un sens plus particulier : c’est la
cellule fondamentale de l’organisation administrative impériale. Mais, peu à
peu, cependant, de la circonscription territoriale initiale, le mot tend à
s’appliquer principalement, et bientôt exclusivement, au seul chef lieu de
cette circonscription, devenu prépondérant dans la vie administrative,
politique et religieuse.
La civitas de Vienne recouvre
presque exactement le territoire Allobroge : ainsi le prouve la borne du
col de la Forclaz, près de Saint Gervais, qui mentionne qu’en 74 après J. C.
sur l’ordre de Vespasien, le légat, commandant l’armée de Germanie Supérieure, fixa
la frontière entre le territoire des Ceutrones et
celui des Allobroges, désignés non sous leur nom de peuple, mais sous celui de Viennenses, les Viennois.
On peut mesurer ce qu’était l’immense cité des Allobroges,
couvrant entre 10000 et 13000 km2, à l’étude des reconstitutions
topographiques, sensiblement identiques, faites par André Pelletier et Bernard
Rémy.
Ce dernier, tout particulièrement, à défaut de documents
précis, en se basant sur des critères comme la toponymie, l’épigraphie ou les
limites ecclésiastiques des premiers évêchés, a tenté de délimiter, assez
précisément, certains secteurs de la frontière. Celle ci correspondrait, au
Nord, au Rhône et au Lac Leman, et à l’Est, à la vallée de la Dranse. La vallée de l’Arly devait être laissée aux Alpes Graies. Enfin, le Grand Arc et la chaîne de Belledonne
faisaient, très vraisemblablement, frontière avec les Alpes Cottiennes.
Il convient de s’attarder quelque peu aux limites qui nous
intéressent tout particulièrement : celles de la région grenobloise.
Bernard Rémy considère que la frontière des Allobroges était
située nettement au Sud de Grenoble, et contrairement à la plupart des auteurs
qui, s’en tenant à une interprétation littérale des termes de Plancus « Cularo ex finibus allobrogum »
estimaient que le territoire des Voconces commençait
dès la rive gauche de Grenoble (Champollion Figeac) ou immédiatement aux
confins de celle ci (Prudhomme, Allmer, Barruol…), il propose une nouvelle lecture de ces termes.
Pour lui l’expression signifie bien « en territoire Allobroge » et
non « aux confins » ou « sur la frontière ». Il relève que,
lorsque des fleuves font limite territoriale, César emploie des expressions
différentes. Ainsi, pour la limite entre Biturriges
et Eduens, écrit-il « pertinere ad flumen » ou encore, pour l’extrême frontière des Rèmes, sur l’Aisne, « flumen
Axoman quod est in extremis Remorum
finibus ». Il note, avec pertinence, qu’il n’y a
pas lieu de penser que l’usage de Plancus, dans de
telles expressions, ait pu être différent de celui de César.
Aussi, propose t-il de fixer la limite du territoire
Allobroge à l’Est de Pariset et d’Echirolles, sur la
rive gauche de la Romanche à Vizille et dans la région de Gavet
où la définitive étude d’Emile Thévenot a montré qu’il convenait d’y situer la
station Fines de l’Anonyme de Ravenne, séparant, à cet emplacement, le
territoire des Allobroges de celui des Ucenni-Iconii.
Par contre, il situe déjà Vif et la basse vallée de la Gresse en territoire Voconce :
le postulat est peut être discutable et j’étais jusqu’alors enclin à situer la
limite avec les Vertamocorii – peut être même les Tricorii – nettement plus au Sud, dans les environs de
Château Bernard -. Les récentes découvertes faites à l’Achard, sur le
territoire de Varces, laissent à penser à une
agglomération secondaire, disposant d’un bureau frontière de la Quadragesima Galliarum. Si tel
est bien le cas, les limites des civitates des
Allobroges et des Voconces seraient à situer dans ces
parages.
De cette immense civitas, seuls
quatre « pagi » sont connus :
-
le
pagus Vale(rius ou rianus)
dans la région du confluent Isère-Arly
-
le
pagus Dia(nensis) du Rhône à l’Isère, de Seyssel à Hauteville
-
le
pagus Oct(avianus) d’Aoste
à Vienne
-
le
pagus At(is ou ius) près de Grenoble.
