MAS DU CLOS DU FORT COLOMBIER

 

Ce mas situé aux confins du territoire de Claix vers les limites de Champagnier et de Jarrie est cité pour la première fois dans un texte de 1405 : il s’agit d’une requête présentée par les officiers de la communauté de Claix devant le Conseil Delphinal contre ceux du mandement de Vizille au sujet de leur juridiction qu’ils soutiennent alors s’étendre jusqu’à la montagne de Marcelline et jusque vers Saint Jacques d’Echirolles tendant vers la rivière du Drac et la « loge du Colombier ».

 

Il s’agit d’un immense territoire situé à l’est du mas des graviers du Drac et aux delà des « Isles communes dit-on avec Champagnier ». Celui-ci est limité au sud par la « ligne des trois trous » prenant son origine sur le Grand Rochefort (pierre remarquable disparue lors de l’exploitation des carrières).

 

En 1784, cette immense propriété est sans possesseur connu. Elle est limitée par le « Fort Colombier » à propos duquel on ne sait rien et dont l’emplacement semble avoir disparu.

 

Le mas de Marcelline (dont le nom n’est pas assuré (confins de petits marécages ? domaine de Marcellus ?) apparaît pour la première fois sous la forme « Marselina » dans le cartulaire de Saint Hugues, vers 1100. A cette époque, Marcelline était une terre avec habitation de la dépendance de l’évêque de Grenoble et possédée par deux frères, Hector et Didier, fils de Burnon.

 

Cette mention d’un domaine bien identifié au 11ème siècle plaide pour une origine beaucoup plus lointaine, probablement mérovingienne voire même gallo romaine.

 

En 1339, Marcelline est qualifiée de maison forte (foralicium) relevant du chapitre Notre Dame de Grenoble alors installé à la Balme de Claix

 

Le 13 octobre 1341, Hugues Allemand, seigneur de Claix, voulant tenir des assises à Marcelline en est empêché par les commissaires delphinaux à la requête du seigneur de Vizille qui considère que cette terre est sienne et non à Claix.

 

Marcelline figure ensuite dans divers actes du 15ème siècle, notamment en 1405 et en 1472. La graphie du lieu est identique à celle que nous connaissons encore maintenant.

 

Vers le milieu du 15ème siècle, le domaine de Marcelline était possédé par noble François de Beaulieu. Ses héritiers le vendent en 1497 à Jean Perroud, notaire à Grenoble. La propriété comprenait alors une maison (qualifiée de turiis, tour), terres arables, prairies, vignes, bois et hermes et s’étendait « des moulins de Gringalet jusqu’au sommet des arches du Drac y compris l’Isle de la Dona près de la digue du Drac ».

 

En 1549, par suite de dévolution testamentaire, le domaine passe à Jean Baronnat, conseiller au Parlement de Dauphiné. Par acte du 7 août 1569 celui-ci l’alberge à Melchior D’Oriac (ou Doriac), avocat au même parlement.

 

Dès lors, la terre de Marcelline restera durant plus de deux siècles la propriété de cette famille.

 

Le parcellaire de 1693 montre que la partie inférieure de Marcelline, près et bois sur le chemin d’Echirolles, appartenaient alors à M. d’Expilly.

 

En 1745 eut lieu un procès entre Mme Doriac et Charles Aubert de la Bâtie, seigneur de Claix, au sujet des eaux du ruisseau des Clairières qui traversaient l’île d la Dona.

 

En 1784, les terres de la plaine sont partagées entre l’hoirie Carny, le seigneur de Montchenu, les sieurs d’Oriac et Mme de la Ponte.

 

Au moment de la Révolution elle est toujours possédée par les frères d’Oriac : Gabriel, chevalier de Malte et François Mathieu, chanoine de la cathédrale Notre Dame. Faute d’héritiers, ils vendent le domaine à Etienne Bon, alors procureur au bailliage de Grésivaudan pour la somme de 16 200 livres et une rente viagère.

 

Marcelline, par alliance de Marie Blanche Bon passe en 1804 à Etienne Breton, fondateur des papeteries de Pont de Claix.

 

En décembre 1804 le domaine est partagé en trois parties :

 

-       Marcelline d’en Haut avec bâtiments, terre et bois sur Champagnier,

-     Marcelline d’en Bas entre le chemin d’Echirolles et la colline avec terre et bois, également sur Champagnier,

-     Marcelline des Isles, terres nues et îles du côté du pont sur Claix.

 

En 1873, lors de la création de la commune de Pont de Claix, le domaine sera de nouveau réuni comme il l’était jadis et compris intégralement dans la nouvelle commune.

 

Ce mas, aujourd’hui sur Pont de Claix, existe toujours et notamment la demeure historique avec sa tour.

 

 

Le mas dessous Marcelline est figuré sur le parcellaire de 1784 comme limité au sud par le mas de la Belledonne et à l’est par le chemin de Gringalet.

Il est alors composé de près, terres, hermes, appartenant à M. de Miribel, au sieur Odemar, à Mme de la Coste et à François et Claude Bellin.

 

L’Ile de la Dona : à l’époque où le Drac s’étalait au gré de ses humeurs en une succession de réseaux maillés de bras d’eau fluctuant existaient des « isles » ou plus exactement des îlots délaissés alluvionnaires. L’Ile de la Dona – du patois « daouna » - généralement « trou » et ici « aux berges érodées » a toujours fait partie du territoire de Marcelline. Elle fut l’objet de nombreux procès, notamment en 1700 lors de la révision des feux pour Champagnier qui estimait que cette île faisait partie de son territoire.