MALHIVERT

 

Situé au nord ouest de la commune, à une altitude moyenne de 450 mètres, l’important hameau de Malhivert apparaît très tôt dans l’histoire de Claix puisqu’on en trouve mention en 1374 dans les comptes de Grésivaudan sous la forme « Malyverie ».

 

La forme actuelle « Malhyvert » ou « Malhivert » apparaît plus tardivement au 18ème siècle. C’est semble t-il le hameau qui a donné son nom à la famille de Malyvert – originaire de Bresse selon Rivoire de la Bâtie – qui prit pour devise : « à bon feu, Malyvert ».

 

Vers 1770, Honoré Louis de Malyvert, seigneur de Pommier sous Treffort, conseiller au Parlement, beau frère de la dame de la Balme Marie d’Agoult et coseigneur de Seyssins possédait un bois et des terres sur Malhivert.

 

En 1566, Malhivert était le hameau le plus riche de la commune puisqu’il comptait plus d’imposés de le Bourg lui-même (31 contre 26), loin devant tous les autres hameaux.

 

Le parcellaire de 1655 montre 49 propriétaires fonciers parmi lesquels Barthélemy Buisson, Pierre Brun, Jean Collavet, Jean Deymard, André Pupil, Louis Revol. Philippe Faure, notaire royal et vice châtelain de Claix, y possède également des terres.

 

Le parcellaire de 1784 mentionne 53 propriétaires fonciers et un grand nombre de fonds relevant du parcellaire noble, ce qui montre combien les terres de Malhivert étaient prisées : la demoiselle d’Aubert, le notaire Bret et Claude Rolland y possèdent alors les plus grands domaines.

 

Peu après, le recensement de 1798 montre que Malhivert (Balmeteyre inclus) est le hameau le plus peuplé de Claix après le Bourg : 50 familles représentant 214 habitants.

 

Il y a alors 15 laboureurs, 20 journaliers, 2 tisserands, 2 maçons, 1 cardeur ainsi que le notaire et le brigadier de Claix.

 

Mais bien qu’ayant toujours été le hameau le plus important, Malhivert n’eut jamais d’édifice de culte, celui-ci ayant été depuis toujours situé à Cossey.

Néanmoins, on m’a rapporté une tradition orale faisant état d’un « cimetière » qui aurait été situé en contrebas de l’école : ceci n’est toutefois corroboré par aucun texte ni, semble t-il, aucune découverte.

 

Enfin, comme à Furonnières et à la Balme, la comparaison du parcellaire de 1784 et du cadastre moderne ne laisse pas apparaître d’évolution notable de l’habitat ancien.

 

Quelques demeures méritent d’être signalées et, notamment :

 

-       la « maison du duc de Malavert » : la date de la construction de cette belle demeure, 1615, figure sur la fenêtre orientale. Une tradition locale en fait la résidence d’un prétendu « duc de Malavert ». Sans doute s’agit-il d’une survivance quelque peu déformée du souvenir de la famille de Malyvert évoquée plus haut. Quoiqu’il en soit, l’architecture de cette demeure dénote très fortement de celle des maisons traditionnelles avoisinantes : la façade est est la plus intéressante avec une fenêtre à meneaux, malheureusement obstruée dans sa partie supérieure et une très belle porte. La fenêtre de la façade nord avec une traverse de pierre et une ferronnerie fleurdelisée est particulièrement intéressante et originale.

-       la « maison Nebon » : selon l’inscription conservée sur le seuil de la porte d’entrée la demeure remonte à 1751. La tradition que l’on m’a indiquée en 1985 parlait d’une ancienne « demeure noble ». Le plus ancien propriétaire connu est Claude Rolland en 1784 mais l’inscription portée sur le bassin « C R 1762 »montre qu’il en était possesseur dès au moins cette date et sans doute même avant. Elle conserve trois fenêtres à meneaux et un cadran solaire de 1750 avec l’inscription « MDCCL ULTIAMN TIME ». Celui-ci a été restauré en 2002 par l’Atelier Tournesol.

 

Notice particulière sur Claude Rolland :

 

Comme indiqué ci avant c’est lui qui fit construite – ou reconstruire – cette belle demeure. La famille Rolland, connue depuis le 17ème siècle, a donné plusieurs consuls de Claix : Jehan en 1657, Claude de Malhivert en 1722 et 1723, un autre Claude, toujours de Malhivert, en 1772-1773. On trouve également un membre, non prénommé, marchand en 1690 et un procureur juridictionnel en 1780.

C’est donc Claude Rolland qui, vers 1750, fit édifier ou plus vraisemblablement restaurer significativement une demeure sans doute familiale antérieure.

Né en 1738, Claude Rolland avait épousé Louise Eymard d’une famille connue à Claix depuis 1600, époque à laquelle l’un de ses membres, Guillaume, habitant Malhivert, est consul de Claix.