La liste n’est guère plus longue en ce qui concerne les
« vici » dont seuls sept sont
assurés :
-
le
vicus Albinennensium
(Albens, Savoie)
-
le
vicus Augustum ou Augustanorum (Aoste, Isère)
-
le
vicus Aquarum (Aix les
Bains, Savoie)
-
le
vicus Genavensium ou Genavensibus (Genève)
-
le
vicus Rep(entinis ?) (Reventin Vaugris, Isère)
-
le
vicus Se…. (région de Saint Innocent, Savoie)
Par toute une série de déductions Pierre Broise
y ajoute :
-
Ad
Publicanos (Albertville ou Gilly en Savoie)
-
Mantala (Saint Pierre d’Albigny, Savoie)
-
Lemincum (Chambéry)
-
Bergusium (Bourgoin)
-
Lavisco (les Echelles ?)
-
Morginum (Moirans)
-
Turedonnum (Tourdan)
-
Figlinae (vers Roussillon, limites Isère/Drome)
-
Ursolae (Saint Valiier, Drome)
-
Tegna
(Tain, Drome)
-
Casuaria (Faverges, Haute Savoie)
-
Etanna (Yenne ?)
-
Ad
Tur… (Tournon ou Tours vers Albertville)
-
Voludnium (Saint Jean de la Porte, Savoie)
-
Condate (Seyssel)
Et, bien évidemment, Cularo qui
n’est pourtant jamais cité formellement comme vicus
dans les textes et par l’épigraphie.
Néanmoins, tous les auteurs s’accordent à considérer Cularo comme l’un des vici les
plus importants de la civitas des Allobroges :
en effet, dès le Haut Empire, les deux agglomérations – qui deviendront ensuite
chef lieu de civitas, Grenoble et Genève –
fournissaient déjà à la cité le plus grand nombre de magistrats, prêtres et sévirs après Vienne : 12 % dans l’un et l’autre cas,
selon le Professeur Laronde.
Bernard Rémy, pour sa part, a noté que, sur l’ensemble des
épitaphes de la cité de Vienne, hors Vienne, 29,3 % étaient attribuées à
Grenoble et 16,7 % à Genève. Il ajoute
que les inscriptions relatives à un décurion, un questeur et un triumvir locorum publicorum démontrent que
Cularo était un vicus.
C’est à la même conclusion qu’aboutit André Pelletier à
l’examen des inscriptions relatives aux dédicaces des portes de Grenoble et aux
receveurs de la Quadragesima Galliarum.
Je parlerai bien évidemment de tout cela dans la seconde
conférence mais, à ce point de l’exposé, quelques documents visuels sont
nécessaires.
3ème série de projections :
Retropejections :
-
la
Narbonnaise et ses civitates
-
les
limites de la cité des Allobroges (Pelletier)
-
les
limites de la cité des Allobroges (Bernard Rémy)
Diapositives :
1 – légionnaires de l’époque de la
conquête selon la reconstitution de l’Ermine Street Guard
2 – César
3 – la fin de la conquête des
Gaules : le siège d’Alésia reconstitué à l’archéodrome de Beaune
4 – Lucius Munatius
Plancus qui a fait entrer Cularo
dans l’histoire en 43 avant J. C.
5 - … et Cularo,
tel qu’on se le représentait au 19ème siècle. Je n’insisterai pas
sur les anachronismes
6 – le camp dit des forçats au Col de Cluy en Oisans, qui pourrait être un camp romain de
l’époque de la conquête
7 – Auguste, dont l’une des premières
actions fut d’organiser la Narbonnaise
8 – le site de l’Achard, sur Varces, fouillé en 1995, limite possible de la civitas des Allobroges et probable bureau du 40° des Gaules
9 – et on revoit ici une autre carte de
l’immense civitas des Allobroges : celle publiée
dans le récent Atlas du patrimoine de l’Isère.
La
situation que j’ai précédemment décrite perdura jusqu’à la grande
réorganisation administrative opérée en Gaule à l’initiative de la Tétrarchie.
On sait par la « liste de Vérone, datée de la Tétrarchie (vers 292-297
pour l’estimation la plus précoce, vers 305 pour la plus tardive) que l’Empire
est, à ce moment là, divisé en douze diocèses dont deux pour les Gaules :
le diocèse des Gaules (capitale Trèves) et le diocèse de Viennoise (capitale
Vienne) dit aussi « des Sept Provinces ».
Pourquoi Vienne ? Selon André Pelletier, il faut y voir
avant tout des raisons de logistique : Vienne est située sur la grande
rocade défensive qui, de Sirmium sur la Save en ex
Yougoslavie par Aquilée et Milan en Italie du Nord, longe, en profondeur, la
frontière du Danube au Rhin. Celles ci bouleversent donc fondamentalement
toutes les organisations territoriales antérieures : Lyon perd sa place de
capitale des Trois Gaules et elle n’est plus que le modeste chef lieu d’une
province amputée des deux tiers de son territoire par rapport au Haut Empire.
Vienne, après Trèves, est la seconde ville de Gaule. De
simple chef lieu de cité elle devient métropole d’une nouvelle province – la
Viennoise – et capitale de l’un des douze diocèses de l’Empire, celui des Sept
Provinces ou de Viennoise comprenant la Novempopulanie,
l’Aquitaine Première et Seconde, la Narbonnaise Première et Seconde, les Alpes
Maritimes et la Viennoise proprement dite qui s’étend de Genève à Marseille et
qui comporte pour cités : Marseilles, Arles,
Cavaillon, Carpentras, Avignon, Orange, Saint Paul Trois Châteaux, Die, Vaison, Alba, Vienne, Valence et, probablement, Grenoble et
Genève.
C’est sans doute à l’occasion de cette réorganisation que
les deux vici furent transformés en cités de plein
exercice. Bien que cette supposition soit loin d’être l’idée dominante, elle ne
manque pourtant pas d’une certaine logique mais la difficulté vient du fait que
la presque totalité des auteurs ont considéré que l’élévation de Grenoble au rang
de civitas était le fait de Gratien. Ce qui est
indiscutable au plan de l’onomastique ne démontre pourtant aucunement qu’il y
ait eu concomitance entre le changement de nom de Cularo
et son changement de statut.
Au delà d’un certain nombre d’arguments qui pourraient
plaider en faveur d’une origine plus précoce qu’on ne l’a généralement admis à
la création d’une civitas à Grenoble peuvent être
invoqués :
-
tout
d’abord, il y a homogénéité de période entre la grande réforme et la donation
par Dioclétien et Maximien de remparts à Grenoble : on imagine mal –
Camille Jullian avait déjà relevé le fait – que les empereurs aient pu doter
personnellement l’enceinte d’un simple vicus :
le cas serait alors unique dans tout l’Empire. On notera, de surcroît, que depuis
Marc Aurèle un rempart ne pouvait être construit sans l’accord de l’empereur.
La conjonction de ces deux éléments plaide donc pour le fait que Grenoble ait
été cité dès l’époque de la Tétrarchie.
-
Ensuite,
il y a homogénéité de période avec la division de la civitas
voisine des Voconces qui, avant la fin du 3ème
siècle, est divisée en quatre civitates : Vaison, Die, Gap et Sisteron.
Tel était jusqu’alors l’avis de quelques auteurs, notamment
Otto Hirschfeld dans le « Corpus », Ihm et Bruhl dans la « Real Encyclopâdie » et également Georges Duby.
Mais la démonstration la plus convaincante pourrait venir
des recherches faites par Van Berchem. Celui ci, à l’égard de Genève – dont le
changement de statu se pose dans les mêmes conditions que Grenoble – opte pour
une élévation de la civitas au tout début du 4ème
siècle : il note, en effet, que le milliaire d’Hermance, sur la rive
gauche du lac Leman, bien daté de la période 305-306 indique les milles à
partir de Genève et non de Vienne, ce qui a toutes les chances de signifier que
la première est déjà, à cette époque, affranchie de la seconde. A l’égard de
Grenoble, il tient le même type de raisonnement : allant plus loin dans
l’analyse de l’enceinte il relève que les dédicaces des portes ne font aucune mention
des Viennois, ce qui ne serait guère convenable si la ville n’avait eu à ce
moment là le statut de civitas.