Le parcellaire de 1784 atteste que Claude Rolland et son épouse susvisée possédaient cette demeure ainsi que de nombreux biens, certains relevant du parcellaire noble, d’autres du parcellaire roturier.

Très curieusement il ne semble pas que Claude Rolland soit resté après la Révolution dans cette demeure puisque le recensement général de la population de 1798 le montre alors à Cossey. Il a alors 60 ans et son épouse 58 ans. Vivent avec eux leur fils Jean, 20 ans et leur fille Anne, 24 ans mariée à Gachet de Saint Paul de Varces et le fils du couple, César, âgé de 3 ans.

Claude Rolland apparaît encore comme conseiller municipal de Claix en 1804.

Son ancienne demeure de Malhivert date t-elle intégralement de son époque ? Oui si l’on se réfère aux deux inscriptions mais non si l’on considère l’existence de fenêtres à meneaux qui paraissent antérieures. Même si dans notre région la présence de fenêtres de ce type traduit souvent une période postérieure à la Renaissance il y a quand même un pas à franchir pour rapporter la construction de ces fenêtres au milieu du 18ème siècle qui me parait bien tardive. Ainsi doit-on peut être admettre en définitive que la demeure n’a été que restaurée en 1750, tout un pan d’un construction antérieure étant alors maintenu.

Quoiqu’il en soit, le cadran solaire date bien lui de 1751 et tout laisse à penser que c’est Claude Rolland qui le fit placer, avec une certaine ostentation et peut être pour imiter celui qui existait alors sur un mur du château de Cossey

 

-       la « maison Guillot », reconstruite dans les années 1990, conservait dans les années 1980 des portes anciennes (17ème siècle ?) dont l’une avec une sculpture représentant une serpe.

 

De nombreux bassins anciens subsistent à Malhivert, notamment chemin des Acacias (antérieur à 1805), chemin de la Côte et chemin du Rif Talon.

 

On rappellera que les crues du Rif Talon ont toujours eu des conséquences dramatiques pour le hameau. En juillet 1837, la commune attribue 906 F aux riverains les plus touchés. Cinq des bénéficiaires font alors abandon de leur part à concurrence de 612 F pour la construction d’un mur barrage destiné à endiguer le terrible torrent. D’autres furent alors construits puisque on en recense en 1892 près de 25 destinés à protéger le hameau. Ainsi, rue de Jammetière se voient encore deux pierres d’environ 70 cm de hauteur, entaillées sur la face perpendiculaire du ruisseau afin de recevoir une planche de protection en cas de crue du Rif Talon. Selon le témoignage d’un riverain recueilli en janvier 1990, la protection aurait encore été utilisée dans les années 1980.

 

Le four banal du chemin du Rif Talon, non figuré sur le parcellaire de 1784, parait néanmoins d’origine ancienne.

 

Enfin, l’école publique du hameau date de 1926-1927. Elle est en cours de reconstruction en 2010.

 

Mas dépendant de Malhivert :

 

Mas de Pierre Paris : sur le parcellaire de 1784, les principales terres appartiennent alors à la communauté de Claix, à Pierre Brun, à Claude Basset et à Antoine Giraud. Un seul habitat figure, celui de Joseph Brun qui y a alors maison, grange, écurie, four et terres. C’est aujourd’hui la maison de la famille Brun Picard. Elle a été construite en 1728 comme l’indique l’inscription figurant sur le linteau de la porte principale. Dans une construction annexe subsiste un four à pain, aujourd’hui désaffecté, peut être celui cité au 18ème siècle. Le bassin en pierre accolé contre la maison est sans doute contemporain de celle-ci.

 

Mas des Racles : le parcellaire de 1784 représente de mas (dont le nom semble provenir de « graculum », les geais, composé alors de petites parcelles de vignes qui appartiennent au notaire Bret, à Claude Basset et à Pierre Gaillard.

On relèvera également un lieudit « les cloîtres ».

 

Mas en Champ Gauthier : en 1655, Michel Baron y a les principales terres.

Le parcellaire de 1784 montre ce mas limité au nord par le chemin de Malhivert à Cossey, à l’est par le chemin du Bourg à Cossey et au sud et à l’ouest par le Rif Talon.

Les principales terres et hautains appartiennent alors au notaire Bret, à Ennemond Blanchon, à Pierre Champion, Jean Renavent et Chérubin Beyle.

 

Mas de la Combe du Gampas : sur le parcellaire de 1784, ce mas est situé à l’ouest de Malhivert. Il se compose alors de bois, terres, clapiers, hermes, qui appartiennent à Guillaume et Jacques Perron, qui y ont maison, à Pierre Brun et à Claude Barret. Une fontaine y est mentionnée.