On le voit, le problème de la datation de la civitas est désormais sérieusement posé et il convient sans
doute d’envisager que Grenoble ait été chef lieu de cité dès les premières
années du 4ème siècle (et non lors du changement de nom intervenu
sous Gratien vers 378-379), voire même, comme le propose Bernard Dangreaux à la fin du 3ème siècle : cette
dernière datation est, du reste, celle qu’envisage le tout récent Musée de
l’ancien évêché de Grenoble. J’ajouterai, si vous me le permettez que c’est
également mon opinion. J’y reviendrai lors de la seconde conférence, en
évoquant le séjour à Grenoble de Iulius Placidianus.
Les limites précises de la civitas
Gratianopolitana ,quant à elles, n’ont pas fait
l’objet jusqu’alors d’études précises. Bernard Rémy pense que le territoire de
la nouvelle cité a sans doute été accru, par rapport aux limites de la civitas des Allobroges, et, notamment, aux dépens des Voconces dans certaines régions comme le Nord du Vercors,
la montagne de Lans et l’outre Drac.
Pour Guy Barruol, l’ancien
territoire des Iconni aurait été englobé dans la
nouvelle cité, de même que la plus grande partie du territoire des Tricorii.
En tout état de cause, les limites de cette cité paraissent
avoir déterminé, par la suite, les limites du diocèse de Grenoble telles que
nous les connaissons très précisément à partir des 11ème-12ème
siècles.
Mais se fonder sur celles ci pour définir les limites
possibles de la civitas Gratianopolitana
relèverait d’un exercice hasardeux et l’on comprendra aisément que je ne
veuille pas l’envisager ici.
4ème série de projections :
Rétroprojections :
-
la
civitas du Haut Empire
-
la
civitas du Bas Empire
Diapositives :
1
–
les Tétrarques selon le porphyre de Constantinople : 2 Augustes,
Dioclétien et Maximien et 2 Césars : Constance et Galère.
2 – Dioclétien et Maximien dans le groupe
des Tétrarquies
3 – et là, moins conventionnels, sur une
monnaie de la fin du 3ème siècle que j’ai placée en quatrième de
couverture de « Grenoble Antique »
4 – Dioclétien, d’après le buste de
Nicomédie
5 – et là sur une monnaie en or
6 – et Maximien d’après le buste de Chiragan.
6ème partie : le mal connu et le mal aimé
Gratien
Il n’y a
pas grand mal à considérer, comme l’ont fait du reste tous les auteurs, ou
presque, que Grenoble doit, sinon son statut de chef lieu de civitas au Bas Empire ce qui, on la vu, est très
discutable, du moins son second nom antique Gratianopolis,
à l’empereur Gratien.
Celui ci n’a guère eu la faveur des historiens et, dans une
belle unanimité, ils se sont accordés à constater son incapacité à régner,
voyant en lui un esprit davantage tourné vers les dévotions que vers les réalités
d’un empire romain en déliquescence. De lui l’historien de l’église, Rufin,
dira même, un peu cruellement, qu’il a été « plus pieux qu’utile à
l’église ». Seul, à ce jour, P. L. Rousset a tenté un plaidoyer pour cet
empereur mal aimé et décrié que l’on connaît fort peu au demeurant :
quelques rares textes, quelques monnaies, surtout émises à Trèves, et un buste
monumental découvert près de la basilique impériale de Trèves.
J’ai considéré que dans l’ouvrage que je consacrais à
Grenoble et même s’il est très probable qu’il ne vint jamais dans cette cité
qui porte son nom, Gratien méritait bien quelques pages. Le même argument me
conduit aujourd’hui à solliciter encore un peu votre attention pour lui faire
place dans cette conférence.
Avec Julien dit l’Apostat, dernier survivant mâle de la
famille de Constantin, s’éteint, en Février 364, la dynastie fondée par ce
dernier en 307. Un officier romain, de condition modeste, originaire de
Pannonie, est alors élevé à la dignité d’empereur : Valentinien 1er.
En Mars 364, celui ci nomme son frère cadet, Valens, co-empereur. Valentinien
se charge de l’Illyrie et des provinces occidentales cependant que le reste des
Balkans et l’Orient sont confiés à Valens. Tous deux sont de fervents
chrétiens. Ignorant l’aristocratie traditionnelle, ils choisissent leurs
officiers et ministres parmi leurs compatriotes Pannoniens ou parmi les
lumières du temps (le poète Ausone, par exemple, qui sera appelé à la cour de
Trèves). Valentinien consacre la majeure partie de son règne à combattre les
Alamans sur le Rhin Supérieur. En 375 il se rend en Illyrie pour prévenir une
invasion des Quades et des Sarmates. Bon guerrier, Valentinien était aussi,
semble t-il, bourru, coléreux et brutal. Il élevait, dit-on, deux ourses près
de sa chambre. Au cours d’une audience accordée à une délégation ennemie il
entre dans une colère telle qu’elle lui provoque une fatale crise d’apoplexie.
Son fils aîné, Flavius Gratianus – Gratien – né le 18 Avril 359 (ou le 23 Mai) à Cibalae (aujourd’hui Vinkovi en
Hongrie), nommé Auguste à Amiens dès le 24 Août 367 lui succède donc, assez
naturellement, le 17 Novembre 375, bien que n’étant âgé, alors, que de seize
ans. Son premier acte est de nommer co-empereur son demi frère Valentinien II,
mais celui ci, âgé de quatre ans, est bien évidemment cantonné dans un rôle
symbolique.
D’après les canons de l’époque, Gratien est un bel homme –
le buste que l’on a de lui en témoigne – aimant la chasse et les livres mais
beaucoup moins l’effort ; de plus, il semble être totalement dépourvu du
sens du commandement.
En 374, il avait épousé Constantia, fille posthume de
l’empereur Constance II, ce mariage ayant eu, à l’évidence, pour seul objectif
de le rattacher à la dynastie emblématique de Constantin.
En 377, apprenant que son oncle Valens, l’empereur d’Orient,
est aux prises avec une nouvelle invasion de barbares mettant à feu et à sang
la Thrace, il décide de lui porter secours. Mais, informé peu après son départ
de la tentative de franchissement du Rhin par les Alamans, il revient sur ses
pas, les décime près de Horbourg en Alsace – jérome parlera de 30 000 morts ! – et refoule les
survivants dans les montagnes de la Forêt Noire. C’est historiquement la
dernière fois qu’un empereur romain lancera une expédition au delà du Rhin.
Gratien qui, de ce fait, n’a pu secourir son oncle Valens, apprend le 9 Août
378 sa mort lors de la terrible défaite d’Andrinople en Thrace.
Végèce, auteur du traité d’art militaire « Epitoma rei militaris »,
rédigé après la mort de Gratien, soulignera que l’armement ancien, insuffisant
pour une guerre de ce type a été « en usage depuis la fondation de Rome
jusqu’à l’époque du Divin Gratien » et expliquera ainsi le désastre
d’Andrinople.
L’Orient n’ayant dès lors plus d’Empereur, Gratien proclame,
pour succéder à Valens, Théodose, le meilleur de ses généraux. Tous deux
coordonnent leurs efforts pour redresser la situation sur le front Danubien,
mais en vain : les barbares s’installent en Pannonie.
C’est à cette époque que Gratien, initié aux questions
théologiques par Ambroise, évêque de Milan, publie un édit de tolérance en
faveur des Ariens, accordant à chacun le droit, extraordinaire, de se tromper.
Mais le 3 Août 379, poussé semble t-il par Théodose,
chrétien quelque peu fanatique, Ambroise et le pape Damase, il abroge cet édit
et interdit d’enseigner les doctrines qui, telle celle d’Arius, sont jugées
hérétiques par l’église. En Mai 381, il siège au concile d’Aquilée, sur les
bords de l’Adriatique, non loin de Trieste, qui condamne définitivement
l’arianisme. On sait que, parmi les trente cinq membres de l’assemblée, figure Domnin, premier évêque attesté de Grenoble. On pense que
c’est de cette époque que le nom de Gratianopolis se
serait substitué à celui de Cularo.
A l’automne 382 Gratien va encore plus loin, mettant
quasiment hors la loi, par un décret resté célèbre, la religion romaine au
propre sénat de Rome. Cette mesure provoque une résistance ouverte, aggravée
par le fait que Gratien renonce à porter le titre de « Pontifex
Maximus » comme l’avaient fait, depuis Auguste,
tous ses prédécesseurs, signifiant ainsi ouvertement la séparation du paganisme
et de l’Etat pour tendre à constituer un empire chrétien.
Il quitte, dans le même temps, Trèves, capitale officielle
de l’empire depuis Constantin, pour s’installer à Milan dont il fait sa
nouvelle capitale. En Juin 383, au décès de son épouse, Constantia, qui ne lui
avait pas donné d’enfant, il se remarie avec une très jeune femme Laeta. Dans le même temps, alors qu’il part combattre une
nouvelle fois les Alamans en Rhétie, l’un de ses officiers, Maxime, commandant
de l’armée de Bretagne, se fait proclamer empereur par ses troupes. Cet
usurpateur sait que les hauts dignitaires de l’armée méprisent Gratien, qu’ils
jugent faible, incapable, livré à ses conseillers. Il n’ignore pas, en outre,
que les classes aisées de l’empire se rebellent contre la décision prise par
Gratien, à la fin de 383, de supprimer les exemptions d’impôts et les
privilèges dont elles jouissaient. Fort de cette situation, Maxime débarque en
mer du Nord aux bouches du Rhin. L’armée de Germanie le reconnaît immédiatement
comme empereur. Gratien n’a d’autre solution que de se porter alors contre
Maxime. La rencontre à lieu près de Paris. Mais son armée le trahit et rejoint
Maxime. Gratien n’a que le temps de fuir avec trois cents cavaliers Alains qui lui sont restés fidèles. Il est rejoint à Lyon
le 15 Août 383 par Andragathuis, général de Maxime.
Fait prisonnier, il est exécuté peu après, le 25 Août 383. Maxime, qui
désavouera ce meurtre et fera inhumer Gratien à Trèves, devient alors le maître
des provinces situées au Nord des Alpes.
Apprenant la mort de Gratien, Ambroise, pour sa part, lui
décernera le titre de « Christianissimus
Imperator ».
De huit ans d’un règne difficile et d’une courte vie que
l’histoire jugera sévèrement, il convient cependant de relever l’avis nuancé d’Ammien Marcellin, connu pour son impartialité et pour la
pertinence de ses attendus, « … si la destinée l’avait permis et si ses
proches avaient été à la hauteur, il aurait été un empereur digne d’être mis en
parrallèle avec les plus choisis d’autrefois… ».
De fait, il fut empereur trop jeune et, parmi les proches
ainsi visés, figure sans aucun doute Ausone, appelé à la cour de Trèves par
Valentinien pour éduquer Gratien et qui, on le sait, abusa largement de sa
situation de précepteur puisqu’il se fit nommer consul et devint le principal
conseiller de son élève.
Il n’est pas établi qu’au cours de son mouvementé règne,
Gratien soit jamais venu à Grenoble, et cela paraît du reste assez peu
probable. Néanmoins, certains auteurs ont accrédité l’idée de son passage dans
la région lors de son premier voyage dans les Gaules, en 377 ou au cours de
l’hiver 379. On a ainsi conjecturé son arrêt à Grenoble (Allard), à Moirans (Chorier, Clerc Jacquier) ou encore à Parménie
(Bouvier et Burkard).
Sa mort même a été localement embellie par l’inscription –
fausse – dite du « Divin Gratien « , très probablement inspirée par
l’oraison funèbre prononcée en 392 à Milan par Saint Ambroise lors de la mort
de son demi frère Valentinien II :
« O Gratien, O Valentinien… Je pleure sur toi Gratien
mon enfant si doux à mes yeux… je pleure aussi sur toi, Valentinien, mon enfant
si beau à mes yeux ».
5ème série de projection :
Rétroprojection :
-
Gratien
et la maison de Valentinien
Diapositives :
1 – Trèves, la capitale de l’empire
d’Occident de puis la Tétrarchie
2 – la basilique impériale de Constantin
à Trèves…
3 - … à l’intérieur de laquelle était
exposée sans doute la tête monumentale en marbre blanc de Gratien
4 – Gratien vu de face…
5 - … et de profil, le nez et le menton
ayant été cassés
6 – et Gratien toujours, mais moins
conventionnel ici
7 – Grenoble antique